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^li■liv^iSi^§l!p^.^^lS6<^
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PREMIERE ANNÉE.
1905.
ARCHIVES
DE LA FRANCE MONASTIQUE
REVUE MABILLON
LUiroÉ
ARItAYK I)K SAINT-MARTIN
CHEVETOONE (PAR LEIONON. BELGIQUE)
PARIS
LIDKAIKIR VKDVE POrSSIRMiUK,
15. RUE CASSETTE
i9a5
ARCHIVES
DE LA FRANCE MONASTIQUE
iVUE MABILLON
MIHMAIM»: I
ta IHrtfliim. Ndiri; l'riipiiininii!
h. P. Duin Uf.t,hk, - l.'OnIre de (lliiiiy el tton fiouteni^nutbl . .
i.. LKVtLLtlii. - \iile Hur iiiit^lijiiai ulilii^ de SHint-tienih . , ,
R. I>. bmn X.... - L'lfmi:4- (ll^iii rfiiDK l'ultUiye de Ssinl-D^ul».
Uriilcn.1.-iprileJKSl)
II. (îttU.DT. - Lm Origines (le la (trayun* nir boin el les
PARIS
Librairie Veuve CU. POUSSIELnuE
I. KUE CAiaETTC
Articles devant paraître im les procbalDS nuÉios
IliHD ANTioYmt : Le Bréviaîm ilo S.iiiil-Iieiii3.
nom Busse ; Les Bénédictins Je Saint-Maur a» «ollf^fjo \
Tlioissey.
(i. (Itiii.iflT : Ci^rémonies tUnèbrfts pour les membres de lafain
royalw à l'altbays du Vul-de-Grâce.
L. JÉRÔME : Quelques corresi)on<ianl9 btînédiotiiis de la Coiigl
galion (lo Saint-Vanne.
Id. Les derniers chapitres y;éiiéraux des Ut:nédictiii^
Saint-Vanne de 1708 ii 1789.
HiKVLtix i>K l.iVNDOLB : Us.a-Jent de la Con^^régîit Ion de i
Maur auprès 'de la Cour de Rome, Poni c
Lanqliiis : Scrjlies de la bibliothèque de Chartres.
Lbviixain : Nntes sur l'abbaye de Con(jUes.
Martin : Liviva litrirgiqiuis de l'Ordre île Cliiiiy.
Vanix : BaInM. pplein-de Talnyers,
Iitflînilions dos Cliapltros ■.'éiicniiix de l'Ordre d'' (liiiiy.
l'Urnnii(iic lidjli(><ira|ilu<|iit' jiiiiif l'anni'c i'.M^t.
Tout ce qui concerne la direction de la lievae M&bflm
doit âtro adressa au B,. P. Bom J. M. BES9E.
dictin de l'abbaye de Juigrigé, à Chevetogne. par Leig^iog
province de Namur (Belgrigue).
^îuvi-Ot-C-
'A
a
,5
NOTRE PROGRAMME.
Les historiens sont dans l'obligation de se spécialiser. La divi-
sion du travail, qui en résulte, (*st un précieux élément de progrès.
Elle se fait comme d'elle-même, d'une manière toute naturelle.
Les régions qui formaient l'ancienne France offrent aux
recherches des érudits des cadres nettement tracés. De nom-
breuses sociétés savantes et des revues d'histoire locale ont été
fondées depuis un demi-siècle pour coordonner leurs études et
les mettre en valeur.
Cette division géographique du travail ne répond pas à tous les
besoins. Le passé se présente sous des aspects qui ne sauraient
entrer dans ce cadre. Il a fallu, pour mieux les examiner, recourir
à une distribution logique du travail. Les travailleurs n'ont pas
voulu rester dans l'isolement. Ils se sont d'instinct groupés autour
d'une société ou d'une revue, dans le but de mieux étudier l'histoire
des institutions poHtiques, administratives, militaires, religieuses,
des arts, de la médecine, etc.
L'histoire des ordres religieux a de ((uoi fournir à un groui)e
d'historiens et d'érudits le moyen d'exercer utilement leur activité.
Ils ont tenu dans l'ancienne France une [)lace si importante, ils
ont joué un rôle si considérable et si l)ienfaisant, il reste de leur
passé tant et de tels vestiges, qu'ils méritent vraiment d'être étudiés
à part. Le champ à explorer est même assez vaste pour imposer
une subdivision du travail.
Nous choisissons pour notre lot ceux qui miliieni sous la règle
du bienheureux Père Benoît, c'(!st-à-dire les Bénâiicliiis noirs
de congrégations diverses, les Cisterciens, les Grandmonlins, ies
Fontevristes, les Camaldules et les Célestins, hommes et femmes.
C'est sur les moines noirs que se portera principalement notre
attention. Ce clioix n'est pas exclusif, au point de nous interdire
toute élude sur des làmilles religieuses dont le développement
historique s'est fait parallèlement » celui de l'oi-dre liénédictin,
les chanoines r^liers par exemple.
Nos travaux paraîtront sous ce litre généra! : La France
uionasllquc. Nous ne refuserons aucune coUahoralion sérieuse.
Lrs Bénédictins de Sainl-Maur so sont préoccu|MJs, dès le
xvir siècle, .de publier l'histoire des ordres monastiques. Les
Acla Sanctorum Ordinis Sancti Benedicti de Doin Luc d'Achery
et de Dom Jean Mabillon, les Annales Ordinis Sancti Betiedicti
de Dom Mabillon ne sont pas les seuls Iruits de leurs travaux.
Ils ont, jusqu'il la veille de la Kévolution, étudié les moines et
les monastères du passé. On leur doit de savantes monographies
et de nombreux documents épars dans leurs divers recueils, sans
parler d'innombrables matériaux restés manuscrits.
Nous voulons reprendre l'œuvre interrompue par la Révolution.
Qu'on n'attende [)as de nous toutefois des travaux comparables à
ceux de nos illustres devanciers. Toute notre ambition est de ftiîre,
en tes continuant du notre mieux, une œuvre simplement utile, de
travailler ainsi au service de l'Église, de mieux taire connaître une
institution qui a puissamment contribué â la beauté et à la grandeur
• de l'ancienne France.
Dresser un état exact des monastères, abbayes el prieurés, qui
existaient en France avant i789, telle est la lâche qui s'impose
d'abord â nous. Dom Beaunier avait publié au xvur siècle un
recueil historique des abbayes et prieurés à nomination royale.
Il suffisait d'ajouter à son œuvre la liste des maisons conven-
NOTKt: IMiOtJiAMMK. 3
tutelles dont les supërifHirs n'étaient pas nommés j)ar 1(» roi, et dt»s
innombrables jirieurés simples, dépendant d'autres coUateurs,
l>our avoir un pouillé monasti([ue de la France. Nous avons revu
et com|)lété chacune de ses notices. Dans le but de rendre cette
jHiblicalion aussi utile ([ue possible, nous avons lait suivre la
notice historique de chacjue maison, de la bibliographie des sources
manuscrites et imprimées.
Un |)ren)ier volume vient de |)ai*aître; il est consacré à l'ancienne
province ecclésiastique de Paris. Nous publierons, l'aimée pro-
chaine (1900), les notices et la bibliographie des ordres et congré-
gations qui entrent dans le recueil de Beaunier, Bénédictins
des congrégations de Cluny, de Saint-Vanne, de Saint-Maur,
Cisterciens, Camaldules, Célestins, Granihnontins, Fontevristes,
Chanoines réguliers. Prémontrés, Génovétains. Nous continuerons
ensuite le recueil de Beaunier : Provinces ecclésiasti(|ues d'Aix,
Arles, Embrun et Avignon; de Narbonne, Toulouse, Auch et
Albi; Vienne et Lyon; Bourges et Bordeaux; Tours et Rouen;
Reims et Sens; diocèses de l'ancienne province de Trêves.
Après la to|)ographie monasticpie, la l)iogra|)hie. L'iiisloire litté-
i*aire est au premier rang. Les moines écrivains du moyen Age
entrent dans l'histoire littéraire générale qui est étudiée par des
hommes fort com|)étents. Nous enregistrerons les résultiitsde leurs
travaux. Il n'en (»st pas de même de l'histoire littéraire des congré-
gations bénédictines. Nous pouvons dès maintenant annoncer une
liistoire des écrivains de la congrégation de Saint-Maur. Celle des
écrivains vannistes et clunistes viendra plus tard. Les biographies
des saints et des saintes, des moines et des moniales, qui ont
laissé un souvenir ou un nom, seront groui)é(»s par région, de
manière à former en (iuel([ue sorte le nécrologe de chaque monas-
tère. Les matricules des congrégations j)ermettront de le dresser
I»resque sans lacune, au moins pour les derniers siècles.
i NOTtlK I-<10<;J1A>I.M1-:.
Les institutions diverses, qu'on pourrail définir la l'ègle de
saint Benoit mise en pratique, entrent d^Jà dans notre plan d'étude.
Un premier volume va leur être consacré dans les derniers mois
de 190S. On y exposera !a vie des moines [Mandant la période gallo-
romaine et mérovingienne. Nous les ferons ensuite connaître tels
(ju'ils rnreni et vécurent durant la période carolingienne et sous les
premiers Capétiens. Les congrégations, entre lesquelles l'ordre s'est
ensuite fi-aclionné, seront l'objet d'ëludes .spéciales.
Si le public leur continue ses sympathies et son concours pra-
tique, les travailleurs ne s'arrêteront point là. Ce sera le moment
d'aborder les monographies des abbayes et des prieurés.
Champ très vaste, dini-t-on. C'est vrai. Miiis, uiin avulso non
déficit aller.
L'ordre i(^ique, exposé dans les lignes qui précèdent, sera for-
cément sacritié, dans l'exéeulion, à la commodité et à la [Kissibilité
des travailleurs. La variété qui en résultera ne saurait compromettre
l'unité du plan. L'exécution de ce pian comporte deux volumes in-
octavo par année et une revue trimestrielle, la Revue MabiUmi,
archiver de la France monasluiue..
Cette revue, complément naturel de nos travaux, est devenue
indispensable. Elle publiera des études qui ne pourraient fâire
l'objet d'un volume, sur tous les sujets qui se rapportent 'a l'histoire
des moines el des monastères, histoire littéraire, liturgie, archéo-
logie, cha|iitn.!S généraux, correspondances des Bénédictins de
Saint-Maur et autres, etc. Elle nous fournira le moyen de tenir nos
lecteurs au courant des livres et des articles qui se publient chaque
année en France et â l'étranger sur les moines et les monastères,
par une chronique et une bibliographie qui paraîtront dans le der-
nier fescicule.
La Dihkction.
J
L'ORDRE DE CLUNY ET SON GOUVERNEMENT.
L<'cil>l>é de Oluny» supérieur ^énércd^
L'Ordre de Cluny, comme Tabbaye elle-même, vivait sous un
régime monarchiciue. L'abbé, qui en était le clief, appartenait au
corps qu'il devait gouverner. Les moines l'élisaient conformément
aux prescriptions de la règle bénédictine. Une lois confirmé par
le Souverain Pontife, il restait jusqu'à sa mort (^n possession de
sa chaîne.
Ceux qui les premiers reniplirent cette fonction fure,nt des saints.
Quatre, saint Odon, saint Odilon, saint Mayol et saint Hugues,
ont mérité le nom de grands abbés de Cluny. Le plus célèbre
ai)rès eux fut Pierre le Vénérable (H22-1158). Leurs successeurs
menèrent longtemps la vie monastique. Pour rencontrer sur leur
liste un membre du clergé séculier, il faut attendre l'année 1529.
Onze ans auparavant, François F"" avait imposé aux moines et à
rOixlre un prélat de son choix, Aymard Goufïler de Boissy; mais
cet abbé faisait déjà partie de la famille religieuse. Il n'en fut pas de
même de son successeur immédiat, le cardinal Jean de Lorraine,
ni de son neveu Charles (1348). Le régime de la commende,
consacré par le Concordat de loKî, t^st désormais installé à Cluny.
Deux moines reçurent néanmoins, dans la suite, la dignité abba-
tiale, Claude de Guise (lo()2-1612) et Jacques de Veny d'Arbouze.
Ce dernier, ne se sentant point la force d'im[)oser à l'Ordre une
réforme jugée nécessaire, demanda pour coadjuteur (1627) et de
fait eut pour lui succéder le cardinal de Richelieu. Celui-ci prit
.ses mesures en vue d'étouflfiiT après lui la commende. Mais les
6 REVIE MABILLON.
moines, par leurs divisions, rendirent toutes ses dispositions inefli-
caces. Cluny retomba sous la main des abbés commendataires
séculiers. Le prince de Gonty (1642), le cardinal Mazarin (1054),
le cardinal d'Esté {1()61), le cardinal de Bouillon (1683 , le cardinal
Henri Oswald de la Tour-d'Auvergne (1715), et enlin les cardinaux
Frédéric et Dominique de la Rochefoucauld se succédèrent dans
cette dignité. Ailleurs les commendataires se bornaient à percevoir
les revenus d(> la mense abbatiale, sans prendn» aucune part au
gouvernement des comnumautés régulières. Il en alla tout autre-
ment à Glunv, nous le verrons bientôt.
La situation (pie Tabbaye occupait dans l'Église et dans le
royaume, le nombre et l'importance des monastères qui dé[)en-
daient d'elle, faisaient de son chef Pun des [)ersonnages considé-
rables de la chrétienté. Les papes se plui'ent à rehausser encore sa
fonction, en lui accordant des i)rivilèges personnels honorifiques.
Pascal II permit à l'abbé Ponce, par bulles du 17 octobre 1109,
l'usage d(îs ornements pontilicaux aux huit principales fêtes de
l'année '. L'abbé Yves l" de Vergy reçut de Chôment IV le pouvoir
d'accorder à ses auditcîurs une indulgence de quarante jours toutes
les fois qu'il prêcherait (23 octobre 1265) -. Son successeur,
Yves II de Chasant, obtint de Nicolas III la faveur de donner
à ses moines la tonsure cléricale et de bénir les ornements litur-
giques (1279) -^
Les prérogatives de sa charge n'exemptaient [)oint l'abbé de
Cluny des devoirs (lu'impose la profession monastique. Il devait
aux hommes placés sous ses ordres l'exemple continuel de toutes
les vertus. C'est du moins ce que les grands abbés comprirent et
appliquèrent. Une vie irréprochable lui donnait cette supériorité
morale qui assure aux dépositaires de l'autorité un ascendant irré-
sistible. Il prenait part à tous les exercices communs. Son lit était
au milieu du dortoir des frères, dit Udalric dans ses Coutumes;
la charge de donner le signal du réveil lui incombait personnel-
1 BuUariutn Cluniaceme, p. 36. Innocent i\\ oonlirma ce privilège., ibid.,
Innocent IV, ibid., 116, 147.
'-2 Bullarium Cluniacense, 13.'), et Bibliotheca Cluniacfnsis, 15:2-i. Privilège
renouvelé par le H. Urbain V. bullarium Cluniacenses, 180.
3 Bullarium Cluniacemf, lia, 144. Le B. Urbain V accorda aux abbcs de
Clunv de conférer la tonsure cléricale aux étudiants de l'abbave et de ses
prieurés, ibid.. 181.
L*ORDRE DR CLUNY ET SON r.OlVEKNEMENT. 7
lement ^ Il mangeait au réfectoire les mêmes aliments que les
moines et suivait en tout leur régime?. S'il venait à tomber malade,
on lui donnait les mêmes soins (ju'aux infirmes de la communauté.
La loi qui intf^rdisait de parler en certaines salles et à certaines
heures pesait sur lui comme sur les autres. On ne tolérait pas
qu'il eût un vestiaire spécial. Défense lui était faite d'employer à
son service des séculiers; il devait s(? contenttT en tout de l'assis-
tance de ses religieux. L'obligation de la table conimune avait une
importance spéciale. Grégoire IX et Nicolas IV, dans leurs bulles
pour la réforme de Cluny, eurent soin de la promulguer de nouveau.
I^ présence d'hôtes au monastère était pour l'abbé un motif de
dispense, que sanit Benoît avait au reste prévu dans sa règle.
Lorsqu'il sortait du monastère soit f)our le service de l'Église,
soit pour veiller aux intérêts de l'Ordre, il lui fallait un cortège de
religieux et de serviteurs. Les abbés des grandes abbayes, qui
étaient souvent les émules, pour ne j)as dire plus, de puissants
seigneurs, n'échappaient pas toujours au désir de se montrer avec
tous les dehors que comportait leur situation. Le luxe des équi-
pages conv(*nait médiocrement à des lionnnes dont l'existence
devait être pauvre et simple. Aussi les |)rotestati()ns indignées de
saint Bernard trouvèrt^nt-elles dans le monde et surtout dans les
cloîtres 2, au xn** siècle, un écho. Les abbés de Glunv durent oublier
avec le temps les sages leçons de ral)bé de Clairvaux et surprendre
par leur faste en voyage. Les papes réformateurs Grégoire IX et
et Nicolas IV les raj)pelèrent à la discrétion, en les faisant se
contenter d'une suite de seize chevaux ^. Ce chiffre, qui nous
semble excessif, ne l'était cependant guère à une époque où le
voyageur devait traîner ai)rès lui de ([uoi pourvoir à ses propres
besoins et veiller sur sa sûreté personnelle.
L'obligation pour les abbés de mener la vie conmnme disparut
avec la ferveur religieuse. On ne saurait dire à quelle époque, mais
c'était chose fâite depuis de longues années, lorsque François P*"
1 In medio dormitorii est leclus ejus prope miiruin: soniturn ipse facit quo
fratres diliiculo ad surjçenduin excitanliir. (Udnlrici Comuetudiites (lunia-
rieuses, lib. III, v. t. Pat. lai. CXLIX. 7a4.)
* Menliar, si non vidi abbatem sexa^cinta equos et eo ani|)lius in suo ducere
comitalu. Diras, si videas eos transeunles. non recMores aniniaruin, scd prin-
cipes provinciaruni. (S. Hernardi, Apologia ad (^uillelmvm, c. xi. Pat.
lat. OLXXXII, 914.
3 Mandanius ut abbas (lluniacensis etiuitaturis sexdecim contentas existât.
BuN. <;rejçorii IX. Bullar. Clunioc.)
1
? (
nomma le premier abbé commendataire. Il tâut voir là une consé-
quence inévitable de la part qu'ils prenaient à la vie publique de
leurs contemporains. Leur action principalement extérieure les
arradiait à \>eii près complètement h la communauté religieuse; ce
qui ne les era|)échait pas de veiller à l'administration de l'abbaye
et de l'Ordre tout entier. Mais leur attention fut trop exclusivement
absorbée par ce côté de leur charge. Aussi ne les vit-on guère se
liréoccuper des graves questions qui assurent la vie intérieure des
moines et la prospérité réelle des Ordres religieux.
Lorsque l'abbé se mêlait à l'existence quotidienne de ses moines,
un cérémonial, déterminé par une coutume ancienne, fixait tous
les témoignages de rcsjMjct qui lui étaient dus. Revenait-il de Rome
ou d'un long voyage, qui avait duré une année entière, les frères
allaient processionnellement h sa rencontre, revêtus de chapes
comme dans les plus grandes solennités liturgiques '. Quand il
pénétrait dans la salle capitulaire, les moines qui s'y trouvaient
assis se levaient immédiatement et, par égard pour lui, descendaient
des degrés de leur siège. Pierre le Vénérable, voyant autour de lui
un gi'autl nombre de frères âgés et inlirmes, les dispensa d'un
pareil dérangement. On resta désormais debout sur le marchepied
des bancs *.
L'abbé de Cluny était investi d'un pouvoir It^tslatff, judiciaire et
admûiistratif sur son monastère d'abord et sur l'Ordre tout entier.
L'Ordre, pour lui, n'était que l'extension de l'abbaye. Les religieux
et les prieurs étaient tous directement placés sous sa juridiction
spirituelle et temporelle. Les Choses Turent ainsi comprises dès
'origine ^. Le besoin d'indépendance, inhérent aux individus et aux
groupements, tinit par rendre ft certains celte sujétion humiliante
et onéreuse. Dès lors, on put craindre une dislocation de la grande
lîimille clunisienne. Il importait de se prémunir contre ce danger.
I Le cérémonial relatif ù l'abbé est minutieusemenl décril par Bernanl
de Cluny. dans son Ordo ClHniacensi). p. I. e. I (Velus disripliiia muna
par Marquard Hergolt (Paris, ITiSj, 135-138) et [tar tldalric, dans ses Cotaw-tu-
dineoM Cluniaeeniti. I. III, c. I, Pul. lat. CXLIX, T3I-T33.
* S. Pelri VenerabilLsab, Cluo. Slaluta LV. Bibtiotheca Cluniaetiais, I3fil).
> lK)m LhuiUier a cousacn! a cette question un chapitre Ir^s intftressaiil dan:
la Vie de Mint Suguei (Solesnies. IS6H, in-«). 177-008.
1
V
l/OKDRE DE CLIJNY ET SON GOIJVKHNEMENT. 9
Innocent III le fit dans sa bulle de Tannée 1205, par laquelle
il confirme et précise les droits et privilèges de Tabbaye de Cluny ^
Clément IV et Nicolas III renouvelèrent ces prescriptions ^. Voici
ce qui était prescrit au début : aussitôt après l'élection et la con-
firmation d'un nouvel abbé, les supérieurs de l'Ordre devaient faire,
entre ses mains, [)romess(» d'obéissance, et tous les frères chargés
d'une administration quelconque étaient tenus de lui (mi rendre
compte aussi souvent qu'il rexigei*ait ^.
L'abbé Henri I de Faultrières (1308-1319) fortifia par ses statuts
les liens qui rattachaient à leur chef toutes les maisons de l'Ordre.
L'expérience lui avait montré les tendances fâcheuses auxquelles
s'abandonnaient (luehjues-uns des sui)érieurs. Les prieurs des
cinq grandes filles d(* (^luiiy, (lui étaient La Charité-sur-Loire,
Saint-Pancrace de Lewes en Angleterre, Saint-Martin-des-Champs
de Paris, Souvigny et Sauxillanges, fin*«MU, ainsi (jue tous les
autres prieurs, obligés de prêter, entre les mains de tout nouvel
abbé de Cluny, serment de dévouement, fidélité, obéissance à l'église
de Cluny, à son abbé actuel (^t à ses successeurs. Henri I leur
interdit formellement dtî s'attril)uer jamais l'obéissance religieuse
et les autres prérogatives de l'abbé d(î Cluny, telles que la coutume
les consacre. Il formule en termes très clairs la i)ensée de ses
prédécesseurs et la sienne propre au sujet 'de ses droits. Les
moines des prieurés, des doyennés et de toutc^s les maisons de
l'Ordre sont les sujets de l'abbé de Cluny; ils forment un troupeau
dont il est le |)asteur unique. Les abbés, les [trieurs et tous ceux
(jui i)articipent au gouvernement sont, au même titre que les
simples moines, soumis à son autorité. Cela résulte clairement
des privilèges accordés par les Souverains Pontifes. Leur juridic-
tion spirituelle et temporelle sur les maisons de l'Ordre n'est
qu'une extension de celle de l'abbé de Cluny. C'est uniquement
en vertu de sa délégation qu'ils peuvent gouverner K
1 BullariumCluniar. 100; Bibiiothern Ciuma/-., Ii98.
2 ClemenUs IV, 2 nov. lâa'S. Bullarium Cluniac, 133. Nicolai IV, 27 janv.
1279, Ibid. 1*2 et U7.
s ... ut priores, monarhi ejiisdem onlinis ubilibct cominorantes ac loca
eoniiii... subjecta sint abbati (iluniaceiisi in sjurilualrbus et temjioralibns
pleno jure, proniittanlquc ipsi abbati, (pioties iiovus instituitur, obedientiam
manualem et benedictionein reciiJiant ab eodeni et reddant ad maiidalum
ipsius abbatis de sinpulis ([ua* ad administralioneni spirilualem et teiiij>oralem
pertinent.
* Henrici I ab. C.luniacensis Statuta. p. IV. Bibliotheca Clumacensis
i:i<i<)-1.7tt3.
10
lŒVIR HAIIIl.LON.
Celtt! tradition clunisienue ilovait a» heurter à de violentes
uppusJLions, surtout dans les monastères qui avaient uii plus
grand iionibi-e de moines et dont la notoriété s'imposait davantage.
Le moyen le plus prompt d'en linii' avec ces résistances était le
recours ait Saint-Sit-ge. Rome, du reste, n'avait pas manqué une
occasion d'aftirmer et de conlirmer ces droits de l'abbé de Cluny.
Celui-ci n'oubliait pas non plus de montrer dans le Sît'ge ajKistO- .
lique la source sacréî de ses prérogatives. Guillaume III dùÀ
Pontoise, qui de prieur do la Charité (\it élu abbé de Cluny
en I24S, trouva quelques diflicultés à obtenir de certains prieurs
l'obéissance qui lui était due. Le pape Innocent IV vint à son
aide. Le pontife et l'alibé se connaissaient; Innocent IV avait reçu
à Cluny, après le concile de Lyon (134'>|, une hospitalité magni-
dque. Cluny posséda dans ses murs, en la fêle de saint André,
le Souverain Pontife, douze cardinaux, deux patriarches, trois
archevêques, quinze évéques, plusieurs abbés, l'empereur de
Constantinnpie, le roi dt; France, sa mère, sa sœur et son frère, I
le fils du roi d'Aragon, celui du roi de Castilie, le duc de BouP- j
gogne, la multitude des princL^s et dt^s seigneurs qui formaienfl
leur suite. Une telle réunion laissa forcément dans le i
d'Innocent IV un souvenir ineflïicable, et établit entre lui et l
monastère des lien*s indestructibles. Il saisit avec enipressemeot'^
l'occasion que lui offrait l'abbé Guillaume de lui témoigner saij
sympathie, en calmant l'insubordinaliou dont il se ])laignait. L«i'l
prieurs et les moines de Longpont, au diocèse de Paris, del
Saint-Hai'tin-des-Champs, de Montieriieuf à Poitiers, de Joigay>|
au diocèse de Sens, de Nogent-le-Rotrou au diocèse de Ghartrâï' |
et du Saint-Sépulcre de Troyes reçurent des lettres apostoliques]
leur enjoignant de mndre sans retard ;> l'abbé de Cluny robéissance*!
qui lui était due ' (1447).
Cette promesse d'obéissance coûtait beaucoup à certains a
Pierre d'Iserpans, ancien prieur de Volvic, élu abbé de Hozat |
en 1353, le montra peu après son installation ". Dans ses lettres ]
à l'abbé de Cluny, il se bornait à le saluer en ces termes : satutem J
cum revei-entia et honore, sans mentionner l'obéissance qui sel
' Seeuirll des rhnrln rif l'nblmi/e ilr Cluiig ... par Biiiel. VI. [01-KI^, .tHl,
tas. «4, 4(13.
* M. Ilriiel (lulilie (liins le Beuueil îles rliurtes de Cluny lit coiinmmlioa d
son dlecUon [lar Guy. évèifue <le l'.lermoiil II. VI. 447), en juillet l£tS. ReB^S
i-onlinnullon insoliie l'Uill une ]ii'emii''i'L' ;iiLi:inle aux droits île l'abbé (Je (^nityïjl
l/ORDRR DE CLUNY ET SON GOLVEIINEMENT. 11
trouvait dans les formules traditionnelles. Cette réticence était
préméditée. Le chapitre général df» 1259 eut à se prononcer sur
cv tait. Le coupable l'ut réprimandé et condannié à recoimaître
humblement sa faute devant l'abbé de Cluny et à la réparer '. Un
vent de révolu* soufllait sur Tabbaye auvergnate. Nous verrons
ailleurs les méfaits de Tabbé et de ses moines. Le mal fut profond.
Il durait encore à la tin du xnr siècle. Aussi le chapitre de 1297
dut-il rappeler aux religieux de Mozat et de ses dépendances la
manière dont Tabbé de Cluny devait être reçu dans les monastères
de rOrdre. Les déiiniteurs indicpièrent à cette occasion les
honneurs qu'il fallait lui rendre; les moines, à genoux devant lui,
plaçaient leurs mains dans les siennes et lui donnaient le baiser
de paix. Ce cérémonial encadrait la promesse d'ol)éissance ^.
D'autres monastères obéissaient à ces tendances séparatistes.
Tout leur servait de prétexte pour r()m])rtî avec l'abbé de Cluny.
Il en résulta, dans le cours du xin'" siècle, quelques procès reten-
tissants. Les moines de la Charité s(* montrèrent particuliènmient
ditticiles ^. L'abbé de Baume-les-Messi(uirs, au diocèse de Besançon,
ne fut pas moins tenace ^ Nous nous bornons à citer ces deux
affaires, qui furent les |)lus graves. Les jugements des chapitres
généraux et l'intervention du Souv(M*ain Pontife réussirent à
dominer pour un temps ces révoltes; mais elles s(î renouvelèrent
plus tard. Les bouleverst^ments cpii accompagnèrent la guerre de
Cent ans et le Grand Schisme h*s rendin»nt faciles. Comment les
réprimer à une heure où la société tout entièrf» semblait se dis-
loquer? Cluny perdit alors un certain nombre d(» maisons impor-
tantes; d'autn^s se séparèrent un peu plus tard. Celles qui lui
restèrent lidèles formaient néanmoins un ensemble intéressant.
* De abbale Miui/iaccMise qui si-ripsil Uoinno Ahhali salutrni cunt reveventia
et honore, non posuit ohedicutiani ut est mûris, detliniunl «luoil dictus ai)l)as,
cuin viderit Domnum Ahbateni, reco^moscal lunnililer se errasse et ab eo
veiiiain petat. (lapitul. l:2.-)9, cité ihxws Collertio genernlis statutorun^ iv Ordwe
Cîuinaceim ranix temporihux edifontui, \V\\). ArscMiai. ms. (î87. \i. III. v\\\). VI,
art. 31.
- Defliniunt dettinitores «piod nionachi Mau/.iarensis nionasteiii in «-apite et
in niembris rorani abbatii)us cluniarensiluis in eoruindeni ablKttiain Mau/ia-
censem vel l<M*a subdita descendentibus, in si^^niurn superioFitatiset reverentia'.
flectere debenl ^enua etjunctisinanibus internianus ipsorum abbaluni (îlunia-
censinni eis<lem tenentur osculuni pacis exbibere (Ctipifiilum générale Ii97.
loe. cit. .
3 Recueil des chartes de Cluny, t. VI, p. r>, 1 1-:23 [lassini, 1(W-IH».
« Ibifl.. 88H-910. passnn.
12 iievi:f. mahillon.
L'abbé de Gluriy pouvait, au xvii" siècle, en leur rendant la vî
iiîgulière, remetti-e l'Ordre dans sh voie.
Les abbi^s conimeudataires eurent œ noble souci, il faut
reconnalti-e, bien que leur situation [>ersonnelle ne leur facilitât
guère la tâche. Cette préoccupation explique en partie le soin qu'ils
mirent à conserver :i l'Ordro son cai-aclère monarciiique. L'action
de Richelieu et un peu celle de Maziirin montrent qu'un Ordre.,
religieux tire toujours de réels avantages d'un gouvernement. CCi
régime, malgré tous les inconvénients de la commende, était moins
funeste que l'isolement oii se débattaient et se ruinaient le&
monastères désorganisés et acéphales.
La distribution des maisons de l'Ordre en deux observances, qui
se fit alors, ne parut pas une raison de scinder ou de diminuer
l'autorité du supérieur général. Les cbapitres de la seconde moitié
du xvn' siècle proli^ssent jwur l'abbé un respect qui rappelle les
beaux temps. Celui de 166S, en iiarticulier, déclare que les
religieux lui sont .soumis s:ins réserve '. Celui de 1076 est plus
explicite encore *.
Les religieux de l'étroite observance, pour donner une garantii
à leur vie régulière, exigeaient de leurs novices le serment de nei
point se soumettre à des supérieurs qui ne pratiqueraient pas les
mêmes règles qu'eux. L'abbé de Cluny, qui était un séculier,
pouvait se croire mis en cause par cette restriction. Les déflni-
teurs déclarèrent, pendant le chapitre de 1078, que jamais ils
n'avaient eu l'inleution de soustraire par ce moyen qui que ce
soit à l'autorité du supérieur génénil. Cette réserve ne s'adressait
qu'aux supérieurs locaux. Il n'en fallut pas davantage pour calmer
les esprits '.
I
> lu lolo online uiiutii abliuieiii Cliiiiiiicensein in su|ierioreni iiubemus et |
rero(;iiasciniiis. cui tHnqiium membni i.'a[)îti obedientîani pr.(>stamus (Cap(-]
tulum iOBU. loc. eil.).
s SUluinms i|uoil ablias Cluiiiacetisis elecliis nul jioslulaiiis el in lilulumijl
canonine promoliis sib omnibus el sin^lia ulriusque obNerviinliae retigiosuW^
habeutiir el ugnoscHlur iil riipul el sii]ierior generalis Loliusonlinis Cluniacenst^ J
gaudeubiue iKileslaie. aiiuiorllaie. juris<tiulione el ]irivilegiis omnibus ipu a I
Sancla Se<te, slHluIis et ea|iilulit> K^nerulilms loiiuR onliiiis cODMstiS'fl
(Copititl. 1670, lor. dl.l.
s Ea ail no!s 'tilata e»! i|uiPrimoDia : slnrtiorls nempe observauliac novitlos s
lirojirii» auperioribus aslriiigi ijuo ex animo jurant de nunijuam prsstaDd»^!
obeiiientia aliis cnJuBCumque fuerini status et conditionis superioribus qiunii' F
iis i|Ui eam r|uutD i|)xi vovunl protiteiiliir ob.sei-vanliam. l]liiili|iiejii^iirundiuiLl
l.'nilDIIK l>E a.VS\ KT SON llfiliVElINKJIEST. 18
La présence d'un séculier, fût-il évênue ou même cardinal, à la
lële d'un ordre religieux, dont il n'a expérimenté ni la r^le ni
l'esprit, souleva cependant des dillictiltés. Le cardinal de Bouillon,
(pli reçvit l'ahliaye de Cluny après le cardinal d'Esté (1C83) ', avait
pris son rôle très au sérieux. [1 n'tiltendit même |ias ses bulles
pour entrer eu l'onction. Il présida le ehapitrc général de 1685,
cin<] années avant l'expédiltou de ces jiièces. Il assista aux chapitres
qui suivirent en 1093, 1697, 1701 et 1704. Sa présence est signalée
par les procès-verbaux en termes qui témoignent d'une certaine
conliance '.
Les religieux de l'étroite observance choisissaient eux-mêmes en
cliapilre général les prieurs de leurs monastères. Ils pouvaient
tenir, d'un chapitre à l'autre, sous le nom de diètes, des assemblées
annuelles. Les abbés de Cluny ne s'en mêlaient pas. Mais le
cardinal, feignant d'y voir une atteint» k ses droits, voulut présider
l'éleelion de leurs suiwrieurs et interdire ces réunions. Les moines,
Ibrls d'un nsage déjà vieux, résistèrent et ju-ésentèrent leur récla-
mation au Grand Conseil. Un arrêt du 30 mars 170S leur donna
raison, en ayant soin toutefois de maintenir le principtî de l'autorité
du canlinal sur l'OiiIre tout entier ^. Le cardinal-abbé refusa
maxime esse iioxiuni et Juiiuiosurj um^turiluLi »eu jurlMlirlioiil nbbHlis
Cluniïcensis. Ad iiiin' befflnilures Slrlclium nbservantiie re!f)H)nilenie«
expressÎB verliis ilecliiraninl nuniiuiini sibi su^i|ue observa tiliic religiosis in
aRimo Aiisse hor surt-amenlo immiines et soliilo!> se [tnrsUire ii reverenti;» et
obedientia a se siiis(|iie sieul ab uliis TimniM'Iiis ilobihi II nMi.ili i:iiiiii:nc]i,si
^usijue jurisiljcdunj ei aui'ionLiili iiiin ^iihci-.iM. iLi|iri]i' m'iuihi' ii^umih- ei
buinilUer obte>n|>erare euiiii|iie vencniri Mib iihrh'Tii iinMlivn-- l'i tii.i'ii);:,>iiils
quibiis ne ei siibjectos vovere jira.'eeilt')iiis i-ii|iiiiili t;eii.'i;ilih -.^iriiNiin, Cnpi-
luttm IB78. loi:. Rit. Celle d^iaralion Tut r'eiiQuveli^ :iu i'h;i|iiti'e île <7iK.
1 11 y iitirull^i parler lonKiiementdeKilIltlculti^s'iuelii Home à la nominaiion
du r.unltnal de Houillun. i'Auny élail, en a» qualiti' de l'hef d'ordre, exempt de
la cominenile, Home ne l'oubliait pas. Cette i|iie»lioii aura sa plare dans une
histoire de l'Ordre de Cluny; nous nous bgrnonfl id !i csi|ulsser une histoire
de la dis<-ipline ei du (louvernemem dans cei Ordre.
■ Emjnenlissimi Curdinalis nostri piis voLis, deslderiis et Ntulutis obaequen-
tiasimos et Hdeilsslmos observatores semper nos exbibeamus, esl-îl dit au
chapitre de 1697. Loe. cit.
3 Arrest du 30 mars ITDS : a maintenu et gardé le dit cardinal de Bouillon,
abb(t el chef supérieur général et perpétuel administra leur de l'onire de Cluny
dans le droit et posseMion d'exercer lu juridiellon spirituelle dans tout ledit
ordre conformémenl nf-anmoins aux bulles de provision â lui accordées,
Loc. eil.
14 REVrE MABILLON.
d'accepter cette sentence et usa de tous les moyens en son [>ouvoir
alin de l)riser la résistance de s^\s religieux. L'affaire fut ]H)rtée
au Parlement. Ce procès se termina de la manière la plus inattendue
|)ar le brusque départ du cardinal de Bouillon. Louis XIV, irrité
par sa sortie du royaume, le priva des revenus de tous
ses bénétices (1710). Les religieux de l'étroite observance y
gagnèrent au moins le maintien de leurs droits ^ Il y eut bien un
dilVérend avec Henri d(i la Tour-d'Auvergne, archevêque de Vienne
et successeur à Cluny du cardinal de Bouillon. Ce prélat avait
obtenu du pape Benoît XIII un bref lui donnant plein pouvoir
pour visiter, réformei- et gouverner son Ordre (20 mars 1727).
Les Pères de l'étroite observance, qui lui attribuaient le dessein
de modifier quelques pratiques de leur règle, cinjrent bon de
s'opposer à l'obtention des lettr(*s patentes que l'archevêque
sollicitait [)our reniplir sa mission. Ce fut une nouvelle occa-
sion de discuter. Les débats furent moins longs qu'en 170o •.
Les membres du chapitre général, assemblé au collège de Cluny
en 1728, leur donnèrent une solution ((ui put satisfaire tous les
partis. Les religieux des dfnix observances reconnurent l'arche-
vê(iu(î de Vienne comme su|)érieur général et administrateur de
tout l'Ordre d(» (iluny, actîeptant sa juridiction spirituelle et régu-
lière sur toutes les personnes et maisons de l'Ordre dans la forme
consacrée ))ar l'arrêt du Grand Conseil (30 n)ars 1705) et par celui
du Conseil secret du 22 septembre dtî la même année.
En somme, Cluny garda toujours un chef unique dont l'autorité
s'excTçait sur Tabbaye et S(*s nombreuses dépendances.
' Sur ce |>rocrs, v. nélyot. Histoire des Ordres religieux et militaires.
féd. 179:2; l. V, 217-:2il. Ce fui roj'casiun de nombreux mémoires et factums.
(^es pitVes se trouvent à !a Hil)liolliè(jue Nationale, L di'' 1t)(M30. Voir Cata-
logue de VHistoire de France, Paris, 1888, in4. t. V. i8»-i91.
2 Mémoire pour les supérieurs et relij,neux de l'étroite observance ile l'Ordre
de Cluny. C.ontenanl leurs moyens d'opposition à l'obtention des leUres
patentes que M. rarchevê(|ue de Vienne demande sur un bref délégatoire
qu'il |»rétend avoir obtenu du |>ape Benoît XIII pour visiter, réformer et gou-
verner tout rOrdre de Cluny. 28 fiov. I7i7. Paris, in-fol. — Mémoire [loiir
M. Tarchev. de Vienne. Servant de répoiise aux moyens d'opposition que les
.supérieurs de l'étroite observance prétendent avoir contre l'obtention des
leUres patentes. Paris. 17â8. in-i. Ré|)onse |)our les supérieurs et religieux
de l'étroite observance au mémoire de M. l'archev. de Vienne sur son bref
délégatoire, et à la requête du procureur j^énéral de l'observance mitigée sur
le même sujet. Paris, I7i8. in-fol. Observations de M. l'archev. de Vienne
sur la réponse que les supérieurs des réformés ont fait à son mémoire. Paris.
1728, in-i.
l'okdkk de cluny kt son gouvehnement. 15
Pouvoir législatif de l*il.bbé de dluny
Les religieux d'un même ordre sont soumis à une règle unique.
L^'s Bénédictins suivent celle de saint Benoît, mais elle n'est pas
appliquée de la même manière par les ordres ou congrégations
entre lesquels ils se partagent. Ce sont précisément ces divergences
dans lapplication de la règle bénédictine qui les caractérisent et
les distinguent. Les religieux de Gluny complétèrent la règle de
Saint Benoit par des coutumes, soit empruntées à une tradition
fort ancienne, soit imposées par les conditions nouvelles de leur
existence, ou prescrites par la sagesse des ahhés. Ils tenaient le
texte même de saint Benoît en trop haute estime pour l'altérer par
des suppressions, des moflitlcations ou des additions. Ils lui con-
servèrent son intégrité. La coutume transmettait tidèlement ce
qu'on avait dû ajouter, retrancher ou changer. Elle tut d'abord
orale. Comme toute tradition orale manque de llxité, les abbés de
(Muny songèrent à consacrer les usages de leur monastère par une
rédaction officielle.
Le pi-emier essai connu est l'œuvre du moine Bernard, (pii le
«lédia à saint Hugues (vers 1060). Il porte ce simple titre : (h'do
Cluniacensis ^ Cet ordo comprend deux parties. La première
est consacrée aux diverses fonctions et aux exercices réguliers;
elle raf)pelle de loin les constitutions des ordres modernes.
La seconde, qu'on pourrait nommer rubricpies ou cérémonial,
traite d(* la composition et de la célébration des otiices liturgicjues.
Quelques années plus tard, vers 1080, Udalric, à la demande de
Guillaume, abbé de Reicimau, rédigea un recueil semblable.
(> sont les Antiqniores Consnetudines Cluniacensûs înonasterii ^.
Elles ne ditïèrent pas sensiblenient des précédent(\s. Le rédacteur
^ Vf tus disciplina tnoiMstica, [uir Marquant Hergoll. 133-364. Sur railleur.
voir Histoire littéraire de la France, t. Vil, oîKi-TiOT.
* Publiées pour la première fois par Doin Luc (i'Achery, SpicilegiiiM sire
Collertio veterum aliquot Scripttnntiii, Parisiis, 1723, iii-fol. t. I, (J39-703, et
refirurluites |)ar Mii^ne. Pat. lat.. ('XLIX, 03;>-778. Sur l'auteur : Hanviller, llrick
ron Clutty, Ein biographischer Beitrag zur Gesc.hickte d^r Clunyacenser in XI
Jahrhundert, Munster, IBWJ, in-8.
ns ki^Ê
imes. ~
eurs.
i qui
FraDce^fl
a ilislribué les chapitres en trois iivres. Il est question, dans b
premier, ilii service litui^ique, dans le deuxième, de l'obsenarK
régulière et, dans le troisièoje, des ofliciers de la maison.
Cliiay ne fut point le seul monastère qui rédigea ses coutumes.
D'auti'es alji)ayes. réformées sur son type, eurent aussi les leurs.
Nous ne pouvons les énuraérer dans cette élude. Mais celui qui
voudra connaître le fonctionnement de la vie bénédictine en France^/
même dans les seules maisons clunisiennes. devra rechercher U
les documents de cette nature pour les soumettre â un exa
minutieux. Quelques-uns sont publiés; d'autres restent inédits. H '
ne lîiudriiit même pas pour les coutumes de Cluny se contenter du
teste donné par Marquai-d Hergott el par d'Achery. Nous aurions
besoin d'une édition critique de Bernard el d'Udairic.
Les Consveludines, malgré leur précision et leur autorité
restaient sujettes aux variations. Ou plutôt leur texte ne variait p
mais l'existence des moines, entraînée par la force même des chose
variait. Fatalement, un écart M manifesta entre la (Coutume écrite ej
la coutume vécue. Les années accentuèrent cette divei-gence e
pour parler avec fi'anchise. celle décadence. Les supérieurs a^'aiei
le ilevoir de remédier â ce désordre, soil en modiliant le texte d'un;
coutume qui ne répondait plus aux besoins des hommes, soit e
ramenant les moines aux pratiques traditionnelles. Les ConsuetUt
{tines n'avaient eu d'autorité que celle qui leur venait du coase
lement des abbés de Gluny. Ceux-ci conservaient le même pouvoS^
A eux doue de réformer les monastères déchus de la ferveur 9
pour lîiciliter cette tâche, de mettre la coutume ou l'observatu
en harmonie avec les conditions au milieu desquelles vivaient leifl
moines. Ils usèrent fréquemment de ce pouvoir l^islalîf. On s'éUrif*
borné, au onzième siècle, à mettre près de la Règle de saint
fienolt le livre des Constietudines. Ils suivirent la même méthode,
en joignant à ces textes un recueil de Statuts. Ces règlements^
avaient force de loi à Cluny et dans tous les monastères de î
dépendance.
Les Souverains Pontifes avaient reconnu aux abbés de Cluuy *■
confirmé ce pouvoir de promulguer des statuts, à la condition
toutefois que ces prescriptions ne fussent en rien contraires à la
règle de saint Benoît el aux pratiques générales rie l'Ordre '. Les _
1
m
la
I
1 ... Ut in abbalîis ad Cluniufen.se monaslerium perLioeatibus liceal libi,
quse secundum Deum et Beati Benedirti refîulam et staltita ordinis videris
corritcenda, corri^ere el ibidem siaUiere stuliienda. C'est ainsi que s'expriment
L^
à
l'oKDKE de CLL'NY KT son (;OlîVERNEMENT. 17
Pa|x»s, en agissant de la sorte, ne renonçaient pas au droit d'inter-
venir personnellement toutes les fois que les intérêts de la religion
le demanderaient. Grégoire IX, dont l'attention fut très en éveil
sur rétat des monastères, imposa des règlements nouveaux, propres
à établir une réforme devenue indispensable. Sa bulle est du
28 juillet 1231 K II fallut, un demi-siècle plus tard, une deuxième
intervention du Saint-Siège. Nicolas IV publia des statuts pour la
réforme de l'Ordre de (Uuny, le 12 s(^pteml)!(! 1289 ^. Ils devaient
être promulgués en chapitre ^. L'expérience les ayant fait juger
insutlisants ou inapplicables, Boniface VIII cbai^^ea, le 15 juillet 1295,
une commission, nommée par le chapitre général, de les modifier
en tout ou en partie *.
Revenons aux statuts des abbés. Il n'y a qu'à signaler celui de
Ponce pour la commémoration annuelle des défunts de l'Ordre ^.
Le gouvernement de cet abbé fut préjudiciable à l'observance
monastique. Pierre le Vénérable, qui reçut la dignité abbatiale
en 1122, après la courte supériorité de Hugues II, successeur
immédiat de Ponce, voulut ramener la ferveur primitive. Mais il
ne put faire revivre les beaux jours des Odon, des Odilon, des
Mayol et des Hugues. Cet âge d'or avait disparu j)our toujours.
La tentative du pieux abbé eut néanmoins des résultats consolants.
Si ses moines n'eurent pas le courage de pratiquer les vertus
héroïques de leurs ancêtres en rivalisant de zèle avec leurs frères
cadets de Cîteaux, ils menèrent au moins une existence digne de
leur vocation et du [)assé de leur abbaye. L'abbé Pierre, discernant
ce dont ils étaient capables, atténua la rigueur primitive des obser-
vances. Toutefois, le régime de Cluny, tel qu'il est présenté par
ses statuts, conservait encore les pratiques âpres et dures par
lesquelles le chrétien s'élève à Dieu ®.
r.<'Iostiii m tians une bulle «lu 5 août lliMi (BuUariuni ('luniacense, p. ÎK> et
Pal. lat. CCVI 1179,1 et Innocent lU dans une du 29 janvier \^)o(Bull. Vlun.
100. Pat. lat. (XXV, TiiO).
1 HuUanuiii Cluviacense, 110; Bullarium BonMnutn [M. Turin), l. \\\, 475 et
Registre de Grégoire IX, par L. Auvray, n. 7ir> p. 409. Voir dans cette (ierni(>rc
publication les nn. 710, 1038 et 1000.
2 Bull. Cluniacense. 152 et Reg. de Nicolas IV. par Lan^rlois, n. I.j82,p. .'iOl.
3 Registre de Xirolas IV. n. 1772. p. 329.
* Rf'g. d^ Boni/are VIII. par A. Tboinas, n" 259. Bullariuiii ('lumaceiuie. ir>3.
5 Statutum Pontii abbatis Cluniacensis. i)ubli(^ par Baluze, Miscella/rea, t. VI,
i97 ou éd. in-fol. t. II, 183 et Doni IJiuillier, Vie dr saisit Hugues, OÎW.
^' Aspera et dura per qu;e ilur ad Deuni. Règle de S. Benoît, ca[). LVIII.
2
18 i.i-vtK l^AHll.l.(^^.
Ces modifications ne lUreiit pas l'œuvre d'un jour. Leur auteur
mil vingt-quatre années à les mûrir et à les ex[)érimenter. Et
encore voulut-il les soumetlre au contrôle de ses moines réunis
en chapitre. C'est après celte longue préparation, qu'il les rédigea
sous forme de statuts. Il y en a soixante-sei7.e. Un court exposa
des raisons qui les motivent se lit après chaque règlement. Cet
ensemble de lois monastiques témoigne de ia sagesse clairvoyante
de Pierre le Vénérable et du bon ordre qu'il sut maintenir dans ses
communautés '.
Les moines de Cluny, inalgré ces condescendances, furenl inc-a-
pahles de s'arrêter sur la pente fecile du retâehemeot. Les âmes
généreuses allaient chercher ailleui-s les moyens de senir Dieu.
CIteaux d'abord et ensuite les couvents des Mineurs et des Prê-
cheurs leur offraient des asiles mieux garantis. La vie intense
qui soulevait les monastères clunistes du xi" siècle, affluait dans
ces communautés récentes. Les moines gardèrent la situation
économique que leur avait acquise la sainteté de leurs |>ëres, mais
ils ne surenl phis Ut légitimer par les vertus et les services d'au-
trel'ois. Dans ces condilions, les caractères faiblti'ent. Les cln-étiens
manquaient d'une édification et de secours auxquels ils avaient
droit. L'abbé Hugues V se mit en mesure de remédier à cet état
par une réforme sérieuse aussitôt après son élection (1191|. Nous
[W sédo s 1 stiit t q 1 p ora Igua pour l'Ordre tout enlit-r.
Il m t'a I lu Idrg qu 1 e re le Vénérable, en autorisant
lusag delà and Cela tune nnovation grave dans la discipline
m ast q e Auss ouïe a t-Jlle des difficultés. Nicolas IVconlirma
dan
H
la u t
pp m
n et assura la paix des consciences.
U ur moyen de lutter contre le relâ-
1 l lier l'organisation de son Ordre,
d Cliartrt!ux, qu'il avait sous les
y I I ' t> I plions sur la visite des maisons,
u le hai t s généraux et sur la distribution des monastères
e I ne s C p og es L,r cen était un, facilita beaucoup le
gouvernement d'un Ordre au.ssi étendu que celui <if Cluny ',
|i
■ Sanuti Pelri Maiincii dkti Vonerabilis, abbatis CluiiiueeDsis fX, Slaluta
iluiJtn'egiitiunis Cluniarensis, Bibliotheca fluniiKemi», roi. .1333-1376. ei
Pal. lut. CLXXXIX, n)23-tU4>i. Cf. Disposîtio rei fàmîlLMris Cluriiurensiti. u
Domno Peiro abbale. Pat. lai, ibid., 1U47-ia^.
■ Domiii HuKOnis V, AbbutiN CluniacensJs XVll, slaliiU. BibliùtMeca VltiniO'
Cfuiis, I «7-1 (72 pi PaL lai. CV.IX, S81-89«. (.éditeur publie & la suile des statuts
l*okdre: dk cluny kt son (ioivkunemknt. 19
Ces statuts furent promulgués dans les derniers jours du mois
d'octobre 1200. Lc^s religieux dont la conduite (exigeait cette
réforme montrèi'(?nt i)eu d'empressement à les applicjuer. L'abhé
Hugues, pour avoir plus vite raison de leur mauvaise volonté,
obtint du pape Innocent III la contirmation de son droit de
réforme et de correction K II mourut en 1207. Son successeur,
Guillaume II, eut à continuer son œuvre. Innocent III dut
intervenir et imposer à tous l'obligation d'améliorer leur vie
religieuse ^. Après Hugues V, d'autres abbés rédigèrent de nou-
veaux statuts, promulgués babituellement durant les cbapitres
généraux. Telle est, sans doute, l'origine de ceux (jue publie la
Bihliotheea CluniucensiH à la suite du recueil de l'abbé Hugues.
M«' Douais a publié récenmient ceux de l'abbé Bertrand de
(iolombiers, élu en 1295 ^. Ils furent promulgués en 1301. Henri I
<ie Faullrières, qui reçut rab!)aye clunisienne en 1308, revit l'oeuvre
de son prédéci'sseur et la compléta. Les décisions iXm)^ souverains
pontifes et des abbés, ainsi coordonnées, furent distribuées en
(luatre sections principales. Dans la première, il était question
de la liturgie; dans la deuxième, des d(»voirs cpii incombent aux
religieux; dans la troisième, du cbapitre général et d(î son fonc-
tionnement, et dans la dernière, des attributions de l'abbé de
Cluny, des prieurs et des otïiciers de l'Ordre *. C'est ce (|ue
nous pourrions appeler les Constitutions de l'Ordre de Cluny au
commencement du xiv*" siècl«\
De nouveaux statuts funmt édictés en 1399 sous l'abbatiat de
de Jean II de Cosant ^. Jean III de Bourbon, devenu abbé en 1450,
les reproduisit avec de légères modifications **.
anonymes convus dans le même esprit : Slatuta qiuedam alla (nuniarensis
('«rnohii.
i Huile (lu :à9 janvier iiO^i, cilre plus haut et <lu 1(3 mai 1207. Pat. lat.
<:(:XV. 13()9.
2 Rulle ilu 15 mars iil3. Pal. lat. CCXVI, 7îM.
3 Hulletin historique du Vomi t(^ des travaux historiques (1802), 38H-tl5.
* r.ollectio statutorum per Summos Romanos Pontifices et l)on;p memoria^
f»np<ieressores Ahhates (Uuniacenses. pro «pialitate et necessitate temporum
varietate(|ue casuum, in loto Cluniacensi online edilorum, oniinata per
venerabilem in (Hhristo Patrem Domnum llenricum, Dei ^^atia abbatem
r.hiniarensem, nominislmjus primum et online XXIX. Bihliotheea (Hu-niaeevsis,
i;>ii-ir>80.
'» Bib. Nal. nouv. acq. lat. 2.')1(). M. Hruel, qui les sii,'nale, en publie des
extraits. Les Statuts de l'Ordre dr Cluvi/ de l'année 1399, Bibliothr(|ue de
récole des Chartes, XLI (1880), 321-;«3.
« Statuta, ordinationes et diflfinitiones receptîe, admissjr et innovât» per
!20 ÏKVME MABILLON.
Mais que resta-t-il de ces règlements après les troubles qui
remplirent le xvi^ siècle?
Le cardinal Jacques II d'Amboise, qui mourut en 1516, rédigea
des statuts pour le prieuré de Saint-Martin-des-Champs K L*un de
ses successeurs, Dom Claude de Guise (lo74-1612), légiféra lui
aussi pour la même maison ^. On ne voit pas ce qu'ils ont fait
pour rOrdre. Sous le gouvernement de ce dernier, Dom Jacques
d'Arbouze, qui remplissait les fonctions de grand-prieur, entreprit
une réforme, qui, après une fusion momentanée de Tordre de Cluny,
des congrégations de Saint-Vanne et de Saint-Maur en une seule
congrégation sous le vocable de Saint-Benoît, aboutit à la division
des monastèivs clunistes en deux observances, l'ancienne et
l'étroite. Les Pères de l'étroite observance donnèrent à leurs statuts
la forme de déclarations et de constitutions, adoptée par les diverses
congrégations bénédictines ''.
Il existe à la Bibliothèque Nationale, L D ^« 370, un volume in-4,
ayant pour titre Vetera statutu Ordinis Cluniacensis, provenant de
Saint-Martin-des-Champs. Dom Poncet, vicaire général, l'avait misa
l'usage de Dom Pierre Pernot, le 27 août 1728. Les pièces de ce
recueil ont chacune sa pagination spéciale; elles sont du même
format, imprimées en caractères identiques, sortant des mêmes
nos Joliiirinennle Kourhonio. Deigratia saiicUe Aniciensis Ecclesi»} Ëpiscopuin,
Valloiiia» coinitem el Abbateni (Uuniacensem, et nos diflinitores (lapituli
jçenoralis (Uiiiiiacensis, liujiis anni graliie MCCCJXVIII. Bibliotheea Clunia-
ct^miii, loiKl-lGl(). La lUlUiolhèciue Mazarine possède une traduction française
manuscrite de ces statuts, nis. 17ril. -j- v. tlbi».
^ Statuta Martiniana» Domus a R. P. et D. Domino Jacobo d'Ambosia. Claro-
montousi Kpisco|)o et Abbate <Uuniacensi, anuo Domini 1500 ordinata et a
rege Liulovico nominis hujus XII supremaque Parlamenti Parisiensis curia
44 januarii auno 151:2 conlirmata et homolot^ala. MartiniaiWf f. 47.
'^ Sequuntur statuta et ordinationes a K. D. Claudio a Guisia miseratioric
diviua abl)ate sacri mouasterii totius(|ue ordinis Cluniacensis, anno Domini
l.->7o, die XXI mensis maii. Ibid. 159.
3 Bej(ula Sanctissimi Patris Henedicli cum dedarationibus el constitutionibus
prout servaritur in online sacro Cluniaconsi a Patribus slrictioris observantiie,
Lui^duui, 1(J,'M. iu-:2t. Statuta et consuetudines sacri Ordinis Cluniacensis.
cum constitutionibus pro rej^ulari seu stricta observanlia, in duas partes distri-
buta. S. 1. n. d. in-i. - Statuta sacri ordinis Cluniacensis. S. 1. 1676, in-4.
Richelieu avait publié des statuts pour préparer et aftermir riinion qu'il
méditait pour la réforme de l'Ordre : Statuts el règlements pour l'Ordre de
Cluny laits par M*^'"* lémineutissime cardinal de Richelieu, abbé, chef et général
administrateur de l'abbaye de Cluny, 31 mars 16;^3, Paris, in-8, el Paris, 1670,
in-12.
l/OKDUK DE CLFNV KT SON GOrVEHNKMKNT. 21
presses, mais sans date ni lieu (rimpression indiqués. Voici la liste
de ces statuts : Aniiquiores consuetudines Cluniacensis monastei'ii
per S. Udalrieum inonachum in ires libros dlvisœ, 128 p. — Isus
et cmisuetudines saci'i cœnobii Cluniacensis per Bernardum
inonachum in duas partes divi.sœ, 2i3 p. — S. Pétri Mauritii
dicti Venei*abili^ ablmtis Cluniacensis IX siatuta congregationis
Cluniacensis, 23 p.— Domni Hugonis \\ abbatis Cluniacensis X VII,
Statuta abhatiae Cluniacensis , 10 p. — Statu ta quœdam aliu
Cluniacensis cœnobii, 8 p. — Collectio statutorum... ordinata
pei\.. D. Henricum, 43 [). — Statuta venerabilis in Christ/) pair is
Domni Bet*trandi I, Dei gratia abbatis Cluniacensis XXVIII,
quœ sunt etiam portio quartw partis statutorum Henrici I ejiis
prœdeceMoris. Un seul chapitre est imprimé faisant suite aux pré-
cédents, p. 44-4(). On lit à la fin : Evpliciunt prœdicta statuta
quibus una cum régula B. Benedicti et statuti.s apostolicis regitur
Cluniacens^is Ordo.
On trouve, à la suite des statuts imprimés, des statuts manuscrits.
Statuta Bei*trandi abbatis Ctunincensi.s anno 1301 édita, ex
duobus manuscriptis, uno Cartusiœ Divionensis, altei'o Tolosano
communicavit D. Martène, congregationis S. Mauri, anno 1728.
— Statuta, ardinationes et diffinitiones recept(e, admissœ et
renovatœ per nos Johannem de Bourbonio, et nos deffinitoi'es capi-
tuli geneimlis Cluniacensis, hujus anni gratiœ MCCCCLVIII, 22 p.
Les ah!)és commendataires du xvir siècle, (|ui eurent à cœur
Je maintien de la régularité, s(î tirent confirmiM* par le Saint-Siège
leur pouvoir législatif*. Le cardinal Mazarin sollicita du pape
Alexandre VII un Bref Tautorisant à se présenter devant les moines
de Cluny comme un délégué apostolique, muni de pleins pouvoirs
{lCo7) K Le cardinal de Bouillon reçut une délégation conçue dans
les mêmes termes en 1691. Les moines n'avaient qu'à donner une
entière soumission à des pnHats séculiers, ainsi présentés par le
Saint-Siège. Les affaires publiques absorbaient trop Mazarin pour
1 Tibi cardinali Ma/.arino mandaimis ut tanciuani nosler et Setlis Apostolicie
ilelegatus... quuHMinKiue mutatione, corrertionc. ret'orinatione, eineinlatione.
revoeatione. renovatione aut etiam ex inte^TO ediliono iinlijjere coi^noveris.
mutare. rorrijjere, reforinare. ainendare, revocare. renovare et de novo consli-
luere.... abusus i|iiosrum(iiie iiernon statuta nova a quibiisdani nionarhis dicti
ordinis sub i)nptextu introchu'cndie reformationis retrularis observantia» non
tamen apostolica aurtoritate roborata. inio coutraha statutis anti(iuis dicti
ordinis, corrigere.
IIRVIK «ABII.I.O^.
qu'if put se rendre à Oluny toutes les ibis que les intérêts de l'Ordu!
le rédamaient. Il ctiuisil un vicaire pour li> su|iplë(;r et [Ktur
Iirésitier eu son nom le chapitre de 1636, Au lieu de dëli^guer le
grand -prieur de Gluny ou un dignitaire de l'ordre, il envoya
Jacques, évèque de Chartres. Ce prélat recul tous les honaeurs
dus à sa mission. U- cardinal lui avait remis des statuts avec
l'ordre de les iiromulguer. sans attendre le consentement du
.chapitre. Les religieux de l'étroite observance protestèrent contre
ce ijui leur semblait une violation des r^los et des privilf^s.
Mais ce llit peine perdue. L'évéqne de Chartres maintint les
décrets, en ajoutant que les déflniteurs ne pourraient édicler aucun
statut sans avoir préalablement obtenu son autorisation. Telle
était la volonté du cardinal. Il fallut bien s'y conformer '. Ses
successeurs ne se départirent point de celle manière d'agir. Le
cardinal d'Esté ayant reftisé son approbation à un acte du chapitre
de m&'à, celui de 1(H>5 dut surseoir à son application. Les abbés
de Chmy jouirent donc de leur autorité. Le chapitre de 1676 fit
néanmoins une réserve à la reconnaissance de leurs droits; ils ne
pouvaient d'eux-mêmes modifier les statuts de l'ordre '-
Les religieux de l'ancienne observance, qui possédaient à Paris
le collée de Cluny, voulurent le réorganiser. Ils prièrent 1r prince
de Conty, qui était alors abbé (16S0), d'approuver les statuts qu'ils
avaient rédigés, ou d'en promulguer de nouveaux '.
Les commendalaires conservaient, en somme, les pouvoirs tra-
ditionnels des abbés de Gluny ; et les moines ne pouvaient prendre
sans eux aucune décision bnportante. C'est ce qui ressort de tous
les f^its allégués.
L'abbé de Cluny avait, cela va sans dire, le pouvoir de remettre
tes [leines iniligées par lui aux. délinquants. En outre, le chapitre
général le désigna de bonne heure (1361, 1400, 14S0] pour relever
des censuresque les déflniteurs prononçaient ; cette délégation allait
I Sa aeti) Capituli 1656.
> SUIuiinus quuci ubbas Cluniacensis gHuileal poieslale. xiirlorilaLe el juri»-
diciione... lia Lamen iil iliclus ablias suu nulu el aucloriiale slaluta immutare
nulliilenua valeal aut priesumiil.
3 Rumillime sugiplicaium est Eminenliasimo abbali adetHnilorihusulBUtula
Cotlegii Cluaiacencix apud Pansios aliiis facta, execiilioiii niandari velit, aul
nova qua^ ipsimet viaa fuerinl oonilal. tum ad sliKlionim iiistuuralionein
lum ail cjusdem Collegii reddliuiiiii ac bonurum adniiiiislrariuiiein. Ei ar.tit
VapUuti lerill.
u
À
l/ORDRE DE CUNY ET SON GOUVEKNEMENT. 23
d'un chapitre à un autre. Il s'agissait ordinairement de l'excommu-
nication prononcée contre ceux qui violaient tel ou tel règlement.
L'abbé, quand il s'absentait du monastère, transmettait ses pouvoirs
au grand-prieur ou au prieur claustral. Le pardon était donné
dans l'intérieur de l'abbaye clunisienne, où le coupable devait
réparer sa faute et demander pardon. Les abbés séculiers gardèrent
Je pouvoir d'absoudre des sentences portées par les chapitres géné-
raux. Comme il n'était point facile de recourir à eux directement,
le chapitre de 1704 pria respectueusement le cardinal de Bouillon
de vouloir bien déléguer le grand-prieur ou le prieur claustral.
Momlnation des abbés et des prieurs,
Les monastères, qui composaient l'Ordre de Gluny, étaient une
extension de l'abbaye elle-même. Leur personnel était, par consé-
quent, assimilé à celui de Gluny. L'abbé avait sur l'un et sur l'autre
les mêmes pouvoirs. La règle de Saint-Benoît, appuyée par une
tradition constante, lui reconnaissait le droit de nommer et de
déposer les ofliciers de sa maison. Il en fut de même dans toutes
ses dépendances. C'est ainsi du reste que les choses se passaient
dans toutes les abbayes, ayant des prieurés. Les Souverains Pontifes
qui, à diverses reprises, contirmèrent ce privilège, ne créèrent pas
un droit ; ils n'eurent qu'à le constater. Cette confirmation n'était pas
inutile; car, dès le treizième siècle, on vit certains moines ambitieux
ou indépendants passer par-dessus l'autorité de l'abbé et obtenir du
Saint-Siège leur nomination à un prieuré. Des religieux d'autres
ordres, afin de se procurer les avantages d'une supériorité et d'une
vie facile, ne tardèrent pas à solliciter de Rome, avec leur ti*ansla-
Jation dans l'ordre bénédictin, une supériorité quelconque. Des
évêques prenaient sur eux de pourvoir à la vacance des prieurés
de leur diocèse. Il y avait donc là un péril. Ce n'était pas le seul.
Certaines maisons essayèrent maintes fois de secouer le joug clu-
nisien en nommant elles-mêmes leurs prieurs.
La confirmation du Pape fortifiait l'abbé de Cluny dans l'exercice
de son droit et l'armait contre ceux qui cherchaient à l'amoindrir
ou à le nier. Grégoire IX, Innocent IV, Clément IV, Urbain IV,
Nicolas III, Honorius IV, Nicolas IV la lui donnèrent sans hésiter.
Le premier posa cependant une condition très sage. Les coutumes
de Bernard prescrivaient à l'abbé de prendre l'avis des anciens avant
24 REVUE MABILLON.
de choisir son prieur dans Tabbaye ^ L'élection du prieur d'un
monastère exigeait la même prudence. Mais, au lieu de consulter
les anciens, ses conseillers ordinaires, Tabbé s'adressait à d'autres
prieurs conventuels; il devait en conférer au moins avec deux ^.
Innocent IV déclara de nouvc^au que l'abbé de Gluny était Je seul
à pouvoir nommer les prieurs de son ordre, U) 4 janvier 1247 ^.
Quelques monastères cherchaient alors à secouer son autorité *.
Urbain IV alla plus loin, en s'interdisant à lui-même de conférer
jamais ces mêmes bénéfices par lettres apostoliques; à plus forte
raison ses légats devaient-ils s'abstenir de pareilles nominations -^
Ce qui fut renouvelé par son successeur Clément IV, le 9 novembre
i26o ®. C'est que les privilèges apostoliques n'empêchaient pas tou-
jours les violations du droit. Des moines, quelques-uns portaient
le titre de chapelains du Souverain Pontife, obtenaient quand même
de Rome des prieurés, et, une fois installés, ils affirmaient (lu'on
ne pourrait les déposer sans recourir au Saint-Siège. Clément IV
blâma cet abus et rendit à l'abbé le libre exercice de sa fonction et
de son autorité. Il eut encore à protéger les monastères clunistes
contre l'intrusion de prieurs venus soit d'un autre ordre, soit du
clergé séculier ^
La tendance à disposeï* des supériorités monastiques comme de
vulgaires bénéfices était si forte alors que les privilèges semblent
tombés en désuétude presque aussitôt après leur promulgation.
Religieux et clercs se jetaient sur les prieurés vacants munis de
leurs lettres apostoliques. L'abbé Yves de Vergy dut encore sup-
plier le Souverain Pontife d'affirmer son droit. Grégoire X le fit le
12 décembre 1272 ^. Ce qui fut renouvelé, le 7 mai 1279, par
Nicolas III ®et par Honorius IV le 15 mars 1286 ^'\ Ce dernier ne
renonçait pas complètement aux nominations faites par lui ou ses
successeurs; il se bornait à les entourer de précautions propres
1 Ordo Cluniacensis, p. 1, c. â. Vêtus discipînia monastica, 138.
2 Ad instilutionem Prioruin conventualium absque duorum priorum conven-
tualium consilio minime procedatur. BuUa Oregorii IX.
3 BuHarium Cluniace'nse, 116.
* Recueil des chartes de Cluny. t. VI, 401-103.
5 Bull, du 22 juin 1262. Recueil des chartes de Cluny, t. VI, 520.
6 Bullarium Cluniace^ise, 135.
7 Juin ou juillet 1267. Ibid. 213.
8 Ibid., 138.
9 Ibid., U7.
K'Ibid., 151.
l'ordre de CLIINY ET SON GOUVERNEMENT. 25
à éviter des abus criants ^ Cluny ne jouissait donc plus de la pléni-
tude de ses droits.
Voici comment les choses se passaient dans la pratique. Lorsque
une abbaye, dépendîint de Cluny ^, venait à perdre son chef, le
couvent en informait Tabbé. Parfois encore, celui-ci nommait direc-
tement le successeur ; tantôt la communauté conservait son droit
dVlection sous la présidence de Tabbé de Cluny ou de son manda-
Uiire, qui contirmait le choix conventuel. Cette din'érence provenait
des conditions dans lesquelles s'était faite l'union de ces monastères
à rOrdre. Le mandataire», lorsqu'il y en avait un, notitiait à l'abbé
les résultats de l'élection H l'élu lui envoyait aussitôt une promesse
d'obéissance •'*.
S'il s'agissait de la mort d'un prieur, le sous-prieur écrivait à
l'abbé de Cluny pour lui annoncer cette perte et lui demander le
successeur du défunt. L'-ibbé prenait conseil et faisait son choix.
Hugues V, dans ses statuts, vtnit que l'élu soit prêtre ou apte à
recevoir l'ordination sacerdotale au terme de l'année. La naissance,
Tamitié et les avantages matériels ne doivent pas intluer sur l'élec-
teur. L'intérêt des âmes doit être son unique» mobile; t'illes veulent
un homme sage et bon en qui elles puissent se conliei' K L'abbé
Henri I s'étend davantage sur les qualités requises d'un prieur;
puis il demande que l'élection soit terminée avant la lîn du premier
semestre. Le nouveau prieur s'empresse de faire, (»ntre les mains
de l'abbé de Cluny, sa promesse d'obéissance '\ Les moniales
avaient auprès d'elles un chapelain avec le titre et l'autorité spiri-
tuelle de prieur. Il était élu de la même manière.
1 Voici (lu reste les termes de la bulle : Auclorilate uposloliea indul^^emus
ut prioratuscluniacensis ordinis soliti per monachos veslri ordini gubemari,
cuiquam conferri non possint, nec ad illoruin collationeni rompelli aliquatenus
valeatis per litteras Sedis Apostolir:o vel legalorum ejus oblenlas per quas non
jus alic'ui acquisitum. vel etiam obtinendas, nisi pnedicU*» Sedis littenv obti-
nendip ptenam et expressam de indulto hujusmodi et de ordine vestro facianl
mentionem. Cf. Nicolas IV, i3 juillet 1391. BuUnnum Cluniaceme, 157.
2 Voir la liste de ces abbayes dans Dom Lhuillier. Vie cU saint Hugues, i98.
3 M. Bruel a i)ublit^ dans le t. VI de son Recueil des chartes de Cluny les actes
relatifs à un certain nombre de ces (Mections.
* Hugonis V statuta. Bibliotheca cluniace^isis. /i€6.
* Henrici 1 statuta. Ibid. io60-i:>61. On trouve dans le Recueil des chartes de
Cluny les lettres d'obéissance de quehjues prieurs fl24o;, t. VI, 370-376. Ce
même recueil fournit des renseignements nombreux sur ces élections et sur
les diflTicultés que certaines présentèrent.
n HRVi E MAB<LLON.
Les maisuns placées sous b dépendance immédiate d'uti pHeurc
recevaient leur clief de son firioiir. Les prieurs de Saint-Martin des
Champs, de La Cliarilé. de Saiiit-Pancrace de Lcwes fâisaieiil un
certain nombre de ces nominations. Ils devaient, dans leurs clioii!,
suivre les conseils donnés aux abbés de Cluny. On leur accordait
six mois |Hiur ces élections. Si elles n'étaient pas feites après ce
laps de temps, le supérieur généi'al [murvoyait la communauté de
son prieur. Quant aux maisons de sa propre défiendance, le droit
de nomination passait au Saint-Siè(;e, s'il ne l'avait |>ns exercé dans
le délai voulu '.
Les élus ne recevaient pas toujours tion accueil de la commu-
nauté vers laquelle ils étaient envoyés. Il arriva même, — ce flit
rare, il est vrai, — que certains monastères ne voulurent jiomt
accepter le supérieur nommé [lar l'abbé de Cluny. Pour vaincre
cette résistance, celui-ci réclamait l'intervention du Souverain
Pontife ou mieux remettait au chapitre général l'examen et la
solution de cette difficulté.
Les prieurs étaient en principe inamovibles. On se conformait
en cela au meilleur esprit de la r^le bénédictine et aux traditions
de rOrdre. Mids les mesures les plus sages demandent toujours un
tempérament, sous peine d'occasionner des abus non moins (^ves
que les excès auxquels leurs auteurs ont voulu remédier. Le droit
d'élection garantissait l'autorité de l'abbé de Cluny sur tous les
monastères de l'ordre ; la promesse d'ohéissance i]uc lui adressait le
prieur était une reconnaissance personnelle de cette même autorité.
Mais, pour rendre ces dispositions effîcaces, il fallait une sanction
pratique. Elle ne faisait point défaut â l'abbé de Cluny; il pouvait
toujours déposer un prieur, quand l'expérience le montrait indigne
ou incapable de gouverner une maison. Hugues V énumère quel-
ques-uns des motifs qui l^ilimaient une dé|H)8ttion ; une adminis-
tration défectueuse exposant une communauté à la déconsidération
ou à la ruine, une désobéissance ou une révolte contre les autorités
de l'Ordre, une conduite scandaleuse. Il va sans dire que l'élévation
d'un prieur à une chaîne plus haute ne dérogeait pas au princi|)e
de l'inamovibilllé '.
Ces dépositions avaient lieu d'ordinaire durant les chapitrées
généraux. Les visiteurs soumettaient alors les informations prises
> Biillij Nkolai IV (IStO ou 1390).
^ HtL^nU V iibbaliit slaluta. Biblii
l/ORDRE DE CUJNY ET SON GOUVERNEMENT. 27
par eux dans les monastères et les mesures qu'ils avaient eu à
prendre. Les détiniteurs agissaient en conséquence d^accord avec
Tahbé. Celui-ci donnait aux prieurs déposés un successeur. Il y a
|Kni «le chapitres généraux qui ne présentent une ou plusieurs de
ces dépositions. Gela témoigne du sérieux avec lequel on contrôlait
à Cluny Texercice de la supériorité.
Ce mode d'élection fut changé dans Tordre de Cluny a[)rès la
réforme du dix-septième siècle. On s'inspira beaucoup à cette
épo(iue des constitutions d(^s Bénédictins de Saint-Maur et surtout
(le Saint-Vaime, qui confiaient au chapitre général le choix des
ï)rieurs. Les Clunistes procédèrent de la même façon. S'il survenait
un décès ou une démission durant l'intervalle d'un chapitre à un
autre, on pourvoyait à cette vacance pendant la diète annuelle.
L*al)l)é commendataire se réservait le droit de confirmer les élus.
Il ne pouvait rien d'autre, pas même refuser son placet. Les choses
allaient toutes seules pour les élections faites en chapitre général,
puiscpie Tabbé présidait les réunions soit personnellement, soit par
un mandataire. Comme les diètes se réunissaient sans lui, on se
bornait à lui envoyer la liste des prieurs et ofliciers élus. Ceux-ci
attendaif^nt sa confirmation pour entrer en charge K
Giàce à cette manière très simple de choisir les supérieurs, Cluny
put sauver du fléau de la connnende un grand nombre de ses
monastères et leur conserver, jusqu'à la fin, la vie conventuelle
qui avait disparu de la plupart des autres prieurés.
I.<es moines des prieurés et l*at>bé) de dluny.
L'abbé de Cluny avait sur les moines de son Ordre la même
autorité (lue sur ceux de l'abbaye. Ils étaient les uns et les autres
ses religieux au même titre, celui de leur profession entre ses
mains. Chaque maison avait le droit d'admettre d(îs postulants ou
1 Sui>eriores omnes ofïlciarii ol religiosi de novo elerti vel de loro ad lociini
fiiissi [>er ditPtas, taiiquain superiores, se j,'erere non pra'suinanl aiile(iuain a
K. K. Domino abbale siiam institutionem acceperint, quam tamen inslitutionem
necpie denegare neque revocarc poteril diclus U. K. Abbas juxla anni 1705
arresluin; et ad hune etl'ectum, slatini post elecliones fartas in diclis di<rtis
inittelur rotulus omnium oHiciorum et superioruni (jui eiecti (iierinl in dictis
dtpïtis R. R. D. D. Abbati, sij(natus a Pr.esidente et Secretario diclcF diivtîv,
an. 8.
28 KFAUE MABILLON.
novices. Seul l'abbé de Gluny pouvait, en recevant leurs vœux, les
incorporer à sa famille monastique. Les abbayes se compoi'taient
ainsi avec les prieurés de leur dépendance. Le grand nombre et
réloignement des monastères clunistes rendaient difficile l'applica-
tion de cette règle. Aussi s'en écartait-on quelquefois au commen-
cement du douzième siècle.
Pierre le Véïiérable voulut remettn^ l'antique coutume en vigueur.
Les abus cjue son oubli engendrait ne l'y portaient pas moins que
la volonté de maintenir ses droits. On admettait, en effet, dans
quelques monastères des enfants, qui n'avaient pas encore atteint
l'âge de raison, des vieillards débiles, des fous et des bommes
inaptes à n'importe (juoi. Ct\s admissions avaient été assez nom-
breuses pour troubler gravement des communautés et scandaliser
les chrétiens du voisinage.
Un contrôh* sérieux dtîvenait donc nécessaire. Il sutfisait, pour
l'exercer, de revenir à la tradition. En le faisant, Pierre le Vénérable
évita d(^ se montrer excessif. Les prieurs furent autorisés à recevoir
les Vieux des novices (mi dangcM* de mort (4 de œ\\\ dont la situa-
tion (îl la gravité inspiraicMil toutiî conliance, lorsqu'un délai risquait
de les jeter dans le découragement K
Gela resserrait davantage les liens (jui lui unissaient chaque
religieux. Gomme le voyage était long et dispendieux, les prieurs
ne se pressaient i)as d'envoyer leurs novices. Quelques-uns les
gardai(înt dans cet état dix, (piinze, vingt années et plus. L'abbé
Pierre défendit de retarder au delà de trois ans leur pèlerinage à
l'abbaye. Le Ghapitre de \Mi demanda que les novices fussent
envoyés à Gluny, dès qu'ils auraient atteint l'âge de quinze ans.
Les prieurs emmenaient souvent les novices avec eux au moment
du Ghapitre général. Pour donner une sanction à ce règlement,
Pierre le Vénérable avait interdit de présenter aux ordinations
les frères avant leurs vœux. Geux qui étaient prêtres ne pouvaient
pas, avant l'accomplissement de ce devoir, célébrer la messe *.
1 SlatuliiiTi est ut nuUus in nionachiim Cluiiiacensem recipiatur abs([ue
(iluniaconsis AbbaUs pra'ceplo et perniissiono. sicul inos est, nisi ad succuren-
(hiin; exreplis ma^Tiis et utilibus personis, (|ua^ si difterentur, levilate fortassis
animi rétrocédèrent, nec in inreplo conversionis proposito permanerenl.
S. Pétri ven. statulo. XXXV. Bibliotheca Cluniacensis, i36i.
2 Stalulum est. ut, modo quo pra»dixinius, extra ('luniai'uni novitii rerepti
usque ad primum. vel secunduni, aut plus tertium annum ad l)enedicendum
Cluniarum addurantur. nec intérim, sicut usus Cluniacensis exi;^nl. etatl ordines
L*0R1»KË DE CLU.NY ET SOS (;OnVERNEMENT. 29
Hugues V et Henri I renouvelèrent dans leurs statuts ces
prescriptions ^
Les Souverains. Pontifes contirmèrent, à diverses reprises, ce
privilège. Le Bullaire de Cluny conserve, en particulier, une bulle
de Grégoire X, du 12 décembre 1272, où sont rappelées les eonlir-
inations données antérieurement par Innocent IV et Clément IV -.
Certains prieurs passaient trop aisément outre à ces défenses.
Il lallait arrêter ces empiétements par des mesures sévères. L'abbé
Yve I de Vergy, après avoir consulté le chapitre général de 1261,
leur défendit une fois encore de recevoir les professions des reli-
gieux, et cela sous peine d'excommunication *'. L'abbé Bertrand
inséra cette sentence dans les statuts de 1301 K Quelques supé-
rieurs avaient cherché à éluder ces interdictions par un subterfuge.
L'envoi (h»s novices à Cluny leur semblait onéreux et humiliant;
ils ne voulaient point d'ailleurs s'ex[)oser aux peines encourues par
c-eux (|ui admettaient d'eux-mêmes à la profession. Ils crurent
t'»ohapper à ce double écueil par une [)rofession tacite. Le port de
riiabit monastique passait alors pour un engagement véritable que
l'on ne pouvait plus rompre. Il n'y avait pas de foi'mule requise
[)Our 1(» contracter. Les prieurs, qui voulai(»nt échapper aux m(»sures
de rigueur prises [)ar les abbés de Cluny, donnaient l'habit à leurs
novices. Mais cette vêture fut condamnée au même titre que la
pi'ofession verbale par l'abbé Bertrand •"*.
C'est au monastère de Cluny que l'abbé recevait la profession de
ses moines. Comme les religieuses ne pouvaient convenablement
y aller, il suffisait, pour recevoir leurs vœux, d'obtenir de l'abbé
une autorisation et une délégation. Toute profession, faite sans son
agrément et devant un autre que son mandataire, était déclarée
nulle. Le chapitre général de 1274, après avoir constaté la violation
ecclesiasticos iiscendiint et iiiissam unie onliiiuti ranleiiL aiit extra clauMnirn
nirain alinijus obe<tienti:r administrent. n)i(l., XXXVHl. \^hi.
t liullariuM Cîuniacnae, \\m et 1568.
2 BuUarium Cluniacense, 138.
3 .statuit Domnus ahbas de consilio Deftinilorum et totius (iaïutuli j^eneralis
siib pd'na excominnnicationis ne ali(|uis prior (iluniacensis ordinis prot'es-
sionem reci[»iat inonachalem. Actes du C.hapitre de iifil, dans le recueil cite
plus haut.
* Kxcoininunicannis et onmes illos cpii ronlra detlinitioneni capituli j^eneralis
sine nostra aut suocessoruni nostroruni lirentia nionaches facient in futurum.
Statuts de Cluvy, [uibliés par l'abbé Douais. Hul. hist. du comité, 1892,
p. .^88 et :\m.
'' Ibid., :i8ft.
30 HKM'K HitlIlM.ON.
v.f. règlement par un iiiuiiHSlën: àv Lombardio, interdit à la
prieure de recommenaisr et, en cas de récidive, oi-doiina au
chainbrier d« la province de loi infliger lut-méme une pétiitenc* '.
C'est au prieur, chargf! de veiller sur elles au nom de l'ahbé de
Cluny, qu'était donnée Ih délégation, et non aux moniales. Cellps
de Laveine, au diocèse de Glerniont, voulun-nt néanmoins donner
elles-mêmes l'Iiahit à une novice, he rliaiiitre de 1303 chargea l'abbé
de les punir de cette faute et de décider s'il y avait lieu de garder
la professe on non '. Les religieuses d'Allemagne prenaient l'habi-
ludede ni' stillii;ileraiiciint' iirrruission pour admettre de nouvelles
sœurs. l.'i'inij;iii'ninii in' lis rxctisa [loint aux yeux des dé-liniteurs
du cliaiiiln'ili' KliT, ipii les r;tji[»eièrent à l'observation des règles'.
Le prieur de Marcigny, malgré le voisinage de l'abliaye-mère.
prétendait recevoir les professions de son aulonté propre. U'
chapitre de 1378 l'invita au respect du droit *.
Qiielqin'liiis V;\hUi- dr CJuiiy délépiail \m supérieur pour recevoir
sur phiri' 1rs |>nili'^Mniis. \.i- lOiiiinlirii'i' li'Espagne eul ct.'lle lUculté
pour II.' iiiiiiiii^lcir ilr S;iiiit-/.iij]r (II' i;jri'i(iii, durant une i>ériode '
déterminée \\'M>~i} ■■. Mais seiiibliÉliles délégations étaient rarement
accordées. Les chapitres se plurent i\ maintenir ce droit de Cluny, .
même durant tout le xvi^ siècle. Comme à cette époque les
abbés résidèrent de moins en moins dans leur abbaye, il feilut leur
donner un mandataire attitré, chargé d'incorporer en leur nom '
les proies à l'ordre monastique. On ri&iuait, en effet, de voir un
1 Sei- ^iriorUsa aliquani de ctelero reripial in inuuiulem el sororem sine
Damai Atibulis licenlin express», et si quiim recipere |irii>iiuinsenl, quod absil,
pro non rei'.e|ila hubealur, el rei^ipiens (>er ^'amemariuin Lomlutnljif r^ulftriter
puniiUur. Ailles du Chap. de ISTJ. Reeveil cité.
3 Uuia in domu de Venna. moniales auctorilale propria induerunl iiuaindain
ilomii^elliini, l'uni DomnuK Abliu.s (ledis.sel priori suliim {loLesliiiein el non ilirlit
iiionialibus indiietiili, de laiilo cl Uili enressu Uumnus Abbas ipsas puniat. d
iW ilicla dcimii-ella ^ii' indiiui facial quud sibi videhilur fadendum. Arles du
Chap. 1303. ibid.
3 De l'a'lero moniales non rei'i])iunlur in provini'l;i Alleniunia' nisi de Uomal
Alibatis liceiilia spedali. Acles du Chap. de 1337. Ibid.
* Prior irlauslralis Harriniaci de i^^tero non possjl velare domtcellas seu
piiellas sihi oblaUs sine noslra expressa licentia petita el obtenla. Acte* ds
i;bap. de 1,<ITH. Ibid.
'> Duranle lempoi-e prioris modem] deCurrione, camerariiisHispaniwhabeat
poteslalcm creundi el reciplendî niuiiai'lios nomiiii Uomni Abbalis Claniacends
in dirlo prioralu solum el non iililii. ni>i Domnus Cliiniarensis id permiltat
Actf» du CAirpilnr imi. Ibid.
l/oiUmE DE eu NY ET SON (.01 VEKNEMENT. IM
al)bë prélat séculier confier cette mission à un autre prélat ou à un
prêtre séculier comme lui. Le chapitre de io38 le conjura de ne
déléguer pour une fonction si religieuse que le grand prieur ou le
prieur claustral de Cluny •. La sécularisation de la dignité abbatiale
faisait craindre (|ue ces liens, établis par la cérémonie de la pro-
fession entre chaque moine et Tabbé, ne vinssent à se détendre.
C'est sans doute pour obvier à ce péril que plusieurs chapitres
généraux aftirmèrent avec insistance leur réalité et leur force ^.
Les moines d(î Cluny furent, comme beaucoup d'autres, préoccu-
pés par le besoin de se réformer au xvi'" sièch^ De là procèdent
plusieurs règlements, ayant pour but d'assurer une meilleure
formation religieuse et de mieux organiser le fonctionnement des
monastères. Tous les prieurés avaient le droit d'admettre des
novices. Mais pouvaient-ils les préparer à la profession monastique
d'une manière satisfaisante? Il v avait lieu d'en douter. On était, en
général, très loin des dispositions sages inaugurées et prescrites
par le Concile de Trent<% (pii entourent de si précieuses garanties
les engag(^ments religieux. Abbés et prieurs semblaient fréquemment
ignoHT les enseignements de saint Benoît relatifs à la manière de
recevoir les moines. Pour préserver leurs communautés des graves
inconvénients qu'entraînent toujours des professions faites sans
préparation, les défmiteurs du chapitre de 1534, ordonnèrent aux
prieurs d'envoyer leurs novices |)asser au moins trois mois soit
à Clunv, soit dans une maison où l'on menait une vie conventuelle
régulière, et cela, aux frais de leur propre monastère ^.
Il importait de consigner par écrit le jour et l'année de chaque
1 Humiiiter supplirantes H. D. Abbatein ut deinceps, nisi ex magna neressi-
tate et proviclenti et rationibili causa duntaxat, nulli nisi dictis prioribus majori
et ciaustrali Cluniacensis concédât, habita privilegiorum ordinisconsideratione
quibussoli Abbati Cluniaceusi ex speciali pniTOgativa conceditur prolessionem
religiosorum totius online recipere potestas. Actes du Chapitre de 15S8. \\m\,
2 In toto ordine ununi Abbatem CUuniacenseni habemus in superiorem, inter
eujus nianus expressam facinnis professionem. Actes du Chapitre de 1500. Ibid.
— Xulli liceat in ordine quenupiam fratreni ad professionem admittere, nisi
qui spéciale inandatum a R. D. Abbate susceperil. Actes du Chapitre d^ 1600. Ibid.
3 Staluimus et ordinamus (|uod prioreset decani teneantur deca'tero mittere
<^luniacum in C.apitulis generalibus fratres qui protiteri voluerint pro emit-
tendis profession ibus suis. Qui (|uidem fratres in Cluniaco aut alio conventuali
loco ordinis in quo vigeat vita monastica per Irimeslre ad minus connnorari
teneantur, expensis tamen praslictorum priorum seu decanorum. Actes du
Chapitre de 1574. Ibid.
32 KKVIE MABILLON.
profession, avec les noms des religieux qui Favaient émise elde celui
(jui l'avait reçue. Le maître des novices de Cluny était chargé de le
faire H de conserver ces documents, où Ton trouvait la preuve
ollicielhî du lieu qui unissait à Cluny chaque moine de l'Ordre K
On gardait au noviciat de Tabhaye un registre sur letiuel étaient
inscrites toutes les professions, même reçues dans les autres
maisons. Lorsque Tahbé charg(»ait le prieur caustral ou le grand
prieiii' de présider la cérémonie à sa i)lace, il fallait rédiger deux
act(\s de cette délégation ; le délégué en gardait un chez lui, l'autre
était déj)oséaux archives de l'Ordre ^.
Lorscpie Jac(|ues d'Arl)ouz<\ élu en 1622, (îut arrêté son plan de
réforme et les règlements que l'on devait suivre désormais dans
l'ordre, il résolut de n'admettre; à la profession que des religieux
disposés à hîs mettn* en praticpie. Il laissait au convent le soin
de se prononcer sur leurs aj)titudes et dispositions, et il donnait au
grand prieur une; délégation générale pour recevoir les professions.
Celui-ci pouvait S(* faire rem[)lacer, s'il y avait lieu ^. Nous ne
trouvons, dans les chapitres du xvir et xvnr siècle, rien qui mérite
de fixer sui' ce sujet notre attention, sauf les décisions relatives
au S(MMnent (|U(* les religicMix de la stricte observance faisaient après
leur prof(»ssion. Le cardinal de Bouillon accepta une formule, qui
fut adoptée^ |)ar le chapitre de 1093, approuvée par le Saint-Siège et
[)ar le roi et eniHîgistrée au Grand Conseil. On décida, en 1704, que
ce serait la seuh.* en usage. La voici : Aussitôt après sa profession,
le frère disait : hi nomine Domini. Amen. Anna N, ego f rater S,
novitius pro prioratu jS\ ordinis iUuniueensiSy promUto in
prœsentia /?. Prioris iu hac parie Yicarii Geiieralis Abbatis
1 Onlinainus et statuiinus ((uod in papiro seu nienibrana srribantiir annus
et (lies in ijuibiis professionciii einisenirit, iieciioii R. 1). nostri Comnuinis
fAhbatis Clim. seu ejiis specialis coinmissi, sub «pio faeta fuerit professio.
ActfK du Chapitre â(* iîMi,
2 Onllnaiiius ul (iiioliescuinqiie \\. P. noslro Abbati (lare et ('oncedei*e Prio-
ribus inajori et claustrali ad recipieiidani reliposorum professionem vica-
riatiiin placuerat, (hio ejiisdein \i('ariatus ori^nnalia (*onticieiitur iiist rumen la
«piorinii aiteruin apnd secrelarios nionaslerii Clluniafensis in thesauro euslo
diatur altennn pênes dirtos Priores rernaneat.... Il si cjuis reliposos ad pro-
fessionem intra vel extra Ciuniacum admittanl. semper unum rejfislrum origi-
nale babeant et in iH^viciatu C.hmiaeensi dictiim re*;islrnm relimpiatur. ^c/!^jr
du Chapitre de io.'iS.
3 Voulons et enjoijînons à noire dit '^nnul Prieur de ne recevoir dorénavant
aucun proies en noire abbaye (pie ceux (pii voudront vivre conformément à la
ditle obs(»rvance et de ne rcvestir ou recevoir don'navant auoim novice en
l'ordre de cluny et son gouvernement. 83
Cluniacensis. Le prieur, prenant alors dans les siennes les mains
du nouveau profôs, ajoutait : Promittis obedientiam usque ad
mœ'tem fi. R. Abbati Cluniacensi et successoribus ejus. — Pro-
mitiOy répondait le frère, et tout se terminait par là. Cette obéis-
sance jusqu'à la mort, ne pouvait être promise qu'à l'abbé de
Cluny. Nul prieur ne devait la demander. C'était dans l'ordre une
tradition constante ^
Le principal usage que l'abbé de Cluny faisait de son autorité
directe sur tous les moines de l'ordre consistait à les transférer
d'une maison à l'autre, toutes les fois que la chose lui paraissait
avantageuse. Innocent III, qui lui reconnut cette faculté, ne laissait
aux novices aucun moyen de s'y soustraire par un appel à une
autorité supérieure '^. C'était le droit incontestable de tous les
abbés sur les monastères de leur dépendance immédiate. L'abbé de
Cluny pouvait seul l'exercer. Les statuts de l'abbé Bertrand en
fixeront l'exercice par un règlement, que leur emprunta Henri L
Personne, pas même le grand prieur ou le prieur claustral, ne
pouvait envoyer un moine d'un prieuré à un autre. Mais ces deux
oflîciers étaient à même de donner l'ordre de se rendre dans un
prieuré à un ou plusieurs religieux de l'abbaye, quand il y avait
surcroît de population monastique. Ils agissaient de la même
manière avec les moines errants, qui n'appartenaient à aucun
prieuré ^. L'abbé Jean laisse aux chambriers de chaque province la
jx)ssibilité de faire eux-mêmes ces changements. Étant sur place,
ils pouvaient mieux apprécier les besoins des communautés et des
individus *. Les prieurs de la Charité, de Saint-Martin-des-Champs
noire «litle abbaye que ceux que la ditle commun a utc*' reconnoistra aptes
et capables pour être revus: n'entendant (|ue autres (|ue notre dit yrand Prieur
ou cexw qui par le dit tfrand Prieur seront dt^putés, puissent dorc^navant vêtir
ou rerevoir \i profession les novices de notre dite abbaye. Règlement d^ f62f.
1 Voici comment la désignait Nicolas 111 : Promittant uscjuc ad mortem ipsi
abbâti obedientiam manualem et recipiant benedictionem ab eodem. BuUa-
rittm Cluniacenie.
2 Indulgemus (tibi) monachos tuos a prioratibus vel aliis obedientiis, cum
causa exigent, appellatione postposita, removere (mai 1308;. Pat. lai. i\CW-
1300-1310.
3 Statuts de l'abbê Bertrand, BuL hist. du comité (IHHt) 395 et Henrici
abbatisstatuta, Bibliotheca Cluniaremis, 1o67.
♦ Priores ordinis de prioratu ad prioratum non sibi subditum, r.amerariis
provinciarum exceplis, monachos ad morandum mitlere non debent, nisi
placent dommo Abbati. Joannis III statuta. Bibliotheca Cluniacensis, 1603.
3
el autres monastères, (|ui étaient eiix-mâmcs les centres d'une
petite con^égation moniislique, avaient toujours eu sur les prieures
et les moines de leur dé|iendance immédiate les mêmes droits que
l'Hbbé de Cluny sur les siens.
Les cliapilres généraux apprenaient par les visiteurs que telle
communauté manquait de personnel el que telle autre souffrait de
la présence d'un religieux dlHicile ou pervers. Les délinileurs en
prévenaient l'abbé, ii qui seul il appartenait d'agir. Quelques moines
de la province de Gascogne se conduisaient mal. Le ChauiLrier
re\;ut l'ordre de les déplacer (13()4), en tenant compte pour cela d«
la naturede leurs toutes '.A la mémeépo<iueetdan$la même r^on.
quelques moines de Sainl-Lizier manifestaient trop par leurs actes
el leur langage les divisions qui les agitaient. Le chapitre invita le
cliambrier à se rendre sur les lieux [«ur expédier ailleurs les
turbulents et les irréductibles et pour combler les vides iwr
d'autres changements ^.
On trouve dans la plupart des cliapitres généraux un ou
plusieurs exemples de ces mutations sollicitées et obtenues par
les détiniteurs. Toutes n'avaient point ce caractère de châtiment
ou de mesure de police. Il arrivait t'réiiuenmienl (jue la vie était
pénible aux religieux d'une mRison, dont le personnel se trouvait
pour un motif ou pour un autre trop peu nombreux. Le cbapitre
demandait alors à l'abbé de Cluny de l'angnienter de telle sorte
que le chilfre ti.xé par la fondation ou par la coutume fût atteint.
Ces décisions prouvent une t'ois encore le soin el l'intelligence
avec lesquels l'Ordre était conduit.
Le moine, k qui l'abbé de Cluny enjoignait d'aller dans un
monastère quelconque, devait s'y rendre promplement. lin certain
Nicolas de Hui s'était vu, par lettres patentes de l'abbé, transférer
au monastère anglais de l^ewes; il n'obéit point. Les défmiteurs du
cliapitre de 1306 ordonnèrent de l'expédier à Cluny où il recevrait
un juste châtiment ^. La résistance venait aussi de la part des
prieurs à qui les religieux étaient adressés. Quelques-uns même
1 Ueniniunt ijucid Abbas injunfciii Camtrario Vasi'oniiv i|uu(l nioniicliumil
transreriit île loeo ail loruiri secuiiiliim quylitulorn cleliclurum; Aetet A» '
Chnpilrriif fiSi.
* Hem.
* Quia Domnu-s Kifolaus <!c Hui mouurhiis aunni [Dunsioiiein habuit tn
jirioratu Lewensi |i«r liUerus puieiiies D. Abl)Hli)i. ((itihua lilieris ilîilieri el
disiulii utieilire... ; <:ai>iutur et millutur apuil Cluniaciini ail arbilrium illornin
de online fiuniendus. Àclei du r.kapitre de 1306,
J
l'ordre de CLINY ET SON (.OIIVERNEMENT. 35
allaient jusqu'à leur refuser le nécessaire. Il y avait une violation
de l'obéissance et un nian(iuement grave à la charité. Ordre tut
donné, en iolO, à tous les supérieurs de faire bon accueil aux
frères ainsi envoyés, de les garder dans le prieuré et de pourvoir
à Irurs besoins; et cela, en vertu de l'obéissance et sous peine
d'excommunication. Ceux qui avaient des motifs de ne point les
recevoir devaient les communiquer à l'abbé de Cluny et, en atten-
dant sa réponse, observer les lois de la charité en vers les nouveaux
venus K
Cette législation se maintint dans son ensemble jusqu'à la
destniction de l'ordre.
De l^ad mission des religieux, venant
d'un ordre dlfTéreni*
Du dixième à la fin du douzième siècle, Cluny et les prieurés de
sa déjK^ndance étaient en grand renom de ferveur. L(»s religieux
qui abandonnaient leurs monastères pour vivre sous sa discipline
le faisaient dans le but de tendre à la perfection. Personne ne
pouvait en douter. Aussi les portes s'ouvraient-elles toutes grandes
ilevant ces hommes épris d'un idéal plus élevé. Mais les abbés qui
l(»s perdaient se résignaient difficilement à leur départ. De là des
plaintes fort explicables. Les papes, voyant d'abord la perfection
des âmes et la prospérité de l'institut qui leur procurait les moyens
de l'atteindre, garantirent par leur autorité à Cluny le droit
d'admettre ces moines qui venaient d'ailleurs, s'ils étaient mus j)ar
la seule pensée de mener une vie plus sainte ^.
1 Statuimus et ordinuimis (|uo(l omnes et singuli Decaiii et Prières ad (|uos
Iralres reiigiosos a D. Reverendissiino transinitti coritij^erit, rcripiant et cari-
tative tractent et aient. Si vero aliquam ie^itimani causam pnHendanl ob
quarn ad receptionem aut detentionem dirtorum religiosoruin minime
leneantiir. de ea diclum Dominum nostrum ciuani ritius voluerit cerlilicare
studeant. Venim intérim ordinamus et in virtute sancla» ohedienlia> et su!>
excommunication is pu'na pni'cipimus et mandamiis ut supradictos reli^nosos
in suis monasteriis retineant et eis necessaria ministrent quous(|uc super hoc
con;fruum a H. Donmo acceperint responsum. Actes du chapitre de tîit6.
2 Hune vol)is concedimus pncroj^ativam ut (juisquis ad vos alieni monaslerii
monachus pro vitu» melioratione transierit, licenter recipialur, semotis prions
loci qu:i>riinoniis. Bulle de Paschal II. 1107. Buîlanum Cluniacrnse, p. 3i.
Ces admissions n'offraient alors que des avantages. Mais les abus
ne tardèrent pas à se présenter. Des prieurs recevaient indiscrè-
tement quiconiiue frappait à la porte. Les fonctions nombreuses et
parfois intéressantes gue l'administration des biens et des monas-
tères nécessitait, attiraient des religieux fatigués par leur genre de
vie. Ces hommes ne chercliaîent guère un moyen de servir bleu
avec une perfection plus grande. I! ne ISIlail pas les recevoir à bras
ouverts et indistinctement. L'expérience le montra bien vite. Aus^
Hugues V crut-il bon de se réserver h lui-même et à ses succès-'
seurs le soin de statuer sur l'opportunité de ces admissions
Comme lui. les abbés Henri I et Jean Il[ défendirent aux supérieurs
hcaiix de les recevoir. Je^n déclare nulles les admissions ainsi
fâites *. Plusieurs chapitres généraux, notamment ceux de 1375,
1490 et 1S43, renouvelèrent cette délënse, à cause sans nui doi
des nombreuses infractions que les visiteurs constataient. L'abbl$
de Gluny fut respectueusement invité à se montrer sévère, s'il
voulait pas, en étant faible, semer la zizanie dans l'Ordre '.
Ces dispositions furent maintenues après les réformes du dix-
septième siècle. L'abbé, trop éloigné des monastères pour se rend]
compte de leurs besoins, donnait trop facilement entrée à des rel
gieux, même bénédictins de congrégations différentes. Les moinf
de la strlte observance, qui avaient pris leurs précautions, écbap
pèrent à cet inconvénient. Ceux de l'ancienne Airent moins heureux
Le chapitre général de 1717 porta leurs plaintes à l'abbé. Celui-
promit plus de circonspection; avant d'admettre ces religieux,
s'informerait à l'avenir de leur conduite et de leur doctrine et ded
services que l'Ordre pouvait en attendre '. Il s'interdit d'accordi
Jean XI avait déjà concédé ce privilège pre.sque dans les mêmes temM
en 931. Ibid. 1.
' Slatuinius ut duIIus de alla religione in aliquu tooorum nostronim. sîn
ooslra s|)e<:iali liceniia, recipialiir, iguia lalibus dnrum esL uïsuelu relinquer
el noslris instilutionibus infgnnari. et siepe nostris propter suas levitalesm
etiam enormitates, graves sunt et damuosi. Hiigonis slaluta. BibUotheeA
ClUTiiacerwit 1460.
> Joannis 111 sUluta. Ibid. 1603.
> Qui diclus abbas sibi caveal quod in talibus non relaxet liabenas. ne in
sue ordine zizania seminalur. Acte» du cAapilM ât I37S.
* Cumsa'pius supplicalum ruit serenissImoAbbali qua tenus deliifteps oullant
porlionem monachalem toiicedere dignelur quibtiscumque religioais extra-
neis.,.. ('a\ supplicî pelilioni re.s|)Dndel se nullam in posierum concessuniWi
pnnbendam seu mausionem )iis<'e religiusis, nisi de illoriun monbiis ei^
l/ORDRE DE CLUNY ET SON <;01IVERNEMENT. 37
cette faveur aux religieux de l'étroite observance ^ pour ne pas
encourager le relâchement parmi ses sujets.
Contrôle des pouvoirs <le l*abbé de Gluiiy.
L'abbé de Cluny avait donc sur l'Ordre tout entier une autorité
tort grande. Elle n'était pas absolue cependant. On eut soin de la
tempérer par des institutions très sages, qui, en lui assurant un
contrôle, le tenaient (;n garde contre les dangers de l'arbitraire.
Il devait compter avec le chapitre général, la visite et son conseil.
Nous exposerons plus tard le fonctionnement du chapitre et de la
visite. Il suffira de montrer ici comment l'abbé de Cluny avait à en
tenir compte.
Les défmiteurs, qui exerçaient toute l'autorité du chapitre
général, tenaient leurs pouvoirs du Saint-Siège, ce (jui leur donnait
sur l'abbé de Cluny une réelle supériorité, au moins pendant la
durée de leurs fonctions. Cette supériorité s'affirmait dans des
dispositions importantes. En voici quelques-unes. Les définiteurs
se prononçaient en dernier ressort sur les affaires pendantes à son
tribunal -. Le chapitre de 1297 eut à s'occuper, sur l'ordre de
Boniface VIII, d'atténuer la rigueur des statuts promulgués anté-
rieurement par Nicolas IV. Au lieu de laisser l'abbé de Cluny faire
ce remaniement, il en chargea une commission, dont il fut membre ^.
Les définiteurs lui donnèrent maintes fois des mandats à remplir.
Lorsqu'ils avaient formulé leurs décisions, ils les munissaient de
leurs sceaux; l'abbé de Cluny se bornait, comme les autres abbés,
à souscrire sur le revers du procès-verbal qui les contenait *.
dortrinis cerlior fhit et eviilentius illi ronstet de inajori onlinls utililate per
dloniiT) receplionem. Actes du chapitre de 1717.
1 Actes du chapitre de 17t8,
* Omnes causîi» qua» inter pcrsonas ordinis ... et per abbatem non riierint
terminatip. dilate ad capitulum |>erDefflniloresstalulos in capitulo lerminentur.
Bulla Gregorii l\.
* Quia ex statulis Nicolai IV multa ^ravia et importabilia siinl injiiiicla, ...
D. Bonifacius VIII mandavlt quod cerUe person:e mitigareni, modilirarenl, (|Uie
miti^nda, motlificanda existèrent in statutis pnpmissis. deffinilores (|uod ex
tum Cluniacensis. Figiacensis, Thiernensis abbates ... pnpdicta efferlui non
différant mancipare. Actes du chapitre de i297.
* Ordinant Defflnitores quod Abbas et ca'teri se subscribant supra dorsum
deffinitionum sigillis Defflnitoruin sigillaloruni. Actes du chapitre de 1399,
3S
C'est en vt-rtu de, la déltigation gue lui doniièreril les définitf^urs et
non «Il vertu de son autorité iiorsoniielle, qu'il put relever des
sentences d'excommunication portées par eux '. Ils ne craignait-nl
pas de mettre à celte délégiitioi) des réserves *. Plus lard, le
cha[iitre de 1477 désigna trois on quatre délinileurs pour conBrmpr
et approuver en son nom les statuts que promulguerait l'abbé de
Cluny *. Jaciiues d'Amboise devait rédiger les statiils pour les
moniales de Marcigny. Le grand Prieur et le Prieur claustral de
son ahhaye reçurent mission de les confirmer, après les avoir resTis
et corrigés au besoin (1819) *.
L'ablié Hugues V avait oRiciellement reconnu celle suprématie
du chapilre général, en décrétant que les visiteurs lui rendraient
compte de ce qu'ils avaient trouvé de défectueux à Cluny. Celle
visite se liiisnit une fois l'an pendant l'octave des saints apôlrei'
Pierre et Paul, par deux abbés et deux jirieurs de l'Ordre *.
Grégoire IX, dans sa bu]le pour la réforme de l'Ordre de Clun>,
bit siennes la plupart des expressions employées par l'abbé Hugues.
Après quoi, il donne aux visiteurs les pouvoirs les plus étendus.
1 Kos Ueniiiitorps vuluîmus el cirdinavimiis i|iio<l R. in (^hristo Puler ot rlomnu»
AbbasClunlac«nsis[>ossil perse vel [leriilium alisolvere omnes. (iriaresel nUiift
excommunlcatos iwr nos. Aetei du cAitpUre de t400.
^ AcUf du chapitre de liSO.
3 Trilius vel i|iiuiuor de no&im coïKieHlniloribus damus iiolesUilem ... oitti-
naLionittus et stululis per H. P. Abbatem ruviendis nomine iiustro ronseuiire.
ipBaijiie approbare et raulinnare. Actn du ekapitre de f Jî?,
* Commiltimus D. D. majori et clau.ilrali Prioribus (|uatenus ipsi ... iiii;*^
ilam slalulu pro re^înimiiie ... priorulus Harcinlani facla cl iirumtilgata per
D. iacobum Av Ambasia. Abbalem Cliiiiiacensetn, diljgenler e[ arcurale videaDI.
visa norriKant el amendent, addeiidu i\n:e iidilenda, et delrubcmlo qa^f subira-
beiida viderini. iu inetiua reformeiil el auclorilale nustni. verius aposiolicu.
ironfimienl el siabilianl. ÀeUi du thapitre de 1519.
r> r.um Uominalorem omnium subditum homiuibus fuisse le|;anius. nos
[pHius sequenles exemplum ... ul formam demus ad imiiandum nos : etiatn
nos ipsos legi siilytcimus. staluentes ul i|ualuor disrreta' el Idotie»' p«rson:F
eligiiiitur: «oilicel duo Abbal«s el duo friores, ad r.luniacen.seiii ri-rlc«inm
pCrtlnenles. i|ui semel m anno. alaluto lermitio, videliccl in orliivis ^ifinsio-
iorum Pelri el Paul!. (UuniMCuni venianl, lam de noslra persona, id tvsi Abbalis
(■.luniarensi(iipiirumi|ue per sucrediriiliu Ifliniifii ;i fiicrir. <(iiiiiii île sliirii Kivlesiif
l'ordre de cluny et son gouvernement. 39
les autorisant à demander la démission de Tabbé, si la chose est
indispensable, et, en cas de refus, à en référer au Saint-Siège K
Nicolas IV, qui renouvela ces prescriptions, fixa le moment de la
visite aux six jours qui suivent la clôture du chapitre général. Pour
faciliter aux visiteurs l'exercice de leur tâche, il indiqua les points
sur lesquels ils auraient plus particulièrement à insister ^.
Les Définiteurs savaient donner un avis à Tabbé, quand il y avait
lieu. L'accomplissement de leur devoir était alors pénible et délicat.
C'est ce qui les porte, en i388, à prier respectueusement l'abbé de
Cluny de gouverner sa maison de telle sorte que le chapitre ne
puisse lui décerner que des éloges ^. Ils ne craignirent pas, en 1436,
d'adresser à Odon II de la Perrière de graves avertissements
accompagnés de menaces. Cet abbé ne tenait compte ni des
décisions du chapitre général ni de celles des visiteurs. On lui
enjoignit d'avoir à les exécuter, sous peine d'encourir les consé-
quences du mécontentement qu'éprouveraient à ce sujet les Défi-
niteurs et le Souverain Pontife *.
Le Supérieur général de l'Ordre avait continuellement à sa portée
le secours d'un conseil. La règle de saint Benoît lui prescrit de
prendre l'avis des anciens pour le gouvernem(înt de son propre
monastère. Cette précaution devenait plus indispensable encore,
lor.squ'il s'agissait de la conduite d'un ordre tout entier. Les statuts
1 Kt si abbatis exegerint démérita qua* celari non debent. per vivSilatores
nioneatur ut cedat et liceat visitatoribus et convenlui Cluniacensi hujusmodi
recipere cessionem. ^^uod si forte abbas sibi cessionis reinedio noluerit provi-
dere. (jUîP de ipso visita toruni in(iuisito comprehendet, ad Sedeni apostoliram
referantur. Bulla Gregorii IX.
2 Adjiciamns autem quod abbas Cluniacensis corain Visitatoribus de omni-
bus obligationibus pereumdem vel de ejus mandato factis ac etiam de proven-
tibuset expensis reddat explicite rationem; et Visitalores pnpdicti \v,v.c signili-
rare in sequenti capitulo generali et deinde summo Pontifici annis singulis
teneantur. Bulla Nicolai IV.
8 Deftiniunt deffinitores ((uod abbas jus Kcrlesiii» suie taliter prosequatur
quod in sequenti capitulode aliqua negligentia non possit notari. sed de bona
diligentia commendah. Actes du Chapitre de 1SH8.
♦ Nos considérantes quod parum est leges condere nisi debiUp executioni
demandenlur. et quod reformatis membriscaput quod est membrum dictorum
egel ardentiori remedio medicina*, propterea hortanuir H. in Chrislo Palrem
et Domnum abbatem Cluniacensem, et apostoiica (jua fungimur auctoritate
mandamus quatenus ordinationes et mandata, a nobis facta et injuncta per
D.D. Visitatores, implere non ditferat amplius, si ipsius Apostoiica» sedis acri
moniam evitare et nostram velil. Actes du Chapitre dei4S6.
40 REVUE MABILLON.
anonymes lui donnent un conseil composé de douze religieux, dont
il prenait l'avis dans les affaires qui concernaient la discipline et
l'administration \ Ce conseil fut connu dans la suite sous le nom
de la Vaâte, emprunté au local où il se réunissait. Il intervenait
dans le choix des supérieurs locaux. Mais ses principales attribu-
tions avaient trait à l'administration temporelle de l'abbaye et de
l'Ordre. Ce conseil, qui joua un rôle très important au quinzième et
au seizième siècle, se composait de l'Abbé ou de son Coadjuteur,
président, du grand Prieur, du Prieur claustral, de quatre religieux
choisis dans l'Ordre, du Chambrier et de deux prêtres de l'abbaye *.
Dom J.-M. Besse.
1 Et (iiiia scripliim est, onmia foc cum cotisilio et postfacium non pœniteàis.
Domnus Abbas duodccini fratres in domo Cluniacensi semper habeat, quorum
consilio in omnibus lum interioribusquam exterioribus agendis semper utatur.
Bibliolheca Cîunincensis, /473.
? Caméra Oluniacensis erl^'atur ad honorum temporalium omnimoduni
administrationem, in qua pncsident D. Abbas vel D. Coadjutor; sine in ea
prior major et prior olaustralis, quatuor socii in ordine. Camerarium et duo ex
fratribus presbyteris... pênes quos sit omnis auctoritas. In absentia D. Abbatis,
D. Coadjutor, bis absentibus prior major et prior claustralis pni'sideant; nec
quic(|uam, nisi ex bis quatuor uno pnpsidente, decerni aut immutari possit-
R. D. Abbas, vol in ejus absentia D. coadjutor in ramera unam tantum vocem
habeant, et, si vota essent a^quaiia, suffragium illorum |>ntponderabit ad deffi-
nicndum. Actes du Chapitre de i57L
Des circonstances plus fortes que nos volontés ayant cmpèclié
la n-vision lies épreuves pour une partie du premier numéro de
la Revue MabilUm, il en est résulté, notamment dans la Note sur
(pielques abbés île Saint-Denis et dans l'article sur le Calendrier
(le Saint-Ucnis, un certain nombre de fautes assez graves que nous
tenons Ji rectilîer le plus tôt possible.
Corrigenda dans la Note sur quelques ahbén itt Saint-Denis-.
Pagi.) 43, n. (ili mettre iex mots avec TubrévialioD d'une nasale en ilatii/iie.ii.
— n. (h) et n. (i) à irpiivler à la pngf suivante.
P:\ge ifi. licites 8 et 9. lisitz : lu sutmlilution... n'était peul-i^tro point encore
un Tait iiccomplî.
l'âge 17, n. i. Substituer au texte de ceJtv mie le texte suivant :
Clirori. brève S. Dionysii ad riici. pasch., u. 1005 : Ut>iit Robertm
ablian.... éd. Itcrger, p. 27S. — I^ manuscrit de Rome Keg. lat. 309
iwrle : Otnit Hotbntux abhaa saneti DyoHtsL Les lettres nixi
sont Écrites au-ilessus île la ligne et de la première syllabe : Dyo.
Reste iHiBsible la supposition qu'il s'sigit en 1005 d'un iibbë de
Saint-Denis autre que Bobert IT et inconnu par ailleurs. Nous l'i'car-
lons commL' gr^iluite.
Page W, n. 9. ligne 8. aiirigez : (Jiry, La donation de Ruett....
l'agi' *9, n. 2, corrigez U disposition, au lieu de : le dispositif.
— n. 3, corr. les passages, au lieu de : les ouvrages.
l'âge 50, ligne 11 : et serait seulement, corrigea : et ce st^riit seuletnenl.
— ligne Î2 : eommixssi, rori: : Citnmissi.
— n. 1, ligne 3 ; n. 37. cm: : n' 37.
— n. 3, ligne 2 : n. 4182. curr. : n" 4189.
p-.ige .H, ligne 17 : c'est ii cette tiue.... airr. : c'est li celte on;asiori que..,.
— n. 1, ligne 3 : secteur, corr. : Saekur.
— — lignes: »'jHf,OJ(r. ;.V(((p.
— n.3: 691. corr. .■991.
Page m. ligne 13 : par le diplôme, corr. : pour le diplAinc.
— n. 4 : n. 10, cnrr. : n" 10.
— n. S : n. 1*, corr. : n" 1».
Page 53, note : XIV kal. december.Oti. .-idelaidis irgiiin.corr. : XI
lifcemtir. Ob. Aelaiilis regina.
— n. 1. ligne 1 : n. XV. forc. : n" XV.
— — ligne î : p. X, n. .X, cotr. : p. i.xx, n" 33.
— n. 2, ligne I : Viit., coir. : V. id.
pjge 54 : Bestiluer entre Odilon et .4lhrrt lu mention : Vivien, ùj
en 1008, mentionné par un dipli'ime du 17 mai lOOB. mort 1.
le 10 aoQl d'une année inconnue.
fiorrigenda dans yOffiffi divin dans l'abbaye de Sainl-Oenis.
Piiei: S6, dernier alinéa, ligne T, au lieu tle : It^s duc soldats; 11»» : les
dix mille, martyr i.
— ligne 8. au lieu de ; saùU Lévi; lisez : naitit Léon il.
Page 57, ligne 3, au lieu de : naint Brieux; lisez : saint Hilure.
— ligne 8, au lieu de : saint Thomas Beequft; lisrz : sninl Thomax
BHCiiet.
l'âge Sa, ligne,'), au liijudc ; ou d'Hit!: imiiuttn : lisez : et d'une oraison.
— ligne M, au lieu de: autant de vfpre^ iWaïa.: auUtnt derépims.
Page 59, ligue 7, après saint Afanricc. : ajoutez : saint Demrtriu*.
Page Kl. au â7 janvier, au lieu de: Fabiani epi&cvpi; \,Kez : Juliani episaipi.
Page 63, au iS février, au lieu de : XII lectinnum; lisez ; /// lectionum.
Page 6S, ligne 3, au lieu de famex; lisez : fomrs.
— au 3 mai, au lieu de : Theodoti; lisez : Th^odoli.
Page 66, au 33 juin, an lieu de Decem mililtim; lisez : Demm milium.
Page (f7, au 9S juillet, au lieu de : Chri/sologi; lisez : Ciistofori.
— au 29 juillel, au lieu de : .Symphorusœ, Famli; lisiiz : SimpHrii.
Fauslini.
Page 68, au 6 août, au lieu de Agapilis; lisez : Agapiti.
P.ige 69, au \" septembre, au lieu de : t'riscœ; lisez : l'riai.
— au 13 septembre, au lieu de : Mouritii; lisez : MaurilH.
Page 70. un 2 octobre, au lieu de : et eonfessoris; lisez : et martyris.
— au 23 octobre, au lieu de : XII lecttvnum; lisez : /// lectionum.
— au 33 octobre, au lieu de : XI! lectionum; lîsee : /// hctioavm.
— au 25 uctobre, au lieu de Hilarii ; lisez : HUart.
Page 71, au 8 novembre, ajoutez : XII teclùmnm.
— au 2* novembre, ajoutez ; Oiisagoni mart. mem.
— au 31) novembre, au lieu de : l confessoris; lisez et marlynx.
Page 73, au H décembre, au lieu de et marf^m,- lisez : memoria.
— au 29 décembre, ajoutez : XII lecliimum.
~ au 31 décembre, au lieu de ccn/'^s^mix ,- Vuez coufeseoris.
NOTE S|;H quelques ABBËS de SAINT-DENIS 41
..NOTE SUR QUELQUES ABBÉS 'DE SAINT-DENIS.
1* — Lie pi*ocès-vei*bal d^électlon de Fabbé
de ISaliit^Denls, Albert*
M. Achille Luchaire, le savant profiîsseur de la Sorboniie, a
récemment signalé quelques documents qui intéressent l'histoire
de Tabbaye de Saint-Denis. Parmi ces documents, il en est un d'un
intérêt capital : c'est le pro(îès-verbal d'élection d'un abl)é de
Saint-Denis, Albert, dont le nom manque dans les listes abbatiales
qui ont été dressées jusqu'à nos jours.
L'instrument d'archives, qui avait très anciennement dis[)aru du
chartrier de Saint-Denis, est une expédition sur parchemin très
soignée, d'une belle écriture de l'extrême fin du x'^ ou du commen-
cement du xr siècle. Tronqué en haut et en bas, rogné sur les
côtés, troué par places, usé le long des plis, il est, on le voit, en
mauvais état : les deux premières lignes sont même devenues en
partie illisibles, par suite de l'emploi d'un réactif pour faire revivre
l'écriture. Conservé dans le Regiria 980 de la Bibliothèque du
Vatican, où il formait le folio 0, il en a été distrait pour constituer
à lui seul le Regina 980^ '.
Ce qui reste de ce précieux texte suflit à nous permettre d'en
saisir le sens général. Nous apprenons que le roi de France et de
Bourgogne, Robert, a voulu demander aux grands du royaume
(aux évêques) et aux prêtres, aux moines dionysiens aussi, de
désigner comme abbé de Saint-Denis un successeur à l'abbé de
Cluny, Odilon qui, ne croyant pas pouvoir plus longtemps i>orter
le lourd fardeau d'administrer Saint-Denis, s'était rendu auprès du
roi pour le prier de pourvoir à son remplacement. Robert le
Pieux, sur le conseil unanime de ses fidèles et selon la volonté de
la congrégation dionysienne et de l'abbé de Cluny, choisit le moine
1 .Nous devons ce «lernier renseignement à notre confrère, M. L. Halphen,
membre de TÉcoIe française de Home, à qui nous sommes redevable «Pautres
recherches entreprises à noire requête.
Albert, qui avail été élevé dans ce monastère et que recomman-
daient sa connaissance des prescriplions régulières, sa dévotion,
sa naissance ft son érudition tliéologique. L'acte était souscril,
sur deux colonnes, par de -nombreux membres de ta congrégatiou
de Saint-Denis, parmi lesquels Odilon, le prieur Yves et des prêtres.
L'abbé Albert, dont il est ici question, est celui igui mourut
en 1049 ', le 29 juillet 2.
Non seulement le docunienl permet d'identifier les indications
mystérieuses du Chronicon brève sanuti Dionifsii ad cyclos pas-
chales et du Nécrologe de Saint-Denis relatives à un abbé Albert
inconnu, mais encore prouve ce que M. Ptister, avec sa [wrspica-
cité habituelle, avait supposé ", à savoir que l'abbé de Cluny Odilon
avait administré Saint-Denis après l'avoir réformé *.
La ligne de date f^it dé^ut. Le seul indice clironologiquc que
renferme le texte est fourni par le titre donné au roi Robert :
rex Francorum Bur(iumHmum<iiie. Le duc de Bourgogne, Henri
le Grand, mourui le l.'i urinhn' liiii-J. \,<- roi Koliert voulut disputer"!
au beau-tils lii- HimuI. nui.-Guill;uuue. le duché et les comtés
d'Auxerro et d'Autun que celui-ci avait occupés; en 1003, l'expé-
dition roj-ale écboua contre Auxerre et l'armée se borna à ravager
le pays Jusqu'à la Saône. En 1005 seulement, le roi prit Avallon
et, dès 1006, l'autorité de Robert le Pieux était reconnue en
Bourgogne, mémo par Otto-Guillaume, sans être cependant soli-
dement établie ». Notre procès-verbal ne saurait être antérieur
il 1002 et peut-être même à 1006, ni postérieur au 20 juillet 1031,
date de la mort du roi Robert !i Melun *,
C'est tout ce que nous pouvons tirer présentement du texte que^
nous publions ci-dessous.
I
i
' Chrimir.im brève Sitneli Dtonyfii ad eyelo* paichiUfi. a. 1049, é^\. BlieBi
(Bibliotkègue de VÈeolf dr* CXarUt. t. XL), 11. 375.
a Xér.rotngf de Sam/Dmi» : ■ IV Kat, Âug. Oh. ... doainui Albertu*. - Bien I
que k nom ne soit pas suivi du lilre A'abboê, il n'est pas douteui qu'il s'xgisss J
ici d'un ibbé : il est A noter, en elTel, que les réilticieurs du ni3crolo^ onl.j
réservé \a queliflration de detimua. quand ils l'emploient, »n\ seuls abbéK. L« \
noms qui suivent dans le même ([uaniii'me et que l'on |ieul idenUller Bppa^' ]
tiennent au xti» siècle ■ ce sont l'éveque de Paris Etienne de .Senlis 0124-1 Hl)
et l'abt>é de Saint-Denis Guillaume II (I tT3-1IS6).
» PfIîITER, Sludea mr le règne de Soierl le Pieiu- (Paris, 1H«8, În-H", ItiP^e
de la KiiciiW de Paris), p. 3(M1.
* Ainsi se trouve infiruii'e l'opin-ion de I). Kj^libik^, HUlotrr de l'abbaye de
SaiKt-Oengi, p. 117.
fi PFISTEtl, op. cit., pp. 355-200.
■ Pfisteh, op. til., p. 81 el n. 4.
NOTE SUR QUELQUES ABBÉS DE SAINT-DENIS. 43
Fra^^meni du procès- verbal d'éleellon
de l'abbé de Saint-Denis, Aibert.
A Bibliothèque du Vatican, Reg, 980^ (ancien Reg, 980, fol. 6) i, commen-
cement du XI* siècle.
Ind. a. Luchaire, Études sur quelques manuscrits de Rome et de Paris,
dans Bibliothèque de la Faculté des Lettres (Université de Paris), t. VIII
(1899, in-8»), p. 157.
li ^ illumque <*) fieri secundum Deum preesse cupiunt assensu unani-
mi[tatils ....
Il ^ .... patriam precepcionibus (^) Deo omniflue bonitatis annuente edoctus
serenissimus Rotbertus rex Francorum Burgundionumque sim[ul] .... humanas
res ^c> ....
Il 3 .... ernunt communicari consiliis subditorum voluit de abbatia excellen-
tissimi martyris Xpi Dyonisii sociorumque eius expetere consilium ex sui
regni proceribus ....
Il ^ .... [sacerldotibus verum etiam cum predicti loci monachis, quero, post
domnum Odilonem abbatem, roiris dulcibusque moribus comptum prasfate
abbatise prelatum sanciret Dei com (<^) ....
Il ^ ....mpe dicioni ipse locus subdebatur a diurnis temporibus, prefato rege
annuente, roerituro sanctitatis eius expertus idemque abba videlicet Odilo
afTectu suo ....
Il ^ [alnimadvertens se non posse tam grandisonum pondus ut hactenus jam
perferre, excellentissimi régis iamfati procerumque s[uo]rum submovit pr?^
sentiam ut sibi («)....
Il " sencio (0 atque plebriatus te) per placido ipsius flatum Deo quandoque
(•> Oii peut lire aussi bien ullumque. — ^) L'\ de la syllabe cio est suscrit au
dessus d'un a qui est expo'nctué. — ^^) res est de lecture douteuse. — (<i) On lit
co avec l'abréviation d'une nasale.
!•) La fin du tnot est illisible. — ^^ La syllabe cio est de lecture douteuse. —
U?) sic. — (h) La fin du nioi est douteuse. — (*) La première lettre est douteuse. —
1 M. G. Périnelle, archiviste-paléographe et membre de l'École française rie
Rome, a bien voulu me faire photographier ce document; et mon excellent
confrcre, M. Louis Halphen, a revu ma transcription sur l'original. Quel(|ues
mots qui étaient mal venus sur la photographie ont pu être déchiffrés sur
l'original par M. Halphen; d'autres qui sont illisibles sur l'original ont reparu
sur la photographie. Je remercie MM. Périnelle et Halphen de leur obligeance.
44 REVUE MÂBILLON.
vocante quo venit, nolens locum pretitulatum sine pastor[ilb[u8l (^) .... ige
icassum relinquere ....
Il ^ nerunt (^) procerum singuli, eoque deprecante, prefotus rex assertione
ca^terorum fieri adiudicavit .... factione ^) cum alise proficu ....
Il •* illa utilliraa auctoritas est indita quo pretextatus locus in ipsius régis
successorumque regum inibi ^^) labe[n]tis asvi temporibus persistens, nulli
umquam ....
Il ^^' tant! patris meritum siibiaceat. In iiac igitur abbatia elegit predictus
rex cum communi suorum fidelium consilio [.... v]oluntate ^^0 precipuas ipsius
congreg[ationi8] ....
Il ^^ (lomni Odilonis abbatis cœnobii Cluniaoensis quendam monachuin,
nomine Albertum, ipsius loci alumpnum, regular[i]bus 0) institutionibus
adprime eru[ditum] ....
Il ^ fructuosis percomptum actibus, nobilissimis ortum natalibus et tam novi
quam veteris instrumenti detritum erudicionibus. Et ut ha&c electio aH"^) ....
Il 15 non ficte sed alacre ratam .... e voluraus, act.... [maniMuls propriis
firmatam, onomatum suLscri]ptione <») corobor[a]t[a]m au....
Il 1* *. Signum <»» Odilon[isl (p) abb[at]is ii) S
Il 15 S. Ivonis priorris S. Constancii sacerdotis W.
Il i« S. Vuillelini sacd. S. Humberti sacd.
H 17 S. Ernoldi sacd. S. Pétri sacd.
Il 1^ S. Aimonis sacd. S. Immonis sad.
Il 1^ S. Airardi sacd. S. Benedicti sacd.
'^ S. Milonis sacd. S. Ivonis sacd.
21 S. Gozfredi sacd. S. Restoldi sacd.
^ S. Armanni sacd. S. Landrici sacd.
Il 23 s. Frederici sacd. S. Bertrandi sacd.
Il 24 s. Constancii sacd. S. Gamalfredi sacd.
Il 25 sacd. (•).
U> Ln première lettre est douteuse. — tk) id lecture de ce mot n'est pas abs(h
lument certaine. — <^') Il faut peut-être lire secunduni voluntaleni. — (*) L'ori-
ginal ne permet de lire que regu...rabus; la photographie laisse clairement
entrevoir rcgularabus. Corr. regularibus. — ("») Le document est si malencon-
treusement coupé qu'on ne peut pas lire autre chose que al; mais il faut
probablement restituer abbatis. et non Alberli, car dam le reste de la teneur les
7107ns de personne Rolberliis, Odilo, Alberlus sont écrits avec une inajuscule
initiale tandis que nous avon^i ici un a minuscule. — (") Sur l'original, on ne
lit que su ; mais le reste se laisse deviner; sur la photographie, on lit nettement
la fin du mot.
(o) Nous traduisons par Signum la note tironienne 2J- qu^ nous représentons
ailleurs par S. — (P) L'original ne permet de lire que Odi; la photographie
fournit Odil et laisse apercevoir on. — (<i) totalement illisible sur l'original, le
mot est au contraire assez net sur la photographie. — <t) abrégé sacd partout.
— (•) A droite des souscriptions et en travers est écrit d'une encre plus noire et
en caractères du IIV*> siècle Lartdrici.
NOTE SIR QL'ELOLES ABBÉS DE SAINT-DENIS. 45
mi. — W^m abt>és de 8Alni-Deiil« de OI^O à 1040.
S I. — CHRONOLOGIE DES ABBÉS MENTIONNÉS DANS LES LISTES ABBATIALES.
Le document que nous venons de publier nous a conduit à
examiner la chronologie^ des abbés de Saint-Denis à la fin du
x** siècle et au commencement du siècle suivant et à tenter ainsi
de préciser, dans la mesure du possible, les dates auxquelles on
lK)urrait introduire saint Odilon et Albert dans les fastes abbatiaux
de la célèbre abbaye parisienne.
Le dernier catalogue critique des abbés dionysiens a été composé
au xviir siècle; dans les limites chronologiques que nous assignons
à nos recherches, entre 980 et 1049, les auteurs du Gallia Chris-
tiana ont, à l'aide d'une observation de D. Mabillon S corrigé la
liste qu'avait dressée D. Félibien * et établi la chronologie abbatiale
ainsi : Hobert II (980, 988, lOOo), Guérin (988), Vivien (998, 1008,
1049), Hugues IV (1049) \
Il faut tout d'abord contrôler la valeur des renseignements qui
nous sont ici fournis.
1* RoBEKT II et GïJÉKiN. — La date initiale de l'abbatiat de
Robert II est inconnue, mais la première motion de cet abbé est
bien de 980 : le 15 octobre 980, Robert obtient de l'empereur
Otton II un diplôme confirmant les possessions de l'abbaye de
Saint-Denis dans l'Empire *. — La date de 988 que l'on impose
comme terme extrême au gouvernement de l'abbé, résulte de deux
documents : une lettre de Gerbert et une charte de Guérin, succes-
seur de Robert II.
La lettre de Gerbert fut écrite vraisemblablement au nom de
l'archevêque de Reims Adalbéron et adressée au roi Hugues Capet.
Consulté sur le cas de l'abbé Robert II, l'archevêque répond qu'il
ne lui appartient pas « de mettre la faux dans la moisson d'autrui »,
que l'on doit à la révérence et à la dignité du monastère de
Saint-Denis de ne déposer ou imposer aucun abbé sans le consen-
1 Mabillon, Annales Benedictini, t. IV, p. lu.
* FÉLIBIEN, Histoire de l'abbaye royale de Saint-De^iySy pp. 1 11 et siiiv.
« eallia Christiania, t. Vil. col. 3(51 et suiv.
* Original .scellé, Archives nationales, K 17, n. 4. — Tardif, Monunients histo-
riques. Cartons des rois, p. 147, n. 235.
I
46 IIËVIK MAnrLLON.
ternent des comprovinciaux intéressés el sans une solennel
[ ftveur, enfin que, si l'on reLarde la solution de l'atfaii-e. il trouvera,
f avec le roncours d'hommes sages et religieux, ttuelque chose d'utile
[ et dlionorable à suggérer an roi '. Cette lettre fut envoyée le
[ S3 décembre 988 ou peu après, comme rétablit Julien Havel *.
' Â nous en tenir aux termes mêmes de cette lettre, il s'agissait de
déposer Robert II et d'imposer un autre abbé; mais à la lin de
décembre 988, la substitution de Guérin â Robert II n'était point
encore un lîiit accompli.
La charte de Guérin a seule déterminé Mabillon et les auteurs du
) Callia Cfirisliajia à adopter la date de 988 pour cette substitution.
Par cette charte, l'abbé Guérin, « à la requête de Berland. abbé de
Saint-Vincent de Laon, accorde aux moines de cette abbaye l'asso-
ciation spirituelle a%'ec les religieux de Saint-Denis, et leur concède
une église avec ses dépendances à Andelain et à Berteaucourt,
moyennant le paiement d'un cens de six deniers, tel que le payaient
Azon et Grignier qui avaient auparavant tenu de Saint-benis les
dites terres ' n.
Cette cliai-te est datée du 8 décembre de la seconde année du
règne d'Hugues Capet et de la sixième indiction '. La date est
incohérente : l'année du règne correspond à 988 et l'indiction de
septembre k 992. Ce dernier élément chronologique est nécessaire-
ment liiutir, puisque l'abbé Berland mourut en janvier 990 " : la
correclion de i'nrf. VI" en ind. ill" paraît s'imposer, bien qu'elle
ne fesse pas conatrder l'année du règne (988) avec l'année indic-
I Ggrbeht, Lettres, ep. l-i3, l'dil. Hiivel (Collntion de texte» pour tervir à
l'iftudf fl à l'enteignetneat de rkittoire), p. 138-9.
> Julien Havet. Lettre* de derberl. p. tS8 n. S el |i. tîO ti. I. Lii IcUre Hp]iar-
tienl au grou|ie ries 180 iiremiÈres dont le olasaenienl dans la iradition manu-
scrite ri^jiDnil à l'ordre rhronologiigue : sa date paraît èlre sollilement établie.
^ Cartutaire de Saint-Vineent de Laon. <'4irIaVl]], 6A. Poupunliu (Milnuiires
de rhittoire de Paris et de ritf-de-Frawe, l. XXIX, latî), p. lOâ (tir. ù part, p. U,.
* Âelum Stmeli Dgimiiii, VI" idu» dfvetnl>rt», anno régnante Hvgone rege 11^,
ittdktione Vin.
'■ Le 18(011 le I7Î) janvier. Cf. PorPAHom, Cartulairr lU Sainl-Yincent de Laon,
p. IW n. I, el p. ÎSS. Ailleurs (p. 191 n. 3), cet auteur semble dire i|ue Herluud
mourul le 3 mars 986 ; il n'y a lii cfu'une simjile Inadvertance comme le prouve
la date du dijilôme de Hu^es Capel |MJur Saint-Vincetil de Laon (J3 sept. 9l(T)
publii^ par H. Poupardln d'après le carlulalre (p. <83} et fonsei'v<^ en original
a ta Rihliothfque de Laon (Collection d'aulograplies. carlon, I, n. IN). Cf. Lot,
Étudei lur le règne de Hugues Capet. Paris. I90:i, iu-S« (Hibl. de l'Ecole des
Hautes-Etudes, fasc. 147), p. 331, n. 1.
NOTE SIIK QUELQUES ABBÉS I)E SAJNT-DENIS. 47
tionnelle qui serait alors 989 *. On peut donc, après la correction,
hésiter entre 988 qu'ont adopté les auteurs anciens 2, et 989 que
l'éditeur du Cartulaire de Saint-Vincent de Laon a préféré. De prime
abord, même si Ton sait que, dans les chartes privées, le calcul
des années du règne présente les erreurs les plus singulières '\ on
peut être tenté de donner la préférence à 988, parce que la rédaction
de l'acte est si voisine du début du règne qu'une erreur est peu
vraisemblable. Mais la lettre de Gerberl doit taire pencher la
lialance en faveur de 989, à moins (|ue celte lettre ne fut une
réponse tardive à la sollicitation du roi, (jue les événements
n'eussent prévenu le refus de l'archevêque Adalbéron de participer
à la déposition de Robert, et même que le métropolitain rémois,
désapprouvant l'acte du roi, feignît d'ignorer la solution intervenue
pour se permettre de proposer à Hugues Capet la réunion d'un
synode pour examiner l'affaire. Si nous penchons pour la date de
989, nous ne la présentons que comme probable.
En 1005, le moine qui inscrivit, en marge des tables pascales,
de brèves notes historiques, mentionne la mort de Robert et lui
donne la (jualité d'abbé * ; on ne peut pas écarter le témoignage de
cet auteur : le caractère même des notes marginales écrites, pour
ainsi dire, sous la dictée des événements, donne à ce téjnoignage
un grand poids. La façon dont s'exprime Gerbert dans la lettre
précédemment citée laisse entendre que la substitution de Guérin à
Robert ne s'était pas faite du consentement des moines, et il est
ix>ssible que Guérin ait été considéré par (hix comme un intrus :
le passage de Guérin sur le siège abbatial de Saint-Denis n'a laissé
aucune ti'ace dans les documents de l'abbaye, chartes, nécrologe
et chronique; on peut donc croire que si Robert reparaît en lOOo,
avec son titre d'abbé, c'est qu'il avait recouvré, à une date que nous
ignorons, l'autorité abbatiale.
Robert II, qui avait commencé son abbatiat avant le 15 octobre 980,
fut donc vraisemblablement déposé à la lîn de 988 ou en 989, il
1 PoiPARDiN, Cart. de Saint-Vincent rff Laon, p. 192 note.
» FÉLiBiEN, Hist. de Saint-Denys, pièces justificatives, p. Lxxxi, n. cvn. —
Mabiiion, Annales Ben., t. IH, p. 6o3. — Oallia Christiana, l. c.
2 Lot, Hugues Capet : « Cette donnée n'a jamais qu'une valeur approxima-
tive « p. 179, note.
* Chron. brere S. Dionysii ad cycL pasck., éd. Berger, p. 27o.. Restent
|K)ssibIes deux suppositions que rien n'est venu justifier : 1" (lu'il s'agit on i(K)3
d'un abbé de Saint-Denis autre que Robert 11 et inconnu par ailleurs; 2" (piil
s'agit d'un abbé d'une autre abbaye. Nous les écartons comme gratuites.
48 REVUE MABILLON.
eut alors pour successeur Guérin qui n'est mentionné que dans la
seule charte du Cartulaire de Saint-Vincent de Laon, et il fut pro-
bablement rétabli dans ses fonctions abbatiales.
2" Vivien. — L'abbé Vivien aurait succédé à Guérin avant 988,
et sa présence sur le siège abbatial de Saint-Denis en 998 était,
aux yeux de I). Félibien et de ceux qui l'ont suivi, attestée par un
diplôme de Robert le Pieux daté de la première année du règne
et du !25 janvier ^ : malheureusement, l'instrument d'archives qui
a longtemps passé pour l'original scellé d'un document authentique
est un faux très ancien, comme M. Plister a eu le premier le mérite
de le dire, et l'autorité d'un tel acte est nulle en l'espèce ^.
Si la date à laciuelle on plaçait la première mention de l'abbé
Vivien n'est pas acceptable, celle de sa mort est-elle plus certaine?
La seule autorité qu'on pouvait invocjner en faveur de 1049 était
1 Orij^niial scellé, Archives Nationales, K 18 n" 2. Tardif, Mon. hist., p. ITiO
II" :2i9. D. Félibien a daté ce diplônie de 998 (Hist. de Saint-Drnys, pièces
justilicalives, p. LXXXII n" CJX); mais le io janvier de la première année
correspond à 997. Cette date est euij)runlée à un diplônie de Robert l''"" (Recueil
des historiens de Fra'ikve, t. IX, p. .m9) que D. Doublet a attribué par erreur
à Robert II (Histoire de l'ahbaye de Saitit-Deins, p. 820). L'impossibilité où l'on
est de faire cadrer les souscriptions du diplônie avec la date qu'il s'attribue
est un élément de crili(iue important : c'est sans raison que Jules Tardif a cor-
ri^çé la li^ïne de date pour lui faire dire 1008, et que M. Plister place ce docu-
ment « vers 1008 » (Études sur le règne de Robert le Pieux) (Paris 1886, thèse
de la Faculté de Paris, catalojfue n" îi8, p. LXXI).
2 Voir Pfistkr, Robert le Pieux, l. c. - Ce sinjfulier acte est tout à la fois
une conlirmation d'immunité, une exemption des assises que le roi tenait à
Saint-Denis aux fêtes de Noël, de l'Epiphanie, de Pâques et de la Pentecôte,
une conlirmation des droits de justice de l'abbaye et un jugement contre
Rouchard de Montmorency qui opprimait l'abbaye. — Les excellentes raisons
invoquées par M. Plister pour proclamer la fausseté de ce diplôme ont été
acceptées par les meilleurs diplomatislcs Julien Havet, Les origines de Saint-
Denis, dans Œuvres, t. I. p. 19i. - La donation de Rneil â l'abbaye de
Saint-I)e7îis, dans Mélanges Jnlie^i Havet, \). 70i. ii. 2). Les emprunts de ce
faux diplôme de Robert K' sont plus étendus encore qu'on ne l'a dit; le sceau
a été vraisemblablement emprunté à l'une des deux expéditions originales du
diplôme de Robert 11 du 17 mai 1008 Pfistkh, Robert le Pieux, calai, n" 37.
p. LXXI). Ce faux est en rapports étroits ave(' trois autres faux, deux prétendus
diplômes de Dagobert et un de Charles le Chauve; il dut être forgé aux envi-
rons de l'an 1101 à l'occasion du grand débat entre l'abbé de Saint-Denis
Adam et Bouchard IV de Montmorency, descendant et homonyme du person-
nage qui, d'après notre diplôme faux, aurait été condamné en 997 {sur ce
débat, voir A. LrciiAniK, Annales de la vie de Louis VI, a. 1101, p. 8, n" 16).
Il peut servir à établir les prétentions des deux adversaires.
NOTE SUR QUELQUES ABBÉS DE SAINT-DENIS. 49
le témoignage de la petite chronique de Saint-Denis publiée par
D. Luc d'Achery et réimprimée par D. Félibien ^ Mais, dans Tédi-
tion critique de cette chronique donnée par M. Élie Berger, le nom
de l'abbé Vivien a disparu de Tannée 1049 pour reparaître avec un
point d'interrogation en 1014 2. En réalité, Tabbé qui mourut en
4014 n'est pas Vivien, mais un abbé étranger à Tabbaye dionysienne,
Morard, Tabbé de Saint-Germahi des Prés ^. Du coup, le décès de
Vivien n'a place nulle part dans le Chronicon brève sancti Dionysii.
Reste donc la date de 1008. Celle-ci n'est pas douteuse : elle est
fournie par le Chronicon brève et par un diplôme de Robert le Pieux.
En 1008, le Chronicon brève porte : Ordinatio domni Viviani
abbaiis *. Il n'y a aucune raison a priori de rejeter cette mention ^.
M. Élie Berger a distingué dans cette chronique deux séries
d'annales : la première, à laquelle nous empruntons ce renseigne-
ment, a été rédigée à peu près au fur et à mesure des événements
dans l'abbaye de Saint-Denis, ce qui donne à coup sûr une grande
autorité à la relation des faits qui concernent cette abbaye.
Que Vivien ait été abbé de Saint-Denis dès 1008 au plus tard,
cela résulte, en toute certitude, du diplôme authentique de Robert
le Pieux émis dans le synode de Chelles le 17 mai 1008, par lequel
le roi, à la prière de ce personnage, confirme les droits de justice
de l'abbaye de Saint-Denis, lui donne un village et renonce aux
1 D. FÉLIBIEN, Eist, de SainUDenys, piùces juslificalives, p. CClll. — Giry
(La donation de Rueil, I. c, p. 703, n. 3) accepte encore cette date.
2 Chron. brève S. Dion, ad cycL pasch., éd. Berger, p. 275. Je reproduis ici
le dispositif de cette édition :
1014. Obiit Vivianus (?) abba.
1049 Obiit domnuê Albertui abba.
.... abba3 (?) obiit.
3 M. L. Halphen a bien voulu coilationner pour moi les ouvrages en question
sur le manuscrit de Rome; il m'écrit (lettre du 15 mars 1905) qu'on lit « sans
la moindre hésitation : »
1014. Obiit Morardus abba.
1049 Obiit dosnnui AlberttM abb.
Odilo abbas obiit.
* Chron. brève 8. Dion, adcycî.pa^ch., a. 1008. éd. Berger, p. 275.
& D. Félibien, qui a entraîné à sa suite les auteurs du Oallia Christiana,
a prétendu écarter ce témoignage en donnant au mot ordinatio le sens d'ordi-
nation à la prêtrise; mais il était conduit à cela par le fait (pi'il croyait trouver
dans le diplôme faux de Robert le Pieux de 997 la preuve (juc dès 998 Vivien
était abbé (ffist. de Saint-Denys, p. 117 note; et. p. 113 .
4
30 HliVLE MABELl.ON.
droits qu'il exerçait à Villepiiile, Kueil et Féricy ^. Mais un passage '
de cfj diplôme semble infirmer le témoignage du Ckronicon brève.
Le foi rapporte que, depuis l'époque de l'empereur Charles III
jusqu'à pi-ésent, l'abbaye a été lorl négligée, et il ajoute : « Notre
11 père Hugues de pieuse mémoire, notre glorieuse mère et nous-
» même, compatissant au malheur de ce monastère, nous nous
n sommes efforcés, avec l'aide de Dieu et le conseil de nos grands.
j> de restaurer dans cette maison, et même d'y affermir, l'ordre
« monastique, et nous avons placé à la tête de ce saint lieu comme
B abbé le vénéi-able homme, le seigneur Vivien. » Si l'on s'en tient à
la lettre de ce document, il fiiut admettre que Vivieu a été fUit abbé
\m- Hugues Capet, Adélaïde et Robert, donc avant le mois d'octobre
996, date de la mort du premier capétien; et ce texte contredit le
Chronicon brève. Mais le passage peut s'entendre d'une favon moins
étroite : le roi affirme que la réforme a été entreprise par ses parents
et par lui-même, ce c[ui est parfaitement conforme à ce que nous
savons par ailleurs; et serait seulement en 1008 que Robert le
Pieux aurait placé à la tête du monastère Vivien, qui aurait immé-
diatement entrepris de réparer les désastres matériels que l'abliaye
avait subis, et mérité les éloges que lui décerne le roi de ; Vir
magnœ prudenliœ et induairiœ alque sedulua investigatof bmw-
rum loci sibi commisssi intus ac foris. Cette interpi-étation accorde
le diplôme et la chronique : elle sera, du reste, appuyée plus lo'm
par d'autres considérations.
La date de 1008 pour le début de l'abbatiat de Vivien, nous parait,
comme elle a paru à M. Giry, « le plus probable * u. En tout cas,
elle est la seule certaine à laquelle Vivien soit mentionné.
3' Hugues IV. — L'abbé Hugues IV, que l'on a jusqu'à présent
donné comme successeur à Vivien, était bien, comme on l'admet,
monté sur le siège abbatial dès 1049 : le 5 octobre de cette année,
il obtenait du pape Léon IX une bulle '.
i Original en double exemplaire dool un encore scellé, Archives Nationales, ■
K 114 u. 3. Tardif. J/onAit^, p. lSS,n'>SSO. CÎ.VrKTm.Robeil U PieutB, catal.
n. 37. p. LXXI. — Le dlpldme n'esL pas daté, mais nous lisons lUns la lenenr
qu'il fui rendu le 17 mai dans le synode deCheiles, ol les souscriplions obligent
â placier ce synode en 1008.
9 GiHV, La donation de Sueit, t. c. p. 703, n. 3.
" Ballia ciritliana, t. Vil, cul. 363. Cette bulle (Jaffé-Lcewenfetd, Regeila,
n. 118!) nous est parvenue sous deux formes difTérenles ; la copie figurée con-
servée aux Archives ^atlonaIes [L 230, n^^ 7) est un acle subrepUce; mais la
copie du carlulaire du xi* siècle ( Bibliothèque Natlocale, douv. acquisitions
NOTE SUR QUELQUES ABBÉS DE SAJNT-DENIS. 51
De cet examen, il ressort que les seules données certaines sur
la chronologie abbatiale de Saint-Denis sont les suivantes :
Robert II, mentionné en 980 et à la lin de 988 (ou au commence-
ment de 989).
Guérin, 1 1005 avec le titre d'abbé, mentionné dans une charte
du 8 décembre 988 ou 989.
Vivien, mentionné en 1008, ordonné en cette année.
Hugues rv, abbé avant le 15 octobre 1049.
§ 2. — ODILON ET ALBERT, ABBÉS DE SAINT-DENIS.
L'histoire de Saint-Denis paraîl avoir été dans les dernières
années du x* siècle fort troublée. En 992 ou 993 un concile se
tenait en ce lieu pour examiner la question des dîmes que se dis-
putaient le clergé séculier et le clergé régulier : les moines,
probablement à l'instigation d'Abbon de Fleury, excitèrent le peuple
contre les pères du concile et le président de l'assemblée, le vénérable
archevêque de Sens, Séguin ^ Selon la conjecture de D. Félibien,
admise par Julien Havet et par M. Lot 2, c'est à cette que l'arche-
vêque de Reims, Gerbert ^ condamna les moines et fut rappelé au
respect des privilèges pontificaux de Saint-Denis par les rois Hugues
et Robert *. A la suite de ces événements, Hugues Captît sentit la
nécessité de faire réformer la grande abbaye : il manda au saint
abbé de Cluny, Mayeul, de venir le trouver afin qu'il pût, avec son
conseil et son aide, restaurer et consolider la règle monastique
latines. 326, f. 16 v<>) est certainement authentique. Sur ces deux textes de la
bulle de Léon I\, voir A. Hessel, Lespltts anciennes bulles de Saint-Denis, dans
le Moyen-Age, 1901, p. 376 et p. 397-398.
1 Sur ce concile tumultueux, voir Eug. de Certain, Amoul, évéque d^ Orléans
(BibL de V École des Chartes, t. XIV, 1852), p. 455. — Olleris, Vie de Gerbert
(dans Œuvres de Gerbert, 1. 1, 1867), p. cxxxvet suiv.). — Secteur, Die Clunia^
censer in ihrer kirchlichen und allegemeinen geschichtlichten WirXsanikeit bis
%ur Witte des XIJahrhunderts (Halle, 2 vol. 1892-9i), t. 1, p. 285 et suiv. —
Lot, Hugues Capet, p. 88, n. 4 et p. 184, n. 1,
« FÉLIBIEN, ffist, de S.-Denis, p. 112-3. — Havet, Lettres de Gerbert, p. 176,
n. 8. — Lot, Hugues Capet, p. 88, n. 1.
3 Gerbert fut promu à Tarchevéché de Reims le 21 juin 691. Lot, Hugues
Capet, p. 97 (lU, 79).
* Gerbert, Lettres, ep. 190, éd. Havet, p. 176.
52 KEVUE MABILLON.
dans le monastère dionysien ^ Mayeul se rendait à l'invitation du
roi lorsque la mort le surprit à Souvigny, le 11 mai 994 *. Odilon,
qui lui succéda comme abbé de Cluny, fut alors appelé par les rois
Hugues et Robert et imposa aux moines de Saint-Denis la réforme
clunisienne : il demeura, nous dit son biographe, quelque temps
dans ce monastère ^.
La venue d'Odilon à Saint-Denis est un fait qui se place entre le
mois de mai 994 et le mois d'octobre 996. Elle n'implique pas du
tout que Tabbé réformateur se soit substitué à Tabbé de Saint-Denis,
du moins dans l'administration du temporel de l'abbaye, et que,
à la date de 1005, l'abbé Robert II mourant n'eût plus eu droit au
titre abbatial. Ce serait cependant à cette conclusion qu'il faudrait
en venir, si Ton acceptait la date en dernier lieu proposée * par le
di[)lôme de Robert le Pieux sur lequel M. Pfister appuyait son
hypothèse, aujourd'hui confirmée, qu'Odilon avait porté le ftiix du
gouvernement de Saint-Denis. Cette date 996-1003 est erronée.
L'acte original, dépourvu de la ligne de date, porte que le roi,
à la prière de l'abbé Odilon, renonce aux droits qu'il exerçait injus-
tement à Ferricy, à Villepinte, à Rueil et à Saint-Denis, et exempte
l'abbaye du droit de gîte exercé par les évêques et les comtes ^.
Robert a rendu ce diplôme : prœcipue tamen mairis pro sospitate.
La reine-mère, Adélaïde, qui vivait encore le 28 mars 1003 •,
mourut en 1006 7, probablement le 15 juin ^ : son fils demande des
1 Syrus, Vita sancti Maioli, éd. Mabillon (Acta Sanctorum Ordinis Sawiti
Benedicti, Sîec. V), p. 809.
2 Cf. Pfister, Robert le Pieux, pp. 304 et 306; — Lot, Hugues Capet, p. 183,
n. 6 et 184, n. 1. — Souvigny, arr. de Moulins, Allier.
3 JoTSALDi's, Tîï^ sancti Odilonis, liv. II, s. 8, éd. Mabillon (Acta SS, Ord. 8.
Bened. saec. VI, pars 1«), p. 696. — Cf. Adhémar de Chabannes, Chronique, éd.
Chavanon (Col. de textes pour servir à .,. r histoire), p. 151. — Chronicon Sancti
Maxentii, éd. Marchegay et Mabille (Chroniques des églises d^ Anjou), p. 384; —
diplôme de Robert le Pieux, Tardif, Mon. hist., p. 158-9.
* Pfister, Robert le Pieux, catalogue n. 10, p. lxiv. — Fellbien le disait de
« vers 1008; » Tardif, de « vers 1000. »
^ Original scellé, Archives nationales, K 18, n. 1^. Tardif, M^n. hist., p. 152,
n. 243.
fi Cf. Pfister, Robert le Pieux, catal. n. 25, p. lxviii.
7 Chronicon brève S. Dion ad rycl. pasch., a. 1006 : Obiit Adela..., éd. Berger,
p. 275. Le manuscrit que M. Halphen a consulté sur ce point porte : Obiit Ade-
laidis regina; seules les deux dernières lettres du nom propre sont très effacées ;
le mot regina est écrit au-dessus des deux dernières syllabes de ce nom.
^ Le Nécrologe de Saint-Denis porte les obits de deux reines Adélaïde : XVII
NOTE SUR QUELQUES ABBÉS DE SAJNT-DENIS. 53
prières pour son âme le 6 janvier 1007 ^ Notre diplôme est donc
daté de 996-1006. Odilon y apparaît seul, et Tabbé Robert II est
mort en 1005 ; l'acte royal est donc vraisemblablement de 1005-1006.
Nous sommes ainsi ramenés à une date voisine de celle que
nous avons attribuée comme date initiale du procès-verbal d'élec-
tion de l'abbé Albert. On pourrait donc être tenté de dater ce
procès-verbal d'un jour compris entre 1006 et 1008, de le placer
avant l'ordination de Vivien. Mais nous savons qu'Albert mourut le
29 juillet 1049 et qu'il était encore abbé à cette date : il semble
préférable de considérer qu'il succéda à Vivien et à Odilon tout à la
fois. Il suffit pour cela d'admettre que, dès 1008, Odilon s'était
déchaîné sur Vivien de l'administration temporelle de l'abbaye,
que, à la mort de Vivien survenue un 9 (ou 10) août ^ d'une année
indéterminée, l'abbé de Cluny abdiqua toute autorité spirituelle et
temporelle en faisant élire Albert; tandis que Vivien est vanté de
sa sagesse, de son habileté et surtout de son activité à rechercher
les biens de Saint-Denis, Albert est par-dessus tout recommandé
au choix du roi pour sa connaissance des pratiques régulières,
pour son érudition théologique. Albert serait, en conséquence, le
premier abbé qui, après la réforme accomplie, aurait exercé à la
fois le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel attachés au titre
d'abbé de Saint-Denis. Cette conclusion est hypothétique, mais
c'est la seule qui nous paraisse convenir à toutes les données de la
question.
Mal, Juin, Ob,,„ Adelaidù regina. — XIV hal. decemher Oh. AdelaidUs regina,
La place qu'occupent ces obils dans leur quanliôme respectif laisse croire que
c'est celui du 15 juin plutôt que celui du 18 novembre (jui rc^pond à l'anniver-
saire de la mère de Robert. Le second concerne la femme de Louis VI le (iros.
1 Rec%teil des historiens de France, t. X, p. 587. n. XV. Sur la date, v. PHster,
Bobert le Pieux, catal. p. X, n. X.
2 La date du 9 août est fournie par le Nécrologe de Saint-Denis : « Vid. Aug.
ob ... et domnus Vivianus abbas obiit. » Celle du 10 août par un nécrologe de
Dijon cité par les auteurs du Oallia Christiana : « IV idus Aug, in nécrologie
Divionensi » (t. VII, col. 363).
ItEVre MARII.LDN.
988. ^1
^88 ou d89^H
Robert II, mentionné en 980 et à la fin de décembre 988.
Guériii, mentionné dans une charte du 8 décembre 988 o
Robert II. prohablement rétabli, t lOOS.
Odilon, réformateur de l'abbaye à dater de 994-996, seul abbé de
1 1008 (t 1049).
Albert, successeur li'Odilon et de Vivien, élu entre 1008 i
1031 (+ 29 juillet 1049).
Hugues IV, mentionné dès le IS octobre 1049.
L. IjEVIt-LAlN.
L'OFFICE DIVIN DANS L'ABBAYE DE SAINT-DENIS.
L.e cnlendrior de I ttZtO.
Les Bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur portaient
avec leurs pratiques régulières, une manière uniforme de célébref^
l'office divin dans les abbayes qu'ils réformaient. Or, quelques-unes
d'entre elles avaient une lilui^te propre d'une haute antiquité. Ces
rites et ces prières, consacrés par la tradition, conser\'aient parmi
les moines les plus beaux souvenirs de leur histoire. Leur poésie
locale et vivante, la piété simple et profonde qui s'y exprimait,
leur donnaient un cliarme inappréciable. On tenait beaucoup, cela
se comprend, a ces formes antiques de la louange divine, dont
les Pères du Concile de Trente avaient reconnu la légitimité.
Plusieurs monastères s'étaient même donné te luxe de missels et
de bréviaires imprimés. Il leur fallut, malgré cela et pour la facilité
que des pratiques uniformes ménagent au gouvernement des mai-
sons religieuses, sacrifier tous ces trésors. L'abbaye royale de
Saint-Denis en France ne fut pas mieux traitée que les plus obscurs
prieurés.
Elle était cependant en possession d'un bréviaire à elle, imprimé
J
■.OFFICE DIVIN DANS I. ABBAYE DE SAIST-DEMS. 53
Paris pour la première et unique fois en ISSO, sous le gouver-
Kiemenl de l'iihbé Louis II, cardinal de Bourbon-Vendôme '. Ce
livre liturgique est plein d'intérêt. On y trouve le texte et les
x-ubriques de l'office divin tel qu'il a é{é célébré par les moines de
c^ette abbaye durant le cours du moyen Sge.
Les Bénédictins de Saint-Denis avaient le resjwct de la tradition
litui^iqiie. Les nouveautés pieuses étaient sans attrait pour eux.
Xe calendrier rend à leur esprit conservateur un témoignage écla-
taot. Il a été imprimé au milieu du xvj' siècle. On s'attendrait à
y trouver les noms de quelques-uns des saints qui ont illustré
l'Église et plus particulièrement lionoré la France et l'Ordre de
Saint-Benoit, depuis le xi' ou le xii' siècle. Saint Louis, saint
Bernard, saint Mayol, saint Edmoud, saint Thomas Becket et
saint François sont les seuls admis. El encore les trois premiers
doivent-ils cet honneur aux relations qu'ils ont eues avec le monas-
tère. Le culte de saint Louis s'imposait dans la basilique qui servait
de nécropole aux rois de France et qui conservait son tombeau ;
il y fut solennel et pieux. Saint Bernard avait eu par l'abbé Suger
une action salutaire à Saint-Denis; les moines, qui lui devaient un
retour à la Itrveur monastique, ne pouvaient l'oublier. Saint Mayol,
l'un des quati-e grands abbés de Cluny, les avait réformés au
X' siècle. Il séjourna dans leur cloître. La légende qu'on lisait a
matines, le jour de sa lëte, narrait un miracle survenu alors. Le
pieux abhé aimait à lire les œuvres ds l'Aréopagite. Il lisait, une
nuit, son livre de la hiérarchie céleste. Le sommeil le surprit
pendant sa lecture et la chandelle allumée tomba sur le livre, sans
le brûler ni même y laisser aucune trace.
Les saints mentionnés au calendrier appartiennent aux siècles
reculés du christianisme. Ce sont les saints apôtres, les martyrs
des premiers siècles, les grands évêques du iv siècle, les i>ontifës,
ies abbés et les moines de la France gallo-romaine et mérovin-
> • Breviarliim juxia riium regalis npnobii Chrisli marlyris uriopagilte
Dionysii. niinc primiim acruralt.ssinie ParisiiSi excussum anL. -, in-6. On lit
i la rlerni^re TeiiUle : • Ad laudem sancta^ el individus Trinilalis et i^loria-
«iniui marlyris ariopagilap Dionysii. Gallorum apostolt, explicit Breviarium
Juxta Hlum regalis ejusdem cœnobi Christi martyris, nunc primum Parisîis
aMuralissinie impressum, tmpensis dicii cœnobii in a^libus Johannis Amayeur
lypograpbi, anno Domini miUesimo quingenies-iiDO quinquagesimo. die de^'irna
lertia mentis Febniarii ■> Voir ; L' Imprimerie dr Sainl-Denit à Farit, par
H. Omonl. dans Rullelin de la Socit'U' de l'Histoire de Paris, elc, vrr ;I881].
J
56 REVUE MABILLOM.
gienne. Il reste, à peu de chose près, ce qu'il était au x* siècle.
Nous possédons, en effet, un calendrier de cette époque, publié par
M. L. Delisle d'après le manuscrit 2290 de la Bibliothèque Natio-
nale K La comparaison de ces deux monuments de Tancienne
liturgie de Saint-Denis confirme ce qui vient d'être dit. Quelques-
uns des saints honorés au x* siècle ont, il est vrai, disparu de la
liste de 1550; mais ils sont en petit nombre.
Ce sont : saint Aubin, 1" mars; les saintes Perpétue et Félicité,
7 mars, et les Quarante Martyrs de Sébaste, le 9 du même mois;
sainte Théodosie, le 3, sainte Euphémie, le 13, et saint Riquier,
le 26 avril; la translation de saint Probace, le 15 mai, et de saint
Éloi, le 25 juin; saint Calais, le 1", saint Nicostrate et ses compa-
gnons, martyrs, le 7, saint Victor, le 21 juillet; la translation de
saint Germain, le 25, et la fête de saint Samson, le 28 du même
mois. Ces suppressions sont plus nombreuses au mois d'août :
saint Théodote, le 2, l'octave de saint Laurent, saint Agapit, le 18,
saint Magnus, le 19, saint Philibert, le 20, saint Privât, le 21, et
tout un groupe de martyrs et de confesseurs célèbres, le 22. Nous
en trouvons deux en septembre, saint Chrodegang, martyr, le 2,
et saint Alexandre, le 21; en octobre, la Translation de saint
Riquier, le 9, saint Callixte, le 14, et saint Florent, le 26; une en
novembre, les Quatre Saints couronnés, le 4, et une en décembre,
sainte Colombe, le 31. Ces suppressions sont, en somme, peu nom-
breuses et de minime importance, si l'on tient compte des six
siècles pendant lesquels elles se sont effectuées.
Durant ce long espace de temps, quelques noms nouveaux ont
été insérés. Ce sont, en janvier, saint Maur, le 15, saint Loraer,
le 19, sainte Bathilde, le 30, et saint Patrocle, le 31; en février,
saint Biaise, le 3; en avril, saint Denys de Corinthe; en mai, saint
Mayol, le 11, les saints martyrs Donatien et Rogatien, le 24; en
juin, saint Nicomède, le 1, saint Boniface, le 5, saint Landry,
le iO, les saints Cyr et Julitte, le 16, les dix soldats martyrs, le 22,
saint Paulin, le 23, saint Lévi, le 28; en juillet, la translation de
saint Martin, le 4, saint Martial, le 7, saint Arnoul, le 18, sainte
Marguerite, le 20, sainte Magdeleine, le 22 ; en août, saint Pierre-
ès-liens, le 1, saint Romain, le 8, saint Yon, le 12, saint Bernard,
le 23, saint Louis, le 25, saint Ouen, le 26; en septembre, saint
Bertin, le 8, saint Maurille, le 13 et saint Germer, le 23; en
1 Mémoire sur d'anciens sacramentaires, dans Mémoires de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, t. XXXU (1886), 102-105, 313-323.
l'office divin dans l'ABBATE de SAINT-DENIS. 57
octobre, saint François, le 4, saint Sanctin, le 19, saint Taurin,
le 20, les onze mille vierges, le 21, saint Mellon, le 22, saint
Romain et saint Séverin, le 23, saint Magloire, le 24 et saint Brieux,
le 25; en novembre, saint Clair, le 4, saint Marcel, le o, saint
Edmond, le 20, saint Colomban, le 21, saint Romain, moine, le 24
et sainte Catherine, le 25 ; et en décembre, Filiation de saint Benoît,
le 4, saint Nicolas, le 6, la Conception de Notre-Dame, U) 8, saint
\alery, le 15 et saint Thomas Becquet le 29 ^
Plusieurs fêtes ont changé de date, mais ces déplacements et
ces mutations n'altèrent en rien la physionomie originale de ce
calendrier *.
Les fêtes, quoique assez nombreuses, sont loin d'encombrer les
colonnes de notre calendrier. Les moines du xvi« siècle, pas plus
que les clercs de cette époque, n'avaient pas les fériés en horreur.
Ils trouvaient dans les souvenirs bibli([ues et évangéliques qui font
la richesse du temporal ou propre du temps de quoi fournir à leur
piété un aliment utile et agréable. Le sanctoral, ou propre des
saints, disséminait les bionheunîux à travers les saisons litur-
giques comme une parure, qui en rehaussait la beauté, sans la
voiler aux yeux des chrétiens. 11 y avait un vide considérable allant
de la mi-février à la fin du mois d'avril. C'est la longue période
réservée au carême et à la liturgie pascale. Elle n'admet les fêtes
des saints qu'à titre exceptionnel.
La résurrection du Seigneur y est indiquée le 27 mars; l'Ascen-
sion, le 5 mai, et la Pentecôte, le 15, d'après une coutume admise
depuis des siècles. Ces trois fêtes cependant appartiennent à
l'ensemble des fêtes mobiles, qui se déplacent annuellement sur le
calendrier. Des chiffres inscrits tous les jours, en commençant
le 21 mars pour finir le 17 avril, fixent les limites dans lesquelles
la solennité pascale doit se mouvoir. Ce chiffre se nommait le
nombre d'or, numerus aureus, parce qu'on l'écrivait en lettres d'or
sur les calendriers manuscrits. Le calendrier perpétuel, chaque
année, avait son numerus aureus indiqué. Il n'y avait qu'à le
chercher en mars ou avril, et l'on avait alors la veille de la fête
de Pâques et, par ce fait, le moyen rigoureux d'adapter les fêtes
mobiles aux fêtes fixes ^.
1 II y aurait d'autres fêtes à signaler encore, celles de la Transfiguration et
plusieurs autres octaves.
' Nous aurons, dans le cours de cette étude, Toccasion de faire connaître les
motifs de ces additions et moditications.
' Une rubrique du bréviaire, à la tin du mois de mars, donnait la clef de
5B limCE KABIU^K.
Les fêtes mobiles ou fixes, du temporal ou du sanctoral, é
en raison de leur lu^lennitë, dislrilmées en plusieurs catégoriel
Celles qui se célébraient avec le moins de solennité étaient Vol:
d'un simple mémoire {memoria. commemoratio), par la récitaiioni
ou le chant d'une antienne, d'un verset ou d'une oraison, avanU^
la fin des premières vêpres et des laudes. Elles [nuvaient ainsi J
réder le pas à une (ëte plus importante, qui tombait le mémRJnur.
Viennent ensuite les fêles dites de trois leçons (Ul lectionum), qui -
avaient un office entier, mais aussi restreint que possible. Leurs
matines gardaient l'allure des fériés ordinaires avec leurs d^
nocturnes séparés par les trois leçons et autant de vêpres. Ella
correspondent aux simples du calendrier actuel.
On désignait Clément par le nombre des leçons les lëtes dl
rite immédiatement supérieur. Elles étaient de douze leccHU
(HU lectionum). Leurs matines se composaient en effet de troii
nocturnes, comme celles des dimanches et des solennités, suivi
chacun de quatre leçons avec leurs répons. Cette catégorie, qii
l'on peut assimiler à nos semi-doubles, était la plus nombreusa
Il y avait à Saint-Denis des semi-doubles (semi-duplex.
dupLicia), célébrés avec plus d'éclat que les doui£ leçons sau
égaler cependant les doubles. Telles étaient l'octave de l'Épiphaaiaj
saint Fabien et saint Sébastien, la Conversion de saint Paul, H
Chaire de saint Pierre, l'Invention de la Sainte Croix, la Cott
sécration de l'autel de saint Pierre dans la basilique de Saint-Uenï«
saint Pierre-ès-Liens, l'Invention de saint Etienne, la DécoUatiol
de saint Jean, sainte Catherine.
l.es lëtes doubles (duplex, duplitm), qui correspondaient^
semble-t-il, à nos doubles de seconde classe ', étaient beaucoup
plus nombreuses. On attribue celte solennité à la Circoncision,
à l'Exaltation de la Sainte Croix et à l'octave de l'Assomption, à
saint Michel, a la naissance de saint Jean-Baptiste, â sainte Marie-
Madeleine, à saint Etienne et aux IStes d'apôtres ', au.\ saints
Innocents, à saint Laurent, aux quatre grands docteurs Ambroise,
cesyslËme ing^iiieun <]ui iiv;itl géni'rulenient rours à reUe époque : » Re|[ull
ad inveoiendum paHchH i|uulibet anno. Quore numerum aureum si)£Ti3tuTii
margine supehori a die sanctï Benedicti el uljicuni(|up DUmerum atireum
anni currenlis inveneris, seiiuens dies dominicum eril Pasf ha. •
1 Sur /ftlumlbipleic, loir Olottariuni meiiif el M^rrurlalinalii, par Du Gange
\éii. Parrs, I8ii) III. £4!); Ononuitticon ritutite teleetum, par Pnint.-Aiil. Zaccarii
(KaveDtia>. 1787) \mm tfmiduplea, IJ. 143. dvplrx, 1, 124.
* Celle de saint André avait une octave.
i
l'office divin dans l'abbaye de SAINT-DENIS. 59
Jérôme, Augustin et Grégoire, à saint Martin ^ au Trépas
(Transitus) et à la Translation de saint Benoît, à saint Nicolas, à
saint Bernard et à des saints dont le trésor de l'abbaye possédait
quelques reliques insignes, tels que saint Denis de Corinthe 2, saint
Cucuphat ^, saint Hippolyte ^, saint Pérégrin, évéque d'Auxerre ^,
saint Eugène de Tolède ®, saint Eustache ^, saint Firmin ®, saint
Brice, saint Maurice ®, sainte Osmanne ^® et sainte Ursule et ses
compagnes " et surtout saint Louis, dont la fête était complétée
par une octave.
Le rite le plus élevé était Vannuale ^^. On le réservait aux six
fêles les plus solennelles, Pâques, la Pentecôte, Noël, l'Assomption,
saint Denis et la Dédicace de la basilique. Le rite immédiatement
inférieur, ou semiannuale, était celui de l'Epiphanie, de l'Ascension,
de la Conception de Notre-Dame, de sa Nativité, de son Annonciation,
1 Avec octave.
* Voici le texte de la VIII« leçon de son office : « Hujus autem venerabile
corpus quod bonae mémorise Petrus presbyter cardinalis apostolicae sedis legatus
de Graecia in Urbem transtulerit, Innocentiiis papa tertius apud venerabile
cœnobium beati areopigatap Dionysii per Haymericum priorem transferri fecit,
et omnibus qui ad illas sacras reliquias venerandas dévote convenerint qua-
draginta dies de injunctis sibi pœnitentiis relaxavit. »
' On lit dans sa légende : « Venerabile corpus ad cellam In saltu Vosago sitam,
quae Lebraha dicitur, est translatum, ut demum in basilicam beati et magni
areopagitae Dionysii. » Voir Duchesne, ffist. Franc. Scriptores, III, 384-385;
Acta Sanctorum, Jul. VI, 154-156. — L. Delisle, Mélanges de paléographie et
de bibliographie, 246-247.
* On consentait dans un oratoire spécial les reliques de ce saint. Son inter-
cession obitnt la cessation d'une peste qui désolait la ville et les campagnes
voisines. Ce miracle motiva une seconde fête en son honneur, le 12 mai. Voir
Bibliotheca Hagiographica Latina, 591 .
6 Acta Sanctorum. Mai III, 559.
* Saint Eugène, Le culte de ses reliques à travers les siècles, par Eug. Tbssier,
Paris, s. d., in-8, 129-143.
7 Acta Sanctorum. Septembre, VI, 117. Cette fête avait une octave.
* Histoire de Vabbage de Saint-Denis, par Doublet, 315. Bibliotheca Hagio-
^rophiea Latina, 451. Sa légende raconte la translation à Deuil et les miracles
qui s*y sont accomplis.
^ Saint Louis donna à Tabbaye de Saint-Denis le corps de Tun des martyrs
de la légion thébaine. Le fait est rapporté dans la légende.
^ Acta Sanctorum. Septembre, III, 417-418.
it L'abbaye possédait les ossements de trois de ces vierges, les saintes Secunda,
Panefreda et Seraibaria, enfermés dans la même châsse que ceux de sainte
Osmanne.
ts Voir Glossarium mediœ et i^fima latinitatis, t. III, au mot Festum annuale.
60 REVCE MABILLON.
de sa Purification, des Saints Aixîtres Pierre et Paul, de saint Jean
rÉvangéliste, de la Toussaint, de l'octave de saint Denis et de
l'Invention de ses reliques.
Les rédacteurs du bréviaire de 1550 ont inséré dans le calen-
drier lui-même la liste» des morts dont ils devaient célébrer l'anni-
versaire. Il était bien naturel d'inscrire leur obit au jour où les
moines devaient chanter pour eux l'oflice et la messe des défunts,
et cela sur le calendrier qui leur assignait l'emploi liturgique de
chaque journée. Tous ces morts se trouvent dans l'obituaire di
XIV' siècle publié par Molinier \ sauf celui de maître Jean Roger.
Johannes Roger ius, inscrit le 2î2 mars -. Ces mémoires relatés
dans le calendrier de 1550 sont beaucoup moins nombreux que les
anniversaires célébrés en 1325 et dont la liste a été publiée pai
M. Molinier ^.
Au milieu du xvr siècle, les moines de Saint-Denis accordaient
une place dans leur lilurgi(i des morts à neuf rois de France, er
premier lieu au roi Dagnbcrt, fondateur de l'abbaye. Venaient
ensuite Charles le Chauve, Kobert le Pieux, Louis le Gros
Philippe II, Philippe III, Philippe VI, Jean le Bon et Charles \
le Sage, les rein«\s Jeanne de Bourbon, Blanche, épouse Ai
Philippe VI, et Isabeau de Bavière; plusieurs princes et princesses
ou personnages politi(iues : Alphonse, comte de Poitiers, Blanche
duchesse d'Orléans, 31arguenle, comtesse de Flandre, Philippe
comte de Boulogne, et Louis, comte d'Etampes. Deux papes soni
inscrits dans ce nécrologe, Innocent III et Martin IV. On y trouve
deux cardinaux, Jean Cholet, et Jean de Villiers, évéque de Lombez
ancien abbé de Saint-Denis; deux archevêques, Pierre de Cusanc(
et Eudes de Kouen; plusieurs abbés de Saint-Denis, Suger,
Henri Troon, Pierre d'Auteuil, Guillaume de Macourris, Mathiei
de Vendôme, Renaud de GilVard, Gilles de Pontoise, Guy de Mon-
ceaux et Philipi)e d»^ Gamaches; et un petit nombre de bienfai-
teurs, Guillaume, prieur d'Arg^Miteuil, Jean Pastourel, et maître
Jean Rogier.
1 Obituaires de laproehtce de Seiis, l. I, 338-Ht2, auquel on peut recourir.
> Nous irouvons un mes-sire Jehan Rojçicr parmi les membres défunts de lî
confrérie de saint Denys, au commencement du xvi« siècle. Molinier. Ibid., 875
Serait-ce le même personnage?
3 Op. cit., 336-338.
CALENDRIER DE SÂINT-DENIS, EN 1550.
JANVIER.
Pocula Jantis amat. ^
Januariux habet die» XXXI; luna vero XXX,
\ Januarii calendis. Circumcisio Domini, duplnm,
9 IV noDas. Octava sancti Stephani, XII leclionum.
3 m DODas. Octava sancti Johannis evangelist:€, XII lectionum.
4 Pridie nonas. Octava sanctorum Innocent! iim, XII lectionum.
5 Nonis. GenovefdD virginis, XII lectionum.
Simeonis monachi, memoria.
6 VIII idus. Epiphania Domini, semiannuale.
7 VII idus.
8 VI idus. Luciani sociorumque ejus martyrum, XII lectionum.
9 V idus.
-10 IV idus.
-11 III idus.
dî Pridie idus. Obitus Suggeri abbatis.
-13 Idibus. Octava Epiphanise, semiduplum,
^4 XIX calendas februarii. Hilarii, episcopi et confessons, duplum.
Remigii, episcopi et confessons, et Felicis, presbyteri
memoria.
-15 XVm cal. Mauri, abbatis, XII lectionum.
46 XVII cal. Marcellit papse et martyris, III lectionum.
il XVI cal. Sulpitii, episcopi et confessons, III lectionum.
iS XV cal. Priscae, virginis et martyris, III lectionum.
Obitus Philippi, comitis Boloniœ,
19 XrV cal. Launomari, abbatis, III lectionum.
Obitus Dagoberti régis.
90 Xni cal. Fabiani et Sebastiani martyrum, semiduplex,
îi XII cal. Agnetis virginis, XII lectionum.
9Ï XI cal. Viûcentii martyris, duplum.
S3 X cal. Emerentianœ virginis et martyris, III lectionum.
Obitus Ouillermi OuiUematœ.
ii IX cal. BabillsB episcopi cum tribus pueris, III lectionum.
iS Vin cal. Conversio sancti Pauli, semiduplex;
Praejecti martyris memoria.
96 VU cal. Polycarpi martyris, in lectionum.
97 VI cal. Fabiani, episcopi et confessons, XII lectionum.
98 V cal. Agnetis secundo, ni lectionum.
99 IV cal. Obitus Pkilippi de Oamaches.
30 III cal. Bathildis reginas, III lectionum.
31 Pridie cal. Patrocli episcopi et martyris, duplum.
Nox habet haras XV J, dies vero VI IL
62
REVUE MABILLON.
FÉVRIER.
Et Fetfruus algéo clamât.
Februariut habêt dtm XX Vit. Lama vero XXIX, Àt quando currit idssextut,
habet die» XXIX, Uma vero XXX.
1 Calendis Februarii. Ignatii episcopi et martyrifi, III lectionum.
Brigidae virginis memoria.
Purificatio beatae Mariae, semiannuale.
Blasii, episcopi et martyris, XII lectionum.
2 IV nonas.
3 m nonas.
4 Pridie nonas.
5 Nonis.
6 Vlllidus.
Agatha), virginis et martyris, XII lectionum,
Vedasti et Amandi, episcoporum et confessorum, XII le
tionum.
Obitus Joharinis, regina de Borbonio.
7 VII idus. Obitus Pétri de Autolio, abbatis,
8 VI idus. Obitus dominée Blanchœ, ducissœ Aurelianensis.
9 Vidus.
10 IV idus. Scholasticîe virginis, XII lectionum.
li III idus.
12 Pridie idus.
13 Idibus.
14 XVI calcndas martii. Valentini martyris, III lectionum.
15 XV cal.
16 XIV cal.
17 XIII cal.
18 XII cal.
19 XI cal.
^ Xcal.
SI IX cal.
Î2 VIII cal.
23 VII cal.
24 VI cal.
25 Vcal.
26 IV cal.
27 m cal.
28 Pridie cal.
Silvini, episcopi et confessons, XII lectionum.
Julianae, virginis et martyris, III lectionum.
Cathedra sancti Pétri, semiduplex.
Dedicatio ecclesiae beati Dionysii.
Mathiae apostoli, duplum.
Nox habet haras XI F, dies X.
CALENDRIER DE SAINT-DENIS, EN i550.
63
MARTIUS.
Martius arva fodit.
Martiut habet dies XXXI; luno vero XXX.
1 JMariii calendis.
5 ^''I nonas.
3 '^ nonas.
4 lA' nonas.
5 m nonas.
6 F^ridie nonas.
1 Nonis.
Vnu idus.
VII idus.
VI idus.
V" idus.
1\ idus
III idus.
Pridie idus.
Idibus.
XVII calendas aprilis.
X\T cal.
Obitus magtstri Johannis Pastourel
Obitus Guillelmi de Macourris,
8
9
10
11
12
13
U
15
16
n
18
1^
Obitus Reginaldi abbatis,
Gregorii papae et confessons, duplum.
XV cal.
XIV cal.
*^ XIV cal.
^i xnical.
^ Xncal.
^ XI cal.
^ Xcal.
% IX cal.
"36 VUIcal.
» VI cal.
« Vcal.
^ IV cal.
30 III cal.
31 Pridiecal.
Benedicti abbatis, duplum,
Obitus magistri Johannis Rogerii,
AnnuDtiatio dominica, setniannuale.
Resurrectio Domini, annuale,
Obitus Martini papœ.
Nox habet horas Xll, dies XII,
64 RBVUE MABILLON.
APRILIS.
Aprilis florida prodit.
Aprilit habet diet XXX; luno vero XXIX,
1 Aprilis calendis. Obittis Pétri archiepiscopi Cusancini.
2 IV nonas.
3 III nonas.
4 Pridie nonas. Ambrosii episcopi et confessons, duplnm,
5 Nonis.
6 VIII idus.
7 VII idus.
8 VI idus. Dionysii Gorinthiorum episcopi, dupiez,
■ 9 V Idus.
10 IV idus.
il m idus.
12 Pridie idus.
13 Idibus.
14 XVIII calendasmaii. Tiburtii,Valeriani etsociorummartyrum, III lectionum.
15 XVII cal.
16 XVI cal.
17 XV cal.
18 XIV cal.
19 XIII cal.
20 XII cal.
21 XI cal.
22 X cal. Inventio corporum Dionysii, Rustici et Eleutherii,
semiannuale,
23 IX cal. Georgii martyris, III lectionum.
24 VIII cal. Reguli, episcopi et confessons, III lectionum.
25 VII cal. Marci evangelistoB, Letania major.
26 VI cal.
27 Vcal.
28 IV cal. Vitalis martyris, III lectionum.
Obitus Ouidonis abbatis.
29 III cal.
30 Pridie cal. Eutropii martyris, III lectionum.
Nox habet hoi*as X, dies vero XIV,
CALENDRIER DE SAINT-DENIS, EN 1SS0.
()f)
i
B4aii calendis.
î
^'I nonas.
3
^' nona8.
4
X'^ nonis.
5
m nonas.
6
I^ridie nonas.
T
IVonas.
B
A^ffl idus.
9
Vil idus.
10
VI idus.
11
V idus.
lî
1^ idus.
13
' m idus.
^* Pridieidus.
^^ Idibus.
MAIUS.
Frons et flos nemorum maio sunt famés amorum.
Motus habet die* XXXI; luna vero XXX,
Philippi et Jacobi apostoloruro, duplum.
Athanasii, episcopi et confessons, III lectionum.
Inventio sanctîe Crucis, semiduplex.
Alexandri, Eventii et Tlieodoti martyrum.
Asccnsio Domini in cœlum, semiannuale.
Obitus Odonis archiepiscopi Rothomagensis,
Joannis ante Portam Latinam, XII lectionum.
Obitus Joannis Régis,
Gordiani et Epimachi, III lectionum.
llaioli abbatis et Mamerti episcopi, XII lectionum.
Hyppolyti, Nerei, Achillei et Pancratii martyrum,
XII lectionum.
Potentianae virginis, III lectionum.
Austregesili abbatis, III lectionum.
Descendit Spiritus Sanctus super Apostolos. annuale,
Obitus Margaretœ Comitissœ Flandriœ.
^6 XVIIcalendasJunii.Peregrini episcopi et martyris, duplum,
n XVI cal.
« XV cal.
W XIV cal.
âO xnicai.
21 XII cal.
tt XI cal.
td Xcal.
U IX cal.
in VlUcal.
)6 VU cal.
57 VI cal.
!8 Vcal.
Î9 IV cal.
90 m cal.
31 Pridiecal.
Donatiani et Rogatiani martyrum, III lectionum.
Urbani papse et martyris, III lectionum.
Germani episcopi et confessons, XII lectionum.
Maximi episcopi et confessons, III lectionum.
Obitus Comitis de Stampis.
PetronillsB virginis, III lectionum.
Nox habet horas VIII; di-e.s vero XVI,
6
66 IlEVUR MABILLON.
JUNIUS.
Junius dat fenn.
JuniuM habet diet XXX; luna vero XXIX,
i Junii Calendis. Nichomcdis martyris, III lectionum.
i IV nonas. Narcellini et Petri, XII lectionum.
3 m Donas.
4 Pridie nonas.
5 nonis. Bonefiacii martyris, III lectionum.
6 VUIidus.
7 \llidu8.
8 VI idus. Modardi et Gildardi episcoporum et confessoi
XII lectionum.
9 V idus. Delcctio corporum Dionysii, Rustici et Eleutheri, XII
tionum. Primi et Feliciani martyrum raemoria.
10 IV idus. Landerici episcopi et confessons, XII lectionum.
1 i III idus. Barnaba apostoli, duplum,
12 Pridie idus. Basilidis, Cyrini, Naboris et Nazarii, martyrum, IIl
tionum.
13 Idibus.
14 XVIII calendasJulii. KufTI et Valerii martyrum, 111 lectionum.
15 XVII cal. Viti, Modesti et Crescenti;e martyrum, III lectionun
16 XVI cal. Cyrici et JulitUe martyrum, III lectionum.
17 XV cal. Aviti presbyteri et confessons, III lectionum.
18 XIV cal. Marci et Marcelliani martyrum, III lectionum.
19 XIII cal. Gervasii et Prothasii martyrum, XII lectionum.
20 XII cal.
21 XI cal. Kusebii episcopi et confessoris, III lectionum.
22 X cal. Decem militum martyrum, XII lectionum.
23 IX cal. Paulini episcopi et confessoris, III lectionum. Vigi^
24 VIII cal. Nativitas sancli Joannis Baptistnf), duplum,
25 VII cal.
26 VI cal. Joannis et Pauli martyrum, XII lectionum.
27 Vcal.
28 IV cal. Leonis papœ memoria. Vigilia,
29 III cal. Apostolorum Pétri et Pauli, semiannuaie,
30 Pridie cal. Gomroemoratio Pauli apostoli, duplum.
Nox habet horas VI; dies vero XVI IL
r
CALENDRIER DE SAINT-DENIS, EN 1550.
67
i Câlendisjulii.
i VI nonas.
3 V nonas.
4 IV nonas.
5 III nonas.
6 Pridie nonas.
7 Nonis.
8 VU! idus.
9 VII idus.
10 VI idus.
ii V idus.
« IV idus.
i3 Ulldus.
14 Pridie idus.
JULIUS.
Julio resecatur avena,
Juliut habet dies XXXI. luna vero XXX.
Octava sancti Joannis Baptista), XII lectionum.
Processi et Marti niuni martyrura, memoria.
Translatio et ordinatio sancti Martini episcopi et confes-
sons, XII lectionum.
Octava apostolorum Pétri et Pauli, XII lectionum.
Martialis episcopi et confessons, XII le(;tionum.
Septem Fratrum martyrum, 111 lectionum.
Translatio sancti Benedicti abbatis, duplum,
Hermagoraî episcopi et Fortunati archiepiscopi marty-
rum memoria.
Focîc episcopi et martyris memoria.
Obitus Philippi 11 régis.
IS Idibus.
\6 XVïi calendas Augustl. Obitus Innocenta papœ.
n XVI. cal.
18 XV cal.
i9 XIV cal.
« XlUcal.
a XII cal.
a XI cal.
iS Xcal.
U IX cal.
25 VU! cal.
» vncai.
Î7 VI cal.
28 Vcal.
29 IV cal.
30 Ulcal.
M Pridie cal.
Octava sancti Benedicti abbatis, XII lectionum.
Arnulphi episcopi et martyris memoria.
Margaritœ virginis et martyris, III lectionum.
Obitus Roberti régis,
Praxedis virginis, III lectionum.
Maria Magdalenadt/p/um.Wandregesili abbatis memoria.
Âpoilinaris episcopi et martyris, III lectionum.
Christine virginis et martyris, XII lectionum.
Cucuphatis martyris. (/2/J9//17/I. Chrysologi martyris me-
moria.
Jacobi apostoli duplex,
Christofori martyris, III lectionum.
Consecratio altaris, semiduplex,
Pantaleonis martyris memoria.
Felicis, Symptiorosip, Fausti martyrum, III lectionum.
Abdon et Sennen martyrum, III lectionum.
Obitus Joannis Cholet cardinalis.
Germani Autissiodorensis episc. etconfes., XII lectionum.
Nox habet haras Vlll, dies XV 1.
^^^^ 68
ALIIUSTIS. ^
Augu^lws sjncas. m
AuquilHX habei dia XXXI: Ittua wro XXX. 1
^^f
Calendis augusti. l'etri ud vincula, semidnplex. \
^^H
Sanclorum Macchabjiiorura martyrum memoria.
^^H
iV nonas.
SW|>liatii papse el raaptyrîs, III iectionum.
Obitus Ludovici grossi régis.
^^B
111 nonuK.
Invenlio Baocli Stepiiaui, semiduptex.
^^H
l'ridie nonas.
Justiiii presbyteri et marlyris, I!l Iectionum.
^^1
Nonis.
Hemmii episcopi et confcssoris, III loctionum.
^^1
Vm idus.
Transflguratio tlomini, XII lecLionum.
Sixli papa; et Agapilis marlyris memoria.
^^1
VII Mus.
Uonali episcopi et martyris, III Iectionum. 1
^^H
VI idus.
Oyriaci, Urgi et Smaragdi marlyrum. 111 locUonin
Romani martyris. III Iectionum. Vigilia. '
^^m
V idus.
^^Ê
IV idus.
Laurenlii martyris, duplex. (
^H
111 idus.
Tilmrtii martyris 111 Iectionum.
Obitus Philippi régis.
^^B
Pridie idus.
VoDii martyris, 111 Iectionum.
^^p
Irtibus.
Hippolyti el sociorum ejus martynim, duplum.
P^F
SIX calendas seiitembria. Vigilia. [
*' IB
XVIll cal.
Assumptio beatje Mari;e virginis, afiHuale. ■
16
XVII cal.
)
17
XVI cal.
18
XV cal.
i
' 19
XIV cal.
j
SO
XIU cal.
j
31
Xll cal.
^m
ii
XI cal.
Octava beat»! Hariie, duplex. ^^^H
23
Xcal.
Bernard! abbatis, duplex. ^^^H
34
IX cal.
Bartholomai apostoli, duple.r. 1
1 95
VUI cal.
Ludovici régis, duplex.
tu
VII cal.
Audoeni episcopi et confessori s, Xll Iectionum.
il
VI cal.
Ruftl martyris memoria. ■
Obitus Alphonsi comitis Pictaviensis. 1
38
Vcal.
AugiiBtinl episcopi et conressoris, duplex. l
Hermetis et Julitta) marlyrum memoria.
89
IV cal.
Decollatio sancti Joannis Baptiste, se.midwplex.
Sabins Virginia et martyris memoria.
30
m cal.
Peliciset Adaucli martyrum memoria.
31
Pridie cal.
Octava sanuti Ludovici régis, Xll Iectionum.
Paulini episcopi et confessoris memoria.
mx hahH Iwras X. dies vero XJV.
f
CALENDRIER DE SAINT-DENIS, EN 1530. 69
SEPTEMBER.
September conterii uvas.
September habet dies XXX, luno vero XXIX.
i Calendisseptembris./Egidii ubbatis, Lupiepiscopi et confessons, XII lec-
lionum. Priscai martyris memoria.
2 IV^ nonas.
3 111 nonas.
^ Pridie nonas. Marcelli martyris, III lectionum.
5 Nonis. Berlini abbalis, III lectionum.
^ VIII idus. ObitHs Joannis de ViUers, dicti cardinalis de
Lombays (Lombez).
' Vil idus. Evortii episcopi et Clodoaldi presbyteri et confessons,
XII lectionum.
^ VI idus. Nativitas beataj Mariie, semiannuale.
Adrianl martyris memoria. .
^ V idus. OsinanniB virginis, duplex.
^^ IV idus. Gorgonii martyris, XII lectionum.
^1 m idus. Prothi et Hiacynthi martyruni memoria.
1^ Pridie idus.
13 Idibus. Mauritii episcopi et confessoris memoria.
14 XVIIl calendas octobris. Exaltatio sanctîe Crucis, duplex.
Cornelii et Cypriani martyrum memoria.
\i) XVII cal. Octava l)eataj Mariîe virginis, XII lectionum.
Nichomedis presbyteri et martyris memoria.
Obitus Caroli quinti régis.
16 XVI cal. Lucia», Geminiani et Eufemiîi» martyrum III, lectionum.
i7 XV cal. Lamberli episcopi et martyris, III lectionum.
18 XIV cal.
19 XIII cal.
iO XII cal. Faustai et Evilasii martyrum, III lectionum. Vigilia.
il XI cal. MatthîPi apostoli et evangelista3, duplex.
ii X cal. Mauritii sociorumque ejus, duplex.
i3 IX cal. Teclaî virginis et martyris, III lectionum.
i4 VIII cal. Geremari abbatis et confessoris, III lectionum.
i") VII cal. Firmini episcopi et martyris, duplex.
% VI cal. Cypriani et Justinae martyrum, III lectionum.
Obitus Mathœi abbatis.
27 V cal. Cosma3 et Damiani martyrum, XII lectionum.
28 IV cal.
29 III cal. Michaelis archangeli, duplex.
30 Pridie cal. flieronymi presbyteri et confessoris, duplex.
Nox habet horas XII, dies etiam XI L
70 KE\TE MABILLON.
OCTOBER.
Seminat october.
October habet dies XXXI, luna vero XXIX,
1 Calendis octobris. Remigii episcopi et confessons, XII lectionum.
(lermani et Vedasti episcoporum memoria.
Obitus habelis reginœ,
t VI nonas. Leodegarii episcopi et confessons, XII lectionum.
3 V nonas.
4 IV nonas. Francisci confessons, XII lectionum.
Obitus Rlanchœ reginœ.
5 III nonas. Obitus Philippi III régis.
6 Pridie nonas. Fidis virginis et martyris, III lectionum.
Obitus Caroli calvi régis,
7 Nonis. Maici papas et confessons, III lectionum.
8 VIII idus. Vigiiia.
9 VII idus. Sanctorum martyrum Dionysii, Rustici et Eleut
Annnale,
10 VI idus.
\{ V idus.
12 IV idus.
13 III idus.
14 Pridie idus.
15 Idibus.
16 XVII calendas novcmbris. Octava beati Dionysii sociorumque •
semiannuale.
17 XVI cal. Dcmetrii marlyris, duplum.
18 XV cal. LuciJû i*vangelisla\ duplum.
19 XIV cal. vSanctini et Antonini episcoporum et confessoi
XII lectionum.
ÎO XIII cal. Taurini episcopi et confessons, III lectionum.
21 XII cal. Indmni milliuni virginum,rfw/;/Mm.
24 XI cal. Mcllonis episcoi»! et confessons, XII lectionum.
Obitus Ilenrici Troon abbatis.
23 X cal. Koniani et Soveriai v\nsr. et confcs., XII lectioi;
2i IX cal. Majîloi ii episcopi et confessons, XII lectionum.
20 VIII cal. liilai'ii episcopi et confessons, duplum,
"26 Vil C4U. Crispini et Crispiniani martyrum, III lectionum.
27 VI cal. Vigiiia.
28 V cal. Simonis et Judse apostolorum, duplex,
29 IV cal. Faronis episcopi et confessons. III lectionum.
30 III cal.
31 Pridie cal. Quintini martyris, III lectionum. Vigiiia.
Nox habet horas XI V; dies X.
CALENDRIER DE SAINT-DENIS, EN 1550. 71
NOVENBER.
Spoliât virgulta november.
November habet diet XXX; luna vero XXIX.
i Calendis novembris. Omnium S^nciorum.semianniiale,
^ IV Donas. Eustachii sociorumque ejus martyrum, duplex.
Cammemoratio fidelium,
3 lu nonas.
4 Pridie nonas. Clari martyris, XII lectionum.
<^ NoDis. Marcelli episcopi et confessons, XII lectionum.
« Vin idus.
"» VII idus.
B VI idus. Octâva omnium Sanctorum.
^ V idus. Octava sancti Eustachii, XII lectionum.
^0 IV- idus. Theodori màrtyris, 111 lectionum.
^1 m idus. Martini episcopi et confessons, duplex,
MenniP màrtyris memoria.
*2 Pridie idus.
13 Idibus. Bricii episcopi et confessons XII lectionum.
^^ XVlUcalendasdecembris.
^^ XVII cal. Eugenii episcopi et màrtyris, duplum.
16 K VI cal.
^■î XV cal.
\^ Xlv cal. Octava sancti Martini, XII lectionum.
^^ Xlii cal. Aniani episcopi et confessons, III lectionum.
^ Xll cal. Edmundi régis et màrtyris, XII lectionum.
il XI cal. Columbani abbatis, III lectionum.
^ X cal. Caecilia) màrtyris et virginis, XII lectionum.
93 IX cal. Clementis papae et màrtyris, duplex.
Felicitatis memoria.
îk Vlll cal. Romani monachi et confessoris, duplex.
^ VII cal. Catherinse virginis et màrtyris, semiduplex.
26 VI cal.
27 Vcal.
28 IV cal.
29 III cal. Satumini episcopi et confessoris III lectionum. Vigilia.
90 Pridie cal. André» apostoli, duplum.
73 REVIE MABILLON.
DECEMBER.
Quœrit habere cibos porcum mactando December.
December habet dies XXXI; luna vero XXX.
i Decembris. Eligii episcopi et confessons, XII leclionum.
â IV nonas.
3 III nonas.
4 Pridie nonas. lUatio sancti Denedicli abbatis, XII lecUonum.
5 Nonis.
i) VIII idus. Nioolai episcopi et confessons, duplex,
7 VII idus. Octava sancti Andréa} apostoli, XII lectionum.
8 VI idus. (ionceplio beata' Mariœ, semiannuale,
9 V idus.
10 IV idus. Kulali.T virginis memoria.
11 III idus. Damasi papse et martyris.
42 Pridie idus. Walarici abbatis memoria.
i3 Idibus. Luci.'u virginis et martyris, XII lectionum.
1 i MX calendas Januarii.
15 XVIII cal. Maximini abbatis, XII lectionum.
Hi XVllcal.
17 XVI cal.
18 XV cal.
10 XIV cal.
^20 Mil cal.
-21 XII cal. Thom;e apostoli, r/tt^Mr.
-2-2 M cal.
23 Xcal.
U IXciil. Vigilia.
2o VIll cal. Nativitas Domini, annnale.
AnaslasicO virginis memoria.
-26 VII cal. Slephaui protomartyris, duplex,
"il M cal. Joannis evangelistic, serni annnale,
28 V cal. w^auctorum Iiinocenlium niartyrum, duplex,
20 IV cal. Tlioma,' archiepiscopi et martyris.
30 111 cal. Gbit us E(jidn abbatis,
31 Priditî c<il. Silvestri papa» et confessorius, XU lectionum.
Nox habet horas XV 111, dies vero VL
Nota quod, dominiez proximiori festo sancti Andro.c sive ante sive
semiK-r relebratur adventus, et, si idem festum cadat in dominica,
bratur ibidem.
LES ORIGINES DE LA GRAVURE SUR BOIS. 73
ORIGINES DE LA GRAVURE SUR BOIS & LES MONASTÈRES
FRANÇAIS, FAPRÈS UN OUVRAGE RECENT ^
l-e nouveau livre de M. Bouchot est de nature à modifier les
^ôées admises depuis longtemps sur Thistoire des origines de la
typographie . On croyait jusqu'à présent qu'elle avait été inventée
^n Allemagne, en dehors de toute participation du clergé. C'était
l'opinion de Christ, le premier monogrammiste qui se soit occupé
des estampes primitives. Il « affectait même de ne compter comme
graveurs que les allemands et les flamands ^ ». Heinecken, Bartsch,
Brulliot, Nagler, Passavant ne pensaient pas autrement.
De ce côté-ci des Vosges, le vicomte Delaborde, Georges
Duplessis, tout en trouvant un peu exagérées les allégations de
leurs confrères d'outre-Rhin, admettaient à l'envi que la plus
vénérable par son antiquité des estampes xylographiques était
le Saint Christophe de Lord Spencer, découvert à Buxheim, près
de Meingen, dans une abbaye bénédictine, ou la Vierge de
Bruxelles, de 1418. Passavant, il est vrai, reconnaissait qu'une
Vierge debout, au Cabinet des Estampes de Paris, pourrait bien
être française et du xiv« siècle; mais sa voix était isolée, et la seule
revendication des savants français se bornait à la constatation de
quelques dates appliquées à des pièces qu'il fallait placer par rang
d'ancienneté, avant ces prétendus incunables.
Depuis lors, les travaux des érudits bavarois ou prussiens,
MM. Muther et Schreiber, avaient révélé des estampes nombreuses
remontant au xiv* siècle; mais la part revenant à la France dans
l'invention de la xylographie restait méconnue.
1 Les origines de la gravure sur bois et les monastères français d'après un
ouvrage récent : les deuw cents incunables xylograpkiques du Département des
Sstampes, Origines de la gravure sur bois. Les Précurseurs. Les papiers. Les
indulgences. Les « grandes pièces >» des cabinets d'Europe. Catalogue raisonné
des Estampes sur bois et sur niétal du Cabinet de PaHs, par Henri BorcHOT,
Conservateur du Département des Estampes. Paris, Lévy, 1902, in4 de 2:>8 p..
avec un album in-folio de 19i photographies.
3 Bouchot, Les iOO incunables, p. 2.
74 reyi:e mabillon.
En même temps que le rôle de la France, était oublié celui du
clergé catholi(|ue. 1-a cause de ce silence, M. Bouchot ne la détinil
pas; mais il nous est i>ermis de la chercher dans ce fait que, jusqu'au
milieu du xix' siècle, riiistoire a été, en Allemagne, le monopole
des érudits protestants.
Dan5 un article publié |)ar M. G. Goyau, dans la Revue des
Deux-Mondes ^ l'auteur i-ap|H>rte que la pénurie des livres catho-
lifjues était telle dans ce pays, (|ue les prêtres catholiques en étaient
réihiils à prendn* des sujets de méditation ou de lectun\s pieuses
dans des ouvrages écrits |>ar des plumes protestantes. Cette infé-
riorité de la littérature catholique, la Goerres Gesekchaft eut
pour luit principal d\ remédier; mais elle n'avait pu emi>êcher que
l'histoire des temps qui a voisinent l'apparition des doctrines de
Luther et de Calvin n'ait été écrite par des protestants. L'esprit
qui présida à la rédaction de toutes les aimales du monde germa-
nique, et nous pourrions ajouter français, fut opposé aux moines
et à leur influenc**.
L'histoire de l'imprimerie et de la gravure sur bois n'a [>as
écha|)pé à ct»tte cause d'tM-reur. Il n'est pas étonnant que Ton ait,
volontairement ou nivolonlairement, caché le rôle des religieux
dans la production par la xylographie des images pieuses et leur
dirt'usion dans les pays germaniques. C'est, du moins, une réflexion
que nous suggère la constatation faite par M. Bouchot 2, que ce
cultt» des images, ce qu'on a appelé le commerce des indulgences,
fut la principale cause de la guerre, des hussites.
Aussi l'opinion communément admise se manifesta-t-elle, dans
le courant du xix*^ siècl»*, lors de l'érection de deux statues à
Gutt»nherg, l'une à Mayt*nce par Thonvaldsen, l'autre à Strasbourg
par David d'Ang(MS. Dans la |)remière, l'artiste danois présente une
sorte de Luther, (pii serrt» la Bible contn^ son cu»ur et semble
n'avoir inventé rimpriinerit» qut* |)Our favoriser la diffusion des
traductions (mî langue vulgaire de la Bible.
Dans l'autre, le sculpteur, ipii était un adepte forcené de la
libr(^-|)ensée, n'a songé tpi'à symboliser le missionnaire de la
doctrine (|ui lui était chère. Son héros, le |)ied droit en avant,
montre d'un geste orgueilleux une page sur laquelle (»st écrit, dans
une intention nettement antichrétienne, le mot biblique détourné
de son vrai sens : El lu lumière fut.
1 iV des l«^«" et 15 février UHUi.
« Op. cit., p. 8.
LES ORIGINES DE LA GRAVURE SUR BOIS. 75
Sans être guidé, — ce qui donne une force nouvelle à ses consta-
tations, — par aucune préoccupation confessionnelle, M. Bouchot
a relevé cette erreur et rendu à chacun selon son œuvre, aux
Français comme aux religieux. Il a étayé ses conclusions d'un
faisceau de documents, de patientes observations, de comparaisons
qu'il ne nous est pas possible d'analyser, dans le sens rigoureux
de ce mot. Mais nous voulons indiquer sommairement les princi-
paux arguments développés par le savant conservateur du Cabinet
des Estampes et en tirer les conséquences logiques.
Sa thèse paraîtra d'autant plus intéressante (lue l'auteur du livre
qui nous occupe n'avait nullement en vue la gloire des monastères.
C'est comme Français qu'il les envisage, non comme religieux.
Nous ajouterons même que le travail d'érudition auquel il s'est
livré n'a pas rencontré, dans le monde savant, les mêmes résistances
qui se sont manifestées, d'une façon un peu bruyante, lors de
l'Exposition des Primitifs français ^ à propos d'autres conclusions
présentées par lui. Jusqu'à présent, il semble que le consensus
des érudits ait consacré les recherches du savant parisien. Cet
accord tacite nous engage à faire état des résultats proclamés
et admis en ce qu'ils ont de glorieux pour les moines de la lin
du moyen âge.
I.
Désormais *, Gutenberg nous apparaît non plus comme un
inventeur, mais comme le mettcnir en œuvre de procédés déjà
connus, l'homme intelligent, doué de volonté et d'énergie, qui sut
organiser en métier des combinaisons auxquelles il ne manquait
plus qu'une méthode pour se relier les unes aux autres.
« Les insinuations de textes sur les gravures ^ » ont été proba-
blement l'origine de l'application des lettres mobiles à l'impression
de ces textes.
Nous insistons sur ce fait : il grandit l'importance du rôle joué
par les vrais précurseurs de l'imprimerie.
1 Voir les art. de M. L. Dimier, dans la Chronique des Arts, n° d'octobre 1W)4.
« Bouchot, op. cit. préface, p. ix.
s Bouchot, p. 32, en note.
76
nK\lTE NJkBILLON.
L'impression obtenue au moyen de planches en relief, il y avait
plus de cent ans qu'elle était d'un usage couranl.
Les caractères mobilesT dès le xiii' siècle, un moine de l'abhjijTe
de Vauclair, en Picardie, avait imprimé, avec une matrice en relit-l',
des initiales de majiuscrits. Le volume sur lequel a travaillé e<:
précurseur de la typogi'apliie existe encore; c'est Ip conservalrur
de la Bibliothèque de Laon, M. Ed.- Fleury ', qui l'a signalé.
Le texte de ce manuscrit a été écrit au xiti' siècle et les initiales
ne sont guères postérieures, puisque les ornements qui les aiM^om-
pugnenl sont connus dans le même style que 1c corpb de
récriture. M. Bouchot, qui tire allument de ce Tait, en met en
relief toute la signilication *. Les empreintes ont été obtenues à
la suite d'un roulage qui a laissé de.s traces dans le parchemin.
La matrice en relief était couverte d'une encre à la colle qui a
bavé en dehors des contours de la lettre. C'est une vérilalile
impression en relief.
L'exemple n'est pas, du reste, isolé. Séroux d'Agincourl ■'' avait
remarqué des empreintes du même genre dans un manuscrit des
(L'uvres de Sénèque de la Bibliothèque du Vatican.
Ces lettres mobiles, nous en trouvons l'origine dans l'outillage
des fabricants de jtavages colorés. Les inonastèn^s étaient obligés
de donner asile il des ouvriers de ce genre et ils avaient vu les
moules, les » molles, « les matrices dont on se servait [mur creuser
dans l'at^ile humide la place des substances de couleur dilTérente
qui constituaient l'ornemenlation des terres cuites.
M. Bouchot cite deux Liégeois : Lambert et Renier Mocant, qui,
il l'abbaye de Chanlemerle, dans l'Aube, gi-avent des matrices pour
(lavements en couleurs, et se servent, pour les inscriptions, de
lettres mobiles taillées dans le bois et rassemblées les unes avec
les autres *.
Il ne manquait pas. du reste, d'artisans capables d'épai^ner des
reliefs dans une planche dressée. Les orfèvn?s, depuis longtemps,
savaient entailler le métal pour préparer le lit des verres iiisibles
dans la tiibrication des émaux trans|)ai'en[s ou ries nielles opaques.
Depuis longtemps on gravait des sceaux en France, et M. Demay
Kon livre.
» DOUCBOT, p. ii.
^ BODCBOT, p. i\.
i Bouchot, p. S3 el lu noie.
It de Limn, II" parlie, p. .'i, el Ig noie (le M, Bourhoi. p. il <j
LES OKtClSES DE I.A i
Ciit remarquer l'habileté de certains des praticiens qui modelaient
ces œuvres d^rt. L'exécution matërielle de ceiles-ci était, du
reste, beaucoup plus diffîcile avec ses plans de hauteurs diffé-
I
78 REVUE MABILLON.
rentes que celle des « molles », où le seul problème à rés
consistait à épargner des parties plates et à creuser tout a
uniformément (voy. M. Demay : le Costume diaprés les se
Paris, Dumoulin, in-4, cité par Bouchot, op cit. pp. 41 et 43)
D'autres ouvriers exécutaient de véritables clichés
« empreintures » sur étoffes. Tel est ce Jean Baudet \ charpe
que cite M. Bouchot, auquel on feit un paiement, pour avo
et taillé des « moles et tables pour la chai)elle de mondict seig
au dit Champmol, pour la chapelle des Angles, à la devis
Beaumetz ».
Il y avait donc bien avant Gutenberg, des impressions sur î
sur étoffe et sur parchemin, obtenues au moyen de matric
relief. Les éléments du métier ^ existaient dès le xiii*' siècle,
documents nous les signalent comme inventés par les m(
découverts à Tabri des cloîtres, ou favorisés par eux ; il ne
qu'un homme d'initiative pour constituer une technique.
IL
Ce qui arrêtait les progrès de l'invention et sa réalisation i
trielle, c'étaient les lois qui régissaient, aux environs de la g
de Cent ans, l'organisation du travail '^. Il ne saurait être qu(
ici d'exprimer une opinion sur les avantages ou les inconvé:
des corporations. Ce qui est certain, c'est qu'il n'existait pas.
le tableau des métiers, une case où pût se loger, pour être pi
par les statuts, un imprimeur ou un graveur, ouvrier ou n
Gutenberg fut obligé, au début, de cacher ses essais sous Y
rence d'une fabrication de miroirs.
Il fallait donc, vers 1350, que des hommes voués exclusive
à l'étude préparassent la besogne de l'industriel. C'est au coi
ce travail préliminaire qu'on découvrit l'usage qui pouvait et
1 BorciioT. op. cit., p. 33.
« Bouchot, op. cit., p. 42.
3 « Nus moleres (mouleurs) ne puel moler ne fondre chose la ou
leUres, et se il le fesoit, il seroit en la merci le Roy, de cori)s el avoir. \
lettres chascun parli : nies en sel et en deniers, ne en chose cjui porte
çon ; ne puent-ils moler ne fondre. » Statuts de 1260. Ciu'^ pur M. Bu
D. 42. note 1.
LES ORIGINES DE U GRAVURE SUR BOIS. 79
d^^ matrices on relief capables de inultiplicT à Tinlini les exemplaires
d'un même ty|)e. Seuls les moines, dans le silence de leurs cloîtres,
à l'abri des soucis de la vie quotidienne, affranchis des entraves que
pouvait apporter à leurs recherches l'organisation économique du
p^iys, seuls les penseurs idéalistes qu'étaient les religieux étaient
en mesure de s'y livrer efficacement. C'est ainsi que les hommes de
théorie pure inventent, de nos jours, dans les Universités, les pro-
cédés techniques que vient utiliser l'industrie.
IJ est assez piquant de constater que la typographie artistique,
instrument de vulgarisation, œuvre démocratique par excellence,
est sortie des monastères et tut le produit des méditations de reli-
^eux soumis à l'observance bénédictine. Ils étaient d'ailleurs seuls,
à Cette époque, C4ipables de rendre ce service.
Quel était précisément l'usage que les religieux pouvaient taire
<l'iniîîges pieuses en grand nombre, telles que les peut produire la
xylographie?
I>epuis longtemps, des religieux avaient créé, pour les besoins
^e leurs prédications, des sortes d'aide-mémoire, dans lesquels
figuraient des résumés de sermons, des dessins qui fixaient les
idées sous une forme succincte ^
Tf>l est ce document écrit dont les Allemands ont cherché à faire
^^^l pour démontrer que de semblables travaux avaient été faits sur
'•^ rive droite du Rhin. Un cahier de moine prêcheur porte en effet
'^ nom de celui qui l'a écrit : Ulriefi Widemann, à Augsbourg ^;
'^^î^is rien n'est moins prouvé que la nationalité germanique de cet
^^rivain. L'inscription alléguée contient un : timc temporis, qui
P énonce des habitudes voyageuses. M. Bouchot fait remarquer très
4^steraent que le prénom du personnage se rattache à la Suisse ou
^ l'Alsace plutôt qu'à l'Allemagne proprement dite. Enfin, l'écriture
^- 1 l'image qui l'accompagne, nous le verrons plus amplement, sont
Souvent exécutées à des époques et en des lieux fort différents. Le
Manuscrit d'Ulrich Widemann ne porte donc pas une preuve
^b.solue d'origine tudesque, quant aux dessins.
Ce qu'il fait, ajoute M. Bouchot, un Français, Jean Faivre (Johannes
ï'abri) le fera au xvi* siècle, à Saint-Urbain, dans la ville de Lucerne,
^n reconnaissance de l'hospitalité reçue dans ce monastère (op.
1 BorcHOT, op. cit., p. 25 in fine et p. 25.
* Ibid., pp. 27 et 28. Cf. Incunabula xylographica et chalcographica, von
Ludwig Rosenthal (Munich. 1892, in-fol., n. i).
LES ORIGINES DE LA GRAVCRE SUR BOIS. 81
cit. p. 28). Saluons en passant cette trace du rôle joué par les
abbayes dans cette question des hommes de lettres qui voyagent.
Ces mémento, livres de chevet du prédicateur ambulant, ne con-
stituaient pas son unique bagage, nous dirions volontiers son outil-
iage de missionnaire.
Celui-ci voulait, à son départ, laisser, de son passage, des leçons
de morale qu'il avait données, des bonnes résolutions qu'il avait
fait prendre, des vérités qu'il avait préchées, un souvenir matériel
qui assurât l'avenir des résultats obtenus. C'est encore un usage
observé par les orateurs sacrés qui séjournent dans une paroisse,
quand ils ont converti des pécheurs ou stimulé le zèle des fidèles,
de donner à ceux avec lesquels ils se sont trouvés en relation des
chapelets, des emblèmes pieux, des images.
Ces dernières, au milieu du déluge de publications illustrées qui
inondent le monde contemporain, ont sans doute beaucoup perdu
de leur vertu. Mais au xiv* siècle, alors qu'elles étaient rares, que
*^s chrétiens qui en recevaient une la croyaient dessinée à la
'ï^ain, conséquemment monotype, c'étaient des objets précieux,
P^^osque des reliques. Bénites par le prêtre qui les avait distribuées,
^**^s étaient attachées aux vêtements ou sur les murs de la maison
^^ celui qui les avait reçues ^ Si quelques-uns en faisaient un
^^jet de superstition, la plupart y attachaient une idée sincèrement
^^igieuse, et la considéraient comme une occasion de prière, avec
^^utes les réserves de soumission à la volonté de Dieu que com-
porte la loi chrétienne.
C'est ainsi que Saint Christophe ^ était légitimement invoqué
Contre l'éventualité d'une mort violente, et qu'une manière très
orthodoxe de le prier était de porter son image. Ce qui aurait
Constitué un acte de superstition, c'eût été de croire à l'effet néces-
saire, au résultat certain d'une telle pratique.
Des réserves analogues doivent être faites en ce qui concerne
^îe qu'on a appelé d'un terme fort impropre le trafic des indul-
gences. Remise de la pénalité encourue par le pécheur, remise
subordonnée à certaines conditions de bonnes œuvres, de commu-
nions, de jeûnes, d'aumônes ou de prières, sans préjudice de la
nécessité de l'absolution, l'indulgence devait être accompagnée
d'un signe matériel attestant son octroi. Ce signe fut une image,
1 Bouchot, op. cit., p. 76.
* BoiCHOT, op. cit., p. 25.
6
S2 REVIK NARJLLON.
souvent la messe de Saint-Grégoire ^ Comme était grand
nombre des fidèles (iiii désiraient obtenir des indulgences, l
moines, soucieux des besoins des âmes, éprouvèrent le dés
(robtenir en grand nombre des in)ages qui faisaient comprendi
aux tidèles ce qu'était la faveur accordée |)ar TÉglise, et donnaier
une preuve matérielle que cette faveur était intervenue.
Il y avait aussi le désir de provoquer chez les fidèles des senti-
ments d'adoration et des élans de piété. Sans doute, la vue des
images de dévotion ne produisait [)as chez tous une émotion
semblable à celle que subissait Fra Angelico pleurant devant la
n^présentation du Calvains mais la vue des scènes de la vie des
saints, ou de Thistoire siicrée, a toujours passé, à juste titre, pour
Tun des moyens les plus etlicaces de propagande religieuse ^.
Certaines des images cpii sont parvenues jusqu'à nous portent
des traces de leur origine monastique et française. Tel est Técusson
à la bande échiquetée, trouvée sur un iSaint Bernard embrassé par
le ChrLsty écusson (jui appartient, non pas à l'abbaye d'Ebrach,
comme le prétend un Allemand, mais à Tabbaye-mère, à Clairvaux,
chef d'ordre *.
III.
Le temps était passé où saint Bernard se refusait à laisser orner
ses cloîtres par l(\s sculpteurs ou les peintres. Les abbés de Cluny,
en pni'ticulier, avaicnit formé de véritables écoles d'artistes. La
plupart du ttMn|)s, c'étaient les moines qui travaillaient eux-mêmes
pour leur convient et se faisaient, suivant leurs aptitudes person-
nelles on les besoins de la communauté, architectes, peintres
verriers, miniaturistt\s. L'élément laïque n'est entré qu'à titre
d'appoint dans la construction et l'ornementation des grandes
abbayes cisterciennes *.
Les professionnels séculiers venaient chercher dans les cloîtres
soit simplement du travail, comme les Liégeois, peu recomman-
1 Bouchot, op. cit., p. 101
« Bouchot, p. 15.
3 Bouchot, p. 20.
* Bouchot, pp. (U> et 06.
LES ORIGINES DE LA GRAVURE SUR ROIS. 83
dables personnages que nous avons déjà nommés, soit le repos et
k retraite. Parmi ces derniers, on peut compter le grand sculpteur
Ciaus Sluter, qui vint, en 1404, solliciter son admission comme
oblat à Saint-Étienne de Dijon. « L'ouvrier ymaigier » apporte
pour « sa dot » 40 livres et son talent '.
Il y avait donc, dans les cloîtres bourguignons et franc-comtois
du XIV* siècle, des artistes de toute espèce, et parmi eux, il n'en
manquait pas qui lussent capables de composer un dessin suscep-
tible d'être gravé sur bois.
Car, c'est une considération dont les Allemands n'ont pas tenu
compte, la gravure sur bois n'est pas un art original. Celui qui
sculpte le dessin pour en faire une planche typographique n'est pas
celui qui Ta inventé. De l'autre côté du Rhin, la langue admet trois
ternies différents pour distinguer : d'abord le dessinateur. Malei'
<lésigne puis celui qui transporte sur le bois l'invention du premier
(Z^iehner fur den FonnSchnitt), et enfin le graveur proprement
^^it, celui qui coupe le bois s'appelle Form-Schneide)'.
Or, en Allemagne, au milieu du xiv*" siècle, il n'existait |)as un seul
miniaturiste ou dessinateur qui fût capable d'inventer les modèles
U^e nous trouvons réalisés dans les incunables les plus anciens ^.
^^ ne faut pas croire que ces naïfs essais de la xylographie méritent
^n bloc la qualification de barbares. Parmi ces dessins d'un trait
^mraaire, quelques-uns ne sont pas dépourvus d'expression ni de
caractère, et, un siècle avant la naissance de Wohigemuth, le maître
d'Albert Durer, il n'y avait pas, sur la rive gauche du Rhin, un seul
artiste capable de tracer sur le bois des figures que nombre d'artistes
flamands introduisaient dans leurs compositions depuis plusieurs
siècles.
Nous vendons plus tard quelle étroite parenté unit les premières
gravures sur bois aux miniatures de Jean Malouel , d'A ndré Beauneveu ,
et à celles des Italiens établis à Avignon, Simone di Martino, par
exemple ^. M. Bouchot cite des personnages ^ entiers créés pour
une miniature ou une fresque, et qui se retrouvent dans une
gravure ancienne. Si le dessinateur pour gravures sur bois est allé
chercher son modèle chez un artiste français, ce fait n'établit-il
pas déjà par lui-même une présomption en faveur de la nationalité
française *.
1 Bouchot, p. 61.
« Bouchot, op. cil. pp. 8i et sq.
3 Ibid., p. 48.
* Ibid. pp. 150 et 151 et passim.
RRVf'R NABILUlN.
tu ptiiloliigit' iiiêtiK' vient apporter un ai-gunient iiiiuveau à l'J
de noire thèse. Les partisans de l'origine tudesqiie invoquaiofe
terme FormSchneider ' (]U(; l'on rencontre Ih^iuemmentl
XV siècle, accolé à des noms d'allure germuDique. Mais Ils iM
pas reman|ué que le nidical du mot Form est d'origine luln
fie root, nous le trouvons à Orléans, quarante ans avant qu'il!
soit employé jtar les Allemands; ii sert de synonyme au tern
moule (raoUa) ».
Il y a mieux 1 Toute la terminologie de l'imprimeur est de langil
ft^nvaise. Le feit est d'autant plus remarquable que ce métier a éfl
constitué par des Allemands. Il tïiut que le tirage ait été praliqul
pendant longtemps par des ouvriers parlant noire langue, )>our qiitl
Pust, Scheller et Gutenberg n'aient même pas été tentés de donner!
à leur-s outils d'autres noms que cens qu'ils [lortaient déjà'. Oui
encre avec des « balles, « on couvre les blancs à épargner a
des « frisquettes «, les lettres sont réunies en « {«quets » dans une 1
u Torme » munie de « garnitures ». Le tout est placé sur ui
« tympan » garni d'un « blancliet; » la presse |>orte une « platine •>.
On pourrait citer d'autres exemples et démontrer que le métier
d'imprimeur a été pratiqué, systématisé [>ar des Français, avant
l'invention des caractères mobiles.
Il i-este à transtbrmer ces probabilités en certitude.
On a trouvé en Allemagne, dans des abbayes en l'elalion avec des
monastères fiançais a Buxheim, à Bibracb, à Salzbourg, à Freising,
à Brixen et surtout à Mondsee et à Tegernsee. de véritables dépôts
de xylographies anciennes, très anciennes pour la pln{)art; mais
nulle part en Allemagne, on n'a découvert les « bois » sur lesquels
les épreuves avaient été tirées.
Au contraire, il y a quelques années, en faisant des réparations
à une maison qui avait i^té construite avec tes débris du monastère
de la Ferté-sur-Grosne *, les ouvriers mirent au jour uue quantité
considérable de clichés ayant servi â l'impression d'images de
piété. La pluj)art de ces clichés (formes, ou molles, suivant le
langage du xtv siècle) étaient tombés en pourriture. On put
> Bouchot, pp. U, ISetiq.
> Ibid. p. 8.
■' V, AnnaUs inientalie^talet (Thiiton-e. Congrès de Paris IftOO. T section,
p, 1*3. Arl. lie M. Oehio. ciié par -H. Boudiol (op. oit.j,
* Boi'CHOT, op.cii. pp. 73 el 74. Cfr. Unanettrt de ta gravure mr boit, p. iH,
surtout la note i de la p. H.
LES Oni<^ISF.S I)K I
iiependanl en sauver un qui, sous le nom de son propriêtain;,
M. Prolal. restera comme l'un des inonuments les plus importants
des premiers Jours de la xylograpliif.
KeiiiaiTinnns f|ue la Ferté-sur-Grosne était la première lille de
{Clteaux. A la Ferté, on s'était occ^iipé à enpîer des manuscrits et à
oluminer les livres '.
d
86 REVUE MABILLON.
Il est donc certain, de certitude matérielle, que l'abbaye c
Ferté-sur-Grosne avait été Tune de celles où les moines prépara
pour l'exportation, con)me on dirait de nos jours, les imt
destinétîs à accompagner les missionnaires dans leurs pi
voyages.
La découverte est d'autant plus im|K)rtante que la Ferté-si
Grosne (commune de Saint-Ambreuil, Saône-et-Loire), nionastè
cisl(Tcien, fondé en 1113, était nommée la première tille de Gîte^m.
ce monastère avait soiis sa dépendance les abbayes cistercienne
de France et de l'étranger qui descendaient de lui directement o
indirectement par voie de fondation.
IV.
Parmi les abbayes chefs d'ordre, les premières fondées, les plus
florissantes étaient situées à l'ouest des Vosges. Gitons parmi elles
les grands établissements, déjà anciens au xiv^ siècle, de Glairvaux,
de Gîteaux, de Gluny, de Morimond, de Vézelay, la Ferté-sur-
Grosne, Saint-Oyan, Saint-Glaude du Jura, etc. *.
De ces maisons étaient partis successivement des essaims de
moines (|ui allaient coloniser à l'étrangercontrairement à la direc-
tion du courant qui semble entraîner les migrations des peuples
vers roccid(mt; l'exode des Bénédictins les amena vers l'est -, où
des populations honnêtes, mais peu cultivées, offraient à la prédi-
cation un t(MTain favorable.
Déjà des voyages semblables avaient lieu entre divers monastères.
Des émissaires allaient de l'un à l'autre, portant, soit une bulle,
soit un rouh^au des morts^. D'autres fois, le bien d'une communauté,
les nécessités des études, motivaient des déplacements souvent
d'une grande amplitude.
Gîti^aux, Glairvaux, la Ferté, (entretenaient des relations pério-
diques avec les monastères cisterciens du monde entier. Les cha-
1 Bouchot, pp. 70 et 71.
> Ibid. passim.
3 Ibid. \i\). fîH et 59. .M. Koiichol désijjne le rouleau des morts de Tabbaye
de Saint-BcMii^rne de Dijon et cite M. d'Arbois de Jubainville (Portefeuille
archéoIotji<|ue de la ('.hanipiiyn(\ peinture p. 48, et planche 9).
LES OltJi^NF.S 11K [
S7
pitres généraux qui réutiissaienl iinnuelleinenl tous les supérieurs
Aps monastères sussent à exp]i(|uer ces relations. Les abbés de
CBS éUiblisseiiients faisaient. [wrsonneHeinent ou par un délégué,
la visite de leurs oionastëres étrangers.
Les TOUvents de la région jurassienne, dans l'un desquels on
» trouvé des « bois » destinés à l'impression lypograptiique, se
Irouvaient placés au carrefour des routes iiui unissaient l'Europe
cenlrale à la Provence d'un coté, par la vallée du Rhône el de la
&tôt\f. el de l'îmtre la France, par les cols ijui séparent les Alpes
tie la Forêt Noire-, et les vallées de la Seine et de la Meuse.
A cette date du xiv siècle, les papes résidant à Avignon
\ envoyaient souvent en Allemagne des communications, et l'ecclé-
siastique ou le messager devait passer par Dijon, oi) les abbayes
>.»!rjii'Xi
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-..r- . •-- :'-:.'i<::.!- :ri-rr.:> «rit rtr^ ie plus fréi}ueminent o|>érés.
M. fi, .;.'.• • .*-. .l'rtjr^s M. Schî^il-^r, des estampes trouvées
-^ Of». ^;t. f.{>. *iii el i;i.
3 Bon HOT ii|». i^> et î*l.
* 0(». 'II. I», .Vi.
L;i preuve «le «e lait rr>iilir «le 1 examen «le> pitM-es de xylo^Taphie anl«^
rieiire* ;ju \vi- si»-r\f, «•olori»''e> presnue lûmes .t Tinslar îles minialures.
L ifi-kinij-jlion «le ^es i!n;jge> clan> les livres inanuscrili> est un fait fré<|iienl.
.M;<n;iKî mainies Uns clan.s le livre ile M. Bouchul. Nous |K)Uvons indiquer,
il liue d'exemple, les morreaux éilih's par Simon Vt^rard. Limilalion de
l'enluminure est ici avouée.
' Moi mioi, op. rii. p. Ht. \. au.vsi p. ii et cli. V. pi. XVI. p. 31, «<♦ el \k 105.
I
LES ORIGINES DE LA GRAVURE SUR BOIS. 89
dans cette abbaye qui portent toutes un encadrement Identique,
bien que le style qui caractérise le corps du dessin soit très
différent. On ne peut expliquer ce ("ait par un changement dans la
« manière » du graveur; mais bien par Thypothèse que démontre
l'examen matériel des pièces, de c< l'apport ultérieur des bordures,
bordures semblables, composées de passe-partout assemblés et
rejoints • ».
Il est facile à présent de nous rendre compte du processus qu'a
suivi l'invention qui nous occupe. Les modèles d'art étaient fournis
tantôt par les Italiens d'Avignon, tantôt par Beauneveu, Jehan
Malouel, Claus Sluter, le même que nous avons vu oblat dans une
abbaye dijonnaise.
Cette double origine explique comment un style intermédiaire
«ntre l'idéalisme méridional et le réalisme flamand put se former en
France. Mais nous ne faisons pas ici d'esthétique. Contentons-nous
d'étudier le procédé opératoire qui permit aux religieux français
de préluder à l'art si moderne de l'illustration du livre.
Le modèle une fois choisi, un copiste le transportait sur la
planche de bois ou de métal. Celle-ci était remise au « tailleur de
molles » qui était choisi à l'origine parmi les menuisiers, les
« chapuis » 2. Signalons en passant ce mot d'allure bourguignonne
qui a servi longtemps à désigner le graveur d'épargne.
Le « bois » terminé, on le livrait au moine imprimeur qui en
tirait des épreuves, soit avec de l'encre à la colle, soit plus tard,
avec de l'encre grasse ^. Quelle qu'elle» fut, l'encre était déposée
sur le n^lief au moyen d'un tampon w la balle ». Puis on tirait
répreuve soit au frotton, soit avec une presse rudimentaire *.
Puis la pièce imprimée était, la plupart du temps, coloriée, afin
de prendre l'aspect d'une miniature.
i Op. cit., p. 29. Nous prenons les moines de Tegernsee en flagrant délit de
travail additionnel sur les estampes. Il existe deux exemplaires de la Légende
de saint Meinrad, l'un à Munich, provenant de Tegernsee, l'autre à Kinsielden.
Les deux exemplaires sont munis d'une inscriplion en dialecte suisse: mais la
dernière page de l'estampe bavaroise est en blanc. Dans celle d'Einsielden se
trouve une Messe de saint Grégoire, embordurée de la bordure particulière
à Tegernsee. Cette dernière abbaye a donc, au moins cette fois, travaillé pour
l'exportation (Op. cit.).
* Bouchot, op. cit., p. 38.
* Op. cit., p. 41.
4 Op. cit., p. 90.
90 REVUE MABILLON.
On formait ensuite des ballots ^ que la mule du moine colpor —
leur emportait à sa destination définitive.
On croit aussi que les « bois » étaient de temps en terap
confiés au voyageur, (jui, muni alors de son encre et de son
frotton, tirait de chaque type la quantité demandée.
L'industrie avait été grandement facilitée par la vulgarisation
du papier de chiffon, qui, vers le xiv^ siècle, commença à devenir
moins rare. N'oublions pas que c'est à Troyes en Champagne que
paraissent avoir fonctionné les premières manufactures de papier.
Là du moins on le produisit très tôt en quantités appréciables.
Il est à peine besoin d'ajouter que l'abondance du papier avait
été favorisée par l'usage, qui devint général à la tin du xiii* siècle,
de porter du linge de fil. Avant d'être transformé en papier, le
chiffon avait servi de linge de corps sous forme de chemise *.
Sans ce détail de mœurs, la bonne volonté du moine créateur
d'images de propagande fût restée probablement stérile.
Nous ajouterons même ce détail qui intéresse notre thèse de
l'invention monastique de la gravure sur bois, que l'on a fabriqué
du papier à Glairvaux. Le papier porte les armes de Champagne ^.
V.
Comme les moines qui figurent dans les renseignements que
nous dépouillons sont d'origine française, nous sommes obligés
par endroits d'insister sur des détails qui intéressent plutôt la
nationalité que la profession monastique. Nous ne sortons pas
cependant pour cela des limites de notre discussion : qui dit
imagier au xiv* siècle ou dessinateur, ne peut parler qu'à titre
exceptionnel de laïques.
L'examen technique auquel se livre M. Bouchot, et dont nous
allons essayer de donner un aperçu, est nécessaire pour le déve-
loppement de l'argumentation en faveur de l'origine religieuse de
la xylographie. Nous ne saurions en effet trop le répéter, il n'y
1 Op. cit., p. 55.
a Op. cit., tout le ch. III.
3 Op. cit., p. 97.
LES ORIGINES DE LA GRAVURE SUR BOIS. 91
a pas, en matière de gravure sur bois, d'art laïque au xiv^ siècle;
il n'apimi'aît, dans la série des estampes de la Bibliothèque Natio-
nale, (|ue dans la Ballade des chapeaux (Catalogue de M. Bouchot),
unti pièce de basse époque. En Allemagne, si Ton en croit
M- Firmin Didol, Essai typographique et bibliographUiue sur la
gra^vure sur bois, le premier livre illustré laïque est la Chronique
flfe? Nuremberg (1492).
Il appartient donc à notre sujet d'étudier la technique, Testhé-
liLïtje qui a présidé à la naissance de chacun, et de préciser la
dat.e des costumes dont sont couverts les personnages. C'est
aii:isi qu'a pu être fixée, de science certaine, l'époque à laquelle
rei3nontent les premières gravures sur bois, le pays où elles ont vu
le jour et les établissements où elles ont été faites.
M 1 ne nous est pas possible de citer in extenso les discussions
pl#3înes d'intérêt présentées à l'appui de la thèse : nous nous
co Patenterons d'en résumer quelques-unes.
M^orsqu'on regarde avec attention le saint Christophe de lord
Sf>^?încer, découvert à Buxheim près de Meiningen, on reconnaît
qui "il a dû être imprimé en deux fois, comme beaucoup d'analogues.
Uinscription qu'il porte perd, dès lors, toute valeur documen-
tai i^e en ce qui concerne la date et le lieu d'origine du dessin au
pi^d duquel elle avait été apposée. Rappelons que cette inscription
es^t. écrite en caractères gothiques, qu'elle contient la date de 1423
et c^ue les partisans de l'origine tudesque de la xylographie en ont
feit^ leur principal argument ^
Si donc la lettre et le dessin cessent d'être considérés comme
contemporains," on peut légitimement chercher dans l'examen
esthétique de la composition le secret de la date à laquelle elle
reiBonte.
Que voyons-nous donc dans cette gravure 2? Le Saint s'appuie
sur un palmier, arbre que ne connaît pas la froide Germanie. Les
inontagnes du fond sont traitées dans une technique qui dénote
""^ inspiration italienne. L'analogue se trouve dans un dessin de
Pétrarque, déposé à la Bibliothèque Nationale et représentant la
foojjaipg de Vaucluse. Ce dernier dessin contient des eaux courantes
^^priinées par le même procédé que celles de la rivière traversée
P^^ le Saint dans la gravure de Buxheim ^.
. Bouchot, op. cit., pp. 11 et 23.
^ Jbid.. p. 12.
Bouchot, op. cit., pp. 12 et 13.
92
IIËWR UARILL.ON.
L'origine germanique sst donc dcstiluée de toute vraisemblance;
l'antiquité du document cesse d'être démontrée ; nous nous
trouvons en jirésence d'une pièce de basse époque, dont l'estlié-
tique, visiblement niéridioiiaie, confirme l'hypothèse d'un courani
larti d'Avignon et aboutissant un Allemagne, en passant |)ar le.'
monastères franc-comtois.
Lorsqu'on se demande de quels Saints le souvenir a été com-
mémoré dans les incunables, on est amené à reconnaître qu'ils
appartiennent à la région où l'on parle la langue franchise et
qu'ils renferment des allusions à la vie des monastères franco-
bourguignons.
Un évêque martyr, dont les doigts sont percés d'alênes, avait
été baptisé allemand et appelé saint Cassien >. Il lîiut désormais
admettre qu'il s'agit de saint Bénigne, patron d'une abbaye dijon-
naise, étranger au martyi-oioge germanique.
Sainte Gertnide *. Iltle de Pépin d'Héristal, protectrice df
Nivelles et de Bréda, apparaît aussi en cHigie dans l'un de nos
incunables ". Les Allemands ne sont pas fondés à la revendiquei
comme leur compatriote.
Le style de la pièce contredit nettement l'inscription en caractère*
allemands qui accompagne la gravure. Cette inscription est visi-
blement interpolée.
L'un des monuments les plus curieux de l'histoire de la gravuit
est celui que conserve le cabinet des Estampes de Paris. Il porlt
une inscription contemporaine du « bois «qui a servi à l'iniprimei
et sur laquelle on lit : S. Claude. La nationalité franc-comtoise à(
ce Saint ne peut être révoquée en doute. Il a donné son noir
il une abbaye du Jura, où étaient déposées ses reliques, et c'est
précisément à la châsse contenant ces dernières que Mt allusioD
l'un des deux sujets représentés dans celte pièce. La compositîor
est d'une invention naïve. Des jeunes gens habillés, coiffés à la
mode française des débuts du xv siècle viennent en pèlerinage au
tombeau du Saint.
L'autre sujet contient une aigle à deux têtes, Or (v. Bouchot,
op, cit.. p. 19), celte figure héraldique sur fond d'or, caractérise
les armoiries de l'abbaye de Saint-Claude, qu'on disait fondée ^r
Saint Romain. L'aigle à deux têtes étant, d'autre part, l'emblème d
LES ORIGINES DE LA GRAVURE SUR BOIS. 93
l'Empire Romain, nous nous trouvons presque en présence
d'armes parlantes.
Il ne s'agit pas ici d'une bordure ou d'un cachet appliqué après
coup. L'écussorî héraldique occupe presque toute la page. Nous
avions sous les yeux une pièce fort ancienne créée par ou pour
l'abbaye de Saint-Claude, dans le Jura français. Jamais un dessi-
na tciur de l'autre côté du Rhin n'aurait pensé à ces allusions,
toutes naturelles dans le lieu où le corps de Saint Claude était
véinéré K
J-.es costumes qui figurent dans les incunables ont été, de la part
de JM. Bouchot, l'objet d'une étude très attentive. Muni de types nom-
br^3ux de comparaison que lui offrent les statues, les miniatures à
dat.4rî certaine, il est parvenu à fixer, à vingt-cinq ans près, l'époque
à Isà quelle ont vu le jour la plupart des pièces qu'il considère.
l^à encore son examen aboutit à la conclusion que les
docîuraents sont français, et que beaucoup remontent à la pre-
mière moitié du xiv*" siècle. Pour ne citer qu'un exemple, signa-
le i:^ s comme un signe de parenté incontestable avec les œuvres de
Beî'Sriuneveu les barbes disposées en lyre '^, les plis souples formés
pî^i^ (les étoffes de laine. Lorsqu'on aperçoit ce dernier signe, il
feut: conclure immédiatement à une origine française ^. Tout le
monde sait, en effet, que la raideur des plis est un des caractères
si&nillcalifs de l'art tudesque.
I-.es pourpoints tailladés, fermés au moyen de gros boutons,
^F^r>artiennent aux années qui s'écouient entre 1380 et 1100, et
à Is France.
I-â certitude s'affirme plus nettement encore lors(|ue des détails
^^ cîostume se rattachent à des souvenirs historiques locaux, surtout
2 <lcs faits relatifs à une abbaye dont on sait par ailleurs (|u'elle a
Produit des xylographies.
r)ans une gravure représentant le martyre de saint Sébastien, le
^'^^f des archers est coiffé de ce bonnet oriental qui fut d'abord la
li£4x*e des Empereurs d'Orient, puis, modifié par l'addition de galons,
<l<^i^na naissance à la mitre des évéques. Sous la forme qui apparaît
<l^ns l'image du Saint Sébastien, cette toque était celle des officiers
P^^lonais ou hongrois. Un manuscrit appartenant au prince Czarto-
^ Bouchot, op. cit., pp. 82, 83 et 152.
^ Bouchot, op. cit., p. 148.
^ Bouchot, op. cil. passim, et notamment pp. 110 et sqq.
94 REVUE MARILLON.
riski et datant de 1420 à 1430 le fait voir sur la tête d'un duc de
Cujavie K
Or, aux environs de 1380, un seigneur portant ce titre, Wladislas,
avant d'aller nfiourir à Strasbourg, vint chercher le repos dans
l'abbaye de Saint-Benigne à Dijon, au centre même du pays où se
faisaient les gravures sur bois. Il devint même abbé de ce monas-
tère. Tout porte à croire que le dessinateur, lorsqu'il affubla le
chef de ses bourreaux d'un bonnet exotique, s'inspira de la coiffure
du duc de Cujavie, réfugié en Bourgogne, dont la tournure et le
costume avaient frappé les imaginations, que le monde instruit
appelait dux abbas Foloniae, et le populaire, le roi Lancelot.
Dans l'ouvrage de M. Bernard Prost sur le Trésor de l'abbaye de
Saint-Bénigne de Dijon, M. Bouchot trouve la description d'une
châsse, dont l'ornementation comprend le même saint. Cette châsse,
les armes qu'elle porte en font foi, a été probablement donnée par
le même roi Wladislas ; elle démontre que l'exilé aimait à invoquer
le souvenir de ce patron des militaires.
Dans ces conditions, l'allusion se précise, et donne créance à
l'opinion que la pièce de Munich a été créée précisément pour
rappeler le souvenir du duc de Cujavie, d'abord hôte puis abbé de
Sainte-Bénigne.
Une démonstration décisive est celle qui résulte de l'examen
d'une pièce fort ancienne découverte à Tegernsee, en Bavière, et
que les savants allemands s'étaient empressés d'inscrire à leur actif.
De très grand format, cette gravure représente le crucifiement,
et contient trois figures. Des deux côtés de la croix sont imprimées
les armes de l'abbaye bavaroise. Plus bas on lit ces mots, écrits à
la main : Attinet mro Tegernsee.
De ces deux indications, ajoutées à la présence dans le même
lieu d'une quantité d'estampes anciennes, on avait conclu, non sans
quelque apparence de raison, à l'existence d'un atelier producteur
de ces images.
M. Bouchot reprend les pièces du procès. Il examine attentive-
ment la gravure et constate que les deux empreintes des armes de
l'abbaye sont identiques et superposables. C'est donc un cachet
unique qui les a produites. Elles n'appartiennent pas au bois, qui
reproduit le dessin. Si elles constituent un signe de propriété, on
1 Bouchot, op. cit., pp. 138 et 199. Discussion delà pièce : le Saint Sébtutien
appartenant au Cabinet des Estampes de Munich.
LES OKIGINKS DK LA (;nAYrKF: SUR BOIS. 95
ne peut voir en elles une signature, encore moins une marque de
fal)ri((ue.
Quant à rinscription manuscrite, elle s'explique, s'il s'agit d'une
pièce rare et précieuse qu'un bibliothécaire soigneux cherche à
prolt^er contre des soustractions possibles. Elle est incompréhen-
sible, si le monastère en possède d'autres identiijues, si surtout il
détient la matrice qui permet de s'en procurer indéfinimtMit de
seml)lables.
Loin donc de confirmer la thèse de l'origine allemande, cette
jçi-civure vénérable donne raison à ceux qui pensent que les monas-
tères rhénans ou bavarois n'ont été, dans la question des incuna-
bles, que des entrepositaii'es, si l'on peut ainsi parler, et non des
proiiucteurs, encore moins des créateurs.
Gaétan Guhxot.
'^remipre année. — N" 2.
ARCHIVES
DE LA FRANCE MONASTIQUE
EVUE MABILLON
I
sonHftinE )
Dum Resse. — (.'Onlre •\v Ciiiiiy r^i son t'oi
ïcrnmncnl ovUn.
07
Dum AxuoTEH. - Le Uréviaire >le Smni-Ucn
s-co-France
1.10
i
1^8
PAlllS
Ulbrnirle Veuve Ch. POUSSIELGUE
It, HUE CAB8ETTE
1905
Doui Beulière : Corres|ioti (lances héin-dirtines,
■ Dmn Besse : Los BéiiAliclins de Saitit-Maur au oullùf^'
Thoisscy.
G. (iuiLLOT : Anne d'Autriche et le Val-de-Gi-ûce,
Id. C«rémoiiies l'unèlir^îs iKiiir les membres <Ie hi famille |
royale h l'nbbajie du Val-de-Onîcp.
I,. JÉRÔME : Quekjiifis t;orres|Hjndants lif;nddicUnB de la Confina J
galion de Saint- Van ne.
M. 1/'» derniers chapitres généraux des Bénédictins dsl
Saitit-Vanne de 1768 il 1789.
Ilvr.voix DE Landole : lUi aj^nt df la Congrégalion de Sainl-
Maiir auprès de la Cour de Rome, Doin dfl VïcJ
Dorii VvEs Laurent : Les réibrmea inona8lif|Ues de Saint- 1
liermain-dcs-Préa au xvr siècle.
Lkvillain : Notes sur l'ablmyo de Conques.
Martin : Livres liturgiques de l'Ordre de Cluny,
Vankl : Bainzt;, prieur de Taluyers.
Définitions des Chapitres généraux de l'Onlre de Cliiny.
Chroniqu'.' Iiililiograpliiqne pour l'année 1905,
Tout ce qui concerne la direction de la Revue Mabllloo,
doit être adressé au R. P. Dom J.-M. BESSE, Béi
dictin de l'abbaye de Ijgugé, à Chevetogne, par Zidignon, |
province de Namur (Belgique).
L'ORDRE DE CLUNY ET SON GOUVERNEMENT
(Snite)
II
M^em €uhapltro8 §;énérmix
Les abbés qui avaient sous la dépendance de leui' monastère
des prieurés ou des maisons dans lescpu^ls vivaic^nt qurlcpn's-uns
de leurs n.'b*gieux, convoquaient tous les ans les prirurs (»t supé-
rieurs et leur demandaient compte de leur j^estion. Ou mi saurait
dire quand et où ces assemblées aimuelles oui cnnnnnicé. Klles nr'
furent pas assez générîilement et univcTst^llemcnt pratiipuM's pour
qu'il y ait à y chercher une institution réj^ulicrc tir Toi-dn;. (li»s
réunions, qui recurent dans la suitt^ le nom dv ChapitreH ynurau.v,
prirent chez les Cisterciens une imporlanci» considifrabif. Cr fut
l'un des moyens de gouvernement h*s plus rllicacii'S admis par la
célèbre Charte de charité. On nTonnnt vilr leui' iitiliti». I.rs abhés
bénédictins de la province rcclésiaslique de Krims voulunMït fairr
|K)rtiei|)er aux civanlages de ces remuons 1rs monastères iMfm'dic.-
tiiis. Un pi*emier chapitre fut conv(>qu('* rn IKij. R(mie (Micnuraji:i'a
celle initiative». D'autres assend)hM's suivinMït. I.es papes comprirrnt
le profit que Tordre df^ Saint-Benoît pourrait en rctiriM*. Nonc(nitrnis
d'a]»prouver et d'encouragiM*, ils prescrivirent et orj^^anisèrent la
tenue des chapitres généraux, de tellr» soiie qu'au xiri" siècle ils
étaient entrés dans Torgîmisme de Tordre hénédictin K
Innocent 111, les Pères du concile i\o I.ati-an illilTi) et Cn^^oire IX
avaient rendu Tassistanct» à ces cliapiti'es ohlij^îiloire pour t»)us li*s
* Lrs Ckapit/YS g/v/rnux df r ordre d*' Hniikt-hruutt urmit h' /l'*' roiinlr df
Lairtin, par Uoni rrsnier HKiu.iKitK (Rith»' h(',u'dirti,it\ 181»1, :2.V)-i<il . /o-
Chapitres g^n^rtiux df l'nrdrr dr Stihif-lifunif du \///'' au W' sn'rh'. \\,\\ h-
rncime ilhid. IHW. r>ir>-.'>i7 . - Vhnpitrt'n fit^iu'nwj' dt's timiuisfcn'a hi'ii**thrfnts
lUfS prorinres df lieiuts ff df Sfiis \iii''-xv . \y.\\' I<» iiiriiic i Ihivunicitta int'difs
pour servir à rhisfotff frrl^sitistnfUf de ht littffiqi"'. M;in'«lM)iis. IK!>i, iri-M.
58-117). - L^ft Vhapitrtfs gémfravx df l^Ordrr d»' Smnf-IirHUît. |):ir h' lurnir
( M^angf s d' histoire hfyiédicthir, i" srrio. ManMlsmis. lîïoi. in-x. -irlAM .
7
ahjjés el prieurs bènédiclins. Los monastères clunisles, qu! étaient
par le fâil de leur soumission à Tabb^ de Cliiny. dans une silualio-
particulière, ne se crurent jamais altetnls par ces prescriplion^î
Le \»a\>c Alexandre IV eut soin de le déclarer dans une bulle d
13 février 1256 '. Lorsque Grégoîri" IX voulut leur imposer c«lU
iuslitulion, il s'adressa din>ctemenl :'i l'abW et aux moines de Glun^ *
(28 juillet 12311 '. Ce n'était point eliose nouvelle pour eux :>
Pierre le Vénérable, qui fut l'un di*s premiers â comprendre \es.'
avantages de l'organisation monastique adoptée par Glteaux, réunii '
en chapitre général les prieurs des monastères de son ordie. 11^
vinrent au nombre de deux cents; un grand nombre de moines les^
accompagnaient (1132). L'abbé de Cluny promulgua devant eus les*
règlements d'une réforme, qui lui parurent, à l'expérience, un pi-u
sévères. Il les renouvela dans la suite, après avoir atténué leurs
prescriptions trop rigoureuses ". L'abbé Hugues V, qui rédige:iit
ses statuts en l'année 1200, avait ordonné la célébration annut'tle
des chapitres généraux, oii les fautes des su[)ériQurs cl des religieux
devaient être corrigées et punies conformément à la loi de Dieu,
à la règle de saint Benoit et aux statuts de l'ordre; on y prendniil
ensuite^ les mesures que demandent le salul des âmes, la conser-
vation rie l'ordre et l'intéi-ôt des monastères *. Ce règlement n'est
pas le témoignage le plus ancien qui nous soit conservé de l'eiiis-
lence des chapitres généraux à Cluny. Dès le 1* juillet H82.
Lucius III écrivit aux évéques pour se plaindre des malfaiteurs qui
molestaient les moines se rendant à ces assemblées *.
Les chapitres qui suivirent immédiatement la bulle de Grégoire IX
.*J
1 Sullarium Cluviacnuie, 126. Rfgùliri d'Atexandri- IV, [lariiE l« Homciére.
n»<138.
* (il (irimis slaUiimiis ul tjeiierule cupilulutn iibhuluin el iihorum liiiu rou-
vetitualiumquani TninorNtnr.luniacensiiianlinisuimd riluiiiuciiiDKinguIisaniiis
relebretur... ad instar CUIerciensis oritinis relebrttur. Rfgiilr» de Brégoirr IX,
\i»r L. AdVHAï, n" 7*3.
^ M<tBiLLON, Annale» BénédicUne*. vi. £U'3I3. L'auteur reproiluU un r^il
il'Orileric Viial i|Lii nvait pris piirt à la n^union. ffislorin /rrlftùuUea, I, xill.
Pnt. M. CIAXXVIII, 93S-»38.
* Uiiximus slatuendiim ul générale (.'npitiiluni omnium |irlurum tum conven-
iiiHJiiim quam minorum Cluulaci siiigulis untiia celebreUir. ubi sine arreplioae
persunurum.secunduni tteumetBenedicti repilam.etdlunlacensisonliniit [nsli-
liila, (telinquetilium rorriganturexcessus. eldesaluteanimariim.conMrvatioDe
urdliiis el doitjorum IndemiiitaCe irai'lelur, et slalualur quod Aierit rcgiilariler
titatuendiim. Hugonit V italufn, BibUolheca CIvrtiaceniiM, 1171.
6 Bullnrlum Ctumacaae, 38. Recueil lUt charlei de Citttiy. a- 4Î89. t. V. KM.
l'ordre de cluny et son gouvernement. 99
n'ont laissé aucune trace dans Thisloire. Le premier connu eut lieu
en 1259. Il ouvre une liste qui se prolonge, malgré quel(|ues inter-
ruptions, jusqu'en 1788. Nous possédons les procès-verbaux de
trois cent dix de ces réunions. C'est le chitlre donné par M. Al.
BriJel dans une consciencieuse étude, que nous allons mettre
largement à profit ^ Ces textes sont manuscrits pour la plupart,
quehjues-uns seulement sont imprimés; ils apparticMment au xvir
et au XVIII* siècle, sauf un petit nombn* d'une époque antérieure,
f|ui sepiblèrent plus importants. Les documents manuscrits ont été
copies sur les originaux au xvir ou au xviir* siècle.
F^e recueil des chapitres généraux, conservé à la bibliothèque
du palais Bourbon et à celle de l'Arsenal, provient selon toute
probabilité du prieuré parisien de Saint-Martin-des-(lhanq)s, où
résidait le procureur des Clunistes de l'Étroite observance -. Le
tonicz* VIII de la collection du [)alais Bourbon renferme trente-cinq
procès-verbaux allant de 12o9 à 1311 ; le tome IX, dix-sei)t de 1812
à i 33C). M. Morand a publié celui de 1323 d'après l'original conservé
•'* la Bibliothèque Nationale ^. On en trouve vingt et un dans le
^^'"o X, de 1337 à 1368; vingt-trois dans le tome XI, de 1309
^ ^ ^^2; quatorze dans le tome XII, de 1393 à 1409; cinquanttwJnq
<^aris le tome XIII, de 1410 à 1479. Ceux de 1410 à 1571 se trouvent
ïians. le recueil de l'Arsenal. Les textes de neuf de ces chapitres
^rtt êt:é imprimés au xvir siècle; ce sont ceux de 1290, 1324, 1399,
14-^»^ loOO, 1501, 1507, lo65, 1571.
ï-^s chapitres de 1600, 1626, 1627, 167(), 1678, 1695, 1()97 (»t
prt*5^ j^^ tous ceux du xviir siècle sont également imprimés K Ceux
^^^s chapitres géiiéraux de V Ordre de Qluny depuis le XI IF jusqu'au
-^V"« siècle^ avec la liste des chapitres qui se so'nt conservés jusqu'à nos jours,
par ^vi . |{R, EL (Bibliothèque d^ VÈcole d^s Chartes, xxxiv, (1873, :>4:2-:>7y .
■— ît bibliothèque du palais Bourbon possède une collection de 33 volumes
'* ' 5SOUS la cole H" 89, portant ce lilre : Chapitres généraux de V Ordre de
**^, enregistrés sur lettres patentes conjirmatives de ses privilèges et statuts,
^ plusieurs arrêts du Conseil d'État, du Parlement et du Grand Conseil et
^•^ actes pour VOrdre de Cluny. A la bi])liolliè(|ue de l'Arsenal, Chapitres
^, ^^**^ux de VOrdre de Cluny avec plusieurs a rrests, 13y;i-l(>:27. C.od. 777-778.
' j ^^ qui est conservé aux Archives ualionales, à la Hibliollièque Nationale
^ ^ ^**inte-Geneviève, v. Briel, article cité, luUu±
^-^ijjlnitiones capituli generalis Cluniaceiisis, Paris, hnp. nal,. 1872, in-l.
r> trîjii des Mélanges historiques, t. 1.
^*^apitres généraux de r Ordre de Cluny, enregistrés sur lettres patentes
^ ^^ '^hiatives de ses privilèges et statuts; arec plusieurs arrêts du Conseil
^*^<>^ dM Parlement et du Grand Conseil: et autres actes pour l'Ordre de
100 rkvi:e mabillon.
qui restent inamiscrits se trouvent dans les recueils de TArseï"^
ou du palais Bourbon K Ces procès-verbaux forment un cnsenUi»'
très préci(nix pour l'histoire de l'ordre de Cluny. M. Ulysse Robert
travaillait depuis vingt années à en préjiarer la public>alion, (j^
devait (Hre laite par le Comité des travaux historiciues. I^es copient
étaient prêtes, les renseignements néc(;ssités par l'annotatio -
réunis rt l'introduction terminée, lorsciue le savant éditeur fi»
enl(»-vé par une mort subite ^.
Les moines de Cluny avaient (extrait de leurs chapitres généi*au^
les (lécisit)ns ([ui intéressaient plus particulièrement la discipline?;
régulièn; et le gouvernement d(î l'ordre. M. Al. Bruel s'est servie
pour son étude, d'un recueil formé au commencement du xvir siècltrf
par un n^ligieux anonyme ^. La bibliothèque de l'Arsenal en jmssèdt»^
('hniy, Paris, 1717, in-ibl. - Artus rapituli generalis Cluniacensis avni I6i6.
EjHsdeM in nirnum qupuiîihet, arprimuM I6i7, ad diem solituM dumhnctp tertio
po»t Pffsrhfi relus, pereniptorie repetita, indictio .9 mai IHiH.. s. I. ii. d. iii-i.
Pithîiratio cftpituli grneralis ordhiis Cluniacmsis (31 mars lH7(r;. s. I. n. «I.
iii-i. [ndirtio capituU generalis amii 1683. Capitulum ge^terale ordini»
Cltmiacnusis, nnno Domini MDCLXXXV, s. 1. n. «I. iii-4. — Capitularia gène-
ralin sficn ordinis Clwninmisis habita annis i6H3 et -tSBS, suh seremssiiAO
priiicipr ne ehiiiientissimo cardinale huîîionio, abbate, Parisiis, 1($9i, in-i. —
Capitulum générale nacri ordinis Cluniacensis, Parisiis, in-i. l({7t>, Ui78. KWW,
1717, 17-JH, 17:i(>, 17:iî). 17(>:2. - Actes du chapitre g/n/rai de l'Ordre de Clung.
Avitrnon, in-i. 17i:», 17:2H, 17:>:j, \rM\, 17;>», 17H2. 17(m. — Capitula gmeralia
sarri ordi'itis Cluniacensis. habita annis 1685. 4693, 1691, 1701 et 170 i. sub
sereni}(siuio principe et einine^Uissimo carditiale Bullwnio.... Acresserunt qute-
dam alla instrumenta, Paris. 17()i, in- 1. Mémoire serrant pour l'exercice de
la Jiiridiction de JA le card. de. Bouillon.... Composé par M. Ant. Le Vaillam.
Arec tous les chapitres généraux dudit Ordre de Cluny, lettres patejifes. brefs
du Pape, olr., Paiis. 170;), in-i. Actes concenutnt ce qui s'est pas.té au
chapitre général de l'Ordre de Cluny, assemblé le 7 octobre I70H, Paris. I7(>9.
in-i. Procès-verbal du chapitre général de tout l'Ordre de Cluny, le septième
jour du présent mois d'octobre de Vannée 1708. s. 1. n. d. in-fol. - Procès-rerbal
du chapitre géytéral de l'Ordre dr Cluny, tenu en l'af)baye de Cluny le dimanche
dix-huitième d'avril 1717 s. I. n. d. in-i. — Procès-verbal du chapitre général.
d^ l'Ordre de Cluny, tenu au Collège de Cluny. à Paris, le 26 septembre 17 tH.
.s. 1. n. d. in-i.<:os docnnionls se Irouvenl à la Bibliolhrijue Nationale, LD'^^iJMîi.
^ On pont so rapporter an lablean par ieipiel se termine l'article «le
M. Ilrnel. .>7r;-;>7».
2 M. riysse llohert avait déjii pnblié (inehjnes extraits de son travail :
État des monastères espagnols de l'ordre de Cluny aux XIIP-XV' siècles
(Bote tin d^ la real Acadrmia de la historia, Madrid, XX, 1891, 3i 1-431;. État
des monastères franc-i'om lois d-e l'Ordre de Cluny aux XIIP-XV* siècles, d'après
les actes de visites et des chapitres généraux, Lon.s-le-Sannier, 18Hi. in-H
(extrait «les Mémoires de la Société d'émulation du Jura, 1881).
8 Bil). Nat. coll. Bourgogne, 90.
IIEVIK SABrLLOS.
S3iiit-Martin-<ies-Chaini)S(ki Paris. La plupart dps autres, a l'ahlia;;
même de (îluny.
Ces réunions, annuelles dès l'origine ', se succédèrent réguliê
ment depuis le milieu du xii" Rièeli' jusqu'en l'année 1S71. Il dul
avoir interruption de 1543 à 1346. Les défmiteups de ce démit
chapitre supplièrent l'abbé de se montrer plus exact à l'avenir ^^'
Les autres lacunes que présente la liste dressée par M. Bruel*-
proviennent soit de la perle des procès- verbaux, soit d'une oinissior^
du chapitre général. En somnie, la régularité de ces asseniMi'' — =-
annuelles, pendant un si long espace de temps et â des époques -;[«■
troublées, atteste les efforts de l'abbé de Cluny et des prieius di-s^
l'nrdre |iour maintenir l'unité parmi eus, I
La suspension qui va de 1571 à 1626, interrompue seulement
jar le chapitre de 1600, coïncide avec le malheureux abbatial de
Dnm Claude de Guise, les guerres de religion et la Ligue. Clunj' ne
sourt'rit pas moins de ces troubles que les autres institutions
religieuses de ta France. Les ruines morales ne furent pas relevées
sous le gouvernement du cardinal de Guise, Louis de Lorraine^
neveu et successeur de Claude (1612-1624). Avec Dom Jacques'
d'Arbouze et les réformes dont il fut le promoteur, recommence la
tenue régulière de ces assises monastiques. Mais elles lurent moins
fréquentes. Le chapitre de 1645 décida qu'elles auraient lieu tous
les trois ans; ce qui était en usage depuis 1638 '. Il y avait dan^
l'intervalle des réunions moins importantes, eonnues sous le nom
de diètes. Ces modifications furent empruntées aux Bénédictins dS
Saint-Maur. On demanda, eu 1663. que les chapitres eussent lieu
tous les deux ans ', et en 1676, tous les ans *.
' Anni.s singuli» celebretur, est-il dit ilans les stululs Ue l'ulibé Hugue&i.'
V. Bmiotkeca Cluniocemi», U7I, et clyns la ButU dif Orégoire IX.
■ Exoramus R. D. abbalem nosCnim ut |ira stimina uUliiale mw religionis et
nianuienlione bonorum morum utque obedieiili;? eonlinualione, raciut si»'
gulis Htinis Rupiliilum (^erule aui ordiniii, juxta l'ormam unli'iuain et ilecrels
sununonim iMiDlilicum. Acta da chapitre d* 45iË.
s Eritslngulis trienniis rapitulum générale. SI R. K. Puires dieto' exr>e(liil
j II (I ira vérin t |jro|)ler emergenlem aliquam neeessitalem raiiituliim geoeralfl^
anie (leslinuluni iem|ius pro bao vire laiitum convocare poterunl. Aetei 4m
chapitrt lie ISiS.
* Singulis bientiiis ceiebrabilur ca[iitulum générale, domitiira JitMnIt lit
posl Pascha. Aclft du rli/tpUre dt 1853.
^ I]lrius<|ue observanlix reliRiosi in iino eodemiiue capiLiilo ^'enerali ijitod',
singulis annis célébra tiilur. in loi'o ei temporu el modo |)er sUiliita generalït
ordinalis, «nill el conjuiicli remanebunl, sicut in uno eortemque •lefflaiiorio U.
[■ KT SON i;niH'KI<NKMBNT.
Ce retour à la tradilion fui éphémère, car il n'y eul ensuite de
^-«^•-•nions qu'en lfi78, 168.^ el I69;i. Dans celle-ci on revint au
tr-i«ïiinat ^ Ce qui fut conliriné en 1717 et i73B. Mais, en pratique,
t's*t:»\)é de Cluny, qui convoquait et présidait, ne craignit pas de
i-«5tanler qufiques-unes de ces réunions, pour sa commodité
j^^x'^nnelle.
I<es déliniteurs du xvir et du xviu' siècle recommandèrent
ffr-«3<iueiiiinent de lixer l'ouverture de ces assemblées à la date
t*-^<lilionnelle du troisième dimanctie après Pâques. Ce n'est pas
«^^^"«iidant celle qui fut acceptée au début. Hugues V parle du
«iî«-*ianche OcuU, deuxième de Carême ^ Il ne fut pas toujours
j3<z»ssible avet^ les abbés commendalaires de conserver une époque
<i^t.«nninée. On dut s'accommoder de leurs exigences. C'est ainsi
«-ï»j«3 les chapitres commencèrent le l(i novembre, en lfi33; le
-^r ortobi-e, en i636; le 27 juin, en 1642; le 17 mars, en 164B;
Icî -1 " septembre. en i6Sl ; le 20 juin, en 16ofi;le 17 janvier, en 1662;
\« *T novembre, en 1665; le 16 août, en 1676; le 7 octobre, en 1708.
l-*s mombn'S du chapitre devaient être présents le samedi qui
prtîcédait ie jour de l'ouverture, mais pas avant, à moins d'une
rnison grave '. Il.s restaient jusqu'à la lin. Comme nul règlement
le fixait la durée des réunions, le nombre et l'importance des
^flfàires les disaient quelquefois traîner en longueur. Plu.sieurs
Pf»uvaient s'en plaindre l^itimement. Alors un prieur pouvait
obtenir ai.sément la permission de partir dès qu'il avait entendu la
^nieiice des déliniteurs sur sa maison *. Cette permission était
ac«o»*(iée par le prieur claustral, assisté d'un délégué de l'abbé *.
V'Kiinîne. Régi clirislianissima humillier supplicabUur ijuaieniis loti ordini
"iiiaceiisi iiroterlioiiem Kium imperlire dipielur, ut oapituJa tE^neralia
. "idiiin unlînis ataluta sin^vlis annis celehr-iri pDs.sinl. Aclfi du chapitre
^st]iiluJa geiieniliacelebrabunturiD poslerum sin^'iillii Iriennlii Dominica J[l
V^t l>astha. AcU$ du chapitre de <693.
^in^ulls annis, Dominica socundx hebdomadic Quadraj^es[ina'. <|U3 rati-
,**•■ onieiuni Otuli taei lemper, (rapilulum decrevimus relebrari. Ifugonit
»***"■ BittioUteca Cluntatensit, U7).
, Itihilientes ne leiiipore dii.-li l'apiluli geiieralîs inlrenl Cluuiacuni anle
&>liatn rnpiluli. uisi ex gravi causa et raticinabili abquis ipscirum cunipel-
'^'^'■Ur inirare. Benriei I italula. Bibliotheca CluitiacetuU, 1533. Ce qui fui
^«Ouveli^ au chapitre de liM.
VeiiienieN ait rapilulum générale debenl venire die sabbali Domiiiicam
''*U>tiili pneredente, el non ante, el non debent recedere nisi capitula
*"*'*t>n(lo. pelilu liceijtia el obtenta. Ac le* du chapitre de tiSS.
Benrici Mtuttfln Bilitiotkeca duniaeetuu, itiiiA.
Uva circonstances plus Tortes que nos volontés ayant einpi>chda
l:i ri-vision des i^preiives pour une partie du premier numi^ro
l;i liftiie Miihilion, il en est résulti^ notamment dans la Note ^
i]ui-Iiiui's ;ilibés de Saint-fleuis et dans l'article sur le Calendriei
lii' Saini-ltcnis, un certain nombre de fiiutes assM graves (jut; nousj
tiiiuns â i-ectitler le plus tôt possiMe.
C(irrigenila dans la îiole sur quel^ueti abbés de Hainl-itenUi.
I^ugu U. n. \i\i mettre lux mots avec l'iibréviution d'une nasule m Ualiques.
— a. (h) et n. {i) à triiinier à la piigc mivanle.
I';ige ità, liit'icB 8 et 9, lisez : la substilution... n'était peut-^trc point
lin Tait accompli.
l':ii!'t M, n. i. SidisUtuer au texU de cette nttte le te^te suiva'U :
Chnm. brève. S. Dionysii ud cgcl. pasch., a. 1005 : Obiit Itobfttut
abhas..., 6d. Berger, p. 375. ~ Le manuscrit de Rome Reg. lat. 309
|H>rto : Obiit Hotbertm abbas tancti Dyonisi. Les lettreti nixi
sont ôcriteH au-ilessuB do la ligne et du la {iremière syllabe : Dyo.
Itcslc imsiible la supposition qu'il s'agit eii 1005 d'un
Salnt-l)eiiis autre que llotiert U i-t inconnu par ailleurs. Nous l'(!<cat^'
Ions uomni'> gratuite.
Paefi W, n. 2. ligna 8. currigei : Uirï, La émotion de Rueil....
l'ago 49, n. i, corrigez la disposition, au lieu de, : le dispositir.
— n. 3, ctnr. les passages, au lieu de : les ouvrages.
Page ao, ligne IT : et serait seulement, corrigez : et ce senit aeulem^t.
— ligne 48 : commism, corr. .- annmûuii.
— n. i, ligne 3 : n. 3T. corr. : n- 37.
— u. 3, ligne â : n. «82. corr. : n- *1»i.
Page .SI. ligne n : c'est à («tte que..., wrr. ; c'est a celte owasion que...
— n. I, ligne 3 : secteur, corr. : Sackur.
— — ligne B : WiUe. corr. : Mille.
— n.3:(iOI,(»rr. :991.
Piige VA. ligne 13 : par le diplôme, cmr. : pour le diplûmc
— n.*:n. 10, (Wir. : n" 10.
— n, .1 : n. 1*. «jrr. : n° t«.
I>agc,t3. note: XIV kal.december. Ob. Adelaidis reginii.rorr.: XIV kal.
decembr. Ob. Aelaîdis reginn.
— n. 1. ligne I : n. XV, corr. : n" XV.
— — ligne î : p. I, n. X, rmr. : p. i.x\, n" 33,
— n. 8. ligne 1 : Vid.. nin\ : V. id.
l^ige 5i : liestituer etittv Odilon et Albert In mention .- Vivien, ordonné
en 1008, mentionné par un diplôme du 17 mal 1008, mort le!) nu
le 10 août d'unp année inconnue.
i
L*ORDRE DE CLUNY ET SON GOUVERNEMENT. 105
renouvelée par Grégoire IX dans sa bulle du 28 juillet 1231, pour
la réforme de Tordre ^ On ne s'empressa guère de répondre aux
injonctions du pape; il lui fallut donner à Tabbé et au [)rieur de
Sâint-Élienne de Dijon et à l'abbé de Cîteaux la mission de
contraindre les récalcitrants à obéir -.
Les prieurs dont les maisons appartenaient à un monastère de
l'ordre ne furent pas soumis à cette obligation. Cela résulte claire-
ment des statuts de Hugues V et d'une bulle de Nicolas IV que
nous citerons bientôt. Ce fut aussi la pratique constante de Cluny.
Ces prieurés avaient cependant quelques droits à figurer dans une
certaine mesure au chapitre. On admit, en conséquence, deux
prieurs conventuels dépendant de la Charité-sur-Loire et un de
î^aint-Martin-des-Champs ^
On s'aperçut promptement que les réunions annuelles devenaient
pour les prieurs des maisons éloignées une charge très onéreuse.
beaucoup même se trouvaient dans l'impossibilité maléri<^lle de
^3're des absences aussi prolongées et aussi fréquentes. Nicolas IV
codifia en leur faveur les règlements de Hugues V et du [)ape
Grégoire IX. Les supérieurs des monastères clunistes situés en
Angleterre, en Espagne et en Italie, ne furent tenus qu'à une
présence triennale (1289) *. Les statuts anonymes se bornent à les
^'^sponser d'un chapitre sur deux ^. C'est la disposition adoptétî par
''abl)é Henri I «.
Les prieurs qui, pour une raison de santé ou pour tout autre
'"otîf grave, jugeaient impossible de se rendre au chapitre.
P^ï't inentes, accedere volumus, etiam non vocalos. ffenri V statuta. Bihlio-
t^^^n Cluniacensis, U71.
^ ... slaluimus iit générale capitulum abbatum et priorum tam conventua-
Ijum quam minorum Cluniacensis ordinis ... celebreliir. Registre de
^^^Qoire IX, par L. Auvray, col. 469. Bullariurn Cîuniacense, 109.
^ ^ulL du 10 décembre 1237. Bullariurn Cluniace^ise, 109.
Prior tamen de (îharitate duos secum priores convenliiales adducat, prier
i*»*leîiiSan('ti Martini, iinum. Statuta incerti. Bibliothera Vlmiiareiisis, H79.
^ Imprimis slaluimus ul omnes abbates et priores Cluniacensis ordinis
in^irrieiiiate monaslerio Cluniacensi subjeoti, in regno Franria» oonsliluli annis
^**^Vrulis. existentes autem in Anglia. Hispania. Italia, Lombardia de iriennio
*" Iriennium convenianl ad capitulum j^enerale. Bulle de Nicolas IV,
*- î^pl. Ii89, Bullariurn Cluniacense, 162.
Qui (le remolis sunt provinciis, de biennio in bienniuni vcnire procurent.
""-»s autem remotos reputamus, i\\\\ in An<;lia, Hispania, Lombardia provinciis
ï^^niconstituli. Statuta imerti. Bibliotheca Cluniacemis, H80.
liibliotheca Cluniacensis, 1553.
KM)
n£\Te XARILLON.
envûjaicnt leurs excuses aux détliiîtcurs ou se [iriurviiyaifril d'il
|H?rmitisio]i. Le dernier volume <lu K(ïcu<^il des chartes île ra))l>al
lie Oluiiy mentionne un grand nombre de ces leltn's d'excuse f
L'alihë Henri I propose dans ses statuts une formule par laquellil
le supérieur exjitisitit l:i i.-;iitKi' de son absence et se ili^'clnrail jir^l
à recevoir les décisiuns <lii cliapilre.Un niligieuxdeson mouasl^. I
porteur de celle l-ltri', Ir n|irésenlail à Cluny *; cel envoi d'm
dél^é, chargé de les excuser et de les remplacer, s'impo<»it île ]
lui-même à tous ceux qui avaient une raison gnive de ne pDJiil '
assister au chapitre. On leur en avait ftit, en 1294, une obligation,
qui lui renouvelée eu H28. Désormais tout prieur absent eut n
déléguer un procureur '.
Il y eut cependant, et de trts bonne heure, des absences nom-
breuses, pour lestjuelles nul ne présentait la moindre excuse. Cette
résistance aux volontés du souverain |)onlire et cette violation
flagrante des droits de Cluny et des statuts de l'ordre ne [Kiuvaienl
rester sans une Juste répression. On laissa d'aiiord aux visiteurs le
soin de réprimander et de.iiunirlescoupablesVCeltediscrétion parut
insutlisante, et il RiUut recourir à des chfitiments plus énergiques.
1 N« «65, *TSO. iTM, *77*. 47Tft48t(î, IMIW-waâ, «(Kl, illilUftU. S(W3.
S084, elc.
■ ... Paratus sum veaira Mlubria inoniia, onlinaiionea ei |iR«epl;i, i|Uii-
per vos in diclo ch[)Uu1o onlinabuniur ei fleni, reuipore ei servare. recipi cl
Hervuri Tacen;. \>rout rondecel, rêve renier.... Millo charissimum rratrem
iiachuiii. priesenlium porlilurem. Cui ïii|uîdem, quanliiin in
t, prout tnelius possum, jiirandi impcdiineiilum hujusnio<li. in Torma <)ua
B^-il jurari, tlo poiesiaiem [ilenarLam per pnesenies. Benriet I
staluUi. Biàliolieea Cluniaemuû. tSBi.
^ Quia plerique abbales et priores a<l eapiluliiin générale non veniunl ner se
exrusanl l^lime ul délièrent. deltlniunidelflnitorËsquod absentes el impediti
l^itiine minant uinoilo excusalorea lettilimos, i|ni (jossini jurare el audeant de
lni|«(tin]enlD lettilimo pro Hbsenie. Àekt lUi ehapitre de IlSi.
Quad umnes el singull abbales. priores. decani et aliî ailminislralores
urdinis, qui secundum slalula aposlolica ad eapiluluni (^nernie Cluniuceiise
venire tenentur, si ipsi non veniant, prout tenenlur, impediinenlo legilimo
cessante, vel excuaalorem el procura lo rem uotnmanachuni suum vel atium
idoneum, cum sufflcienli mandaUi cuusam excusalionis siinirientem el clarum
continente, non transmiserinl, du|ilum ... quod e\|icMsiiri erunl. ud diclUm
cupitiilutn veniendo el in coinmoramlo un redeundo iib ipso, juxta delllniloruni
arbitrium lestimandum ... in ulilitale ipsius capiiiili ^eneraiis eonverlendnm
solvere leneanlur. aliis pivnis per slaluta ordints poulra non venienles inilictia
nibilominus in huo rabore duraluris. Actrt dM ehapitrs de titS.
* Priores qui non veneruni ad riipiiulutn générale vocaU punianlur |ter vlsi-
lalores fuliiri anni. Kecundiim ipiod milius et saniits videbiliir expedîre. Attr»
du ehajiitrf ilu llHi,
l'ordre de eu ny et son gouvernement. 107
Les statuts anonymes prescrivirent la déposition ' ; mais cette
peine ne fut pas appliquée d'une manière générale. Le chapitre de
1264 la prononça cef)endant contre un prieur Odon, en l'aggravant
* l'excommunication ^. Nicolas IV prescrivit d'infliger aux
contempteurs de ces statuts une pénitence di^ deux mois, qu'ils
devaient accomplir au monastère de Cluny -^ L'abbé Henri I fit
sienne cette prescription *. Il est permis de douter de son eflicacité.
/^ sus|)ense de leurs bénéfices fut prononcée contre les obstinés
'/ui rel'usaienl de purger leurs peines au chapitre de 1328 '\
La plupart des négligents prétextaient les dépenses occasionnées
par un long voyage. Cette économie indiscrète, permettait de croire
qu'une amende serait le plus efficace des châtiments. Les défini-
t(»urs de 1294 punirent les absences inexcusables d'une amende
équivalant à un centième des revenus de leur monastère ^. Ces
/Moines pécuniaires furent renouvelées dans plusieurs chapitres.
En 1332, les abbés absents furent condamnés à payer trois marcs
d'argent; les prieurs conventuels, deux, et les prieurs simples, un ^.
Ce qui fut commué plus tard (1428) en une sommr^ égalant le double
des déf>enses qu'auraient nécessitées le voyage et le séjour à Cluny ^.
* Qui autem terminis sUitiitis venire contempserunt, a prioralibus depo-
nantiir. Stntuta incerti. Bibliotheca Cîuniacensis, 1180.
2 Det!initores approhant amolionem Othonis prions, (|uia sibi cainerarius
înjiinxerat <|iio(l ad capituluin générale acccderet, quod facere renuil lani-
(|iiain inobediens per D. abbatem excoininunicatus el iis<pic ad satisfactioiiein
con^niam ab omnibus evitelur. Actes du chapitre de it6i.
3 Qui vero non venerit el se secunchini inochim légitime non excusaveril, [)Ost
sef]uens capitulum, ad quod venire similiter teneatur, in claustro (Muniacensi
duonim mensium spatio assidue moram trahal. Buiie c\[6e plus haut.
* Henriri T stntuta. Bibliotheca Clum'acensis, i?J5l.
^ Priores (|ui non venerunt ad capitulum générale ner se exrusaverunt, ab
administratione suorum beneficioruni suspendimus, nisi ad capitulum proxi-
mum générale pa^nam in statutis contentam a[>ud (Huuia(*um veuerint régula-
riter a<'<*epturi. Actes du chapitre de t32S.
*^ Oui vero non venerit nec se légitime excusaverit, ut est dictum, ad conto-
siinam partem redituum suorum pro refectione capituli generalis tonealur.
Act^s du chapitre de f294.
' ... non venientes ad capitulum générale nec se excusantes p<pna (lua*
se<]uitur punientur, videlicet : Abbates in tribus, |)riores conveuluales in
duobusmarcis argent! et non conventuales in una, fabric:recclesiaM'luniaconsi
applicandis. IMtra pœnam contra pnediclos prii'dictis statutis introdiictam ...
deffîniendo deflfinitores proferunt excommunicalionis sentcMitiam contra omncs
immédiate subjeclos, qui in hoc capitulo pra»sentes non fuerunt nec se ralio-
nabiliter excusaverunt. Actes du chapitre d^ 1332.
^ Actes du chapitre de f428, cites plus haut.
108 IIEÏIE MAltlLLON.
Cela (Ut reconnu insuffisant. On dul recourir d'une façon régulière
3 l'excommunication, qui avait été jusque-là employée avec lieau-
coup de réserve. Les dëtlnileurs de 1332 la fulminèrent contre Iniis
les prieurs alisents celte année et qui n'avaient présenté aucune
excuse. Cet exemple fut suivi. Et à partir dp 1387 l'excommunica-
I tion devint la punition régulière de tous ceux qui ne s'excusaient
pas ou même qui donnaient des explications insullisantes ^. Seuls,
ral)l)é de Gluny, son grand-prieur et le prieur claustral iiouvaient
I absoudre ceux qui avaient encouru c^ette peine, et cela dans le seul
monastère de Cluny, oii les coupables devaient faire acte de
I réparation '.
Les modilications introduites dans le régime des cliapitres géné-
raux à la suite des changements que subit l'ordre au xvii* siècle,
ftji-ent à peine sensibles. Ou exclut les prieurs qui n'a\Tiient aucun
religieux à gouverner. I^a pénurie des vocations ne permettait |)as de
peupler tous les monastères. On tenait cependant à conserver tous
les titres; ils étaient donnés à des religieux qui, n'ayant itoint la
(onction priorale à remplir, n'auraient eu que tkire au cliapitre •-
Les absents inexcusables furent punis d'amende. Elle était de
50 livres pour les prieurs de la province de France, de Datqihiné,
d'Auvergne et de Poitou; de 60 pour ceux de Gascogne et de
70 pour ceux de Lyon '. Ce système de taxe ayant paru délï-clueux,
les chapitres de 1701, 1717 et 1733 se bornèrent à prélever sur
' Kuni excommunkali qui falsïs excusuliones in eludium delrimenlumque
révérend!!? Ecclesiiin CluiiiHcensis <le non venieiido ad capilulum générale pne-
lenilunl, vel <|ii!inilo non se excuiianl. Acta du chapitre de 1387. Renouvelle en
1390 et en HH».
' Uetliniunl demnitores quoil liret alias etimn in faoc annocoinraissasil B. in
Christû Palri Domino noslro roimnuni, priori busqué major! el daustrati Ctunia-
censIbUH el eorum cuilibel poteslaa ubsolvendi omnes priores et alias qui on^a-
sione non venîendi ad iiapitulum générale senienliHm excommunienliiinis
jiii'iirrunt, priptatis R. Puiri et priorihuK. nosiris in hue jiurte commiSKiriis,
inhibemus. aucloritate ajiostoliea qua fungimur In bac parte, ne de c;Flero iules
exrommnnicali ad moniislerlum Cluniarense veaianl |iersoualller tloner. juxta
siaïuta inobedlenllam el rebellionem purgaTerlnl. Acte* du chapitre de I4S0.
" (lapilula generalia. ad qua? omnes tam abbutes quam priores et deciinî
uonvenlum actu habenies. convenlant. àftta du chapitre de 1893.
* titululiim est ul priores plauBtrales qui absque légitima causa ud pRt'sens
vapilulnm uon venluntaut a l\ituris capltulia abOieiInt, In pu-naui aliseDii:r
persolvant, nirninim priores provinciie PranciiT. 50 libras. LuRdui
Delphiuaius SO. Alioniia.- .W, Piciaviensis 30 et Vascontie sn. Arln du chapili
de 1661.
l/OKDRE DE CUINY ET SON GOUVEHNEMENT. 109
les coupables les économies qu'ils avaient pu réaliser jçràco à leur
absence '.
Les chapitres généi^aux se composaient alors de la manière
suivHnte : l'abbé de Cluny, ses vicaires généraux à la tête de
chacune des deux observances, les visiteurs, les prieurs, l(»s doyens,
les administrateurs, en un mot les supérieurs des monastères
habités par des moines, et les procureurs généraux. Les religieux
des maisons de l'Étroite observance eurent la faculté de députer
l'un des leurs; on donnait à ce délégué le nom de conventuel.
Les choses se passaient ainsi dans les nouvelles congrégations.
Les monastères ayant huit moines de chœur et au-dessus le
suj)érieur compris, jouirent d'abord du droit de se faire représenter
à la diète provinciale, s'ils le jugeaient à proi)()s. L(»s autres
confiaient leurs réclamations au conventuel d'un prieuré voisin.
on à un messager fidèle ^. Ils purent ensuite envoyer un manda-
taire» aux cliapitres généraux. On suivait dans le choix les règles
admises pour tout(îS les autres élections. Le supérieur n'avait point
droit de vote. Toutes les maisons cpii comptaient, en l'absence du
prieur et du conventuel, quatre religieux clercs aptes aux fonctions
du clueur et au service régulier, pouvaient choisir lein* rei)ré-
senl^int. Cela cesserait du jour où le nonïbre des religieux se serait
accru ''.
L'élu devait réunir la moitié des suffrages plus un. En cas d'éga-
lité, le premier en dignité avait la préférence *. Ce mode d'élection
^ St;)tuiiiuis priores titulares a<l capilulum veiiire nejîlij^^culos laxainlos fore
a<l siiiiiniain quain venicndo insiimpsissenl. Acffs du rhapitrf de 170 î.
2 In monasteriis in (]uibuserunt salteni oclo munaclii choro depulali coniiui-
lalo pni'lalo, liberum erit, si majori eonini parti videbitur, miltore <'onven-
tualcm ad dietani provincialem. f'bi vero pauciores enint, conNonlualis
litleras, menioralia et quavumcpie alia ad onicium smini s|)e('Uinlia claiisa ol
si^inata convenluah alterius monaslerii vci lideli nunlio ronimillal dotcreinla.
Actes du chapitre de 1630.
3 Donec tainen au{(eatur in nostra obsenanlia nionachonnn nunierus. niilli
I»oteriint ronventuales ad capilulum in omnibus monasteriis in quibus. eo et
pr.Halo absenlibus, supersunt quatuor ad minimum monachi olerici ofticiis
divinis rite ])crsolvendiselsolitismonasleriorum tunetionibus obeundis habiles.
Qui per tempus in constitulionibus iirîeseriplum non manserit in suo monas-
lerio aul de ejus familia non fueril in (pio lit eleetio, non possit elij^i in con-
ventualom. Actes du chapitre de 1647. Ci'. I(>i9.
* NuUusiiue censebitur elertus nisi (pii sufiraj^Ma super medielateni habueril.
Actes des chapitres de f63i et de 1663. Dans réle<lion du ronvonluel.
luM]u'il y aura égalité de voix entre deux reiitcieux. celuy qui sera le premier
en diifnité sera censé élu. Actes du chapitre de 1668.
tri's simpif liil rf'iii|i!acé, dans les cas de liallotlagt'. par ]c systèr:««î
(-cijii|ilii|iii'' ili'^ l'IiiDiiiations successives (IliTS).
Ci's lirli'^m-s cîtHivBiituels Unirent par sembler enconibranK=i-3
Comme il était diflicile et injuste de les supprimer, les chapitres -^^
bornèrent à entourer leur nomination de formalités minutieuse:^—
La première fut décrétée en IKHii. Tout monastère (\\i\ croyait bc^*
d'élire un conventuel, devait préalablement exposer au vicai^^
général ou au visiteur les motifs iiui le déterminaient et altend^^^
la réponse '. La marche à suivre fut indiquée plus tard ave^S
beaucoup de précision. Trois mois avant l'ouverture du chapilr^^^
le su(^)ërieur convoquait ses moines et délibérait ave<^^ eux si^^i
l'opportunité d'une délégation. Si la majorité se inoiiti'ait làvorablts^
le si'crétaire rédigeait le pi-ocès-verbal et en adressait une copi
au vicaire général ou à l'un des visiteurs, qui iMiuvail alors se pro-^
jioncer en connaissance de cause '.
1^ perniission écrite et les lettres d'envoi étaient exigées de lou
il égu
dn
u h p
{•Vfi^
be
m mod r
■Jv du rhapitrif df liOK.
plane lerlioreH. (Juotl iiinimnue fdclum e;
* " Les Monastères de lu Franche-Conili? wwnl tenus de d<^|iuler iiliwnaii-
il el selon l'ordre ey apr^s myniui^ j» reli|;jeiix convenliiel |iijiii ^issksier
yux chupilres île l'Ordre de r.limy; en sorte que les monaslrre.s de Suiiii-
Jiïi'Ome de Dole, de Saiiil-Plerre de Horteau, de Saint- Déïirt' ite Lauii
le Smilniei'. de Suint-Pierre de Moulier Haute-Pierre eiivoyent cliacua un
religieux conventuel au premier cliupitre ^énÉnil qui se tiendra après l'enre-
gTstretneot des présentes; que les monastères de Nolre-Duine de Vaux sur
l'ordre de cluny et son gouvernement. 111
Le rôle de ces conventuels est détini en ces ternies par les
lettres patentes de 1749 : « Pourront tous lesdils députés ou
conventuels rendre compte au chapitre général, chacun à son
^g^rd, des affaires qui concernent la maison qui Taura député, tant
ix^ur le spirituel que pour le temporel; des abus et relâchements
tians la discipline, si aucuns s'y étaient introduits; faire telles repré-
sentations et demander tels règlements qu'il jugera convenable. »
Sous le régime primitif, les abbés, prieurs (ît doyens pouvaient
:s^uls aller à Gluny pendant la tenue du chapitre général. Tous les
ordres religieux imposaient cette ligne de conduite pour éviter
J'tz'ncombrement. Les visiteurs et détîniteurs citaient quelquefois
cJc^s moines à comparaître. Il y avait exception pour eux, cela va
^^iis dire. Ceux qui se présentaient d'eux-mêmes, afin de faire
♦ entendre leurs plaintes, étaient fort mal accueillis. Un moine de
-Riirl)ezieux alla ainsi, au chapitre de 1272, se plaindn; de son
I^>i*ieur; il fut condamné à rester en pénitence à Gluny K Les statuts
î*i:ionymes interdisaient même aux supérieurs de conduire avec
e^Lix les novices qui devaient faire profession entre les mains de
l*îil>|jé 2. Celte prohibition tomba i)lus tard en désuétude, nous
a^'ons eu à le constater antérieurement.
1^^ défense aux moines de se présenter à Cluny pendant la durée
ci VI chapitre ou dans tout autre monastère où il pouvait se tenir fut
rnaiiUenue pendant le cours des xvn« et xvnr siècles. Il fallait, pour
IKisser outre, une permission écrite du vicaire général ou du
visiteur '. Les religieux qui avaient un titre de prieur sans fonc-
tion, ou des grades en théologie et en droit canon, fuss(înt-ils
docteurs, étaient traités comme les autres *.
Poligiiy. Saint-Pierre de Vauciuse, Notre-Dame de (iliâleau et Nolre-Danie de
Thierbarh envoyent pareiUement chacun un religieux convenluel au chapitre
yé'ni'Tal suivant. » Lettres patentes de 1739.
^ Monachus iilequi de Rarbasiaco contra iirioreui suuui, non vocalus, veuil
^d rapiiulum. in claustro Cluniacensi renianeal et alins ad Harbasiacuni niil-
talur loco sui. Actes du chapitre de 1i72,
~ ^ullus monachus nec aiicpiis novitius benediceinhis accédât ijropler nndti-
'"<Jinem ad ca|)itulum générale. Stntuta mcerti. Bihliotheca Vlumacensis, /4S0.
' Disiricte prohibemus ne <|uis religiosus noslra* observanlia^ a<l capilulun»
générale ven ire pni»suinal sine licentia superiorum niajoruni in scri|)lis oblcnla.
^ftes (i^ chapitre de 1735, renouvelé en 1730, avec aggravation. Qui secus
'ycerii^ habeatur et puniatur ut fugitivus.
•^^ tituiaribus, nec graduatis, nec <ioctoribus liceat adiré ca[)iluhini j(ene-
'"'**^' nisi de licentia superioris vicarii generalis aul visilatoruni in scriptis,
ypote nuUam jurisdictionem nec adininistralionem habentibus. Actes de la
diète Oe 1733, Statuts de 1735,
112 RKVIIE MARIU.ON.
On allait même plus loin, le sous-prieur d'une maison n'a^
pas le droit d'aller remplacer le prieur mort avant la célébrât
du chapitre, à moins d'obtenir la permission des supérieurs ^
Les religieux ainsi écartés du lieu où se tenait le chapi
général, pouvaient faire i)arvenir aux déliniteurs l'expression
leurs griefs et de leurs désirs, en leur adressant un mémoire
une lettn* signée de leur propre nom. Les documents anonymes
trouvaient aucune créance auprès d'eux ; et leurs auteurs étai^
sévèrement punis, si on parvenait à les découvrir *.
Fraie du chapitre §;énéral
Le chapitre général occasionnait à tous les monastères et prir
|)alement à l'abbaye de (]luny des déi)enses quelquefois onéreus
Les prieurs qui partaient de l'extrémité op})osée du royau
avaient des frais de route qui gr(»vaient fort le budget de l
maison. Ceux des supérieurs venant de l'étranger étaient jj
considérables encore. L'abbaye, qui les hébergeait pendant iouU
duré(^ du chapitre, i)ourvoyait à leur nourriture et à l'entretien
leur suite. C'était pour elle une charge très lourde. On dut se i
occuper de réduire les dépenses au strict nécessaire ^. Bien q
constati\t (|ue l'on n'avait pas pourvu au moyen de couvrir les fi
de séjour de tant de supérieurs, l'abbé Hugues V laissa à chacui
possibilité de conduire la suite (pi'il voudrait. Quehiues-i
«lurent en abuser. Car les statuts anonymes, publiés après les sic
décrétèrent qu'à l'avenir cha(iue i)rieur aurait à se contenter
trois chevaux *. Ce qui, i)ar le fait, limitait le nombre des serviteii
1 Ordomiûfice d-f 17 fi.
'^ Si (|iii ex online nionarhi aliqua jusla jiMliraverinl capilulo generali n
ticaiula, Id possint per ali(]uen) ad capitulum j(enerale venienlem aut delï
loribus scribani propria manu subscribentes. Qui vero sine propria sust*
tionescripserintvelmeinorialeniiserint,i)ra'terquann (luodeonim memoriali
et liueris nulla adhibebitur lides, si roj^niti fuerinl, arbitrio deffinitor
|)unienlur. Statuts de 1717.
3 Ne autein ex hoc lanlo convenlu abbalum sive prioruni (Uuniaeensis Kc
sia {(lavetur. provisuni esl et slaliituni : n!)i inlerini, doner de oonimuni rons
providealur. unde lariUr niulliludini <ie!)eanl neoessaria ininistrari, oni
abbates sive priores, nulla «lislinclione habita, faiiiulos sucs et equos, pro
volunlale exhibeant. Ifugom'.s V statuta. Bihliotheca Cluniarensts, 1471-72.
* Prioros convenluales ad <'a|)itulum venienles Iribus sînt e(|uitaturis c
lenli. Statuta incerti. Jbid. 1479
l'ordre de cluny et son gouvernement. 113
//ahbaye ne recevait, pour feire face à toutes les dépenses, (jue
tes a/nendes infligées aux absents.
Les chapitres du xvir siècle eurent à résoudre des difficultés
provenant des frais de route et de séjour. La commende diminuait
considérablement les revenus de certaines maisons, de telle sorte
que les prieurs ne trouvaient pas la somme indispensable pour
laire dignement le voyage. Une supplique fut présentée* au roi
I^oiiis XIV (167G), dans laquelle il était humblement prié de donner
lies ordres alin que les pensions établies pour couvrir les frais du
chapitre fussent régulièrement payées '. L'abbaye de Cluny devait
en profiter. Il fallait en outre songer aux monastères de sa dépen-
dance. Les commendataires reçurent à leur charge les dépenses de
i*oute; ils avaient à verser neuf livres par journée de voyage ^. Un
arrêt de l'an 1685 réduisit cette somme à six livres. Ceux cpji
payaient à leurs prieurs claustraux une double jiension et prenaient
siii" eux le tiers des charges du monastère, en furent dispensés.
l^*s autres montrèrent peu de générosité et d'empressement. Aussi
l^'s iléliniteurs de 1693, constatant le nombre des absences causées
par leur mauvais vouloir, chargèrent-ils U', procureur général d'agir
î>"r eux [jar les moyens de droit ^.
Ciette nombreuse réunion devait conserver le caractère solennel
^t religieux réclamé par les grands intérêts qui la motivaient. Aussi
se [)réoccupa-t-on de bonne heure d'écarter les affaires commer-
C'al*^s,(|ui accompagnaient presque forcément toutes ces assemblées
î*u iDoyen âge *.
Nous ne trouvons rien qui nous permette de dire dans (pielle
niesure les membres du chapitre participaient aux exercices régu-
^ Rejïi christiani.ssimo huiniliter supplioabitur ul ordinis seu niensiP abbulialis
I^^nsiones exi>ensis durante capitule exponendis institut;!' restituanlur et exacte
^* V uniur. Actfs du chapitre de 1676. Nous ne saurions dire la nature ni l'origine
«le o^ jjensions.
^ Abhates, jïriores et alii cominendatarii prioribus claustralibus ad capitu-
luin irenerale venienlibus necessarios sumptus niinistrare lenebuntur: iis(|ue
^^ ^\\\X\\\Q\. ipsorum pro singulis itineris diebus solvant summam noveni lihra-
rum. Actes du chapitre de 1676.
^ l^uia mulli priores claustrales ad capituhnn g(Mierale venire non potuerunl
^^ î^' oxcusavenint. eo quod ipsis necessaria non pni'stilerint priores <oni-
n^^^inlatarii. Contra illos qui ad Id tenentur et inler <|uos partilio nondum
faeia f^^ procurator gcneralis agat. Actes du chapitre de 1693. Ce (pii fut
renouvelé en 1701.
* Mercimonia non vcndantur ubi concursus est nionac.horum, durante capi-
lulogenerali. AcUs du chapitre de 1t90.
8
114
liers des moiiies clunistes. Il leur était impossible d'as^sler au
longs offices, qui prenaient une partie considérable de la journé
Au XVII' siècle, la vie lilurgi(|ue des monastères fut beaucoup nioiii
clwrgée. Dès Iops, les capitnlaires purent, sans inconvénienl
y prendre pari '. Cette n^utarité donnait ù leurs travaux une allur
plus monastique. Dans le même liut, les statuts de 1717 le:^ astrei
gnaieiil, pendant toute la durée des sessions, aux lois de la elôturt
qu'il leur était interdit de violer sans la permission du préside»!
Tous les monastères de l'ordre s'associaient par des prière
onicielles aux délibérations du chapitre. Le Saint-Sacrement restai
exposé dui-anl les trois premiers jours; les religieux se suecédaie.n
de demi-heure en demi-heure, en dehors des oBices el des repas
pour l'adorer et appeler sur les membres du chapitre les bênédic
lions divines. Les prièi-es des Quarjnte-Heiires avaient égalemeii
lieu dans le monastèrt* de Gluny ',
Élection et iioiiibfe dea DêHuitmiria
I
Grégiiirc IX vouiul que les chapitres généraux de l'onire d
Cluuy russL'nl organisés sur le modèle des ctiapitres cistercitMiï
Ceux-ci fonctionnaient depuis longtemps et donnaient d'excellent
résullâls. Il y avait à Citeaux une commission dont les membre
étaient nommés définiteurs, ii laquelle fe cliapiti* général reinettai
tous ses pouvoirs législatif^, administratif^ et judiciaires ". Le
Clunisles choisirent et invitèrent à leur premier chapitre quatr
abbés cisterciens qui leur indiquèrent la marche à suivre. L
souverain pontife leur en avait donné l'ordre *.
Nicolas IV compléta l'œuvre de son devancier. Les déliniteur
étaient au nombre de quinze. Mathieu d'Aqna Sparla, cardinal di
titre de Saint-Laurent in Uainaso, le dominicain Hugues, cardina
de Sainte-Sabine, l'abbé de Mozat et ie [)rieur de Sainl-Lcu euren
du Saint-Siège mission de choisir ceux du chapitre qui suivrait 1i
> Omnes de tu|iilulo t'Ënemli ruveunl ite ubsque gr^ivi euu&a u <'utiiinuiiibu
i. tnaiLme u choro el n mciisu communi absiiU. Stntutt ik ///'.
■ StatuU de mi el Aetei du chapilre de I6S4.
3 Ad instar Cislen-ioDsLs ordinis relebreiui' (tupiluluni) el iileo •lefflnilore:
(le abbulibus el priorilms Clunim'eiisis aliiluanlur. Bull-- de flréffuire fX A
tS juillet iî3L Seguin, n" 715, p. 470.
* Ibiri.
A
L*OKDRE DE CLUNY ET SON GOtVEHNEMENT. 115
promulgation de la bulle. Ces derniers, au début du chapitre de
rannée suivante, choisirent eux-mêmes leurs successeurs parmi
lesahbés et les prieurs de Tordre, après avoir juré sur les Évangiles
de ne point faire acception des personnes ^
Ce chiffre de quinze déliniteurs fut conservé durant toute la
première période des chapitres généraux clunistes. On le réduisit à
neuf en 1645 2, et à sept en 1650. Les réunions qui se lirent alors
avaient toutes pour objet des essais de réforme, et dans beaucouj)
on tenta de rattacher les monastères à des congrégations béné-
dictines différentes. Ce fut sans résultat direct. L'ordre de Cluny
dut ensuite se reconstituer par lui-même et veiller à maintenir son
unité malgré la division des religieux en deux observances ou
congrégations, ayant chacune sa manière de vivre et ses sui)érieurs.
L'unité du chapitre général s'imposait comme l'unité du supérieur
général, l'abbé de Cluny. Restait le recrutement des déliniteurs.
Jl y fut pourvu au chapitre de 1675, qui maniue sur plusieurs
points un retour à la tradition. Laissons parler le secrétaire qui
y rédigé le procès-verbal.
« Les deffiniteurs du chapitre général présent, selon les statuts
^^ Tusage de l'ordre de Cluny, doivent être élus par les delliniteurs
^" chapitre précédent. Et comme il n'y avait plus de delliniteurs
^" dernier chapitre à cause du long temps qu'il n'avait pas été
l^'^^u, à savoir de l'année 1600, il a fallu que tous les vocaux ayent
^^^ les deffiniteurs. Et comme le nombre des vocaux de l'ancienne
^'*servance surpassait des deux tiers celui de l'étroite observance,
Circa vero electionem defflnitorum capituli generalis Cluniacensis cele-
"'^^di, ordinanius ul dilecti filii Matthapus, tilulo S. Laurentri. et Hul^o. liliilo
• ^ubinîe cardinales, ac abbas Mauziacensis et niay;isler Albertus, prier S. Lupi,
'|Uinde<Min ex abbatibus et prioribus Ciuniaceiisis ordinis eli^'wnt liac vice iii
^*^hiJtores priiiii capituli reforma lionem hujusinoHi subseqiieiitis. Ipsi in prin-
''pio sequentis capituli. antequam tractatus ca|)iluli a^'j^redianlur, ejusniodi
J'^'*t?iil. taclis sacrosanclis Evangeliis, se bona liiie sine personaruni îu^cephoiie
^"Kere quindecim deftinitores de abbatibus et [)rioribus. Si abbates delueriul.
'^'hilominusde prioribus praefatiCluniacensis ordinis viros prol)os...; et pni'slilo
^" ^is hujusmodi juramento, viros taies {>ostmodum eli^^ant. Si autein ali(|ui di.'
''^^initoribus capituli pra'cedentis, ad (pios spécial eleclio defiinilorum, abesse
^^ntîjjerit. reliqui (|ui pra»sentes l'iierint, nihiioniinus ad ipsorum eicdioneni
prti^.çjgpg non omittant. Et qui a niajori parle ipsornin elijicnliuni noniinali
'Ufrrint etelecti, sine aliqua exceptione pro «lelîiniloribus habeanlur. Bulif de
^^^€*ias IV, 12 sept. 1:289. Bullarium Cluniaccme, loi.
* Kril sini(ulis annis capitulum générale, cujus erunl noveni dellinilores de
ûuniero superiorum. Actes du chapitre de 16 io.
Ilfi
ce qui les aurait pu exclure du dertînitoire, et que tié&ntùi
l'équité voulait que, ^'agissant d'une réunion commune, ils eusaj
part au detïinltoire, alin qu'ils pussent travailler à ladite réunit
il a été convenu amiabiement qu'il seni pris des leurs sept dej
niteurs et que de la part des anciens il en sera [iris huit. Ce qui)
eséculé à l'instant par la voie du scrutin '. » j
Les rfligieuK de l'Étroite ohservance se trouvaient forcémeiAJ
minorité. Cette condition, préjudiciable à leurs intérêts, finit |
leur sembler humiliante et pénible. Ils s'efforcèrent de la oiodlu
au chapitre de 1717 en proposant d'alterner avec leurs confrèf*
Chaque observance aurait eu à son tour le privilège d'avoir t
huitième déliniteur. Ce changement Tut repoussé. Il n'eut pas j
meilleur accueil au chapitre de 173S. Les délinileurs de ctia^
groupe étaient élus, au commencement de tout nouveau chapltt
par ceux du chapitre antérieur, agissant à part les uns des autrt^
Bien que, en princi|)e, tous les membres du chapitre rép^j
lussent éligibles, certaines exceptions Unirent par s'imposer. Q
ne iHiuvait taire irartie du délinîtoire deux Ibis de suite ". On eiÀ
au xvti' siècle les visiteurs, au moins pour le chapitre qui suH
immédiatement leur visite *; car cette visite même entrait dao*
programme des délibérations. Si deux Trères se trouvaient prés^
en qualité de supérieurs, l'un d'eux était inéligible ', I
Les vicaires généraux de l'abiié de Cluny, le procureur gêné
les délégués de chaque monastère ne pouvaient être choisis, pp
que de fiiit ils n'avaient point rie communauté à gouverner. Ml
pendant la période de transition qui précéda la réorganisation
l'ordre, les supérieurs présents au chapitre étaient peu nombrel
on dut restreindre les motifs d'exclusion. Les visiteurs, procure
et conventuels Turent alors déclarés éligibles. Il (Pliait à char
■ AeM du chapitre de 1670.
1 Ueninilomin rerenliiini eleciio llei a ileHiniiorilni.s slrli-Li- uliservu
in^e'leiitisriipttiili, ae|iiir4[imaileninilDnbu«rumtniiiiiaoliservanliH>eiaM
ursu. per viain scrutiaii. SlatuU de tUl. J
1 aulem quoil illi gui deninitorcs in capilulo fiieninl, capl
imiriediaie sequentî deRinitores esse non [xisainl. SuUe de Nieotat /F ^
plus haul. Ce gui se retrouve dans Ibs siuiuls lie 1717. I
* Qu] visiialores inonasteriorum observanliie Tuerinl. non iMiterugt in 4
lulo eonim vi^ilalioneni subseguente eligi in defllniUires. AcUi du thu^
dm iB97.
^ Prohibemus ne iJiio FTalres i\\\\ eoilem lempore su(ieriores in doï
nionaKieriia ruerinl, imssinl ambo eligi in ilelll ni tores in eoilem cupitulo. Ak
du chapitre de 17U.
l'ordre de cluny et son gouvernement. H7
obtenir l'assentiment préalable du chapitre ^ En 1668, le
nombre des supérieurs permit dé revenir aux traditions de l'ordre 2.
Cette tradition n'était point absolue. Plus d'une fois à Cluny, au
xv« siècle surtout, on vit sur la liste des définiteurs des religieux
non supérieurs. Nous trouvons en 1385 le doyen du monastère de
Baume; en 1420, le socius primus in m*dine, le cellérier, l'aumô-
nier et l'archidiacre de Cluny, le sacristain de Saint-Victor de Genève,
celui de Saint- Victor de Mâcon ; en 1422, le sacristain de Cluny; en
i424, l'aumônier et l'archidiacre de Cluny, l'aumônier de Ganagobie,
te sacristain de Thizy; en 1429, celui de Souvigny ; en 1430, l'aumô-
nier de Cluny; en 1431, l'infirmier, le maître des novices, l'hôtelier
et le réfectorier de Cluny, le doyen de la Charité-sur-Loire, les
sacristains de Rampon, de Vendeuvre et d'Alais; en 1435, l'archi-
diacre, le chantre, l'infirmier de Cluny, le sacristain de Rougemont,
l'aumônier de Coincy et le sacristain d'Aubigny ; en 1437, le sacris-
tain de Threford; en 1443, l'archidiacre et l'aumônier de Cluny; en
1444, le doyen et le chantre de Cluny, les sacristains de Vendeuvre,
te Cherlieu, de Chanlieu, Alais et l'aumônier de Paray-le-Monial ;
^n 1445, l'aumônier de Cluny; en 1450, le même et le doyen de Vif;
6n 1476, l'archidiacre de Cluny. Il serait facile de prolonger cette
ïiste.
L'élection des principaux officiers de Cluny s'explique ; ils étaient
^^r les lieux. Ceux des autres monastères qui ont eu l'honneur
^^ siéger au définitoire, étaient venus remplacer leurs prieurs
^U abbés.
^ Qiiamvis activa et passiva vox visitatoribus et conventualihus in hoc
^pitulo concessa sit ut in deffînitores eligi possint, in pnpjudicium consti-
*'^lionum declaramus id esse factum ob exiguum numerum superiorum prae-
^ntis capituli, ita ut in posterum in praejudicium transire non possit. Actes du
^^pitre de 1654. On avait agi de même en 1650, ce qui se renouvela en
^B56et 1663.
< Cum sit suffîciens numerus prxiatorum ut ex ipsis solis juxta constitutiones
•^oslraseliganlurdeffinitores, declaramus visitalores, procuratorem generalem.
^t conventuales in electione deffinitorum voce passiva in posterum gaudere
^on posse, abrogatis quibuscumque decretis ob paiicilatem superiorum in
^ontrarium editis. Actes du chapitre de 1668.
Diir«S«^ dex pouvoli'ia tlea Dt^Hnileiirti
Le cliajiitre de 1301 autorisa les iléliniteurs à conserver leur
pouvoirs |)endant la journiie qui suivait la clôture lies assises ^
aliii de temiiner rcrtRines aHàires Importantes. En 1365, wtte prff
rogation parut trop courte; elle Tut prolonge jusqu'à la Tin de U
semaine. Ils Iransiucllaienl alors leur autorité à une (.^uinmissiol
de trois nu (juati'e incmtires, choisis parmi eux, rliai^ée d'expédiei
ce qui n'avait pu l'être *. '
Ces commissaires devaient appartenir à l'abbaye de Cluny (H
aux prieurés voisins (1430). Leurs pouvoirs, limiti^ à douze jouH
en 1442, à quinze en 14S0, furent étendus h un mois en 1454 et i
nu trimestre en 1547. Le chapitre de 1000 ne fixa aucune limite'
11 leur était Ibrtement recommandé de ne rien innover dani
l'ordre, et surtout de n'imjioscr aucune cliarge nouvelle *.
Les Clunistes du xvii" siècle conservèrent cette commission
qui terminait, après le chapitre général, l'œuvre interrompue da
définiteiips '"'.
L.e Seci-élniro <lu dini>ilr«^ et le portier
<lii Dôflnllolre
Le secrélaii'c avait à rédiger les règlements et les décision!
adoptés par les définileurs. Cette fonction fut attribuée à ui
officier siiécial du chapitre '. Les statuts de 1717 Usèrent dans li
> Defnnitores sibi adhuc reitnent suam iiolestaiem ob l'eru^
CiiuKus per lolum (incsentem diem. Aclei du chapitre de 1301.
" Heiinent defllnilores suiim iiDleatalem iiscjue ud diem sabbiili inclusive
■liiuni ]iolest.itcm remlUiinl quatuor vel Iribiis ipsorum. Attet du fhapili
de nés.
s Corn mi tu m us i|U3liior ex nobis ni negotiis provideunl Umdiu nunniilii
necessariuin ruerlt et o|)portunu.m. ÂcUt du ehapili-e de 4600.
* Dummodo ditti comniissarii non mulenl vel innovenl, lier etiam ulii|u(ii
sutisidium ordini noslro imponant. ÀeU» du rhapitre de 145S.
'• Detnnilores possint uliquibus in loco capltiili remanentibus, si îpsis expe
dire videbiliir, siiam eommiliere polestatem [ler aliquod leinpits, sccuiidim
neKOtiorum e\i);eiiiiiini et consueludines ordinis. Stntuti de 1717. Le.s di^llni
leurs de IGTil uvaienl Uirmf une <:onimiasion de six membres.
" StaluimuK et ordiiinmus qiiod eiimn eliKulur iinus siTiba ad scribendi
ordinaUonesetdeniuilioiiesqiiu.- lient in deninitDrio. Actei du chapitre de H99
b
i.nnnnR de clc^v kt so\ <
119
cl<5tail ses atlrihulions. Il Usait lievanl les déUniteiirs les lettres
adressé*^!! au chapilr» général et les inémoires venus des diverses
nnaisons; il transcrivait les statuts arrêtés par eux et leurs sen-
tences, ainsi que les actes du chapitre. Il signait au nom du
crtiafiitre les periiiîssions accordées jiar les définiteiirs. après les
voir marquées du seeau de l'ordre. Il expédiait, signait et scellait
l«?s missions données par le chapitre et les lettres d'obédience
signillant à des religieux leur changenieat de monastère '.
La composition mixte du déflnitoiri: avait compliqué le clioix du
crélaire. Chacune des observances le réclamait pour elle. On
ixnagina, en 1676, de dédoubler son office; c'était le meilleur moyen
dcï satisfaire les deux giartis. 11 y eut un rédacteur chargé de rédiger
* actes et un secrétaire qui apposait sa signature et le sceau
«1<? l'oiiire *. Le titre de secrétaire fut indistinctement porté par
ÏÏ&s deux ',
L.e chapitre de 1499, ({ui précisa la réglementation des chapitres
S^néraux, institua un portier, choisi par les défimteurs. Il Termait la
ï>orle de leur salle de réunion et conservait la clef sur lui *.
Pour siinpiilier la tàclie des déliniteurs, les moines de Ctuny
Ifîur ndjnignirent une commission chargée d'étudier les procès, les
aR^ires lemiwrelles intéressant l'ordre, de vérifier l'état matériel
«l In comptabilité de chaque monastère, les comptes du procureur
g«.^n<*nil, et d'étudier la répartition des charges communes. Les audi-
teurs lies causes, auditores causarum, c'était le nom des membres
Ail i|i»ius si'rill!!' raijiluli ollldiini jierlinet nlliciiirius l'upiliill jre'iPralis
liulillritrti, e|)istolas ciipilulo ^etierjll direrL^s el mcmorlulia ileflIriiloribuH
'*»*i^. Ad eumdein siwciat rteffloiliones et slalula a deffiniloribus cuiidila el
omuin cïpiiiili acta srrilwi'e. licenlias a deffiriiloritius coiicessas sigillo ordinis
raunin; eis<)ue de mandalo rapiluli i^eneralis subscribere. Instltutiones et com-
""wJUQgg ÎQ capîiuio generali dalas sicul obedienlianini 1[U«ni!< jiro mutatione
""^Mhorain expédiai alque suo rhirocrapho el ordinls sidllu muniat. Statut*
* '7/ï.
■ Powt concilier les anciens el les réformés au sujei de l'éleclion du secré-
'^> » Ht Bc<!eplée la proposition qu'on dlirail un compositeur qui comitoserait
, ^^igerail par érril ce (|ui se proposeraîl ou résoudrai! au chapitre et di^n-
"Hoine el paraplierait son fir.Hi; et qu'on tflirail enrore un secrélaire, qui le
"pieraii. - ^ete» du eknpilrc de 1616.
^1ei,-erunl olTIriarios prwsenlia capiluli el seorsimadeflinilorihuscujuslihel
**''vantrii' elecli sunl scriba' eapituli. Aclet du chapitre df il II.
^Uiiuiniu&clordJnamuHquod aniodoin deffinitoriîsfuluris. immediale poal
^lionem prcx^uraloris generalis ordinis et visitaloruni monaslerii. eligalur
* ''^I»ulel»r unus religiosus pro janilore el porlario qui tiabeai clavem porlse
'Tiorisdeffinilorii el eam sem|ter cuïtodial. Aelei du ehitpitre de 1499.
i
de cette commission, rédigeaieal ensuite, sur toutes ces Questio»-
un rapport destiné aux riéliniliîups, qui seuls pouvaient statuer '_ j|
Cette ri^lemenlation, empi-untée aux statuts de 1717, est cert-^d
ncinent antérieure à cette date tai'dive, au moins dans ses ligirm. «
principales. Quant à l'ollice même des auditeurs, il existait déjà ^
1449. Les auditeurs des excuses furent institués vers le même tern
Leur titre indique suliisammenl ce qu'ils avaient à faire.
I^e Président du Chapitre général
J
Le chapitre général avait pour président-né l'ablié de Clunj
en cas d'absence, son vicaire général ou le grand-prieur le renff^
plaçait. II signait, avec les définiteurs et les membres du chapître^^
le pmcès- verbal, qui devait être lu et promulgué dans la sallS
capitulaire de l'abbaye par un notaire public, comme il convensitf
à un acte officiel de cette importance. A partir d'une certaine époque
du moins, le nom des présidents ligure sur tous ces procès-verlMU);.
Voici une liste qui commence avec l'année 1445.
En 1443. l'abbé fldon de la Perrière, absent, est remplacé par
son grand-prieur Jacques de Moussy; il préside lui-même ceux de
1449 et de 1450. En 1458, l'atibé Jean III de Bourbon se fait rem-
placer par Dom Jean d'Auziac, qualifié socius in ordine: on le
trouve lui-même aux chapitres de 14fi3, 1480, 1481, 1483, 1484.
Jacques de Moussy, grand-prieur de Cluny. préside en 1463, 1469
et 1470, et son successeur dans cette charge, sous le gouvernement
du même abbé, Philippe de Larière ou de Lozier, en 1477, 1478,
1479 et 1482. L'abbé Jacques d'Amboise assista aux chapitres
armuels de 1480 îi 1496, de 1499 à 1504, et dans l'inlervaile à ceux
de 1499 et de ISll; son vicaire général, le grand-prieur Antoine
de la Roche, tînt sa place en 1497. Ce lut le successeur d'Antoine,
) Omnes vnustf el Ules seu negoUa quxvis lemporalla, au aiiditorcs ruusarum
defenialiir e;(aniiriHnii». Qiiixl vensuerini in srriplis rediganl el uiuiii tief^-
[iuni verbo el !icri|ilD coram (leflliiiloribus référant. Ad eosdem caiisarum
audilores referanlur omnes alienaliones, conlrac[us, iraosucliones el acius
notabiles facci a monaateriis el inill a lemiKire capituli ultimo pr.i>ierili. Re
hisqueomnibuseoniinijefllniiorlbiisrereraïu. AdoUlciuin auililorum uausanim
perlinei computa procura ta ris tteneralis audire. slatuB temporales monuste-
rioriim, reddiliis, onera, débita et expensas examinare. El de pr»^irlis
omnibus ail dcfflnllores referanl. Impositiones ]im ueguliia commuoibus ad
defllnilores rolaluri ut termincnlur. StaluU de /'// .
L*ORDRE DE CLUNY ET SON GOUVERNEMENT. 121
Philippe Bourgoin, en 1S10, 1512, loi 3 et 1514. Geoffroy d'Amboise,
ahbé de Cluny, présida les chapitres de 1515, 1516 et 1517. Son
successeur, Aymard de Boissy, présida celui de 1521. Sous cet
abbatial, le grand-prieur Jean de la Madelaine de Ragny présida
ceux de 1519, 1520, 1522, 1523, 1524, 1525, 1529 et 1530. Le
même personnage remplit cette fonction, au temps de ral)bé Jean
de Lorraine, en 1531, 1532, 1534, 1536. Nicolas Doler, prieur
claustral de ciuny, eut cet honneur en 1533, 1535, 1537, 1538 et
1539. Christophe Coquille, successivement prieur claustral et grand-
prieur, vicaire général des cardinaux abbés Jean et Charles de
Lorraine, assista comme président aux chapitres de 1537 à 1564.
Charles de Lorraine présida personnellement celui de 1565.
Pierre Dulaurent présida ceux de 1676 et 1678, en présence de
trois délégués royaux, l'archevêque de Paris, François de Harlay,
le Père François de la Chaise et M. Paul de Pélisson. Ces deux
chapitres furent décisifs pour l'avenir religieux des monastères
cluTiistes. Le cardinal de Bouillon assista en personne à ceux de
i68o, 1693, 1697, 1701, 1704. Le grand-prieur Jean Marin le
remplaça comme vicaire général en 1708, 1711, 1714. Le prince
Osvald de la Tour d'Auvergne, archevêciue de Vienne et abbé de
C.Uiny, présida en 1717, 1725, 1728, 1732, 1735, 1738. Les abbés
commendataires tinrent jusqu'à la fin à occuper eux-mêmes la
présidence de ces grandes assises de l'ordre. Ils y voyaient un
devoir à remplir et un moyen d'afllrmer leur puissance.
L'abbé de Cluny, président du chapitre général, assistait, en
^tte même qualité, aux délibérations des définiteurs. Sa prési-
dence ne gênait eh rien leur autorité. Les pouvoirs qu'ils tenaient
^" Sîiint-Siège garantissaient leur indépendance contre tous les
^"^piétements possibles. On peut, d'un terme emprunté à nos consti-
tutions politiques modernes, qualifier la situation respective de ces
"^i^x autorités : les définiteurs avaient le pouvoir législatif et l'abbé
'^ Pouvoir exécutif. Celui-ci leur propose une mfîsure à prendre,
une répression à exercer. Après en avoir délibéré, ils prescrivent
^^'^iii leur semble bon. De leur côté, les définiteurs ne décident
^^^^ sans avoir obtenu l'assentiment de l'ablié. On trouve dans le
fecu^ii] des chapitres généraux des preuves multiples de cette
3utox»ité. Elle s'imposait tellement que les personnages qui en furent
invfiç^^g au xv« et au xvi'' siècle n'essayèrent jamais de passer outre.
^^s abbés commendataires jouirent donc du droit de présider le
???^^*^ des définiteurs. Mais ce privilège était tout personnel,
.^^^^ue de Chartres, qui se présenta au chapitre de 1656 comme
vic^l^jg général de Mazarin, abbé de Cluny, voulut se l'arroger.
132
HF.viR M\nii,i.n
Les déflniteurs de la Stricte observance protestèrent contre cette
violation de leurs droits. En 1714, Dom Jean Marin, grand-prieur
de Cluny, priisidail le chapitre géniSrai au nom de ral)iM5. le prinre
de la Tour d'Auvei^ne. It r-rut pouvoir présider au même titre le
conseil des définiteurs. Ceux de l'Étroite observance lui liiviil
observer que le grand-prieur n'avait pas ce droit et pmlcstèrent
contre sa présence. L'atfeire fut portée devant le grand conseil.
i|ui condamna Jean Marin '.
Les religieux de l'ÉlroiUî observance, dans le but unique de mieux
assurer la conservation de leur réforme, obtini'ent que leurs défi-
nileurs pussent délibérer seuls et sans la présidence de l'abbé,
toutes les fois qu'il s'agissait de leurs seuls monastères. Le cardinal
de Bouillon trouva cette restriction de son autorité insupportable
et voulut imposer sa présence aux déliniteurs réformés. Ceux-ci
firent parvenir leurs plaintes au grand conseil. Ils eurent gain de
cause le 20 mars 1703. Voici en quels lermes : a Iceluy noire grand
conseil ... a maintenu et garde les religieux de l'étroite observance
dans le droit et possession d'élin' dans le Defiiniloire, hors la pré-
sence du cardinal de Bouillon et sans qu'il y puisse assister, leur
supérieur général et leurs supérieurs locaux. leVisiteur, le Procureur
général et leurs autres olliciers. |Kir leurs nouveaux Déliniteurs,
et sans le concoure des Déflniteurs de l'ancienne observance; el
d'y làire pareillement jiar leurs Déflniteurs des règlements néces-
saires pour la manutention de la discipline régulière de ladite
étroite observance, pour être lesdites élections et règlements
référés et inscrits dans les deftinitions du Chapitre général et le
tout exécuté de l'autorité d'iceluy. »
Ces dispositions très sages, maintenues en dépit des résistances
du cardinal et des prétentions de ses successeurs, [iassërent dans
les statuts de 1717 et furent observées jusqu'à la fin. Les deui
groupes de définiteurs se constituaient à part et prenaient les déci-
sions qui convenaient à chaque observance. Ces définitions avaietf
la même autorité et étaient insérées dans les actes du chapitre, r"
se réunissaient eu un conseil unique pour délil)érer sur les intéré
généraux de l'ordre, sous la présidence de l'abbé *.
P
1 li Iceluy notre dit gran<l Conseil a ctMsri.' 'lU'il y a «bus diins la pri^siden
de Dom Jean Marin, }[run<l Prieur, au Uetllniioire de 1714, luy Tait défense dl
ronliniier de pareilles entreprises h l'avenir, n Arrel du grand eomeil de f7H
' " Ordonne que les ri^glemeiits el alTairei^ gÉm^rales et t'ommunes
(litres géni^raux, où les voix seront complices par |iersonnes des dt^flnitem
sans ilislinclion il'ubservanre et les iti^libi^ralions Torm^s a la pluralité t
suBrage». - Antt du 19/évrUr 173».
l'ordre de cluny et son gouvernement. 123
Rôle des Déflnlteurs
Ijf (létinitoire était Tàme des chapitres généraux, Grégoire IX et
Mcr)las IV ont lixé Sf»s attributions. Ils reproduisent Tun et Tautre
le langage d'Henri V au sujet des chapitres eux-mêmes. Il n'y sera
feit aucune acception des personnes, écrit cet abbé dans ses statuts.
Conformément à la loi de Dieu, à la règle de saint Benoît et aux
inslitutions de l'ordre de Cluny, on y corrigera les fautes des cou-
Ittbles; on y traitera des moyens de pourvoir au salut des ûmes,
à la conservation de Tordre» et au bon état des monastères; on y
promulguera les statuts nécessaires. Sans faiblesse les uns envers
les autres, les prieurs et les chambriers signaleront en toute charité,
soit dans les réunions soit en particulier, ce qui leur paraîtra répré-
hensihk» dans la conduite de chacun ^
Grégoire IX déclare ensuite que les définiteurs auront à trancher
tous les différends survenus entre les religieux de l'ordre et à
résoudre les diiïicultés qui ne l'auraient pas été par l'abbé de Cluny.
Ils feront les règlements qui leur sembleront propres à affermir la
discipline, sans rien statuer qui soit de nature à la laisser faiblir.
Ils auront à dresser la liste des abbés et prieurs de l'ordre avec
indication de leurs monastères. Cette liste sera lue au chapitre
suivant. Si quelqu'un avait changé de maison, il en dira les motifs;
au C5S où les définiteurs ne les trouveraient point valables, ils lui
infligeront le châtiment mérité par sa faute ^.
Nicolas IV, après avoir renouvelé ces prescriptions, charge les
définiteurs d«^ nommer les visiteurs des monastères, de recevoir
leurs rapports sur l'état de chaque maison et de prendre contre les
^ Bfnrici V statuta. Bibliotheca Climiacemis, ii70-l t7â.
^D eodein quoquc capitulo, omnes causa» (|u;r inter personas onlinis (.lu-
"'îiceiisis emerseriiit vel per abbalem (iluniacensem non fuerinl terminala\
relatif» art capiluluni per deflfinitores, proul Ht in (Msterciensi capiliilo, tenni-
nentur; et ea staUiantur quu^ provenire ad conversationcm et restrictioneni,
"^1 ^d relaxationem ordinis vel reguhe, videbiintur.... Ea qu:v majori consiiio
•mligent referanlur sin^^ulis annis ad capituium jçenerale.... Singulis annis in
^ypUiilo cjenerali dettinitores scribant et retineant iiomina sintçuiorum abbalum
^'prioruni, et in se(iuenli rapitulo leclis eoruni nominibus. in (|uibiis ecclesiis
•*^"ïUhl)aies mulali vel priores dilijjenter attendant, et qui mutaverinl causam
"lutaiionis proponanl; qu.T si justa fuerit, ap[>robetur ab ipsis, aliociuin
"l'Jlationis pcrna* secundum Cisteroiensis ordinis ronsuetiidinein inniji^antur.
Bulle de Grégoire IX, citée plus haut.
prieurs négligents ou coupables les mesures de droit, au hesoia de
les suspendre ou de les déposer '.
Us avaient donc à remplir une mission très importante, Pour lui
(tonner un caractèPi? plus sacré et inspirer à tous les religieux de
l'ordre une entière confiance, l'abbé Henri voulut ijue. au commen-
cement du chapitre, ils jurassent, la main sur les Évangiles, de
conformer leurs décisions à la loi divine, à la sainte Uègle et au
droit apostolique, et de ne point faire acception des personnes -.
Ils devaient prendre pour eux l'interdiction laite par l'abbé
Hugues V de recevoir pendant le chapitre général des dons ou des
promesses; car si ces procédés ne leur enlevaient pas toujours
leur liberté d'action, ils causaient à leur dignité une irréparable
injure *,
Les pajies Grégoire IX et Nicolas IV avaient indiqué aux détl-
niteurs leur mission. Le temps se chargea de la préciser davant<ige.
Les moines de Cluny ajoutaient une grande importance aux
questions administratives. Us tenaient surtout au l)on gouver-
nement des monastères. Les déllniteurs jjartagèrent Ibrcément cette
sollicitude. On les vit bientôt se tran-sformer en une sorte de
cour des comptes devant laquelle tous les supérieurs devaient
se présenter avec un état exact de leur administration. Ceux qui
n'a\'aient pu se rendre au chapitre général envoyaient un relevé de
leurs comptes à Cluny *. Les vi.siteurs les mettaient au (durant des
charges et des dettes de chacune des maisons inspectées par eux *.
On leur soumettait les ventes et autres contrats intéressant les
monastères de l'ordre. Les actes qu'ils confirmaient de leur appro-
I StBtuiinus ut in capitiilo geiierali more solilo |>er defllniiores oi-dinenlur
ïiaiUtores («r proviiicias; defllniiores super hoc priorum amolionem vel
siispenùonein ordineot et deniniaiil, secundum iguod eis juste et secundum
Deuil) videbilur expedire. Bultf de Nicolo* lY, citée plus haut.
* Tetieniur jiirare in quolibel capitulo ad saiicla Evangelia corporaliier tacio
libru (|uod in defUnilionibus secundum Deiini et B. Benedicti regiilam et
AposloliesE Sedis slatuia. sine personarum acceptione procedeoi. ffenrici t
itatula. Bièliolheca Cluniaeemù, ISSi.
* lllud autem auciaritaie Dei et nostra disirîctius prohibemuii, ne in capi-
tule eeiierall alii|Uii' liant exaciiones ex parte noslr», vel quoniniiibet alionim,
aut etiam Cluniacensis Ecclesiie, vel aligna munera denlur vel recipianlur vel
prumiltaotur. Bugonii 7 ttatuta. Ibid. 1*77; renouvelé par Henri i, 1533.
* Aetet du chapitre de 1341.
" Anno quolibet... per visiliitores siaïuU onera ei débita abbutlanim ei
prioratuum debeani ad rapituluin refbrre et debent etiam HimJlia scripta
remanere in dictis abbatiis et prioratibus. Actes du ehitpitre de i4S8.
l'ordre de cllny et son gouvernement. 125
balion étaient enregistrés à Cluny ^ Les auditeurs des causes leur
simplifiaient ce travail en étudiant les dossiers.
L'œuvre administrative accomplie par les définiteurs de Cluny
fui considérable. On la trouve consignée dans les actes des
chapitres généraux. De là vient en grande partie leur valeur histo-
rique. Mais ce ne fut pas tout. Les membres de ce conseil suprême
usèrent fréquemment du pouvoir législatif que leur donnaient les
souverains pontifes. Les décisions prises i)ar eux obligeaient tous
les membres de Tordre au même titre que les statuts des abbés. Ils
surent le dire aux prieurs tentés de les enfreindre ou de ne pas
les accepter. Des négligences de ce genre furent constatées dans
plusieurs monastères en 1336; les déiiniteurs enjoignirent aux
supérieurs et aux chambriers des provinces d'y mettre ordre -.
Ils demandèrent aux visiteurs de dénoncer en plein chapitre les
abbés et les prieurs qui ne feraient point cas de leurs statuts.
Le président ou le prieur claustral de Cluny leur infligerait un juste
cliûliment ^,
Ils ne craignirent jkis en certaines circonstiinces de modifier des
prescrij)tions qui semblaient excessives. Ce fut le cas des statuts
promulgués dans la bulle de Nicolas IV maintes fois citée. Munis de
l'autorisation du pape Boniface VIII, ils confièrent à quelques-uns
<l'entreeux le soin de les atténuer (1297). On abusait à cette époque
^^ l'excommunication, en rattachant comme sanction à un grand
nombre de préceptes. Les Clunistes tombèrent dans cet écueil.
'^ déiiniteurs de 1387 suspendirent l'effet de ces menaces, à la
réserve de quelques points qui leur parurent trop importants ^.
'^taluimus qaod de celero per scribas et secretarios hujiis doinus Clunia-
*nsis fiât registrum in quo describantur contractus quocumque censeaiitur
^^^îne quos contigerit per nos aut successores iiostros auctoritate aposlolica
^^^Dlirmari et ratilicari. Acles du chapitre de 15it.
Quia per deffln itères ordinis plures deftinitiones super ordinis reformatione
^^Ciessuum correctione fact;e fueruiit necduni execiiUr fuerunl, defliiiiunt
^^itores qaod per iinmediatos superiores correctionein liabenles et aliter
^^ ^amerarios provinciarum sine aliquo subterfugio exequantur. Actes du
^*^f>M'ére de 1336.
*t.em abbates et priores non observantes staluta ai>osloIica et statuta Kccle-
.'^* ^-luniacensis et defïîniUones dellinitoruni et pniM*e[>la visilalormiulcbent
*** ^^pitulo generali per visita tores proclaniari et ad arbitriuni prioris claiis-
r^«iii^ vel prausidentis \mn\r\. Joannis III Statu ta . Bibîiotheca CUmiacensis, IG(lî).
^^nines sententias quascumque exronnnunicationis inajoris in ordinatio-
niD\^5ç et statutis contentas et alibi et quovis alio modo proniulgatas usque ad
pnaeî^^nteni diem, auctoritate apostolica in hac parle nobis rommissa et alia
<\u^ti\iinque auctoritate, tenore pni»sentium suspendinius ac revocanius et pro
su&peDsis et revocatis teneri volumus. Actes du chapitre de 1387,
l-2i>
IIKVIK HAKI1.L0N.
Ils Ibrinèi'enleii 13l!j une commission d» huit membres iiveccliaT^
d'étudier les adoucissements lëgilimes qui pourraient èlre donnés
à la pratique de la règle de saint Benoît ' .
Le délinitoire conserva au xvii' et uu xviii' siècle ses attributions
tmditinnnellcs. La reddition des comptes était sévèrement exigée '.
Il avait liillu réagir contre ta négligence de plusieurs en 1646. Mais
rien ne découi-ageait le zèle des délîuileurs. Les statuts de 1717
|]ropos<>rent une mesure très sage en demandant que les nouveaux
règlements, avant de devenir obligatoires, re^^ussent la contirmation
de deux cliapitres généraux *. Les religieux de la Stricte ol)servance
coniièreut à leurs détiniteurs réiectiou des prieurs et princi|iaux
ofiiciers de leurs maisons.
I^s détiniteurs n'osaient pas prendre seuls une décision dans
les alîaircs très graves qui pouvaieiit engager l'ordre tout entier.
Ils les soumettaient à tous les membres du chapitre, qui se pro-
nonçaient après mjïre délibération. C'est ainsi que fut résolu,
en 1339, l'envoi des religieux étudiants auprès des Universités.
Gei'lains prieurs ne voulaient envoyer leurs moines à Parus que
pour étudier la lliéologie; l'abbé de Cluny leur lit imposer |»ar tout
le chapitre et le couvent de son monastère l'obligation de leur
adjoindre des étudiants en droit canon (1378) *. L'ordre possédait
un collège auprès de l'IJniversité de Paris et un autre auprès de
celle d'Avignon; il voulut on avoir un troisième à Reims. La chose
était acceptée en princiiie. Il ne s'agissait plus que de le doter. Le
ehapiti'e général de 1571 décida le transrerl à Reims du doyenné i
de Tours-sur-Marne '. Les événements ne irermirent pas de donm
suite à ce projet.
1 Eligjmus, depulamus ei unlinamus ocio ex pncsenlis cupituii deffinilorihf
ui\ (lerlitranilum, inlerjiretaDtluni, nioderandjm el limilandum capitula Reg
.S. lU'iK'ilirll i\\ia- déclara lia ne, inleriirelulionc yut nioderulione seu liniilalJQJ
|[jdi<:i'j'e fis videbuntur. Jctu du ehapUm de ISIS.
^ Abbiiii's. priores Uererjnl sialiim temporalem suorum monasterioruni, i
in i|u>!»>s sigillullm coosislant cuin onerlbus deliila pnssivi) el aclivu; omnif
h;ec a senionbus exiiminulu el lesliljealu. AfTeranl auiem staluuni teni|)oraIJu
duplîuatu, UQum in archiviis utibatiae CJi
sLta mgnasleria rejiarlandum. SlatitU de 1735.
^ .Si quamlo lameD nova condaleriut staliiUi, j
iijsi in iliiolius soijiieiitibiiK <'U|ilIu11s Tuerinl
« H, Puier... (le consiliu deinniloriini el :
depuneniluin, ullenim ad
I.
[Il Hlalutonim non Iranseaiil.
inlirmaU. SlatuU de ilM.
sensu expresse eliam conveiilus
CUiniuceitsis el prioniiii aliurum iiuoruinoumiiue assisieiilium in dîcto rapKulO
geiierali, slaluil el ordiaavil (jQod... pritircs nui coosiievenini lenere aludeal
Puri.siis in iheolo^a, leneani sludentes in jure Cimunioo. ÀcUt'du
de tS7S.
* Postremo cum colleRimii in civilale Kemensi erigi speramus. pro itlH
•M
L*ORDRE DE CLIJNY ET SON GOI'VEIINEMENT. 127
Lies actes du Chapitre i^énéral
Les décisions ou détinilions prises par les déliniteurs étaient
insérées j)ar le secrétaire dans ie procès-verbal (jue le président et
les déliniteurs signaient et scellaient. Il en était donné i(îcture
publique dans la salle capitulaire de Cluny en présence de tous les
religieux de cette abbaye et des membres du chajûtre général. Les
décisions insérées dans les actes et promulguées otticiellemenl
avaient seules l'orce de loi. Nul ne pouvait ajouter quoi que ce soit
au texte scellé et promulgué sans encourir de ce tait Texcommu-
nicalion '. Les abbés et prieurs devaient tous se procurer, avant
dr quitter Cluny, un exemplaire des statuts et des détinilions (|ui
venaient d*êlre promulgués. Si le temps leur manquait pour en
prendre eux-mêmes copie ou attendre que quelqu'un la prît en leur
nom, ils chargeaient les secrétaires ou le trésorier de Tabbaye de
la leur envoyer, car ils avaient à les promulguer, dans les six
mois, en présence de leurs religieux et à les faire exécuter 2.
Les chambriers des provinces et les visiteurs, chargés plus par-
ticulièrement de les l'aire appliquer, devaient en avoir un (^x(»m-
|)laire avec eux. Les supérieurs étaient invités à porter leur
^Itention sur les décisions qui visaient leur monastère. Il leur
pnncipaii dotutione deflflnilores et tola capiluli conjjre^'atio conseuliiiiil ut
"Wanatus de Tiirribus super Matronain in civilate Reinensi Iransferalur.
"^^^9 du chapitre de /o7/.
'^tatuinius defliniendo et detliniinus (|uod omucs arlus t'acli aut facieudi in
<'amerjj defllniloruni seu extra per deflinitores pr.rsentes et l'uturos, de (|uibus
*'^l"'^H«e non erit lacla mentio in rotulo delîînitionuin, sint nuilius rohoris
""Oinenti. Quo eliain rotulo lecto in capitulo Cluniacensi et si<(illato
"i^iitnus nihil esse addendum substantiaiiter sul) exconinuiuicationis pirna.
-^^^« cfe chapitre de /i55.
. ^^iiinibus et sin^çidis abbatibus, prioribus et adniinislraloribus princi-
paiiUtiç in hoc instanti capitulo existentibus, iiru'cipinuis ac prohiberïius ne
^^itnt sine ordinationibus et statutis, aut de sibi eis niittendis onerent
'^^tiirios aut Ihesaurarium, ut apud eos litter.e valeant infra diniidiurn
«*nnun, quatenus suis subditis notiticent easfjue obsorvare facianl cuni etfectu.
^^^*»jr m statuta. (irégoire IX et Nicolas IV avaient fait à chacjue supérieur
^^ï^c oblijçation d'emporter les dt'*tinitions des chapitres j^cncraux pour les
proir^ Ul^ygP (levant leurs moines. L'abbé Henri I dans ses statuts, les chapitres
«e t^:24 et de 1326 renouvelèrent celte obligation. Le doyen de Verj^y, qui
n avait passa copie des définitions, reçut un blâme officiel en 1380.
128 REVUE MABILLON.
était demandé compte, au chapitre suivant, de la manière dont o
les observait chez eux ^
L'ensemble des définitions formait un corps de loi qui avait
pour Tordre entier une grande importance. Chaque chapitre
général avait eu les siennes; elles étaient séparées jiar années
et risquaient fort par conséquent de se i)erdre ou de rester
enfouies dans les archives des monastères. Pour remédier à cel
inconvénient, les déflniteurs de 1542 demandèrent qu'il y eût
à Cluny un registre où les secrétaires inscriraient à l'avenir
toutes leurs décisions 2. Le xvir siècle, avec son sens pratique,
compléta cette disposition. Il y eut à Cluny une armoire ou coffre
spécial dans lequel étaient conservés les actes originaux de tous
los chapitres. Dans la crainte que ces documents ne fussent
dérobés ou ne vinssent à s'égarer, le coffre était fermé par trois
clefs; le grand-prieur en gardait une, l'autre était aux mains du
|)rieur de Saint-Marcel de Chalon, le prieur de Paray-le-Monial
avait la troisième. Pour ouvrir ce dépôt il fallait un ordre écrit du
su|)éneur général ou des visitcuu's en cours de visite régulière -K
Tous les monastères avaient intérêt à conserver soign«Hisement
ces |)r()cès-verbaux. Les statuts de 1055 les obligènMit à les
transcrire sur un registre, comme à Cluny ♦. C'est sur ce même
registn* que le secrétaire consignait le rapport des visiteurs •'.
Alin d'épargner aux supérieurs de prendre ou de faire faire la
(M)pie dos actes capitulaires, le procureur général eut ordre d'en
adross(M- un»* directement à chacpie maison ^. Ce qui d<»vint très
facile (juand on eut |)ris l'habitude de livrer à l'impression le texte
du procès-verbal. Les moines de l'ancienne observance cruirnl
avec raison qu'il y aurait grand avantage à réunir en volumes tous
1 Quia piiniin est deflinilionos et onlinationes facere, nisi debitis execiitio-
nihus (hMiiaixif'nlur, (iclliniuiit (leltinitoresciuod (}iiilibet abbas et prior detlîni*
tloiHMïi de loco suo menlionem rarionteni, anno (jiiulibet. secuni portel, et
dettinilioribus sequcDtis rapituli (ptod aeluiii sil de sin^^ulis in detlinilionibus
roiilenlis lideliler ro[)ortel. Artex du chapitre de iSU.
2 Slatiiiinus (juod de eetero Mat regislruni per sohbas et seeretarios bujiis
donnis Cliiniacensis in <|uo... defliniliones et ordinaliones (pur super
quacuniquc re a nobis et successoribus nosliis (lent de cetero eoneindaninr.
Actes du chapitre d^f i54i.
3 Actes du chapitre lU' 167t.
* In unoqno<|ue monaslerio tiat re;,'islruni in qno «pue sinj^ulis annis per
eapitulum jrenerale ordinantur, notenlnr. Statuts d^ Uîrut,
•'» Actes du chapitre de 1667.
6 Actes du chapitre de 169:i.
l'ordre de cluny et son gouvernement. 129
c^s documents. Ils exprimèrent ce désir en 1714 ^ Le procureur
général, qui devait le mettre à exécution, dut commencer alors ce
vaste recueil de copies et de textes imprimés conservé au palais
Bourbon et à l'Arsenal. Mais cette entreprise eût exigé des trais
énormes; elle ne put aboutir.
Ck>clifleation des Définitions et Stntut«
Les définitions des chapitres généraux et les statuts des souve-
rains pontifes ou des abbés formulaient la coutume clunisienne;
<H quand il y avait lieu, ils l'interprétaient et la modifiaient. Les
supérieurs, qui avaient la responsabilité de leur a|)plication,
devaient les connaître. Or, comment arriver à connaître exacte-
ment des lois et des arrêts dispersés dans tant d'actes divei's?
r/esi pour leur faciliter cette tâche que les détiniteurs ordon-
nèrent, en 1399, de former une collection méthodicpie i\o.
toutes les décisions intéressant la discipline religi(^use et le j^oii-
vernement des monastères. Les rédacteurs ne devaient se servir
que des documents officiels. Le corps de lois ainsi formé serait
soumis à l'approbation du roi et des cardinaux |)résents à Paris.
Ii*?s cliainbriers de chaque province en recevraient un exemplaire,
dont ils transmettraient une copie à tous les abbés et |)rieurs de
l'ordn'. Ceux-ci auraient à faire exécuter, avant la tin du mois, les
prescriptions contenues dans ce recueil. Les visiteurs s^^raient
chargés d'y veiller 2.
^ Proourator j^eneralis ordinis omnia quîr recuperare poterit capitula jç(mi('-
>"jli^. impensis coiiimunibus qiiain priinuni de novo typis niandari et siiiiid iu
"iioeo<lein(|ue volumine consignari pro('ural)iL Actes du chapitre de 17 1i.
*<^nlinaimis quod visitatores dei)Utali in provinclis sibi decrolis, rirca
<l*vinimi oiilluin, reforma lionein vitJC et monim monachaliiiin, status et obser-
vanti.T rejîidaris monasticas reslaurationeni a'ditirloruni, inunimentoruin et
vestiinentoniin, ornainentorum, vasoruiiique sacrorum et alioruin (|uuruin-
«^unique. statuta, ordinaliones et detrinitiones per Hoinanos Ponlilices. abbales
^l'iplllnitores. ab olim hucusciue édita et éditas, [»er moduiu roniineuti aili-
«'ulatiiii et in l)ona série lrans(Ti[»la et Iranscriptas. extrada el exiractas de
ni'rjs antitpiis si((illis H. 1). abbatiset U. priorisCluniaeeiisis si<^'illala (*t uiunila.
una cuin aliis additis executioni débita* demandent.
(^U(mI (liiium commentum Kejçi, consilio suoel l)oniinis('-anlinaiibus Parisiis
existenlibus per nolabiles viros pra'senletur. — Item, pnrdietum eommenlum
et ordinutioiies mittantur camerariis jam deputatis seu deputandis in provin-
9
130 IIEVI'K >IAiIII.LOS.
Qu'est devenu ce recueil monastique? nous n'en connaisso»
aucun exemplaire. Le Recueil des délînilions des ctiapilres ■■
Ciuny (Bib. Nal. nouv. acq. lat. ^363), que signale H. L. Detisle
est une œuvre liieu différente. Serait-ce alors une réédition de
statuts de l'abbé fiertrdnd et de l'abbé Henri, donnés cumine ihm
collection de statuts et de définitionsï Nous ne saurions le ilirti
Tel est bien aussi le caractère des statuts de Jean III de Bourlwr"
promulgués avec l'assentiineut des déliniteurs en 1458 '.
Ces textes tenaient lieu de constitutions dans les monastère^
clunistes. Les chapitres suivants les niodititrcnt sur plus d'u
point, et le relâchement fit tomber en désuétude un grand nombf
de prescriplions importantes. Les réformateurs du xvu' siècle ii«
se préoccupèrenl pas, au début, de les fiiire revivre. Il leut
spjnbla meilleur de reproduire l'organisation de Sainl-Vanne ou ilt
Saint-Maur. Mais, après le double échec de Richelieu et de Mazarin.
il fellut revenir aux traditions de Cluny, sans négliger toutefois ce
que les deux nouvelles congrégations offraient de pratique et
d'avantageux. Les règlements conservés dans les maisons les plus
ferventes Turent maintenus et déclarés obligatoires, après un travail
d'épurdtion nécessité jiar des divergences trop sensibles tl648j ».
Ce qui fut renouvelé en 16S4. Les déclarations ou constitution!
étaient restées manuscrites jusqu'à cette époque. On résolut alors
de les feire imprimer, dès que le Saint-Si^e et l'abbé de Cluny les
auraient approuvées (I6S4). Elles parurent à Lyon, l'annéf
suivante *. Les moines constatèrent, en les pratiquant, bien de*
r.Ws solitis. — Uiiod abbalibus el iirioribus mediale vel immediMie mitijectis
ipsonim priorum ïuniplibns et expensis, transmilUnt (linli ramerarii ortlîn»
lioaes el cq m ni en lu m priedicta. — Item, quod sub pcrn» eKtoiiiniuiiicutivni!
eialiis[H£nisonIinan(ltse(pervtsi(aluresinipuneniJis, tideinahbaieset priores
infra mensem a die pr.Mentatioitis oMinalioriis el contmeiiti compulaDiJiiin
liabeanl dicia rommenia et onlinationes lam in se ciuam in priores et iiltw
subililos siios execulioui demandare. AcUt du ehapitrr de i399.
1 Insenlaire des vianuaci-îte de la BibUùthrque Nationale, Fond» de Climf
p. 318.
3 Le nhapitre de 1480 dut îtiliineraux sujiérieurs nâ^litients de s'en procurei
un exetnpiuire et de les nietlrc en pratique.
3 Dec! a ration es in Regulam S. Palris nostri Rcnedicti el (ion si i lu ti on es prc
re^mine per defnnitores cupiluli denuo exaniinatie el recognlue, \\er munas
leria noslra quamprimum dislribuentur iil iili omnibus ol)servenlur exarie
Aetei du chapitre de iSiS.
* Régula lamctisiimi Patris Benedicli, cum declaralioniàu» et contdtuli»
nibM prout tervantur in erdine lacra Quniacemi a Patribiu tlrictiorû
oAitfVaniie. Lugduni. iOSS, in-U.
^
l'ordhe de cluny et son gocveknement. 131
lacunes. Les supérieurs essayèrent de les améliorer et surtout
de les rendre plus conformes aux traditions de Tordre. Les
additions proposées par eux furent soumises à tous les moines,
qui les approuvèrent (1665). Il ne restait plus qu'à obtenir Tagré-
ment de Tabbé de Cluny et l'approbation du souverain pontife.
Borne donna son assentiment aux nouvelles déclarations, sauf à
trois articles, qu'il fallut modifier.
Tout ce travail fut accompli pour les seuls moines de la Stricte
observance. Les autres, connus sous le nom d'Ancienne obser-
vance, en restaient aux statuts de Jean de Bourbon ^
Ces nouvelles constitutions furent observées jusque dans les pre-
mières années du xviii* siècle. Le besoin de se conformer le plus
possible à leur antique législation tourmentait ces religieux et les
t>oussail à améliorer sans cesse leur législation monastique. Dès
^680, le chapitre général prescrivit le dépouillement des bulles,
^es statuts des abbés et des définitions capitulaires pour préparer
"ne édition des déclarations de l'ordre. Les textes seraient distribués
suivant les cliapitres de la Règle de saint Benoît. II y aurait deux
parties : dans la première il serait traité du régime ou gouverne-
"ï^nt de l'ordre, et dans la seconde, des exercices religieux 2.
l-^s recherches nécessitées pour cette rédaction prirent plusieurs
années. Le travail n'était point fini en 1697 ^. Il se trouva assez
^^'âïicé en 1704 pour que les déliniteurs sollicitassent du cardinal
^^ Bouillon la permission de mettre la dernière main à l'œuvre *.
H^ligiosi unUquiP observantiîe promittant se in posteriiiri observaturos
statu tij Johannis a Borbonio juxta exceptiones, declarationes, explicaliones,
"^^iflcationes et restrictiones in detrinitorio circa dicta slaluta factas.
Reli^l^jjj novap et sirictioris observanli;e proniiltani et se obli^^ent ad supra
"'^^■^ stâtuta Johannis observanda et exe(|uenda in his omnibus in (juibus
^"' conformia aut non contraria eoruin observantia». Actes du chapitre
de /€?^g
/^rdinatum fuit ut statuta, constitutiones, décréta et ordinaliones in di])lo-
"^^^^ Vfctis Summorum Pontificum, abbatuni Cluniacensiuni stalutis. capiluloruni
genet^-iijmrn decretis et alibi pluribus in locis contenta, partim prelo mandata,
P^ï'^tïi manuscripta, in unum corpus, capitulis Be^mia» S. P. henedicti corres-
Ponct^njjjjyj, prudenti ordine redigantur. ita lamen ut (>nma parte lil)ri hujus-
™<x» î traclenlur ea qua? générale regimon oniinis spectanl, in secuuda parte
qua* ^Jivino cullui celebrando et quotidianis disciplina» excrcitiis com|K'lunl.
s^^ rfw chapitre de 1685.
.*^ nionasleriis strict^p observanlia' constitutiones qua* consue\erunt in
**'''*P* t. uio et refectorio legi, in prislino vigore serva!)uutur, donec aliie cpias
c<»c*"^ ronvenit, publlcala» fuerinl. Actes du chapitre de i6Ul ,
A. p.p. deffînitoribus supplicatum fuit Kminentissinio et R. R. Abbati nos-
132 URYUK MABILLON.
Les grandes diflicultés qui éclatèrent bientôt entre le cardinal et
les moines de la Stricte observance furent cause d'un retard très
désagréable à ces religieux, qui avaient épuisé les exemplaires impri-
mésde leurs constitutions. La nouvelle rédaction, terminée en 1711,
fut soumise à quelques liommi^s graves <ît instruits, cpii présen-
tènml leurs criticfues au chapitre suivant. Le procureur général put
enlin livrer les exemplaires im[)rimés aux maisons de Tordre en
1717 '. L(?s religieux de TAncienni* observance avaient grand avan-
tage à tirer de ces constitutions. La prcîmière partie surtout leur
convenait tout aussi bien qu'à leurs confrères de TÉtroite obser-
vance, puiscprellt; contenait Icîs pn^scri[)ti()ns relatives au gouver-
nement de Tordre. Les deux groupes de détiniteurs eurent à Texa-
miner, en 1728, pour voir s'il n'y aurait pas lieu de la faire appliquer
de part et d'autre. On crut utile de la soumettre, au préalalde,
à une étude très sérieuse, et d'y introduire les modifications recon-
nues néciîssaires. Une commission ciioisie par Tal)bé fut chaînée
de ce travail ^.
L*\s membres de la commission, clioisis en nombre égal dans les
deux observances, travaillèrent si lentement que l'ien ne fut ter-
miné en 1735. Le (conseil des définiteurs nomma directement
d'autres religieux et les chargea de continuer l'examen connufMicé
et d'en soume.ttre ensuite les résultats à Tabbé de Clunv '. Celui-ci
trouva sans doute (jue ces constitutions ne faisaient point à son
autorité la part assez large. Les commissaires prévinrent les déli-
nit(Mirs de 1738 (pi'il serait nécessaire d'ajouter un cliapitrt^ sur les
(ro t^enerali ul (juiini priinum, secundiiin reij^ulnin S. P. N. Benedicii ol antiiiua
statuta onlinis. adhibito coiisilio [latriiii) (|iii rcgularis obsorvantia' poritiores
sunl. ('onslilulioiH?s (juas edore conveiiil, lain jurisdictioiic sua ordiiiaria (piani
sihi deU^^'ata a Sodé A[M)stoli<'a iniiiiitas et suft'ultas contiri et publirari <'nret.
Actes du chapitre d-e 170 i.
ï Statuta et (^onsuetudines sacri ordhiis Cluniacmsis, cum constitulionihus
pro regulari seu strie ta ohserravtia , iv duas partes distributa. S. 1. n. <i. iii-4.
2 Detlinitores librum cui tituliis est Statuta ... quantuin ad [triniam parleni
i\\\\v rej-inien s()ertat, duoniin iitriusqueobservantiu' prociiratomni ^eneraliuin
cxainini subjeceniiil, ul si «luid dinicullatisorlumsit, R. aj»bas rebjiiosos rujus-
«|ue observautia* numéro pares desi^çuet a<i hujusniodi solvenchis dirtirultalos
corairi <li('to abbate. Quod vero a «lesij^iiatis et nominatis [iroliatuiu l'uorit \ini
liabeliil de<*reli usque ad capituluuitçenerale fuluruui. Actes du chapitre de tîiS.
3 Heeo^'nitione prima* partis ronslituli<»num (|ua' sunt couHnunes utri<|ue
ol>servautia' iioudum fada ab liiscjui ad hoc opus dcputati fueraut. delVinitores
abos ad hoc de[uitaverunt qm recojjjnitione peraeta lotum réfèrent R. R.abbati.
ut dicue conslitutiones tandem preloniandentur. Actes du chapitre de 173ii.
l/ORDRE DE CLUNY ET SON (.OUVERNEMENT. 133
droits et j)rééminences du supérieur général. Les deux procureurs
recurent l'ordre de le rédiger et de le faire imprimer après avoir
obtenu rapprol)ation de Tabbé K Ils mirent peu d'empressement à
exécuter cette tâche délicate. Rien ne fut présenté par eux au
chapitre de 1742, qui leur enjoignit de se mettre à l'œuvre.
Le travail n'était pas plus avancé en 1750. Les procureurs reçurent
une fois encore l'ordre de continuer leur travail.
Il y eut moins de difliculté pour la seconde partie. Les détlniteurs
de l'Étroite observance, après avoir examiné les améliorations
apportées à la rédaction primitive, se déclarèrent pleinement satis-
faits et en demandèrent l'impression en 1732 et en 1735 ^. La mésa-
venture de la |)remière partie causa des retards inévitables. Il lut
décidé en 1738 que les deux parties ne seraient point publiées
séi)arément ^, ce qui occasionna de nouveaux retards.
Les religieux de l'Ancienne observance partageaient eux aussi
cet amour de la tradition cluniste. Ils demandèrent à l'abbé de faire
rechercher dans les sources authentiques tout ce qui pourrait
servir à mieux organiser la pratique religieuse dans leurs monas-
tères. Ce travail serait soumis à l'approbation du chapitre général
(1728). Dom Clereau se mit à l'œuvre. Mais il avançait lentement.
Les détlniteurs, jugeant son travail fort utile, lui ordonnèrent de
ne pas l'interrompre *.
^ Qui ad recognilionem primée partis constitulioniim... fiierunl deputati,
reUiIerunl huic parti necessarium esse pra»poni capul in (juo expandanlur jura
PHï'eiTîinenliîeque R. R. abbatis Cluniacensis, deputati sunt procuratores
generdies utriusque observantia» (pii caput prîPdictuni confir.ient, typisque
'^nien non mandandum nrsi a R. R. abbate approbatum. Actes du chapitre
^ 1738.
* Posl diiigens eorumdem a nobis examen, certe roj^novimus istaruni novum
<^'*^'nem clariorem et simpliciorem esse, eas in omnibus conformes usibus et
staluijs observantiîP, sicut priori ac primitivo ordinis noslri instituto. Quam
ol>reninos deffînitores slricUi» observanti;e hanc secundam parlem constitu-
tionum et eanim novam dispositionem, laudamus, approbamus et pnpcipimus
«luam primum typis mandandam et ad omnia monasleria miuendam a procu-
•^lore generali nostro; ipsasque sicut prius esse observandas et pu!)lice
ï^ndasut moris est, tam in capitulo post lectionem Re^ml.T S. P. N. Henedicti
quam in refectorio. Actes du chapitre de 1732.
^Secunda pars constitutionum i)ro slrictiori observanlia.,. nonnisi post
^^pleiam primam partem utrique observantia» comnmnem. typis mandabitur.
^^^i du chapitre de 4738.
* A deffînitoribus compertum est quantum anti(|uiori observanlia» perutile
^^l..., si omnia et singida (ju* diversis hucusque tem|>oribus slaluta condita
*"ûl, in unum codicem coaptarentur. Defïlnitores D. Clereau ele^^erunt ut
(
n« In le<!t)ii*e publique des hIiiIuIm
et d^B dénnUlona
Saint Benoit et tous h-s législateurs monastiques ont oritonnt
de lire publiquement leurs règles, atîn que le religieux ne puis
trouver dans son ignorance de la loi une excuse à ses fautes.
Pareille mesure s'imposait à Cluny. Grégoire IX obligea les abbés
et les prieurs à faire lire les diSliniliuns des cliapitres généraui,
devant leur communauté réunie deux Ibis l'année, sans parler de fa
lecture qui se lUisail toujours pendant la visitecanonique ' . Nicolas I
trouvant que ce n'était pas assez, demanda qu'on les lût la veilk
des cinq principales fêtes ' .
L'abbé Henri I, sans tixer de noml)re, ordonne que les défi'
nitions soient fréquemment lues dans la salle capitulaire.
visiteurs les faisaient lire et réciter en leur présence. L'ignorancd
devenait alors impossible ^ ou inexcusable. L'ablȎ Jean de BourbcHU
rappela les ordres de Nicolas IV *.
Les actes des chapitres devaient être lus, au wni" siècle, ev
plein oliapitre devant tous les religieux assemblés, i]uatre fois l'ao^
On choisissait pour le làire la semaine des Qualre-Temps '.
ciEplum ab eo o]ius complerel, illam stalulonim colIe<:(iancm conlicern no
ialermiUal. Acte» du chapitre de f7iS. Avons-ootis le Iruvail île Uom iJeret:
dans In VoUectio de la bibliotln^ijue de l'Arsenal?
1 Omîtes vero abbaies et priores, nnnis sini^lis ad cupiltilum veDtenWl
defllnitiones, si i|ux Tacbc Tueriiil, in sud redilu hal>eanl, bis lu anno in nii
C3|iilulis, visitationis tempore nihilominus, recilandas, ul nulluB pneleid
ignoranliie se valeal excuaare, Butte de Qrtgoire IX, déjS ctlée.
* ,.. in vi^liis ([uinque renlorum precipuomm 61 visitulîonïs l
nihilomiaus recltandas. Bulle de Nieolitt IV, déjà cllée.
!> PriKipimus dislrictius ut abbates ordiois, priores ei deruiii c
marum habenies, maxime atiteni camerarii prgvinciaruin dcfflnîtioues ca|rif
luli generalis babeani in scriplis secumque eas observent et al) omnibus dr^
ordine prioribus munachisque mcdiale et immédiate l'.luniacensi ecclesiie
subjectis racianl, proul eflicacius polerunt, observari ipsasque delRnitiones
sîppiua in capitulis, prœcipiie aiilem visitationis tempore, coram visilatoribus _
ordtnis legr et recilari Tadanl, ut nullus pnpiextu i^orantia; se \
excuiiare. ffenriei I ttaluta. Btùlt'olheea Cluniacetai», I5SS.
* Si per superiores conventibus suis ei monucliis piiblicari visum fUem
prntsertim in vif^liis qurnque Testorum principalitim et visitationis tempofti
JoanitU III itatnto. Ibid.
" Mltlel procuralor generalis Jiio lam hiijiLh cupiluil qiiam aliorum deinc«n^
L
l/ORDRE DE CLUNY ET SON GOUVERNEMENT. 13S
Plusieurs chapitres généraux renouvelèrent cette recomman-
dation, qui fut observée jusqu'à la fin. La lecture des constitutions
se feisait tous les jours à Toffice de prime et pendant le repas
du soir K
Nicolas IV s'exprime avec beaucoup de clarté sur la nature de
Tobéissance que les religieux doivent aux définitions des chapitres
généraux. Leur violation ne saurait constituer la matière d'une
feute mortelle, à moins qu'elle n'aille contre les vertus essentielles
de la vie religieuse ; dans tous les cas, elle mérite un châtiment
prévu par la règle 2. On ne se départit jamais à Cluny de ce senti-
ment, appuyé sur l'autorité de saint Thomas et des meilleurs
théologiens. Le chapitre de 1459 le répéta de manière à ce que nul
n'en ignore "*. Les statuts des abbés obligeaient exactement dans la
même mesure *.
Des Diètes.
Les chapitres provinciaux n'entraient pas dans l'organisation de
Tordre cluniste. Il est bien question d'un chapitre convoqué à
wemplaria ad singula monasleria, quae qiiater in anno (juatuor temporibus
integre in capilulo praesenUbus omnibus monachis diligenlia priorum perle-
KCntur. Actes du chapitre de 4693.
^ " Ils feront lire tous les jours au chapitre après prime les constitutions sur
'e lexle (le la règle qui aura été lu et tous les religieux de chœur, mesme les
^Niants, s'y trouveront pour entendre cette lecture. » Actes delà diète de 4685,
~" " Us supérieurs feront lire les constitutions tous les jours régulièrement
<lans leur communauté tant au chapitre le matin que le soir au réfectoire. »
^c/f* du chapitre de 4662.
^ Deflllnitiones seu ordinationes capituli generalis ad mortalem culpam non
^'^'iganised ad pœnam, nisi contra essentiam observantiae regularis. Bulle de
yicoîas IV, citée plus haut.
^ Dedaramus et deffinimus deffmitiones debere esse et intelligi secundum
ïormani et lenorem bulhe Nicolai IV, scilicet quod ips«T non ligent ad culpam
"•ortalis i^eccati. kctes du chapitre de U59.
* I^effiniunl deflfinilores quod D. Cluniacensis, sua et ipsorum auctoritate
procedens, omnia pnecepta et prohibiliones statutorum et deffinitionum
<iuarumque sub quacumque verborum forma conceptarum a D. D. abbalibus,
^^ pro tempore fuerunt, et deflinitoribus atque praesidentibus ordinis aliis
1"'buseumque emanatas et emanata, promulgatas et promulgata, ad peccatum
'^ortale personas ordinis, cujuscumque status et conditionis existant, non
^*^ligare vel ligare declaret atque décernai, slalutis et deffinilionibus pœnas
excoijununicationis apponentibus. Actes du chapitre de liOl.
136
lti:VllE HAB[LLON.
Milan par l'abbë Yve I du Vergy el auquel assistèrent tous le^
prieurs de Lombardie '. Mais on no saumit dire si cet exemple fuW
suivi ailleurs. Nous somines tlotic en [H'ésence d'un fait isolé.
On ne peut donner le nom de chapitre à certaines réuniunt^
particulières des prieurs d'une province sous la présidence du ■
cliambrier, qui avait à leur Ikire des cuimnunications importantes '.
Les chapitres jtarticuliers des abbayes et prieurés, auxiguels pre-
naient [larl tous les prieurs de leur dépendance immédiate, étaient
d'une nature bien différente. 11 est donc permis de dii-e que Cluny
ne connut pas les chapitres provinciaux.
Les diètes, que les Clunistes de l'Étroite observance emprun-
tèrent aux Bénédictins de Saint-Maur, n'avaient rien de commun
avec ces réunions. Elles se tenaient toutes les années qui nian-
i|uaient de chapitre général .7„«l à la même date, c'est-à-dire le
dimanche iubUate, troisième après Pâques. Le vicaire général,
le procureur, les visiteurs et quelques prieurs désignés jar le
chapitre composaient cette réunion '. Le cardinal de Bouillon, qui
la voyait de mauvais œil, essaya de la supprimer. Les religieut en
appelèrent au conseil du roi, qui leur donna raison jKir un arrêt
du 30 mars 1703. Ces diètes annuelles furent désormais autorisées.
Le vicaire général les convoquait au lieu et jour fixés par lui. En
cas de décès, le premier des visiteurs s'en cliargeait, après avoir
' S la délégation de l'abhé, qui ne pouvait la lui refuser '.
t Apud Hediolaoum celebravil 1>, abbas provinriule caiiiiulum ad ijuod
omnes priores Lonibanliii' coiivenerant. Actes du eh/tpitrt de 1S73.
^ Quilibet tamerariorum provinciarum infra ununi mensem a die pra.'sen-
lationis facUc commenli ordinationum coiivocent omnet. priores conventiiiilife
... immediatos habeanlque eis cammentum et ordinationes pnpdirlas cxpo-
nere et sub siicillo nuo copiam earum dare. lamen mtHleralis sumplibus el
expensLs. Actes du chapitre de t39-l.
^Singulis annis intermediis diietu celelirabilur, <|uain vompunenL H. R, Patres
regiminis, visitatores et ijualuor superiures a rapilulo général! ilepulaii.
Actes du chapitre de ICiS.
* Anno sequenli capilulum, ili^eta eadem die Dominicu Juiilale relebrabitur
per U. H. Paires regjminïs, visilatores el quosdaiii e numerù superiunnn a
(lelHiiitoribuH pnecedetilis eapiluli deisigiiunilis, ila ul sinitil septeiiarium
numerum impleant. Âctet du chapitre de 1663.
^ » \ artioatié el ordonne que les religieux de ladUle l'troiie observante
uonlinueront de tenir leurs assemblée» ou dielles annuelles ioierniéditiires
aux Cliapitres généraux à la maniL-re accoulumée.... Ies<|uet]es dielles seront
convoquées par le Supérieur vicaire général de l'élroite observance, en la
qualité de vicaire général du card. de Bouillon, au Jour et dans le monastûre
(jui seront par ledit Supérieur vicaire général Indiqui's: et, en cas de dévès,
par le premier Visiteur, lequel Vi.tiieur )>era tenu, audit cas, de prendre St cet
elTet un mandement dudîl card. de Bouillon. • Arr4( du 30 mort t?OS.
l'ordre de cllny et son gouvernement. 137
L'opposition mise par le cardinal à l'exécution de cet arrêt ne
permit pas d'en profiter. Il fallut attendre Tannée 1711. Le vicaire
général fut autorisé à désigner lui-même les prieurs cpii compo-
steraient la prochaine assemblée avec lui et les visiteurs.
Le chapitre de 1714 choisit le monastère de la Char i té-sur-Loire
comiiK» lieu ordinaire de ces réunions. Le vicaire général, les deux
visiteurs et le procureur général en faisaient partie de droit.
Lt'S prieurs assistants étaient au nombre de quatre. De préférence
on prenait ceux qui gouvernaient les maisons les plus importantes.
Ce furent en 1714 et 1738 le prieur claustral de Cluny, les prieurs
de la Charité, de Saint-Martin-des-Champs et de Souvigny. Si l'un
de ces quatre venait à êtn^ élu visiteur, il avait j)our le remplacer
le prieur de Sauxillanges ^.Le vicaire général eut, dans la suite, à
prendre l'avis des visiteurs pour convoquer une diète, au cas où le
chapitre général n'aurait pas lieu la troisième année. Ce qui arrivait
de temj)s (m temps au xvm*' siècle -. Le consentement royal fut
iMenlôt reconnu nécessaire ^,
Le jour où l'on ouvrait la diète, le supérieur vicaire général ou,
'à^ow défaut, h* j)remier visiteur chantait la messe solennelle du
Saint-Esprit. Les membres de l'assemblée choisissaient ensuite le
î><'crétaire qui leur convenait *. Ils pouvaient faire les règlements
W nécessitait le maintien de la discij)line régulière et nommer
yux charges vacantes par décès ou démission. C'étaient du
moins les attributions que leur reconnaissait l'arrêt du conseil
^ ^'Omilia seu, ut vulgo dicuntur, dneta» strictions observanti.np deinceps
(Hebrabunliir in monasterio B. M. de e.aritate. Diia'aulem habebuntiirlempore
inlerinecUo inler <'a[nluia generalia; (juaruni priinani indicet capitiilum j^^eiie-
•"«^'c, altéra m verudiirla praicedens. Proxima verocelebrabitur dominica tertia
ï^^^ Pascha anni \7\^ haneque tenebiml B. D. superior generalis, duo visi-
t^lorps, jjrior S. Martini a Campis, prior Sarictorum Pétri et Pauli de Silviniaro;
^'. siconliji^erit ali(|ueinex designatis [irioribus eli^n in visilatorem, lociim ejus
^nebji prior Sanctorum Pétri et Pauli de Celsiniis, rum (|uibus aderit procu-
nilur gênerai is. Actes du chapitre de 1744.
'^ Dia'iii» annii:r convooabuntur a superiore vicario ^^enerali de <'onsilio et
i/ssensu visilatorum. Statuts de 1735.
^ Si ultra Iriennium dilationeni rapituli generalis prolerri coiiligeril, suppli-
Cithilnr apud Regem christianissiniuin quatenus pro suo in nos lavore su|)erio-
rum nostrorum di:etam generalem congregandi racultaleiii imperlialur. Actes
tle la diète de 1746.
* Die vero qua inchoabitnr dia'ta, «anlabitur |)riinum a convenlu lori niissa
solenuiis de Spirilu Sancto, H. P. superiore generali aul, si fueril iinpeditus.
primo visilatore célébrante. Kligaiit patres quem nialueriiil iii scribani seu
setTelarium di.Tt;e. Statuts de 1717.
138 RE\TE MABILLON.
royal ^ Ils eurent aussi le pouvoir de déposer les supérieurs
reconnus indignes ou incapables et de nommer leurs succes-
seurs *. Les religieux ainsi élus par la diète ne pouvaient exercer
leurs fonctions sans avoir demandé à l'abbé une confirmation (|ui
ne leur était jamais refusée ^.
M. Bruel donne la liste des diètes réunies de 163o à 4779. Leurs
actes ont été pour la plupart imprimés K
^ " Les relij,'icux de l'étroite observance continueront de tenir i\Qs dielles
annuelles et d'y faire des règlements nécessaires pour la manutention de la
discipline régulicre seulement. Dans les dieltes. en cas de décès ou de démission
du Su[>érieur Vicaire général ou autres, il y sera pourvu par élection d'autres
par les religieux comi)Osant la ditte dieltc en la manière accoutumée, sans
(|u'il puisse être fait d'autres changements de religieux particuliers que dans
les cas mentionnés aux chapitres des années 1676, 1678 et 1693. » Arrêt du
30 mars 1705.
2 Quod si compertum fuerit in diaHa, priores vel administratores conlra
canonum sancita et ordinis statuta, siveinspiritualibus sive in temporalibus se
habuisse, poterunt eos absolvere et aliis in eorum locum subrogare. Statuts
(le 1717,
3 Superiores, omnes ofliciarii et religiosi de novo electi per dia'tas aut de
loco ad locum missi, tanquam superiores se gerere non pra\sumant, antequam
a HK. DD. abbate institulionem suam acce[)erint, quam tamen institutionem
neque denegare neque revocare poterit RR. D. abbas juxta anni 170Darrestum.
Actes du chapitre de i7iH.
4 Les Chapitres généraux de l'Ordre de Quny. Bibliothèque de l'Kcole i\es
Chartes. XXXIV, 577s>7».
LE BRÉVIAIRE DE SAINT-DENIS-EN-FRANCE. 139
LE BREVIAIRE DE SAINT-DENIS-EN-PRANCE
Ayant eu entre les mains pendant quelque temps un exemplaire
do l'unique édition imj)rimé(î du Bréviaire de Saint-Denis, nous
a^ons pu en faire une rapide analyse; nous voudrions utiliser les
notes, trop incomplètes à notre gré, (jue nous avons réunies,
pour feire connaître à nos lecteurs la composition et l'ordonnance
de ce précieux témoin de la liturgie d*un grand monastère au
moyen âge.
Cette étude aura surtout le caractère d'une monographie descrip-
tive: on n'y cherchera donc pas la solution des questions d'origine,
ni un tableau général de la liturgie monastique. Nous ferons seule-
ment, à l'occasion, quelques rapprochements avec d'autres docu-
ments de la même époques Quant aux différences entre les usages
d'alors et ceux d'aujourd'hui, nous aurions trop à faire de les
î'ignaler : elles ressortiront d'ailleurs de notre exposé même, pour
ceux qui sont déjà quelque peu familiarisés avec la liturgie moderne,
romaine ou monastique.
Un travail d'ensemble sur les offices des moines au moyen âge
ne {murra être entrepris que (piand un grand nombre de documents,
manuscrits ou imprimés, auront été décrits, analysés et comparés
méthodi(juement. Le résumé que nous faisons sur Saint-Denis peut
^'ontribuer de loin à cette œuvre générale. Mais à le prendre en
lui-même, nous ne le pensons pas dépourvu d'intérêt ni de protit.
En matière d'archéologie et d'érudition, ce ne sont |)as les vues
d'ensemble et les généralisations (jui, seules, importent à la science
^'t captivent les esprits, mais aussi les particularités, les détails,
'**s menus renseignements, s'ils font pénétrer, comme c\îst ici le
cas, dans la vie intime d'un groupement social, d'une entité collec-
^*^'c, dont le rôle a été mêlé si étroitement à l'histoire religieuse et
nationale.
Comme presque tous les Bréviaires, manuscrits ou imprimés,
3^*anl la réforme de saint Pie V, le Bréviaire de Saint-Denis est
^^sliné à l'usage des religieux qui, absents du chœur, devaient ou
^'oulaient réciter l'office canonial en union avec leurs frères. C'est
140 KEVrE MABILLON.
donc un livre manuel, de petit format, de petits caractères, de te^
compact, contenant tout rotïlce en un seul volume, un « totuin
comme on dit aujourdliui. Un pareil livre n'était pas fait pour ser^
au chœur; d'ailleurs à Saint-Denis Toflice devait se réciter el
chanter tout entier de mémoire; il est probahle cependant que 1
oraisons et les lettons étaient lues, mais on se servait pour cela ^
Colkctaire et du Lectionnaire manuscrits; on n'aurait certes j»
laissé aux mains d'un moine, au chœur, un petit livre à destinalic
pers(mnell(*. L'usage d(\s Bréviainîs de grand format, (jui fun^
imi)rimés en grand nombre pendant le xvir siècle, et (pii repr*
duisent toujours la rédaction romano-monastique de Paul V, co:
respond à une épo(pie où les anti(|ues traditions s'étaient déj
perdues; on ne chantait plus les matines ni les laudes, (*t on trot
vait commode, pour la récitation en commun, d'avoir des livres o
tout l'otfice tût réuni.
Le Bréviaire de Saint-Denis n'est donc pas destiné à remplace
les livres de chœur : il ne dispensait même pas celui qui s'en sei
vait de (pielqu(» exercice de mémoire, car nombre d'antiennes n
sont indiquées {\my par leurs premiers mots.
G'(»st un petit volume, composif sui' deux colonnes, en caractère
gothi(iues très tins mais très nets, sur j)apier mince et souple; !
justification totale est de 73 millimètres, la hauteur de 123 mill
mètres y compris le titre courant, sans les signatures.
A la fin, selon l'usage du temps, se trouve V Index Chartarun
à la suite de 1' « Achevé d'imprimer ». Celui-ci est ainsi conçu :
A(i laudem sanctc et individue Trinitatis, et gloriosissimi Chris
inartyris Ariopagite Dionysii Gallorum apostoli oxplicit Breviariu
juxta ritum regalis ejusdem cenobii Christi martyris : nunc primu
Parisiis accuratissiine impressum iinpensis dicti cenobii in edibi
Joannis Ainazeur typographi. Aiino Doiiiini millcsinio quingentesin
quinquagesimo. Die dedma tertia mensis Februarii.
La division générale du livre est ainsi exprimée |>ar VlmU
Chartarum :
1" L(» CabMidrier;
2" Les Bénédictions avec les iMémoires communes;
3" Le Psautier;
4*^ Le Commun des Saints ;
o" Le Propre du Temps, ou Temj)()ral ;
6" Le Propre des Saints, ou Sanctoral.
LE BRÉVIAIRE DE SAINT-I)ENIS-EN-FRANCE. 441
I^e Ocàlendriei*
La première page du livre sert de frontispice. On y lit, dans le
haut : Breviarkjm jixta ritum regalis cenobii Christi martyris
HioNYSH XI Nc iMiiMAM AcciRATissiME Parisiis Exci sscm, sur quatre
lignes en caractères gothiques avec (juelques mots en rouge.
Le reste de la page est occupé |)ar une gravure sur bois repré-
sentant saint Denis, portant sa tête dans ses mains, et conduit par
doux anges qui se tiennent à ses côtés. La date MDL (1550) est
imprimée sous la gravure.
Avec la pag<* 3 commence le Calendrier ; nous n'ajouterons rien
ù ce (|ui (îu a déjà été dit dans le numéro précédent ; chaque mois
i>ecu|)e une page, dont le bas est occupé par un quatrain en hexa-
niètres sur Thygiène convenable à la saison.
Ensuite deux pages consacrées au comput; la j)remière donne la
table (les lettres dominicales et indique Tusage de la tabler (jui
occupe la seconde page et qui sert à trouvc^r pour cha(|ue année la
date «les fêtes mobiles. Gendres, Pâques, Ascension, I*entecùt(;,
Corps (lu Seigneur, le nombre des dimanches, le dernier dimanche
(l'A vent.
Bénédiclion» el iSuilVa^es
f>eijx pages pour les bénédictions des leçons de Matines. On y
trouve toutes celles qui sont encore en usage et nombre d'autres
tombées en désuétude, dont ciuelques-unes auraient mérité de
survivre, telles celles-ci :
Do sede suîn majestatis l>enedicat nos dextera Dei Patris.
Immensu Dei pietas nos semper et ubiciue custodiat.
Quand les leçons du 3*" nocturne étaic^nt d'une homélie sur
levangih»^ les quati'e bénédictions (''tait»nt : Evangelica lectiOy Verba
sancti Evangelii, Pei* evangelica dicta, i)i
tlvanf^licis armis muniat nos eonditor orbis.
142 URVIE 3IARILL0N.
Quand les leçons du 3' nocturne étaient d'un sennon ou
légende, on disait :
Mundi redemptor sit nobis auxîliator.
IIlc nos benedirat in terris cujus majestîis fuiget in exeeisis.
A cunctis mulis imniinentibus cripiat nos omnipotens et mise
Doniinus.
Deus misereatur nostri et det nobis suam pacem.
On voit dans ces Ibrniules la recherche de l'assonance en!
metrum et le punctum, comme dans le v(»rs léonin.
Unt* série spéciale était allectét» aux fêtes de la Vierge, quel»
unes en vers léimins :
In omni tribulatione et anj^ustia succurrat nobis Vin^o Maiia.
Oret pro famulis sancta Maria suis.
Sancta Dei Genitrix sit nobis auxiliatrix.
Ad gaudia paradisi perdurât nos mater Domini Jesu Chrisli.
Au bas de la seconde page, vers nuKîmoniques sur la ma
de conclure les oraisons :
Per Dominum dicas quando Patrem pre^l>yter oras;
IVincipio Natum niemorans, dieas Per eumdem ; etc.
Deux distiques sur les Decem prcecepta legis :
Vïiwm crede Deum-, nec jures vana per ipsuni.
Sabbata sanctifiées, et venerare patres.
.Non sis occisor, fur, raœchus, testis iniquus;
Alterius nuptani resque c^iveto sua^s.
Quali'e hexamètres b'onins sur les sept «l'uvres de miséric
sj)irituelltî :
(iorripe peccantes ac instnie pnuca scientes;
Consule non doctis, exora pro tribu latis;
Conforta in.'estos. porta patiens onerosos;
OiTensus sponte la*denti conle reniitte.
SEoriiM'i M i»niNcn»iA ÀNTipiioNAm m. — Initia des antienu(»5
se disent pour les suffrages ajMvs Laudes et ajirès Vêpres. IVni
LE BKËYIAIRE l)K SAINT-DENIS-EN-FKANCE. 143
versets et oraisons, on renvoie à la tin du Temporal. Ces suffrages
se taisaient en l'honneur de la Trinité, de la Croix, de ta Vierge,
do saint Denis, de saint Benoît, de saint Louis, et des Reliques.
L*es antiennes variaient avec tous les jours de la semaine, sauf
celles de saint Louis et des Reliques, qui étaient les mêmes en
semaine et le dimanche. Celles des Laudes différaient aussi de
celles des Vêpres. — Au Temps pascal, il y avait des antiennes
spécialfîs pour la Croix : Crucem sanctam subiit, à Laudes du
dimanche; Siarexit Christus, à Laudes de la semaine; Crucifixus
sufTexUy tous les jours à Vêpres. L'antienne de la Vierge changeait
aussi pendant l'A vent, et au Tem[)s pascal, aux Vêpres seulement
du dimanche. Ces sutï^i'ages se récitaient toute l'aimée et même les
jours de fête, sauf (pielques exceptions, comme pendant les semaines
(le Pâques et de la Pentecôte.
Index Psalmorum alphabeticiîs. — En quatre pages, la table
aiphabétiiiue des psaumes avec leur folio, et celle des cantiques.
En reni|)lissage, deux hexamètres léonins De modo psallendi :
(.uni Domino psalles, psallendo tu tria serves;
Dirige cor tuum, bene profer, respice sensum.
î*ï"s trois autres : Horœ qualitei' sunt dicendœ :
Tune orant horae, cum corde canunlur et ore;
Non vox sed votum, non chordula musica vocum ,
Non damans, sed amans cantat in aure Dei.
^•^'■HPAKATIONES MisSiE. — Sous cc titre, nous avons ici l'ordinaire
de la Messe (sauf le Canon) avec des prières préparatoires et des
actioîis ^\^ grâces. La préparation, que le prêtre faisait étant déjà
revêtu en partie des ornements sacerdotaux, com|)renait : Veni
^^^cie Spiritus, Veni Creakn\ avec verset et oraison; le psaume
J^ica me, suivi de versets et oraisons; l'infusion de l'eau et du
^'" dans le calice avec la prière : De latere Domini nostri Jesu
f^f^^isti, etc.
^ ce moment le prêtre prenait le chasuble et faisait la con-
fession, puis il montait, à l'autel et lisait l'introït et ce qui suit
conijne de nos jours. Les textes de l'introït et des autres j)ièces
P'^^Dres sont pris à la messe votive du Saint-Esprit.
Li^ïs prières de l'offrande étiiient résumées dans le Suscipe sancia
^^^^itas, quelque peu différent du Romain; on y faisait mention des
144 HEVUK MABILLON.
saints Denis, Kustiqiie, Eleiithère, et de saint Benoît. Le canon est
entièrement omis; on passe aux prières après la communion,
compreiïant le Nunc dimiitis, et entre autres formules celle-ci :
sacrum viaticum, o suavis anima; cibus et refectio; te panem
salvificum credimus firmissime; ha'c nostra professio; te Virginis
unioum, Jesu clementissime, da nobis in pra^mium. Amen.
Puis l'antienne de la communion et les postcommunions.
La bénédiction est ainsi conçue :
Adjutorium nostrum, etc.
Sit nomen Domini, ct(\
Uenedic^it nos divina Majeslas et un;i Deitas, Pater t. et Fibus f. t't
Spiritus t Sanctus. Amen.
A|)rès l'évangile In prhwipio, une antienne à la Trinité avec
verset et oraison, et une bénédiction.
Poui* Taction de grâc(»s (de prœcepto e.r concilio ToletnnOf :
(piel(|ues versets du Benedicik, le psaïune 150, iV/zm* dimittis.
des verscîts et orai.sons. Suivtmt d(^ dévotes prièi*t»s, sans doute
ad libitum, une avant la messe, et trois après, la dernièi*e à la
sainte Vierge : sacrai issima.
Nous avons là, sauf quelques détails propres à Saint-Denis,
l'ordinaire de la messe romano-fraiH;ais(s usitéi» dans l.out(» la
France piMidant le moyen âge, (*t conservée dans la liturgit»
dominicaine et dans le diocèse de Lvon.
Lie Pscàuliei*
Incm'it psalterum skci ndim isim hecai.is crnobii AHiopAiiiTE nivi
DiONYSIl IN FhANCIA.
Une rubrique nous apj)rend d'abord que tous les dimancbt\s à
Prime on dit les j)saumes Deus in nomine tuo, Beati, In quo
corrifjit, Rétribue, Adhœsit, kti le symbole de saint Atbanase.
Le |)saum(» DeuH in nomine est ici un em|)runt au Komain.
Le symbole Quicumque se récite aussi tous les jours à Prime
exce|)té pendant la semaine <le Pùqurs.
Les psaumes se suivt'Ut selon leur ordre num«''rique. De courtes
rubriques indicpient leur em|)loi à l'oflicr ordinaire du tt^nps, avec
les initia des antiennes qui hîs accompagnent.
LE BRÉVIAIRE DE SAINT-DENIS-EN-FRANCE. 145
Le psaume 94, Venite exultemus, selon la leçon de la Vulgate,
est à son rang, sans indication. On le passait à l'office férial, mais
d'après une rubrique qui se trouve après la Trinité, on devait le
réciter à la place de Tinvitatoire proprement dit à l'office des fériés
depuis la Trinité jusqu'à la saint Luc.
La ré|)artition des psaumes entre les fériés et leur partage en
divisions sont exactement conformes à l'usage actuel.
A partir du psaume 109, DLvit Dominus, qui ouvre les vêpres
du dimanche, les antiennes sont au long.
Avant le psaume 117, Confttemini Domino, il est noté qu'il se
dit à Prime le jour de Pâques, outre son usage ordinaire aux
Laudes du dimanche.
Le psaume 118 et les psaumes graduels sont sans antiennes.
Nous trouverons celles-ci ailleurs.
Au psaume 135, Confitemitii Domino, les versets sont privés de
leur seconde partie : quoniam in œternum,.. qui est la même pour
tous. Peut-être cette seconde partie était-elle suppléée par la
répétition de l'antienne, qui se compose des mêmes mots.
Ensuite les Cantiques, d'abord ceux des Laudes fériales pour
chaque jour de la semaine avec leurs antiennes, et celui du
dimanche, Benediciie. Ce sont ceux mêmes dont saint Benoît
disait : Sicut psallit Ecclesia Romana.
— Le Te Deum, sous le titre de Laus Angelortun.
— Les trois Cantiques évangéliques, Benedictus, Magnificat,
^vnc dimitlis.
— Le Symbole de saint Athanase (qui se disait tous les jours
à Prime après les psaumes).
— Les sept psaumes de la pénitence, indiqués seulement.
— Les Litanies des Saints, Letania, un peu plus longues que
celles du Komain actuel. Le nombre des saints invoqués est plus
grand, mais il y a moins de versets et d'oraisons.
Le Psautier tel que nous le trouvons à Saint-Denis ne répond
pas exactement à celui du Bréviaire actuel, ce n'est pas le
fsalteiium dispositum per hebdomadam cum Ordinario Offieii de
Tempore. Mais ce système a été d'usage général dans les livres
liturgiques du moyen âge.
Ce qui manque à ce Psautier pour en faire l'Ordinaire de l'Office
^^ Tem|)s est reporté au second dimanche après l'Epiphanie et
2UX fériés qui suivent. C'est là que nous trouverons les invitatoires,
antiennes, hymnes, capitules, versets, prières, oraisons de l'oflice
<lominical et férial pei* annum .
10
146 HKVIE MABILLON.
I^e Oommuii des (Salntis
Incipit Commune Sanctorum. — La place donnée ici à cette f
n*est pas conforme à Tusage actuel; à cette époqufi, il n'y avai
uniformité sur ce point. Dans le Bréviaire de Marmoutie
Commun dtîs Saints vient (»n dernier lieu, après le Propre
Saints.
1. commun des APOTRES.
In Natali Apostolorum. — Il n*y avait pas d'ofiice pour la ^
des apôtres. Aux premières Vêpres, une seule antienne
psaumes de la férié, le capitule, un grand répons, Tliymne
seconde hymne Annue Chrisie), le verset, Tanlienne à Magni
une oraison commune. Pour une fête simple (c'est-à-dire de c
leçons), un ré[)ons bref au lieu du grand répons.
Remarquons ici, une fois pour toutes, les différences de
ordonnance avec Tusage actuel : une seule antienne, au lit?
(|uatre; les psaumes de la férié au lieu de ceux du dimanclie, (
grand répons après le capitule, au lieu du répons bref, du n
aux fêtes semi-doubles et au-dessus. Aux fêtes senii-doubl(
au-dessous (douze leçons, trois leçons), les psaumes de la férié
les antiennes fériales, Totlice ne commençant ciu'au capitule,
particularités sont de règle à toutes les premières vêpres,
l'ares exceptions; elles sont conformes aux habitudes d'
liturgie romano-française et elles ont survécu dans les brévi
gallicans des xvii* et xvni*' siècles.
Ce commun ne donne pas de leçons pour les deux prer
nocturnes, mais seulement pour le troisième. Il en est de n
pour les autres communs. C'est qu'en ettet, chacjue fête de
de douze leçons avait une légende propre (jui fournissait les
premières leçons et quelquefois même aussi les ipiatre demi
La distribution actuelle en (juatre liîçons d'Écriture, ipiatr
légende et quatre d'homélie était alors inconnue. L'Écriture i
lisait qu'aux offices du Temps. Pour le troisième nocturne,
avons ici trois homélies avec leurs évangiles.
Nous reproduisons l'hymne Anmœ des premières vêpres.
Annue Christe seeulorum Domine
Nobis per hujus tibi chara mérita,
Ut quae te coram graviter deliquimus,
Uujus solvantur gloriosis precibus.
LE BR^^VIAIRE DE SAINT-DENIS-EN-FRANCE. 147
Salva, Redemptor, plasma tuum nobile,
Signatum sancto vultus lui lumine,
Ne lacerari sinas fraude ddemonum.
Propter quos mortis exsolvisti pretium.
Noli captivos esse tuos servulos,
Absolve reos, compeditos érige,
Et quos cruore redeniisti proprio,
Hex bone, te<îum fac gaudere perpetim.
Sit tibi Jesu benedicte Domine,
Gloria, virtus, honor, et imperium,
Una cum Pâtre Sanctoque Paraclito,
Cum quibus régnas Deus ante secula. Amen.
Aux fêtes de certains apôtres, cette hymne était complétée par
une ou deux strophes propres de même mètre, qui se mettaient en
léle, avant la strophe Annue.
Les antiennes, psaumes et répons des nocturnes diffèrent quel-
que peu de ceux de nos jours; il en est d(î même pour tous les
offices du temps (*1 des saints, et nous ne saurions ici relever toutes
ces différences : autant vaudrait alors transcrire le Bréviaire (*.n
^lier.Nous signalerons seulement celles qui sont plus notables, et
parmi les nombreuses pièces tombées en désuétude, nous repro-
duirons celles qui présentent quelque intérêt, tel le douzième
ré|K)ns des matines :
1^. Cives apostolorum et domestici Dei advenerunt hodie portantes
fisices et illuminantes patriam, dare pacem gentibus et libei*are popu-
lum Domini. y. Audite preces supplicum, vitae aîtemae poscentes pra?-
mia, qui fertis in dextris manipules justitia^, quique gaudentcs adve-
nistis hodie. Portantes.
A Laudes, cinq antiennes. A Benedictus, trois antiennes au choix :
TdlUejugum, Vos qui secuti, Vos qui reliqtmilH.
Aux secondes Vêpres, antienne unique, In patientiu, sur les
quatre psaumes, Dixit, Lauduie, Credidi, In convertendo. Deux
antiennes à Magnificat : Estote, Tradent.
Pour cet office, comme pour tous les autres du Temps et des
Safnts, les antiennes et les répons, sauf rares exceptions, sont tirés
dt» rotticîe romain, ou pour mieux dire, du vieux répertoire grégorien.
Seules quelques fêtes de Saints avaient un office de composition
postérieure, tels saint Nicolas, saint Denis. Mais le choix et la
148 HKVI K MAIIII.I..IN.
distribulîoii des |)ièces grégoriennes différaient alors d'une é^\
à une autre, de monastère à monaslère. L'unitti litiii^ique
monde latin au moyen âge, entre la dilTusion des livres romains
viii" siècle, et la réforme inspirée prn- le concile de Trente, et
conçue (f une façon beaucoup moins étroite que de nos jours. Cliaq
église cathédrale, clia(|ue abbaye indépendante dressait son vsk
drier à son gré, remplissait les cadres de son office avec les texl
romains en les disposant comme bon lui semblait, y ajoutant <1
pièces de facture récente ou locale, choisissant en toute liberté I
leçons de l'office dans les recueils de légendes et dans les œuvt
des Pères et des auteurs ecclésiastiques. L'accord se mainteii
ce{)endant sur les lignes essentielles; ainsi dans tous les calendric
on retrouvait les grandes fêtes du Temps, celles de la Vierge el il
Saints consacrées par une coutume universelle; les éghses séc
lières conservaient le cadre de l'office romain, tandis que 1
moines restaient fidèles à l'ordonnance indiquée par la Règle
saint Benoît. La distribution des Livres de l'Écriture, le choix à
évangiles du Temps, la répartition des « histoires, » c'est-à-dire d
séries de répons, restaient assez uniformes dans l'ensemble, ma^
bien des différences de détail.
Le Calendrier était complété par les saints qui avaient vécu da
la r^ion ou qui y étaient déjà honorés depuis longti;'m|is, el ji
ceux dont on pos.sédait des reliques importantes. Ce double cîira
tère national et local est très remarquable dans celui de Saint-hpn
On y trouve beaucoup de noms qui le rattachent étroitement
l'église de France et en particulier à l'église de Paris. De met
pour la composition de l'office, les moines se conformaient volo
tiers, sauf naturellement ce qui leur était prescrit par la Régla, a
usages en vigueur dans la régioji qu'ils habitaient, et rêciproqucmei
les cathédrales et collt^iales voisines s'inspirèrent souvent de
qui se pratiquait dans les monastères voisins.
Quant aux fêtes de dévotion, qui ont pris une place si importai
dans la liturgie de nos jours, le Bréviaire de Saint-Denis par
avoir été très réserve à leur endroit, alors que déjà depuis
xiv° siècle elles tendaient à passer de la pratique po|)ulaire da
les cadres officiels de la prière liturgique. La piété des moines
manifestait d'autre façon, et surtout par l'addition, à l'office can
nique, d'offices accessoires quotidiens, tels que celui de la Vier|
celui de tous les Saints, celui des défunts, et par la récitalic
avant ou après certaines Heures, de séries plus ou moins longu
de psaumes avec versets et oraisons, ainsi que nous aurons l'oa
sion de le remarquer au cours de notre étude.
^ÊÊk
à
LE BRÉVFAIRE DE SAINT-DENIS-EN-FRANCE. 149
Le Commun des Apôtres est suivi d'un supplément pour les
Évangélistes, selon l'usage français du moyen âge. Cet office se
confond en grande partie avec celui des Apôtres : il n'a de propre
que les capitules, un répons et une antienne aux premières Vêpres,
rinvilaloire, huit répons et une antienne à Matines, l'antienne à
Benediclus. L'homélie est sur l'évangile Desig^iavit.
Ces textes propres sont tirés presque tous de la vision d'Ézéchiel.
Citons l'antienne aux cantiques :
Sapientiam antiquorum exquisierunt sancti ËvangelistaB, et Prophe-
tarum dictis narrationem suam confirmaverunt.
2. COMMUN d'un martyr.
In Natali unius Martyris, d'abord pour une fête simple, c'est-à-
dire de 12 leçons du degré inférieur, et aussi sans doute pour les
rares semi-doubles : en eflTet pour les fêtes doubles et au-dessus,
ilya, dai)s ce Commun et ceux qui suivent, des propriétés (qu'on
nous i)ermette ce terme pour désigner dos pièces propres ou spé-
ciales) qui sont réunies en manière de supplément.
Aux simples, office presque identique à celui de nos jours, avec
deux iiomélies et trois évangiles.
S). 10. Hic est vir qui non est derelictus a Deo in die certaminis
sui, et ipse conculcavit caput serpentis antiqui : Modo coronatur, quia
ndeliter vicit in mandatis Domini. }. Iste sanctus pro loge Dei, etc.
Aux secondes Vêpres antiennes propres (diftérentes de celles des
Laudes) : Virgam virtutis, Potens in ieira, Collocet euin, Dirupisti.
In duplici fesio. Les textes propres, de style moins antique
et pris en dehors de l'Écriture, sont de facture romano-française,
souvent versifiés et rimes. Ce sont : aux premières Vêpres, une
Etienne, Ave Martyr; un répons, Miles Christi; une antienne à
Magnificat, Af ar/.yrZ)^î; à Matines, VinwMioiriijEteimumtrinumque
flfttm;six répons, l'antienne aux Cantiques; à Laudes, le répons
bref, Tantienne à Benedictus; aux secondes Vêpres, l'antienne à
Magnificat.
A Magnificat. Ave Martyr gloriose, ave sidus jam caeleste decorans
N. caelum : nos guberna visons humum, quo la^temur triumphantes, to
patronum vénérantes.
4. Sancte N. Christi Martyr audi rogantes servulos et impetratam
'1
caelitits lu ilefcr indulgeDliani. f. sancle .N. sidus aureum [Ion
gratia Bervonim gctnitus soliUi suscipe clemeatui. Et impetratam.
R). Agmina sacra Angolorum, Itetamini pro concive vestro i\. :
gaudel riiristi F^cleeia féliciter et exultât gaudeoter. t- l^laminl J
Uoniino et exultate jusU, et gloriamini cum bealo N. De qun.
A Beiiedictiis. loclyta Christi Hartyris N. viln extat in Ecclesia b
rum operum fonnai ejus ergo prœconia mente cclebremus devola,
inlercesBione sancla nostra solvat delicla.
A Magnilicat. Cultor Del dignlBSime N. lumen Eccloai», nostrona
proponsiiis liodie aceleruni pro nimio aniore pius apud Deuiu
ceasor existe.
Il y a enfin un petit supplL^mcnt pour les fêles de trois lecooi
qui comporte une antienne à Magnificat aux premiëfes Vêpres, a
capitule au seeonàjioclurnejste cognovitjustUiam.el uneaulîenÉ
â Benedictus, Qiiienim voluerii. Des nihriques relatives, il ressa|
que l'office de trois leçons était organisé comme de nos jours -A
commence la veille au capilule; fi Matines, psaumes otanliennesd
la rérie. L(! choix des répons est à noter : le lundi on prend I4
trois premiers de l'ofJice à douze levons; le mardi les trois suivants
le mercredi les trois suivants, le vendredi les trois derniers. 0:
passe le jeudi, parce que les jeudis lilires de douze leçons, on ùisai
î'olfice votifde saint Denis; le samedi, l'office de Beata, la fête 4
trois leçons était réduite â mémoire. Rien de marqué pour Ij
secondes Vêpres, cet otfice se terminant à None.
3. <:o>lHL'^ DE PLL'siEuns hartihb.
In Natalj pluh [Monuti Mahtïiiuii. — D'abord l'oflice pour les S
à douze leçons ; puis pour les fêles à trois leçons. Pour les doubla
il n'y a de propre que le douzième réjwns bien connu, conatat^
marlyrum. A Saint-Denis il n'y avait qu'nne .seule fête de pUisiei
martyrs qui fût supérieure au simple, c'était celle des saints F
et Sêbaslien, qui avait d'ailleurs un office presque entièrement prc
Aux premières Vêpres, à Magnificat, trois antiennes : SancHf^
{Idem, Hœe est vera fralernilas, Gaiident in cœlis.
Quatre évangiles avec quatre homélies : renvoi pour une ciiî
quième homélie au Commun des Apôli-cs, et sixième évangile san
homélie. Aux secondes Vêpres, antiennes propn;s; à Magnilical
deux antiennes; pour les trois leçons, antienne à Benedictus, IsU
rum est enim. Beaucoup d'antiennes et de répons difTérents ï
LE BRÉVIAIRE DE SAINT-DENIS-EN-FRANCE. 151
l'office actuel, mais toujours de facture antique. Pour les cantiques :
Laverunl stolas suas.
Los cantiques sont ceux de Toffice des Apôtres.
K. 10. In circuitu tuo Domine lumen est quod nunquam deficiet, ibi
constituisti lucidissimas mansiones, ubi requiescunt anima; sancto-
rum. t. Magnus Dominus et laudabilis nimis, in civitate Dei nostri, in
monte sancto ejus. Ubi.
$. 12. veneranda martyrum gloriosa oertamina, qui in suis cor-
poribus pro ChrLsto immania pertulerunt tormenta ; Fit ideo pcnûpere
menierunt immarcescibilem ^ternae glorise coronam. ^, Isti sunt qui
venerunt.... Et ideo.
A Laudes, Ant. Justonim animée, Justi autem, Tradiderunt, Si eoram
hominibus, Tanquam aurum. — A Bened., veneranda martyrum.
Aux II" Vêpres, Ant. Virgam virtutis tuae, Collocet eos, Pretiosa,
Euntes ibant. — A Magnif. Martyres sancti inter acerrimos dolores, spe
gaudentes in tribulatione, orabant Dominum et dicebant : Judica
Domine judicium nostrum, et libéra nos ab homine iniquo et doloso.
Ou : Sanctum et verum lumen et admirabile, ministrans lucem his
qui permanserunt in agone certaminis ; récipient ab ipso splendorem
sempiternum, in quo assidue felices iastantur.
4. COMMUN d'un confesseur PONTIFE.
''"^ Natali unîus Confessoris Pontificis. — Office pour les douze
'*-<;onR. A Magniticat, deux antiennes : Euge serve bone ou Isie e^l
^n^^ Qfite Deum. A Matines, trois homélies. Aux secondes Vêpres,
^J^tiennes propres. — Supplément pour les doubles : aux premières
^'^pres, antienne unique, Ave prœsul ; psaumes de la t'érie. f^. Sajicte
' Çhristi canfessor; à Matines invitatoire, antienne aux canli(|ues,
trois répons, puis quatre autres « qui quandoque in festo duplici
)^^ semiduplici dicuntur »; à Benedictus, Hw fulgens gloriosus;
^ Magnificat, Gloriosus conf essor Domini N. vitam angelicam. —
^ ^^tes pour les fêtes de trois leçons.
A.U second Nocturne, les trois dernières antiennes sont : Lœia-
^^Ur justus, Beaius quem elegisti, Justus ut palma.
4. 6. Iste homo ab adolescentia sua partim meruit infirmos curare.
Dédit illi Dominus claritatem magnam, caecos illuminare et dœmones
eflugarc. J. Ecce homo sine querela....
A Laudes, Ant. Kcce sacerdos magnus, Fidelis servus, Beatus ille
servus, Sacerdotes Dei, Serve bone.
IlEVrK ]IABILLO^.
Hymne : Hujus o Chrifile mentis precamur — Arceas iraiii, inbam
fevoreni — liratiam pr^slefi veuiamque noliig — Mitis ad ontnes.
PrîL'be oramus Heus aime rector — Ul fides uostra vitiis resislal -i
AtquG virtutum studiie ministret — p6i?lore puro. |
Gloriam Puiri resonemus omnes — Rt tibi Christc cienite supenie -^
Guni quibuB Sanctus et Bimul Creator — Spiritus extat. Amen.
Aux II" Vêpres, Ant. Juravit Uoniinus, Potens in terra, Colloc^ eud
Dinipisti Domine.
Aux doubles, fi. lilcce vir prudens qui œdiflcavit doinum suam sapé
petram, in cujus ore non est inventus dolus : Quia Deua ele^t eum M
sacerdolem sibi. t- Euce vere Israelila in quo dolus non est. Quia. |
fi). plene Spiritu Sancto, turlias ejiciens, prostratus adjuugibl
mortuo, rieat lachrymis solum, votai planctibus CImstum : Cterqia
consurgit. ille de oraLione. ot puer dn morte, i. >'. manu alleva
dormientem, luctus vertuntur in gaudium. Llerque. ^^^j
S. COHHU» D'[J^ CONFESSEUR NON PONTIfE.
Pour les fêles de douze levons : aux prpmièrcs Vêjin's, â Magni-
ficat, antienne spéciale |iour les Abbés :
Saiictissirae oonfeesor Domini, monachorum pater et dux N. Uiier-
cède pro nostra omniumque salute.
A Matines, presque tous les testes sont, comme aujourd'hui, pris
3U Commun des Pootilés, sauf naturellement ceux qui mentionnent
ia qualité d'évêque. avec quelques répons spéciaux pour les Abbés;
deux homélies.
A Laudes, Ant. Jusliim deduxit, Fidelis servus, Bealm iUe
servtis, Amavil eum. Serve bone. A Bened. Similuho eum.
Aux Vêpres, mêmes antiennes et psaumes que pour un martyr.
Quelques indications pour les doubles et les fêtes il trois leçon».
COUUUN DE PI.UgtEUHS CONFESSEURS.
Quelques textes propres, presque tous applicabliîs seulement
à des pontiies.
%. 19. Sacerdotes Hei benedicite l>eum; Sancli iH humiles corde
laudate lleum. t- Cantate c\ canticum novum : lienu psallile ei ia
vociferatione. Sancli
A
LE BRÉVIAIRE DE SAINT-DENIS-EN-FRANCE. 153
A Laudes, Ant. Justoi'um animœ, JuMi autem, Dabo sanctis mets,
Sacerdotes Dei, Exidlabunt saiicti. A Bened. Sini lumbi vestri.
A Vêpres, antiennes et psaumes de plusieurs martyrs. — A Magni-
ficat, Fulgebunljusti.
6. COMMUN DES VIERGES.
In xatali unil's Virginis. — Pour les fêtessimples; trois homélies.
Indications pour les fêtes à 3 leçons. Capitules propres pour les
Vierges martyres, un capitule pour les saintes Femmes : celles-ci
n'ont pas de Commun; on renvoie à chaque fête propre; d'ailleurs
il n'y en a que deux au calendrier, sainte Bathilde, à 3 leçons, et
sainte Félicité, martyre, réduite à mémoire.
1" Nocturne, Ant. Ante thorum, Nigra sum, Sicut raalum, Adjuro
vos, Revertere, Specie tua.
$. 4. Non eris inter virgines fatuas, dicit Dominus, sed eris inter
virgines prudentes, acci()ientes oleum laetitia) lampadibus suis :
Obviantes obviaverunt sponso cum palma virginitatis. J. Venientes
autem venient cum exultatione, portantes manipulos suos. Obviantes.
2* Nocturne. Ant. Adjuvabit eam, Veni electa mea, Dignare me,
Tota pulchra es, quam pulchra est, Haec virgo sancta.
3* Nocturne. Ant. Inventa, ou Invocavi Dominum, ou Domine Deus.
%, 10. Audivi vocem de caîlo venientem : occurrite omnes virgines
sapientissimae : Oleum fécondité in vasibus vestris dum sponsus
advenerit. ^. Media nocte ... Oleum.
A Laudes, Ant. Hsec est virgo sapiens et una, Veni sponsa. Hase est
virgo sapiens quam, Media nocte. Tune surrexerunt.
Aux Vêpres, Ant. Tune surrexcTunt (unique). A Magnif. Simiie est
regnum caelorum sagenœ missag....
COMMUN DES SAINTS PENDANT LE TEMPS PASCAL.
indication des pièces propres à dire au Temps pascal, pour les
.^^^s des martyrs, confesseurs, vierges. Pendant ce temps, les
*^^'îtatoires, les antiennes de Matines, celle des Laudes (unique),
®^ Celles des Heures étaient les mêmes à toutes les fêtes des saints
/les saintes et se référaient au mystère de Pâques, non au saint
"^^même. Du reste au Propre des Saints, on trouve pour chaque
^^ tombant au Temps pascal toutes les indications nécessaires.
lîi-i iiF.vre )iABiu.n[s.
Le Commun des Saints se termine ici : Finis Gohmunis. Mais
y a rattaché les divers offices votifs ou accessoires qui se cétébraïi
3 certains jours ou s'ajoutaient habituellement à l'otfice princip
D'abord l'offîce votif de saint Denis, qui se (Uisait à trois leço
le jeudi non empi^ché par une fête à douze leçons. Il commimce
capitule la veille, t'I possède les secondes vêpres entières. Les lec
sont empruntés à la fête principale du saint. A Laudes, antien
unique. Quelques indications pour le temps pascal.
Puis l'oHice votif de la Sainte Vierge au samedi, égalem*
à trois leçons, sans vêpres. Indications pour le même oflice a
différents temps liturgiques.
En troisième Itou. On-icim Beat.>: MAni.e Vuiginis, ce que na
appelons maintenant le Petit Ollice; il s'ajoutait à l'otlii'* princî)
du jour, dans des conditions que le Bréviaii'e n'indique pas, rat
probablement tous les jours, d'après les usages de l'époque, l
chœurs tant séculiers que régiiliers du moyen âge s'étaient l^it U
loi dt^ la récitation quitliilifnin' df ,-'■{ oflice. Le principe de ca
obligation est encoi'e '■K|iriini> ihnis le Bréviaire romain, comi
dans le Romano-muniisliqui.'. ri^slrcint d'ailleurs aux jours libi
de fêtes à neuf ou douze levons; mais même dans ces limites. ï
a de nos jours désuétude générale. Les Cisterciens et les Ghartre
sont restés fidèles au Petit Oflice : ces derniers le récitent
particulier, conformément à leur genre de vie quasi-érémitique; I
Cisterciens le disent en entier au chœur, tous les jours.
A Saint-Denis en voici In slruclure générale : A Maunt
trois psaumes, trois lei;ons avec répons, Te Deum. A Laudt
une antienne, capitule, etc.; quatre oraisons, mémoii'e de sa
Michel. A Prime, hymne Veni Creator ; le dimanche, psaumes
2, 6; en semaine Deus in nomine, Beati, capitule, répons bi
verset, trois oraisons, la première du Saint-Esprit, la troisiènte
saint Jean l'Évangéliste; mémoire des Saints, avec trois oraiso)
— A Tierce, Veni Creator; le dimanche, les psaumes de
semaine à Tierce du grand oflice; en semaine, Legein pone, comj
à Tierce du Romain; etc., trois oraisons. — A SeKte.Vcm Créait
le dimanche, psaumes Ad te levavi, etc.; en semaine, Defecit, et
trois oraisons, mémoire des Saints avec trois oi-aisons. — A Noi
Veni, psaumes In converlendo; en semaine. Mirabilia, et
comme à Sexte.
A Vêpres, quatre psaumes et une antienne, etc., quatre oraisoi
mémoire de saint Michel. A Compiles, trois psaumes, antienne, et
Nmic dimittis, antienne; trois oraisons, mémoire des Saints a.^
deux oraisons. — Suivent indications et textes pour le niénieofl
Ia
LE BRÉVIAIRE DE SAINT-DENIS-EN-FRANCE. ioo
en A vent; pour le temps de Noël à la Purification, les antiennes des
fleures changeaient après la semaine de Noël.
On voit que cfît office était encore assez long, puis(iu'aux
Heures on récitait, sauf le dimanche, le psaume 118 entier, et que
chaque heure comportait de nombreuses orais(ms. Nous ne saurions
dire d'ailleurs s'il él4iit récité tous les jours, s'il était dit en com-
munauté ou privément; ce sont là des points sur lesipiels les
Consueiudines, si souvent citées par Dom Martène, mais ({ui ont
sans doute disparu, nous renseigneraient; peut-être y a-t-il (*u sur
ce point des variations dans Tusage au cours des âges.
Nous sommes réduits à la même incertitude en ce qui concerne
i'oflice de tous les Saints, qui vient ensuite, sur lequel cepen-
dant nous avons quelques indications citées par Dom Martène.
Cet office ne comportait que les premières Vêpres et les Laudes,
entre lesquelles nous trouvons intercalés les psaumes graduels,
répartis en trois séries, avec verscîts et oraisons, comme au
Romain, sauf quelques variantes di^ détail; ces psaumes semblent
tenir ainsi la place des Matines.
Aux Vêpres, Ant. In concilio, Ps. Confiteboi*. — Pretiosa,
Ps. Credidi. — Emîtes ibant, Ps. In converlendo. — Jnsii confite-
huntur, Ps. Eripe nie (Temps pascal, Sancii lui). Capitule, i$. br.
Hymne Chrisie Redemplor omnium. A Magnificat, Saneii Dei.
Prières (10 versets et répons), oraisons.
A Laudes, Ant. Post parium, Laudemus Dominum. Vos amici
m^i, béate Dionysi, Omnium Sanct07*um (Temps pascal, Sancti
€t Justi). Capitule, b^. br. Hymne Jesu Salvator seculi, A Bened.
Guudete. Oraison.
Nous ne trouvons pas mention des « psalmi familiares, » qui,
^Vafirès une très ancienne tradition, se récitaient avant ou après les
diftVirenles Heures du jour et de la nuit, aux intentions des bien-
Riîteurs, amis et parents. Ces psaumes sont indiqués dans le
Bréviaire de Marmoutier, imprimé en lo3o. Mais il no faudrait
l^as f»n conclure que ces psaumes n'étaient pas récités dans
^^ royale abbaye : les passages des Consuetudine^y cités par
^^^>'n Martène nous renseignent à ce sujet, ainsi (pie sur
^^^ncoup d'autres pratiques dont nous ne trouvons pas trace dans
le Bréviaire. Ce qui n'a pas lieu d'ailleurs de surprendre : ces
«liverses prières surérogatoires ne se disaient (lu'en communauté,
^^ '^e changeant jamais, se récitaient ^Mitièrenient de mémoire : le
"'^^viaii^e pouvait donc les omettre sans inconvénient.
^KorrNTiR vEKsicLij puopiui dkendi ante orationes videlicel ad
^'^rfev, ad Tertiam et ad Vespei'as, Il ne faut pas voii* ici les
lofi ItF.VI E llAnlU.ON.
versets qui, à Laudes et à Vêpres, se disent après l'hymne, et a»^'
Heures après le capitule : ceux-ci sont aux offices du propre ou tJ *i
commun à leur place, et ils présentent toujours un auta- leste hmjb<
ceux notés ici. Plusieurs passages, empruntés par Dom Martènes î
d'anciens us, nous autorisent à penser que ces versets remf>t»
çaient, à certains jours de fête, les « Preces » qui se disaient st »»
mêmes Heures les jours ordinaires. Tel ce texte des us de Sai wr* •
EpvTC : « More soiito dicatur Pater noster, Preces non dicants^ ■
sed^. Gaude Maria, vel alius. ><
OflBvIum Uorunclorum
L'ollice des Défunts est, â très peu de chose près, ordonné
composé comme au Koniain . A Vêpres et à Laudes, six oraisou— —
iNciPiT CouHEHOKATEO MoiiTiTOfliM. 1$. Subvenîte, Kyrie, oraisc^^^—
hrève : Tibi Domine commendamus;omson prolixe ; Misericordiam
tuam Domine sancle Pater; ant. Susi'ipiat te Cfirislim, psaume T
eMtu : oraison ti-ès longue, Omnip. itemp. Deiis qni humano v»rpi/^
animam; ant. Chorus Angelvrum, ps. Dilexi, Ad Dominnm cua
U'ibularer ; oraison, Ùiri vulneris mvitate perculsi : Pa(#r, versets
oraison, versets.
Nous ne saurions dire quel était l'emploi de cette commemoralio
Peut-être lâul-il y voir les prières qui étaient récitées tout de suit^*
après le trépas.
Sous ce titre, ([uelques antiennes et répons qui, dans l'annîVRr-'
saire solennel, étaient substitués à ceux de l'office ordinaire ;
Répons : Absolve Domine, Manus tu» Domine, (Juomodo cou- 1
fllotKir tibi. Cognovimiig Domine, Ne tradas Domine, Libéra i
Domine de morte. Ftogamus te, I>eus alterne, Congre^li suiit.
R. 3. Uuoraodo ronfttebor tibi Pomine Deus meus, quando veneria 1
in tiidicium liiuni, quia cor meum niundum non custodivi. anim^ima
meam in came poaitam coinijulnavi ; pollui tempjiim corporis u
opère iniiiuilaLis. Precor te Domine antequuni diBcutias me. misereni
mei. t- tibi sant nusericordi») tua: Domino antiqux et mirabilcs valda,. I
sicut ne§cienB Fjjlere jurasli David puero in vorilale. Precor ..
Boli peccavi Domine. Misereri- mei,
RKÉViAlHE DE SAINT-DEMS-EN-KRANCE. 157
^. 4. Cognovimus, Domine, quia peccavimus, veniam petimus quam
non meremur. Manum tuam porrige lapsis, qui latroni confitenti para-
disi januam aperuisti. f. Vita nostra in dolore suspirat, et in opère non
emendat ; si expeclas, non corrigimur, et si vindicas non duramur.
Manum tuam.
^. 6. Libéra me Domine de morte aetema, etc. >. Lux immarcescibilis,
eripe me de tenebris, ne cjidam in obscura pœnarum inœndia. Quando.
}. Vox de caelis : vos mortui qui jacetis in sepulchris, surgite et
occurite ad judicium Salvatoris. Dum veneris. J. Parce Fili Dei, parce
quia credo te venturum esse vives et mortuos et seculum judicare.
Per ignem.
^. 7. Kogamus te Domine Deus noster, utsuscipias animas nostrorum
defunctorum, pro quibus sanguinem tuum fudisti : Recordare quia
pulvis sumus et homo sicut fenum et flos agri. ^. Misericors et mise-
rator Domine. Recordare.
S. 9. Congregati sunt Deus, ad devorandum me seductores mei,
scripta tenentes mala quae gessi; ergo vociferantur, dicentes : Deus
dereliquit eum, quia non est qui liberet euni; Deus meus, ne elon-
geris a me; Deus meus, in auxilium meum respice; Deus meus, in
adjutorium meum intende, h Delicta juventutis meae ne memineris
Domine, et ne avertas faciem tuam a me; quoniam trit)ulor, velo-
citer exaudi me Domine. Deus meus.
A Laudes ^. Tuam Deus piissime Pater deposcimus pietatem, ut eis
tribuere digncris lucidas et quietas mansiones. f. Miserator et mise-
ricors humanarum animarum liberator, tuam majestatem supplices
exoramus. Ut eis.
A Benedictus. Cognoscimus Domine, etc., ut supra r). 4.
A Magnificat. Christe precamur, régi condescende nostro : qui tuis
famulis te coronam prieparas, eum bénigne corona. Tu rex esto ejus,
(^t tecum eum regnare jugiter dona.
^**M)t ensuite le Propre du Temps, puis le Propre des Saints,
qui feront Tobjet des articles suivants.
158 REVUE MABILI.ON.
SCRIBES DE CHARTRES
Depuis le ix^ jusqu'au xv« siècle, il y eut des sanbeSy à Chartres
comme dans tous les centres d'étude et de vie religieuse.
Les Bénédictins de Saint-Père, et les Chanoines de Notre-Da
en particulier, possédaient, avant 1789, une quantité assez impo
tante de manuscrits. Ces collections sont aujourd'hui conservée
en grande partie, à la Bibliothèque Municipale (150 manuscrits di
Saint-Père, 330 du Chapitre de N.-I).).
En examinant, à ce point de vue, les manuscrits de toute pro
venance, il a été possible de fixer quelques données sur le
scribeSj peu ou mal connus.
Les éléments de ce travail avaient été fournis occasionnellement,
dès 1890, par MM. Omont, Molinier, Couderc et Coyecque, dans
les notices descriptives rédigées pour le Catalogue des manuscrits
de Chartres ^ Restait à grouper les observations ainsi recueillies;
M. l'abbé Clerval l'avait tenté, en 1895, dans sa thèse sur Les Écoles
de Chartres du P au XVV' siècle, mais l'ampleur du sujet ne
[permit à c(ît auteur ni de préciser un point spécial ni de rectitier
quelques inexactitudes de détail.
1! est évident que les manuscrits de Saint -Père et de
Notre-Dame ont des origines très diverses : les uns, émanant
de véritables professionnels, scribes de Chartres ou d'ailleurs;
d'autres, achetés en France ou à l'étranger ; les autres sont
œuvres de copistes de circonstance (novices ou moines, clercs
ou écolàtres).
Dans res[)èce, il est donc à peu près impossible d'établir entre
ces manuscrits un classement rigoureux, par rapport à leur pre-
mière origine. Raison de plus pour que l'on s'attache à faire avec
soin le départ entre chacune des dernières provenances.
^ Catalogue général îles Manuscrits des Bibliothèques publiques de France,
lonie XI : Chartres.
f
SCRIBES DE CHARTRES. 159
On connaît exactement la composition de la Bibliotlièqxie de
Saiîtl-Pêre, au :
xr s., par le manuscrit 78 (t^ 96 v% 97), publié, en 185i, par
L. Mfklet, dans Bibliothèque de l'École des Charles, 3*^ s., t. V,
pp. î2l)3-270, et, en 1890, par M. H. Omont, dans Catalogue géné-
ral — , t. XI, Chartres, pp. xxï-xxiv.
XIV' s. , en 1372, par le ms. 1036 (1^» 13-17), publié, en 1840, partiel-
lement par M. M. Cuasles, dans Catalogue de^ Manusciits de
Chartres, pp. 142-151 , et, en 1890, intégralement par M. H. Omont,
dans Catalogue général ..., t. XI, Chartres, pp. xxv-xxxvn.
xYir s., par le ms. 1054 (f' 18).
xYir s. en 1675, par le ms. 4630 de la Bibliothèque d(^ TArsenal,
iLe Tonnellier, Catalogua catulogwmm, i^" 16-21).
xvnr s., en 1733, par le ms. 1148 (f^ 177).
xvnr s., en 1739, par B. de Montfalcon, Bibliothecu manuscrip-
ioruvi nova (11, 1243-1247, 1362).
Kt la Bibliothèque du Chapitre N.-D., au :
xvi<^ s., par le volume 673 de la collection Dupuy, de la Bibliothèque
^'«tionale(*»»53, 133-138 [notes de P.Pmior, en 1579]; — publié,
**n p;irtie par Labbe, en 1653, dans Nova Bibliotheca munuscrip-
loru?n, 53-54, et, en entier, en 1890, par M. H. Omont, dans
^^Uxlogue général ..., t. XI, Chartre^s, pp. xi-xxi).
'^^"' s., par le ms. 1054 (IM 17).
'^^'"" »., en 1675, par le ms. 4630 de la Bibliothèque de TArsenal
'^-*'- Tonnellier, Catalogus catalogorum, i^' 224-234).
''''"''" s., en 1752, par le ms. 1171, H (t^ 46).
^^Si dans le but de coordonner les points ac(|uis que j'ai entre-
pris i^f^^^^^ ^^j^,^.^
*^^*>l)ayede Saint-Père fut restaurée, au x* siècle, par une colonie
*^^ ^^Migieux, venus de Fleury ou Saint-Benoît-sur-Loire ; ces niointîs
^PPortaient avec eux une règle et des traditions, susceptibles de
tornier des scribes.
De fait, une notice, placée en tète d'un Catalogue des miumsmta
de Saiiit-I'èrc Jiu ïivs. (nis. 1036. (*" 13-17), indique 1res Detteniea».
qu'aM XW s. des livres furent achetés et d'autres copiés dans L^
monastère. On lit, après une glose sur le passade de S. Maltliieu ;
u Omnis scriba doctus ... », ces mois : « ... talium ei^o iilirorimn
copiani nobis attendentes esse necessariani, oliin, boue luemoric
sancteijne recordatinnis. veneraliiles abliate.s, patres et domipi,EB«
etiam Ti-itres, hojus monaslerii, predecessm-es noslri, nomull*^
preserlini in Sacra Pagina, libros sa-ipserunt atque commet
feceitint alque iKJsteris rralrilius profiituros .... » — Allusion est
laite ensuite 'a la cbarte ' jiar laquelle l'abbi? Eudes de Levesvili*'
(H29-U30) assigna à la bibliotlièque de l'abbaye un budget, con^'"''
butinn de tous les prieurés, et décida qu'une rente de 86 90»J^
(environ 1000 francs de notre monnaie actuelle) serait affectée ^
son entretien : « ... ut larmarius] ... unde libras renovare vetust^^J
vel velustis superaddere novos. valeat .... d Et l'on ajoute que
ty^
successeur, l'abbé Foucher (1151-1171), qualifié de « scriba doet'^
simus n, ne fut pas moins zélé. « qumnplures lieras, alios quid*^
novos. fecU seribi, allos veleres, innovari .... » — Les arma^
ou hibliothécaires de l'abltaye. au xir' s., nous sont connus par *
Cartulaire : vers 1130-1150, on trouve le nom de Bernar*^
vers 1176. Yves; vers IIRO. Etienne.
Ces scribes, et quelques autres, ont laissé des suscriptions sr *
plusieurs manuscrits de Saint-l'ère :
IX' s., tns. 9, Paiiti Orosii hisloriarum libri lU-Vtl, P' sa v". ^H
IX' S-, ms. 63 [Pastoral de S. Grégoire], f' 109 v. ^H
K'-\' s., ms. 21, Cassiani coUatione-s Palrum .... V' 108 v°. ^^
fin du IX' s., ms. 109. S. Augustini Optiscula, 1* 73 v. [M. L. Merlet ^
a lu l'obit de « Reinaldus scriba », où l'on ne voit que « ôbji^
Rainaldus .... »]
X" s-, ms. 152, S. Augustini de Trinitale libri AT, t* 173 v.
x'-xi' s., ms. 29, Libri iosepki. hisloriographi, lotius oi>eris Atiti-
quitatis Judaice, (" 244 v".
x'-xi* s-, ms. 78, S. Augustini Opuscula,, P" 96 v. 97.
x'-xr s., ms. 117, Ilegesippi hisloriarum libri V. (" 137 v
\i' s., ms. 51. Pauli EpUilolœ .... 1^ 133 v.
XI' s., ms. 193 [PseudO'Isidorel ..., t^ 18S v.
t
I, Cartulaire de Sninl-Pfre, II. |
*«.
^
.KiHES.
H*-ïn' 9., TBS. 120 [Evangiles], P" u7 el 137 v.
iH* s,, ras. 34, Origenis (lominentarius in Epitlolam Pauli ait
Romattov, f 181.
m' s., ms, 153, S. Aiigusliiti Opuscula, V" 1" v".
III' s., ms. lo6, S. AugnsUni OpmctUa, 1*" l"v".
wv"s.. ms. 233, S- Palei-ii Hùet- XI ExposiUonis veteris ac novi
Testamenli, ^ 47 v.
iiv" s., ms. 420. Hagiilionis tierivationes tnajores, ï" 3il9.
ni-v*' s., ms. 10;i6. Apolhemrius moralis S. Pétri Canxolensis, P' 13.
IV-"" s., ms. otî9, Brevuiriiim ... S. Peiri Caniotemis, C' 373 v".
K » I* S., ms. Hits, Dttirnale ... S. Pelri in Valle Carnolensi.
l^s mentions que roii trouva ont trait : aux scribes e
l«:;urs bienfaiteurs, au mal d'écrire, à la satisfaction d'avoir Uni.
Voici ve qu'elles révèlent sur les scribes eux-ménie
A «:Kuvre de quelques-uns. Il y eut, au :
iii'-vs.,Dro(jabd
(ras. 21,^108 v°)
X* s,, Ahalbërt, qui lit son signe
Sur une charte de Saint-Père,
avani 986 (Cartulaire, 1, 73);
i;« Droardus, quanivis indignus jiecemor, scripsit »
; v°).
KXnAHKH» 1 AIIBKP XV
AMAA
•frEAIlKllëËP ïti rPA
BEPTOG
KHAC AsTeN <I>HNH8
ME 4>E KHe
*HNIC ICeA TAOil
OM MArpJOM . K .
(ms. 152. P' 173 vM
. Kobeht; on voit (ms. 29, ]"• 244 v"l un éurivaiii. devant un
ï"*ï»itre, sur lei^uel est iScrit : « Rothlierlus. n
^^ nom esl très usité au m' siècle. Le Cartulaire de Saint-Père
7^ '^^t*? fréciueramenl. au nombre des témoins de chartes de cette
.'***^Ut'. On le retrouve, toujours en cette qualité, mais avec des
l' ''tîs différents, dans deux manuscrits : « Kodbertus iniirmarius »
(ms. js)^ p, 3 ^1^ „ Roiiiertus pellitiarius .. (ms. W, I* 1" r). D'un
1 liber guinderimus, Teliciier; neo |j
'"'Um mtiKDum est. — Amalberlus nie fecii.
•< lilUiiiufi in dero Fulberll, iiomiiie Sigo,
Aiidreu.' niai)ibus hiec pinxitMiriaceDsis;
Uet '[uibuB. uniL-a speB niuiidi, requiem puradysi ^I ••
'-M' S., Vital, cité dans le Cartulaire, I, 63, 172; sur les gardes
(lu ms. m, il y a des essais de plume, peut-éti-e (Kistérieurs :
« ego frater uitalis. »
i'-M' s., GritAt'D, ce nom esl cilt? dans le Cmiulairi-, I. 7li, l-i4
(avant 986, el avant 1070);
« Hune offert tibrum ... bene xcriplum
Oiraldus fi-iUer, fligiat quem Tarkirua aler;
> NottH (^iljliou L, Hei'lei. ISM), ei r
■ ÉeoU* de Chartrtt. \\\i. B», 73.
> Bililioihèqiie de Suitil-tlieniie, m s
iln\liie >*aiioTiale, ms, lai. HUIT (milic
' 07 (éililion II. Oniutil, tKOOj.
a (XI- s.). - M.. Biblio-
SCRIBES de: CHARTRES. 163
Extitit hac causa cujus mens oelitus ausa.
Foitc locus fatus penitus fuit igné crematus,
A quo discedens, quod cernitur, ac opus edens,
Cum nionachis |)atris Benedicti scrlbere gj'otis
Quivity inulta legens, necnon satis optime degens.
Hoc quicumque vides, qui pura mente renides,
Ut scriptor pénis ciU'eat, baratrique catenis,
Tu miserere, libons sibi caro pectore ridens. Amen. »
(ms. 117, P> 137 v\)
\u' s., frère Adam, qui était un véritable calligraphe : « Dominus
Fulcherius abbas Tecit [abl)é de 1151 à 1174], frater Adam
.subscripsit. » (mss. 15o, lo6, P»* l'»*".)
XV' s., frère Gi illaime Le Jolis, probablement clief d'atelier : « Iste
JîJht seriptus fuit ab Incarnatione Domini millesimo IIII** nona-
gesimo nono...,et fecil eum scribei'efratef'Guillermus Le Jolis. »
<m. 569, f. 373 v^)
itvir s., un diurnal (ms. 593) fut écrit aux frais de l'abbaye.
A côté des scribes, il y avait leurs bienfaiteurs, ceux que nous
lualitierions aujourd'hui d'éditeurs, au :
x**-\^ s., le scribe Drouard nomme un certain Hugues :
« Dicere plus, fecisse minus, taxatur honestum.
Plus fecisse, sed dicere, pulchrius extat.
Mater, ut aima rogas, ut tu, germane, [)recaris
Annuo, meque, mea victus pietate, remitto.
Ni cunctos homines mortis lex una teneret,
Indignum I lierai te, pater Hugo, niori :
Kuphonus est asinus, nec dignus ab ordine sacro
Suspendi, talem Dominus cui contulit àvUnw ! »
(ms. 21, 1^ 108 vM
tir s., un scribe anonyme dédie son travail, en ces termes, à
un nommé Oger :
« Incipit hic pastus; liber est féliciter actus.
Ogeri, salve, îfwnacfwrnm flos, pater i[)se,
Moribus omatus, supplex, humilisque, pudicus ;
Pignus amatifi habe, qui semper erit sine labe.
Sic reliqui valeant, ut cœli cardine vivant. »
(ms. 54, 1M81.)
loi KKYdË MABILLON.
Là OÙ ils sont intarissables, c'est lorsqu'ils racontent le ma
d'écrire; ils le l'ont en reproduisant les formules suivantes :
ix*' s.,
« Hls verbis monitus : scriptor vocitatur nomine digno,
Très digiti scribuiU, totum coiTms laborat. »
(ms. 9, 1»» 93 \-.
Quand la page est rugueuse :
« Pagina multiplici pî'e^ens langore laborat :
Leditur imprimis vicini robore ligni,
hist contracta nimis, vetula^que simillima rugis,
Kespuit incaiistum cretamque de pumice frictuin,
Vexatur scabie pinguedinis immoderate. »
(ins. ()o, f" 109 vM
ou hien, xi*" s.,
(( IIHNNA QUYHÏGHe MÛAÛ A AABÛPll, QÂ BPHC DYFYHY
l\PlBLNe,eUTUCiîPnLCLABÛPAe,HBQUYNllSCYHS(:PYnnPH
NHSCYB AABliPAPH '. » (ms. 19:^, 1^' ihCi vM
et (Micore
<f Nauta rudis, pelagi ut saivis ereptus ab undis
In portum vcniens, pectora hcta tenet :
Sic scriptor fessiis, calamum sub calle laboris
Deponens, habeat |)ectora ht-t:! quideni.
nie Deo dicat grates pro sospite vita,
Proque laboris agat iste sui requie.
(lliriste, tihi grates, hujus pro fine laboris! >»
(ms. oi, r* la:^ VM
xiv s., X.Wpothecarius movalLs... est une copie chartrainc daltM' <!♦•
13()l>. 13()S, 131)9, 1372, 1373; il contient des rctlexions iW vr
geiH'e : « Explicit. — Glauslrum noienti mors est, sed vila volcnti.
— Nota. - Sicnt piscis sine ac|na vivere non potesl, sic nuHia-
clius siilc clauslro. - L'an MCCCLXVI fut ce tabel prrs<'nl ci mis.
Priez |)onr celi cpii le tist, qu'il ait l'amour de Jesu Crist »
(ms. 103(), f^ iO), — et, à la lin (P' 319 v") :
<c S'en ce livre a rien dit
Uui soit mal en escrit,
De ceci ne nous chaille,
Mes tenu soit le grain et soufflée la paille. »
1 Penna quiesrit modo a iabore; quod très digili scribunl, lolum corpus
laboral; et qui nescil scribere, nescit laborare.
SCRIBES DE CHARTRES. 165
^A joie d'en finir avec la tâche accablante éclate en ces vers,
c^vwmo d'ailleurs dans Tinscription d'Amalbert (ms. 152); on
wlrouve riîxpression de ce sentiment en maint endroit.
D'autres fois, le scribe esquisse une satire des mœurs contem-
i)i)raim's ixiv*' s.) :
« Quant laisseront a estre communément ytieus :
Les prelaz de Tiglise, uniz et delicieus;
Princes et nobles, vains fiers ot orgueilleus;
Juges, vendens justice, corrupz et convoiteus:
Propriétaires et hors rieule, due religieus;
Li clers, symoniaux ignorans et chameus;
Borgeois avers, et pueple, Tun sur l'autre envieus;
Nouz, qui peu y voion maintenant des deuls yeuls,
Verron lors vraiement bonne paiz soubz les cieuls. — Amen. »
« ... hlscript Tan de grâce mil ccclviii *. »
(ms. 233, P> 47 v».)
Ou des notes (ms. 420, xiv« s.), sur lui-même (en 1253) :
M M. C. ter L. adhibe tripliceno, si velis, et cito scribe,
In sancti festo Benedicti, tu memor esto :
Momichus in cella fio, quœ dat michi bella, »
Un autre a ajouté la mention d'un tremblement de terre (en 1312) :
« Anno milleno treoenteno duodeno
f)um sol occubuit, terra sonam tremuit. »
*
* *
Les nnnotations des manuscrits du Chapitre de Notre-Dame se
rêt'èri'nt aux mêmes sujets. On trouve :
ix*" s., ms. 3, S. Hiei'onymi tractatus in Psalmos, ï^ 230.
ix*" s., ms. 5, Vitœ Patrnin, auctore S. Hiei'onipno, passlm; en
plusieurs endroits, on a noté, au xr s., des morceaux à trans-
crire : « hoc scribe, » « usque hue. »
ix** s., ms. 53, (hnelia prima Gregorii pape, In exirema parte
Ezechielis prophetœ, P* 1".
1 Ce ms. est sur papier, il porte les dates de l3oo, 1358 et 1371. - Vn ms.
de Florence, de la Bibliothèque Laurenlienne (tin du xin« s.), n'est pas moins
cruel :
« Si quis in hac vita vull vivere non sodomila
Carnoten fugiat, ne de mare femina tiat. »
(ms. Libri, 1545, f^ 28.)
\m
HEVUR KABILLON.
IX' h. ms. 1 1 1 , .S. llieroni/mi Cnmmentariun in DanieU'm, !*■ 90 v^
ix'-x'^ s., ms. 9i, Uaimonis Hallierslatensùt, Commi'Tilarii
epistolam Paitli aii Romanos, (*■ 127 v".
X' s., ms. 74, [Ouvrages divers de phtlomphie], !*■ 08.
xii' s., ms. 160, iVic» de saints], feuillet de gai-de, Un.
xii" s., ms. 223, Prisciani, S. Thomœ Aquinatis e( inhanim de \
S. Amando, Opuscula. P" 29 y.
XII* s., ms. 500, Legendarium, f* 178 v".
xii'-xiii' s,, ms. 174. [Évangiles de S. Mattkieti el de S. Lue, »\w
la glose ordiiiairel, f" 119. 120. P' de giude ilf la lin ; calligi-aiiluf
italienne.
xiit* s., ms. lil [Homéliaiiv ; depuis le ii" rtim. après l'ôcl. de In
Pentecôle], f* I9S \-".
xrii" s., ms. 170, Pelri Limibardi. Li/>er Sententianim, f^ 221.
XIII' s., ms. 189, \Conrordaiia- de la Bibh'\. f- 127.
xiri' s-, ms. 204. Guillelmi l'emlli Trnvtaliii de 17/ viUis, !*■ I9:i.
xiir-siv s., ms. 150, IrmocenliilV el Honifani VIII, DerreUilex
cum glosa, f 13 1"; calligr-ipliie ilalienm;.
xii]'-xiï' s., 268, Spéculum judiciate, a Guillfnno Ihnauli eumpo-
silmn, f* 474 v.
xrv" s., ms. 264/1, Heiirici de Segusta. tard. HoslU-nsis. Lerturn in
l-lll liforos Derrelalium, f' 480.
xiv's.. ms. "iGii, Spéculum judiciaU-, a Guillelmi' Durnudi eonipo-
silum, r* 309.
XVI' s., ms, 270/1. Uislincliones, magislri H. Bohie. super guituiiu'
tibros Decrelalium, \^ 312; callifjriipliii' italienne.
XVI' s., ms. 272, Guifimis de Bnysio, Itosanum DecreH, C' 27ii.
iiv s., ms. 278, Opuscula medica, I" 137.
XIV* s., ms. 287, Anongmi, C.ommenlarius n super Tegm
Galieni », f* 78 v°.
XI v s., ms. 314, [Infortiat Ireeueil rie riroit), avee glose], P- 24 \-;
calligropliic italienne.
\i\' s., ms. 391. Apparalus domini Johannis Andrée, super .se.rlo
libro Decrelalium, P- 107.
XI v's., ms. 404. Liber ruralium comodorum. a Petrode Cresceneiit,
civi Bononiensi, coiupilalus, 1" 139 r* i-l \".
xiv s., ms. 417, Liber Serapionis, aggregatus iu medicinis simpli-
cibus .... f" 141 V".
xïV s., ms. 351, Guillelmi Britonis, Summa sii/ier exposiltomiti
diversorum vocabuloruvi Biblie, f' 210.
xv s., ms. 343. [Heures, avec calendrier Irançaisj, f* 87 v*.
i
SCKIBE.S IIF, r.HAIITIlKS. 167
Là aus^ les scribes étaient, iiu :
f s., le clerc DoitArn. au plus tai'd cntn' S3l)-88(l : « Qui lefîis,
ora pro acriptore Oodaldo clerico, si Domiimm iialwas protec-
toreni » (ms. 3, 1^ 23(i); le clerc Vivien, Bernadd, Sigerert (essais
«Jeplutne, ponl-^tre ptistérietirs au ms. SS, t^ 1").
■"^vs., Tbukah; « Teutmarus, » (essai de pluiiiB, ms.91,1'' 127 v°).
Ixii» s., frère Jean d'Avikns; essai de plume : « Kec scripsit frater
•lohannBS de Ambianis, quein iJeiis ad visinnem perpelue claritatis
cnucedal pervenirc. de cujiis obitu anime sue cresceret; (sur
un feuillet de garde, de la lîn du ms. 1f>6, leqttei porte, d'autre
part, cet ex-libris anltirieur : « ... bcate Marip de Rareto ... »).
tuilKtnifiï'' iu*ltu ctXLw: ctffXçm-j'j
r s.. Is»p,nbart; un ëerivain. snus les îniits de S. Mathieu, devant
i
1(18 ItKVI'K HABILLO?!.
un pupitre sur leijiiel on lit : <> Issentiardus me fecit o ims. 'V*VL>,
r* 178 V); le Cartulaire de Tiron cite le chamhrier Isseinlwir(l«»s
(I, 71; en 1121). et li; Cartulaire de Moire-Dame Philii'i»"*
Issenihardi (11. 33; en 1206). — l)ési^ne-I-on plutôt le scril>«
que l'enlumineiir?
xiii'-xiv s.. Heanard, son nom se voit en plusieurs eiidro»**
d'un ms. de l'école italienne, œuvre intéressante au point de v**'
de la call^-aphie et des miniatures « Ber-nar-dus-o. » (ms. 1&
t" 4, 13, 14 v°).
Au xiv s., KoGBH LE NoHMAND ! « Eïplicit liber seciindus, ltt'>'
dictus sil Deus. Rogerus Normannus fecil islum libnim -
(ms. 264/1, f 486.)
XIV' s., le clerc Guillai'iik AvAr ; o ExpHcit ... Deo gratias. Gl'
lelmus Avau, clericus. Trecorensis dioireais, scripsil isu.^
librum, et coinple\il, annn M°CCC°XLIX», VIII' die aiigus- '
pontiflcatus Cloinentis pajw VI anno oclavo, indictionc rpcuikT-'
Finito libro. sit laus et gloria Ghrislo. >• (ms. 266, r° 309.1
ïiv s.. Gui de Athio : « ... Guido de Atrio ». « Isle liber coiitim
in se VII" folia, et est Guidonis de Atrio de Busenceyo, qi^
scripsît ipsuin lilirum, propria manu sua. i> (ins. 404, f" 139.)
xiv S-, Alain Jean Gv\ Telent; o ... expitcil ..., et fuit coinplolii?^
ex manu Alani Jotiannis Guidonis Telent, anno Domini milesinirv
tricentesimo Iricesimo nono, die veneris posl festinn Egidiî et
Lupi. Deo gracias. » (ms. 417, P" 141 \*.)
XV S.. Piebhe Lonis; « Ces lieures fijrenl achevées de faire par
Pierre Lorin, escripvain, demouranl à Chartres, le derrenii-r jour
de juing, l'an de grâce mil IIII" .soixante dix liuil .... » (ras. 3*3,
1* 87 v°).
Dans ces nombreux manuscrits, les allusions hux hicnfaîti-urs.
ou éditeurs, sont plus rares :
xiir s., on cite le doyen Hccues (120^-12061 : « ... Hugo dr-cane,
cujus sit. deprecor, exitus almus! « (ms. 141, I** 19S v".l
xiV s., un nommé Piebhë :
" Valeat vestra jKitemitaB, quiinlum filaitel 1...
Sanule Petre, me tibî recomeado. sicut is qui luus est se.rvus spediilis ! »
mis. 272, 1* 276.)
xiv s., un anonyme :
« Dixil qui soripsit : sit ei qui wriliere fo.Hl,
Laus, honiir in terris, |iosl iiiorlem vila perhennis. »
(ms. 314, 1*224 V.)
SCRIBES DE CHARTRES. 169
\u lieu de la plainte sur le mal d'écrire, le scribe avoue plutôt
soï\ impuissance à faire mieux :
x'v^ s., « Explicit. Scriptor scripsisset melius hene, si voluisset ; non
nielius voluit scribere, nec potuit .... » (ms. 404, ^ 139.)
Ou bien son espérance du salaire [comme plus haut dans le
™s. o4 (XII'' s., de S. Père) : « incipit hic pastus, liber est féliciter
âctus. ))] :
*"*-xiir s., « precio VIII libr. paris. » (ms. 174, P» de garde, tin.) ^
^'"*' s.. K ... Scriptori largam presentis porrige dextram, Hugo
^ecane » (ms. 141, f» 195 w)
"^^"•^xiv s., « Hoc scriptum, pro pena da mihi XIII libras parisien-
sium. » .ms. 268, f> 474 v«.)
S^s préoccupations deviennent évidemment séculières ; il exprime
^ joie d*avoir terminé sa tâche, sur un ton tout différent, volontiers
'^^titieux :
^*^ ^-, «explicit ..., explicit féliciter. » (ms. 74, P» 68v^)
^••'* s., « Explicit iste liber, sum quo volo pergere liber .... »
(ïiis. 141, P>95 v°.)
^"i* s., « Explicit Summa de viciis. Explicit hic liber, sit scriptor
orimine liber. Explicit, expliceat, ludere scriptor eat. » (ms. 204,
t^ 193.)
^^"" s., .... « Explicit, expliceat, ludere scriptor eat ... anno
M^CCCC XXI. » (ms. 351, P» 210.)
Il ajoute presque toujours la pensée ou le mot Deo gratias :
^ti^ s., ms. 223; xiir s., mss. 176, 189; xiv^ s., mss. 264, 266,
-Tl>, 272, 278, 287, 391, 417;— et le souhait de la récompense
^t^i^iielle : ix*" s., ms. 3; xir s.. 166; xM'-xiir s., ins. 174; xin'^ s.,
ïiis. 189; xiv*' s., ms. 272; xv** s., ms. 351.
L.S liste des scribes connus du Chapitre de N.-D. linit avec
Pierre Honbron, chanoine du titre de S.-Piat : « Juramenia
P^'^^^tanda..,; MDCCLXVI. Scripsit Petrus Honbron, ranonicns
San-Piatîpus » (ms. 1144, xviir s., \^ 2).
I-€ fonds des Jacobins ou Dominicains de Chartres contient une
'^gnifique Bible (ms. 385) du xiir s., en dix-neuf volumes; au
^n rencontre assez fréquemment des mentions de [)Ossesseurs, de prix de
ven te, ou d'engagement.
170 RFA'CE MABILLON.
tome XVI, P» 218 r", on lit : « Expliciunt epistole beati Paiili apos-
toli, qims scripsit Stephanns de Pertieo », et au v« : « Iste likr
est Fratriim Predi(*,at()riiin Carnotensiura, quem habuerunl a frali*e
Bartholoineo, qui fuit Anglicus. » — Ce passage révèle le nom
d'un scribe, Étiennk du Peuche.
On y trouve aussi, du :
XI M'' s., le ms. 207, Sumîtia fratrie Reymiindi [de Pennaforti] d^
Penitencia, 1^ 300 v*». Cette Somme a appartenu à Simon A*'
Senonchrs « de conventu Carnotensi », mort avant 1275. \A^
CaUilogu(* de 1840 porte « origine ignorée », celui de 1890 d"*^
« Chapitre ». B. de Montfaucon en vit chez les Dominicaii^ ^
de Chartres deux exemplaires en 1739 (II, 1364).
XIV s., le ms. 230, Liber de ofp£io sacerdotis, «jui est daté d^ 241)
« Iste 1 liber] est scriptus anno Domini millesimo ccc** secundo. >•-**
*
Il est possible (|ur l'Ordinaire de S.'Jean-en-VaUée ait été écrii.^
sinon composé, par h», chanoine régulier Lubin, dit Aichier^
(ins. 330, XIV*' s., p. 350) : « ...Kxplicit Ordinarius Sancti Jolmnniî=-
in Valle, juxla Carnotum, factus a Leobino, dicto Auchier, c^noinVft
nostro et presbytero, anno Domini M^CCC^XXX^VI", die sahhal^
posl testum sancti Martini hyemalis. » Ce serait un spécimen d»*. — -
travaux d(* cette abbaye.
*
Si^^naloiis, [umv mémoire seulement, toutes les œuvres, aul^ ^-
j;ra|)lH»s ou copiées, dont les copistes sont connus, surtout -"
|)arlir du xvi' siècle; rnlin, dautn^s leuvres, de scribes ecclésîî^^"
li(|n('s ou laï(|ues. dont Toriginr n'a pas toujours été établie. 1^^
cI«m'^m's on a, au wii' s. : a ...Livre hisiorial de la Charité ^''
TrembUui de Viannte, lequel livre a été escript et laict i^*'
yV' AnuAnAM Lanoiu, prestre, natif de BrezoUes, l'an 1630 ii'^"
lloO, t'* 1 1 1>; » — et sur dos modèles d*é(ritures, du xvir s., *'
lit iins. 021, r. 3i v'M, « ...Scriptor horum elementorum, ponef ^^
IVater Yvo Lamontre jubih'us, 1614, » — au xviii* s., Loris Cuoi "^
« IjHjica ..., scripta vero a Ludovico Chuët, clerico Carnolor
et aluinno parvie communitatis San-Sulpitiana?, in colle{
Lexova^o, 1748 » uns. 022, 1^' 1"'). Parmi les laïques, on trouvt
en 1718, Piehue-Claidk Le Fhançois, « ... Phisica ..., scripte ve:
SCitlRES HE CHAHIBKS.
171
te Pelro Claudio Le Fral^•ois, 1718, » (ins. 380, f» 5). —
1762. Il Logica .... scripta vi'rn ;< J.-F. Aiiubiit, [Parisiensit,
îg » (riis. (îâi, !>■ 3) '. — fin imti, « Pw'ccjî d'étrilure, AMlèe-s
connaisseurs, »^t princi paiement à MM. les oHiciers muiii-
iux de Chartres. — Gentv, maître écrivain nt mathématicien,
hartres. « !ms, 132ÏV
•s iloL'umcnts (jue l'im vieiil. de parroiirir siml muets s
tens le saiptorium et sur les procédés des scriiies.
« sont lies cultiers de cours.
nï IIEM'K MAUILM.N.
Cepiïtidant, les représenliition.s à caractère .symboliqti
Iréiiiientes ; ainsi l'on voit uti clerc écrivant, pour figui
Marc (ms. 1211, P* 37 ; xi" s. fonds de Saînl-Ptre) ou saint I
(ms.SOO.t* 178r;xii's., fonds du Chapilrei, sailli Luc ou s
Le gesle est encore coiniiass^, dans le ms. 120, injiis ^
s'affermit; l'iicrivain so sert d'un calnme et d'un grattoir (ra^
àf. même dans le ms. 500.
Plus rarement, on trouve des représenlalions dlnsctes; i
Kol)ert (ms. 29. P" 244 v"; xi' s.; fonds de Saint-Pèi
reinarciuer. Il nous tst montré dans un costume soiaiB
indique mal un héiiédictin; il tient en main la plui]
laquelle il est censé avoir écrit sur son manuscrit ; le si
pupitre ne sont qu'esquissés.
La Catliédrale de Oiartres en offre plusieurs ly[)es, p
neuf mille ligui'es peintes ou sculptées, — le portail roy!
particulièrement sept scrihes, placés au-dessous de eha
personnages qui expriment des arts libéraux; les mieux CQ
sont ceux de la Musique l'Pylliagorej, de lu Dialectique |{Al
SCIUBKS IIK CIIAIllMiS. 173
r'f In Grammaire (Priscien); on li^s allriliui- ;i lii jireinièn: Tiioilii;
»lij xir" siècle.
Ces hommes sont vivants, on senl qu'ils tiennent de la réalilri;
avec Ifur pupilrc molùlc (scriptwnale), leurs plumes suspendues
a" t-sktelier. leur galejitarl en corne, ils ont une altitude suggestive;
ils ixjsognent silencieusement. Uti [teul croire qu'ils sont laïques.
Ijii des jiliis Itcaiix sinrijucns que l'on
c'est l'adinii-able has-reiief du
1
Ixmvro {xiW s.}. Il vient prohablement des jRcobins de ChartPfs^
La Société Ai-chéologiiiue d'Eu re-el- Loir l'a cniiliù, en 1905, à la
garde de notre Musée national. L'n jeune clerc, plutùt un ange
(|u'un tiomme, trace en souriant les caractères de la charlt- évan-
géliqiie. sous la conduite d'un envoyé de Dieu. L'art du smlplfur
t'.'^l arrivé à son aixigée, en sa présence on oublie l« dur l;itii^ur du
scrilie f*/H( mscU scribere, nescil laborare ...).
On voit aussi un sci-ilii\ dans \<- Pays Chartraiu, sur un ))a.<-
relief, sorte de charte lapidaire, urnHnl le dessus d« ((Ortede cette
grange qui fut l'église de Mervilliers en BeHuce; il parati de la fin
ilu XII' siècle. Un excellent moulage, exécuté il y a quelques années,
est conservé au Musée de la Société Archéologique d'Eure-i-l-
Ijoir *. Ce scrihe est un moine, le tiularius d'une sdiliaye; il a un
encrier à deux godets.
Drigine de cette
l'oligiei
. 4lc
- l8tNI.
[irii^-Uiiri' ' ' '. ' ' iri-ilik' lies JHCobiiis, [in>i<< - • ■ '■ ~-. . . vri'lii*ulo-
tiiriue iTl-Liu-i. i-L'.'ii lin iMit-relief eu pierre du Mir -.ii ■ le. ■ '/■/.■.'■., J, 31^ ,
l'offre tut ao'-epliJiî. On j iiuu&ervi< ce baa-ralierau Uui.i^iiiuiiiu|i;4t licChurires,
Jusqu'en 1903, el su Musée de la Socii^té Archéologique d'ECure^l^xiir, jusqu'en
lUOS; il est au Louvre, depuis six inoiB; on ea vuil un excelleni moulaite au
Musée de la Société Archéologique d'Eure-et-L«lr. — L'hlslorien des Jacobin»
de rhartrea, Nicolas Le Febvre iPrœiltcitlai- Cnmuleut, 1837; pp. im-ti\\.
a tcxU. i propos de l'évéque Matthieu Des Champs [-1- iSillj : « ... Jacei ...;
eiiuidem bniina cuprea ... e re^ioue dextra collocata ad gradum iiiaîoris
allaris, cuni sequenll EpUapliîo, abunde lesluiuni reliqult : ... Iptr /uil
Cleri gemma, ... ejiis corpus Tcrelru plumbeo condilum quiesTii ... ia
prediria cr>'ptu .... — lu caleudario (^uuueutus isla habentur : Dtr 31 drrm-
brii, Mil btme wflnonV MathafUt, quondnm SpUroput Cnntuleiu.. Orttinu
HottH lélator ft ben^rut tpccialû. • — d'un autre c^ié, un hiiitorieri de
Chartres. Pinturl (xviii>s.l rapporte ({ue le chœur de» Jacobins était st^iaré île
la nef par • un jubé de pierre blanche. - On |>eut penser que ce >>as-rclier
faisiLtt partie du jubf des Jacobins, mais ce qui reste du jubé de ta Cathétlmlc
dP Chartres ne permet pas d'admeiU*, avec M- Gonse (Let ••hffittirurrr lU*
Mustfn ... pp. I&MDS), que l'on suit en présence d'un D'ugiuenl de ce dei-nier ;
rinierprétalion et le grain de lu pii>nx- ^uiii loui dilirTCiil--,
* Ce bas-relief représenii' rEinr.-iiimr ii-ii.vr.i ri h- \p>i , au prolil d'un
prieuréde Saint-Georges, duui i . : ■ ■•■ " 'il •elte place â l'ori-
Rine?on ne le sait ; Mervillii'c-- i ■ ■■!. ,. ■ ■iiMiiun''se d'Orléans,
•1 éiail |au xiv" el au xvi» h., j L !■!■ ' lii.ii.'-'^i 'II' i j!' Ii.'li.icri: de licaure.
L'inscription, en relier, semble devoir >:ii'e lue ■linù ; - Henbuudus miles
michi contullt eius imol ejfaei, d«utfux\ hères, gaxas présentes, ut haturet Une
carentes; Guilermus siniillter concesaît. [Testes : Chrislus. sacerdos, etj
SCIUBKS 1)K IIIUIUKKS.
caKente^ ^
scrilies de Clmi'lrws Joui
On tr-ouvei'n ci-dessous le tahlcaii df!
s o*>»Ha ont été sauvés de l'oubli ;
Adam, XII' s.. Saiut-P^ri-.
AlaÎD-Jean-Gui Telent, xiv s., î*
Amalbert, x' s., Sainl-Père.
Auberl (J.-Fr.), 17^2.
Auchier. v. Lubio dit Aucliier.
Avau, V. Guillaume Avaii.
Bernard, Notre-Dame.
iliC. 'l'une [lorte latérale, on aperçoit un voq. surmonté dii mot » Petrus p,
' llitÂDU à l'uppurlunjlé île ce témoignaKe ilunible : ■ Anlequiim gallus caniet,
^gT (M negabis. ■
1
1
171) KKYIK MABILI.ON.
JJeiîiard, xiir-xiv*" s., Xotre-Dame.
Clouët (Louis), 1748.
Genly, xix* s. j
Dodaud, ix*' s., Notre-Dame.
Drouard, ix''-x*' s., Saiiit-Pùre.
Ktieiine du Perche, xiir s., Dominicains.
Oiraud, x^'-xr s., Saint-Père.
(iui de Atrio de lUisenceyo, xn** s., Notre-Dame.
(luillaume Avau, xiv^ s., Noire-Dame.
Guillannu^ Le Jolis, xv s., Saint-Père.
Honbroîi iPiernv», I7()G, Notre-Dame.
Issenhard, xii" s., Notre-Dame.
ï.aniunln' (Yves), Uui.
Laudrv, UuM).
Lp Fraiirois i Pierre-Claude), 1718.
Le Jolis, V. Guillaume Le Jolis.
Le Normand, v. Kop'r Le Normand.
Luhiii, dit Aueliier, xiv s., Saint-Jean-en-Vallée.
Loiin, V. Pierre L(»riu.
Pierre Lorin, \v' s., Notre-Dame.
Ko^rr Le Nonnand, \iv s., Notre-Dame.
Si;;(*hrî't, Notre-Dame.
Tr'ItMit, V. Alain-Jeau-Gui Telent.
T<Mim;irt, Notre-Dame.
Vitid, Sîiinl-Pèî'e.
VivnMi, Nolre-Daiin*.
Pour se li)riner une u\rr cxaete du savoir et du dejçré d'activité
dt's scrihrs eharlraius, il sullirait maintenant de groupei* les
niannserils, |»ar ^vnrrs (i'i'crilures et par orij(in(»s, t*n suivant
li'S ilunntTs di'S plus ."ineiens ealaloj;u(*s.
>1. LaN(;i.ois,
Uibliolliécaiir.
N'Hiiiiir. We(«iiiat>l-<'hHrIler, rue de Fer.
j^^m^Trtttniv^^N^S^^^^^^^^^rîôvBMBtt^^fâ^^H
\
ARCHIVES ^H
DE LA FRANCE MONASTIQUE ■
EVUE MABILLON^
HOHHAIBE :
Daui Deme. L<tnlr-e(l« Wiuiy pI Mil dotivi-rnoiiiedi r*mf''j. 177
Dam Asi)m«H. - l.e lir<*viiiir« ie SaiiH-Oeiiiii-eii-hrain'e ftuil-i. \Wi
«. (iIi|I.Li>T. 1^ cr-ur if^iiiii' 4r\.ilri.-lii' nt lAWiiiyt ilii Val-de-
1
PAKIS \
Librairie Veuve Ch POUSS1ELGUE
16, KUE CABSCI-TE
\
Articles devait paraître im les procbaiDs bdidèids :
Doui Beuliêrk : CorrespoiHlances Wnédictines.
iKnii Uesse : 1j?s Béi^dictins de Salnl-Maur imi .•..ii,.._"' ■'-
Tlioissey.
1(1. Méliiii^s d'histoire monosUquo.
L. JÉRÔME : Quelques correspondants bénédictins de la Congré-
gaiioii de Saint-Vanne.
Id. Li's duniiers cliapitres ^éiiéraux des Bénédictins d
Saint-Vanne de 1768 à 1789,
Hyrvoix de Landosle : Un agent de la Conjir^gation de SaiatJ
Matir aupi'ès de la Cour de Home, I)oni de VîcJ
(inni YvKs Laukent : Les réformes iitonastiq)if>s 'le Saint'«
(j'ermain-des-Prés au xvï" siècle.
Levillain : Notes sur l'abbaye de Conqnes.
Martin : Livres lilurgiciues de l'OnJre de (Uutiy.
Vanel : Baluze, jiMeiir de Taluyei-s.
Définitions des Chapitres g(?ijéraiix de l'Ordre de Cluny.
Clironi(]ue bibliographique pour Tannée 1905.
Tout ce qui concerne la direction de la Itevae Mablllon^
doit être adressé au B. F. Dom J.-M. BESSE, Béné^
dictin de l'abbaye de Ligue^é, à ChevetogTie, par Leig^non,!
province de Namur (Belgriquej.
L'ORDRE DE CLUNY ET SON GOUVERNEMENT
(Suite)
III
E^em visites «les monafilèreiA
1^ visite des monastères est une inspection laite par un supé-
rieur légitime et au cours de laiiuelle il s'informe sur l'observation
des règles et des lois ecclésiastiques, sur Tétai matériel et moral
des. maisons, donne les avis nécessaires à la correction des abus
cl au besoin prend des mesures plus graves. Cette ins|)ection est
Fun des principaux devoirs incombant à tous ceux qui dans TÉglise
exercent une juridiction. Les abbés (|ui avai(Mit sous leur (ié[)en-
dance un certain nombre de monastères, étaient obligés, (mi v(m1u
de leur chaire, de les visitejr. Ce devoir devenait plus pressant
lorsque l'abbaye mère et ses j)rieurés jouissai(Mit du privilège» dc^
l'exemption. L'abbé remplissait alors celte jKirtie de Iîi r()neli(»n
pastorale dont les évéques se trouvaient disjHmsés par le Saint-
Siège. C'était le cas dans Tordre de Glun> .
L'abbé, qui recevait la profession de tous les moines de Tordre,
a\'ait sur eux tous une autorité directe; h\s supérieurs locaux
n'étaient que ses délégués. Ce pouvoir devenait pour lui uut» cliarge,
très lourde, dont il ne |)ouvait s'ac(|uilt(M* raisonnablenieut sans
visiter ses moines et ses monastèn*s. Ainsi le comprirenl les
premiers abbés. Mais peu à {)eu Unn'/èle languit, (^t ils renoncèrent
pratiquement aux visites. Le droit et le devoir ne furent point
changés par cette négligence fàcbeuse. Tel est, en résumé, le
langage tenu par Tabbé Henri I lorstpTil ra|)pelle dans ses statuts
Tobligation de visiter les maisons de Tordn», (pii pèse sur lui et
ses successeurs '.
1 Hexhici I Statuta, Bibliotheca Ciuniacnisis, U'ioS-IHHR,
12
Nicolas IV avait déjà nnlimné ans abbés de Cluny de ne p<rint
aliandoiincr cette iMPlie si ira|»firlante île leur fuiiclioii. Iâ.'s détini-
leurs devaient les reprendre de leur négligence, s'il y avait litfu.
Le |)ape leur donnait de sages conseils ))our (|ue celle visite ITil
protilable à l'urdre, sanH èta- onéreuse à ijui i|ue ce soU ' .
Les monastères situés tn)rs de France êlaienl trop étoigrit^s pour
(pie l'abbé de Cluny piil les visiter [wrsonnellement. Il déléguait |
h cet elli't un membre de l'orda. ijui dtvait ttre rec» comme un
autre liii-intinie. Ceux ipii lui refu'taienl obéissance se voyaient de
ce l'ait privés de leur tiénétice sds en avaient un, on Ti'apjiés
d'excommunication. L'abbé, en couis de visite, n'admettait dans
sa suite que le personnel indispcii^^able pour ne pas i)ii|ioser une
cliurge trop lourde aux maisons qui le rtcevaient. Il n'acceptait
aucun présent. U-s clercs ou les serviteurs qui l'accompagna ienl
pouvaient recevoir des dons, si leur valeur ne dépassait pas
cin(| sous '. Lopsi|ue l'abbé de Cluny visitait |)ar lui-même ou par
son délégué queliiue monastère, les visiteurs désignés par ie
chapitre gônérdl n'avaient pas à y exercer leur fonclion, à moitis
de circonstances exceiilioniiellement graves '*.
Au xv[i' sit'eld, le caniîriai Manarin, abbé commendalaire de
Cluny, iiblint du paju! Alexaudn' VII un bref qui mettait le dmit
de visite [larini ses préiiigatives (IfioT). Le rardiiial di- Hmiillun en
reçut un semblalile d'Itmocent XII (llifll) ',
< Pr.mpimus ut iilibus 01uni»ceaaia sluUeHl. sîcut et |iossibile ruerti, ordi*
ncm visiUire. Ijuoil xi ilicliis abbas in ejusileiti onlinia visilulione negii^os
tueril vel reiniwiis, eiini rlelUnitores corrigere tenentur. Dum lofiii sui ordînia
visitai, ïin< iri,'' .if'i 'i "lirnis in e»t»ensi3, ita iil quoil. omnibus comiiutalis,
sumnidin .' . . iiMiiiii |);in'uriim diebus sliikuIIs in exiiensi» non
excédai, n . ■ .,:.iii(> tam i|iseiiu;ini sui fxriiiiiiiit ahoiimi muncrr
inanus sim^ . . ii'iiinii ' ili' mura seu s|iatio temiHim ordincni <|uo :ibb3sel
visitaUire.s hnjusKii:i' sisiijiiunisolTinumdebeanl termin3re.fi*i/{«rfer<iL'ot.A>IV
s Hemiici f Slaludt. au liru cilé.
i Vjsltali fier ilomiiuni alibatem, se |jer i|isum ublialcm vi&it,-ikis fuisse pole-
runl respondere. (Jua responsione facU i>U|ier visilatiooe ronendu. debeni
ïisituloreB cessare. Aetetduekapilre de Ii!i6. Celle prescri|iliOo flil renouvelle
en 1893 ei IlSK. Les di^liiii leurs de cette deritir^re iinii<^ la c»lllpll^l^r<Mll ptir
eelle réserve : Msi iules citsus jiosteit émergèrent super quibus îpsï visilaior^
esseni merilD consu1en<li.
* Tibi Carilinati M.i/aritio |>er aiioslolica srripta inandamiis ul. Ennijuuui
nosier et Sedis Aposlulicu' ilelei^'utus, uimiia el quaTumque itionasieria, [irîo-
ralus. eonventus. dunios et \ofii |ir.fdiclj ordinis (:iiinîn<utnsis. eoruinqDe supe-
riores, lijOQBchos et personasin iisdeDidegeiitcsvisiiare. atr tam in eafiiieiiuani
in menibris corricere el reformiire ac in sintiiiionim vlluiii, mores et disripllnam
dilijtenlerimiuirere.
l'ordre de CLUNY et son (GOUVERNEMENT. 179
Du choix de» visiteurs
Les chapitres généraux reçurent du Saint-Siège la mission
d'organiser dans l'ordre de Cluny la visite des monastères et le
pouvoir de prendre les mesures propres à lui donner toute i'efli-
cacité possible. Les chapitres et les visites font dès lors partie
essentielle de l'organisation cluniste. Ils se déveloj)pent simulta-
nément comme deux institutions se complétant Tune par Tautre.
Ce droit, conféré aux chapitres généraux sans détruire en principe
celui de l'abbé, linit dans la pratique par l'absorber, de telle sorte
que ces deux droits n'en tirent plus qu'un, exercé d'un commun
accord par l'abbé et les définiteurs.
C'est Grégoire IX qui dota Cluny de cette institution, empruntée
comme les chapitres eux-mêmes à l'ordre de Cîleaux (1231) '.
Nous verrons bientôt ce qu'il tît j)our en assurer le fonctionne-
ment. Nicolas IV compléta les règlements de son j)rédécesseur.
Il appartenait aux membres du défmitoire ào nommm* les visiteurs.
Ceux-ci juraient, la main sur les Évangiles, de remplir au mieux
celle charge et de se conformer à la loi de Dieu, à la Règle de
saint Benoît, aux décisions du Siège aj)ost()lique et aux statuts de
l'ordre. Cela fait, les visiteurs ne pouvaient être dé[)osés et n»m-
placés, fût-ce même par l'abbé de Cluny, sans un motif très grave,
indicjué dans les lettres d'institution données aux nouveaux ^.
1/abbé de Cluny recevait le serment d(»s visit(»urs. Il leur
remettait les lettres qui les accréditaitmt auprès des monastères
et le texte des définitions qui intéressaient la province eontiée
à leurs soins ^. On lui reconnut bientôt 1(*, droit de changer les
1 lu eo (rapitulo) visilatores per siiijj^uiiis proviiirias onlinenliir, visilalionis
t"oniia et correclionis modo juxta (4isleiTieiiseni consuetudineni ol)servelis.
^^iulle de (Grégoire IX, citi'e précédemment.
2 Statuimus insuper ut in capitulo generaii Ciuniarensi more solilo per
•J «ftinilores ordinenlur visilatores discret! per sin{,'ulas provincias, qui jurent
^ «1 sancta Dei Evangelia quod visita lionis ofticium exorcebunt, prout eis fueril
K-k^ssibile, secundum Deum et B. Benedicli Koj(ulam, ac Sedis Apostolica' et
Ordinis duniarensis instituta, et (jUii* per eos rorrigi polerunt corrij,'eut.
Visilatores sic instituti per abhatem vei aiium niutari non possunl nisi ex
«"iâusi» rationabili et multum urgenli et evideuti, et hoc de cousilio et assensu
«I icionun dominorum; sed causa ipsa in iillcris visitaloruni cxprinialur. Bulle
***• Nicolas IV, citée plus haut. Ces prescriptions se retrouvent dans les staluts
«tcTabbi? Henri, Bibliotheca Clumacensis.
^ Ordinant defflnitores et pra»cipiunt dislricle quod D. abbas ('iuniaceusis
180 IIEVLK XAHIIIOS.
visiteurs, (|iiand bon lui semtilail ', ut de pourvoir an pem|)larcnn*i^'
d'un visitf^iir défunt *. Lu chois des dëfiiiiteiirs devait se port^^
exiilusivement sur des religieux [irésenls au ctiapilre générW'
Au cas où la nomination d'un ai)seiit leur paratti-ait avai)l»gi!U&*^'
ils avaient tout d'aliord à solliciter la permission de ral)hi:;. C^^
leurtisl expressément enjoint fKir l'alilK^ Hugues dans ses statut* '
Que les visiteurs ne (|i]illciil pdlnl le lieu du chapitre général s»**
avoir en mains leiiis inin^s: i-t, s'ils ne peuvent atlenrlre, qu*'
s'assurent d'un iness;ij;ei' lidéle qui les leur portera '.
Il n'est pas permis aux visiteurs d'exercer leur olîice avant d'à v<^
prêté serment, tiiute de quoi leurs raiiporls ne trouveraient auc* ■-"
crédit *. Ceux (|ui n'assistaient |ioint au eliapitrc généra) ou t| *-'
rahl)é de ('liiny ;fv;iil nnnirnês au lieu et place d'un dépose ou fl'""
r jurer entre les mains de l'abbé de Clu i ■
défunt,
si la cliosp élail |iiissilile. Dans le cas contraire, le cliandincr d( ~
province un un autre visiteur recevait leur serment '. Les letli"*
de crédit leur étaient ex{)édiées en temps opportun. Le mè('
serment était exigé au xviu" siècle '.
Les monastères de femmes eurent longtemps pour visiteit
ceux de leur province. On crut préférallle de leur en donner
visitutoribus |iroviiicjiinini cleclis per ileSinitorCE ({iiibus ipse t>. iilibiis tleb<
miltere litl«rus suas |iru visitatiuDis uHlcio excrcendo, mitlat eliutii ileHii
liones fantas super provinciis in qiiibus fueninl conslituti. Artea du ekapitr"^
de i36i.
1 Deftinilores ordinanl iiuod D. Cluniarensis possit mulai'evisjlalores ei
(le novo orrtinare, si sibi videbUur exi>e(1ire. Actfi dti cAapilrt de i39S.
■ AeUt du chapitre dt 1349
3 Inhibemus (lislrirUus ne dmodo ilelDitilores aliipius »ljsenlet< a rupilnlc:^
genenili visitatores nominenl lel disuinant suie nostra ei siificeasoniiii nosiro —
rum licentiri speciali Ueimiii i 1 titatufa Bibtwtkecrt Clftiinefiui», iSSS.
* ... non reeedunl Ue Cliuicato i|UOUsque el liabeunt senuni<|iie repuricii*
liuerns de oftlcio visitationis dul aaliem pru seipsis
nionachum dimillanl pro hujusmodi litlens reportandis. làid.
'• Non posaunl pronedere ad offlclum visîtatlonis nun jurali ; alias non adhibe^
retur ndes relalionibus eorum. JoAKNrs III Slatuta. Btbliotheea CIkhim.. tSOS.
' Absentes in capitula qui non priesliterunl jurumenlum debenl jirj^lar^
illud, anteijuam incipiaoi vîsiiare, D. ;ibbali et in ejiis iibsentia eumerBrii»
provinciaruni. liid. — Deffînitiiit defflnilores si qui ipsorum in Cliinkiio non
jiiraverint, ul moris est. aller ab altero, antei|uain vîsilaliouis offlrium inchO'
etiir, de dicto offlclo lldeliier exequendo reclpial sa crame nlum, Aetet du cita-
pitre de 13ie .
"< VisiLalnres eletUi corum deHIniloribuK jurent au suncla Dei Evanin^lla t\utH\
visitationis ulficium cuercebutil secundiim Denin, H. Renedicti Regulunt et
ordinis slatuta, Slatult de IHl.
\i
l/ORDRE DE CLUNY ET SON GOLVEKSKMENT. 181
particuliers (lo24). Les religieux désignés tous les ans par les
délinileurs pour remplir cet office obtenaient de Tabbé de Gluny
une délégation spéciale, en vertu de laquelle ils pouvaient recevoir
la profession des moniales et exercer dans leur communauté une
juridiction spirituelle ^ Les choses se passèrent encore ainsi
à la lin du siècle suivant ^, Un seul toutefois avait la délégation
spirituelle de Tabbé.
Visite de Fabbaye de Cluny
Le monastère de Gluny, qui était le centre de Tordre entier,
n'appartenait à aucune province. Les visiteurs dont il vient d'être
question n'avaient point à s'occup(a' de lui. Sa f)rééminence et les
égards dus à son abbé demandaient un traitement distingué.
Comme il avait droit à la visite, on désigna pour lui des visiteurs
spéciaux. Ils étaient au nombre de quatre, deux abbés et deux
prieurs, choisis par les définiteurs de chacju^ chapitre général.
Ils se présentaient à Gluny le jour octave de la fête des saints
apôtres Pierre et Paul, patrons de l'église, et commençaient
aussitôt leur inspection. Les statuts de l'abbé Hugues V leur
prescrivent de s'enquérir de la conduite personnelle de l'abbé et
<le la manière dont il gouverne sa maison, de l'état spirituel et
temporel de l'abbaye; si quelque chose leur semble défectueux, ils
ie signalent à l'abbé et aux intéressés, qui ont à tenir compte
de leurs avis. Les visiteurs rendent compte au prochain chapitre
général de ce qu'ils ont remarqué ^.
L'abbé Henri se contenta de reproduire les règlements publiés
1 Statuimus et ordinamus ul de celero singulis annis per D. D. deflRnilores
igantur visitatores omnium monasterionim moniaiium ordinis nostri,
'"ogantes R. D. nostrum abbatem ut dictes générales visitatores moniaiium
^ligendos vicarios suos in spiritualibus et ad recipiendas professiones
^î^rumdem, constituere et deputare dignetur. Actes du chapitre du f524.
2 statuimus ut duo spéciales pro monialibus nominenlur visitatores,
^liiorum alter ab abbate Cluniacensi litteras vicarialus accipiet, dispensationes
'^Ciroribus necessarias concessurus. Actes du chapitre de 1685.
3 ... lum de persona ipsius domni abbatis Cluniacensis ... quam de statu
^c;clesi:p in spiritualibus et temporalibus et locorum conjacentium diligenter
^ nquirant, et qua> corrigenda fuerint, ad ipsorum consilium corrigantur, et
^^mnia per eos in generali capitulo annis singulis innotescant, ut per talem
^' isitaUonem in bono statu (cluniacensis erclesia perseveret. Hitcgnis V
^^^tatuta. Bibliotheca Cluniacensis, ii34.
182 KRVUK HARILLON.
sur ce sujet par Grégoii-t; IX diiiis sa bulle pour la nSfornif' <ie
Gluny. Cl' p!i(ie allait Jusqu'à autoriser les visiteurs à déposer VaUhé.
s'il merilail ce chôliment; le coupable n'aurait pu appeler de leur
seiilencc à une autorité supérieure '.
Obligtttfona de» vialleurs
Les visiteui's avaient à prendre très au sérieux la charge qui
leur était coullée. C'était uon un honneur vain, mais une obédience
stricte, qu'ils ne pouvaient négliger sans manquer gravement à
leur vœu d'obéissance. Les dëliniteurs eurent à le leur rappeler
et, dans la crainte que cela ne l'ùt point suflisant, ils y ajoutèrent
une menace d'excommunication (1347] *. Des négligences regret-
tablesétaient alors conslatées. Lesdillicultés inhérentes à la t'oncliun
elle-même et surttiul les guerres el les désordres qui désolaient
la France et l'Europe, ne les expliquaient que trop. Les détiniteurs
devaient réagir; ilp ne manquèrent pas à leur devoir. Ils renou-
velèrent plusieurs l'ois leurs injoncticms, particulièrement en 1371,
Rien ne lassait leur volonté de maintenir l'ordre el la disi^ipUne.
Le tort fait aux monastères par l'oulili des visites les poussa
à insislci' auprès de l'abbé de Cluny, de son grand-prieur claustral
et des hauts dignitaires de l'ordre ''. Ils croient mieux contraindre
les récalcitrants par une amende que par les peines d'ordre
moral (14S0) *. L'ab.stention des visiteurs provenait qnelqufois d'un
empêcliement sérieux. Celui qui ne pouvait pas remplir son ofliee
■ Et si ïbbalis exegerinl tncritti, non solum »il correclionem, verum etlum
a(t amotionecn ipsius, Cisteruiensis ordinU more serviiEo, »|>|>cllaUone remoU
prooedant. Bulle Oe Ghëgoire IX lUf'â citée.
^ Prnraîpiuni deffinilores in virtute sanrUf obedicnlix ei sub pœna escuiii-
municutionis visilaloribus futur! antii iiuateniis |irovinciBH Jii ipiibus sudI
deputati dilîgentcr viailenl et referanl referendo. Qiiip ai non fei'.erini, acriier
puDianlur. Âctet du chapitre de 1374.
> \la\a ad notiliam defflniloniin pervenit qaoïi ordo nosier pluriiniim, ... in
pliiribuE loris uollapsiis, quia visiiatores siiip viaitutionis debitum non exe:^
cuerunl, deffînlunt defllnllores qiiod D. abbus ciim consiliu suorum prioris
majoris el prioris dauslmlls et sociorum in ordinc. qui tant auclorliati apos-
tolica quam eisdcm ex (une pro lune conceduiil i|uum ex sua ordinaria. habeant
con-igere, iibi el quoties potuerint, visitareet reforniare, elho<-,suinplibusdicli
ordiniB el locorum ejus viBitandorum. Aeiei du chapitre de H31.
* .Statuimus el ordinamus ae eliam sub pœna decem libraruni utilîtatibus
communibus ordinis applicandarum, quRienus visiialores per nos deputali
teneanluret debeanlvisilare provinciassibi décrétas. Actes du ckapifre de 44SO.
f
J
1
l/ORDRE DE CUJNY ET SON GOUVERNEMENT. 183
devait informer de bonne heuro l'abbé de Cluny, ou, en son
ateence, le grand-prieur ou le prieur claustral, des raisons cpril
avait et leur demander un successeur '. Le procureur général fut
chargé de surveiller les visiteurs. Il les rappelait à Tordre s'ils
n'avaient pas commencé la visite dans les six mois qu\ suivaient leur
nomination. Il dénonçait leurs négligences au prochain chaj)itre
général 2.
La visite des monastères avait lieu annuellement. Les visiteurs
donnaient à chaque maison le b^mps nécessaire ^. Mais une cou-
tuinf^ s'établit bientôt, qui tixa la durée de leur séjour dans les
monastères. Deux journées suHisaient pour les abbayes et les
prieurés conventuels. Les chapitres généraux les laissèrent libres
de s'y conformer *.
I^es religieux de l'ancienne et ceux de la stricte observance
conservèrent Tusage des visites et voulurent ([u'ou les Ht avec
soin. Les premiers n'en demandaient (ju'une tous les trois ans,
c%*.st-à-dire d'un chapitre à un autre "'; les seconds en exigeaient
il<*u^. Tune entre le chapitre et la prochaines diète et l'autns avant
lo l\ilur chapitre ®.
Du nombre des visiteurs.
Il (allait par j)rovince deux visiteurs, qui n'allaient jamais Tun
sHMs l'autre. Nous savons comment on remédiait aux empê-
* Visitaiores nuUo modo debent oniiUere ofticiuni visitationis et, si justani
«'yiJiiiiiu habeant, debenl bona hora hoc signiîicare apiid riliiniaciiin D. al)bati
^1' Ni fueril absens, priori majori aul claustrali, ut j>ossiiil uniini subrogare,
dicto casu. AcUs du chapitre de 1458.
''ijungenles procuratori generali ordinis ut infra sex menses per suas
' lera.s commendatitias habeat reddere sollicitos electos visitalores ut suas visi-
j «orif*^ coinpleant et perHcianl ; ({uodque accusetin proximo capitulo generali
-/*^ vijiitaiores quos neglexissc cognoverit visitalionem. Acfea du chapitre de
. *^oierunt visitalores et lenebunlur morari in locis visitandis per lot dies
i lous erit necesse, secundum eoruni conscienUani et rasuuni exigentiani.
■ ^^<!'« c^tt chapitre de 1432.
^icet sit de more quod visitalores, exercendo otiirium visiialionis, non de-
^'^t. ^^sjje in abbatiis vel in prioratibus conventualibus per unum. ... secundum
1 *'^ïii exigentiam possunt plus aul minus morari. Actes du chapitre de 17 iH.
y iîsilaloribus in pr.i'senti capitulo eligendis injiingimus ni sallein inlra
j ' ^**Xin trium annorum monasleria su;e provincia» visitent. Actes du chapitre
I
I "l^so anno quo celebrabilur capitulum générale monasleria incipiani visi-
^ Ha ut prima visitatio perticialur anle primam dietam: anno proximo ante-
N
184 HEVIE «A1IILI.0N.
clnniniiLs iiréviis. Mais il en pouvait survenir d'inopinë
g[it'iii('iii Je Cluny et la lenteur des communica tiens ue per-
melLiiir-nl i>as de recourir ii l'abbé oii à ses prieurs. I^e visiteur
liiire et le cliamhrier de la proviace se concertaient pour le choix
d'un second, qui prétait serment en leur présence et rerevalt
d'eux ses pouvoirs '. Si la mort surprenait l'un des visiteurs dans
l'exercice de sa charge on même si une maladie le mettait dans
l'impossibilité d'aller plus loin, le visiteur valide n'avait t|u'à
attendre. Toute visite laite par un seul était nulle. Les définileurs
n'acceptaient pas son rjpirort *. Ils pouvaient le renvoyer à l'abbé
de Cluny, s'il y avait quelque décision à prendre. C'est ce qui
arriva, eu l'année i:^6(i, au prieur de Grandchanip, qui avait dû
l^ire seul la visite de sa province ".
Dans la dernière phase de l'ordre de Cluuy, chaque observance
eut ses deux Wsiteurs " tenus de visiter conjointement tous Ips
monastères, en quelque lieu qu'ils soient situés, sans que, i.'[i
aucun cas, ils puissent l'aire en même tcuips H séiiari'nu'ni l;<
visite de différents monasières * ».
D*^ In réception de
i
Les visiteurs rencontrèrent fréquemment, chez les supérieurs
et les moines, une opposition irréductible. Les uns "voulaient (orlà
montrer leur tendance à s'affranchir de l'autorité de Cluny; les
autres, ayant conscience du mauvais état de leur maison, refusaient
une inspection gênante. Ces mauvais exemples sont fréquents; les
cedente capiliili genemlis célébra ci ou em rursuni omniH mon»sieri:i visilubunl.
Slaluitde17l7.
1 Deniniunl defllnilores quoct si alliguando contingul i-usus uliquos |iru <|iii>
vJBitiitorum aliquem ini])edimecilo leglLimo inipeitiri liquest, nec ad D. ubliaiciii
Itosfiil conimode haberi rerursiis pra visitalore subrogHtido, tune soi'iiis visii:i-
loris impedili elcamerarîns [jrovinciie [lersonam idoneaineligani ronronlili^'.
quie personn' sir im|}edi[a>in visilalioiiisonicio suhrogetur. Attetdu chapitre
de iSH el Statut* de Jean de Bmtrbov.
* Cèlera; domua provinciu' non riieruiK nisi |ier unum de visiuilorihus, mortr
siii ronsDciJ iinpedienie. viailaLc ; unde cum volulalioiii iinius viaitaloris nou
coQsuevit Kdes adhilieri, igilur super prœmissis ejusdem visilalîunis vuluutio-
nibus, deMnilores uîhil potueruntordiaarescu dellinire, Jcfai cAfc^pifrrife
latx.
» ... vox iiniusvox nuUius, ron possuni delllnilores ali'inid rieffînire sed
remitlunl ad D. abliaiem iil lanquam de re Bua ordiiiet, proiil sibi videbiiur in
pRemissis. Acte» du chapitre de 1366.
* Leilrtt pamiei de t7i9.
A
IKIIUE IlE Cl-CNV ET SON éJOUVEKNEMEM.
185
visiteurs ne manquent pas de les dénoncer aux délinileurs et
ceux-ci 3'efforcenl de les ré|iriffler. Les moiuistÉ^res espagnols agis-
saient avec beaucoup de sans-gêne. Quei(|ui's-uns allèrent jusqu'à
refuser l'Jiosjiitalité aux visiteurs et à leur suite. On en cile même
un f|ui smidoya des gens pour les mettre à mort. Heureusement
c'est un l'ait unique. Ces mauvaises dispositions présage.aient une
ru pt lire '.
Les monastères l'raiiçais donnèrent plus d'une fois un exemple
ntclieux de mutinerie. Ce ne fui |>as général, mais les l'aits cités
dans les chapitres généraux sont assez nombreux pour que nous
puissions nous rendre compte des obstacles contre lesquels la
sage et lorle organisation clunisto se heurta. Le relâchement des
liens qui rattachaient à la tête les divers groupes sociaux i)»!*»-
lysuit les moyens d'action que les dëpositairt^s de l'autorité
avalent en mains. Les papes, les rois de France, les abbés de
Cluny, souffraient énormément d'un élal de choses et des esprits
qui devint liincste à l'Église, à la France et a l'ordre monastique.
Citons quelques-uns de ces faits : s'ils dévoilent des misères
proibndes, ils témoignent aussi du zèle que l'on mil fi leur trouver
un remède. C'est l'abbé de Montierneul' qui avait mal reçu les
visiteurs. Le chapitre général de 1272 chargea l'abbë de Cluny
île lui faire infliger un juste cliàtiment, alln que dans la suite
'"hospitalité fût plus convenablement exercée en son monastère.
*^s moines de Saint-Germain-des-Fossés, prieuré dé|iendant de
■'ozai, refusèrent de leur donner les choses les plus indispen-
*^^»les. L'abbé de Cluny fui invité à les punir de telle sorte que
^® pareils laits ne se présentassent plus (1294). Les visiteurs
"énoncèrent, en 1297, le prieur de Loulay, qui s'était enfui avec
moines, dès qu'ils furent arrivés dans le voisinage. Ils trou-
«i*e|,( ]ps iiorles closes. L'abbé rie Montierneuf eut ordre d'envoyer
* t>f leur coupable à Cluny, oii il aurait .'i répondre de sa conduite.
*-•«? prieur de Doméne. qui possédait en même lemps le prieuré
. ^ Saini-Marlin-de.s-VJgnes, près de Màcon, assistait au chapitre de
*»0<5 II s',iiait Tort mal conduit a l'égard des visiteurs, lorsqu'ils
.^Présentèrent au prieuré de Saint-Martin, leur refusant l'hospi-
ë. de telle sorte qu'ils durent chercher un logement à Mdcon .
défmiteurs le condamnèrent à leur rembourser ce qu'ils
it dépensé à l'hôtel et à subir une peine que lui infligerait le
I -**HiiM/#rM etpagfiùli dr rOrdrr il' riiiny. par l'I. ItimunT
***-^— w de la Mitaria, XX. .127.
18(5 REV17E MABIIXON.
prieur claustral de Cluny. Le chamhrier de la province de Dauphint
<'t Provence eut à punir les prieurs de Sainl-Pantaléon et d(
Saint-Germain-du-Port, ({ui avaient mal reçu les visiteurs (i327j
Le prieur de Grandcliamp eut à répondre d'une faute j^reilU
(1345). On demandait toujours (jue le châtiment fût (exemplaire
Les coui)al)les étaient en outre tenus de vcîrser une somme égale
à celle que leur mauvais vouloir avait fait dépenser inutilement.
Les plaintes furent assez générales au chapitre de i338. Menu
(piand les visiteurs étaient reçus, on ne leur faisait pas Taccuei
respectu(»ux (ît empressé auxquels ils avaient droit. Les prieur:
n'allaient point à leur rencontre avec toute leur communauté e
ne l(\s accompagnaient pas au moment du départ. Ils les servaien
avec une parcimonie peu honorable. Les déluiiteurs hlànïèrent ce:
procédés mes(|uins et voulurent que ces otîiciiTs fussent traité:
avec tous les égards fixés |)ar la coutume '. Ces manques d'égard:
pouvaient quelipKHbis êtn* occasionnés par la surprise; d'une visiti
inattendue ()()ur le moment. Le moyen d'échapper à cet inconvé
nient était Tort simpU; : il n'y avait qu'à prévenir le monastère inlé
resse'î queKpie temps à l'avance. C'est ce que demanda le chapitn
de 149i -. Nous trouvons j)eu après une décision relative ai
cérémonial des visites. A l'arrivée des visiteurs, tous h\s religieu:
de la maison l(»s attendaient en aube à la j)orte de l'église ave*
l'eau bénite et la croix (1502) ■''. L(^ cha|)itre général de 14C0 aval
réglé pUis en détail la manière dont se faisait cette réception. L
prieur, vêtu de la chape, allait processionnellement avec ses moine
à la rencontre des visiteurs, pendant que les cloches sonnaient ei
volée. Il recevait à genoux rX plaçait respectueusement sur sa têt
en signe de soumission It^s lettres de l'abbé <le Cluny. Les visiteur
I Ad notitiain dcflinilonini pcrvenil ({iiod nonnuUi abbdtos visitaturibus .
iTverenlias et oxpoiisas solitas el dcccnles, obviain videlicel ocrurrendo i
advcntu el eos associaiido per se vel par aliuni in exilu de loris, niinim
raciiinl. dettiniuiit detliiiitores dislricle praripientes quod ipsis visitatoribii
exhibeanl et facianl revereiilias el expeiisas vsolilas el décentes, el in eanir
locis et in itinere siio consliiutis hospitalilas non ne^feliir, sed hilariler ei
liai. Acff's du chapitj'p lU MVil .
^^ Onlinanius quod ipsi \isilalores balteanl nunliuin ad locum scii ad lor
per eos visilandiini vel visilanda opporliino tenipore Iransniiltere. ({uatenii
abbales, priores et decani ab eis visitandi inlersinlel ronipareanl. pneparand
piM'parent. Actes du. chapitre, de ii9l.
3 Ordinainiis quod deinceps visilatores in omnibus et sinj^ulis nionasterii
el prioralibus in albis ruin crure et aqua benedicla in injîre.s.su ecrlesia* ad
niitli et reeipi debeant. Actes du chapitre d4 150t.
l'ordre de cu:ny et son gouvernement. 187
se rendaient alors au chœur, suivis des religieux chantant le Te
Qeum ou le Veni Creator. Après une allocution faite par l'un
dVux, ils recevaient, au nom de rabl)é de Cluny, le s(irment de
tidélilé du prieur et des moines.
Les monastères qui étaient sur le chemin des visiteurs leur
devaient une hospitalité honorable, bien que ceux-ci n'eussent pas
à les inspecter ^ Ce n'est point là qu'ils trouvai(înt les plus grandes
difficultés. Leur autorité devenait l'objet de contestations aiguës
dans certaines maisons, où l'on se croyait en droit de ne point la
reconnaître. On ne se bornait pas alors à récuser les visiteurs,
on leur fermait la porte, ou si on consentait à les recevoir,
celait de mauvais cœur et en leur refusant presque le nécessaire.
Les prieurés nommés mediati, pareil qu'ils dépendaient directe-
ment d'un monastère de l'ordre autre que Cluny, se trouvaient
dans ce cas. Les prieurs anglais de la Charité-sur-Loin^ furent
rappelés à l'ordre en 1349, pour avoir ainsi man(|ué au devoir de
Hiospiialité -. Ces maisons médiates^ fort nombreuses dans les
diverses provinces, risquaient fort de iw jamais êtn^ visitées. On
l^s soumit, malgré leurs résistances, au même droit que les monas-
l^i*es immédiats "*. Afin d'écarter d'une manière absolue tous les
prétextes allégués pour récuser les visiteurs, il fut décidé, en 1356,
<l"'on abrogerait désormais l'exiMiiption admise en faveur de ceux
*î"' avaient reçu ou qui allaient recevoir la visite de l'abbé de
Cluny *.
•^ 'sitaloribus in locis in eorum itiuere silualis, ubi eliam visilare non con-
^veruni, hospitalitas non denej^eUir. Actes du chapitre de 1324.
'^'^■oresde Anglia immédiate subjecU priori de (laritate rerusant adminis-
^ ^xpensas visitatoribus, quare pnpcipiunt deflinitores dioUs prioribus
' ^^^ lis visitatores de retero bénigne recipianl et eis neoessaria administrent.
•^^,^* €3iu chapitre du 13 i9.
•^^-^nnulli abbatcs et priores visitatores ... non admillunt lam(|uam visi-
^ '^^5* neque eis expensas minislrant, pr.rsertim in locis médiate erclesia*
' ^'^•î^^'ensi subjectis, pni'tendenles quod hoc facere ronsueverunl vel (|uod
. ^^^■^l visitati i>er eorum superiores immediatos et sic débet surtlcere una
^'^'^•-io, pnrcipiuut deffinilores quatenus a cetero accipiant visitatores ...,
Pcriji^gj. eis ministrent et ordinata primitus. consueludine (juacumque in
nir^^ rium aUegata non obslimte. Actes du chapitre du 1393. Deffiniunt dettini-
' ^^uod pnpfecti priores quicumciue sunt ilii mcdiali, recipianl visitatores
. ^ 'honore et reverentia, et ipsos in his (iu:ï» s|)eclant ad visitalioiiis offîcium
^ et I flîcQitaie quacumque admillant. Actes du chapitre de 1427.
'"iores de ordine ad quos visilationis causa visitatores debent accedere,
*• |cio5^ visitatores tanquam visitiilores et ad visitandum admiltere leneantur, et
^^> liendia solita ministrare, non obstante si abbas ibidem visitant aut etiam
nEVIE HARIM.ON.
Les définiteurs veillaient aussi à r-e que les Rsigences dps visi-
teurs ne dépassassent pnint certaines limites fixées parlacoulnin*''
Le cellérier de Saint-Marlin-des-Cliamps devait leur servir ^"
rtilectoire du poissnn et un potage. Le service fut fait uni- ann*^
hors du rél'ectoire. Les définiteurs rie 1400 déclarèrent (jul' e^^'^
officier n'était point tenu à ctiuse pareille '.
Lep fraie de visite
Les visiteurs avaient un long voyage â faire pour rempli-^''
leur mission. Ils allaient à clifval. A cette éiimiue, un lioinnie^^^
occupant une situation ne partait jamais seul, il lui Tallait une suite—- —
Ceux qui l'accompagnaient avaient aussi leur montun-. La suitt;?^'*
d'un abl)é ou d'un prieur se composait de quelques serviteurs et
chapelains ou clercs. Un prieur conventuel se contentait pour lui i-t
les siens de trois ou quatre ciievaux, à moins qu'il ne Tût à la lèt"'
(l'un monastëi-e important, comme Saint-Martin de Paris ou la
Charité-sur- Loire. Son équipage pouvait alors compter de six à
neuf montures *.
Le train d'un visiteur n'était ])as au-dessous de celui que con-
duisait un prieur conventuel, bien qu'il fût expressément recom-
mandé d'aller avec une suite peu nombreuse. Au moins la visilr
n'-étail pas un prétexte d'augmenter un cortège ^.
in proximo ilcbe;<< visitnre, ciirn lia sll Jn ordiiie nuliqucliis observalum. AeUs
du chapitre de 1386.
1 Cum miiKiius cellerarius S. Martini de Campjs lenealur solum miiiislrare
visiutoribus comedentibus in rerectorio, dum visitant, pisces et iiota^um. 61
anno pm-senti solverel eliam extra rerecloriiim, deHlniuiit ileHlnilores de cou-
setisu prioris îi. Martini quod îstud non sîl in pni-judicium D. cellerarii et guiKl
a cetero non lenentur iiliquîd diclis visi tuloribus minislrare extra l'ererlorium.
Ae(e> du cknpitrede tiOO.
s Quoniani ex superlliiis equilaturis suinpLus Hunl non iiecessarii. quibus
domusKravaniurei vanitas enulrilur, singiilis ptioribus ei nobis ipsis. volenies
aliis forniHin dare, certum evei: lion uni numeruin djximus pni-scnbenidim.
AbbMs r.luniaccnsis sexitec.im sil eiiuilaturis contenlua; prior de raritale oclo
vel nuvein; prior S. Martini, sex vel sepiem; priores roiiventualeF. irïbus vel
i|iii(iiii)r: releri vero minores priores duabus tanlum evecDonibus sint con-
lenii. Ui'iiONis V Slaluta. BibUothecit Clttnirteetuii. H67.
^ Preclpimus eisdem visitatoribua i[uod cum moderatis equititluris lempore
visilalionts inr.edant. tiec propler visilationis olflcliim eis injunclum numeriim
cquorum et familia' augmenleni nisi urt-ens nécessitas ant evidens uii]itu.'<
îmminerei. Ibid., 1BS7.
L*ORDRE DE CUINY ET SON GOUVERNEMENT. 189
On jHirmettait aux visiteurs la parure ajoutée à la selle du
cheval, dont usaient les prieurs conventuels ^
Les monastères qui les recevaient pourvoyaient à Tentretien
des hommes et des bétes. Mais ils ne se trouvaient pas à chaciue
éta|)t\ Lorsqu'ils faisaient défaut, les visiteurs prenaient place,
comme le commun des voyageurs, dans une hôtellerie et [)ayaient
leur dépense et celle de leur suite. Les chevaux demandaient à
être Terrés souvent, cela . augmentait les frais de route. Comment
couvrir ces dépenses inévitables? L'ordre de Cluny n'avait pas
constitué une caisse commune qui aurait pu rendre ce service.
Les visiteurs ne pouvaient s'en charger. Ceux de la province
•^'Angleterre le tirent à une certaine époque, mais leurs maisons
•siî virent dans l'impossibilité de continuer. L'abbé de Cluny manda
Hu prieur d(» Lewes de prélever, sur les prieurés anglais, une
'^oiiime de trente livres sterling pour la leur remettre 2. Il était
raisonnable, en effet, de faire peser cette charge sur les monastères
visités.
Ces frais de route entraient dans ces choses nécessaires à la
vi*?, que Grégoire IX et Nicolas IV permettaient aux visittMirs
d'accepter ^. Ils semblent avoir été gênés en cela par la crainte de
''ecevoir des présents. Car rien ne pouvait davantage les priver de
'a considération et de l'indépendance dont ils avaient besoin pour
'"•^inpljr leur fonction. L'abbé Henri allait juscju'à les excommunier
^^ «i les menacer de la justice divine s'ils osaient recevoir quehpie
c/ii>se sous n'importe quel prétexte. Cette prohibition s'étendait à
'<^>ute leur suite*. Mais, fournies en argent ou en nature, les choses
Ordinainus quod visitalores ordinis dum erunt in visitando, eliamsi
P''«Oi-^5 conventuales non sint, cum propter officii Visitation is honoreni, tum
*^'"^r>tcr ordinis Cluniacensis reverentiam et notiliam, postela uti possint in
^^it.;ando. Ihid., 1558.
. . Quia visitatores Angliue sumptus et expensas sibi et suis domibus importa-
^■^^ fècerunt, oflicium visitationis exercendo, ordinant dcllinitores (|uod
" ^^Jbas injungat priori Levensi ut dictorum visitatoruni levaniine levet
^itjras sterlingorum a prioribus provinciip Anglicana* tradendani per euni-
^ïï> 'Visita tori bus pncdictis. Actes du chapitre de 13/4.
V'isilatores a personis et locis qu;c visitant. pr.iHer moderatas expensas
'^^^i Decessarias, recipere nihil omnino pru'suman t. Visitatores exculionlesab
-T^^i munere manus suas cum paucis equitaturis incedant. Jiulie de
^^^<iire IX déjà citée,
lisdem visitatoribus, sociis seu capellanis ac fainilia' eorunideni, sub
P^^ a excommunication is et sub attestatione divini judicii, pnecipiinus distric-
^^ ne visitationis lempore recipiant aliquid a personis et locis qu;i^ visitant,
nUovis exposito colore, exceplismoderatis et necessariis expensis, sed excutiant
^^^nmi munere manus suas. Henkici Statuta. Bibliotheca Cluniacensis, 4557.
DEVIE MARILLON.
nécessaires à la vie restaieiH Uiiijours les mêmes; il n'ya\ail|os
fi les coiifondre avec Ifs présents corrupururs.
Les dépenses variaient nécessairement en raison des dislanctsâ
piirconrir et des conditions éci)nuini(|iics des pays parcourus
impossible dès lors de Dxer un larif iinilbnDe. Le soin lie la
réglemenlation l'ut abandonné aux nécessités et à la couliime. I*^
détiniteurs se cliargèrent de rappeler à ceux cpii les oublieraieifl
leurs obligations. L'aiibé de Monlierneuf. devait verser la somme
de 30 sous (solidi) imur couvrir les Trais de voyage. I,e prieur df
Sainl-Gelais fut chargé de lui intimer l'ordre de la payer ilîit).
au cas où il De l'auT-ail point l'ail déjà.
On tinit par changer ces redevances vagues en une taxe fixn, qui.
sans gêner les inonaslères. permettait aux visiteurs de ne poini
grever le budget dft leur maison ; au xiv siècle, ils peiT*vMienI im
llorin dans les prieurés conventuels et un demi-tlorin dans 1>*
prieurés simples '. La taxe lut de deux francs pour les abbayes *^
prieurés conventuels, et d'un pour les autres, un 1393. Le capitî*^
ainsi réuni ne suHisait [Ws. Il l'allul, pour l'année 1399, taxer l*^^
prieurs conventuels à deux écus d'or, les semi-con\entuels n'aya' \
avec eux que quatre moines, à un, el les autres, à un deini-écu. T^
ce n'était pas asseK, les visiteurs avaient la faculté de contracte*
au nom de l'ordre, un emprunt [louvant aller jusqu'à la somme d *
cent livres. Les dé|H.'nses de cette année avaient été ejtlraordinaire-s^^^'
aussi cette taxe n'élail obligatoire que pour 1399. Nous trouvons *^\
en 1403 un tarif inférieur à celui de 1393. Les abbés et les prieur;:*''*'
conventuels ne donnaient ijue un franc et demi, et les autres irr~* •"
petit florin. On descendit même à un franc pour les premiers et uo"* ■"
demi-lranc pour les seconds [diSS, HGT). L'ensemble des frai^« '*
était compris dans celte redevance destinée à payer les fers de^^^^
chevaux -. Il l^llul l'élever encore en 1494. I^;s prieurs simplf^ "^^^
payëi-ent un écu d'or, les convi^utufls cl les abbés deux '■. Celai' '^^
la somme versée en ISSi. ^Ê
1
' Pnrcipiunt tllslricte «leHlnilores ordiiiulionem alius Tiiclani sujwr prcuD»^"
tradcn<la visi lu UiH h us pro rermliira ei|uuriini siiorjm, viileliret qiioil |iriC^ ~
nonveriUialis icneliir irailere unuin lloreniim, non rnnvenlualis dimidinr^
florenuin Imiiiî iionileris, inviolabiJiier observari |wr uiiines iirovinriHs nmir"^
onlinis. Acte* du chapitre de t37t. Il est i|iiestion en t39l il'uii franc |ia^^
lirieun.' convenluel et tl'iin denii-rranc par prieuré simple.
* Il est dil, dans les Aelei du t-hnpitre de ti67. que tel argent est versé - prc^^
rerraturis et uliis expensis ".
3 Statiiiinus i|itu(l visltalorps possiiil a personis ei toris visilutis |>r»'ter'~
J
l/ORDRE DK Cl-INY KT SON GOIVERNEMENT. 191
Les Clunisles du xvir siècle lurent beaucoup mieux inspirés.
Ils avaient une caisse de Tordre entre les mains du procureur
général. Celui-ci couvrait les Irais de la visite K On aima mieux
dans l:i suite prélever directement sur chaciue monastère visité
une taxe d(» 30 livres par journée. Les prieurés conventuels n(^
giirdaif'nt pas le visiteur plus de trois jours, ce qui faisait une
somme de 90 livres à payer. Les autres maisons, (jui ne les
avaient cpi'un jour, versaient 30 livres. L(\s visiteurs avaient de
quoi se défrayer eux et leur suite ^. Le procureur pouvait user
cle^s moyens de droit pour contraindre les monastères (|ui ne
voulaient point s'acquitter de cette charge ^.
Exercice <le la vlalte
Les visiteurs portaient avec eux les délinitions du chapitre
général concernant les monastères de la province (ju*ils allaient
inspecter, et les définitions plus importantes qui s'adressaient à
Tordre entitîr. Ils avaient à juger de Tobéissance av(»c laquelle
supérieurs et moines les mettaient en prati(pie K Les désobéissants
€;t les ïiégligents étaient par eux punis (»tau b(îsoin dénoncés devant
les définitenrs du chapitre suivant \ Les règlements émanés du
îSaint-Siège, les statuts des abbés de Cluny et les observations
laissées par les visiteurs de Taimée précédente faisaient aven* h's
tiétinitions l'objet de leur en(iuéte ''. Les administrateurs de cliaciuiî
maison avaient à leur remettre les livres de comptes ".
iAliincnt» exigere, videUcet a prioribiis siiiiplicibus ununi, et a convenlualibus
<]uo sciita auri. iisdem inhibentes ne, aut in peciinia aul ccrUs nnincMibus.
«4ui<lquani aliud etiam a volentibus dare audeant rccipcrc. Actes du chapitre
de t494.
i Les frais des visit'es seront pris sur les frais communs et payés par le pi o-
<*ureur général. Actes du chapitre de 1650. Renouvelé e^i 170t.
2 Actes du chapitre de 1678.
^ Actes du chapitre de 1701.
* Deffîniunt deffinitores quod amodo visitalores per provincias depiitali
visitationes et deflflniUones iUius provinciie (piam visitarc tenenUir, se(Him
r)ortent. Actes du chapitre de I2i3.
•'» Visitatores debent mquirere ({ualiter hoc observetiir, et nfîj^'lijçeiiles el
l-ransgressores punire et, si sit necesse, ad capilulum j^eneralc referre.
<JoAN?îis III Statuta. Bibliotheca Ciumac&>isis.
fi Ibid.
" Pra»cipiunt deffinitores visitatoribiis quod injunj^ant et pra»cipiaiit in virtule
ï^ncta* ol>edienliie administratoribus quod slalum lenqioralilaUs dicUi' domus
»Ns tradanl in scriplis. Actes du chapitre de 13 i9.
192 IteVUE MABII,I.ON.
Dans le but de r'aciliter celle ins[>uction, l'abliê Henri I a tracé
aux visiteurs un programme très net; ils n'avaient qu'il le suivre
pour sf; ISire une idée exacte de ce que i>ouvaient être un monastère
et SL'S liabîtanls. Nous allons le reproduire, el. pour le rendre avec
toute sa précision, lui donner ta forme d'un questionnaire '.
Comment se célèbre l'office divin de jour et de nuit? Quel est le
nombre des messes? Combien y a-t-il de moines dans chaque
maison* parmi eux, combien de pi-étres, de diacres et de sous-
diacres? 1^8 religieux assisLenl-ils r^ulièi'ement aux offices? Les
prêtres célèbrent-ils la messe une lois jar semaine? les autres
i'ont-iis les communions prescrites? Combien de Tois et comment
tient-on le chapitre des coulpes par semaine? Les n^ligents el
les désobéissants sont-ils punis? Les religieux sont-ils dociles,
sérieux, charitables et unis? Jouissent-ils d'une lionne renommée?
Exercenl-ils quelque commerce? Sorltint-ils sans permission?
Possèdenl-ils des choses qu'ils ne devraient pas avoir?
L'église est-elle pourvue de calices, de livres, d'ornements, de
lampes el des ustensiles liturgiques indispensables? Les religieux
prennenl-ils soin de l'entretenir avec la propreié et la décenee
qui conviennent? Allume-l-fin les tordes ;i ri-lrvntion?
Fail-nn l'aumàne el exerce-l-on rii'ispiialité? Jci'me-L-on aux
Qualre-Temps. durant le carême el la \eillc des léles? Fait-on
absliiience lous les mercredis de l'année et tous les jours (tendant
r.\v<-ni <'i la Sepluagésime? Le silence esl-il observé dans les (;ualre
lieux réguliers. c'esl-à-dii'P à l'église, sous le cloître, au réfectoire
el au dortoir? Quelle est la disposition du dortoir? les frères onl-
ils chacun une cellule? ou dorment-ils dans un même local? com-
menl sont les lits? Leur donne-t-on les vêtements nécessaires? Les
malades reçoivent-ils les soins requis? Laisse-t-on aux religieux
certains droits sur la nourriture ou la boisson, ou encore de
l'argent, contrairement à ce que prescrivent les statuts? Mangent-ils
eiisenilile el aux heures régulières? Sont-ils tous au réfrcluire les
jours de jeune el d'abstinence? Y a-t-il de jeunes moines ii';t>Hnl
pas d(ni/e ans et ne sachant ni tire ni écrire? La charge de celléiii-r
est-elle confiée îi un séculier?
Conserve-t-on une copie des statuts de Grégoire IX, de Nicolas IV
et des abbés de Cluny? les chartes et privilèges du monastèit!?
I
1 De majoribus, inedlocrihtts et minoribus el hujusmoiti liii]uiranl peleol
in visilando per tnoduin el ordinem iiirerius unnotatum. Henkici I Slaliiln.
Bibliolkeca Cluniacemis, I55S.
4
l'ordre de CUNY ET SON GOUVERNEMENT. 193
est chargé de la conservation et de la défense des droits? Comment
sont entretenues les toitures et les habitations? A-t-on aliéné ou
cédé pour la vie quelque propriété? A-t-on abandonné à des sécu-
liers la jouissance de quelques biens ou de rentes affectées aux
pensions des frères? A-t-on contracté des dettes? pourquoi, envers
qui et dans quelles conditions? Le prieur a-t-il congédié quelques
moines et pour quel motif? Si la raison n'est pas suffisante, le
moine est rappelé. Le prieur a-t-il révoqué un prieur ou un béné-
ficier de sa dépendance et pourquoi? A-t-il changé des oflRciers ou
déplacé des moines sans raison?
Les visiteurs devaient s'enquérir avec la plus grande attention
de la manière dont les supérieurs s'acquittaient de leur charge et
^administraient leur maison, de leur conduite personnelle et de la
réputation qu'ils avaient. Ils s'informaient aussi de la vie de chaciue
Irère. C'était moins dans le but de corriger des coupables, que de
connaître exactement les sujets de l'ordre. L'abbé de Gluny et les
«létiniteurs, exactement renseignés sur la valeur de chacun,
pouvaient honorer et récompenser le mérite ^
Une fois l'inspection terminée, les visiteurs donnaient des
encouragements et des félicitations à ceux qui en étaient dignes.
Ils réprimandaient et punissaient ceux qui en avaient besoin.
Ils prescrivaient, dans la conduite générale de la maison et dans
l'administration des biens, les changements et les modiiicalions
ciui leur semblaient nécessaires. Ils ne pouvaient transférer un
xeligieux d'une maison à une autre sans avoir des motifs très
sérieux, et encore n'avaient-ils pas à l'envoyer hors de la province
ciu'ils visitaient.
Le moment était venu de rédiger le procès-verbal de la visite,
<lans lequel ils exposaient l'état matériel et moral constaté par eux
^t ils consignaient les mesures prises pour remédier à ce (|ui avait
jiaru défectueux ou mauvais. Ce rapport était rédigé en double et
5>cellé du sceau des visiteurs. Il y avait un exeniplaire pour les
^étiniteurs, l'autre était coulié à un religieux grave (|ui devait le
«•émettre aux visiteurs de l'année suivante '^.
Les visiteurs ne se sentaient pas toujours la force morale
«nécessaire pour réprimer certains abus et pour briser des
ppositions trop vives. Ils les signalaient au chapitre général, et
^ Ipsîpque bona» personic propter hoc de bono in ineliiis procediinl; el
'^oiiticaliP tanquam bene meriUi^ citius provehantiir honoreniquo boniuili
<^ebitiim efflcacius conseciuantur. Henkici I Statuta. Ihid., ISHÎ.
* Actes du chapitre de 1393.
13
194 REVUE NABILLON.
les définiteurs agissaient de leur mieux. La prudence ne leur
permettait pas non plus de tout dire, même aux définiteurs. Il es
des secrets que le supérieur général peut seul connaître. C'est à
Tabbé de Cluny qu'ils les confiaient '.
On avait dans Tordre une formule pour ces chartes de visite.
Elle est inspirée par les mêmes préoccupations que le questionnaire
donné f)Ius haut ^.
Les définiteurs n'acceptaient pas les yeux fermés toutes les
accusations présentées par les visiteurs. Lorsqu'il s'agissait d'une
faute grave et infamante, ils exigeaient des preuves à l'appui. Le
prieur de Romainmoutier se vit ainsi accusé d'incontinence. On ne
donnait pas le nom de ses accusateurs; pas un témoin n'était
nommé. Au lieu de sévir contre lui, les définiteurs de 1265
infligèrent aux visiteurs un blâme public ^,
La visite régulière se fit dans les monastères clunistes jusqu'à la
veille d(î la Révolution, conformément aux usages que nous venons
d'exposer. Il en est souvent (lucîstion dans les chapitres généraux
du xvir et du xviir siècle. Leurs décisions rappellent les définitions
des siècles précédents.
Les chartes ou procès-verbaux des visites étaient conservées
dans les archives de chaque monastère. Les archives de Cluny
gardaient le recueil complet de ces documents. Tous n'ont pas
disparu. La Bibliothèque Nationale en possède plusieurs; (|uelques-
uns sont des originaux K
1 Dirli visitatores sécréta nisi flomno abbaU non exponant propter perioula
evilanda, et qi]«' vi<lerinl in online corrigenda in personis vol rehus, qua»
alias per eos correcta non luerunt, coram defTinitoribiis annis sinj^ulis, in
publico vol privalo in raritate proi>onunt. eto. Joannis 111 Statuta. liihUutheca
Cluniacnisis, 1608.
'^ Bibliothèque (le l'École des Chartes, XLI, 323.
3 Actes du chapitre d^ liôS.
^ Rôle des visites des maisons d^ l'Ordre de Clunif et des décisions prises par
les définiteurs sur le rapport des visiteurs (1202-1300), Bib. Nat., nouv. a<'q. lat.
2270 ( 1301-1 i50;. Ihid. 2271. Procès-verbal de la visite des maisons df Franche-
Comté et d'Allemagne lilS). Ibid., nis. 1503. Visite des maisons de Provence et
Dauphiné. Tbid. ms. ïv. 12(H>.'i. Inventaire des manuscrits delà Bibliothèque
Nationale, Fondas de Cl uni, par L. Delisle. 32.>329. M. AL. Rriiel. au t. VI de
son Recueil d^s chartes dr l'abbaye d/> Cluny, signale par ordre de date tous les
procôs-verbaux des visites de celte opocpie qui nous sont consenés.
Visites pubiic^'os : Visitations of the order of Cluni in Alsace- Lorraine,
Traiisjuran'Burgundy and the other parts of the province of Gernmny froui
i269-ti20, London, 1802, in-8. — Visite des monastères de Cluny de la prorince
d'Auvergne en ttSS et 13/0, par Al. Briel, Bibliothèque de l'École des Chartes,
XXXVIII, lli-127.
LE BRÉVIAIRE DE SAINT-DENIS-EN-FRANCE. 19o
LE BREVIAIRE DE SAINT-DENIS-EN-PRANCE
Nous en sommes arrivés à la quatrième section (iu Bréviaire :
*^ Vi'opre du Temps ou Temporal.
Et primo prœmittuntur quœdam regidœ spéciales de Adveniu :
*-''esi-à-dire les règles qui doivent être observées dans la concur-
^^^nce des fêtes avec les otïices de l'A vent. Notons seulement que
î*eiidant TAvent les fêtes de 3 leçons sont réduites à simple
ïiiémoire; mais juscpi^au 13 décembre on continue à faint le jeudi
I Milice de saint Denis, et le samedi Tollice <le la Vierge. Tous les
j <uirs privés, c'est-à-dire en dehors des dimanches et des fêles, on
^éciti* les sept psaumes de la pénitence avec la litanie, à moins
cJ'anniversaire solennel, et même en ce cas aj)rès la fête de sainte
lucie, c'est-à-dire après le 13 décembre.
L'otïice de TAvent s'ouvre par les premières vêpres du |)remier
€jlimanche, commençant au capitule, suivi d'un grand répons,
^alvalorem ; hymne Condiioi\
Aux Matines, hymne Vej*bum supernum ; 8 leçons d'Isaie ; les
antiennes et les psaumes sont des dimancht»s per annum; au
•S- nocturne, ant. Alléluia, Vox clamantis. Les trois canticpies,
l^irés d'Isaïe, sont différents de ceux du Romano-Monaslicpie; ils
< !()nnnencent ainsi : Conforiate manus dissolutas (eh. 35);
^jonsolaminij consolamini (ch. 40); Juravit Dominus in dexiera
'^ua (ch. 62). Les leçons du 3*' nocturne sont tirées d'une homélie
^les Pères, ici de saint Jean évêque, sans doute saint Jean
dhrysostome. L'évangile est celui de l'entrée triomphale de Jésus
îTi Jérusîilem le jour des Rameaux.
A Laudes, o antiennes propres; hymne Vox clara. A Prime,
^nl. Allel. Non aufereiur; à Tierce, AUel. Dabii ei Dominus;
ii Sexte, AUeL Vox clamantis; à None, Allel. Levate capita
westra; on n'en donne que les premiers mots. A Vêpres, psaumes
^lu dimanche avec les antiennes du Psautier.
Les leçons d'Isaïe, tant aux dimanches qu'aux fériés, se ter-
^•ninenl non pas par Tu autem Domine misei'ere nobi^, mais par
Mœc dicit Dominus Deus : Converlimini ad me ei salvi erilis.
C'était l'usage général après les lectures des prophètes; on ptMil
^n rapprocher la clausule qui termine encore aujourd'hui \vs
1-amentations de Jérémie pendant la semaine sainte : Jérusalem,
Jérusalem^ converlei*e ad Dominum Deum luum.
I!)G
L'oflioi du lundi est nrdonntf selon le rite Têrial, avec 3 Ipçoi*-
d'Isaie. Les réfions sont pris à h suite dans la série du dimanche-
en omettant le premier. Au 2" nocLnrne, anl. Atlfl. Dabil eî
Alix Heures, antiennes propres [Eeee in mibibus. Leva HierusaU'm.
Erumpant montes, Expectabo Dmninum , et cîipiliilfs propi-es,
qui RiTvironl à loules les l'éries dt- l'Avenl. A Vêpres, psaumes ei
aiitiemius du Psautier; le reste de l'A vent. I^ jeudi il n'y a pas
irÉrriiiii-e neciirrente, l'office se faisant de saint Denis; de même
le s;iiiiedi. qui; l'on l'ait de Beata, l'Kcriture ne se lisant jamais aux
otiices di:s saints; ces mêmes jours on l'aisait mémoire de l'Avent
6 Laudes et ii Véiires.
Le II' diinanche d'Avent, le premier répons de Mâtine.'',
Hierusalem ctlo venkt. avait trois versets, comme le premier du
dimanche précédent, Aupkiens a longe. Hais en semaine, quand
on reprenait ce répoii:;, on ne disait qu'un verset. S leçons
d'Écriture Homélie sur l'évangile ErunI signa in sole (celui du
premier dimanche au Koinain). A Laudes, S antiennes propres.
Le HP dimanche, invitatoire Ea-e venil plenitudo. évangile Ciim
attdissei Joannes (2' dimanche iiu Romaini. A Laudes, 3 antiennes
propres.
Le mercredi des Uuaire-Temps excluait même une lële de
13 leçons. L'évangile Mi-tstm est, ]irécédé de Dominus imbisciim et
nou de Julie domne, était lu en entier avant l'homélie. A l.,i(udes.
antiennes propres, Proplei- Sion, etc., reprises aux Heures.
Puis les grandes antiennes 0. au nombre de neuf, comrnenvanl
le 15 décembre : celles dn Romain, plus Thowa Didume. et
Virgo virginitm. Ensuite une série de dix-huit ré[ioiis, en six
groupiis de trois, à dire depuis le jour i\f sainte Lucie jusqu'à la
veille de Noël, c'est-â-dire du 14 au 28 décembre inclusivement
(excepté les jours de 42 levons, les dimanches et le raercrf-di des
Quatre-Teiniis). C'est la série Clama. On y trouve ce beau texte :
^. Annimtiatiim i3st |>er Gabrielem archuDgelum ad Mariam
Virginem de intmitu rogis. ai ingrestius est per splendidnm ivgioneni
iiiiream Virginia visilare palaltum uteri : Bt rcgreâsus est per aiireani
portum Virgitiis. }. Casltv. parentis viscera, etc.
Le jeudi suivant, antiennes propres (De Sion veniet), à Laudes,
reprises aux Heures. Le vendi-edi, homélie, antiennes Cotisnlamini.
Le samedi, homélie, antiennes Inliiemini.
Le IV* dimanche, évangile MiserunI Jiidœt idu 3" dimanchn nu
Romain).
LE BRÉVIAIRE DE SAINT-DEMS-EN-KHANCE. 197
Le lundi, antiennes Ecce veniet. Le mardi, antiennes Rorate
vli desuper.
Feria vagam in Adventu, celle (lui se trouverait entre le
lardi et Tavanl-veilie de Noël. Le dernier jour avant la vigile de
\ç)è\ est appelé la surveille de la Nativilé.
La vigilt* de Noël est ordonnée, comme de nos jours, avec
t quel(|ues particularités en vue de son incidence au dimanche.
Aux premières vêpres de Noël, 4 antiennes et |)saumes lériaux;
E-épons Juda; hymne Veni red^mptor, d'usage universel en
ffrance à cette place. Jusqu'après Toctave de TÉpiphanie on ajoutait
«riux hymnes des Heures les deux i^lro\)hef> Mémento salutis A uctor,
€Ama iibi Domine. Nous donuims Thymne des premières vêpres,
toute remplie de belles pensées ^ :
Veni redemptor gentiiim — Ostende partum Virginis, - Miretur
omne seculum, — Talis partus decet Deum.
Non ex viriii semine, — Sed mystico spiramine, — Verbum Dei
factum caro, — Fructusqiie ventris noruit.
AIraus tumescit Virginis, — Claustra pudoris permanent, — Vexilla
virtutum micant, — Versatur in templo Deus.
Proœdens de thalamo suo, — Pudoris aula rcgia, — GemindB gigas
substantiaî — Alacris ut currat viam.
Egressus ejus a Pâtre, — Regressus ejus ad Patrem, — Excursus
usque ad inferos, — Recursus ad sedem Dei.
-4iquali8 œlerno Patri, — Carnis strophio accûngere, — Infirma nos-
tri corporis — Virtute fiiinans perpeti.
Praesepe jam fulget tuum, Lumenque nox spiral novum, — Quod
nulla nox interpolet, — Fideque jugi polleat.
Gloria tibi Domine, etc.
Aux Matines de Noël, hymne A solLs ortm cardine; au 2^ noc-
Uirne, un sermon sans titre : A udile filii lum adoptaii in re(jnnm
Dei, cantiques Populus qui ambulabai, lAetare Hierusalem, Urbs
foiiitudinLs nosirœ. Au 2*" nocturne, une leçon de saint Grégoire,
une du Vénérable Bède, deux de saint Augustin : 12'* répons,
DeHcendit de cœliSy répété. Évangile Liber generationis. A Laudes,
5 anlieniK^s propres; hymne Christe redemptor omnium; à Bene-
dictus on dit trois Ibis Tantitmiie Gloria in e.rcelsis. Aux Heures,
4 antiennes |)ropres.
* Dans ({uelques églises, il y avait une premit^re strophe ainsi conçue :
Intende qui régis IsraeL - Super (iherubim qui sedes. — Appare Ephreui
corani. excita, — Potenliam tuani et veni.
198 REVUE MABILLON.
Nesciens mater virgovirum poperit sine dolore Salvatorem seculorum,
ipsum regem angelorum sola Virgo lactabat ubere de cœlo picno.
Hodie iDlacta Virgo Deum nobis genuit teneris indutum niembris,
quem lactare meruil; omnes ipsum adoremus qui venit salvare nos.
Virgo hodie fidelis ieternum Verbum genuit incarnatum, virgo
mansura post partum, quam laudantes omnes dicimus : Benedicta in
in muiieribus.
Gaudeamus omnes fidèles : Salvator noster natus est in mundum;
hodie proeossit proies magnifiai germinis, et persévérât pudor
virginitatis.
Aux secondes Vêpres, 4 antiennes comme aujourd'hui ; liymne
Veiii redemptor; à Magnificat, Vei'bum caro, 3 fois; mémoii*e de
saint Etienne, Ave senior.
Les l'êtes d(*s Saints qui tombent dans l'octave de Noël sont au
Sanctoral.
Onze antie^nnes propres sont marquées pour la mémoire de la
Nativité |)endant Toctave : Ecce advenii, Ecce de quo, Virgo vei'bo,
Nesciens mater, Beatus venter, Beata viscera, Sancta et imina-
culata, Virgo Dei Genitrix, Pastores, Saim œterna, llluxit.
Suit Tortice de Toctave de Noël, pour le S*" jour de Toctave,
c'est-à-dire |K)ur le 30 décembre, si ce jour est sur semaine, et un
autre otïice pour le même jour s'il est dimanche. En semaine,
au l*"' nocturne, la 1''*' antienne et les psaumes du l'"" nocturne de
la Circoncision, 3 le(,'()ns de sermon; au S*" nocturne, l""*" antienne
et psauHjes du ±' nocturne de la Circoncision; a Laudes, antienne
Qnem vidiMis, unitiue. Le dimanche, psaumes de la Circoncision,
une seule antienne à chaque nocturne; homélie d'Origène sur
l'évangile Erant Joseph et Maria mirantes; à Laudes, antienne
unique; on ne fait pas mémoire de Noël.
Puis l'ollice de l'octave de Noël, c'est-à-dire de la Circoncision.
Aux premières Vêpres, mémoires de saint Sylvestre, de saint
Etienne et de saint Jean. A Matines, 8 leçons de sermon, homélie
sur Cum consmnmati essenf dies. A Laudes, 5 antiennes, Oadmi-
rabile, etc. A Vêpres, antiennes Tecum principium, etc. De ce
jour jus(|u'à la Purification, on Taisait tous les jours à Laudes et à
Vêpres mémoire de Noël et de la Vierge seulement; les autres
suHrages étaient supprimés.
11 n'y a pas d'otïlce |)our la vigile de l'Epiphanie, le 5 janvier
étant la fête de sainte Geneviève, à 12 leçons.
Aux premières Vê|)res de l'Epiphanie, on dit encore les quatre
antiennes de Noël, Tecum principitnn. Hymne :
LE BRÉVIAIRE DE SAINT-DKNIS-EN-KRANCK. 199
A Pâtre unigenitus — Ad nos venit per Virginem, — Baptisma cruce
consecrans, — Cunctos fidèles générons.
De caelo celsus prodiit, — Excepit formam hominis, — Facturam
morte redimens, — Gaudia vit;u largiens.
Hoc te Redemptor qucTsumus, — lliabere propitiiis, — Clarusque
nostris sensibus, — Lumen pnebe fidelibus.
Mane nobiscum Domine, — iNoctem obscuram remove, — Omne
delictum ablue, — Pie medelam tribue.
Quem jam venisse novi mus,— Redire item credimus,— Sceptiumque
luum inclytum — Tuo défende clypeo.
Gloria tibi Domine, — Qui apparuisti hodie, etc.
A Matines, liymne Chrisle redemptor, de Noël; au 1^' nocturne,
4 leçons d'Écriture; au 2% sermon; au 3% homélie. A Laudes,
hymne Hosiis Herodes impie. Aux secondes Vêpres, encore les
snliennes Tecum principium; à Magnificat, Baptizat miles regem.
Une série d'antiennes à Benedictus et à Magnificat pendant
l'oclave; puis 3 leçons de sermon pour cliaque jour de Toctave.
Aux d(nix nocturnes des jours infra octavam, les psaumes sont ceux
du l**' et du 2** nocturne de la léte sous une seule antienne.
La répétition des psaumes de la tète aux Matines des jours infra
octavam est une règle générales à Saint-Denis pour toutes les
octaves (sauf celles de Pâques et de la Pentecot(^.). C'est une diffé-
rence notable avec le Fiomano-Monastiiiue, (pii ces jours-là fait
dire les psaumes de la lerie.
liC S on fait la fête de saint Lucien, de 12 leçons.
Le dinjanche dans Foctave, on l'ait Totlice de TÉpiphanie, avec
S leçons de sermon, Pliomélie du Vénéi^able Bède sur Cum esset
Jésus annorum duodecim; aux nocturnes et à Laudes, antienne
unique.
l/ofiice du jour octave est consacré au baptême de Notre-
Stjigneur. A Matines, 8 leçons de sermon ; aux canticpies, Bapiiziitur
C^Jiristus; homélie sur Facium est aiUem cum haptizaretur ;
l*<jvangile est la généalogie selon saint Luc.
A Laudes, 5 antiennes.
1. Veterera hominem renovans Salvator venit ad baptismum, ut
naturam quac corrupta est, per aquam recuperaret, incorruptibili veste
circumamiciens nos.
^. Te qui in spiritu et igné purifit^as humana contagia, Deum ac
Redemptorem omnes glorificamus.
2. Baptista contremuit et non audet iangero sanctum D(m verticem,
sed clamât cum tremore : Sanctifica me Salvator.
I». tb ej«
IIEVIK MAFIII.LnW.
4. Caput dracnnis Salvalor coolrivii in Jordanis G
poU>slale omnes eri|iuil.
.1. MugDum my»tenuii:] (leclarutiir hodie, i|uia Creator omuium ii
Jordaue expurgal nosLra racinora.
A Bened. Prxcursor Johannes exuIluL cum Jordane: baptlzal
Domino, f^cla est orbis lerramm exullatio; faclu est peccatorum no>
iroruui l'L-niissio ; sanctificans aquas, Ipsi amnes clanieinus : JlisLTcr
ntii^nnes propres.
Aqua coiiiburjl peci-atum -, lioille uppareiis liberalor el rnral onmem
mundutn diviDilalis ope.
Pater de catlis Filium testiticatur, et Spiritus sancLi prœsântia adva^
iiil UQum edocens qui baplizalur CItriatus.
Peccati aciileus conturitur bodie baptizulo Doniiao, el nobis data etf
régénérai io.
Baptizatur Chrislus et Banctificatur omnia mundus, et tribult noW
remissionem pei-catonim : aqua el spiritii ^mnes sanclificaniur.
A MagDÎr. Foalcs aquarum Banclincati suQt. Christo appan'Die ift
gloria; orbis lorr^mm haurile aquas de fonlibus Salvaloris; gani'
cavit enim nunc omnero creatiiram Chrislus I)euN noster.
Odirt' des diiiiani-hfis après l'octave lie rÉpipliaiiic. Ces dimanche^
cèdent k toute lète de 12 leçons.
C'est ici que nous trouvons l'ordinaire de l'office per a^mutn*
c'est-à-dire les antiennes, hymnes, capitules, versets, <p
doivent dire aux dimanches el l'éries quand il n'y en a pas de
propres martiuês an Temporal.
A Matuips du dimanche, hymne Nocte «urgentes.
Le 1" dimanche (après l'octave), 8 leçons de l'Épllre aux
Romains avec répons tirés des psaumes; homélie sur Sitpliœ (ai
tie siint. A laudes, 3 antiennes: i$. hrer Hœc estdies, hymne Eceé
jam noeJis. Puis les Prières qui se disent tous les jours, et aux-
quelles on ajoute le Miserere quand on l^il de la Térie.
A Prime, mper ps. Atiliph. Allelttia Pulchra es (ces deroierj
mots indiquent sans douli- \f eliarit de Vaileluia) : longues prière^
.siuis Miserere; deux oraisons, l'une. In hoc hora, pour les joon
de là levons. Ensuite, l'ofllce du chapitre, leçon brève Domine
miserere itostri; psaumes récités |iour les défunts, Verba mea, etc.
A Cnmplies, notons la helle hymne Christé qui lux es et dies,
d'un usage alors général, qui se disait depuis la Toussaml jusqu'au
Jeudi saint.
LE BRÉVIAIRE DE SAINT-DENIS-EN-FRANCE. !20i
Christe qui lux es et dies, — Mortis tenebras detegis, — Lucisque
lumen crederis, — Lumen beatum pncdicans.
Precamur sancte Domine, — Défende nos in hac nocte, — Sit nobis
in te pequies, — Quietam noctem tribue.
Ne gravis sonmus irruat, — Nec hostis nos subripiat, — Nec caro
illi consentiens — Nos tibi reos statuât.
Oculi somnum capiant, — Cor ad te semper vigilet, — Dextera tua
protegat — Famulos qui te diligunt.
Defensor noster aspice, — Insidiantes reprime, — Guberna tuos
famulos — Quos sanguine mercatus es.
Mémento noslri Domine — In gravi isto corpore, — Qui es defensor
animîe — Adesto nobis Domine. — Praesta Pater piissime.
Il est regrettable qu'une hyrane si pieuse et si poétique, répétée
Pendant U\ni de siècles dans un si grand nombre d'églises séculières
^ï i*t»gnlières, ail complètement disparu de la liturgie. On aurait
^û attacher plus de prix à des Ibrmules par lesquelles s'était si
longtemps ex|)rimée la prière des ancêtres. Le reste de l'année, on
<^'^ait le Te lucis anie terminum. Il y a de courtes prièrcîs, et on
^<^'*niine par la bénédiction.
ï-»i^s prières marquées à Laudes se disaient aussi à Matines au
-' tiocturne, quand l'otlice était de la lérie ou de 3 leçons; puis
Gno-ore à Tierce, Sexte, None et Vêpres, excepté aux t'êtes annuelles
^^ 55.cmi-annuelles.
-«^ nx Matines du lundi, leçons NescULs quocl lemplum Dei. Ces
'^t*Ons et les autres marquées de même pour chaque jour, et qui
'^f ssont pas prises à la suite dans le même livre, devaient se
^^^^-^ à 1er toutes les l'ois qu'on faisait de la l'érie pe)* annum, et qu'il
^^y avait pas de leçons d'homélie. L'Écriture du dimanche ne se
co»-^ tinuait iws en semaine pendant cette période de l'année.
-*^ Laudes, ainsi qu'à Matines, les hymnes sont celles du dimanche ;
"^ même pendant toute la semaine. Tel était l'usage en France;
^^ ^ luny cependant et à Marmoutier, on disait les hymnes propres
"^* Psautier romain.
près Prime, sept psaumes avec la litanie.
•"V ('i0mpli(^s, on dit le Miseme avant l'oi'aison, nisi aliqnod
\^^tum impedial.
|Le deuxième dimanche après l'octave de l'Epiphanie, 8 leçons
A Blcriture, 4 d'homélie.
Le cinquième dimanche (correspondant au VI*' actuel aju'ès l'Épi-
\>Vwni(î), sauf l'oraison, on dit tout comme au (piatrième dimanche.
Le samedi avant la Septuagésime, on dit Alléluia comme antienne
IIEVl'K HAriILLOtt.
aux psaumes ni à Magnificat, on l'ajoulc au Benetiicammi. \ iwr"'"
de la Se|ituagêsiinc jusque aju-ès l'oclave iIp PSques. un ne fail j»!"*
que mémoire des l'êtes (i 3 levons; mais on continue à tàiro 1^^
otiicBS de saint Denis et de la Viurgc.
Le dimanche de. la Sepluagt'siine à Matines, hymne Prhno dieri^ "*
omnium, 8 leçons de la Genèse; â Laudes, hymne Mter7ie reri^ ■"*
conclitof. L'Écriture du dimanclt»^ se continue en semaine; c -*"
y ajoute les répons du dimanche pris â la suite.
Sexagésime : 8 leçons de la Genèse, à la suite des prtk:édfnlee=^ •
mêmes ré|K)ns qu'à la Sepluagésime.
Quinquagt^sinie : 8 leçons de \a Genèse, histoire de Noé; rt^iwtp ^^
propres.
Tous les jours depuis la Sepluagésime ont des antiennes proprets»
â Benedictus et à Magnificat; aux Tètes on lait mémoire de la réric —
Mercredi des Cendres : leçons d'Écrilure. On ne fait plus A^^
saint Denis ni de Beaia. Jeudi, vendredi et sami^di .suivants^
Écriture.
I'rf'mii*r diiuauclu' de (laréme. A Matines. Iijunn' :
Summelargilorpraïiiiii — SrwBquîesunieamundi, - Precea iiilonde
sorvnrum — Ad t« itevole clamantium.
Nostra le Ronwiiontia — Kravc oflbndiase monslrat. — Quam unuadcs
siipplic-amus — Ab omnibus piaRulis.
Si renuis, quia triliuelV — Indulge quia polens ej^: — Te cnpde
rogare iDiindo — l'an nos. precainiir Domine.
Ergo accepta lu noslrum — tjui Bacraoli jejuniiim, — (Juo mysti'*
paschaiiu ~ Capiamiis sacranienta.
Sunima notiis liot? courent — In DciLytc Trinilas. — în cfua glorîalur
unus — Per ounclu secula lieiis. Amen.
Huit Ircons de sermon. Cantiques liediiCHUl . Rtrordare, Tolliun
m<i. Aiiv Hcnri'S, antieinies (n'ises au psiiuine IIS.
I.ntiili, lididrlir. Après hauàea, pmtmi pi-ostrali. Unminmvobis-
riiui. in;ii-nri Kl- tiiéme à Prime, Tierce, Sestc. None et Vêpres.
loiiii^ li's (irii ^dc carême. Le jeudi, on lait mémoire de saint Denis,
•'t It' samedi de Reata. Tous les jours homélie sur l'évangile.
W ilimanclir de Carême. Écrilum, histoire d'isaac; répons
ToUe, etc.
Ili" dimanche, histoire de Joseph ; ré|>ons Videntes, etc.
tV- dimanche, histoire de Moïse; ré|«»ns Lociitus e^t, etc.
Dimanche de la Passion. 8 leçons di- Jérémii'; répons hti sitnl
dit's. I.C lundi, 3 levons de Ji-n'inic, et ainsi de
:nt-dknis-rn-kk\nce. 203
Dimanche des Rameaux, 8 lettons de Jéremie; nién»? homélie que
l<» pirmitT dimanche d'Avenl. Le lundi, levons d'Écriture, anliemies
|ii-opivs :i Laudi-s; de mt;iue le mardi et le ineroredi. Le mercredi,
on (ail la Tète de l'Annonciatinn, si elle lomtie ce jour-là.
A partir dir jeudi saint, l'ordonimncf lialiiluelle de l'nftice se
iiiodilie graveineiil et se mpproclie [ilirs ou moins de l'oitice romain.
Ce Tait, assez gémh'al dans les liliirj;ies monasli(]ues, remontait
jusqu'il un concile tenu sous Louis h- Pieux, oii, malgré (juelques
rèclamali<ms, les évèipies, du lonserUeinetil de lit |iUipart des ahbés,
avaient statué i)ue pendant le trois jours saiuLs l'offîce des moines
nfc Uiflërei-ait jas de celui de l'iïgiise romaine; c'était !à l'extension
d'un usage qui avait di'jfi prOvnlii dans iptelignes iiiunastêres. Les
alihés furent mriîiis iMiirili;iiii^ <■ ipii ciincfrin- la irle del'ùques :
dans la pluparl di's iiioii.-i>iir(v-.. i-u iv|iivii;iil l'Dilii'c licm-dieiin dès
le jour de Mqucs : i|ui-liiMrs-iin> M-iili-riieiil. i-l S;iinl-llr[iis était tlu
mimhre. admirent la Ibnne romaine pour les oflices de Pâques el
lie ta Pentecôte. Du reste celle assimilation de l'office monastique
a Pelui des chanoines nn fui pas complète ni uniforme : elle compor-
tait ilti notables dilTêrenefs d'un monastère à l'auti-e. Voici comment
li-s chiises se passiiieiil :i S;iiiil-[>imls,
L.«? jeudi saini, les Malim's sDut comme au Romain; au 3* noc-
liirne.lioméliesurrévant,nle,4n/('rfw'W^cs(MWPafirA<e. S' répons ;
Hevelabunl : i'', Juda.
A l;)U(!es il n'y a pas de verset. Après l'antienne de Benedictiis,
prières Kyrie eleison, clianlées.
Kyrii' eleison, iiw pnsBurus ailvenisli propUT nos, linmine miserere.
Christiis homiiius facliia eei obedieus usqiie •m\ rnorlem. Kyrie
eJeîfion. Oui rirnphelice prompsiKti : Ero mors tua o mors. Domine
niserere. CliriNlceli^ison.
OjI expnnsis in cruce m:init>us tiMxisti omniii ail teseciila. Christus
Dnninus. Christc eleisDn.
Agno mill basia cili lupus dedll venennsa. Domine misi^rere. Ctirisle
eleison.
Teijue vinciri voluiati nosiiiie u morlis viiiciilis eripulstl. Chrislus
[tominus. eti'. Cliriste eleison,
Vita in ligno raoritur, infernus i?t mors lugens spolialur. [lomine
miKerere. Kyrie eii'ison. Chrislus autem Doniiniis, etc.
''-S priènîs étaient sans iloulf une partieularité ;î:illicimi': elles
^' '**»iU mainlenues dans h-s liturgies i'rani;aisi's jusqu'à l'adoption
•1" Hoinain.
204 Iikv<f: hakilu».
A Prime, on omet Deus in adjulorium. On dit l'hymne Jam IveUi ''
sans doxologic. Les psaumes sont ceux du jeudi, Usqueffuo. etc.
On omnt le symimk-. Antienne et verset, pas de caiiitulf. Prières
sub silentio. Oraison ordinitirc, sans Dominiis vobiscHm. Puis les I
sept psaumes avee la Lilanie.
De même à Tierce : hymne sans doxologie. psaumes et aotieniic .
ordinaires; verset, prières (Hfisn'ere); oraison Hespice. De même
à Sexte et à None.
A Vêpres, b antiennes comme au Romain. (les vêpres étaient-
elles chantées ou récitées sub silentio?
A Compiles, les 3 psaumes ordinaires, hymne, versel Cuil/xli.
sans capitule; prières; oraison Visita.
Vendredi saint, Malines more catianico, c'est-à-dire comme au
Komain; au 3' nocturne, sermon. Ce jour-lii tontes les Heures (de
Prime à fiomplies] sont récitées dans le même ordre i|ue la veille.
mais en silence. Après Prime, on ne dit pas les sept psaumes, mais ,
le psautier tout entier, puis les oraisons de la litanie.
Le samedi saint. Matines more canonieo; au 3' nneturne, homélie
du Vénérable Bède sur l'évangile Vespere aulein sabbali. Après
Prime, les sept psaumes et la litanie en silence. A Vêpres, comme
au Romain; on dit trois l'ois l'antienne Vespere autein. Compiles
comme a l'ordinaire; h lliymne on ajoute les deux strophes Quœ-
sumus auctor, Gloria libi.
On voit (pie la forme romaine n'était adoptée que pour Uatines. .
Laudes la Vêpres : les Heures i-eslaienl monasti(|ues, avec quelques j
retraneliemenls. Mais à Sainl-Denis on prolongeait l'assimilation au
Komain peudant toute la semaine pascale et on le reprenait encore
pour la PenteciJle et son octave.
Le jour de Pâques, les Matines commençaient donc par le
i. Domine labia mea aperies, puis liens in adjulorium; 3 psaumes
(1,2, 3), sous une antienne, verset, Pater, pas d'absolution; 3 leçons
d'homélie, 3 répons avec Gloria et lépélés après Gloria, Te Deum,
>. Sur7-exU. C'est liii-n la l'orme Ira nco- romaine.
A Laudes, S antiennes, avt^t ti psaumes groupés comme au
Romain (Deus miset-eatur après Deus Deus meus): capitule, ni ,
répons hrel' ni hymne. >, Sutre-rit, Benedictus avec antienne
répétée 3 l'ois, Domitins vobiscum, oraison.
A Prime, Deus in adjulorium, pas d'hymne, les psaumes du
Romain in directum. sans antienne (Deus in nomine luo,
Confiletnini, Beali); Hmc dies, oraison pascale. De même auK
Hinires, psaumes du Romain, Hœc dies, oraison des Laudes.
A Vêpres, anl. Alléluia (jrueiftxiiH, psaumes DUtil, Confilebor,,
LE BRI*;VIAIRE DE SAINT-DENIS-EN-FRANCE. 205
Be^atus vir. f^. Hœcdies.)r. Confitemini. Allel.f. Paschanostrum.
y. Epuleniur. Séquence Victimœ paschali. f. In resmrectione,
A 11 1. Et respicientes, ter. Dom, vob., oraison des Laudes. On voit ici
l'LJ^^age de remplacer les deux derniers psaumes par le graduiîl,
ViM I leluia et la séquence de la messe du jour, usage français
cc_>nservé encore dans quelques djocèses.
^ Complies, ps. Cum invocarem. In te Domine , Ecce nunc (sic).
^ - Hœc (lies ; oraison f>ascale.
Ja' lundi et toute la semaine, même ordonnance. A Matinc^s du
lundi, les psaumes 4, 5, (>; homélie, 3 répons sans Gloria, Te
ù^tnn, >. A Laudes antienne unique Alléluia Crucifixus, capitule,
t- , antienne, oraison. A Prime, psaumes comme la veille, excepté
It^ fjonfitemini. A Vêpres, comme la veille, i^. Hœc (lies, f, Dicat
nf4^ic Israël. Allel. >. Nonne cor nostrnm. Séq. Victimœ paschali.
(iOrnplies comme la veille et ainsi toute la semaine.
l^e mardi de PAipies, à Matines, psaumes 7, 8, 40. A vêpres,
i^- Hœc (lies, f. Dicant nunc. Allel. f. Angélus Doitiini, etc.
I^e mercredi, à Matines, psaumes 44, 42, 48. A Vêpres, ^. Hœc
di^^^.f.DexteraDomini. Allel. f.SurrexitDojninusetoccuirens, etc.
l^e jeudi, à Matines, psaumes 44, 45, 40. A Vêpres, f^. Hœc (lies,
>. Lapidem. Allel. >. In die, etc.
Le vendredi, à Matines, psaumes 18, 19, 20. A Vêpres, i^. Hœc
di^^, f. Benedictus. Allel. >. Surrexit Christus, etc.
I^e samedi, à Matines, psaumes 22, 28, 25. A Vêpres, sur les
ps.il urnes ant. Allel. Crucifixus; psaumes Confiteantur (monas-
lic|ue); capitule, hymne Ad cœnam. A Complies, tout comme la
veille de Pâques.
l^e dimanche in Octavis Pascliœ.Oi\ reprend la l'orme monastique.
A Matines, hymne :
Te lucis auctor personent — Hujus catervae carmina, Quam tu
replesti gratia — Anastasis potentia.
Nobis dies haBc innuit — Diem supremum sistere — Quo mortuos
resurgere — Vivosque (?) fas sit reddere.
Octava prima redditur — Dum ... ab unda (?) tollitur, — Dum
mente circumcidimur — Novique demum nascimur.
Dum mane nostrum cernimus — Redisse victis hostibus, — Mundiriue
luxum temnimus, — Panem salutis sumimus.
Haec aima sit solemnitas, — Sit clara h:ec festivitas, — Sit feriata
gaudiis — Dies reducta ab inferis.
Qusesumus auctor omnium, etc.
"^it leçons de l'Apocalypse; cantiques comme aujourd'hui.
206
A Laudes, Ant. ^to/. Crucifi.ttis ; \\ymne Jesti mslra
on ne l'Git pas de mëiiioire. A Piime, Ant. Allet. Sonne cor
Tierce, Allel. El megeruni-, à Sexle, AU. Et respicietites ; à None,
AU. Surrexit Christm.
Le lundi, à Matines, psaumes de la Férié, 3 leçons d'Ëcriture
[Apocalypse}, répons du lundi jiréoédent. A Laudes, psaumes du
(Jimancht;. sous une seule antienne AU. Cfuci/irus; hymne Aurora
lucis, s'il Fait encore nuit; s'il fait déjà jour, Sermone blamta
Angélus. On ne fait pas mémoire de la Trinité jusqu'à l'octave delà
Pentecôte, mais mémoire de la Cruix, SioTexit Christus{a Vêpres
Crucifixus); on dit les autres mémoires accoutumi'i.'S, avec
Alléluia. Il y a antiennes propres à Bencdictus et ;i Magnilieat tous
les jours du temps pascal,
I^e mardi suivant, el ainsi de suite toutes les lëries, il y a à l'office
i'érial 3 le^fons d'Écriture avec trois répons. C'est une dérogation à
la Règle de saint Benoit, r[ui, à partir de Pâques jusi|u'aux calendes
de novemlire, pi-escrilseuli'un'nl une li (.on brève et un répons bref.
Mais les i-aisons pour lestpielli;» saint B< nott tenait i te que l'oflice
rùt plus court n'existaient plus à eetle époque les moines béné
diclins du moyen âge ne sortaient plus dès It nLilm pour travailler
dans les eliamps.
Le ir dimanclie après Pâques, encore 8 leçons de l'Apocalypse,
avec une nouvelle kislaire, c'est-à-dire une nouvelle série de
répons (Ego sicul vilis).
Le jeudi i-t le samedi, on reprend les ollici^s de saint Denis et
lie Beata, avec mémoire de la lerie pascale.
Le IV* liinianclie, 8 levons de l'épltre de saint Jacques, curilinin^
pendant la semaine; répons Si obUtus.
Le V" dimanche, leçons de l'épltre de saint Jeraii.
Le lundi des Kogations, leçons d'Écriture. On IViil de l;i i^te
occuiTenle de 12 leçons, avec mémoire de la férié.
I^e mercredi, vigile de l'Ascension, Écriture. Aux premiéi-f;»
Vêpres de l'Ascension, psaumes de la lérie. antienne uni(jue;
hymne sterne Rex allissime-
Fête de l'Ascension. Aux Matines, antiennes à ctiaque psaume;
8 leçons de sermon. A Laudes, liymne Jesn nostra redemptio. Aux
secondes Vèpi-es. psaumes du dimanche, antieune unique.
L'oflice infra oetavam est a 3 leçons ; au premier et au stwond
nocturne on prend les psaumes de la fête; les 3 leçons sont d'un
sermon; antiennes propices à Benediclus et à Magnificat pendant
l'octave.
L
Le dimanche duns l'oclavi
que Cl' ne soit la fête de
LE BRÉVIAIKE DE SAINT-DENIS-EN-FHANCE. 207
l'Invention do la sainte Croix ou de saint Pér^rin, on lait la fête
i\o la Commémoration des Reliques. Aux premières vêpres, ant.
AU. Si 77ianse)ûtis ; mémoire de l'Ascension. A Matines, hymne
Devota sanctorum; 42 leçons de sermon. Répons Hoc signum cru-
ci^, TrLslilia veslra, etc. Cantitjues de plusieurs mariyrs. A l^audes,
ant. AIL Si ma^isejùtis ; hymne Rex gloriose; mémoire du dimanche
seulement.
Le jour octave de TAscension, 8 leçons d(» sermon, 4 d'homélie
sur levangile Hœc suni vei^ba.
Le vendredi suivant, otiice connne pendant l'octave de TAscen-
sion ; homélie sur Cum veneiût. A Vêpres, psaumes de la térie.
Samedi, vigile de la Pentecôte, comme la veille; homélie sur Si
dilitjitis Die. Aux vêpres, 4 antiennes, psaumes de la férié; hynme
Beata nobls gaudia. A Compiles et aux Heures on ajoute pendant
Toclave h^s deux strophes Diidum sacrata pectoray SU iaus Palri,
excepté au Veni Creator.
Le jour de la Pentecôte, les Matines et les Laudes sont selon le
rite romain de ce même jour : nocturne unique, 3 antiennes et
3 psaumes, Magnus Dominus, Exsurgat Dens, Benedic; 3 leçons
d'homélie; ^^^ répons Advenit, avec Gloria (li répété; TeDenm;
verset (sacerdotal). A Laudes, 5 antienn(\s; il y a le répons bref
avant l'hymne Impleta gaudent vi^cera; on réi)ète 3 fois l'antienne
J<* Benediclus; il n'y a ni Kyrie ni prières. — A Tierce, hymne
Veni Creator. A Vêpres, une antienne, hynme Beata nobis gaudia.
Le lundi et toute la semaine on fait l'oftice de la même manière,
c'est-à-dire selon le rite romain, à ce détail près que les Matines
sont commencées secundum rittim monachornm; les psaumes et
antiennes sont ceux de la fête, puis 8 leçons d'homélie. Antiennes
pri >pn\s chaque jour à Magnificat et à Benedictus.
Le samedi à Vêpres, on fait de la Trinité : une antienne, psaumes
^ïJ ^limanche ; hymne lux.
I-.ejour de la Trinité (fête double), l'oflice redevient monastique;
^•^t^ienne unique aux nocturnes; 8 leçons de sermon; cantiques
Q^^ i^ est iste; homélie sur Erat homo ... Niwdemm nomine.
^ Xaudes, 1 antienne, hymne bnpkta gaudent vi^cera; pas de
^^ «noire. A Vêpres, 1 antienne, psaumes du dimanche, hymne
ï -depuis l'octave de la Pentecôte jusqu'à la fête de saint Luc
**^ octobre), on ne dit qu'une antienne à chaciue nocturui^ et à
^des, même aux fêtes de 42 leçons, à moins d'indication ccmtraire
^ Ivresse. Aux fériés, jusqu'à Vidi Dominum, c'est-à-dire jus(|u'au
^mier dimanche de novembre, on ne dit pas l'invitatoire à la
manière ordinaire, mais à la plai:c on dit isans antienne et telqu;L_«i*
psl au Psautier) le psaume V>«i> exulletHUs. Celle dernière dispi^^t*'
silion est assez remarquable. Aux l'éries quand les Malines so*r^»-o^^
dites le joui- on dil l'hymne Jam nunc palerna rlaritas; s'il fs"» (ail
encore nuit. Nocte «urgentes; i» Laudes s'il t'ait jour, Jesu latente «-«IfS
res/iicf; s'il l'ait nuit, Eccejam noctis. Conlormément â h Règle, , s^. i'
n'y a plus au premier nocturne (ju'une leçon brève.
l<e jeudi après l'octave de la Pentecôte, la fête du Corps » - du
Christ sous ce titre : De instUntione Sacrametiti Altark. Aux pr-»<nprp-
mières Vêpres, anlientif unii[ue Sacerdos in wlernum. -1 psaumes* ■"■)'■?,
i§. Homo quidam, hymne /'awf/c Ungua ; on ne ijiil pas mémoi: i «ivoire
de la Trinitii ni de la Croix.
A Matines, hymne Saci'is soiemniis; au t" nocturne, uiac '■"<'
antienne et 6 psaumes, de m(^me au 4'; 8 leçons de sermon; s - »"
3' nocturne, canlii|iies Realus vtr qui in sapientia. homéli'i • — ''^■
A l^audes, 1 ;iiilifiirtr, liyniuo Vet-bum supernum.
Aux deuxièmes Vêpres, lommc aux premières. Pendant l'oclav»*-'' •^'''.
le^jons de si-rnion. Aulieunes propres chaque jour à Magnitical » ^ •■'
à Benedictus. Les psaumes des nocturnes sont ceux de la f^t»-*'^'*''
comme d'habitude.
Le samedi pendant l'oclavc, on l'ail a capitula du dimanche aw^^"^'*^
mémoire de l'octave. Le dimanche, loul l'office est du Psautiei* ^^'■■
avec mémoire de l'octave. On (■<iïimience la lecture îles livres tle*^^ '*'■'
Rois, avec l'histoire Dvus omnium.
Le jour oelave, 8 leçons de .sermon ; riioméUe et le reste eonim' ^trte
au jour de la réle ; à Magnilicat, saa-um convtvium.
Puis les rubriques pour les occurrences ries l'êtes avec le- ^^
dimanches, et pour le eommc-neeineot des histoires. I^e 1" dimanchi^^
après la Trinité |2' après la Pentecôte, [tendant l'octave du Saiiil— — ^
SacrementI, l'Écriture e-st du i" livre des llois. Fuit vu; H levo'is ■
[$i$. Deus omnium. On prend l'homélie à la suite des dimanches..^
dans une série s|iéciale, in ordine evangetitn-um. MOme ordon —
nance |)Our les dimanches suivants; on ne lit pas d'Ëcrjture er».
semaine.
La première histoire (série de répons tirés d'un même livre),
s'étend sur ti dimanches. Le 1" dimanche de juillet, on conimence
l'histoire de la Sagnsse, lu principio Deus; comme EcriluiY',
ParaboUe Salomonù- Le 2" dimaoche de juillet, Verha Ecdeaiasles
(Ecclésiaste); le 3*, Osculetur me (Cantique, des Cantiiiues); le 4*,
Diligilejtistitiam (Sagesse). .
Le I" dimanche d'août, on commence l'histoire de Job, Si botta.
avec le livre de Job; le samedi à Magnificat, il y a plusieurs
L
LK BR^A'IAIHE DE SAIM-1)ENIS-EN-KUANCE. ^09
antiennes. Le 2* dimanche d'août, Écriture Respondens Job; le 3%
Re^pondens autem Job. Il n'y a rien pour le 4^
Le 1" dimanche de septembre, on commence Thistoire de Tobie,
Peto Domine, avec lecture du livre de Tobie; le 2% on lit le livre
de Judith; le 3% le livre d'Esther; le 4% In anno prmw
Cyri régis.
Le l*"' dimanche d'octobre, on commence la lecture des Macha-
bées, avec l'histoire Adaperiat; le 2% In diebus illis survexit
Matathias ; le 3% Cangregata Judas Machabœus.
Le 1" dimanche de noveujbre, on commence les prophètes par
Ézécliiel, avec l'histoire Vidi Doininuin. (Quand tous les dimanches
du mois sont occupés par des l'êtes de i2 leçons, on avance d'un
jour l'octave de la Toussaint; de même en juillet on avance d'un
jour l'octave de saint Benoît.)
Après ce premier dimanche de novembre, on ne marque pas de
leçons pour les fériés de la semaine; on n'en trouve de marquées
ainsi qu'après le 4* dimanche de ce mois, différence avec la Règle
de saint Benoît, qui tait reprendre les lectures d'Écriture en
semaine à partir du 1" novembre.
Le 2** dimanche de novembre, l'Écriture commence à Hœc dicit
Dominus : Anima quœ peœaverit; le 3% El faclns est sermo
dmnini ad me dicens : Fili hominis, dit principi Tyri; le 4%
Factum est verbiim Domini ad me dicens : Fili hominis, prop/iela
de pastoribus Israël. Le jour suivant qu'on t'ait de la t'érie ; El
faclum esl ...; le jour suivant, Facltim esl; la t'ois suivante on
reprend trois leçons du dimanche précédent qui commencent ainsi :
Faclum eM verbum Domini.
Vient maintenant la série des dimanches d'après les évangiles :
Incipil ordo Dominicarum secundum evangelia.
Le premier a|)rès la Trinité (2** après la Pentecôte), évangile
Homo quidam eral dives. A Laudes, s'il lait jour, on dit Jesu
labeîiles; s'il fait encore nuit, Eccejam noclis. A Vêpres, le répons
bref est Deum lime, jusqu'à l'histoinî Vidi Dominum; on dit alors
Quam magnificala s uni.
Le 2*' dimanche après la Trinité (3*' après la Pentecôte), évangile
Homo quidam fecil cœnam, avec l'homélie, les antiennes à
Benedictus et Magnitîcat. De même pour les suivants. Nous donnons
les iîwipil des évangiles de la série, (|ui va jusiju'au 2H'" dimanche
après la Pentecôte. On omet simplemcMit ceux d(^ c(\s dimanches
qui dépassent le nombre des dimanches de l'année; on dit seuhv
ment les oraisons des dimanches omis dans la semaine qui |)récède
l'A vent, si on y fait des oflices de la ('('rie; autrement, dimiUanlur.
11
210
REVUE MABILLON.
Voici les initia des dimanches après la Pentecôte tels qif ils sont
distribués à Saint-Denis, avec les initia des évangiles des dimanches
corresi^ondants du Bréviaire romain actuel.
\^^ dimanche après la Trinité i^après la Pentecôte), àSnint-Dtuis : Homo
quidam orat dives; au Romain : Homo «luidam fecit cœnam magiinin.
Homo quidam fecit cœnam ;
2(3)
3 (4)
4(.^)
5(0)
6(7)
7(8)
8(9)
9(i0)
iO(H)
11 m)
H (13)
13 (U)
15 «16)
16 (17)
17 (18)
18 (19)
19 (20)
20 (-21)
21 (2-2)
22 {%i)
23 (24)
24 (25)
2:i m
26 (27)
27 (28)
Krant appropinquantcs;
Estote misericorde8;
(iUm turbîu irruerent;
Nisi abundaverit;
Cum turba mulla esset;
Atteiiditc a falsis proplictis;
Homo quidam erat divos;
Cum appiopiiiquaret Jésus ;
Dixit Jésus ad (|uosdam;
Kxieus Jésus de fini bus Tyri ;
Beali oculi qui vident;
Dum ir<3t Jésus in Hierusalem ;
Nemo poiest duobus dominis;
Ibal Jésus in civitatem;
Cum intrarvl Jésus lu domum;
Accesserunl atl Jesum pharisaji ; R.
Asoendente Jesu in naviculam ; R.
Loquebatur Jésus principibus; R.
Erat quidam reguliis:
Simile est regnum celoruin;
AbeuDtes pharisœi;
Loquente Jiîsu ad turbas;
Simile faetum est regiium caîlo- R,
rum homini qui serninavil;
le même que ci dessus; R.
Rom, : Krant appropiiujuanti^s.
R. : Cum turbie irruerent
Nisi abundaverit.
Cum turba multa esset.
Attendite a falsis prophetis.
Homo quidam erat dives.
Cum appropinquaret Jésus.
Dixit Jésus ad quosdam.
Exiens Jésus de fînil)us.
Eeati o<;uli qui vident.
Dum Iret Jésus in Jérusalem.
Nemo potest duobus dominis.
Ibal Jésus in civitatem.
Cum intraret Jésus.
Accesserunt ad Jesum.
Ascendens Jésus in uaviculam.
Loquebatur Jésus principibus.
Erat quidam î-egulus.
Assimilatum est i-egnum ca^lo-
rum.
Abeuntes pharisa3i.
Loquente Jesu ad turhas.
Cum vidcritis abominalioiiem,
ou ()um descend isset Ji-sus.
Ascoiideiite Jesu in naviculam.
Le même que ci-contre.
R,
R.
/?.
R,
R.
R.
R.
R,
R.
R.
R.
R.
R,
R.
R.
R.
R.
R.
le même.
R.
Simili! est regnum celoium
grano.
Cum videritis aboininationem.
Ici se termine le Propre du Tefn|)s ou Temporal. — Avant de
passer h la dernière partie, le Sanctoral ou Propre des Saints, nous
trouvons ici, daiïs U'. Bréviaire d(î Saint-Denis, les versets et
oraisons des mémoires connnunes.
LE CŒDR D'ANNE D'AUTRICHE ET LIBBAYE
DU VAL -DE -GRACE
I
hirnii les coupoles ijui s'élèvent au-dessus d»s hRbitiitions
fiarisionnes, quatre mépitenl une mention iiarliculière. Celle ijui
i^jiiiruiine l'église dédiée au Sacré-Cœur sur la colline de Mont-
martre, n'est debout que depuis )|uel(|ue3 années, et pourtant elle
a déjà une histoire. Elle est le cliel'-d'œuvre d'une des écoles
(l'architecture du iii' sièt^le; sa construction résume les études et
\fs efforts de toute une génération d'artistes qui, impuissants à
créer (lar eux-mêmes, uni su. du moins, comprendre et l'aire aimer
\p. (tassé. Les gens de foi aiment à contempler, dominant la ville,
ly symbole qup « la France pénitente et dévote » a voué k Notre-
Si-ij-neur en expiation el en prière.
L« dôme des Invalides a été entouré d'un cadre digne de lui
p»r les embellissements apportés à la cité contemporauie. 11
plane, dans ta majesté de sou vêtement d'or et rie pierre, sur la
plaine di; Grenelle, sur l'Esplanade, sur ces quais larges et aérés
ijui l'ont de Paris ta plus belle des villes. On aura beau séparer les
églises de l'État, opprimer les premières : tant qu'il restera un
homme sensible aux diarmes des beaux tkiilices, conscient des
Sfliivetiirs (ju'ils évoquent, il devra reconnaître que c'est un motm-
mcnt religieux qui préside aux maniiestations les plus laïques de
l'Milité au XIX* siècle.
\jp Pantbéon, malgré l'insuccès dt-s elVorls tentés maintes fois
pour en faire un édifice purennent séculier, manilestant une utilité
palpble, une signification compréhensilile, ce Panthéon a con-
^rvé une notoriété qui ne lui vient pas assurément des agréments
d'rsa sillmuelle, géométrique à l'excès, mais bien de l'altitude du
snl sur li.'quel il est construit, et surtout ({u'il doit à la [tatronne
Oi' I';iri8. à laquelle il avait été priiuitiveuieut consacré.
A i^olê (11- ces inunuiiiiiiils iliiislres, li? Val-de-Gi-We osl un \>e
oublié, bf-aiicnuii |iius (|u'U ne le iiiérile. La cnnciîption arctiîlrt
ttirale qn'il a réalisée n'esl ni moins élt^anle, ni moins disliii^iec ]
HUf relie qiii a présidé à la ctmstniclioii dn dôme des Invalides. La
ligne i]ul renvelo|ipe est niêiint d'une [ilus belle el plus fi-îmclu'
veniif, et les accessoires (jtii aceo;ntiH(;iienl la calotle s|)liériinu'
donnent à ras|)(!ct de l'ensemble nn agrément, un «liarmr ijui se
rencontre rarement dans riiistiiire de rarcliitectnre,. Cftle coiipole
ne le c^de ni en majesté, ni on k-aulé à sa voisine du l'église
Sainlc-Geneviève.
Si l'on se reporte pur lu pensée aux souvenirs iju'évoque la
construction de ce sanctuaire, an rôle (jue lui ont assigné les rois
de France, l'un s'apertoit qu'il évoque des physioiioniies liisio-
riques, ipi'il rappelle des laits auxquels i)ersonne ne saurait resli-r
indift'érent.
Les promeneurs qui, de l'allée de l'Observatoire, aperçoivenl
celle noble silhouette, devntienl penser à cette reine de Fi-aiiee qui
revul du ciel la mission de terminer l'œuvre conmient^êe pai-
Richelieu, cl dont l'énergique obstination a joué un rôle prép<in-
dérant dans la formation de la France contemporaine.
Non seulement Anne d'Autriche a l'ondé le Val-de-Gràce ; le
Val-de-GrAce. c'est bi vie d'Aiiiiu d'Aulriclie. C'est ià que. |>etidanl
plus de quaranli' années, au million des orages qui gnnidaienl
autour de sa télé, n'iie lillr il.'s l'.ésars, épouse el mère de rois d»-
Franœ, est venue |iénuiliqiicmi.nit nberelier le repos,
[l;nis rctti' .■\islpuce traversée par tant de troubles, le Val-fie-
(;r;'irr iv[itcs>T)lr la part demeurée a l'abri des variations impiisiée-s
(liir U-f, i-nMifiiii>nls. G'cst 5 l'ombre de ce toit que. enlourt'e de
lldélités intelliycnles, la reine venait chercher les consolations de
la religion.
C'est lu qu'elle renconlrait M"" de Hauterort, dont la sineériré
un peu grondeuse ne l'ut pas toujours récompensée. M""' de
Senecé, dont Mazarin craignait l'influence, la su:nr Marguerite de
Sainte Gertrude d'Arbouze. morte en odeur de sainteté; c'est là
qu'.'llr \cii;tit tïure ces retraites fréquentes dont parle sans cesse
M- <]•■ Mnllrvilli-.
Si Ir V^il-ili-Gi'àce était l'ieuvi-e de
en secours spirituels la réniMiiinisr ,]i
cessé de combler son mtniii^rri !■ ijr ju i
Ce l'ut donc, dans la pciisn' iTAitin' il
naissance que l'ordre quVIIc linnn:! di'
mort, dans l'église qu'elle avait Tail bA
la reine, celle-ci avait reçu
s l'irnlaits dont elle n'avait
"Aiili'iche. un acte de rec<in-
drpiisi'i' son i:œur, après sa
tir. Comme, en léguant son
LE COELK D'ANNE D'aI TRICIIK ET l'aBBAYE DU VAL-DE-(;BACE. 213
cœur, elle entendait remettre à la garde de ses chères religieuses
ce qui résumait le plus exactement sa personnalité entière, dans
ses plus intimes sensibilités, il nous a semblé iuïpossible de ne pas
nous demander ce (jue valait, au point de vue* moral, cette àme
dont elle laissait le symbole en garde à ime conmiunauté au sein de
Isiquelle elle avait passé les plus purs instants de sa vie. Qui sait?
Anne d'Autriche, en butte à tant d'attaeiues qu'elle n'avait pas
ignorées, ne se proposait-elle pas de dire à la |)()stérité que préci-
sément les retraites du Val-de-Gràce avaient servi de sauvegarde
^ ce cœur menacé par tant de dangers, qui avait soulTert tant
^e chagrins?
Sans chercher ici un prétexte à (»x|)oser des problèmes histo-
riques peut-être insolubles, nous n'avons pas cru pouvoir séparer
dp l'histoire des n»lations d'Anne d'Autriche avec le Val-de-Gràce,
colle de sa vie privée, cjui a été, disons-le dès maintenant, l'objet
de nombreuses et graves calomnies.
Ces relations, en effet, étaient tellement intimes, elles revêtaient
un tel caractère de régularité et de fréfiuence, (lu'elles sont incom-
patibles avec les fautes dont les détracteurs de la reine ont chargé
sa mémoire.
Il ne suHirait pas (pie l'on puisse dire — la faiblesse humaine est
si grande! — ce qu'on disait de I^ouis XIV et de Louis XV : au
moment des grandes lêtes de l'Église, U' coupable scandaleux
renonçait à son péché, mais, peu a|)rès l'absolution reçue, il y
retournait, dépourvu de force de résistance.
Nous croyons parvenir aist^ment à démontrer qu'Anne d'Autriche
eut vis-à-vis d'elle-même u\w attitude plus loyale, et (jue sa
conscience n'était pas chargée d'une habitudtî df^ |)éché, lorsque
deux fois par semaine, et à la veille des grandes fêtes, elle venait
prendre gîte au monastère du faubourg Saint-Jac(iues pour s'y
préparer à ses dévotions.
L'étude des raisons pour les(pielles Anne d'Autriche fonda le
Val-dt^-Gràce constitue, dans cette délicate matière, un point de
vue ([ue n'ont pas envisagé les historiens qui ont examiné comme
des juges criminels l'extérieur du procès, sans se |)réoccuper de la
psychologie de l'affaire. Ils ont, nous semble-t-il, négligé un élément
d'appréciation sinon décisif, tout au moins (extrêmement important,
dans une matière où ils se trouvaient en présence de beaucoup
d'obscurités.
Pourquoi la reine-mère, faisant renaître un usage rarement
adopté, avait-elle partagé ses restes mortels entre deux établisse-
ments religieux et fait deux parts inégales? L'une, officielle en
'i
^14 iitvrn: hahillok.
(|ueliiiJe sorte, symlwliqiif de sa vie publique, son corps entier,
devait reimstsr à côte de Louis Xltl, dans les caveaux de Saîni-Dtnis.
Quant il son creur, qui re]irésentail la portion plus sacrtV àv sa
personne, eili; l'ottrail en souvenir :'i celles qui avaient êlé ka[
eontidentes de ses peini;s, de ses angoisses, Taut-il dire
ses repentirs!
Fantaisie d'Espagnole romanesque et dévole, dira-t-on ! Nous ne
saunons nous contenter d'une psychologie aussi rudiinentaire.
Nous rouvrirons donc le procès de la régularité de la conduite
d'Anne d'Autriclie, puis nous chercherons à pénétrer les molifs qui
dictèrent ses libéralités envers le Val-de-Grâce, el son testament.
Nous serons alors amené à nous poser cette question : Est-il
[K)ssil)le que, pendant quaninte ans, cette femme ait mené l'existence
d'une pécheresse, sans que ses Tautes, accidentelles ou d'habitude,
aient modifié en quoi que ce soit le cours de ses visilns. de ses
retraites, de ses communions?
La réponse à cette question nous donnera le droit de conclure
que les moniales purent accepter le don du cœur de lenr bienTai-
Irice en toute sécurité de conscience, dans la [ileine certitud<
tant d'honneurs n'avaient [tas pour objet une chrétienne gi-avem(
oublieuse de ses devoirs.
H
'm
1
L'origine de tous les mauvais bruits qui ont eu cours an sujet
d'Anne d'Autriche est suspecte tout au moins de partialité.
La liaison avec Buckinghara, qui l'a signalée non pas à l'histoire,
mais aux malveillants déjà excités contre la reine par les malen-
tendus, les fautes si l'on veut, en tout cas par les jalousies et les
coupables ambitions dont l'ensemble est connu sous le nom de
Fronde? C'est le cardinal de Itetz, ce professionnel de la conspi-
ration, ce prêtre aux mœurs dépravées, cet homme assoilTé
d'honneurs, qui, pour obtenir le chapeau de cardinal avait, tour
i tour, soulevé l'émeute dans Paris, et joué an Louvre la comédie
de la soumission et du loyalisme.
De cette accusation que reste-l-il dans l'histoireï Le souvenir
d'une des nombreuses entreprises de Buckingham contre la vertu
des femmes honnêtes, mais d'une entreprise cette t'ois rendue impos-
sible par l'organisation de la cour à cette époque, qui ne laissait pas
un instant d'isolement a la reine. Buckingham vit Anne d'Autrichcii''
à Paris, au milieu d'une foule de courtisans; à Amiens t'sudace d
LK COKIK D'aNNE l^Al TUICHE ET i/AHUAYE 1)L VAL-DE-CUACE. 215
favori de Charles I" fut telle que la reine a[)[)ela au secours. La
tt^oisième lois, ce fut au Louvre, en plein jour, et la princesse
^^ Conti, « (pii raillait de bonne gn\ce, dit M""" de Motteville,
ï'"^ i:iI)orlp qu'elle pouvait répondre au roi de sa vertu, mais qu'elle
'ï*€*n ferait pas autant de sa cruauté ... et qu'elle soupçonnait ses
y^ijx d'avoir regardé cet amant avec (juelque pitié ^ »
laporte ^ nous donne la vraie note du sentiment de la reine
^ l'occasion de cet incident. Cette femme, (|ue tous les mémoires
^ ^i temps dépeignent comme d'un naturel indolent et paresseux,
'^^^nifesta son ennui lorsc^u'elle ap|)rit le retour imprévu de
^vickingham. Elle dit à Noi^ent-Bautru : « Encore revenu! Je
F^^^nsais que nous en étions délivrés! »
Le même Laporte parle crûment de l'impossibilité pour Anne
^* -Autriche d'oublier ses devoirs vis-à-vis de son mari et vis-à-vis
^^^lle-méme. « Quand la rein^î aurait voulu mal faire, il lui aurait
^\é impossible, ayant tant de gens autour d'elle ^. »
Le passage suivant de M'"'' de Motteville donne la vraie physio-
'^omie de l'incident. .
« Il est à présumer que ses vieux (ceux de Buckingham) furent
^€*cus comme- on feint que les diruix soutiraient les offrandes des
Jiommes, c'est-à-dire sans pouvoir deviner par leurs oracles si
liîur destinée était bonne ou mauvaise. La mine, n'en faisant point
Un se<*ret, n'a pas fait de ditllculté de me cont(»r depuis (fort
*1 «^trompée de ces dangereuses illusions), (ju'étant jeune, elle ne
^^omprenait pas que la belle conversation, (pii s'appelle ordinai-
f^f^ment Thonnêle galanterie, où on n<» prend aucun engagement
l>tirticiilier, pût jamais être blâmable, non plus que celle que les
clamt^s espagnoles pratiquent dans leurs palais où, vivant comme
^es nîligieuses et ne |)arlant aux hommes que devant le roi et la
^tîine d'Espagne, elles ne laissent pas de se vanter de leurs
Ci4)nquêtes et d'(Mi parler comme d'ime chose qui, bien loin de leur
^^ter leur réputation, leur en donne beaucoup *. »
Ce passage prouve trois choses : la première, c'est cpie la reine
^^vait la conscience tranipiille au sujet <le ses ra|)p()rts avec
lucklngham. Autrement elle n'en eût pas parlé sur ce ton à sa
Jiontidente. La seconde, c'est (pie M™' de Mottevill(% (pii n'avait
1 Mémoires de M^^de Motteville, édition Michaud et Poujoulat, p. 19.
* Ibid., p. 8.
^ Laporte, ibid,, p. 8, â*» col.
♦ Mémoires de M^* d> Motteville, loc. cit., p. 18.
B»èpp quitté la coDr, ne croyait même pas à la possibilité ilMn
soiipt^on. l>a Iroisième, c'est le caractère tout plaloni<îuf
iiommagès iiue les jeuiifs l'pmnii;s <le la cour de Madrid avaiiiat
coiitiimc de l'ecevoir, smis ijnc riHic indulgence de leur |«arl pouf i
cp iiiH- les EsiKignols ;i|i|>i||rTii il. •- /'mrsas, pour celle surle dft
(tirl. puisse être cnnsiiirnV rli.v. fiii's luiime comme riodicatioo'
d'uni* fyildesse,
CiUr oïliciise accusation portée [Kir ReU, qni avait ét^ lui-ménie
rnliji'l (l'une rehuiliidiMlc la [Kirl il'Aime d'Autriche '. semble avoir
,si>rvi (le prvti-xte à Imil''-^ li's i-;iliitiitiii'< dont les pamphlets de W
Fronde se sont liùl VivUn. ■■} m ii;inii'idier ;i celles qiie Voltaire
a mises eu circulai ii m à iiliiMmis reprises, an cours du xvdr siècle,
(Ijms im intérêt de propapamle anticlirélienne.
Le calomniateur de Jeanne d'Arc était, en effet, toujours prdti
à .salir une répnl^tion i'émitiiiie, surtout quand celle-ei était uM
lii<'[irailriL'e du culte catholique. C'est sur la l'oi de ses dire^ qtié
certains liisl<irieiis contemporains ont admis comme sérieuse une
opinidii i]u'ils auraient méprisée, s'ils n'en avaient trouvé la traoq
que dans les misérables pamphlets contre Ittazarin, Anne d'Autriche
et Louis XIV.
Il commence jiar pulilier un exposé de tous les laits qui composent
la légende du Masipie de (nr *. Il n'omet aucune des inventiooi;
romanes(|ues dont la critique contemporaine a démontré la l'ausseté^
le masque d'acier à ressort, la visite de Louvois, l'assiette d'argent
jetée sur les rochers de Sainte-Marguerite, ia considération que s<
gardiens témoignaient au prisoimier. Mais le malin publiciste <
ganic bien de prononcer un nom, il ne [rnrte d'accusation contre
personne : son intention est seulement de laisser entendre i
lecteur que le personnage emprisonné à Pignerol et aussi à
Bastille était un liomme de liante naissance, sur lequel on av:
intérêt à l'aire planer un mystère.
Oiii'lqnes années après, dans un article anonyme, Voltain; publie;
dans le [linllimnaire pliilosoptiujiie, la note suivante ;
« Le Masque de Ter clail sans doute un frère, et un l'rère aîné d
Louis XiV, dont la mère avait un goût pour le linge tin .... Ce lUI
en lisant les mémoires de ce temps qui rapportent cette anecdot*
I II faul lire i oel fg^rA lu page fort int£ress!itite que M, i. Lair. dans soi
rcTnnriUHNe oiivrH^e sur Nieolna Fouquet. a ëcriie sur In lentutive (lu caad>
juteur. et la nnie que le consciencieui écrivain a mise hj pied de non n*<;it.
a Sifclt (U Loui» XIV, ciia|i. XXV, Partie ularitéi et itruedolri du rifne
Louit xrv.
LE COEUR D'aNNE D'ArTHICHE ET l'aBBAYE DU VAL-DE-GRACE. 217
au sujel de la reine que, me rappelant ce niême goût du Masque de
fer, je ne doutais plus qu'il ne lût son fils, ce dont les autres
circonstances m'avaient déjà persuadé. » (Cité par Loiseleur,
Le Masque de fer devant la critique moderne^ p. 2i6.)
Puis, pour corser un peu cette allégation que seul le public
spécial auiiuel s'adressait Voltaire |)ouvait prendre au sérieux,
il ajoutait une labU» ingénieusement imaginée. Anne d'Autriche s'était
crue stérile. Sa grossesse, fruit de ses amours avec Buckingham,
l'avait détrompée. Elle commença d'abord par cacher la naissance
^ie ce lils qui devint plus tard, suivant l'hypothèse de Voltaire, le
personnage au Masque de Ter.
Fière alors de pouvoir donner un héritier à l'État, Anne d'Au-
triche se ménagea une réconciliation avec son mari, et alors
naquirent successivement Louis XIV et le duc d'Orléans.
Le lecteur sent quelle importance avait, dans l'esprit de la secte
voltairienne, l'admission de toutes ces inventions.
La filiation de la dynastie des Bourbons entachée d'illégitimité;
^es soupçons de suppression d'enfant jetés dans le peuple, avide
<^ï<* CCS sortes d'informations; Anne d'Autriche déshonorée et, avec
^Hr, les couvents qu'elle avait fréquentes toute sa vie : l'entreprise
^•^' calomnie était savamment montée.
Il est à peine besoin d'ajouter que tout cet échafaudage ikî repo-
^^\t sur rien; que la criti(pie cont(Mnporaine a démontré par la
r>nt3lication des |>ièces officielles :
I>*abord, (ju'Anne d'Autriche avait eu déjà deux grossesses,
^••rminées par des accidents, avant la naissance de Louis XIV.
Hé^oard et Bassompierre raconlimt les détails d(^ (^et incident.
C^tiant à la seconde grossesse, en l()3i, elle est affirmée comme
^m^ événement heureux et normal, par Hichelieu, dans une lettre
** -^^^ nièce la duchesse d'Aiguillon, publiée |)ar M. Avenel : « On
^oiM j^çonne, non sans grande raison, que la reine est grosse; si ce
^^^ ïieur arrive à la France, elle le devra recueillir commtî un fruit
^^ 1 ^ bénédiction de Dieu K de la boiuie intelligence (pii est entre
^ ■^^'^~)i et sa femme depuis quelque temps ^ »
liant au goût du Masque de W.r pour le linge iîn, la critique
"^^^^^erne en a fait justice. Ce n'était qu'une légende, ne reposant
^^^ aucun témoignage sérieux. Voltaire ne l'avait insérée dans le
Si^=^e:?fe de Louis XIV, que pour mieux préparer les voies à sa
C^^^:imnie du Dictionnaire philosopha/ ue.
^ LeUres et papiers de Richelieu, publiés dans la colleclion «les Docunienls
i^ctiY* de Vkùtoire de France, par M. Avenel, t. IV, p. -415.
HKVDK HAKILLON.
Quoi (ju'il en soit, ajirf^s les travaux dp MM. L;iir. MariusTuirt'^-
Loiseleur, il n'est rien resté d*? toul cet effort de calomnies, ii*-"
puisse entacher l'honneur conju^l d'Anne d'Autriche. Mais l'atite»*'
du Siècle de Louis ,\7 t'avait clairement lormulé une légende, (wj^
les termes d'une énigme historique, qu'il a lïillu deux siècles li*
travaux et une monliigne de publications pour résoudre.
Que le roi Louis XIV eût eu intérêt à cacher l'arrestalion d'ur^
traître tel que Matthioli. qui avait livré aux ennemis de la Frana^
le traité relalifà la prise de Casai, c'était là un ftit isolé, sans ré[MT-
cussion sur l'avenir de la religion catholique ou de la dynastie des
Bourlions. Mais que le Masque de Ter fAt un lils adultérin d'Anne
d'Autrichi', de la descendante de Charles-Quint et de Philipije 11.
qui avaient barré le chemin, en Espagne et aux Pays-Bas, à l'inva-
sion du |)rotestantisme, précurseur do la secte des encyclopédistes,
voilà quelle était, aux yeux de ces derniers, la donnée de polémique
utile à provoquer, la cahmmie U laquelle il importait de donner un
semblant d'autorité.
Le t'ait était d'autant plus capital ;') faire :idmeltre, qu'il a donné
ouverture à hien d'autres liypotlièses.
I^ réputation d'Anne d'Aulririie une lois atteinte, tout devenait
admissible en l'ail d'accusation de moralité.
Aussi retrouvons-nous partout dans les ouvrages de ceux qui
accusent la mère de Louis XIV de légèretés dans sa conduite, les
traces de la calomnie inventée par Retz et propagée par Voltaire.
Même les écrivains qui, comme Loiseleur, déclarent Anne d'Autriche
innocente en ce ijui concerne la naissance du Masque de fer, et
l'incident Buckingham, ne sont [Kis restés indifférents à l'impression
i|ueleura laissée la lecture des allégations de l'auteur de la Puceile.
C'est ainsi que le penchant & la galanterie, dans le sens espagnol,
sens que vient de délinir ;'i nos yeux le fragment cité des Mémoires
de M"" de Motteville, jienchant qui maniiestc surtout l'orgueil d'une
jolie femme, est apprécié trop .souvent par eux comme l'indiC'ation
d'un tempérament voluptueux et liliertin.
Aux yeux des critiques sérieux, pas un des faits que rapportent
les documents contemporains, et dans lesquels jouent ini rôle des
avantageux repoussés avec plus ou moins de dédain par notre
héroïne, ne mérite d'être admis comme démontrant la mauvaise
conduite de cette dernière.
Nous n'hésitons donc pas à aftirmer que cette opinion au sujet
d'Anne d'Autriche que nous rencontrons ctiez un wrtain nombre
d'historiens, provient de ce qui est resté, diins l^-ur ''sitrit, d.-s
accusations de l'ami des encyclojwdistes. Il i-< dni
combattre cette appréciation erronée.
LE co*-:rK d'annk d'ai triche et i/abhaye du val-de-grace. 219
. III
Pour en tinir avec cette question de la régularité de la conduite
(rAnne d'Autriche pendant son mariage, constatons quelles étaient
les relations des deux époux.
« Cette princesse (Anne d'Autriche) affectionne infiniment la
France, et, avec raison, désire apprendre la langue, parle de
s'liai)iller à la ti*ançaise, et en tout propos, témoigne son extrême
affection pour la reine (Marie de Médicis). Je la trouvay, sans
flatterie trop, plus belle (jue nul portrait que j'en aie veu : c'est bien
leï plus beau teint et la plus belle chair que je croy qui se puisse
voir; ceux qui la voyent plus souvent disent qu'elle embellit à vue
(l'ueil; le contentement de l'esprit peut beaucoup K »
Le même Vaucellas raconte : « J'ay sceu d'une dame qui a sa fille
nourrie avec l'Inlante aînée (Anne d'Autriche), (ju'elle avait dit à la
dite fille, il y a quelques mois, qu'elle avoit entendu que ce ne
seroii pas elle, mais sa sœur (Dona Maria), qui seroit reyne de
France; mais que si ainsi estoit, ([u'elle estoit résolue de passer
sa vie dans un monastère sans estre jamais mariée *. »
Telles étaient les idées avec lesquelles Anne d'Autriche arriva en
'•'''^nce. Sa conduite, lorsqu'elle lut devenue régente et responsable
de la grandeur de son pays d'adoption, démontra que cette impres-
sion favorable lut celle de toute sa vie.
Mais, dira-t-on, la tiédeur de Louis XIII pour sa femme détruisit
toiit^g les illusions de la jeune et belle Espagnole. Celle-ci fut
' ^i>jet pendant (juatre ans, jusqu'en 1619, d'un abandon complet
"^ la part de son mari ; plus tard, iîous constatons des dissentiments
^^*^Ves entre les deux époux. La perquisition du Val-de-Grâce,
' *ïït€5rrogatoire que HicheUeu lit subir à Anne d'Autriche, l'aveu
. ^nniiiant que signa cettf dernière, ne présentent pas comme une
*^y 1 1^ la vie de ce ménage royal.
^ous traiterons plus à fond et sur pièces la question de l'incident
^^** se passa au Val-de-Grace. Pour le moment, contentons-nous
V signaler l'inconcevable légèreté avec laquelle les princi|)aux
•^^^toriens ont traité cette question des relatioiîs conjugales de
^^Uis XIII et d'Anne d'Autriche.
Vaucellas, fonds Harlay, elle par A. Baschet : Le Roi chez la Reine, p. 126.
^^<*ellas était ambassadeur de France M Madrid au moment des négociations
^^r le mariage.
Loc. cit.
KEMiF. UARII.I
On a voulu envisager le coiipli- royal comme si le mnmge avail
(!lé ell'eeliié dans des condilioiis normales. On oublie que lnrsi|ue
à BordcMux Marie du Médicis conduisit son lils dans la cliainlire
(le celle qui était désormais sa Ukraine, les deux conjoints n'avaienLJ
[Kis ensi^inlile trenle-deux ans, (juc Louis Xlll, de formation tardive, J
n'était (jLj'un enfant ... et qu'Anne d'Autriche n'était pas nuliîle ',■
Il ne manque pas, dans les cours, de gens pressés qui veulent.j
hâter les événements, c'est le métier des courtisans de s'occup<
des choses qui concernent les j)nnci's, et celui des ambassadeurïV
de veiller a ce que lelh^s uti ii'llis siiii;iiLons ne [>èsent pas d'u&9
poids gênant sur les inlrivis; dr Imi' pali^ie. Au rond, le résultat 1»
hien démontré, If uoikv Hi'iilivoi^lio, ranihassadenr d'Esjagne, le»"
représentants des huguenots à la cour, auraient heaucoup mieux
lait de rester tranquilles, et rie laisser Louis Xlll juge d'une
«piestion sur laquelle il était seul renseigné. Il est Tort douteux
que Luynes, en traînant le roi dans l:i chambre de sa l'emme,
beaucoup avancé l'apparition en ce monde d'un dauphin héritiwi
des Bourhons.
Quoi iiu'ii en soit, la reine était satisfaite de son mari ; elle ne se
gène pas pour l'écrire à son |)ère : « Sa Majesté le Roi est pour moi
très attentil' et très amoureux. Il n'en fâut donc pas croire tous
les propos lenus à cet égard, ]irn|iiiR qui jifuvent être lrail(-s de J
caquetages de vieilles femmes {parierian lie miigeres viejas *}.
Lorsqu'on examine dans son i-iisemldc Im situation qui est faite 1
'i la jeune reine qu'on réfléchit aux bon"* procédés du roi vis-à-vïs
de<iafenne on est tenté je tn ter de j ri riasde mugeres vi^as»
toutes tes ig ut ns d pi I dti |u aul ur d'un Riil {[ue le temps
deva t latal nent [rnli re On est amené surtout à considérer
omme ns Ifsjnt I [sj holog e de s auteurs qui s'obstinent
à ne vo r i L i Xlll et e Anne d \ triche qu'un jeune homme
X
le
)i
IS
1
t une je ine e
Or les m I
m néld
n assd 1 I
pre teupat
I f I tL pés de leurs amours.
n 1 sposer le jeune roi contre s
l conj gd Que Louis XIII fût Q
j n'îer hien d'autri'.i sujets dfl
' (UPEFjcrE, Rii-helieu. Mniarin. la Fronde rt ie r^gne dr Louit IIV, Paril
tH3.^, H vol. ln-8, tome III, |i. \m.
ArcliivesdeSiinancas.Letlre de l'ambassadeur (l'Kspagne i» I^igiiese pued
considerar para alajar et desconMiela. es rpie no lenga hasta atiora a
cosluRibre. ■
> CM |iar (ItPSPiacE. 1. III, [i. ITO, exlrait des archives de Simancas.
LE COKIR D'AXNE d'aUTHICHE ET i/aKBAYE 1)11 VAL-DE-GHACE. 221
La reine avait été donnée à la France par les Espagnols pour
<|\relle y Ht triompher la politi(|ue(iui servait le mieux leurs intérêts.
Cf.*ux-ci étaient opposés à ceux de la France, tels du moins que les
envisa«çeait Louis XIII sur le conseil de Richelieu.
Les historiens sont unanimes à cet égard. « L'Espagne, dit
Gapetigue (ïoc. cit.), avait toujours à Paris un ambassadeur en titre,
le niarcpiis de Mirabel, homme trop im|)atient, troj) lier pour se
ployer à toutes les exigences de la situation ; la reine Anne
d'Autriche, protectrice des intérêts espagnols, se concertait souvent
avec l'envoyé de son Irère; et Richelieu (jui veillait sur les moindres
incidents, s'inquiétait de ces rapports politiques lesquels nuisaient
à la marche générale de son système. II avait mis en antipathie le
marquis de Mirabel ; il avait interdit à la reine toute communi-
cation avec lui; il l'humiliait de toutes les manières, et la tierté
espagnole s'en indignait ^ »
Dès les premiers jours de l'arrivée d'Anne d'Autriche en France,
la volonté de l'Espagne s'était allirmée. Le duc de Lerme, tout-
puissant à Madrid, voulait avoir en la jeune reine un agent sûr et
fidèle, entouré d'un cercle de dames non moins dévouées que
leur maîtresse à leur pays d'origine.
Les dames de nationalité espagnole lurent peu à peu remplacées
par des Françaises; mais les dispositions des conseillers de la reine
ne devenaient pas plus lavorables à la politicpie de Richelieu. Pen-
chant le siège de la Rochelle, si nous en croyons M. de Carné 2,
l'Espagne faisait des vœux pour les succès des protestants. « Les
archives de Siraancas, récemment dépouillées, ont rapporté des
preuves péremptoires de la trahison de l'Espagne. Les dé|)êches
autographes adressées par Philip|)e IV au marquis de Legannés et
5ÎU mar(|uis de Mirabel, son ambassadeur à Paris, constatent le vii"
cJésir de l'Espagne de voir échouer le siège de la Rochelle, et
ses efforts pour arriver à ce résultat au moment même où
ses flottes recevaient l'ordre de se rendre dans les ports de
France atin d'appuyer les opérations militaires commencées par
Richelieu. »
Marius Topin lait remarquer que « depuis le jour où il lut au
pouvoir, rien n'échappa au regard pénétrant du ministn^ attentif 3, »
et il ajoute : Si Richelieu la représente (Anne d'Autriche) comme
ï r.APEFicrE, loc. cit., t. V, p. 177.
* Le$ Fondateurs de V uni té française, t. H, p. â28.
^ M. Topin, L'homme au masque de fer, Paris, 1870, in-12, pp. 'M) ol 10.
222
une reine |>eii Irancaise, il ne donna jamais ii eiiteadi'e qu'elle a été
i^pouse coupable '. »
Comme la question ici est fort délicale, et (lu'il existe des pièces
écrites d'une authenticité incontestable, qui établissent la physiono-
mie de l'alfeire, c'est à celles-ci que nous demanderons la lumière.
Nous laissons parler Capellgae, qui a décrit très lidèlement les
scènes dont le Val-de-Gràce fut le témoin en 1637, entre la reine
et Richelieu, à la suite desquelles furent échangées des déclarations
publiées alors pour la première fois.
o La police de Ricbelieu avait découvert la correspondance
intime de la reine infante avec le marquis de Mirabel, ancien
arohassadeur d'Espagne. Cette princesse avait comme une sorte de
pied-à-lerre et de pieuse retraite, le Val-de-Gràce. Elle allait s'y
renfermer chez la supérieure, de la famille de Pontcarré, toute
dévouée à l'Infante. C'était là qu(i la correspondance avait lieu par
un valet de chambre du nom de Laporte, et M""* de Ohevreuse.
femme d'esprit, ipie le cardinal redoutait tant. Il y avait longtemps
déjà ([ue te cardinal méditait un coup d'é<^lal contre la reine infante;
pendant les troubles de la famille myale. Anne d'Autriche seule
avait conservé quelque repos; le iniulslre mettait beaucoup de prix
à constater les relations avec l'Espagne et le cardinal infant,
gouverneur des Pays-Bas. Le but du premier ministre était de
démontrer aux yeu\ du prince que seul il avait le sentiment
profondément national et que tonte la famille royale qu'il ri^nutait
s'était mise en rapport avec l'étranger. Richelieu, envaliissant t^
Vai-de-Grilce, tit fouiller les appartements de la .supérieure
précautions avaient été prises, et l'on ne trtmva que des pi<
iusitîniliiuiles, ili.-s ducuineiils sans valeur. La n>inc inlïinte pressée'
par le rliHiicflicr. nicnan-i' iTiin divorce ou d'une di^râce complète,
fut filtrai liée à faire di;s a\eu\. Le cardinal se hàia de se rendre
auprès d'elle, au Val-ile-Gi-ice ». « Madame, dit le ministi-e. il faut
tout dire, n'user d'aucune dissimulation; autrement je me retire,
et le roi prendra les mesures qu'il croira nécessaires. — Ah!
Monsieur le cardinal, s'écriÊi la reine, restez seul avec moi, et Je
dii"ai tout ce que je pense i^t puis savoir '. » |
« Le cardinal lit retirer tous ceux i)ui l'avaient arcom|)agné. atj
ièOti^
i Lue. cit., p. M.
' Procts-verlial ilu tlianceli
unn.îe 1037.
* Hi^mulre i^rril île
ma&e 1837.
-lu <■
[inrlometu, Ms. île HdUiiim
'1 ('VL^neini'iii. .Ms. de BtHliumftJ
LE COEUK D*ANNE d'aUTRICHE ET l'aBBAYE ïiV VAL-DE-GRACE. 223
s'approchant bien près de la reine, il lui parla avec une extrême
douceur. Cette pauvre infante, tout effrayée, s'écriait de temps à autre :
a Quelle bonté faut-il que vous ayez. Monsieur le cardinal! em|)loyez
votre crédit pour me tirer de cette atfaire, et je vous promets de ne
plus commettre de fautes à Tavenir. » Et le ministre paraissait 1res
satisfait d'humilier ainsi une des plus ardentes ennemies de son
système; il alla chez le roi prendre ses ordn^s délinitifs, puis revint
auprès d'Anne d'Autriche, et lui imposa la déclaration suivante :
<c Nous, Anne, par la grâce de Dieu reine de France et de Navarre,
avouons librement et sans contrainte avoir écrit plusieurs fois à M. le
cardinal infant notre frère, au marquis de Mirabel, à Gerbier, rési-
dant d'Angleterre en Flandre, et avoir reçu souvent de leurs lettres,
que nous avons écrit les susdites lettres dans notre cabinet, nous
conlianl seulement à Laporte, notre porte-manteau ordinaire, à qui
nous donnions nos lettres, (pii les [)()rtait à Auger, secrétaire de
Tambassade d'Angleterre, lequel les Taisait tenir audit Gerbier;
que, entre autres choses, nous avons queUjuerois témoigné du
mécontentement de l'état où nous étions, et avons re^u et écrit des
lettres au mar(|uis de Mirabel, écrites en des ternu\s qui devaient
déplaire au roi; cpie nous avons donné avis du voyage d'un
ministre en Espagne [>our (jue l'on eût l'œil ouvert à prendre
garde à quel desseir) on l'envoyait; (pie nous avons donné avis
audit manjuis de Mirabel cpuî l'on parlait ici de l'accommodement
de M. de Lorraine avec le roi, et (pie l'on y prît garde; que nous
avons témoigné être en peine de ce cpie l'on disait (jue les Anglais
s'accommodaient avec la France au lieu d(î demeurer unis avec
l'Espagne, et que la lettres dont Laporte a été trouvé chargé devait
être f)ortée à M"* de Chevreus(,' [)ar le sieur de la Thibaudièiv, et
que la dite lettre l'aisail mention d'un voyage (pie la dite dame
de Chevreuse devait faire comme inconnue vers nous. Avouons
ingénuimmt tout ce (pie dessus comme choses (pie nous recon-
naissons franchement et volontairement êtn» véritables; nous
jiromettons de ne retourner jamais à |)areilles fautes et de vivre avec
ifi roi, notre très honoré seigneur et époux comme une personne
qui ne veut avoir aucun intérêt que ceux de sa personne et de son
£lât. En témoignage de (|uoi nous avons signé la présente de notre
I^ropre main. Anne ^ w
1 Chantilly, 17 août 1Ô35. Pris sur la co|)ie (pii fut reniiso au rarclinal
rte Richelieu par ordre de la reine. On la trouve dans les Mss. du cardinal
^e Richelieu.
224
IIRVUK HAniM.ON.
« Quelques inslants après que la ruine eut signé l'aveu de !
l'autes, Kichelieu retourna avec deux écrits de la main du roi; S
premier avait élé ajusté tout au bas des aveux d'Arme d'Autriche^
il étiiil ainsi conçu : « Après avoir vu la 1res l'ranche confe-ssion
que la reine, notre très clière éjiouse, a l'aile de ce qui nous a pu
d(.'|)laire depuis quelque temps en si) conduite, «H l'assurance
(lu'elle nous a donnée de se conduire à l'avenir selon son devoir
envers nous et envers notre État, nous lui déclarons ipie nous
oublions entièrement tout ce qui s'est passé, n'en voulons jamais
avoir snuveuance. et voulons vivre avec elle comme un bon roi et
tin liu[i inari doit l'aire avec sa fennne. En témoin de quoi, j'iii signé
la jin^sente, et icelle t'ait contresigner par l'un de nos conseillers
secrétaires d'Étal. » Le second prescrivait à la reine en lautp sa
règle de conduite pour l'avenir; elle devait éviter de nouvelles
intrigues : u Je ne désu-e pins que la reine écrive à M"' de
Clir\n'iisf. |iriikifi(ilciiiciii |j;irce (|iie ce prétexte a été la cause
de 11 III h s II- iTtiiiiii'^ i|iicl|c ;i l'ailes ailleurs. Je désire que M"* de
Sent'iT iiir yniU' r pli- ilr toutes les lettres ijue la reine enverra
et qu'i-lles soient leruiêes en sa présence; je veux aussi que
Filandre, sa première l'enime de chamhre, me rende compte toulirs
les itiîs que la reine écrira, étant impossible qu'elle ne le sache,
puis(|uVllc {;ardc son éi'rîioin'. Je défends à la reine l'entrée C
eiiiivcut des ri.'lit;i('iiscs jiisipi'ii ce que je loi aie permis de nouvejllj
el lnrsi|ue je U'. p^rmciirai, je désire qu'elle ait toujours sa t
d'honneur et sa dame d'atour dans les chambres où elle entrent
Je prie la reine de se hien souvenir quand elle écrit ou fait écrii
en pays étrangers, ou y l'ait savoir des nouvelles par quelque vi
que ce soil. directe ou indii'ecte. Elie-méine m'a dit qu'elle se tiepti
déchue de son propre consentement de l'oubli que j'ai Taw
aujourd'hui de sa mauvaise conduite. La reine saura aussi que "> *
ne désire plus, en tiiton du monde, qu'elle voie Craf et autr *^""'
ijilreiuciicurs de M™" de Chevreusc. » El la jiauvre reine, tot»^"
lirndjlaïili-. écrivit au-dessnus de la signalure royale : « Je pmmi^^^
à Sa Majesté d'nhserver religieusement le contenu ci-dessiM^
Anne » ^H
La ItTture atttnine des pièces iilees pdr Capetlgut demonl^^|
jusqu'à l'évidniie (pi d s^gisiiait de dissnUnnintt, politiques, "^^
non, à aucun di^it di suupu ns ulatil<% i la lidtlitt < onjugale ^-
la reine. S'il était bcboin dun dUtrc aigument m h Ironvert*
7 iiofti un- njns les M s
LE COKL'R d'aNNE d'aUTRICHE ET l'aBBAYE DU VAL-DE-CiKACE. 22o
dans ce fait que, un an après, la naissance de Louis XIV venait
donner un démenti formel à ceux qui spéculaient sur la brouille
des deux époux.
Les relations n'avaient du reste jamais cessé entre le mari et
la l'emme.
Le 10 janvier 1637, à une époque où le mécontentement causé
au roi par l'attitude de la reine (*t son amour pour TEspagne, avait
certainement déjà pris naissance, Louis XIII écrit à Richelieu
« qu'il fera venir la reine à Saint-Germain, les soirées y étant bien
longues sans compagnie ^ »
On pourrait encore trouver une confirmation de cette opinion
de Louis XIII sur la fidélité d(5 son épouse, dans la tonne religieuse
qu'il donna à son contentement; lorsqu'il fut assuré du sexe de
rhéritier (jue lui donnait la reine, le jour même, « parut une décla-
ration du roi qui mettait le royaume sous la protection spéciale de
la Vierge Marie, pieuse offrande, dévote résignation, qui plaçait la
couronne du roi au |)ied de cette mélancolique et douce tigure de
la Vierge pure et de la Mère immaculée de son Fils l)ien-aimé :
« Xos mains n'étant pas assez saintes ])our présenter nos offrandes
à la pureté même, disait le roi, nous croyons que celles qui ont
été dignes de la porter les rendront hosties agréables, et c'est
chose bien raisonnable qu'ayant été médiatrice de ses bienfaits,
elle le soit de nos actions de grâces. A ces causes nous avons
déclaré et déclarons : que prenant la très sainte et très glorieuse
V^ierge pour protectrice S])éciale de notre royaume, nous lui consa-
crons particulièrement notre personne, notre État, notre couronne
et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une sainte
conduite, et défendre avec tant de soins ce royaume contre l'effort
cle ses ennemis, que, soit qu'il souffre le lléau de la guerre, ou
jouisse de la douceur de la paix, que nous demandons à Dieu de
t-out notre cœur, il ne sorte point des voies de la grâce (lui
^•(induisent à celles de la gloire ^. w
Nous retrouverons plus tard la reine faisant écrire au Val-de-
CUràce des inscri])tions en harmonie avec cette déclaration du roi
lA)uis XIII. Pour le moment, qu'il nous suffise de constater (jue,
5^i le roi avait eu des soupc-ons graves contre la moralité de celle
^ \u\ venait de lui donner un lils, il se serait gardé d'entourer la
1 Cité par Marins Topix, Le Masque de fer, p. 55 en note.
^ Déclaration du Roi, par laquelle S. M. déclare (lu'elle a pris la T. S. V. Marie
rwur protectrice spéciale du Koyaume. Bib. du Roi, Lancelot, port, in-f", papier
Arert, Rè(j^e de Louis XIII. Cité par Capetigue, op, cit.
^K
226 REVIE NABILLON.
naissance du dauphin de telles solennités. La reine, de son côté,
n'aurait pas construit le Val-de-Grâce pour donner plus d'impor-
tance encore à ses déclarations, et les affirmer dans un monument,
objet de la préoccupation de toute sa vie.
La conclusion qui s'impose, c'est que Louis XIII et Anne
d'Autriche n'ont jamais eu de doute réciproque sur la correction de
leurs relations conjugales.
IV
Nous avons déjà fait observer qu'en rejetant explicitement les
accusations d'adultère portées contre Anne d'Autriche, MM. Chan-
telauze et Loiseleur ne traitent pas cette dernière avec la même
bienveillance que si le dossier avait été net de toute calomnie.
M.Topin ' constate qu'An ne d'Autriche était espagnole et cocpielte.
Elle com[)renait la galanterie telle que ses compatriotes l'avaient
apprise des Maures, cette galanterie « qui permet aux hommes
d'avoir sans crime des sentiments tendres pour les l'emmes, qui leur
inspire les belles actions, la libéralité, toutes sortes de vertus -. »
« Cet hommage de la vanité, conclut M. Topin, elle le reçut avec
la complaisance de la coquetterie, se sentant la plus belle, la plus
puissante, la plus digne d'être aimée. »
On ne voit pas trop ce que viennent faire les Maures en cette
alVaire. Le flirt est un défaut ou un vice, qui n'a besoin dans aucun
pays d'importation étrangère, dont chaciue société trouve le germe
dans son propre soin. Le sigisbéisme italien peut être innocent, <le
même que les habitudes des cours d'amour, en France, ne signi-
fiaient pas nécessairem(Mît la dépravation des mœurs.
Ce (jui nous im|)(>rte ici, c'est d'apprécier ce que peut valoir,
comme élément d'enquête morale, la complaisance avec laquelle
Anne d'Autriche paraît avoir traité ceux qui semblaient attirés ])ar
l'éclat de son tcMiit éblouissant, la finesse et la blancheur de ses
mains de reine, la noblesse de son allure, le charme aristocratique
de toute sa personne. On a droit de trouver étonnante la facilité
avec la(|uelle MM. Topin et Chantelauze concluent de ce plaisir à
être regardée, à une incapacité de défendre sa vertu.
Il est intéressant de noter que les témoignages sur lesquels ils
1 L'Homme au masque de fer, p. 24.
2 M™® DE MOTTEVILLE, op. Cit., p. 18.
LE C(lKVIi d'aNNE d'AUTHICHE ET i/ABIUYE l)i: VAL-DE-CiHACE. 227
s'appuient pour constater la beauté de la reine, son indulgence pour
les propos galants dont elle pouvait être Tohjet, sont unanimes
à l'aire toutes les réserves au sujet de Tintégrité absolue de sa
conduite et proviennent de ses familiers (lui jamais n'auraient osé
l'accuser de faiblesses graves, qui surtout se seraient bien gardés
de parler de tout cela, s'ils avaient cru à quelque faiblesse de la
part de leur maîtresse. La preuve en est que Lâporte, qui a cru
à sa culpabilité, ne parle jamais de la galanterie ni de la beauté de
la reine.
Loiseleur cite, sans d'ailleurs en tirer la conséquence qui nous
jwraîl en découler nécessairement, le portrait (|ue M"'* de Motteville
met en tête de ses Mémoires : « Elle prisait fort cette belle galan-
terie, (pii, sans blesser la vertu, est capable d'embellir la cour. »
Il allègue ensuite ces mots de Brienne le tlls ' : « galanterie toute
spirituelle, qui était dans les mœurs et le caractère espagnols et qui
tenait de ces sortes d'amours qui n'emportent point de souillures. »
ï)u moment que l'on met de côté les accusations relatives à
Buckingbam, nous ne croyons pas, dans les textes visés par les
criti<|ues modernes et qui décrivent le goût de la reine pour la
galanterie, (lue rien puisse justifier l'appréciation que Loiseleur
porte sur la fondatrice du Val-de-Gràce. « La nature très charnelle
et nullement platonique des relations d'Anne d'Autriche avec son
ministre (Mazarin), ne soulève plus guère de doutes. Pour qui-
conque a étudié de près l'histoire intime au xvjr' siècle, c'est là un
point désormais acquis, et l'on verra qu'il ressort avec une évidence
complète des faits et des documents que nous avons rapprochés et
mis eiî lumière .... » Et plus loin ... « des sens impérieux, exaspérés
par les longues continences de la jeunesse, et dont il ne paraît pas
que l'âge ait tempéré les ardeurs .... »
Le passage que nous citons de M. Loiseleur n'est appuyé d'aucune
référence, et nous ne trouvons nulle part, dans les textes qu'il
ap|K)rle à l'appui d'autres prétiMidues démonstrations, aucune allu-
sion à ce tempérament de Messaline (pi'il attribue à la reine-mère,
âgée, notons-le bitMi, à l'épociue où se place cette appréciation, de
quarante ans passés.
Nous avions donc raison de dire que pour admettre de telles
allégations, il a fallu que l'auteur qui les propageait ait écrit sous
l'empire d'un préjugé. Tout en répétant à satiété (ju'Anne d'Autriche
^ Édition Michaud et Poujoulal, Mémoires iÎ4f Brienne, Notice sur le comte
de Brienne et sur ses Mémoires, p. vin et ix. en note.
228 IIKM-K >IAIUI.L.)N.
a r(.'[>oussé victuriousmiieiil los atUiqiies de Buckinghain, île
Guitaut, do Inné, de Hiclielieu. de Retz, tout en atlirniant qu« les
accusations portées contre elle mangueiit de preuvns, il tniite
cette innocente calomniée conune il ferait d'une l'emme perdue
de mœurs.
Écartons donc, comme uonlrain^ au\ témoignages coiilem-
(Wrains, ce prétendu ar;,'iiiiir'!)l \\i'<- r.,n\r<' Anne d'Autrictie, de son
tempéraïuenl . Il est de b'i\lr Mui-miMancf que la reine-mère a
pn, par vanité, par un sciiii :il \Hr\\ ii;iiurel chez une jolie (eiame,
se complaire â des adorations plaLoni(iues, et aimer à recevoir des
hommages; mais quand la campagne d'amabilités a d^énéré en
poursuites amoureuses, nous voyons que la tierté castillane, ou
plutôt le sentiment de sa dignité s'est réveillé chez celte descen-
dante de Charles-Quinl. Elle a repoussé l'aventureuse pointe du
cardinal de Kntz, prol'ondémi>nt humilié Jarzé, Tort heau et très
enlrepi'enant, et appelé au secours, - matériellement, — lorsque
Buckingham a voulu précipiter le dénouement de sa camiiagne
galante. Que voulait-on (lue nt de plus cette malheureuse i'eranie,
que nous jiersistons ;i crnire (niicuseinent calomniécï
Ajoutons un lii'Uiil liicn iiiiniin'' en apparen<;e, mais qui ne laisse
pas, dans un snjei ipii trailni'irn tempérament l'éminin.de préstinter
son intérêt.
A une é|)oque oii la mode autorisait les « nudités de gorge, »
où, l'iconographie du temps en l'ait Toi, les élégantes se croyaient
tout permis en cette matière. Anne d'Autriche, au dire de sa
contidente, la puritaine M"" de Mottevilie, s'était montrée plus
réservée que la plupart de ses belles contemporaines. Le passage
des Mémoires est cai-acléristiijue.
Il Elle est grande et bien faite, elle a une mine douce et inajf^s-
tueuse. Elle a été l'une des grandes beautés de son sii'xle, el
présentement il lui reste encore assez pour elîacer les jeunes qtii
prétendent avoir des attraits .... Ses ciieveux sont beaux et leur'
couleur est d'un beau châtain clair : elle en a beaucoup, et 11 n'y a
rien de jilus agréable que de la voir peigner. Ses mains, qui ont
reyu des louanges de toute l'Europe, qui sont IMtes pour le plaisir
des yeux, pour porter un s{'ei)tre el pour être admirées, joignent
l'adresse avec une extrême blancheur : si bien que l'on peut dire
que les S|)ectateurs sont toujours ravis quand cette grande reine
se l'ait voir, ou à sa toilette en s'habillanl. ou k table quand elle
prend ses repas. »
Nous avons tenu à citer le morceau presque dans son entier.
La complaisance avec laquelle il prouve que M*"' de Mottevilie
l_
LE COKIR DANNE DALTUICHE ET l'ABBAYE DU VAL-1)E-GHACE. 229
admirait le physique de la reine, donne un plus grand poids au
témoignage précis que nous invoquons. « Sa gorge est belle et
bien faite, et ceux qui aiment à voir ce qui est beau ont sujet de se
plaindre du soin que la reine prend de la cacher, si le motif qui le
lui fait faire ne les forçait d'estimer ce qui s'oppose à leur plaisir. »
(Loc. cit., p. il.)
M. Chantelauze, pour affirmer que Mazarin et la reine-mère
vivaient à peu près maritalement, se place sur un terrain plus
circonscrit et plus solide; mais on peut affirmer qu'il n'aurait pas
tant insisté s'il avait trouvé une réputation complètement vierge
<\r. toute accusation, vraie ou fausse.
Il cite des documents : le passage tant de fois cité des Mémoires
de Laporte, un autre des Mémoires de Brienne le tîls, une lettre de
Le Tellier, les indications des carnets de Mazarin, la correspon-
dance entre le cardinal et la reine, lorsqu'ils étaient séparés; enfin
les Mémoires de la princesse Palatine, le détail entre autres,
aflirmé par celle-ci, d'un passage secret ménagé au palais royal
entre les deux appartements. Il fixe même la date du prétendu
triomphe que Mazarin avait remporté sur les résistances obstinées
de la reine.
Aucun de ces documents n'est décisif, leur rapprochement même
peut se concilier avec l'hypottièse d'une affection toute platonique,
et avec les besoins de communications fréquentes entre la reine
régente du royaume et son premier ministre que motivaient les
affaires du royaume et la hainfî qui entourait Mazarin.
Il (*st intéressant de noter, avant toute autre réflexion, ce fait
que personne, parmi les historiens (|ui ont traité de cette question,
ne songe à faire int(*rvenir le sentiment dans les raisons qui déci-
dèrent Anne d'Autriche à choisir le cardinal conune son homme
de confiance.
M. de Carné, dans son livre Les Fondateurs de l'unité française y
exprime d'une manière saisissante les motifs (lui amenèrent la
régente à homologuer la décision déjà [)rise par son mari, sur la
présentation de Richelieu, relative à la désignation du premier
ministre. Ces motifs sont d'ordre exclusivement politique : « Quoi-
que l'attachement exalté (jue Mazarin parvint à inspirer à Anne
d'Autriche soit devenu par la suite le principal moyen d'influence
employé par ce ministre près de sa souveraine, cet attachement
n'existait aucunement au début de la l'égcnce, et le choix du
cardinal fut la conséquence naturelle d'un système spontanément
adopté par la régente, bien loin d'être l'effet d'un sentiment per-
sonnel. Ce ne fut ni BfTinghen ni saint Vincent de Paul qui
S30
KtVi E HAftn.LDN.
frayèrent à Mazaria le chemin de la toute-puissance : si la reine l'y
fil moDter, c'est qu'elle comprit par une sorte d'intuition soudaine
le péril qu'il y aurait pour l'avenir de son fils à réagir contre
l'œuvre lie Richelieu et à remettre la royauté sous le joug de
princes et de grands seigneurs qui ne savaient guère que l'exploiter
avec un égoïsme cynique. Parvenue sur ces sommets du haut
desquels la vue s'étend et le cœur se dilate, Anne lut ses devoirs
de reine et de mère dans l'êclatanle lustoire de la monarchie
continuée par tant de princes si opposés d'humeur et de génii?.
Cette femme paresseuse et mobile, qui avait eu peut-être de grands.
torts dans le passé, qui était destinée à commettre encore beaucoup
de fautes, eut au jour décisif de sa vie la lucide perception de son
intérêt véritable. Immolant, sans s'en rendre d'ailleurs parfaite-
ment compte, ses amitiés et ses ressentiments à ses devoirs,
comme pendant vingt-cinq ans son époux leur avait sacrifié ses
plus vives antipathies, elle pronon(.-a dans son coeur de mère le
mot immortel de Louis X.II.
n Quel était en effet, au milieu des agitations inséparables d'une
régence, l'intérêt sérieux de la monarchie? N'était-ce pas d'assurer
l'indépendance et la liberté de la couronne, d'une part contre le
duc d'Orléans, oncle du roi, que sa vie semblait avoir placé
jusqu'alors en état permanent de conspiration, de l'autre contre la
maison de Condé, alors représentée par un vieux prince cupide,
derrière lequel se monirait un jeune homme aussi avide de puis-
sance que de gloire? Constituer un ministère qui ne déiiendlt ni de
Monsieur, ni de Monsieur le Prince, maintenir dans une situation
réservée les turbulents bâtards de Vendôme, empêcher les maisons
de Lorraine, de Bouillon, de Rohan, de Nemours, d'imposer à la
royauté leurs exigences et leurs exclusions, en reprenant les tra-
ditions de leurs pères, c'était là le premier besoin du pays, l'œuvrtî
dans laquelle l'intérêt national venait se confondre avec celui de la
monarchie. Or. le minisire le mieux placé pour le suivre était
évidemment un homme sans lien avec les fictions prlncières,
étranger aux grandes ftmiUes, quoiqu'au niveau des plus hautes
tètes par l'éclat de sa dignité, et qui n'avait rien à attendre de leur
concours, non plus que rien à craindre de leur abaissement.
« Il n'y eut donc jamais de choix plus rationnel, comme on
dirait aujourd'hui, que celui de M^zfirin, cardinal français i>Hr
grâce spéciale du roi '. n
' De CAHXri, Lei Fonditleun de l'umtd fi-nniaisr.
DE COEUR D'ANNE D'AUTRICHE ET L*ABBAYE DU VAL-DE-GRACE. 231
On ne nous accusera pas d'avoir choisi un écrivain trop favo-
rable aux mérites d*Anne d'Autriche comme épouse. La citation
emprunte à cette opinion de son auteur une autorité plus grande
en ce qui concerne la parfaite innocence, dans les premiers temps
qui suivirent la mort de Louis XIII, des relations d'Anne
d'Autriche avec son ministre.
Examinons à présent les textes sur lesquels s'appuient ceux qui
ajoutent foi aux mauvais bruits qui coururent dans le courant de
l'année 1643 au sujet d'Anne d'Autriche et de Mazarin, et dont les
pamphlets de l'époque sont l'écho le plus retentissant.
Laporte, valet de chambre et homme de confiance d'Anne
d'Autriche, raconte dans ses Mémoires que, d'accord avec
M"* de Hautefort, il saisit la première occasion favorable pour
représenter à la reine combien elle avait tort de persévérer dans
une intimité avec le cardinal, intimité qui nuisait à sa réputation.
1^ reine traitait son serviteur avec une familiarité qui rend
vraisemblable la scène racontée par Laporte. Anne d'Autriche
se défendit mollement, et ne prit aucun engagement pour
l'avenir. Le donneur de conseils, toujours après entente avec
M"* de Hautefort, crut devoir, à cpielque tem|)s de là, recommencer
sa campagne de représentations. Son dévouement, qui paraît
sincère sinon délicat dans ses manifestations, lui suggéra un vrai
procédé de valet : il déposa une lettre anonyme dans le lit de sa
maîtresse, lettre dans laquelle il faisait allusion aux bruits dont
retentissait la cour, et qui accusaient Anne d'Autriche de relations
défendues avec Mazarin.
Loiseleur, qui, dans ses Problèmes huloriques, prétend trouver
dans cette scène un aveu échappé à une coupable, trouve un autre
argument en faveur de sa thèse dans les Mémoires de Brienne le
jeune ^ Celui-ci raconte à son tour (pie, sii mère ayant parlé à la
reine comme si elle la croyait engagée avec Mazarin, celle-ci
« rougit jusqu'au blanc des yeux, » mais nia formellement tout
commerce charnel; Anne d'Autriche, toujours d'après le même
témoignage, alla même jusqu'à jurer sohiunelh'ment qu'il n'y avait
entre elle et Mazarin qu'une amitié absolument innocente.
En supposant la reine tout à fait à l'abri de soupçons sur sa
^ V. Loiseleur, Problèmes historiques, p. 31.
'ullc répondit àa plus lort que c
233 iiKvii
mordiité, qu'aurail-oii voulu <
serment?
l);ins les trois occasions 0(1 elle est interpellée, deux fois (
Importe, et une lois par M'"' de Brienne, clic nie, plus ou 1
énergiqueroenl, mais elle nie. Où est donc l'aveu que Loiseleui
prétend tirer du texte qu'il allègue*
Bien mieux, il ôte lui-même toute valeur probante à son <ir^
ment en reconnaissant que, à celte date (printemps de Ui43). An
d'Autriche pouvait aRirmer en toute sécurité sa parl'aile innoceuf
Donc les deux textes [lerdent toute espèce de puissance démons^
trative, à moins de les étendre à des laits postérieurs, ce i|uî seraitil
contraire à toutes les règles de la critique historique.
Nous ajouterons même que Brienne et sa mère n'avaient oonservjf
aucun soupçon après les [aroles prononcées devant celle-c
Anne d'Autriche : raison de plus pour ne pas com|)ter ce témo^
gnage parmi ceux qui accusent la mère de Louis XIV.
Mais, afTiiTue-t-on, au Val-df-Gràce on était au courant de 1
mauvaise réputation de la reine. Les carnets de Mazarin sont trè
affirmatifs sur ce point.
Cette croyance qu'on prétend avoir existé dans l'entourage des^
religieuses du Val-de-Gràce, il nous importe d'autant plus de l'étu-a
dier, que les ennemis de la régente ont englotié dans leurs a
salions les religieuses elles-mêmes amenées à Paris par Anne!^
d'Autriche et comblées de ses bienHiits.
M. Loiseleur écrit, dans Le Masque de fer (levant la critique^
modesme, les lignes suivantes :
« Il est évident qu'Anne d'Autriche, habitant â partir de 1643 \fM
même lalais que son amant, libre alors de se livrer sans contrainte"
à sa passion, débarrassée de tous les surveillants et de tous les
familiers qui s'étaient permis de censurer sa conduite, faisant chaque
année de fréquenles retraites dans les couvents qui tenaient tout
de ses bontés, et dont les supérieures lui étaient entièrement
acquises, avait bien plus de facilités pour cacher £1 tous les yeux
le l'ruit de ses amours qu'en 1631, à l'époque oii elle était en l)ulte
à l'espionnage intéressé de Richelieu et du duc d'Orléans •,
Le lecteur aura de hii-m^me constaté la légèreté avec laquell^J
le critique met en avant de telles allégations.
11 oublie, d'une manière générale, les diflicultés, pour ne pasi
dire les impossibilités, que rencontre une personne vivant couimef
' Loi.seLBm. Le Masque de fer devant In rri/iq!
234 UEVUE MABILLON.
nous ne pouvons trouver nulle part, pendant la période incriminée,
de trace d'un changement dans les hal)itudes d'Anne d'Autriche en
ce qui concerne ses visites et ses retraites au monastère du
Taubourg Saint-Jacques.
N'oublions pas d'ailleurs que Mazarin, qui a écrit ces carnets ou
les a inspirés, à supposer qu'il ait con^u l'idée de s'attacher à
Anne d'Autriche par des liens charnels, n'a jamais tant désiré la
l'emme que le pouvoir. Nous dirons même davantage : ce pouvoir
ne l'attirait pas pour les mêmes motifs qui avaient séduit Richelieu.
Il n'y voyait pas la gloire à acquérir en créant une monarchie à
jamais délivrée des liens qui limitaient sa puissance, une patrie plus
forte que nul autre État européen, cai)able de dicter des lois à toute
la chrétienté.
Mazarin, au contraire, (\sprit délié et positil*, voulait bien la
grandeur de la france, et employait pour la réaliser les mêmes
procédés qu'avait inaugurés son maître : mais il nourrissait in
petto des projets moins esthétiques et plus égoïstes. Avide de luxe
et de richesses, il ne cherchait que les moyens de s'enricliir. Pour
atteindre ce but, -- l'on ne nous accusera pas d'exagération —
il fallait rester au pouvoir, et s'y maintenir par tous les moyens
possibles.
Cette appréciation que nous considérons comme incontestable,
fait mieux corapn^ridre le sens des lettres échangées entre Mazarin
et celle qu'on prétend avoir été lié(î à lui soit par les liens de l'amour
libre, soit par ceux d'un mariage de conscience.
Ces lettres sont d'un ton très romanesque, et nous ne saurions
(^11 nier la gravité.
Citons-en une, que Loiseleur a considérée comme particulière-
me,nt compromettante ^ :
Anne d'Autriche à Mazarin.
« Saintes, ce 30 juin 1H60.
« Votre lettre m'a donné une grande joie; je ne sais si je serai
assez heureuse pour que vous le croyiez, et que, si j'eusse cru
qu'une de mes lettres vous (îùt autant plu, j'en aurois écrit de bon
cœur, et il est vrai (jue d en voir tant et des transports avec
[lesquels] l'on les reçut et je les voyois lire, me faisoit souvenir
i LoiSELErH, Problèmes historiques, p. 143.
LK COEUR D*ANNE D'aUTRICHK ET l'ABBAYE DU VAL-DE-GRACE. 235
d'un autre temps dont je me souviens presque à tous moments,
quoique vous en puissiez croire et douter. Je vous assure que tous
ceux de ma vie seront employés à vous témoigner que jamais il n*y
eut d'amitié plus véritable que la mienne, et, si vous ne le croyez
pas, j'espère, de la justice que j'ai, que vous vous repentirez (pielque
jour d'en avoir douté, et, si je pou vois aussi bien faire voir mon cœur
que ce que je viens de vous dire sur ce papier, je suis assurée que
vous seriez content, ou vous seriez le plus ingrat homme du monde
et je ne crois pas que cela soit. La reine (Marie-Thérèse) qui escrit
ici sur ma table, me dit de vous dire que ce que vous mandez du
confident (le roi) ne lui déplaît pas, et que je vous assure de son
affection; mon tîls (le duc d'Anjou, deuxième fils d'Anne) vous
remercie aussi et 22 (Anne d'Autriche) me prie de vous dire que
jusqu'au dernier soupir = | = (amour de Mazarin pour la Reine)
<luoique vous envoyiez E^ | ~. » (Publiée pour la première fois
par M. Walckenaër, tome III, Mémoires touchant la vie de
M"* de Sévigné, p. 436.) Elle n'a, pliée, que la dimension d'un billet :
elle était fermée par une petite faveur rouge scellée des deux côtés
au cachet d'Anne d'Autriche (cité par Loiseleur, Problèmes
historiques, p. 144).
Cette présence de la reine Marie-Thérèse au moment où la
''égente écrit cette lettre, qu'on veut interpréter comme une lettre
^''amour, cette intervention d'un tiers, diminue beaucoup les pré-
•^^rnptions accusatrices.
Les deux lettres suivantes paraissent encore plus tendres :
^ janvier 1653 : « Je ne doute pas que vous ayez cette croyance
^nu*elle a l'ait une chose que vous (Mazarin) ne souhaitiez pas).
J*^n dirois davantage si je ne craignois de vous importuner par une
^^ longue lettre, et, quoique je sois bien aise de vous en écrire,
J^ ^n'ennuyé si fort que cela dure, que je voudrois fort vous entre-
^■^ir autrement. Je ne dis rien là-dessus, car j'aurois peur de ne
P^s parler trop raisonnablement à ce sujet. »
S6 janvier 1653. « Je ne sais plus quand je dois attendre votre
r^t:our, puisqu'il se présente tous les jours des obstacles pour
'^ïïipêcher. Tout ce que je puis vous dire est que je m'en ennuie
^o^t et supporte ce retardement avec beaucoup d'impatience, et si
*^ (Mazarin) savait tout ce que lo (la veuve) souffre sur ce sujet,
1^ Suis assuré qu'il en seroit touché. Je le suis si fort (touchée) en
ce moment que je n'ai pas la force d'écrire longtemps ni ne sais pas
trop bien ce que je dis. J'ai reçu de vos lettres tous les jours
ilS& HEVIK MAJIILI.ON.
presque et, sans cela, je ne sais ce qui arrîveroil. Cortînuaz ii m'*
écrire aussi souvent, puisque vous me donnez du soulagement t
l'élat OLi je suis.,.. ~ i = » jusqu'au dernier soupir,.,. Adieu,
n'en puis plus • lui sait l>ien de quoi '. »
Du côté de Mazarin, le ton de la ccirrespondance n'est p
beaucoup moias enflammtS. Mais ne l'aut<il pas faire Ici la pari i
cette habitude à la mode alors dans les classes élevikis, de parV
un langage qui nous paraît aujourd'hui romanesque. L'eupkuùtn
en Angleterre, Vencarecimiento en Italie, tout cela était une malad
européenne, maladie qui tare toute la littérature épistolaire aut
rieure à la réforme de Boileau et au temps oii M"' de Sévigi
écrivait ses lettres immortelles.
Une telle disiKisitioii à exprimer des sentiments très licites
très chastes sous une Ibrme qui leur donne l'aspect d'un fn
défendu, disposition que nous savons généi'aie dans la premièi
moitié du xvn' siècle, diminuo beaucoup la valeur probante de réci
incriminé, au point de vue positif des relations entre l'homme et
femme dont nous envisageons la correspondance. On n'a jama
affirmé que la preuve d'une faute de mœurs résultât de la lectu
de ces lettres étranges.
On a seulement prétendu qu'elles la rendaient vraisemblable.
Le témoignage (pii résulte des Mémoires de la princesse Palatii
Anne de Gonzague est-il plus probant *? Nous ne le jiensons pa
S'il est vrai qu'Anne d'Autriche, en allant s'installer au Pala
Royal, ait écouté les doléances de Hazarin, et lui ait permis i
l'ain' pratiquer un passage secret enli-e son hôtel et la demeu
royale, sous prétexte que sa vie était menacée lorsqu'il sort:
dans la rue, cette complaisance de la régente iwut s'expliquer p
des raisons d'Ëlat, tout aussi bien que pour des motifs inavouable
Cette supposition est corroborée par la lecture de plusieurs pa
sages des caruets de Mazarin, dans lesquels celui-ci, écrivant po)
lui-même, précise ses intentions :
Le 20 mai 1043, on lit dans ces carnets : « Vorrei havere t
carattere di suo .servilore doraeslico, e è necessario che S. M.
faccia, » Le lendemain, la pensée se précise : « S. M. jwnse
^
■ * slgnîlie ramour île la reine pour M^i^.ariii. il'iipn^s H, Itavenol.
s V. LOISËLEIW, ifatarm a-t-il épousé Anne itAutncAe? E\lr. île lu Rrv
flOMlemporaimr, la ei 31 scp-lembre, et 15 orlobre iseo.
à
LE COhll'Il D*ANNE d'aITUICHE ET l'abBAYE Dl VAL-DE-GRACE 237
dîu'ini earica di suo domestico per liaver slanze, in casa, e clie |)er
mie niani passino gli denari ch(; S. iM. dispona in segreto *. »
Le rusé Italien livre son secret : il aime bien mieux être le
s«*rviteur intluentet écouté (jue le maître : servitore domcîstico, ...
earica di suo domestico ... la réalité du pouvoir, plutôt que Tappa-
ivnce, voilà ce (|ui le tente. En somme, il avait tout ce cpril désirait.
Déjà j)remier ministre, Mazarin ne ciierchail pas à entamer une
campagne amoureuse : il n'envisageait que l'intérêt de sa domi-
nation. D'ailleurs, de naissance plutôt modeste, dans une société
très hiérarchisée, il n'était pas en situation, au même degré (pie
Buckingham, pour os(»r offrir ses hommages amoureux à la l'eine-
iiière. Cet homme prudent avait besoin d'être encouragé pour
entam«M- une campagne au bout de laquelle il pouvait trouver le
désastre au lieu d'assurer son triomphe.
L'un des textes les plus démonstratifs en aj)parence est une
lettre de Le Tellier que cite Chantelauze dans son ouvrage
Le cardinal de Retz et r affaire du chapeau ^.
Ce texte a[)partient toujours au même ordre d'idées (lue les
récits des remontrances faites à la reine par les religieuses du
V"al-de-Gràce. Encore moins que dans celles-ci le vieux ministre ne
l>araît guère avoir insisté. « Je n'ai |)as été obligé de dire mes
st'înliments à la reine sur le retour de Son Éminence, écrivait-il
à une i)ersonne dont le nom est resté en blanc, tant parce (pi'elle
lie m'en a point pressé, que parce (lue j'ai su que tout le monde
lui en avait parlé, jusqu'à lui dire qu'on croyait ((ue le cardinal
l'avait ensorcelée, ou qu'elle l'avait é|)ousé. A tout cela, elle n'a fait
aucune réponse, sinon que le cardinal était bon et sage, qu'il avait
^^ l'alfection pour l'État, pour le roi et pour elle, qu'il lui fallait
'ais.ser la conduite de cette affaire.... »
te texte n'est en somme ni pertinent ni démonstratif. Il n'atïirme
^^ même un fait vu par celui qui a rédigé le témoignage. Le vieux
'Oinistre ne dit pas formellement, ni surtout sous une forme
Sérieuse, que la reine est remariée. De |)lus, la ténacité avec
Wqij^llg jrj régente refuse de sacrilier le cardinal, que ses collègues
avaioiit fini par trouver compromettant pour la monarchie elle-
luêm^^ est certainement le reproche que vise l'auteur de la lettre.
* ^-ité par Loiseleur, Problènies historiques, pp. 96 et 98.
* f . n, p. 303.
2M8 UEVI^K IIAIIII.I.ON.
PiirtiT une a|)préciatioii sur lu cniiduite |irivée àf sa maîtresse
cerUiiiK^nent loin de sa pi;ns<^e.
En tout cas, on ne peut invoijucr ce texte qu'à l'appui de l'hy
thÉ'Si- d'un mariage secret.
4
Nous sommes donc très disposé k nier que jamais :
relation charnelle ail i^u ItLiu entre Anne d'Autriche et Mazurin. lin—-"
raison d'ordre gt^néral nous lait |)encher vers celte conclusion aprè "^
celles que nous venons de déduire.
Lorsqu'un homme et une femme encore jeunes, lieaux et intelli— ^
gents l'un et l'autre, sont lorctSs de se trouver fréquemment^
ensemble, deux courants d'opinion se forment à leur sujet.
Les uns — c'est la majorité — croient ii l'innocence de leurs^
mœnrs et il faut des raisons convaincantes et pertinentes, de celles -*
qui ne laissent prise à aucun doute, [wur leur faire admettre, s'il
y a lieu, la culpabilité démontrée.
D'autres, ceux qui ont la prétention de scruter les cœurs et les
reins, que leur conduite personnelle ou leur tempérament soupton-
neux prédisposent à voir {tartoul des mauvaises intentions ou des
actions coupables, dirigent leur jugement comme s'il était impos-
sible, a priori, que deux individus de sexe diETérent se frikjuentenl
sans qu'intervienne entre eux une reciierche d'amour.
Très franchement, nous déclarons ap|)artenir à la première
calégorie d'appréciateurs.
En ce qui concerne Anne d'Autriche, nous exigeons, avant de la
croire coupable, qu'on nous apporte la preuve palpable, évidente,
de ses méfaits. Celte preuve, jusqu'ici personne n'a pu l'apporter.
Les principaux arguments qui ont été invoqués nous semblent ne
pouvoir résister â un examen sérieux.
On a beau alléguer, contre noti'e hypothèse, la complaisance avec
laquelle Anne d'Autriche n'a cessé de traiter ia duchesse de
Cihevreuse et le cardinal de Betz, dont l'immoralité est notoire.
Sans doule; mais à supposer que celle faveur accordée à des
gens qui en étaient positivement indignes puisse être* considérée
comme une mauvaise note entachant la conduite de celle qui l'avait
accordée, nous trouvons dans l'enlourage préféré de la reine
d'autres personnages d'une altiluile el d'une tenue irréprochables,
d'un tempérament austère.
LE COKl-K d'ANNE d'AITRICHE ET i/ABBAYE Dr VAL-DE-CUACE. 239
M"' de Hautelbrt ne conserva pas jusqu'à la lin la place qu'elle
îivait tenue longtemps dans les alVections de la reine; mais sa
«Hsgràce fut motivée par des considérations de fait.
M"' de Sénecé, M""' de Motteville, la comtesse de Fleix, la maré-
cliale de Navailles, constituèrent le cercle intime de la régente : et
Ce qu'elles nous ont laissé de souvenirs n'indique à aucun moment,
f>€?n(lant ces dix-sept années qui auraient été occupées par une
Hâjson quasi-conjugale avec un cardinal, de la part de ses fidèles
'a moindre désaffection, de la part de la reine aucun relâchement
clîins ses habitudes de i)iété, dont les Mémoires de M"''' de Motteville
t^xitre autres nous ont laissé le journal à peu près ininterromjm.
Nous trouvons une garantie de moralité dans la fréquente
|L>K'ésence, au|)rès d'Anne d'Autriche, de saint Vincent de Paul, dont
l'^i nfluence s'exerça plusieurs fois, avec succès, contre l'opinion de
!Mazarin lui-même.
« Le futur saint, dans une mémorable entrevue qu'il eut avec
Ir^ régente, le 13 janvier 1649, au moment où elle assiégeait Paris,
i >sa même dire que puisijue la })résence du cardinal paraissait la
S43urce de toutes les brouilleries de l'État, il croyait qu'il fallait le
«»acrilier pour un temps '. »
L'influence de saint Vincent de Paul est un fait de la plus haute
importance, à cette épociue de la faveur de Mazarin. L'établisse-
ment du Conseil de conscience (|u'Anne d'Autriche avait constitué
malgré l'avis du cardinal en dit long sur le crédit dont le saint
jouissait auprès de la régente et sur ses sentiments profondément
«chrétiens ^
^>es faits précis démontrent (juc le fondateur des Dames de la
^'harité ne cessa jamais complètement ses relations avec la cour,
9"elciues entraves qu'ait pu leurapporler le méfiant premier ministre.
t>i*, saint Vincent de Paul, « en homme tout d'une pièce, qui
o*av-^it jamais songé à gagner les bonnes grâces des gens de la
c^Uf, dont il ne connaissait pas les manières, fut aisément tourné
^'0 i^idicule, parce qu'il était presque impossible que l'humilité, la
P^-'* » tence et la simplicité évangélique s'accordassent avt^c l'ambi-
^^^^^ la vanité et l'intérêt qui y régnent. Celle qui l'avait établi
aui-s^i l fort souhaité de l'y maintenir. C'est pourquoi elle avait encore
* ^-OiSELBUR. Problèmes historiques, p. 71.
* Mkt Bougaud, Vie de saint Vincent de Paul, p. 302.
240
■TK HAniU.ON,
quelques longues conversations avec lui sur les scrupules qui lui
élaieiil toujours demeurés .... »
Ah ! si nos adversaires venaîeiil apporter une déclaration i!e
saint Vincent de Paul, une preuve d'une rupture du saint avec celle
qu'il n'iiui'ait pas manqué de Idàiner si sa conduite privée avait été
gravement entachée d'une l'aule habituelle, nous aurions plus de
propension à admettre l'hypothèse que nous venons combattre.
Mais rien de tout cela n'est ap])orté au débat; au contraiiv. nous
démontrerons bientôt que la protection du Va)-de-Gràce lilait la
suite d'une habitude, qui n'a pas subi d'interruption depuis 1621
jusqu'à la mort d'Anne d'Autriche.
Les accusateurs de celle-ci ont négligé d'ailleurs de tenir compli;
de sa situation de reine très aulnritaire, veuve d'un mari quî
n'admettait pas la moindre contradiction, descendante de rois,
absolus, petile-fllle de Phili|>pe II, qui ne passe pas pour indulgent
vis-à-vis de ses adversaires; ils ont oublié les témoignages <iui nous
restent sur la lierté qu'elle avait puisée dans un atavisme séculaii'c.
Alors que, pour taxer la reine de graves défauts, d'une coqucl-
lerie coupable, la soupçonner d'inconduite, il suffit à nos adver-
saires d'insinuations non démontrées, dont ils ne prennent |ias
même la peine d'indiquer l'origine, nous ajipuierons nos alk^ations
sur des textes précis, qui d'ailleurs abondent dans les récits con-
temporains. Habituellement indolente, Anne savait se détendre
quand l'occasioD lui élait offerte. Souvent même elle attaquait, sa
jiarole était alors hautaineet mordante. La grande l'aute des historiens
qui ont cru à ces faiblesses de la régente, a été de la considérer
comme une eidanl, dépourvue de toute énergie.
Elle avait confiance en Mazarin, [tarce qu'elle voyait en lui K-
seul homme qui put mener ses sujets turbulents comme l'avait fait
Richelieu ; « Si cet homme (Richelieu) vivait, lui entendit-on dire
un jour, il serait aujourd'hui plus puissant que jamais ' ! »
« Hautaine et absolue, dit M'" de Motleville, elle vnulaii Ir
pouvoir illniiité. »
Cette fierté qu'elle tenait de ses ancêtres castillans, elle en
donnait à chaque instant des preuves. M. Lair, dans son Nicolas
FoucQuet, cite ce mot que lui inspira la prétention de Marie Mancînt
d'épouser Louis XIV : « Si le roi élait capable de cette indignité ".
dit-elle à Mazarin lui-même, l'oncle de ci-lte intrigante personne.
' r.iW par Loiseleur, Problèmes iisloriques, \i, 3.
LE COEUR D'ANNE D'AUTRICHE ET L*ABRAYE DU VAL-DE-GRACE. 241
it je me mettrais avec mon second fils à la tête de toute la nation,
contre le roi et contre vous. »
La défaite de Bléneau était un désastre pour la cause royale.
^nne d'Autriche, voisine du terrain de la lutte, reçut celte nouvelle,
^u rap})ort de Montglat, avec une fermeté d'àme, une maîtrise d'elle-
:mème, que beaucoup d'hommes auraient pu lui envier. Lorsque
^lazarin, tout ému, lui annonça le malheur, « elle se coiffait, et
demeura attachée à son miroir, n'oubliant pas à tortiller une seule
j3oucle de ses cheveux .... » Le même jour, « elle dîna de bon appétit
^^l aussi tranquillement que si elle n'eût couru aucun risque ^ ».
Il (îst impossible d'attribuer à je ne sais quelle insouciance de
o^âractè^e une telle attitude. L'heure était solennelle, l'ennemi était
ô deux pas, arrogant et victorieux, et la reine devait penser (jue la
t"ijile de Paris vers Saint-Germain allait recommencer, avec tout son
cortège de terreurs et de tristesses.
crest une telle femme que l'on prétend avoir cédé aux entreprises
de Mazarin, qui se serait livrée à lui pieds et poings liés, sans
résistance. Et cette conduite, on l'admettrait sur la foi de quelques
pamphlets inspirés par la haine et la passion, sans une preuve
déoisive !
VII
Puisque nous n'admettons pas la faute imputée à la l'eine, il
sennble qu'il soit inutile de discuter la question, si controversée, du
mariage secret qui aurait existé entre elle et Mazarin. Aussi nous^
nous contenterons d'exposer les arguments sur lesquels sont basées
les deux opinions.
C'est à juste titre que MM. Chantelauze et Loiseleur proclament
l'impossibilité d'un mariage morganatique, auquel rien n'avait
manqué si ce n'est la pubUcité mondaine». Pour conclure un tel
mariage, Mazarin étant cardinal, il aurait fallu une dispenstî du
Souverain Pontife. Celui-ci l'aurait peut-être accordée, mais à la
condition que celui qui la sollicitait abandonnât la pourpre.
A supposer que le pape Urbain VIII, auprès duquel le ministre de
Louis XIV était loin d'être pet*sona grata, se fut prêté à de tels
^ MoxTCLAT, Mémoires, dix-huitiôine campajçne, p. 266.
IG
242 lŒVl'E MABILLON.
projets, c'était alors la ruine de toutes les espéranees, de tous les
rêves d'ambition, si Ton veut, que les contemporains attribuent
à Mazarin.
Dareste (Archives des missions étrangères, 1850, pp. 470-477)
parle bien du projet formé par Tltalien de briguer le titre de conné-
table, qu'il n'aurait pu obtenir, qu'en se démettant de son titre
cardinalice; mais un autre témoignage incontestable, une lettre
citée par M. Chantelauze ^ nous le montre 1res désireux de ne pas
perdre le bénéiice de sa voix au conclave. « Prévoyant le cas où
il serait forcé de se rendre à Kome pour assister à un conclave,
dans le cas où Innocent X, dont la santé était fort cbancelante,
viendrait à mourir, il écrivait alors à un de ses espions à Home,
l'abbé Elpidio Bened(»tti, cette très curieuse lettre qui vient résoudre
un problème bistoriipie fort longtemps agité et jusqu'à présent non
résolu : « Quant à la bulle pour défaut des ordres, la privation de
la voix active (pour un cardinal) dans le conclave n'est pas de peu
de considération, et, |)our cela, je désirerais savoir si, lorsque je
prendrai les ordres, je resterai investi de celte voix, sans iju'il me
failh^ obtenir une autre dispense -. »
Un mariage dans les conditions qui venaient tout récemment
d'être r('*glées par le Concile de Trente, après dispense ré^j^ulière,
conclu (levant le curé de la |)aroisse du domicile des conjoints, une
Uîlle cérémonie irétait, nous le reconnaissons, guère possible;
mais tout cela n'('4ait pas nécessaire i)our calmer la conscience
d'Anne d'Autriche, il n'était besoin (|ue d'une cérémonie religieuse
couvrant rirrégularité de ses amours avec son premier ministre;
cet argument, (]ui n'est pas sans valeur, ne nous paraît donc pas
décisif contre l'existence d'un mariage de conscience.
La reint^ travaillait })eu, étudiait encore moins, et tout |)orte
à croire (pi'elle ignorait, à l'endroit des conditions nécessaires à la
validité d'un mariage, les prescriptions édictées par le concile» de
Trente. Si jamais, ce que nous ne cessons pas de nier, elle a eu
assez (le conliance en son premier ministre pour s'aband(niner
à lui tout entière, et (pi'elle ait imposé pour condition la céb^bration
ï Portraits historiques, et Le cardinal d-e Retz et V affaire du chapeau.
2 « Quanto alla bolla per dilctto dej^li ordini, non r di pora considorazione
(|uella délia privazione dclla voce alliva nol conclave; e percio desiderarci
sapere se (luando prenderô î^l'ordini sacri, restero habililalo alla dcMta voce,
senza dover ollenere altra dispenza. >> (^ilc par C^iiamelatze, Le cardinal
de Retz et V affaire du chapeau.
LE COKUR D*ANNE d'aLTHICHE ET i/aBBAYE DU VAL-DE-GUACE. 243
d'une union secrète consacrée par un prêtre, tout |)orte à croire
qu^elle aura chargé son mari du lendemain de régler lui-même les
détails de la cérémonie.
Elle a donc pu se contenter d*un simulacre de mariage, pour
lecjuel Mazarin a pu trouver, parmi ses nombreux agents, un
complice connu comme prêtre par son amante. Le caractère clan-
destin de la cérémonie, du moment que l'on sortait des formalités
tutélaires de la régularité des mariages, admet toute supposition.
Le curé de la paroisse, ou son délégué, les témoins requis par les
saints canons, les publications, tout cela n'a jamais dû exister.
Il n'en reste, en tout cas, aucune trace.
Mais il ne serait pas impossible que Mazarin, qui tenait à conserver
ce strictement les apparences ^ », et qui, « quoiqu'il Ht le person-
nelle d'un homme pieux et dévot », était dépourvu de scrupules,
ait organisé une comédie de mariage secret, suflfisamment régu-
lière pour tromper les scrupules de la reine, insuflfisamment
coTilorme aux règles pour ne pas exiger les demandes indiscrètes
et imprudentes, les dispenses nécessaires. L'organisateur de la
figuration ne voulait autre chose que de mettre en repos la
conscience de son amie.
Si un texte nous démontrait que la régente a réellement cohal)ité
av^^c Mazarin, nous nous réfugierions dans cette hypothèse, qui
sa 1.1 vegarderait l'honneur d'une femme (|ue nous persistons à croire
calomniée, et la bonne renommée d'un couvent où elle fréquentait
activement.
I>eux circonstances pourraient contribuer à rendre vraisem-
blïilïle cette supposition d'un mariage secret, insutlisanl dans ses
foi'iïialités pour enchaîner à tout jamais le cardinal Mazarin, sufhsant
au contraire pour expliquer la bonne foi d'Anne d'Autriche, igno-
rante des sévérités du droit canon.
Ces deux circonstances sont la certitude dans laquelle nous
sommes que Mazarin n'était pas, et ne Tut jamais prêtr(\ H la
constatation que U)S observations faites à Aime d'Autriche au sujet
de ses relations prétendues avec son premier ministre, ol)servali()Ms
qui émanaient de M"*' de Hautefort, de M™** de Sénecé, de Laporte,
de la supérieure des religieuses du Val-de-Gràce, paraissent avoir
cessé tout d'un coup dans les environs de lOoO.
Nous savons déjà, par la lettre à Elpidio Benedetti, (pie Mazarin
' Mémoires tie M™« de Motteville.
2ti llliVlK .II.MIII.LOS.
n'tîtail ims prétrci. D'autres documcnls, découverts jiar H. Chan-
lelauze viiîiiiient confirmer l'exaclilude \ie cette constatation.
« Nous iiossédons, dans le même i-ccueii, quatre oraisons Tunèhres
de Mazarin qui furent prononcëHs à Hoinii len français, en italien,
en es|)a;;no) et eu laLin), dans diverses enlises uii son exécuteur
testamentaire, le même abbéElpidio Beneilelli, tit célébrer (dusieurs
services en son honneur. Or, dans ces quatre oraisons funèbres,
sorties des presses de la Cliambre apostolique ', il est dit formel-
lement que Mazarin était cardinal tàique '. Comme ces services
funèbres turent célébrés par tes soins de Benedetti, que ces
oraisons funèbres lurent prononcées en sa présence, et iiu'il est
même probable qu'il les publia à ses frais, il est impossible, s'il y
avait eu erreur sur la situation de Mazarin dans le Sacré-Collège,
au moment de sa mort, qu'il n'eût [WS été le premier à la redresser,
et qu'il ait permis de dire en pleine chaire que Mazarin était mort
cariluml liiù/uf, s'il avait cessé de l'être. Au surplus, comme nous
l';ivnM> iljt, iiniiiltii; de cardinaux, du même lem|ts que Mazarin,
n'élJiiiiiil i|iii' rli'i'i's tonsurés '. »
Si l'on était obligé d'admettre (juelque manrpiement à la loi
morale, dans cette circonstance, ne serait-il |ius bien plus naturel
d'accuser de ti-omperie un homme dont on sait que la vie entière
a été un chef-d'œuvre d'astuce et de duplicité, qu'une femme dont
la seule faiblesse était son ignoranct' et ses scrupules?
Le mariage secret, ou plutôt son imitation, serait une explication
très snfUsantu de la persistance de l'intimité d'Anne d'Autriche
avec le Val-de-Griice. Si la reine n'avait pas été en droit, un bc^u jour,
de fermer la bouche aux donneuses de conseils, en leur disant :
Il n'y a rien de ce que vous pensez! Ju puis vous en faire la
)ns fiini'bres, de Cortnal petit in-rolJo, soûl arcDiiipiignées de
planches gravte représeiilarn les rlivers catalHlques et ornemenis funôlires
lies services <|ui eurent lieu en l'honneur du dfruni cardinal.
ï Le P. Fr. Lf on, religiem curnie de rol)Bervance de itennes, dll expressément
dans son éloj^e funùbre, érril en frunçais, que HaxHrin étMil laïque tant
ordre* taeréi. Duns IVIi^e en latin, il est dll : popularit laerot extra ordiiet,
ldemi|ue lacra purpura itutuguratui. Dans l'éloge en espagnol : »'« oiitiii*t
fut del pvfiie, cen lacra purpura /irine^ de ta tglesia. F.nlin. dans l'i^lo^e
italien, signi! Pra CiHIlo di Termine, carmelltano refomiato del primo Istiluio
délia provincia di Monte Santo, on lit : Srcotarf insitme r di saera porpara
oritalo. Les deux élot'es en latin et espagnol ni? soni ipie des iraduciions de
celui écrit en italien.
^ CUitNTELAiiZE, PorlraiU AUtortque».
A
LE COKUR D*ANNE D^AITIUCHE ET i/aBBAYE Dl VAL-DE-GUACE. î24o
j^**euve! ou bien : Il y a un mariage secret! cette intimité aurait
ét:é gênée, et la régente, qui y tenait tant, qui y trouvait un tel
€3liarme, n'aurait pas vraisemblablement continué des séjours
l>4irio(liques dans une maison où elle aurait vu des tigures soupgon-
r:ieuses, des mines allongées!
Or, la parfaite quiétude (\m régnait dans ce milieu nous est
attestée par Tliistoire même de la fondation du Val-de-Gràce, et
f >ar les témoignages contemporains que nous en avons recueillis.
Il était de toute impossibilité qu'on ignorât dans cette abbaye,
parmi les personnes (jui y fréquentaient, l'opinion qui avait cours
dans un certain monde, au sujet de la reine-mère. Les textes que
nous avons cités déjà prouvaient que les religieuses entamèrent,
e^n 1643, une campagne de représentations. Le texte des carnets
relatifs à M"« de Hautefort, à Laporte, en fait foi \
Puis, au bout de quelque temps, le silence se fait. Anne d'Autriche
continue sans interruption et avec régularité ses habitudes pieuses.
I.#a construction du monastère et de l'église suit son cours, et nous
trouverons, dans les oraisons funèbres, la trace de la bonne
opinion que l'on s'était formée sur l'ensemble de la vie de la reine.
Quelque chose est donc intervenu qui a fait cesser les scru|)ules
des amies pieuses d'Anne d'Autriche. Ont-elles obtenu la preuve
dc3 l'innocence des relations de la reine avec 3on premier ministre,
ou bien celle-ci leur a-t-elle déclaré formellement qu'un prêtre
avait béni ses amours en les légitimant?
Nous concluons dans le premier sens.
VIII
Il est un ordre de documents sur lesquels les historiens ont peu
i»^ sisté : il s'agit de ces morceaux d'élocjnence dus à des plumes
^^<^ désiastiques, et qui furent publiés au moment des funérailles de
^ Le V« carnet contient ce passage : « La Porta paria à S. M. le ore entière.
^^^*io assicurato che non mi vuol bene, poi che indarno ho fatto o«;ni diiigenza
P^^** guadagnarlo. È furbo, e si picca de conoscer S. M. nie«(lio di nessuno. Si
'^^çliarebbe le vene per Otford (Hautefort). — Dans un autre carnet est faite
**^^^« allusion à la lettre anonyme des Mémoires de Laporte. « La Porta, che mi
*''"^^<lice, che, di concerto con Olford, messe la scritta nel letlo di S. Maesta : che
rangi vi era, che fu veduto. » Cf. supra, V.
-im
la reine-mère, el des pièces de lîtl^ratui-e pieuse ou de poésie
(]ui étatBnl dtS|>osécs uu couvimt du Vul-de-Grdce, d'où la Itt'volulion
les a exiraiLes. Nous les retrouvons, soit parmi les impriiiivs de
rt>|)t)que, soil aux Archives iiittionfilns, oii la collcclion en est
iin portante.
Toute celte littérature non seulement affirme la piété constante
d'Anne d'Antriche, mais insiste sur les détails de sa vie privée,
daus des conditions qui pourraient paraître maladroites a des gens
eonvaiiicus de la culpabilité de celle dont de semblables éloges
étaient l'objet.
Rien n'est plus menteur qu'un panégyrique officiel, et les éloges
qu'il coiitienl ne doivent être acceptés que sous bénéfice d'inven-
taire; mais lorsqu'ils sont l'œuvre d'un homme mêlé aux événe-
ments dont il n>trace le tableau embelli, d'un courtisan (|ui les
a vécus ou vu vivre, l'historien qui lit celte prose ou ces vers
doit supposer que l'auteur a glissé sur des Taits notoinîment
scabreux, el ne pas s'exposer à rappeler parmi ses auditeurs des
souvenirs compromettants, ou h provoquer dans l'opinion des
allusions ùineslrs pour In bonne renommée des |tersonnages dont
il esl (|ui's!Lnn. i>\\ île leur Camille.
1,'iin dis |ir/l,iis qui lurent chargés de parler devant les restes
d'Anne d'Auliiche élait, au dire de M. Lair, le sieur de Ceriziers,
aumônier du roi, et assis en cour pour avoir pu dédier son
panégyn(|ue à la reine ( Éloge d'Amw d'Autriche, }iar le sieur
de Ceriziers, aumônier du Roy, Paris, Ch. Angol, in-4, pièce).
L'éloge funèbre qu'il prononça devant le catafalque ne paraît pas
gêné par la préoccupation de taire quelque secret d'État. C'est
une de ces amplifications oratoires dans lesquelles est célébrée.
avec accompagnement de textes latins, la vertu de la défunte, sans
excepter sa fidélité conjugale. Si la cour avait cru de 1648 à KioS
à la réalité des bruits répandus pnr les pamphlets de la Fronde, il
aurait, comme Bossuet faisant l'éloge de la princesse Palatine,
réglé son langage {)our ne pas prêter à rire des faiblesses de son
héroïne. Il ne semble pas qu'il ait pris aucune de ces précautions.
La mémo observation s'applique aux autres orateurs dont les
inventions sont parvenues jusqu'à nous. L'un d'eux, un RécuUet,
le Père Irénée du Parcq, el non des moindres, car il était délliiiteur
de la jirovince de l'Immaculée -Conception, aborde franchement
nue question qui auitiit pu, si des soupçons avaient reposé'sur une
hiisi' sérieuse, doinier matière à des commenlaires désobligeants.
Suivant en cela l'exemple de sa mère, Marguerite d'Autriche, qui,
au rapport de M. Armand Baschel (Ij" Htii fAcî In Heine, p. 118),
LE COEUH D'aNNE D'aCTRICUE ET i/a«UAYE 1)1 VAL-DE-GKACE. 247
avait toujours tenu auprès dVIle un confesseur allemand, Anne
d'A. utriche eut toujours à sa disposition un moine espagnol, Labonne.
M""** de Motteville trouvait même ce Franciscain « un peu simple pour
confesser à la mort une reine qui avait été régente ».
Si cette volonté, que la reine-mère conserva jusqu'à son dernier
jour, d'être entendue en confession par un [)rétre parlant sa langue
iiiat(îrnelle, atin d'être plus assurée de se faire mieux comprendre
de? lui, avait pu donner lieu à quelque doute sérieux au sujet de la
sincérité de la reine dans ses dévotions, M""^ d(î Motteville d'abord
n'en aurait pas parlé. Puis le Père Irénée du Parc se serait gardé,
ou on l'aurait empêché de faire état de cette préférence. Et celle-ci
ost l'objet d'un long développement dans l'oraison funèbre qu'il
prononça. Il proclame « qu'Anne d'Autriche avait remercié Dieu,
t-iii peu avant sa mort, de lui avoir donné un si saint Cordelier
n'-ï'^st ce Hécollet d'Espagne, qui a eu l'honneur de la confesser
généralement et de l'exhorter en cette dernière et im[)ortante
oooasion * ».
Le bon moine de l'ordre de Saint-François félicite son héroïne,
<* o#Hte débonnaire princesse », de ce (pi'elle « favorisoit de ses
tH>ntez particulières entre les prélats les plus zélés, entre les juges
l*-s> I)lus é(iuitables, entre les seigneurs les plus tidèles et entre tous
lo*^ ordres religieux, celui de Saint-François, dont elle avoit reçu
1*115* l)it dès son enfance, dans lequel elle a voulu ètn^ ensevelie, sucé
l'e^5^|)rit dès sa jeunesse, pris S(îs directeurs et confesseurs durant
sa x'ie, signé son testament par ces paroh^s : Sœur Anne d'Autriche,
religieuse du Tiers-Ordre de Saint-François .... »
I-ie même orateur ne craint pas de faire allusion aux tristesses
nui avaient assombri la jeunesse d'Anne d'Autriche : il parle, sans
ï'ien voiler, des dissentiments qui s'étaiimt produits à la cour et
dont nous savons que la cause était de nature exclusivement poli-
l-i^iue. S'il y avait eu, en réalité, d(\s fautes conjugales graves à
reprocher à la reine, jamais un [)rédicateur n'aurait osé prononcer
^^ public cette élégie, dont le refrain est : Porro Anna flehai, qni
^♦* fwraît pas avoir déplu à la cour et (|ui raconte, sans la moindre
précaution, l'incident que nous connaissons, à la suile du(|uel la
ï*eine avait dû signer un aveu humiliant de ses ernnn\s politiiiues.
oraison funèbre de la reine-mère Anne d'Autriche, par le P. Irénc^e du
*^'*'*Ç< U<5t1niteur des Pères UiVollets (\o la province <le rinimaculèc-C.onception,
**^'*'5i. Uenvs Thierry, 1060, in-i .
24B llt:vi Ë HAJIII.I.Oti.
Le morceau d'éloquence est assez curieux à lire :
(i Griinilp llcyne, il est temps de pleurer pujsiiuf! la rosée de voi
larmes, en lomhimt sur vostre sein, se clianger.i en pluye d"or (>oui
le rcmlrc liynuii; il est temps de pleurer. puisi]ue voire slérilili
va vnus ji-tter dans l'opprobre du sexe, dans le mespris de la Cour
dans le resbul de l'Eslat. Que dites-vous de cette Plienenna qu
vous insulte avec malice, de cet Héli qui vous outrage avec un zèli
indiscret, et de ces esprits brouillons qui vous menacent d'utx
répudiation lionleuse? Potro Anna flebat : à tout cela. Aune m
faisait que pleurer. Que faites-vous, chaste et solitaire colombe
dans votre chambre, uii personne ne vous va voir, où tout le inonda
vous abandonne, oii l'on vous retranche le nécessaire, où l'on vou
déclare que vous ne pouvez faire l'aumône et où nous avons ven
qu'ayant esté refusée d'un linancler pour une charité que vou;
aviez ordonnée à un de nos couvents, vous préseulasles un di
vos dianians, et qui fust aussi honnestement refusé que lib^le
ment ott'ert? Porro Anna flebat : à tout cela, Anne ne faisait qi*
pleurer. Qu'allez-vous faire au Val-de-Grûce, ans Carmélites di
Bouloy, aux Religieuses du Calvaire? Peul-estre que vous y aile
pour détremper l'amertume de vostre cœur dans l'éminence de ï
vie religieuse et pour y recevoir quelque consolation à vos mau:
par ta douceur de la conversation de ces vierges cloîtrées, Pom
Anna flebat ': non, elle n'y allait que pour pleurer. Mais, inoi
augusteeldésoléePrincesse,àqnoy bon tant pleurer? puisqu'EICJina
l'homme juste, puisque le Roy vous cliéril et vous honore. Plaignez
vous & luy : dites-luy vos griefs; faites-luy scavoir vos mespris
vos rebuts et vos opprobres; parlez avec l'empire d'une tesl
couronnée et d'une petit«-lllle de Charles-Quint. Non! Messieurs
nostre Anne ne parle qu'à Dieu qui entend le langage de son cœur
elle ne remue que les lèvres et il ne sort pas une [ilainte de si
bouche, Anna latfuebatiir in corde siin, tnntumque ejus lalfU
movebantxir et vox penitus non aiuliebatur. Escrivez au Ro;
d'Espagne, retirez-vous sur la frontière : abattez ceux qui voiï
oppriment, puisque vous pouvez faire un party plus puissant, plu
viste et plus heureux que celluy de vostre ayeule. NonI elle aim
trop son cher époux et la paix de son Royaume pour faire éclata
sa douleur. Tanlntnmodo labia movebanlur, et vox penittis not
audiebalur.
« Rougissez icy, Brunehaut, Catherine et Marie de Médicis, et tanl
de Reynes remuantes, d'avoir embrasé la France |>ar les feux d(
votre colère, et qui avez si souvent enveloppé dans ceux de vo5tr«
L
à
LE COKUR d'ANNE d'AUTKICIIE ET i/aBBAYE DU val-de-(;kace. 249
v€>i"igeance les innocents et les coupables. Rougissez encore un
oou j) de voir cette colombe. » (Loc. ci/., p. 11 et 12.)
l^e morceau est d'importance et Téloqucnce marche d'un pas
l>^:fï>ant. Mais il nous a paru intéressant de citer ces allusions
t>îl>liques qui résument assez fidèlement les années d'épreuves de
l^k jeunesse d'Anne d'Autriche, les tristesses qui provinrent de sa
longue stérilité et dont le sens dernier est la proclamation de son
innocence.
II existe aux Archives nationales, dans le carton L 1037, une
piè-oe extrêmement curieuse (jue son étendue seule nous empêche
€^^ citer in extenso. C'est une explication du symbolisme des attri-
l>uts que les artistes chargés de décorer l'égHse du Val-de-Grace
sivîtient choisis pour faire allusion à la vie et aux bienfaits d'Anne
d'Autriche.
Klle s'appelle : Les Hiéroglyphiques de Varcade de la grille de la
chapelle Sainte-Anne, se rapportant au sacrifice de la Messe.
l^e premier sous-titre a un rapport direct avec notre sujet : Le
cœur bindant sur un autel. Il annonce le développement d'idées
ple*,uses sur l'amour de la créature pour son Créateur : « Ce cœur
qui se consume par la flamme sur cet autel est une véritable image
de celuy qui assiste au sacritice de la Messe avec les dispositions
nécessaires. »
II est à peine besoin de faire remarquer que le vocable sous
lequel était consacré l'autel, dédié à sainte Anne, rappelle la per-
sonne de la reine; la suite va compléter cette allusion. L'arcade qui
^'^ être décrite est dédiée à saint Joachim et sainte Anne; au travers
^^ ces noms, on doit reconnaître Louis XIII et Anne d'Autriche.
A partir de ce moment, tout le développement mystique devient
lin éloge des vertus conjugales des deux saints patrons de l'autel.
Si Anne d'Autriche avait été l'épousa» adultère que nous décrivent
^^'^ins historiens, si même, un an à peine après la mort de son
l"^**!» elle avait abaissé sa fierté de reine et consenti à un amour
"Hcite, ou même à un mariage qui l'aurait placée au-dessous de
^ ^Hualion sociale, les allusions flatteuses seraient devenues d'inju-
''i'^uscis ironies. Or, d'une part, Anne d'Autriche savait à quoi s'en
enir sur ^ propre conduite, de l'autre, les supérieures du Val-de-
i^ce étaient, nous l'avons vu plus haut, absolument au courant
.^ tout ce qui avait couru en fait de mauvais bruits concernant
, ^'^ bienfaitrice. Donc, l'exégèse que nous avons sous les yeux, (|ui
j^^^Hf» certainement d'un aumônier ou d'une des religieuses h»s
^ ^^ intelligentes de la communauté, exégèse dont le soin avec
ÎÎH) IIHVIK «AUII.I.ON.
lequel elle a été copiée atleate qu'elle était conservée comme un» <
pièce ayant acquis la l'yveur des religieuses, cette tiluciibi-atior «
mystique qui compte 20 lagi^s de teste, était écrite dans l'iiilem
lion d'être agréable à l'organisalrice de celte élégante el pifiiff==s^
décopallon.
On y lisait ces mots qu'une irrégulière n'eût pu connalli-e sar-j
y voir un reproche :
Deuxième airtidc en l'Iuinnenv de saint Juacliim
el de minle Anne.
« La ligure d'un cube egalle de tous costez, la plus slahle i
toutes les tîgures, signilie l'homme de bien parlàitemcnt égjd »- ni
touttes les actions de sa vie, qui demeure Terme et constant : \ni
millieu de toutes les traverses du monde, qui ne s'inquielle iHjS^ttl
dans les afflictions et qui, de quelque costé qu'on le tourne, se
trouve tousjours dans la mesme assiette. C'estoit celle fennt:^^'lé
el celte constance que faisoil paruislre saint Joachim dans ===ws
plus grandes jieines el que le sculpteur a voulu encnr expriii^^ei-
[ar ces deux branches d'olivier qui entourent le cube..., »
u Le voille BLA^c slk dbux mains choisëes.
n II n'y a personne qui ne sache que deux mains croisées \'\x «e
dans l'autre signifient la fidélité, et que, pour l'aire voir ta caiulr- «"'
el la sincérité avec laquelle) doibvent vivre les époux, on les m«=^t-
loit autrefois soubs un voille blanc. »
« Deux coeutts joints ensemble.
a Gomme le cteur est le siège de l'amoui' ;iussy bien que **
principe de la vie, il n'est pas difficile de conjecturer que dt-«->'
cœurs unis ensemble ne peuvent signifier aulre chose que l'amc» •-■ ''
et l'union de deux personnes, amour si grande dans S' Joaclirm =■ •*
regard de S'" Anne, el de S'" Anne réciproquement envers S' Jt^>^'
cliini, qu'ils n'avoienl qu'um- mesme volonté et qu'un raes*3f"S
désir, scavoir de se rendre agréables â Dieu, el dignes de donr^ ^''
au monde celle qui devoil enfanter le Verbe divin. Celle ceintL' ''^M
qui entoure ces deux cœurs marque leur continence. » ■
Le parallélisme entre la vie de sainl Joacbim et de sainte An»"»*''**
el celle de Louis XIII el d'Anne d'Autriche, est marqué avec l» *^^
évidence qui lait de ce texte un vrai document. L'argument *^'*
faveur île la régularité des mœurs d'Anne d'Autrictie esl d'aul s.^ ■^' -
plus fort, que le programme di- la riécoralion avait été vu par eS *•
qu'elle avait consenti îi l'allusion, qu'elle avait encouragé el ps^ ~
LE COEIR d'aNNE D'AUTKICHE ET l'ABBAYK DU VAL-DE-GRACE. 251
uvre de l'artiste, et que la terminaison de tout l'ouvrage avait
jusqu'au dernier jour la préoccupation de sa vie.
Ces affirmations monumentales de fulélité conjugale, d'intégrité
ns l'existence, quelle femme aurait été Anne d'Autriche, si elle
> avait mensongèrement commandées, si elle les avait laissé
aligner par ses religieuses aimées?
La lecture de cette pièce, témoignage contemporain de l'intention
l'avaient eue les fondateurs du Val-de-Gràce, en créant les cha-
înes de Sainte-Anne et de Saint-Joachim, de manifester à la
)slérité la légitimité de la naissance de Louis XIV, témoignage
»rtout de l'adhésion que donnaient les religieuses à ces déclara-
3ns solennelles de fidélité conjugale, témoignage enfin d'une
Ihésion consentie en connaissance de cause, puisque l'écho des
:tuvais bruits était venu au Val-de-Grâce, tout ce langage monu-
enlal a contribué à former notre conviction.
Il n'est pas possible de taxer de mauvaise foi des gens qui par
Heurs menaient une vie exemplaire. Les moniales du Val-de-
•îjce n'ont rien fait pour qu'on charge leur mémoire du fardeau
in mensonge public, aussi impudent que l'aurait été cette glose,
liemment composée par une àme sainte, dans Laquelle celle-ci
Riiait la responsabilité de la pensée d'un sculpteur aux ordres de
reine-mère.
Là encore, pour rester fidèle îi la méthode que nous nous
"nnies imposé*?, nous sommes forcé de croire à la sincérité
n écrit contemporain, que rien ne nous autorise à considérer
ïirne renfermant des allusions mensongères.
IX
-es écrivains hostiles à la bonne renommée d'Anne d'Autriche
*riuent qu'elle avait fondé le Val-de-GrAce, qu'elle l'avait comblé
Sfîs bienfaits, pour se ménager une retraite périodique où elle
'^ aux approches des fêtes de l'Église, trouver moyen de conci-
« un attachement illicite avec le régulier accomplissement de
devoirs religieux, en se détachant momentanément de l'homme
^^, comme ces rois iLouis XIV et Louis XV) s'éloignaient de
•^s maîtresses à ces époques de l'année où la religion parle en
• v-eraine, et où le confesseur a tout empire, sauf à y revenir
^îtôt après .... » iLoisrlkih, Problèmes historiques, p. 71.)
S->2 HEVIiE HABILUIK.
Ou bien, ils tirent parlt de ce que Mazarin avait réussi à neutra
liser, ilans une certaine niiîsiire, l'iiitluence de sainl Vincent de Pai
sur l'espril de la reine, et que, devenu maître, ou ii [jeu firèf
d'inscrire qui bon lui seniblail sur la Teuille des bénétices et d
distribuer à son grë l'argent du trésor public, il avait Tait laire le
voix qui lui étaient hostiles dans les couvents Tréquenlés par Ann
d'Autriclie, et notamment celles qui prenaient leur inspiration a
Val-de-Grùce.
Nous reconnaissons qu'une telle accusation n'est pas neltemeii
Tormulée ; mais on la devine sous les mots; aussi n'Iiésitons-nou
pas a démontrer que, lorsque Mazarin était au pouvoir, il y aval
de longues années que la reine s'était intéressée à la constitution
au Taubourg I^Saint-Jacques, d'un grand couvent bénédictin di
Cemmes.
Le Val-de-tirAce n'a donc pas été construit pour servir d'aaili
à des conversions momentanées et précaires. Nous verrons qm
les dépenses de la construction des bâtiments étaient depui:
longtemps engagées, lorsque le premier ministre se trouva ei
situation d'y ajouter ou d'en retrancher quelque chose.
C'est en 1621, au printemps, que commencf-renl ofBciellemen
les démarches pour la réforme de l'abbaye du Val-Profond, silui
■A Bièvre-le-Clialel, et le transfert des religieuses dans le. couveii
du laubourg Saint-Jacques. La sœur Marguerite de Sainte-Gertrudi
d'Arbouze fut envoyée de Montmartre pour opérer la réforme e
le transfert.
Ce mot de réforme d'une abbaye a été généralement fort ma
compris. Beaucoup de personnes s'imaginent volontiers qu'il caclu
des désordres moraux de la dernière gravité. En ce qui concerm
l'abbaye du Val-Profond, les dépositions fiiites à l'enquête ordonné:
par l'oflicial au sujet de la demande de translation de Bièvr
à Pai'is, nous montreroiil que les motifs allégués dans la requiHi
étaient d'ordre purement administratif Le logement était devein
inhabitable, les bâtiments n'auraient pu être relevés qu'à la suite di
dépenses excédant les ressources de la communauté. Pour ne pa
allonger inutilement la citation, nous ne reproduirons que cim
dépositions : celle du délégué de l'oificial, celle de la supérieuif
celle il'une des sœurs, celle d'un voisin et celle d'un domestique ■
Elles sont amplement suffisantes pour donner une idée exacte 4"
la physionomie de cette affaire.
L
LE COEl'H D*ANNE D'ALTRICIIE ET i/aBBAYE DU VAL-DE-GRACE. 253
^^ Procès-verbal dans lequel est insérée la requeste présentée
à Mong"^ le cardinal de Retz, evesque de Paris, par les R''*' abbesse
et religieuses du couvent du Val-de-Gràce, touchant la translation
«ie \u dite abbaye, où sont contenues les dépositions, tant drs
R*-^ligieuses qu'autres tesmoings, pour montrer la nfiauvaise et
ciangereuse disposition des lieux.
PllOCÉS VERBAL.
L'an mil six cens vingt un, le mardy vingt septiesme jour d*apvril,
^ous, Pierre de Barthes, pbre, docteur en droit, officiai de Parys,
^t juge ordinaire, commissaire en cette partye, députté par
Monsieur de Pierrevive, chanoine et chancellier en l'Église et
Université de Paris, vicaire général de Monseigneur rill*"® et
Révérendisime card»^ de Retz, evesque de Parys, en suivant
rioslre commission et à l'effect du contenu de la requeste présentée
*^ mondit seigneur par les abbesse, religieuses et couvent du
Monastère du Val-de-Gràce, ordre de S*-Benoist, diocèse de
Parys aud. Monastère assistez de Messire Franc. Rivière, promoteur
^e Tofficialité de Paris, par nous pris pour adjoinct en cette partye,
^t clu greffier ordre de lad. officialité par nous pris pour greffier en
<^€ïste partye, où estant arrivez sur les dix a unze heures du matin,
^t descendus en la première cour se sont pntés M'' Feraige pbre,
cliapellain ordre et père confesseur des dites abbesse et reli-
gieuses qui nous avoit mené et conduit en une petite chapelle
^u -dessus du premier estage du corps d'hostel où sont logées lesd.
r'eligieuses, et ayant demandé aud. Feraige pourquoy il ne nous
*^voit menez en l'églize dud. Monastère, et s'il n'y avoit point
^'autre lieu que lad. chappelle ou oratoire pour fre le service
^ivin, il nous auroit dict que quant à pnt il n'y a point d'autre lieu
pour la célébration dud. service divin, que led. oratoire ou
chappelle, pour ce que l'ancienne église où auparavant se faisoit
*e service divin, estoit, c est à présent, et depuis y a longtemps
goutte ruynée, comme il nous a fait apparoir, estant entrez en
*c^lle où n'y a plus que les murailles, qui sont prestes à tomber,
^ti jQoyen des grandes eaux qui ordinairemt arrivent aud. lieu,
pont les traces et marques sont encore toutte apparentes jusques
? '^ hauteur du M^'"* autel, en sorte que lad. église apnt est du tout
inhabitable et en ruyne. Ce faict, nous serions acheminez assistez
^^nriïïie dict est, et dudict Feraige au parloir et grille de lad.
-abbaye, ou apprès avoir conféré avec lad. dame abbesse du
25i
lË ]I\nil,LON.
subjcct de notre arrivée ami. lieu, et sur le cuiitenu de la reo^^-eq*
nous aurions desd. dames abbesse et religieuses et des aiitr»-«,>trcs
personnes cy nprès nommées pris et receu singulièrement I» I k-s
dépositions qui ensuivent, tant sur le contenu delad. req" que s» ^ sur
autres faicts qui en résultent mis ;i cette tîft'ect tn nos mains p:*^ par
led- promoteur, et premièrement ensuit la teneur de iad.ï-equesl J.^-sIe,
« A Monseigneur rill"" revend'"" card"' de Retz, evesque de Par^' "vc^'^'s.
« Sœur Marguerite de Sainte-Gerlrude d'Arbouze, indigne abbess ^ ^sse
du Monastère du Val-de-Grâcc, et les religieuses d'iceluy, vo»«z.» dus
remonstrent très humblement que lad. abbaye et monastère ef* nsl
située en lieu désert et solitaire, sans voysius ny deffense. expir<i»«jsé
aux incursions et entreprises des personnes de mauvaise voIoik~s «rilé
avec de grands dangers sans résistance, ce qui les tient en conrc~aiJli-
nuelles craintes et allarmes qui trouble l'ordre et la discipline rég' '?^^u-
tiére, l'observancf de laquelle est quasi impossible en un estât -■"-•tsi
plein d'appi'éhension et que, sy c' estait vre bon plaisir de lets^*^eur
permettre de transférer lad. abbaye et monastère en b ville — et
fauxbourgs de Parys selon qu'il est porté par le concilie de TreiM'» 'Cte
pour les monastères de religieuses situez à la campagne, et p«^4 t'"''
mesme moyen leur permettre de convertir led. Monastère en maisr» ^^sf"
séculière et de la vendre avec ses appartenances et dépendance^^^»^-^^'*"
il seroil par ce moyen pourveu aux d. dangers et inconvéniens ■^ ""^
à l'observance régulière et meilleur establissement de In relïirraar» *^''^"
qui y est commencée et d'ailleurs elles en recevroîenl beaucoup l» *' "^^
commodité, d'autant que par le moyeii de lad. vente, elles poui m-^^^^'
roient recevoir une bonne somme de deniers suffisante pour acqu» «-• 1"*''
rlr le bien où elles seront eslablies et autres héritages et rente* ."~'^'^*
proches et commodes et de plus grand revenu que lad. maison «"■ • '"^
leur apporte. Joint que pensant retenir lad. maison, cela leur loui «J «^i"'"
neroil à très grande despence pour l'enlretenemenl el réparullotrs *^> ""^
ordinaires des baslimenls qui y sont en très-grande quantité, etqn-»f^'l'"'
les bois taillis, en quoy consiste une bonne parlye dudit revenu f *""■
seront à l'abandon et au pillage de tous les mauvois sujets, » " **'
réduits à néant, ain.sy que plusieurs droicts el rentes qu'elles o»*i> '*"'
aux environs, dont la perception leur serolt diHîcile el de plu'*'-;''"-''
grande deppense que de proffict. t'est pourquoy. Monseigneur, I» ' . '(^s
dites abbesse el Religieuses vous supplient très humblement lert» Êeiir
voulloir permettre de l'aire la iranslalion delad. Abbaye et ÎWonate «~ias-
lère en la ville ou fauxbourgs de Parys, el de convenir lad. mais<r:> son,
appartenances et dépendances à usage, icelle vendre el alién^'-^^ier,
pour en eslre les deniers employez tant en l'aquisition du bien
i
LE coKUR d'anne d'autkiche ET i/arbaye Dr val-de-(;kace. 200
tîlles seront establyes que d'autres héritages et revenu/ proches et
commodes pr le but et utiHté delad. Abbaye. Et les pauvres supp*«'
continueront de prier Dieu pour vre prospérité. Et faicte par S' M.
de s*' Gertrude d'Arbouze, indig. abb.; s^ Anne Ramboleaux;
s^ Mag"* Fournier; s*" Marie Boulley. »
a Avant que frê droict sur la prte requestre, il est ordonné que
Mons*^ Tofficial de Parys, assisté de Messire Frns Rivière, pbre,
promoteur, et de M* Charles Cenbal greflier,. se transporteront sur
\vs lieux pour les voir et visiter, recongnoislre les usages et fon-
(laôns estant en lad. abbaye, en quoy consiste le revenu d'icelle, et
(le tout dresser procez-verbal pour iceluy veus estre pourvu sur
lad. req*' ainsy que de raison. Faict à Parys le vendredy vingt
troisiesme apvril mil six cent vingt un par M' le vicaire gnâl de
mon <lit seign'" le cardinal de Retz evesque de Paris. Baudouyn. »
« Dudit jour vingt septiesme apvril mil six cens vingt un. Pour
Marguerite de Saincte-Gertrude d'Arbouze, abbesse du Monastère
du VaWe-Gràce, <agée de quarante ans ou environ, après serment
par elle faict sur ses vœux de dire vérité, enquise sur le contenu
delad. req** circonstances et dépendances d'icelle et faicts et articles
baillez de la part dud. promoteur :
« A dit qu'il y a ... ans qu'elle est religieuse professe de l'ordre
s' Benoist et abbesse dud. Monastère depuys vingt deux ans, depuys
lequel temps elle a esté constante à présenter sa dicte req'' pour
les causes y contenues par Tadvis de ses religieuses et encores pour
les incommodité/ qu'elle a recongnue aud. lieu, qui sont de grande
conséquence tant à la santé qu'à l'entretien desd. filles, parceque
la vérité est que l'humidité est sy grande aud. lieu, qu'on a esté
contraint d'abandonner le lieu où le service divin avoit accoustumé
de se faire et bastir un oratoire pour cet effect au premier estage,
d'autant que tous les ornemens pourrissoient incontinent et que
les autels ne pouvoient estre tenus couverts ny ornez sans la perte
des nappes, linges et autres ornemens que on y appliquoit, que on
trouvoit chansiz du soir au lendemain, mesme que le pain à chanter
se seroit ordinairement trouvé tellement humide, que on ne s'en
seroit pas pu servira la consécration le lendemain. Laquelle humi-
dité cause une grande quantité d'alïluxion et catherres auxd. reli-
gieuses, ayant elle exposante, ouy dire qu'il se seroit vu en certaines
années des religieuses parfois tellement malades, qu'elles seroient
tiories presque sans s'en apercevoir. Outre que les lieux réguliers,
'Omme le réfectoire, chappitre et les cloistres sont si catharreux,
qu'ils en sont devenuz ilépéris et inhabitables, bien ijue l'on y ail
faict lie granries despenses pour les enlreleiiir el mesme que tes
murs en sonl tous gastez el meiincifnl une prompte ruyne à cause
des grands esgouls el sources d'eau qui s'y Irouvent, el qu'outre
ce, led. lieu estant diisert de soy cl csloigué des voysins, elle esi
obligée d'envoyer querre à Parys loulles les nécessitez desd, reli-
gieuses, ce qui esl à grands Irais à ta maison el aussy qufi le^
personnes qu'elle a envoyées à Parys ont esté voilées par les
chemins comme a esté un serviteur de ladite maison nommé
Alexandre qui auroil esté voilé par les chemins et grandement
vexé el blessé de son corps par les volleurs qui luy avoient pris
une pièce de drap qu'il esluit allé quérir pour l'usage desdi^^
religieuses, el non-seulement que tesd. volleurs viennent ordio»''
rement autour île lad. abbaye; mais encore sontquelquefoisentT^
en la cour de lad. abbaye par les bresches qui sonl es clostuK^-
non-seulement durant les guerres dernières, mais en des sais*^***
assez paisibles comme celle d":'i présent, et oui lesdits volleurs W'
jusques à dix pièces de toille appartenant aud. Religieuses et c^îi^
chelté les coffres appartenant à des personnes reFTugiées dans ^^"-
abbaye durant lesd. années, laquelle closture ne se peut estas ^^'^
comme il appartient, à cause qu'il y a des ruisseaux qui pass
à travers les clos et closlures qui ne peuvent à cause du co*
des eaux estre bouschées, par le moyen desquelles ouvertures ï-?=^=^*'"
arrivez plusieurs inconvéniens, de sorte que par les dites ouyi^
tures, on peut transporter les meubles dehors et mesme peuv
parce moyen lesd. religieuses parler ;'i personnes extérieures as^^^^'^.''
facilemenl. à cause desquelles vaux et ravines les caves sont ui~* ""^ \
naiiemenl plaines el mesme que lad. maison a failly une rc^*"^î„
d'eslre submergée de sorte que les religieuses l'urenl contraintes
sortir el de se retirer chez leurs parens. Davantage que leur p^*
conlesseur est souvent entpescbé de se transporter de son loi*'
aud. Monastère encore qu'il soit assez proche, à cause de l'abcr::»-*
daiice des euux pour lesquelles incommodilez même pour le p*^ ^ ,
d'assuerance qu'il y a en lad. closture, lesd. Religieuses ont e».*^*" ^
contraintes en temps de guerre d'abandonner lad. abbaye el de *^
retirer chez leurs parens et aussi comme estant lad, abbaye •
tout liors des delTences.
« Dil en outre qu'il y a grande quantité de baslîmens, et fort p»*^^
de revenu en lad. maison pour les entretenir, ayant les lettres ^ ^
papiers esté pris et desrobez et quelque partye bruslez el 1» *
autres emmenez par les eaux et ravines, lequel tfeu on n'a pu Tacil^ *
ment esteindre ni avoir du secours des voysins nécessaire pour -^'^i'
sent
^'e"l
nr,*=3''^*^
^^on-
A
LE COEIR D'ANNE D'AITRICHE ET l'aBBAYE DU VAL-DE-GKACE. 2^7
subvenir pour estre lad. abbaye esloignée de toutte assistance des
voysins. Dict plus qu'à cause des dites incoramoditez led. Monastère
est fort peu peuplé de filles, à cause que leurs parens ne les y
veullent mettre à cause du péril cy dessus et aussy considéré que,
en cas de malladyes, elles sont contrainctes d'envoyer à Parys, n'y
ayant es lieux circonvoysins endroict où l'on puisse trouver les
remèdes convenables à leur santé ny médecin plus proche d'elles
que ceux de Parys. Pourcesd. inconvéniens et autres qui se peuvent
recongnoistre par l'inspection des lieux mesmes que les religieuses
ne peuvent sortir de leurs clostures sans estre apperçues de ceux
qui passent à cause des haultes montagnes qui les avoisinenl. Pour
raison de touttes lesquelles choses, elle auroit esté contraincte de
prnter lad. req** et supplyer Monseign' le cardinal de Retz de la
voulloir enthériner, qui est tout ce qu'elle a dict, et lecture a elle
faite de sa déposition, elle l'a signée. Ainsy signé. M. d'Arbouze
abbesse indig. »
La sœur Anne Rabotteau fit une déposition analogue, ainsi que
sœur Magdeleine Mournier, qui était religieuse professe depuis
cinq ans, et sœur Marie Boulley.
*
L'aumônier confirma les dépositions des sœurs.
« Du sixiesme May mil six cent vingt un.
» Vénérable et discrette personne Maistre Jacques Fesraige père
docteur en théologie de la faculté de Bordeaux, natif de Pescang,
diocèse de Coserans, aagé de quarante ans ou environ, tesmoin
produit de la partye des abbesse, religieuses et couvent du Val-de-
Gvàce au diocèse de Parys demanderesses en requestre à rencontre
(iu promoteur de l'ollicialité de Parys pour l'intérest publicq et de
Ustice. Apprès serment par loy faict de dire vérité, enquis tant
•ur les faicts contenus en lad. req^^ que sur les faicls qui en
ésuitent et autres mis en nos mains par le dict promoteur, a dict
[u'îl est père confesseur audict couvent du Val-de-Gràce dès y a
eux ans escheus le vingt-troisiesme mars dernier passé où il est
emeurant actuellement depuys led. temps. Et avoir recongneu
epuis qu'il y est que le lieu de ladite abbaye est fort dangereux pour
sire situé dans les boys et un vallon où il se commet d'ordinaire
orce volleryes, et que, par trois diverses fois, les volleurs sont
entrez en la basse-cour sur les unze à douze heures de nuict pour
roller ladite abbaye, laquelle eut été voilée et pillée sans les chiens
17
LE c(*:iR d'anne d'autriche et i/abbaye du val-de-(;kace. 259
*
* *
c< Alexandre Delaune, manouvrier baucheron et vigneron, demeu-
rant à Bièvres le Chaslel, aagé de cinq'** ans ou environ, tesmoing
produit de la partye de Tabbesse, religieuses et couvent du Val-de-
GrAce au diocèse de Parys, demanderesse en requeste à rencontre
du promoteur de Tofficialité de Parys, pour Tintérest public et dcj
justice. Après serment par luy faict de dire vérité, enquis tant sur
Ibs faicts contenus en ladite requeste que sur les faicts qui en
résu lient et autres mis en nos mains par led. promoteur. A dict
que, pour estre proche de l'abbaye de Val-de-Gràce, il a congnois-
sance desd. lieux et que lad. abbaye, a cause des ravines des
eaux, en est grandement ruinée et que Téglise et lieux régulliers
sont prêts à tomber a cause desd. eaux comme defaict la plus
grande partye des clostures de lad. abbaye sont tombées, et a cause
desd. eaux on a esté contrainct de quitter et abandonner Téglise
où se faisoit le service divin, et les autres lieux régulliers, pour ce
Que les eaux ont ruyné et gasté, en sorte que les religieuses ont
é^é nécessitées de faire un petit oratoire au-dessus du premier
estage pour faire le service divin, lequel lieu est encore tellement
l^umide, que tout ce que Ton y met en peu de temps est pourry et
cUansy, et sy à cause desd. eaux les lieux sont tellement humides
Que les religieuses et domestiques de lad. abbaye en sont bien
souvent mallades; que, outre ce, led. lieu est tellement désert et
^^stitué de tous secours, que bien souvent les volleurs se sont
efforcez d'entrer en lad. abbaye, pour la voiler, «à cause qu'elle
^'^st pas bien close ni fermée et sont presque tous les jours lesd.
volleurs autour de lad. abbaye pour la voiler et <lesrobber. Ce qu'ils
e^'ssenl faict deux ou trois foys, sans le laschement des chiens qui
^6 nuict sont au guet. Dict plus ledict exposant que lesd. reli-
gieuses sont tellement destituées de toutle assistance de voysins et
^^6 ce qu'il leur convient avoir pour leurs nécessitez, qu'elles sont
contrainctes d'envoyer à Paris quérir ce qu'il leur est nécessaire
soit vivres, linges ou draps pour leur f^ des habits et advient que
souvent ceux quelles y envoyent sont voilez, et desrobbez,
exceddez et blessez comme cela est arrivé à la personne du
J^ï^diriier de lad. abbaye, nommé Alexandre Boutet, qui fut voilé
^® tout ce qu'il apportoit, et laissé comme pour mort sur la place.
^^sorte qu'il en a pensé mourir et qu'il est encore tout estroppié.
'^t plus ledict exposant que s'il y a un volleur en tout le pays, il
^^t clordinaire à espier à voiler lad. maison avec autres meschans
S60
UFME HARII.I.OK.
le
garneraens et volleiirs, soldats et autres qui les accompagnent, ^^en
sorte que lesd, religieuses et leurs domestiques sont tous les jou^ is
en hazard d'estre desrobbez saos espérance de secuurs pour esK^ ^^
situer dans nu vallon, au milieu des bois accompagné de m<w— '^'
tagnes de toutes sortes, et sont lellemeni esclairez par les passan^K:^ s,
qu'on les voit partout dans leurs jardins lorsqu'elles y entreBT'^^t-
Et outre ce que les closturesde lad. abbaye sont tellemenl rujDé- -^^s
à cause des eaux qu'il y a de grandes bresches par lesquell ^r^^
on peut facilement porter à elles et leur bailler toute sorte ^^ f
lettres et paquets, encore qu'il y ait des grilles, lesquelles le pl^^t— 'S
souvent sont emportées par les ravines des eaui, lesquelles clo- -:^S"
tures il est impossible auxd. religieuses ny tous les autres bas^ — '"
mens de l'aire restablir en estât deub, à cause du peu de commodi
qu'elles ont, et quand le toul seroit bien reslably. il est irapossil^-
d'y demeurer en santé ny en sûreté; dict ledit esposHnt que \m
lieux sont sy subjects d'estre courus et fréquentez par les ge«
d'armes, que lesd. religieuses pendant les guerres, a cause de C"
ont esté contrainctes d'abandonner lad. abbaye pour se rérugia
chez leurs parents, laquelle abbaye a esté pillée durant lesd. guerre
deux ou troys Ibys et les pauvres filles demeurées pour ce qui
resloit en grande desolaôn et dans des nécessitez extresmes. Qi
est tout ce qu'il a dict. Et :i signé sa déposition qu'il a dict esti
véritable. Alexandre Delà une.
p Payé audicl exposant qui a requis sallaire, vingt sols lo'
Entin le blessé lui-même vint comparaître.
« Alexandre Boutet, jardinier de l'abbaye du Val-de-Griice, et ;
demeurant, y a deux ans au jour de s' Barnabbé prochain, aagé de
vingt six ans ou environ, tesmoin produict comme dessus. Appi-èë
serment par luy fiiict, de dire vérité, et requis sur le contenu de I»
susd. req" liiicts résultant d'iceJie et autres mis en nos mains par"
led. sieur promoteur pour l'intéresl du publicq et de justice. — "^
A dicl que depuys deux ans qu'il est demeurant en lad. abbaye^*^ "^^
il a recongneu et veu que lesd. religieuses souffrent de grande^-- "^^
incommodilez tant en leurs personnes que en leurs biens, et ce '~Z
tant à l'occasion des ruynes et ravajies des eaux que de louttes
parts et sourdent de dessoubz les fondements de lad. abbaye et
lieux réguliers qui a présent sont ou tout ruinez et abandonez
pour éviter aux accidents qui en peuvent arriver et que, pour les
ordinaires volleurs et mauvais garnemens qui de jour à autre
espient à voiler lad. abbaye comme defiiict elle eust esté volée et
desrobbée depuis qu'il y est plusieurs fois, n'eust été le jappement
LE COEUR n\\NNE d'aITTUïCIIE ET l'aBBAYE DU VAL-DE-GRACE. 2()i
t. advertissemeiit des chiens qui sont relaschez de nuict et
cielque peu de secours des domestiques de lad. abbaye qui y sont
tjrement. De plus que les d. lieux sont sy malsains à cause de
l^ur humidité et abondance des d. eaux et ravines, que les d.
i^^Iigieuses en sont ordinairement mallades et plaines de catharres
cette occasion d'estre constrainctes à cause ded. eaux, de quitter
t abandonner l'église et lieux régulliers et de faire t^ un oratoire
udessus au premier estage pour y P le service divin. Lequel est
ncore tellement humide que tout y chansit et pourrit en bref
^mps. Et bien qu'elles ayent faict plusieurs reparaôns des clostures
le lad. abbaye qui leur tournent à de grandes despenses, néant
oins les eaux y ont faict tel ravage qu'elles ont abattu et emporté
1 SI plus part mesrae jusques aux grilles par lesquelles grilles à
résenl on peut parler aux dites religieuses en temps secq et leur
1er telles lettres et paquets que bon semble, voire de la
rosseur d'un boisseau. Dict outre ce que les d. religieuses sont
vilement environnées de montagnes, qu'elles sont veues et
pperceues d'un chascun lorsqu'elles vont en leur jardin à leurs
ecraôns et tellement mal assurées de leur personnes et biens que,
cause de l'incursion des gens de guerre, toustes et quantes foys
u*il y en a que lesd. volleurs et gens ramassez de touttes parts et
e néant qui hantent lesd. vallées, elles sont nuict et jour en
rainte, comme de faict depuys quelques années ença lad. abbaye
cuydé estre voilée en plusieurs foys. Et sy sont lesd. religieuses
'tellement esloignées de leurs commoditez et nécessitez tant pour
l^s vivres que pour leurs vestemens et médicamens, et sy
esloignées de tout secours, qu'elles sont contrainctes de les envoyer
hercher à Parys par leurs domestiques, qui sont le plus souvent
ollez et desrobbez, battus et exceddez de leurs personnes au hazard
leur vye, comme cela est advenu en la personne dud. déposant
l cquel, revenant de Parys et apportant des draps pour le vestement
jDOur lesd. religieuses, et autres choses de leur nécessité, mesme
des provisions et vivres et médicamens pour elles, outre ce qu'il
vivait esté voilé, avait encore esté tellement excédé, haché, découpé
cJe coups d'épée par lesd. volleurs, qu'il en seroit demeuré comme
impotent et estroppié par les doigts et les autres partyes de son
corps, de quoy il a pensé mourir. Sy bien que lad. abbaye estant
oinsy en ruyne et degast, et les d. religieuses en hazard de leurs
personnes et biens, tant pour l'affluence des eaux que à cause
<3esd. volleurs pour cette incommodité il leur est du tout impossible
de plus demeurer, et aussy que leurs moyens ne sont suflfîsans
pour entretenir lesd. lieuz et y vivre commodément.
Qui est tout ce .... »
!263 REVUE MABILLON.
* *
I^e lecteur est à présent suffisamment convaincu, par la lectu
de cette pièce contradictoire et publique, que le transfert d
religieuses était une mesure nécessaire. C'est ainsi que le jug
l'autorité religieuse.
X
L'archevêque de Paris trouva bonnes les raisons qui avaient é
alléguées.
Nous avons retrouvé aux Archives nationales, carton L 103
le visa qu'il mit au pied des bulles obtenues en cour de Rome,
qui autorisaient la translation des religieuses et la sécularisatio
des biens situés à Bièvre-le-Chatel.
La pièce est en latin et accompagnée d'une traduction français
Nous les donnons toutes les deux.
Joannes Franciscus de Gondy, Dei et S^ Sedis âplicae grati
Parisiensis archiepiscopus ntri régis in suis status et sanctio
consiliis consiliarius ad capellam regiam magnusmagister. Universi
pntes Iras inspecluris Salutem in Domino. Notum facimus quo
visis per nos Indulto seu Lîis âplicis in forma brevis a S"*" in X?
pâtre et Duo nô Domino Gregorio divina providenlia papa decim
quinto et moderno, per abbatissam seu Priorissam et moniale
monasteri Loci de Valle gratite ordinis St' Benedicti Parisiensi
diœcesis super contirmaône translationis ejusdem monasterii pauci
ab hinc annis e diclo Monaslerio in loco campeslri, periculoso a
aeris insaluberrimi sito, et inundationibus exposito ad suburbis
civitatis Parisiensis, a defuncto bonae mémorise 111"*° et R"*** in Xp
pâtre et Domino Dno Henrico, miseratione divina S** R" E» Pbr^
Gard*' de Retz nuncupato, tune exislenti Parisiensi Epô, fratre ntô
servatis servandis, factaî, obtenta), datis Tusculi sub annui
Piscatoris die tri^esima septembris, anno Dni millesimosexcente
simo vigesimo secundo Pontificatus ejusdem S"" Dni ntri
anno secundo signatis S. Gard"" St**' Siizannœ, et supra plica
Hen. de la Plume. Nos Parisiensis Archiepûs, praefatus, hixic^
Translationis contîrmationi et Irârum Aplicârum desuper expe^ —
ditarum executioni, in quantum ad nos spectat et pertinel^
assentimus, consensumque nrum pariter et assensum pra»bemui^
LE COEIK D'ANNE D'AnilICHE Ef i/aBUAYE 1)1 VAL-DE-JWIACE. 2G3
priesentes, in quorum prsernissorum fidem et testimonium has
s Iras per magrum Joannem Baudouyn in Jure canonico
ntiatum, publicum auctorilale aplicâ curiioque archiepâlis
sien, nolarium juraturn et archiepâtus nri Parisien, secretarium
lariura tleri et signari, sigillisque camerj© nrjB fecimus et
mus appensione communiri. Datum Parisiis, anno Domini
îsimo sexcentesimo vigesimo tertio, dievigesima septiraa maij.
3 mandato praîfati R"" Dni mei Dni Parisiensis archiepiscopi,
louin.
SA DE W^ DE PaIIIS Dl X^ MAY 1()23.
an-Fran^'ois de Gondy par la grAce de Dieu et le Saint-Siège
tolique, archevesque de Paris, conseiller du Roy très chrestien
»es conseils d'Kstat et privé, grand raaistre de la chapelle
lie, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut en
re Seigneur; scavoir faisons que veues par nous Tlndult ou
"es apostoliques en forme de brevet par nostre Irès-saint-Père
)ieu, Grégoire, par la providence divine Pape quinziesme,
lés à Tusculum soubz Tînineau du pécheur le XXX" jour de
imbre, Tan de noslre Seigneur MVCXXII, Tan ij du ponti-
du mesme très-saint-Père le Pape, signées S. Cardinalis
Suzannae et sur le reply Hen. de la Plume, obtenues par
•esse ou prieure et religieuses du Val de GrAce, ordre de
t Benoist, diocèse de I*aris, touchant la confirmation de la
slation du dit monastère situé en lieu champestre et dangereux
i air malsain, exposé mesme au ravage des eaux aux faubourgs
'aris, faicte par feu de bonne mémoire Henry, par la miséri-
e de Dieu p*"** cardinal de la Sainte Église Romaine, surnommé
letz, nostrii frère, estant pour lors Evesque de Paris (gardées
îhoses qui se doivent garder), Nous, archevesque de Paris
ict, consentons et assenions par les présentes, autant que de
. est, et convient, à la contirmation de la dite translation et à
cution des lettres apostoliques sur ce expédiées. En foy de
• et témoignage nous avons fait signer icelles les présentes du
u de nostre chambre par M* Jean Baudouin licentié en droit
n par authorité apostolique et nottaire juré de lad. cour
iépiscopale de Paris et secrétaire ordinaire de nostre arche-
hé «le Paris. Donné audit Paris Tan de nostre Seigneur
i^jCXXiij. Le XXem*" de may. Soub le reply il y a, par le coin-
cement de mondict Tarchevesque de Paris. Signé Baudouin
paraphe,
diation faicte à son original estant en parchemin de faict
rendu par les noltaires gardes nolles du Roy nostre sire en ®*.
cliat. de Paris soubsignës le jour mil six cenl quiimnle il*^
likvi:f: MAitrLi.oN.
f Archives nationaies, h t03&- *
Toute cette procédure avait eu lieu à la suite des lettres pateti ^
de Louis XIII que nous avons Irouvéos 'également aux ArchiV^
nationales (L lU3(i).
Lettres patentes, février 1621.
Louis, par la grâce de Dieu roy de Fnince et de Navarre,
presens et advenir salul. Il est assez notoire de quelle recommai
dation sont pour toutes sortes de personnes les actions qi-
tendenl à la gloire de Dieu et à l'advanceraenl de son service^
Celles-là touttes Tois qui sortent des personnes plus illustres son
d'autant plus recommandables, que leur condition est plus êmi-
nente, spécialement lorsque ceux que Dieu a esleus aux dig
souveraines s'employent en œuvres de cette sorte dont la di
Majesté est beaucoup plus glorifiée et le proffît et edilicàon plus,
grande entre les peuples et les sujets, pour ce que les personnes
royales eslevêes au comble des prosperitez temporelles rendent par
ces actions de reconnaissance un singulier honneur à Dieu, aux
pieds duquel ils offrent par leur vénération touttela grandeur qu'ils
ont pour altlendre de lui la grâce et la bénédiclion en la conduite
et maniement de leurs Eslats. Et la Torce de ces exemples oblige les
sujects par une douce contrainte à l'imitation d'œuvres si héroïques
et à alTectionner la piété qu'ils voient tant estimée par leurs princt's.
C'est pourquoy. nous ayant esté représenté par la royne. nostre tr^s-
chère et irès-airaée compagne et espouse, que pour reconnoislre
anciennement les grandes grâces qu'elle a remues de Dieu,
procurerait volontiers que la discipline régulière et ancienne piété
l'usl reslablie dans tous les ordres, comme en celuy de Saint
Benoîsl auquel elle a particulière dévotion, et spécialement es
maisons des religieuses diceluy, la réformation desquelles a desjâ
pris un si grand progrès, qu'il faut espérer que le soin et alfectîo»
de celles qui s'y emploient estant Jiydé de nostre protection, nostre
roy""^ sera bientost délivré des inconvéniens et malheurs qui pro-
cèdent de ces désordres. Et d'autant plus que nous avons puis
naguère fait pourvoir de l'abbaye de ti" Dame du Val de Grâce,
distant de trois lieues de Paris, Soeur Marguerite d'Arbouse aupa-
ravant religieuse de l'abbaye de Montmartre, avec condition
expresse de restablir la régularité en ladite abbaye et la réformer
LK COKL'Ii d'aNNE d'aUTRICHE ET l'aBBAYE DU VAL-DE-GBACE. 205
entièrement. A quoy elle a déjà faict tel avancement, que nous
avons grande occasion de louer Dieu, et désirer la continuation et
perfection d'un si grand bien, et que ladite maison et abbaye est
située en un lieu désert et non habité d'autres voysins, exposée au
danger des incursions et mauvais desseins sans aucune deffence.
iVostre dite très chère et très aymée compagne et espousse nous
a fait entendre qu'elle désiroit suivant les constitutions ecclésias-
tiques faire transporter en cette ville de Paris ou aux faubourgs
ci*icelle ladite abbaye et les religieuses d'icelle, leur acquérir une
place, et y fonder et faire construire un monastère avec l'Église,
bastimens et offices nécessaires pour iceluy, si c'estoit notre bon
plaisir de le luy permettre. Scavoir faisons qu'inclinant libéralement
à hi supplicaôn de nostre très chère et très aymée compagne et
^spouze, et de nostre grùce spécialle, pleine puissance et autorité
royalle, par ces présentes signées de nostre main Nous luy avons
Pï'oinis et promettons d'ériger ou faire ériger, fonder et arrenter en
cetie^ ville de Paris, ou aux faubourgs d'icelle, du consentement de
nostre très cher et bien aymé cousin le cardinal de Retz, évesque
de I>aris, faire bastir et édifier ledit monastère et abbaye, et y faire
^ï*îinsporter les dites religieuses, abbesse et couvent de N'^ Dame
^^ Val de Grâce. Voulons et nous plaist ladite abbaye estre dite
l^niatî et estimée de fondaôn royalle, et qu'elle jouisse de tous et
^hi^oun des droits et privilèges dont jouissent les autres maisons
^^ familles religieuses fondées par les roys nos prédécesseurs et
*^ous. Laquelle dès à présent, avec tous les biens, droits, rentes,
^^Venus et héritages qui luy appartiendront cy après, nous avons
^^is et mis, prenons et mettons, en notre sauvegarde spéciale,
^^fendons à touttes personnes de quelque degré, qualité ou condi-
^^n qu'elles soyent, de donner empeschement u leur fondation et
'^ ^rentement de ladite abbaye et constructions des lieux quy seront
^^cessaires sous quelque couleur, prétexte ou occasion que ce soit.
^t donnons en mandement à nos amés et féaux les gens tenans
^^Ire Cour de parlement de Paris, prévost duditlieu, ou son lieute-
nant et tous autres nos juges et officiers qu'il appartiendra, que
Ats prentes ils facent lire, publier et enregistrer et contenu en
illes, jouir et user lesdites nbbesse, religieuses et couvent,
essans et faisans cesser tous troubles et empêchement au con-
traire. Car tel est notre plaisir. Et aftn que ce soit chose ferme et
Stable à tous jours, nous avons faict mettre n"^* scel a ces dites
t^atentes sauf en autre chose notre droit et celuy d'autruy en toutes.
Donné à Paris, au moys de febvrier.
L'an de grâce mil six cent vingt un, de nostre règne le unziesme.
Louis.
mo
lIRVIlt: HAilILLON.
Regislrées ouy le procureur général du Roy pour jouir par les
Irapétrans de l'eslul du contenu en icelles ii l'arresl de ce jour.
A Paris, en Parlement, le vingt sixiesme juin mil six cent vingt
quatn.'.
1)1 Tn.i-F.T
Par le Roy,
De Lomëmk.
Ces lettres patentes étaient la confirmation, l'homologation en
quelque sorte, de celles dans lesquelles Anne d'Autriche nous
révèle son intention. D'après la lecture de l'exposé des molirs, il
est aisé de comprendre que l'on trouvait, dans le monde des
couvents zélés, un seul conresseur insuffisant pour l'avancemenl
spirituel de la communauté, et qu'on voulait mettre les Religieuses
en « fôcille communiquaôn avec les personnes doctes, vertueuses
et dévoies, dont il y a bon nombre en la dite ville » (Paris). Mais il
est utile de citer la pièce tout entière.
Ai-ch. nai.. L 1030.
Anne, par la grâce de Dieu royiie de France el de fiax-arre
à tous pns et à venir saint. 11 n'y a rien en quoy ceux que Dîei^
a esleus aux plus grandes dîgnilez et à la souveraineté puîsseo^
rendre plus d'hommage à sa Divine Majesté ny recoognoislr^
davantage les hiens qu'ils en ont rpceus, qu'à s'employer à ce qu^
l'honneur deu a celte M" divine lui soit rendu, el qu'elle soi
honorée par la sainleté et pureté de vye de plusieurs personnes
c'est pourquoy nous avons en singulière recommandaôn, de ftvo
riser tous ceux el celles qui s'adonneiU ii la piélé, niesmes 1er
religieux el religieuses qui s'employent ii la réformation de leu
ordre. C'est d'autanl quH puis naguères, nre clière el bien aimé
siBur Marguerite d'Arbouze, dicte de Saincle Gerlrude, cy devaic
religieuse de l'abbaye de Montmartre, a esté à la nomination d
roy nre très-honoré seigneur et espoux, pourveue de l'abbaye <■
N"-Dame du Val-de-Gnice, îi la réformation de laquelle elle
procédé avec si grande assistance de Dieu qu'elle y est establie^
gardée purement, el ny reste rien à désirer, que de luy donrn-*
moyen rie la pouvoir maintenir el affermir afHn que l'observaiio
il la pratique continue la puisse habituer el renrire plus durabl--
mais d'aullanl que lad. abbaye est située en lieu solilaire. expo^
I
■ il
LE COEUR d'aNNE D'aUTRICHE ET i/aBBAYE DU VAL-DE-GRACE. 267
ux dangers des incursions et autres accidens auxquels une maison
e filles située en lieu désert et sans voysins est exposée, nous
vons estimé, suivant les constituons canoniques, qu'il était néces-
aire de transporter lad. abbaye en cette ville de Paris, ou aux
jubourgs d'icelle, affin que la seureté du lieu, et la facille commu-
iquaôn avec les personnes doctes, vertueuses et dévotes dont il y
bon nombre en ladite ville, lad. Reformaôn se puisse accroistre
t establir en sa vraye perfection, a quoy nous avons désiré de nous
mployer à le procurer par des moyens qui seront en n'*» puissance,
e qu'ayant faict entendre au Roy nre d. seigneur et espoux, il a
pprouvé cette n" volonté et intention, et voullu qu'elle soit effec-
jée, et que lad. abbaye ainsy transférée soit tenue et réputée de
)nda5n royalle, pour jouir par lad. abbesse et religieuse, de tous
is droicts, franchizes et privillèges, dont les maisons fondées par
îs Roys ont accoustumé de jouir, comme il est plus au long
ontenu aux lettres patentes sur ce expédiées au moys de février
ernier en conséquence desquelles et du consentement sur ce
onné par n" très cher et bien-aimé cousin le cardinal de Retz,
vesque de Paris, affin de rendre par cette action, quelque marque
e recongnoissance des grâces que nous avons receues de Dieu,
t à ce qu'il luy plaise aussy de conserver en longue vie et heureuse
prospérité la personne et le règne du Roy n" seigneur et espoux.
îous à ces causes, et autres à ce nous mouvans, de n™ pure,
ranche et libéralle volonté, nous sommes constituez et constituons
ar ces prntes signées de n'« main, fondatrice de lad. abbaye de
['•-Dame du Val-de-Grâce, transférée à Paris, pour estre icelle
difiée et construite aux faubourgs SWacques au lieu dict le séjour
e Valois aûment le petit Rourbon, pour y estre faict la construction
le l'église et édifices nécessaires pour la conversion dud. lieu en
me abbaye et monastère, soubs le mesme nom de N^'-Dame du
Tal-de-Gràce, en besoing de quoy nous avons fait mettre n" scel
L cesd. pntes.
Donné à Paris le quatriesme jour de Mars, Tan de grâce mil six
:ens vingt ung (4 mars 1621).
Anne.
Par la Royne,
Lepecq.
*
Anne d'Autriche et Louis XI II rivalisèrent de générosité et de
^ons procédés en ce qui concernait la nouvelle abbaye. Louis XIII,
en 1636, chargea son gar(ie des sceaux de remplir an nom de b
supérieure, les Tormalilés de l'homniagf li'odal dû par If bien dit
riiotel de Valois, alias le séjour de Valois ou ie Pelil-Rourbon, où
s'élaient inslallées les religieuses.
Afch. tuit., I, 1036.
Foy et hommage.
Louis ....
Savoir faisons que ... ie sieur de Marillac, conseiller en nos
conseil d'Estal el privé, et maistre des i-equestes onlioaires de
nostre hostel. comme procureur suflisamment Ibndé de lettres de
ppocuraôn dont il a Cail apparoitre de sœur Marguerite li'Arbouze,
abbesse de l'abbaye et monastère Royal de Noslre-Dame t!u Val-
de-Gràce. ordre de Saint Benoist, diocèse <1e Paris, tant pour elle
que pour les religieuses dud. couvent a Taict aujourd'huy es mains
de nostre irès-clier el féal le sieur du Vair, evesque el comte de
Lizieux, garde des sceaux de France, les foy et hommage que
laditte dame Abbesse estoit tenue nous faire pour raison de l'hoslel
et fief de Vallois Autrement riict le séjour de Bourbon, ses appar-
tenances el dépendances, sciz au faubourg Saint-Jacques de nôtre
ville de Paris tenue et mouvant de nous, à cause de nostre grosse
lour du Louvre, et par elle acquis de maistre Guillaume Chappe—
lain. seign'' de Freleseau, et de damoiselle Simonne Chappelaîn, sa
sœur, es noms, portés par le contract de ce faict et passé, aux-
quelles foy et hommage nous avons re^u el recevons led. sieur d^
Marillac audit nom, sauf nostre droict el l'aulruy. Si vous mandons-
el à chascun de vous comme il appartient, que si pour cause des —
dits foy et hommage à nous non l^ilte et droits non payés, ledit:-
hostel de Vallois. ses appartenances el dépendances sonl el estoient
pour ce pris, saisis el arreslez, ou autrement erapescliés, que vous?-
ayez à les remettre incontinent el sans delay au premier estât et-
deub à la charge de bailler par lad. dame abbesse, son adveu eS-
dénombrement dans te temps prdtlx, sans pour ce payer aucuis
droicts, desquels nous luy avons falct don par autres nos lettres-
Car tel est nostre piaisir. Donné au camp devant S' Jean d'Angély»
le dix-neufiesme jonr de juin, l'an de gr:\ce mil six cent vingt ui»
et de nostre règne le douziesme. Ainsi signé par le roi, Lamy, avet
paraphe et scellé du grand sceau en cire- jaune,
Collatlonné à l'original estant en parchemin, et fut faict rendu»
par les nottaires au Chatelel de Paris soubssignez. L'an mil sit
cent trente six le neufiesme de juillet.
Nourry. Saulmest
LE C(*:iR d'anne d'autriche et l'abbaye Dr val-de-(;haoe. 209
La reine, de son côté, fournissait sur sa cassette particulière les
1000 livres nécessaires au paiement de l'acquisition.
Arch. nat., L 1036.
Brevet et acquit patentes du 16 septenibre 1621.
Aujourd'huy seiziesme jour de septembre mil six cent vingt et un
^ ^-* Reyne estant à Moissac, et estant par cy devant constituée Ibn-
^1 îUrice de l'abbaye de Notre-Dame du Val-de-Gràce, reff'ormée et
t- «[^ansférée au faubourg Saint-Jacques de Paris, au lieu dit le séjour
^J- € Vallois, autrement le petit Bourbon, et autres places nécessaires
t. ^uit pour le logement et claustures des dites religieuses que pour
1 ^ur Église soient acheptées et basties ainsy qu'il convient à cest
ffect, sa Majesté en faveur de la susdite fondation, leur a faict don
e la somme de trente six mil livres, à prendre sur les deniers
^-extraordinaires, à condition que ladite somme de trente six mil
1 ivres sera employée à l'achapt et bastiment susdit. En tesmoing
<3e quoy sa dite Ma'* m'a commandé leur en expédier le présent
fcrevet qu'elle a signé de sa main et iceluy faict contresigner par
m^ioy son conseiller et secrétaire de ses commandemens et finances.
Signé Anne, et plus bas Le Pecq.
*
Ordonnance de la Reyne du 26 mars 1625.
Anne, par la grâce de Dieu, Reyne de France et de Nevers, à
Tiostre amé et féal cons*''^ et trésorier général de nostre maison et
finances, M® François d'Argouges, Nous voulons et vous mandons
que des deniers extraordinaires de vostre charge de l'année der-
nière, mesme de ceux à nous accordez par le Roy nostre très
honoré seigneur pour le payement de nos dettes, vous payez et
délivriez comptant aux religieuses et abbesse du couvent de Tab-
baye de Nostre Dame du Val-de-GrAce, de présent refformée et
transférée au faubourg Saint-Jacques lez-Paris, la somme de trente
six mil livres, de laquelle nous leur avons cy devant faict don par
nostre brevet du seiziesme septembre MVjCXXI, dont coppie colla-
tionnée à l'original est cy attachée soubz nostre contrescel, en
considération de ce que nous nous sommes rendue fondatrice de
ladite abbaye; et pour leur donner moyen de faire l'achat tant de
la maison et hostel dit le séjour des Vallois autrement petit
Bourbon, sciz audîct l^ubouig Saint-Jacques, oii elles sont de pri
sent que autres places pour l'aire le corps de l'église de ladîtel
abbayo et autres bastimens d'icelle, el rapportant par vous la pré-l
sente avec quittance desdites religieuses et abbesse sera .suffisante,f
latlite somme de xxxvj ml. Et sera passée el allouée en la de
de vus comptes par nos irès-chers et lëaux el bien améz les eeni\
de comptes du Roy nostre très-honoré seigneur qne prions, eti
auxquels néansmoins mandons ainsi le Taire sans diffîcuUt^. Car tal I
est nostre plaisir. Donné à Paris le xxvj' jour de mars l'an de grâce
1f)2ïï. Signé : Anne, el plus has, par la Reyne, Legros. et scellé.
Je. François d'Argouges, eon" et trésorier général de la maison
de la Reyne, certilBe avoir en ma main les originaux des brevets et
acquits patents de sa Majesté, dont coppie est cy dessus transcriple 'I
montant à la somme de trente six mil livres, sur laquelle j'ay sein fl
lement payé la somme de dix tiuict mil livres, et quand au surplus n
montant à pareille somme de dix tiuict mil livres je certiflie n'en
avoir payé aucune chose. Faict à Paris ce vingt quatriesme jour
d'apvrd mil six cent vingt cinq. Signé d'Argouges avec paraphe,
Collationné a son original estant en parchemin par moy nottairb J
garde nottes du Roy nostre sire, en son chastelet de Paris soubi
le cinquiesme jour de Juillet mil six cent quarante neur.
A. Bourel. E. Bouret.
XI
L'attrait que le Val-de-Grâce exerçait sur Anne d'Autriche aug- <
menla considérablement lorsque, devenue enceinte, la dévote prin- I
cesse accoucha de Louis XIV.
Quelle fut au juste la liaison entre le monastère préféré de 11 '
reine, et le vœu par lequel les époux royaux dédièrent à la sainte
Vierge leur royaume tout entier, nous n'avons trouvé aucune pièce
qui nous renseigne sur ce point particulier. On peut être assuré- que
ce projet provoqua parmi les religieuses du Val-de-Grâce des applau-
dissements unanimes. Ce qui est certain, c'est que, après la nais^A
sauce de Louis XIV. Anne d'Autriche conçut des plans tout nouveaux.*
pour augmenter les constructions dont elle avait posé la premièrç
pierre le 3 juillet 1624 ^ Il est permis de supposer que la rcioi
1 KhM DE Reiitiia?<d ne ^£V\R(m. Notice tvr lu MonasUrr du Vat-d-f-6ràc*
el Ruprich Hubert, le Val-de-Ordee, Aûtoire fl deicriptioti.
LE COKIR D'aNNE P'ArTHICHE ET i/aBBAYE Dl VAL-DE-CRACE. 27i
voulut faire une manifestation religieuse parallèle à la déclaration
'/u souverain, lorsque celui-ci consacra son royaume à la très
sainte Vierge.
I^fj 21 février 1045, furent commencées les fouilles pour la
construction de l'église, première partie d'un programme de ivn-
v'ocjx qui, sous la direction de Mansart, puis de Lemercier, de
L^rnuet et de Gabriel Leduc, durèrent une vingtaine d'années.
I-.' intention principale de la reine paraît avoir été la proclamation
f>t.i hlique et solennelle de sa reconnaissance envers Dieu pour la
'ï** i^^sance de son fils. L'autel principal était consacré à la Nativité.
rS'ous avons déjà vu que la décoration des autels latéraux était
»'€^ M^n plie d'allusions à la vie conjugale d'Anne d'Autriche.
I ^'inscription que l'on peut lire encore sur la frise du fronton
''^ t-* — € lessus de l'entrée exprime encore la même pensée. On y lit, en
t" fTti t, cette plirase, hérétique si on la prend au pied de la lettre :
JeSU NASCENTI VIHGINIQUE MATHI.
^^^ï. l'abbé de Beuvron fait remarquer avec beaucoup de raison
*I •^ > "* i 1 aurait fallu écrire :
jESr NASCENTI SUR INVOCATIONE VIR<;iNlS MATRIS.
^^uoi qu'il en soit, c'était la naissance de Louis XIV qui motivait
'^^ ci^onstruction du temple et l'inscription apposée sur la façade,
ï-^a médaille enfermée dans les fondations lors de la pose de la
^**"^ — inière pierre accentuait l'intention. On y lisait :
Anna Dei <;ratia Francorum Navarr.^^: recîina regens
Mater Ludovici XIV Dei gratia
FrANCI.* et NaVARR/E RECilS christianissimi.
^A au revers :
Ob GRATIAN dit DESmERATI REGII ET SECINDI PARTIS.
La même pensée avait été exprimée par François Anguier dans
^ groupe du grand autel, représentant la Nativité. Ce groupe, main-
^^riant à saint Roch, remplacé par une copie, était placé sous un
^«ildaquin dans le genre nouvellement mis à la mode par le Bernin,
^Vec dorures et colonnes torses en marbre. Ce baldaquin, par les
attributs dont il était orné, devait symboliser l'étable dans laquelle
^Uiit né Noire-Seigneur.
273 iiKvrK i!.Miii.i.o?i.
L'enrant Jésus dormait sur les genoux de sa mère, autre altui
à la régence proteclricc du repos de Louis XIV enfant.
La coupole, l'un des chers-d'œuvre de la peinture dëcoralivf
l'raticaise, le morceau le plus important t'xécuté en France au courl
du xvir siècle, est due à Pierre Mignard. L'artiste figure, sur CBtUJ
énorme surface, Anne d'Autriche présenlanl à Dieu sa couroaiM
et le temple qu'elle venait d'ériger. C'est son œuvre tout entiènfi
que symbolisait celui-ci. Elle voulait que ce monument el tous s
détails transmissent à la postérité le souvenir de toute son existence J
Les troubles de la Fronde avaient interrompu les travauxa
lorsque la régente fut enfin victorieuse de ses ennemis et I
calme rétabli dans le royaume, elle put les faire reprendre;
voulut conserver le souvenir de ses inquii'tudes et de sa victoirel
Quinet, l'intendant des inscriptions des édiBces royaux, compt
l'inscription suivante :
Anna Alstru, Dei «batia Phancohuii rrcina. hecnique RiiTTRii^
Cl'l SlllUBCtT DkUS nXNF.S tlOSTRS, l!T CQNnEREIT noHliM IN NOMINR SrO'^
AsNo MDCL.
On remarquera l'intention contenue dans celle phrase : laj
régente semble dire que les victoires qu'elle a remportées sui
ses ennemis du dehors et du dedans, lui ont été accordées par l
Providence, pour qu'elle construise un temple en l'honneur dd
Dieu : domum in iwtnine sua.
Ëvidemment, dans l'esprit d'Anne d'Autriche, cette fondation dd
Val-de-Grâce était son œuvre capitale, celle à laquelle,
contentant pas d'y penser lorsque les afTaires lui laissaient u
de répit, elle rapportait tous les événements.
(A guivi'ej.
L
Première année. — N" 4.
PlhllIKK 19i)«.=l
ARCHIVES
DE LA FRANCE MONASTIQUE
REVUE MABILLON'
I
«HinnAinc :
Dorn He.sst. - M-HuiJiies iriiiwuire iiiu[]',i»iii|iii' . .... î'a
u. iitiLuiT. — Le rmur irAiiiie d'Auirifllie ot l'Alihaye il» VhMIc
lïrrtcc ttuite) ao7
A. I., — l.'nca)cni!Hordcl'Hltl<ayc'lr Kijntpni'llc rtil
c;hroiiliiue hibliOfe-ruTihi'iiii' -M
Kililintirapliif .... 'TJ
TsWe Jp» ^l^t^^■l'e^. . . ... .iTi,
PAHIS
Librairie Veuve Ch. POUSSIEUGUE
a. nUB CABSCTTC
ratlMlPir
nais les procnaiDs mms :
Doui Berijère : Correspondances bénédictines.
L. JÉRÔME : Quelques correspondants bénédictins de ta Congru 1
tçation de Saint-Vanne.
Id. Les derniers chapitres généraux des Bénétlictins de|
Saint-Vanne de 1768 à 1789.
Hyrvoix de Landoslk : Un agent de la Coiigi-égalioii de Saint- 1
Matir auprès de la Cour de Borne, Doni de Vie- 1
Langlois : Maniisrriis des mii'aelea de N.-D. de Chartres.
Doui Yves Laubent : Les réformes monastiques de S^iint-I
Gernuiin-des-Prés au xvi» siècle.
Levili-ais : Notes sur l'abbaye de Conques.
Martin : Livres liturgiques de l'Ordre de Cluny.
Vanel : Balnze, prieur de Taluyers.
Déflnilione des Chapitres généraux de l'Ordre de Cluny.
Tout ce qui concerne la direction de la Revue Mabilloo,
doit être adreesé au H.. P. Bom J.-M. BESSE, Béné-
dictin de l'abbaye de Ligrugé, à Chevetogue, par Leignon,
province de Nemur (Belgique).
MEUN6ES D'HISTOIRE MONASTIQUE
Notes mwÈV le collée de Sainl-Jférônie de Dôle
Othon IV, comte de Bourgogne, avait érigé une université dans
la ville de Gray vers la fin du treizième siècle. Le comte Phili|)pe
le Bon sollicita du pape Martin V l'autorisation de la transférer
à Dôle. Ce qui lui tut accordé i)ar bulle du 12 octobre 1421.
L'archevêque de Besançon en devint le chancelier-né et eut à ce
titre la mission de lui assurer la jouissance de ses privilèges.
Philippe prit cette institution sous sa sauvegarde sj)éciale, pour lui
donner un témoignage éclatant de sa bienveillance (1424), il exo-
néra ses membres des charges et contributions publiques. Eugène IV
compléta l'enseignement qu'on y donnait par Térection d'une faculté
de théologie (1497).
Dotée de tous ses organes, l'université de Dôle prit un rapide
essor, malgré la suspension momentanée des cours que rendit
nécessaire la destruction de la ville par les armées de Louis XI
(1479-1490). Elle eut des maîtres éminents autour desquels se
réunissait une jeunesse nombreuse, venue de la Bourgogne, de
la Suisse et des Pays-Bas. l^es monastères établis dans la contrée
voulurent contribuer pour leur part au développement des études,
qui fut la conséquence de ce succès. Les Cisterci(*ns ouvrirent à
Dôle un collège destiné aux jeunes religieux de» leur ordre qui
suivaient les cours. Les Bénédictins de Cluny, (]ui possédaient
dans cette province plusieurs maisons llorissantes *, furent les
1 MouUer, Vaucluse. (IhAtcuu-Salins, Morteau. Vaux, l.ons-te-Saiinior. DrNOD,
Histoire de l'église, ville et diocèse de Besancon, Hesanvon, I7o0, in-i, II,
p. 136-178.
16
27 i
■:V|iE MABILI-ON.
premiers à comprendre les avantages que Ihup oifraît ce ceii*-re
d'études géiiéraies. L'un d'entre eux, Antoine de la Roche, se
signala par de nombreux services rendus à l'université et pus é*- u-
diants. Nri à Poligny, il entra dans l'ordre de Cluny après avoir
reçu une sérieuse formation littéraire. Il habitait le prieuré de
Vaux >, lorsqu'on lui contia la chaire du droit canonique; à ijk^ ne
science étendue et profonde, le nouveau professeur joignait un ^rt
|)eu commun d'enseigner. Aussi voyait-on les auditeurs aRlue^^" à
ses cours, au point que la salle où il les donnait ne pouvait tous 3i'5
contenir. Les qualités éminentes qu'il déployait par ailleurs, l**
désignaient pour de plus hautes Jonctions. Jacques d'Amboi se.
abbé de Cluny, le nomma grand-prieur de cette abbaye. Il r^ »'■
plissait cette fonction en l'année 1486. Les moines de la CliarS- ié-
sur-Loire le choisirent comme prieur en 1494 *. Il avait enclore
reçu le prieuré de Morteau *.
Au lieu de satisfaire l'amour du luxe et du bien-être avec3 l^s
revenus attachés aux fonctions qui lui étaient confiées, suivant «-■ne
coutume abusive assez généralement réjjandue parmi les moi^^^s
de cette époque, Antoine de la Roche resta fidèle observateur" <!("
la pauvreté religieuse. Sans s'approprier quoi que ce soit, il c*^"-
sacra toutes ses ressources à des œuvres pies. La ville et l'i» *''
versité de Dôie bénéficièrent très largement de sa générosité, qu^ ""^
on dut réparer ies ruines causée par l'incendie et la guerre. Le 1*^^''^
de la Roche fut l'un des principaux ouvriers de cette reslaurati*^"-
Il s'attacha surtout au rétablissement de l'université. Le zèle e*- '" '
dévouement dont il fil preuve en cette circonstance furent t^''**
qu'on peut donner cette reconstitution comme son oeuvre prop *^-
C'est alors qu'il entreprit la fondation d'un collège pour les jeu*^^
religieux clunistes. Cette maison, placée sous le jHitronage de&^""
Jérôme, était destinée a douze moines profès de l'ordre de ClU *^^'
qui suivraient les cours de l'université. Dans la pensée du fondai^ ■^'^"
ils iraient, après de fortes études, reprendre leur place parmi '^
religieux de leurs monastères respectifs. L'ordre aurait ainsi *-*^
hommes d'élite capables de remplir les charges im))ortantes '**- JM
I Ce |>rieurf, sHai dans le voisinage (te Poii(^y. pouvait recevoir xehe *
gieii*. le prieur compris ( 13231. Cntalogm nbbnliamin, priera tuum el étreitnal'*'
midiate et immédiate aiialite itu monaslerio Clunianemi nubdiloruM, <•*
Bibliolhtea Clumacentû, 17il.
« aalUa chriitiana. IV (Paris. 1870). I
^ Arr. de Ponlarlier, Doubs.
-10 LtiiniocrrHr suuiaiornm, "'^^^^h
MI^LANIiES riHlSTOiHK MONASPiOUE.
273
uUlemenl l'Église. Les qualités morales des éludianls préoc-
jnpaient Dom Antoint; de la Roclie plus encore que leurs apliludes
kteltectueiles. Il les voulait en tout fidèles observateurs de la
sle, ennemis de tout Taste extérieur et décidés à une pratique
* icte du vœu de pauvreté; la simple acceptation d'un bénélice
lit un molil' d'exclusion. I>ës établissements de cette nature ne
luvaient être soumis aux règles communes de l'ordre; on leur
nait des statuts particuliers qui adaptaient aux besoins d'une
d'étude les observances monastiiiues. Le collège de Saint-
iRie reçut les siens de son fondateur lui-même. Il avait â sa
un recteur ou principal (primarius), nommé par le grand-
lur de Cluny avec l'assentiment du conseil des anciens. On se
isait sur lui du soin de veiller au maintien de la discipline et à
iservation des statuts.
,Dom Antoine de la Rocbe voulut avoir un collège digne de la
Luation exceptionnelle de son ordre en Bourgogne et en France.
Église et les édifices claustraux lurent construits sur un plan
te vaste et avec un soin jaloux. Rien ne fut épargné. On
«vait parler de la raunilicence royale du généreux l'onda-
or. La ville ne possédait pas de demeure comparable. Aussi
JDisit-on le collège de Saint-Jérôme pour la résidence des princes
des grands personnnages qui honoraient Dole d'une visite.
ITchiduc Pbilippe, petit-fils de Charles le Téméraire et père de
iarles-Quinl, l'ut le plus illustre des hôtes du monastère. Les
mtes de Nassau et les princes de Chalon y reçurent l'hospitalité.
lis Lard, un archevêque de Besancon, qui avait lait ses études
l'université de Dole, Claude de la Baume (nommé en 1.^43),
logea avec toute sa suite, dans laquelle 0!i remarquait, outre son
r» Pran^'^is, Antoine Lulle, philologue, t'.anonistt!, philosophe et
(oiogien distingué, professeur à Dôle, dont il til son vicaire
léral, après l'avoir eu pour maître '.
Lns maîtres et les étudiants de Saint-Jérôme se tirent bientôt des
ïs influents et dévoués. Ce l'ut d'abord le célèbre chancelier
l On conservH diins le collège le souvenir île LiiUe h l'aube M sm i^nmiie
Utalion. 11 était en relations épislol a ires avec Era.siuii-i il".i:!ii'. l.i;-ii.,]iisii's
Ëbret. On lui doit ■ Progymnatmata rhetorira. ILiS i ■! nrM,
1Ï73, in-8; BniiKi mof/ni du eteereitatione s''"'" ■''-'"'
>, tWIe. IS53. in-8; De oratiene libri VIII. V- :'■ l...->s .i-i..! Il
une révision <lea statuts synodaux et des livres lituri;ii|ues ilii iliùrF'si- de
incon. K^ fi IJiijorgue. il appartenait a la famille du céli>tjr« Raymond Lulle.
a fiesaiiçon le IS janvier 1S83.
i
276 IIEVI'R «AIIILUIN.
Nicolas Perreiiol de Grdiivelle, ami d'Antoine de la Roche, ancien
élève de l'univepsilë de Dôle et .conseiller 9u parlement de celte
ville. Jean Sachet, chanoine de Salins, mérite d'être compté pai-mî
les familiers du collège. Nicolas Perrenol, qui le tenait en liaiile
estime, se l'attacha pour l'aider à instruire sa nombreuse famille.
Il suivit l'aîné des entants, Antoine, le l'ulur cardinal de Granveile,
à Paris, à Padoue et à Lmivain, où il ohtinl ses gi'ades en philoso-
phie et en théologie. Nous devons encore nommer le heau-frère du
chancelier de Gi-anvelle, François Bon\"alot, abbé comraendataire
de Liixeiiil et de Saint-Vincent de Besançon, et administi'ateur du
diocèse durant les premières années de l'épiscopat de Claude de lu
Baume. Les membres de la l'aniille de la Roche partagèrent \cs
sentiments du l'oodaleur Antoine; son frère Henri, prieur de Mor-
teau, voulut être enterré dans l'église du collège (1509). Son œuvre
gagna les sympathies des membres les plus influents du parlement
de Dôle; il convient de citer le président Hugues Marmier, RoN-rl
Berger, qui lut l'avocat de l'ordre et du collée de Cluny avant de
siéger au parlement, Etienne, François et Jean Faucher, s;ms
oublier leur père Guillaume.
C'est dans l'enceinte de ce collège que les États de Boiii^ogni-
tenaient leurs assemblées.
Antoine de la Roche ne priva sa fondation d'aucune grandeur.
Il lui donna le double luxe des moines, des indigents à nourrir el
des livres à étudier. Saint-Jérôme fut assez richement doté |>our
distribuer des aumônes abondantes; on pouvait y assister jusqu'à
trois cents pauvres, en cas de besoin. La région ne possédait guèn?
de bibliothèque aussi bien montée en livres que celle du collège.
Le fondateur se les procurait de Bourgogne, de France et d'Italie.
Les libraires de Venise lui en fournirent un assez grand nombre. ,
Comme les imprimés étaient rares encore, il ne n^culait pas devant j
les dépenses pour acquérir des manuscrits. Un exemplaire des-^
hécrétales ne lui coula pas moins de cent couronnes. Les ouvragi'f=^
enluminés excitèrent plus d'une fois sa curiosité. On en trouvai»" ^
plusieurs dans sa bibliothèque. Comme les études de droit avaîen ^
les préférences du Père de la Roche, il rechercha volontiers le^,=^
œuvres des maîtres en celte science. Ses successeurs purent, ave=;
les ressources qu'il leur I^ua, diriger sur d'autres branches leuc^^
acquisitions. Le Père Poissenot, de qui nous tenons ces renst — _ï(
gnements, achetait pour sa part des commentaires de la Bible-
Une pareille bibliothèque était, auprès d'une université (lor^Ss-
santé, une ressource précieuse. Les Clunistes ne voulurent pas *(i
réserver l'accès aux seuls étudiants de Saint-Jérôme. Elle t
MÉLANGES D'hISTOIRE MONASTIQUE. 277
largement ouverte à tous les hommes d'étude, professeurs ou
élèves. On dut alors prendre toutes sortes de précautions pour
empêcher des larcins. Les ouvrages de prix lurent liés à des chaînes.
Les moines eurent, malgré leur vigilance, à déplorer la perte de
quelques livres importants.
Cet atelier scientifique recevait fréquemment la visite du profes-
seur Christophe Mellinger, docteur in utroque jure. Il était l'un
des maîtres les plus estimés. Les Clunistes s'en firent un ami d'un
cfévouement à toute épreuve. Leur confiance dans ses lumières et
dans sa discrétion fut telle qu'ils le prièrent d'assister à un chapitre
ffénéral de l'ordre. Dom Poissenot entretint avec lui des relations
éj3istolaires.
Dans le but de mieux assurer l'avenir de son œuvre, Dom Antoine
d^ la Roche négocia l'union du prieuré de Chàteau-sur-Salins ^
G'€3tait une ancienne dépendance de l'abbaye de Gigny, réduite à
l'saljandon et presque ruinée. Cette union, ratifiée par le chapitre
~ méral de 1497, fut confirmée par bulle du 13 avril 1499 *. Le
cLîteur ou principal du collège devint par le fait supérieur de ce
p^^ieuré. Dom Pierre Gauvand, qui avait obtenu le titre de docteur
^ l'université de Dôle, reçut le premier cette fonction du grand-
Prieur de Cluny. Les soins qu'il prodigua aux étudiants et à la
^ * ^^:*ection générale d'une maison récemment fondée ne l'empêchèrent
P'^^^int de travailler à la restauration de Château-sur-Salins.
^)n célébrait la fête patronale de l'église du prieuré le 8 septembre
^ ^^ présence d'un grand concours de fidèles; cette assemblée pieuse
^"^^sit pour complément une foire qui se tenait le lendemain. Ce
^^^^lerinage en l'honneur de la naissance de Notre-Dame était si
'"^ lèbre dans le pays, que la fête elle-même se nommait la Château,
affluence des chrétiens ne pouvait suppléer à l'absence des
"^^ligieux. Les chanoines de Saint-Maurice, qui avaient possédé ce
ï^^euré pendant quelque temps, et les moines de Gigny, en la
ï^ossession desquels il revint (1481), i)e prenaient aucun soin des
^^ifices ; ils ne revendiquaient même pas les droits les plus incon-
testables. Le recteur de Saint-Jérôme se trouva donc aux prises
^ vec mille difficultés. L'église avait perdu ses cloches ; le cloître
était en si mauvais état qu'on parlait de le détruire complètement.
Va restauration matérielle fut bientôt terminée. Pendant ce temps,
il fallut revendiquer les biens et les droits usurpés par des pro-
^ Près de Salins, an*, de Poligny, Jura.
* Le prieuré de Sermesse (Jura) fut uni au collège de Saint-Jérôme en 1513.
S78 [IKVt'R MAIII1.I.0!*.
priétaires et des bénéliciers voisins. Les eaux minérales de Salins,
qui apparlenaienl au prieuré, étaient une source abondanti.' de
revenus. Mictiel et Jean Bonvalot prirent à cette restaufation une
part très active.
Antoine de la Roche mourut à Giuny, le 13 avril 1S05. Philippe
Bourgoin, qui lui succéda dans les fonctions de grand-prieur, et.
après lui, Jean de la Magdelaine de Ragny, héritèrent de ses senti-
ments pour le collège de Saint-Jérôme. Ce dernier avait des
raisons personnelles de prendre cette œuvre à cœur. C'était un
docteur in uti-oque jure et un collègue de Parrenot de Granvelle
au parlement de Dôle, lorsque son ami, de ta Roche, désirant
l'avoir un jour |Kiur successeur, le détermina à solliciter son
admission dans l'ordre de Cluny. Christophe Coquille, à qui le
grand-priorat échut après sa mort (1337), eut à protéger le collège
contre un certain nombre d'adversaires intluenls, qui usurpaient ses
droits; il fallut, pour les mettre à la raison, engager des procès
dispendieux. La cause des Clunistes finit par triompher, grâce à
Coquille et aux amis qu'ils avaient au parlement.
Le premier recteur de Saint-Jérôme, Dom Pierre Gauvand, après
un gouvernement de quelques années, eut, pour lui succéder.
Dora Adrien Charrin. Celui-ci conserva celte fonction jusqu'en
l'année 1S39. Un ancien élève de la maison. Dom Philibert
Poissenot, fut alors nommé recteur. Né à Jouhe, près de Dôle, il
était entré de bonne heure dans l'ordre de Cluny et fut admis au
collège de Dole pour suivre les cours de l'université. Il obtint le
grade de docteur en droit canon. Ses supérieurs, qui avaient
discerné ses qualités éminentes, lui donnèrent toute l'acihté pour
compléter son développement intellectuel. Le grand-prieur Coffuille
le choisit pour socius et l'emmena avec lui faire la visite des
monastères. On lui permit d'entreprendre des voyages en Aile-
mage et en Italie. Il en prolita pour étendre ses connaissances
et aussi pour acquérir des hvres précieux et des manuscrits.
Christophe Coquille n'était pas homme à contrarier cette noble^
Iiassioo de l'étude. Personne n'encourageait plus que lui les moines
travailleurs.
Devenu recteur ou principal du collège, Poissenot put suivre Ic^
impulsions de son zèle. Non content d'étudier pour son prof»^
compte et de guider les jeunes moines conHés à sa sollicitude^
s'employait, par tous les moyens en son pouvoir, â propager
goût des lettres à Dùle et dans tout le comté de Bourgogne. ^ ' ■
nombreux amis qui fréquenlaienl le collège partageaient ce= I
noble ambition. Charles-Quint, qui avait cette ri^on sous
livrèrent au publie sous ce litre ; BetH sacri historia. libris XXill '
camprehetisa, de Hierosolyma el leira promûsionis adeuque uni-
versa pêne Sifria per occidentales principes chrislianos rm-
perata, narrationis série usque ad regnum Batduiiii <iuarli,ptr
annos LXXXIV continuala; opiis mirabili rerum scitu digmsi-
maruin varietale refertiim ac liisloriœ studiosis ulJiifUTuliuimum
ila el ulili.'i.'imiiiin fulunim, aniv niuù'i chrih'v {jiiailringentis
coHscripliim luuicii'ic />rinii<iii iloctissiiiii vii-i Philiberli l'uissenoli
opéra i» turent cdiinni, (hiillclmii Tijrio metropolitano qmndam
archiepiscopo ac regni ejusde-m concellario auclore '.
L'éditeur se tit un devoir de dédier celte publicalioQ au granii-
prieur de Ciuny, Gtiristopiie Coquille. C'était faire acle de reaio-
naissance. Il en prolita pour narrer iungueinenl les services rendu*
au collège de Saint-Jérôme par Dom Anluioe de la Roctie et ps*^
ses successeurs, dans une intéressanle prélace qui nous a Iburtii **
plupart des éléments de ce travail.
Philibert Poissenot mourut à Dôie le 12 avril 1356.
I^ea Bônédlcllna «ii €M)llè{(e de Xholssoy
Les Bénédictins de la Congrégation de Sainl-Maur ouvrirent
collègi^s auprès de quelques-uns de leurs monastères. Le pnijet
s'était de bonne lieure présenté à leur esprit. Le chapitre général
réuni en 1636, c'est-à-dire peu d'années après les origines de la
rél'orme monastique, avait, en effet, résolu de fonder quelques
collèges oij les enfants des familles noliles, mais pauvres, feniient
leur éducation '. Il fallut attendre pour cela que la congrégation
obtint un plus grand développement. Elle eut alors les ressources
et le per.sonnel nécessaires au succès d'une pareille entreprise.
Les supérieurs turent sollicités soit par des villes soit {)ar des
personnages qui voulaient leur confier la direction d'un collège
existant déjà uu la fondation d'un nouvel établissement. Hais la
réparation des ruines matérielles et momies d'une multitude de
monastères, qui réclamaient cette rél'orme, ne leur laissait guère
le moyen d'accepter ces offres. Ils se virent dans l'obligation de
1 Hn volume iD'folio,
■ Annotet de la Congrégation île Saint- ilnui; par Doin Mai
MÉLANGES D'HISTOIRE MONASTIQUE. 281
refuser le collège de Corapiègne, que la ville voulait leur aban-
donner (1649) \ et celui des Quatre-Nations, fondé auprès de l'uni-
versité de Paris par le cardinal Mazarin et doté avec la raense
abbatiale de Saint-Michel-en-rHerra (1669) *. Les premières
fondations n'eurent lieu que plus lard en 1682, à Sorèze ', au
diocèse de Lavaur, et à Saint-Germer de Flay *, au diocèse
de Beauvais. Il s'en fit d'autres dans la suite à Tiron, au
diocèse de Chartres *, à Pontlevoy •, au diocèse de Blois, à
Beaumont-en-Auge ^, au diocèse de Lisieux, à Compiègne ®, diocèse
d'Amiens, à Meulan ®, diocèse de Chartres, et à Saint-Jean-
d'Angély, diocèse de Saintes. Celui de Saint-Martin de Vertou ^^, au
diocèse de Nantes, fut ouvert avant ces derniers (1708), grâce à la
générosité du cardinal d'Estrées, abbé coramendalaire de Saint-
Germain. Le fondateur le destinait à l'éducation d'un certain
nombre d'enfants et jeunes gens nobles, appartenant à des familles
peu fortunées. Il entrait pleinement dans les vues du chapitre
général de 1636. Les collèges de Sorèze et de Pontlevoy recevaient
aussi gratuitement des élèves de la même condition.
On enseignait dans ces écoles monastiques les humanités et la
rhétorique. Elles peuvent être assimilées à nos établissements
d'enseignement secondaire. Ce n'étaient pas les seules que possé-
dassent les Bénédictins de Saint-Maur. Ils avaient ouvert dans
plusieurs abbayes des collèges ou séminaires de moindre impor-
tance. Les enfants de la localité et des campagnes voisines y
pouvaient commencer leurs études classiques. Les religieux leur
demandaient en échange de remplir à l'église les fonctions
d'enfants de chœur et d'assister en surplis aux offices des
dimanches et jours de fête. Dans quelques autres monastères, qui
possédaient un scolasticat fréquenté par les jeunes religieux de
1 Ibid., 1. 1, p. 513. Le projet fut repris dans la suite. Compiègne figure sur
la « liste des collèges régis par diverses communautés » publiée par Fevret de
Fo.NTETTE dans la Bfbliothèque historique de la France de G. Lelong, IV, p. 56.
2 Ibid., t. 11, p. 345-348. Les moines n'acceptèrent que Tabbaye. Elle est
située dans le département de la Vendée, canton de Luçon.
3 Canton de Dourgne, Tarn.
^ Canton de Coudray, Oise.
^ Chef-lieu de canton, arr. de Nogent-le-Rotrou, Eure-et-Loir.
^ Canton de Montrichard, Loir-et-Cher.
7 Canton de Pont-rÉvêque, Calvados.
^ Ce collège çt le suivant n^avaient qu'un très petit nombre d'élèves.
* Seine-et-Oise.
w Loire-Inférieure.
la congrégatiou, les jeunes (^ens de la ville étaient admis à
avec eux les cours de philosophie et de lliéologie '.
Les Mauristes ne voyaient |)as dans ces maisons d'éducation un
simple moyen d'occuper les loisirs que leur laissaient les exercices-
religieux. L'enseignement donné à la jeunesse était à leurs yeux
une tradition vénéralile (jue leur avait léguée l'antiquité monastique.
Proptev anliquamoriUnisconsueludâiem, avaientécrit les membre»
(lu chapitre de 1630 '. Maîtres et supérieurs traitaient avec uo
souverain respect tout ce qui concernait les intérêts intellectuels
et moraux de la jeunesse confiée à leurs soins. Un contrôle elli*
cace, exercé au nom de la congrégation par les chapitres généraux,
et les visiteurs, les prémunissait contre la négligeiice et stimulait
leur activité.
Les Bénédictins éducateurs du xviii' siècle Turent des hommes
de grande initiative. C'est aussi la note caractéristique de leurs
confrères qui se consacraient aux travaux d'érudition. La recherctie
intelligente du mieux les poussa constamment les uns et les autres
vers le progrès. Les moines éducateurs surent créer une méthode
qui leur l'ut particulière. Ils ne la développèient nulle part avea
plus d'ampleur qu'îi Sorèze. Dom Fougeras, qui remplissait les
ibnctions de prieur du monastère, après avoir longtemps enseigné
au collège, la lit approuver par le cliapitre général de Marrnuutier
(1759). Le succès dépassa toutes les espérances. L'université de
Paris, qui voyait dans la tradition classique une arche très sainte.
1 Cf. Histoiie des ordres religieux et miUbtirei, par le R. P. H£lvot (Paris.
ITOJJ.VI, p. âDJ-ins.On ne saurait dresser la liste des monaslËres où se irouvaienl
ces petites écoles monastiques. Peut-Étre arriveralum au cTiiffre ife irenle
collôges, donné par M. Sylvi (Ln coUiget en France avant la Révolut\im\.
si on pouvait les ajouter aux L'iablissemenls d'enseigneineiil secondaire
proprement dits.
' Hélyot ren<l bien la peiisâe de ces reli(;ieuK dans la rf'llexion suivante :
• Il y en a (des nionusiiïrcs) ileslinés â l'instnidion de la jeunesse, mais
principalenient de la noblesse de campagne, ne pouvant leur reruser celte
assistance (jue saint Benoll accorda de son temps à divers seigneurs, par une
charilé si universellement acceptée depuis dans l'ordre, qu'elle a passif en
quelque sorte pour son bien. <i On lira avec prolit le jugement porli5 sur ces
collèges par le même auteur, qui est un contemporain : <■ De lï se sont roraiés
quelques séminaires remplis de jeunes enranls de condition que l'on y envoie
de toutes les provinces, même des pays élrangers.... Outre la piélé qu'on
inspire ii ceux qui y étudient, on Ees instruit encore dans les belles-lettres ; et
comme ces séminaires ou col l(''ges sont silnésdans des lieux retirés, les Jeunes
gens y sont d'ordinaire plus a.ssidns fi l'iHiide ci moins disirnils que dans les
villes. ■ Ownrage cité.
SS4 lŒWE MAIIILI.ON.
importante, la congri^ation de Saint-Haur nous a paru mériter lut
des premiers rangs par le nombre et le talent des sujets qui les
composent ^ » En cuns(ii|uence, les collèges de Soi'èze, Ponllevoy,
Tiron et Beaumont lurent Ifansibrmés en écoles militaires. Celle
d'Aiixerre tut bientôt après annexée à l'abhaye de Sainl-G«rmaîn,
On en ouvrit une au monastère de Heliais.
Ce ne l'ut point le seul témoignage de conliance donné aux
Bénédictins par ceux qui prenaient â cœur l'œuvre si importante
de l'éducation. La ville de Saintes leur oft'rit le collège que les
Pères Jésuites avaient dû quitter |1767). Ils furent invités en 1777
à prendre la direction du collège royal de Pau *. L'arclievêque de
Lyon, de Montazet, leur donna le collège de Ttioissey ', dans les
Dombes. Les lettres [patentes obtenues à cet elTet du roi Louis X.V
sont datées de Versailles, janvier 17C9 '.
Ce collège comptait un siècle (>t demi d'existence. Il avait eu pour
berceau une modeste école l'ondée par les bourgeois de la ville.
Marie de Bourbon leur avait assuré pour l'entretien du maître une
rente de soixante livres (4 mars 1621). Cette somme Tut augmentée
par elle de quarante livres en 1625. Cette école rudimentaire
devint plus tard un collège, grâce à l'initiative de Philibert Gîrié,
prêtre et docteur en tbéologie, et à la protection de la duchesse
de Montpensier, Anne-Marie-Louise d'Orléans (juin 1680). Un
bourgeois de la ville, Etienne Pul, dota l'institution des bâtiments
nécessaires, a la condition d'y élever gratuitement chaque année
six enfants des plus i)auvpes de Thoissey. L'archevêque de Lyon,
Camille du Neuville, permit au collège d'avoir une chapelle
[19 mai 1084). La Grande Mademoiselle, qui prenait un vif intérêt
au développement de cette maison, aurait voulu lui donner les
privilèges et le rang d'université; les démarches qu'elle lit à
Rome dans ce but n'eurent aucun elTet (1091). Le collée de
Thoissey prospéra sous la direction d'une communauté de prêtres
séculiers peudant toute la promière moitié du dix-huitième siècle.
On y soutint des thèses publiques qui attestent la force des études,
Le petit nombre des maîtres et la négligence des administrateurs
avaient amené une décadence a laquelli le roi el l'archevêque
1 Cillée ]iar l'abtii^ Sicurcl, U»4ia.
3 Lettres palenles par les(|uelles Su Mujeslii acconle aux religieux de la
conp-égalion de Sainl-Huur la desserte du coilôge royal de Pau, du 16 septembre
1777. Pau. 1777, în-t de 18 |i.
» Chef-lieu de canton, arr. de Trévoun. Ain.
* Bibmtheea Dumbgnsii. par Valentin Smith el GrtouE, l. I. p. 700-711.
«ftl.ANURS D'nrSTOIIlF. MnNASTIQI'E. 287
ijuapt d'heure pour déjeuner et se récréer. La classe, qui eninmeii-
œra à huil heures moins un quail, finira au quart avant dix
licures et ce quart d'heure est laissé pour un petit délassement;
les deux heures qui restent jusqu'au dîner seront destinées à l'étude
et aux différents exercices aux([uels les pensionnaires vaqueront
iiltemalivenient et sans conlusion.
Aux jours de classe, le diner sera en tout temps à midi, un
religieux qui assistera aussi bien qu'à souper, aura soin que tout
Se passe dans l'ordre et que les rfïgles de la bienséance et de la
/iroprelé y soient observées. La lecture de la table sera utile et
intéressante.
Les iiensionnaires se rendront à l'étude à une heure et demie,
et en sortiront à deux heures et demie, pour prendre un quart
«llieure de relâche ; de là, ils iront en classe Justiu'à cinq heures
inoins unquart; pendant ce quart d'heure, le goûter et la récréation.
1— 'étude et c^s différents exercices i^mphront les deux heures qui
r-eatenl jusqu'au souper, après lequel la récréation jusqu'à huit
*»«ures et demie. On sonnera la prière, qui sera suivie d'une
lecture pieuse, à l'issue de laquelle les pensionnaires se retirenmt
(ik^iur se coucher.
Deux religieux qui visiteront les chambres, un réverbère allumé
*-oute la nuit, deux domestiques qui se relèveront pour veiller,
*ioivent rassurer messieurs les parents sur tous les dangers
auxquels les enfenls sont exposés.
Jiiitrit lie ci'iuji'.
Les pensionnaires vaqueront tous les jeudis de l'année, à moins
«iqu'il ne se rencontre une l'été dans la semaine, qui exige qu'on
«3érange cet ordre; aux jours de congé, on ne se lèvera qu'à sept
Vieures en hiver et à six heures et demie en été. La prière, qui se
ïera un quart d'heure après, sera suivie de la messe et du déjeuner.
A dix heures, les pensionnaires se rendront dans une salle pour
S faire preuve, devant les religieux assemblés, des progrès qu'ils
auront tlaits dans les sciences auxquelles on les applique ; et c'est
«et examen qui fixera les notes qu'on enverra chaque mois à
messieurs les parents.
On dînera à onze heures et demie, et sur la fin du repas, on
servira le goûter, (|ui sera réser^^é pour la promenade; elle durera,
*n hiver, jusqu'à quatre heures et demie, et elle ne pourra être
prolongée en été que jusqu'à six heures et demie. Depuis la
i
hRlanges nHisToiiih: «onastjque.
289
iKHJtons de même élofle; on laisse la couleur de, la vesie et de U
culotte au choix de messieurs les parents, qui sont priés de ae rien
envoyer directement ii leurs entants, mais toujours |iar la médiation
du Révérend Père Principal,
Ceus de messieurs les parents qui souhaiteraient que des reli-
gieux prissent sur leur compte tous les frais de l'habiliemenl, des
livres classiques, des médecin, apothicaire, chirurgien et remèdes,
ot CDlin des menus plaisirs iju'on distribuera chaque semaine à
leurs enl'ants, paieront quatre cent soixante et dix livres pour les
dix mois de classe, et cinq cent trente livres, s'ils veulent les laisser
au collège pendant les vacances et. en outre, leur donneront en
entrant un habit complet, uniforme, un surtout, deux paires de
draps, six serviettes, douze chemises, autant de mouchoirs, décoiffes
de nuit, de cols, de paires de chaussons, trois paires de bas d'été
et trois paii-es de bas d'hiver, deux chapeaux et deux paires de
souliers; le tout neuf et bien conditionné. Ils y ajouteront un
couvert d'argent. L'n pensionnaire qui sortira du collège la pre-
mière année, remportera son babil uniforme et tout ce qu'il aura
apitorté; mais se retirant les années suivantes, ou ne lui en rendra
que la moitié en valeur.
Le premier devoir de l'homme étant de rendrir à Dieu le culte
qui lui est dû, on ne négligera rien pour procurer aux élèves la
connaissance de notre sainte religion, et pour leur en inspirer
l'amour; c'est vers ce point capital que nous dirigerons principale-
ment nos soins.
Sa Majesté nous enjoint, par ses lettres patentes, d'enseigner
toutes les classes, depuis la sixième jusqu'à la philosophie inclusi-
vement. Mais pour donner une éducation plus complète et pour
fonder et développer les talents, on donnera des cours de morale,
d'histoire, de géographie, de mythologie, de blason et de langue
française, et surtout de mathématiques, en faveur des élèves qu'on
«lestine au génie ou à l'artillerie. On appliquera chaque pensionnaire
i une ou à plusieurs de ces sciences, selon la volonté de messieurs
les parents et selon le goût et la disposition des élèves. La diversité
Jes objets, bien loin de jeter la confusion dans l'esprit des jeunes
cens, contribue au contraire à les amuser par la variété et à llxer
- la légèreté qui est naturelle à leur âge. L'expérience favorise cette
assertion. La nmsique vocale et instrumentale qu'on leur ensei-
gnera contribuera à leur former le goût, et l'exercice de la danse
leur apprendra â se présenter avantageusement.
Nous prions messieurs les parents qui retireront leurs enfants
«lus vacances de vouloir bien les occuper el de les renvoyer
MÉLANGES D'hISTOIRE MONASTIQUE. 291
Oii prie messieurs les parents qui voudront confier aux dits reli-
gieux le soin de leurs enfants de leur en écrire pour le plus tard
te la fin du mois d'août prochain.
L'adresse pour écrire à Thoissey est : au Révérend Père Principal
du collège royal de Dombes, à Thoissey.
On reçoit les paiements soit en argent soit en billets sur Paris,
i-yon et Màcon.
fOutre les maîtres ci-dessus, on a un maître de dessin, ce qui a
^*ngagé d'augmenter la pension de 20 francs par an) (ajouté à la
III
VJne lettre de Mieolae Roueherat, abbé
de Gtteaux^, au roi Inouïe HLIII ( 1 Ol»)
l-.€j roi Louis XIII avait quitté Paris le 17 août 1615, pour aller
^'^i*s la frontière d'Espagne, au devant d'Anne d'Autriche, sa fiancée.
U^^ armée lui servait d'escorte. L'attitude hostile des princes
^*^t5îit pas sans lui causer de vives inquiétudes. Gondé avait publié,
'^ 9 août, un manifeste contre le gouvernement, dans lequel on
'^ ^ut aucune peine à reconnaître un cri de révolte. Les princes de
^Ouillon, de Longueville et de Mayenne partageaient ses rancunes.
* s'était en outre assuré le concours des protestants. Le roi
^^t déclarer Gondé et ses complices coupables de lèse-înajesté
^^0 septembre), pendant que le maréchal de Bois-I)auj)hin les
^ViTveillait à la tête d'une armée de 12.000 hommes. La crainte
y^^une nouvelle guerre civile troublait la joie que causait aux
^ ^nçais restés fidèles à la foi catholique, le prochain mariage du
^^une souverain. Les monastères, surtout ceux qui travaillaient
'"^ leur réforme, se préoccupaient de cette situation. Les guerres
le religion et la Ligue avaient tellement comi)romis leurs intérêts et
iraené de si graves abus cjue leurs habitants ne désiraient rien plus
^ue la paix. Ils la demandaient à Dieu par de ferventes prières.
Tels devaient être en particulier les sentiments des moines de
^lîiteaux. Ils avaient alors pour abbé un éminent et saint religieux,
W3om Nicolas Boucherat, deuxième du nom. L'abbaye et l'ordre,
[u'il gouvernait depuis onze ans, lui devaient beaucoup. Non
^ A Lyon, de l*imprimerie de PiVisse, 1770, in-i, de 8 p.
\
MÉLANGES D*HISTOIRE MONASTIQUE. 293
c'est luy que fay rései'vé pour estre le soutien (le la Chrestienté ;
il establira ma Loy par toute la ten^e; je rendray le nom de
Louis XllI tant craint et redouté, que tous les plus bi*aves
trembleront dessouz luy, accompagné de tous les princes
françois, qui tous remplis de zèle et d'ardeur n*espargneront
leurs vies souz la conduite de ce grand Alexandre. Moy doncques,
Sire, comme bon serviteur et sujet de Vostre Majesté, je vous en
donne advis, la suppliant, de la part de ce bon religieux, à qui
ci'autres choses ont esté révélées, de la recevoir, lequel et moy
siussi prions incessamment tous les jours Dieu pour le bon et
heureux retour de Vos Majestez dans vostre ville de Paris, où
"vostre peuple et de toute la France se resjouit pour la longue
C3t heui'euse prospérité de vostre mariage; il est du ciel et tout
L)onheur en viendra à la France, laquelle est en dévote prière
pour la longue et heureuse vie de Vostre Majesté et de la Royne
vostre très honorée mère, la vertu, la douceur et clémence
de laquelle souzmet tous les cœurs à luy rendre service et
2submission. Achevant ce discours, je supplie le Créateur de toutes
choses, que Voste Majesté aye pour agréable cette véritable
révélation advenue dans l'abbaye de Cisteaux que je tiens de Dieu
€3t de Vostre Majesté,
Sire,
Le très humble et très obéyssant sujet et serviteur de Vostre
majesté.
L'abbé de Cisteau.
A vostre abbaï de Cisteau.
Ce 1 novembre 1615. »
Ce n'est pas sans motif que le Père Bouclierat dit toute la satis-
faction qui lui vient du mariage de Louis XIII avec Anne d'Autriche.
Cette alliance avec la maison d'Espagne exaspérait les protestants.
On s'en était aperçu à leur assemblée de Grenoble (io juillet).
De son côté, Condé, dans son manifeste du 9 août, blâmait le gou-
vernement d'inquiéter les hérétiques par les alliances espagnoles.
Les compliments de l'abbé de Cîteaux en pareilles circonstances
devenaient une protestation évidente contre l'attitude des ennemis
du roi.
MÉUNGES d'hISTC'IRE MONASTIQUE. 295
^ns appartenir toutefois à la congrégation de Saint-Maur. Les
Nntures qui ornaient le cloître lui donnèrent d'utiles inspirations;
il se plaît à le reconnaître lui-même. Le peintre et le poète ont
obéi au même sentiment, en travaillant Tun avec le pinceau, l'autre
avec la plume, à la glorification du patriarche des moines ; l'œuvre
du premier illustre celle du second. Qu'on en juge par l'aveu
•de Grimaud :
Al legeire, de ramic à ramic.
L'amie, sef libre nou Tagrado
que te maque trop las dans,
Bay le legi per pauc de tens
Dins los claustros de la Daurade,
Les tableus qu'aqui sount pausats,
Sount les cants que iou é coumpousats
Penden que i' abio fesprit libre,
E coumpendras facillomen
Toutes les termes de moun libre
n*aura pas d'entendemen.
Traduction.
Pour la lecture. L'ami à l'ami.
Mon ami, si le livre ne t'agrée pas,
Ou s'il te fiait trop travailler les dents.
Va le lire pendant quelque temps
Dans le cloître de la Daurade,
Les tableaux qu'on y a posés
Sont les chants que j'ai composés
Pendant que j'avais l'esprit libre;
Et tu comprendras £aicilement
Tous les termes de mon livre.
Sinon tu n'auras pas d'entendement.
Ce long poème en vers de six pieds se compose de six livres
distribués en quarante-huit chants; les trois premiers livres en ont
Huit chacun, les deux suivants neuf et le dernier six. Grimaud a
^is à contribution les dialogues de saint Grégoire le Grand et tout
^ que la tradition écrite ou orale a pu lui fournir sur la vie de son
héros. Il n'y a pas à lui demander du discernement dans le choix
des faits. On trouve sous sa plume des traits charmants de naïveté
^t des réflexions heureuses dites en termes non moins heureux.
Il est surtout plein de verve. L'abondance chez lui dégénère en
296
HEVIË HABJLLON.
monotOTdi^H
(Il vulgairefl
longueur, et la longueur comme toujours engendre la monol
Il manque dp souille et \n ton de sa phrase descend au
C'est en somme un poète nuidiocre.
Son œuvre eut ce[nmdant un succès d'estime. Les témoignages
flatteurs ne lui llrent point détïiut. Il a voulu ménagera la jiostéritë
la satisfaction de les connaître. C'est dans ce but qu'il en a inséré
Huelques-uns dans son volume.
Un de ses anciens condisciples, Jacques 1,'Escolier, prêtre du
clergé de Toulouse, lui consacra une dédicace i»om|>euse en vers
latins. Elle débuli' ainsi : Clarissimo viro Domino Bernardo Gri-
moaltlo. Dm Benedicli mirorumque Patris sut faclm-um e-cimio
scriptori, oUni sludiorum meoritm sorto prœstantissimo. Elle se
termine par ce coraplinient :
Dignus erat patrii Grimoaldus nominis authoi-.
Cn poète anonyme, qui pour signature emploie les initial
I. 0. V. T. 0. composa un sonnet en son honneur.
IISSUH CKIHAI'h, SIIH »
I DR SAM BENOIST. SOISET.
Yi)U iiou «ibi couEsl parla a touii at)antatge.
Grimaud. n'y louanja toun generous trabal.
Hostro pla qu'us soufflai de l'aigiio qu'un cliibal
Fa»oe naJBSo il'un roc qu'Apotiloun len per gatge.
Tu nous panis le cor damb im ta be\ lengatge
[imn nous pinlrcs lo be iier iletosta le mal,
t}\ie cad'un s'es piquât de toni dins l'houstal
Toun libre, [ter abe le l's\ per héritât^.
L'on te pot apela la perla des moundis.
Atabe sanl Denoisl le gardo en Paradis
Un (^ntounnel de lue dins un placo hurouao.
ïou trobi qu'à rasou de paya toun pîncel.
Sous meritis l'y an fait trouba l'catni del Cel,
E toun esprit le f^i triuinplia dins Toulouso.
A HONSIEim l'.niHAUl). SONNET SUR SA V
h
: DE SAINT BENorr.
sais L'oniment parler a ton avantage,
lirimaud, ni comment louer ton beau travail.
Tu montres bien que tu as aspiré de l'eau qu'un cheval
Fil naître d'un rocher qu'Apollon tint pour gage.
MÉLANGES d'UISTOIKE MONASTIQUE. 297
Tu nous ravis le cœur avec un si beau langage,
Quand tu nous peins le bien pour flaire détester le inul,
Que chacun se pique d*avoir dans la maison
Ton livre, afln d^avoir le ciel pour héritage.
On peut rappeler la perle des mondes,
Aussi que saint Benoit te garde en paradis
Un petit coin dans une place heureuse.
Je trouve qu'il a raison de payer ton pinceau,
Ses mérites lui ont fait trouver le chemin du ciel,
Et ton esprit le fiait triompher dans Toulouse.
^'r>ii3i le bouquet de la lin. Il est dû ù P. Bernet, Tolosain.
A l'aunou de saint benoist.
Saint Benoist et le gran Broutou
De las flouretes de Toulouse,
Jamay Coumeillo ny Rotrou
iVan foyt cause plus merbeillouso.
Traduction,
A l'honneur de saint BENOIT.
Saint Benoit est le grand bouton
Des fleurettes de Toulouse,
Jamais Corneille ni Rotrou
N*ont fait chose plus merveilleuse.
A^utoblbllof^raphie de Oén^brard.
Dom Gilbert Génébrard, né à Rioin (lo37), lit profession au
^f)nastère de Mozat K Son abbé l'envoya Tain» ses études théolo-
^ iques à Paris. Il obtint le grade de docteur au collège de Navarre,
J^VjIs une chaire dliébreu au collège Royal. Ses travaux de pliilo-
^^gie, d'exégèse et de controverse ne tardèrent pas à lixer l'attention
"Ublique sur sa personne. Sa réi)utation s'étendit au loin.
Il eut à faire le voyage de Koine sous le pontificat de Sixte-Quint
ï Arr. Riom, Puy-de-DOme.
MÉLANGES D*H1ST01KE MONASTIQUE. 299
Génébrard ne pouvait manquer de voir deux célébrités romaines.
César Baronius, tout absorbé par la publication de ses Aniial^
ecclesiastici, et l'archéologue Antoine Bosio, surnommé i).ar
J.-B. de Rossi le Christophe Colomb de la Rome soute7rainey qui
scrutaient les galeries des catacombes. Quelques années plus tard,
il pria Ponce de Léon de les saluer en son nom. Plusieurs cardi-
»iaux lui témoignèrent une grande bienveillance; il les nomme dans
^3ette lettre à son ami Gonzalez. Ce sont, après Antoine Carafa et
rédéric Borromée, le Conventuel Constance de Sarnani, du titre
e Sainte-Agathe, particulièrement cher à Sixte-Quint, éditeur
e quelques œuvres de Scot, de saint Bonaventure et d'autres
^théologiens du moyen âge; l'Anglais Guillaume Alain, du titre de
'Saint-Marlin-des-Moiits; Jérôme de la Rovère, du titre de Saint-
Pierre-ès-Liens ; Henri Cajétan, du titre de Sainte-Pudentienne, futur
légat de Sixte-Quint auprès d'Henri IV.
Génébrard ne fut point oublié de ceux qu'il connut à Romt».
Ponce de Léon lui donna quelques années plus tard un témoignage
d'amitié auquel il se montra sensible. Il lui fit parvenir un tableau
représentant le Sauveur et sa Mère. Les termes dans lesquels le
bon moine exprime sa reconnaissance sont empreints d'un senti-
ment de piété profonde et sincère. « Que je vous adresse les
remerciements les plus vifs, écrivit-il au donateur, pour la très
gracieuse image du Christ Sauveur et de la Vierge Mère, que vous
m'avez envoyée, il y a quel(|U(îS mois, par Nicolas Nivelle. Les
raisons précédemment indiquées ne m'ont point permis de vous
remercier plus tôt; mais j'ai reçu et conservé avec un soin pieux
et jaloux ce préci(îux et agréable trésor, je le conserverai toujours
avec votre souvenir et surtout avec celui du Christ Seigneur et
de sa Mère; leurs traits vivants et expressifs, leur doux visage, ne
ser\'ent pas seulement à me fortifier dans les épreuves, mais encore
mon cœur fond d'amour lorsipie je les contemple. »
Cette attention délicate de Gonzalez éveilla chez Génébrard un
cuisant remords. Le tableau tant estimé lui arriva au commencement
de l'année 1591 ou peut-être à la fin de 1590. Or un autre ami, connu
à Rome, lui avait donné une preuve de son affectueuse confiance
deux ou trois ans plus tôt. Et sa lettre était sans réponse. Il s'agit de
l'évéque de Valladolid. De retour dans sa ville épiscopale, ce prélat
Songea au savant exégète. Quelques-uns des ouvrages de celui-ci
ornaient sa bibliothèque, tels que la Chronologie, les Commentaires
*vir les psaumes et les canti^fues de Salomon tit les Dissertations
^nr la sainte Trinité. Ce n'était pas suffisant pour apprécier
l'ensemble de son œuvre. Il voulait avoir tout au moins la liste
«Rl-ANCES b'l[[Sr(
301
Theoiiigi
TriniUJte inticientem, cuiii liliello Fbancisci Jokdam
Parisipnsis, in eumdem '.
i. Contra Rabbi Joseptium Alhnnem, Ral)hi Davidem Kimliiuni el
■iliiim quenniam Judieum annnyiniim nonnullos Fidei christiansB
articulos nppu^nantes. Parisiis. apud Martimim Juvenem, IStid,
in-8.
3. Psalmi Davidici vulgam edttione, calendario hehrieo, syro,
graîco, latiiu), hymnis, armimentis gi'nuinum et primarniin sensum
Jireviter apprientil>iis exornati. Parisiis, apud Dionpsitim Ou Val,
1378. in-Si.
6. Psalmi cum i'usioribus comnienlariis, ad Gri'goriiim Mil
PontUiceniMaximum. Parisiis, a/JMrf P. L'HHJ//i«', lo77, iri-S;1ïïSl,
in-8; 1SS8 in-lbl.; Lugdum, 1592, in-8.
7. Canticum eanticorum Saloinonis versibus iambicis et com-
VTBt'Tttariis explicatiim, advepsus tpochaycam Theodori Bezae para-
Sslirasin. Parisiis, apud Mgid- Corbinum, 1S83, in-8.
8. Joël prophPla, cuin annotationîbus elversinne trium Kabinno-
*~«jin Selnmonis Jarbii, Ahrahami Atlieii Ezre, Davidis Kimliii et
C^haldeaî paraplirasis. Parisiis, apud Martinum Juvenem, 1663,
9. Oratio Tunebris in K. D. Petruni Danesium episcopum Vaii-
■^"«nsem. Parisiis, apud Mari. Juvemtm, 1S77, in-8 '.
iO. Prstîfatio et nota- in libres ijuinque Ciaudii Espencei,
'K.Vieologi Parisiensis, de Eucharistia ejusi|ue adoralione. et tractatu-
l «im de missa piiblica el [irîvata, poslliumos sibi testamenln reiictns
«=^t commendatos. Parisiis, apud Petr. VUuUlier, 1S73, in-H *.
■ Fkaaosci JoflDA.M, theologi PumienBls, itd Lambertum l>ani«um, Sabellja-
ttjjsmo (loctrinam de Suncia Trinitale inflcienteni, cum pra-ratione Gii.bgrti
VZiBitBBRARDl. Parisiis, BpKd Jtgidium CorMnum, ISSl. in-8.
^ Oraison funèbre sur le trespas de Pierre Dani>s, iWesque de Lu Vyurs,
Kirononci? i Ssmct-Gennain-des-Prez, le samedi 37 jour d'avril tSTT, par Dooi
«>. CENBBHAHn, Le louibeau, partie fait, parUe colligé par le meame des escrits
«le plusieurs docies personnages. Paris, 1397, in-fl. Pierre Uani>B s'éiaii dtfmis
«le son évéchi' en Tavenr de ('.(^ni^brard. Cette noniinalion, qui élail agri^Ëe de
Henri 111. du clergé el de la noblesse réunis aux Elats de Riois, ikhoua parce
«lue le président Pibmc désirait ce siège [lour son trbre Claude du Four.
3 Claude d'Espence, élu recteur de rrnivcrsité de Paris (1540J, avait M.
Iirécepieur du cardinal de Lorraine; il assista à l'assemblée de Kelun, aux
4'olloques de Poissy el aux ElalR il'Orléans ; on voulut le renvoyer au concile
■leTrenie. Il honora G6i<5brarddesonamiIJé. Il niouriilfi Paris le ix'ociobre 1371.
i
MÉLAN(>ES d'histoire MONASTIQL'E. 303
IG. Flavii Josephi opéra gallice e graeco repraesentata, libris ex
tiebneo aiicta, chronologiis, figuris, annotationibus, indicibus inlu-
minata. Parisiis, apud Petr, L'HuUliei' et Somnium, 1578, in-fol.;
apud Carolum Rogerium, 1588, in-8; Parisiis, 1609, in-fol.
17. Opuscula aliquot, prîesertim contra nostraj tempestatis ])oli-
ticos. Parisiis, apud jEgidium Gœ'binum, 1589 et 1590, in-8.
18. Opuscula e graecis conversa, nempe liturgia mysteriorum
ante consecratorum, e Gretensi codice; Liturgia pro dormientibus
sive deiunctis; Oflicium de angelis et sanctis; Canon sive buUa
contra haereses praecipuas ; Menologium sive calendarium sancto-
rum totius anni; Tituli capitum CXXII Eucologii; Zacharias epi-
scopus Mytilenensis contra aeternitatem mundi a philosopbis
constitutam, v. bibliotheca Regia; Basilii et Nazianzeni brevissimus
(lialogus de invisibili Dei essentia, ex eadein. Parisiis, apud
Somnium, 1575, in-l'ol.
19. Origenis Philocalia de aliquot praRcipuis theologiae locis et
quapstionibus, e bibliotliecte regiae tenebris eruta et latine reddita.
P^rïsus, apud Chaudière, 1573, in-fol.
20. Origenis Âdamantii o[)era partira cuin graeca veritate l)iblio-
Wieca? regiae collata, partira libris recens versis aucta, partira
Praefatione, collectaneis, notis illustrata. Parisiis, apud Chaudière,
1S74, 2 vol. in-lbl. ^
21. Orationes très e Lerinensi bibliotheca in |)ublicura nunc
l>rinDum productac, una funebris divi Hilarii Arelatensis de sancto
ïlonorato, altéra divi Eucherii Lugdunensis de laudibus ereini :
t-^rtia sancti Fausti Regiensis deinstructione raonachorura. Parisiis,
pud JEg. Gorbinium, 1578, in-8.
HEBKAIGO-LATINI.
22. Isagoge ad legenda et intelligenda Hebraeorura et Orientaliura
^ine punctis scripta, cura tabulis artiura et scientiarum vocabula
ïxhibentibus, ad Sixtura V. Parisiis, apmlPetrum Ramier, 1583, in-4.
23. De raetris hebraicis Rabbi David Jehaia, hebraico et latine
cium annotationibus. Parisiis, apud Guil. Merelium et Juvenem,
in-16».
"traduit par De la Fosse sous ce titre : Les vies des Patriarches de l'Ancien
testament. Paris, 1557, in-8. — De magistratibus Romanoriim ac Grapcorum.
Parisiis, 1560, in4. — De fabularum, ludorum, Iheatronim anti(|uu ronsue-
^udine. Parisiis, 1540. in4.
i II y eut deux autres éditions in-fol., à Paris, iOOi et 1619, et une à Bâle, 1620.
' Indiqué au Catalogue des livres imprimés de la Bibliothèque du Roi (Belles-
MÉLANGES D'hISTOIRE MONASTIQUE. 305
goriiin Parisiensium. Ibid,, 1589, in-8. Une traduction parut sous
ce titre : Excommunication des eclésiastiques, principalement des
évê(|ues, abbés et docteurs, qui ont assisté au service divin sciem-
ment et volontairement avec Henri de Valois, après le mass;jcre du
cardinal de Guise, traduite du latin d'un docteur, par J. M. Gourbin,
1589, in-8 K
MASUSCRJPTI.
i. Annotationes et hebraismorum explicationes in sacros omnes
Veteris et Novi Testamenti libros, ad R. 0. Nicolaum Pelveum
Cardinalem, Rhemorum et Senonensium Arcliiepiscopum *.
2. Adversariorum sacrorum libri.
3. Vêtus Testamentum Vulgata editione cum commentariis ad
recentiorum omnium haereticorum biblia et annotationes abolendas.
4. Novum Testamentum Vulgata editione cum commentariis,
e^dem qua Vêtus methodo et ratione.
o. Quadragesima sive de hîeresibus et blasphemiis Galvinista-
rum, circa omnem propositara materiam, ex ejus concionibus,
priesertim Stephanianis annis 1583 et 1587, Severianis 1576,
Marianis 1577, Bartholomeanis 1578 ».
(). Symbolum Patrum Nicsenorum et Gonstantinopolitanorum
commentariis fuse explanatum et ab impura Trinitariorum,
Calvinistarum, Ubiquitariorum doctrina vindicatum.
7. De duabus Christi naturis et unica persona adversus S(^mi-
Nestorios Genevenses et Semi-Eutychios sive Ubiquitarios Ger-
manicos.
8. De potestate Ecclesiae supra reges.
9. De Antichristo et ejus regno, contra cujusdam Lasicii crassi
et epicurei ventris ejectiones.
10. Paratitla talmudicae doctrina? sive juris veterum Hebra»orum.
1 Biblioth(>que historique de la France, nouvelle édition, 1768, I, -iSri-iHO.
11, 3iO-3H.
* Le cardinal Nicolas de Pellevé, li^^ueur ardent comme Génébrard lui-môuie,
•^ trouvait à Rome, quand celui-ci écrivit à Ponce de Léon. Il fut promu à
''archevêché de Reims l'année suivante (1592).
8 On conserve à la Bibliothèque Nationale, ms. fr. 1058, d'autres sermons de
^•^nébrard. Prédications catholiques prèchées par le Révérend Père en Dieu
^»ViLEArsiE (pour Gilbert) Génf^brard, docteur en la Faculté de théologie,
^rchevesque d'Aix, et par luy prèchées en la paroisse <le Saint-BarUiélcmy de
ï^uris, en l'année mil cinq cent nonante-deux.
20
LE CŒUR D'ANNE D'AUTRICHE ET L'ABBAYE
DU VAL -DE -GRACE
(Suite)
Nous avons trouvé dans les papiers du Val-de-Grâce, déposés
*^ tj 3c Archives nationales, L 1036, un projet d'épilaphe, conçu dans
'^ néme tendance que celle que nous venons de signaler. Nous ne
x^ons l'usage qui fut fait de ce récit lapidaire de la vie de la reine,
seule référence que Ton trouve dans celle pièce est celle-ci :
^* C^armelus Nannet. in solemni supplicatione funebri posuit. »
Il ne nous a pas été possible de savoir quel a été le sort de ce
P«^cDjet de littérature épigraphique, et s'il a survécu au service
^^^ inèbre célébré au Carmel de Nantes.
^^ous le citons en entier, parce qu'il émane du milieu dans lequel
A. in ne d'Autriche entretenait sa pieuse pensée de traduire on langage
i*^ 1 igieux les incidents de sa vie mortelle.
Siste viator.
Anna Mauritia Austriaca
Philippi m, Hispan. Régis primogenila
Philippi IV agnata,
Ludovici XIII invictiss. Franc, et Navar.
Régis conjux fldelissima,
Ludovii.'i XIII, Adeodati parens, altero
Regio partu fœcunda.
In connubio sanctissime vixit in viduitale,
Sapientissime gubernavit.
Adversa constantissime, debilia fortissimo,
Prospéra humillime, calumniam
Patientissime sustinuit.
Inimicos mansuetudine, hostes prudent!
Generositate exannavit.
Injuriarum immemor, vicit in bono malum.
Id Oeum piissima, in August. Kuchar. Sacram,
Devotissima, in iteipar. et fiaados religiosissîma.
Nulli non beneUca, vix bonum quod ei llcuit,
Usquam omrsit. aulam nionasterio.
Purpuram cilicio, delicias re^^as sRveriori
Disci|itiDai dauslrali
SoL'iavit.
HÀ^desiam suitimo cullu, iege.s ecclesiaslji'as.
Summa observantia excoliiit : exorienlem
JatiteDistanim huireBirn fidei conglaiilia
Propulsavit, rebelles regia uuuliiriUile
libtauctoravit.
Christiana palienlia uansumrnata, cœlo
Prxmatura, intcr rcgioniin pignorum siispiria,
Sacerdotum prcc^s, )*ariflienBis popuU ad
Deum gemitus, totius liallko lamcnla, sacrls
Omnibus rammunita.
Decessil in osculo Uoriiini XIIl Kal. Feb.
iElalis an. I.XV, iv meiis. excurrenle.
Seraphici Palris cilicinam veslem induta,
Religiose sepolilur. qua; som|)er rellgiosa vJxeral
Quis toi virlutibus dolalam, cœlesti cnrona
Oonalara, pie non crediderit.
Ast judicia Domlni abyssus multal
Krgo intra, et eemcns nobiscum ora, ni in
Pace in idipstim dormiat et
Uuiescat.
Carmelus Kannel. in solemni
Supplicationeriinehri posuit.
Les monastères, celui du Val-de-Gr^ce en particulier, était^- ^'
seuls les confidents des vues de la reine à cet égard. Ixirsqi ^^
nous lisons les poésies la'iyues rédigées à l'occasion de la con^^"
li'uction de l'abbaye du fiiubourg Saint-Jacques ou de la mo^^^
d'Anne d'Autriche, on sent immédiatement que les auteurs n'oi^^
pas pénétré la pensée intime de la chaste princesse.
Molière, dont le style précis n'est guère cciutumier des phrase^
dépourvues de sens, reste fort vague dans la Gloire du Val-de-Grâee^^j
[1 se contente d'une allusion au vœu de la reine mère de Louis XIV
Fais brillur a Jamais, dans la noble richesse,
[/Gs splendeurs du saint vrcu d'une grande princesse.
Le passage dans lequel il parle de la piété d'Anne d'Autriche e^^^
encore moins clair.
Ce temple
t
El porte un témoignage à la postérité
Do sa magnillcence et do sa piété.
LE COEUR D*ANNE D'ALTKICHE ET l'ABBAYE DU VAL-DE-CRACE. 309
II en est de même des autres poésies que nous avons trouvées et
Q"e nous croyons inédites, dans les papiers du Val-de-Grace.
POUR LA REYNE MÈRE
Sur le Val'de-Grâce.
m
SONNBT.
[)u temps impitoyable, et de qui le ravage
l^rtout a renversé jusques aux fondemens
Les superbes sommets des plus hauts batimens,
Un siècle plus heureux enfin venge Toutrage.
11 en fait un trophée, il en fait un hommage,
A ce temple où de Tart sont tous los agrémens,
Kt nilustre débris de ces vieux monumens.
Semble servir de baze à ce pompeux ouvrage.
Cette grande citté, que cent peuples divers
Viennent voir chaque jour des bouts de l'univers,
N*en peut trop admirer la beauté sans pareille.
Mais bien qu'il soit comblé de charmes inouïs,
[)oit-on s'en étonner? La mère de Louys
Pouvait-elle manquer de faire une merveille?
AUCHEMAIN 1.
On pourrait attribuer le vide de la pensée au défaut de talent qui
^Oractérise ce « précieux » inconnu qui signe : Auchemain.
Mais l'objection a déjà été réfutée par la citation que nous
Vfinons de faire d'un passage du poèrae de Molière. La plupart de
^es poètes qui rimaient à propos d'Anne d'Autriche n'avaient les
Confidences ni de la reine ni des religieuses.
Un auteur plus connu qu'Auchemain, J. de Benserade, dans un
bonnet vraisemblablement inédit 2, d'un style fort alambiqué et
Prétentieux, se maintient dans une généralité aussi nuageuse.
1 Archives nationales, L 1036.
2 Ce sonnet se trouve dans le carton L 1036. A hi suite du manuscrit qui
t« contient, et immédiatement au-dessus, on lit la mention suivante de la
tnême écriture : Par Jf. de Benserade. Nous n'avons aperçu ce sonnet ni
dans rédition récente de M. 0. (Jzanne, ni dans celle de Ch.de Sercy, contem-
(loraine de Tauteur. Nous avons tout lieu de croire qu'il est bien de Uenserade;
la tournure leste et facile des vers, la désinvolture avec la(|uelle l'écrivain
Cîombine les mois dans un rythme coulant et sans trop se préoccu[)er de l'idée,
rendent Tattribution très vraisemblable.
LE CdEUK DANNË DAItTRfCHE BT I
*ÏR 1)1
Sachant w que valoil Harguerlle d'Arbouze,
Koble cour de nos Rois, n'en soyez pas jalouse,
El puisque nos trésors n'enfermeot ri^n de tel.
» Donnez â ce beau clioix un éloge iramortel.
Ce l«rople ici fondé par elle
Devoit à son cœur un tombeau;
Hais ce cœur salnl fui le modelie
D'un autre temple et plus saint plus beau.
c poêle était évidemment au coulant des intentions do la reine,
îon intiinilé avec la réformatrice Marguerite d'Arbouze. Il avait
ipris ce désir d'Anne d'Autriche que nous avons voulu faire
iprendre, de symboliser par le don de son cœur l'œuvre qui
lit préoccupée exclusivement sur la terre. L'exagération du
^yriste n'empéclie pas de lire rintenlion de la bienl^itrice
l'ai-de-Grâce.
e testament d'Aime d'Autriclie n'en reste pas moins l'expres-
déflnitive des volontés de la pauvre reine. Cette pièce est très
lue. Madame deMotteville l'a publiée dans ses Mémoires. Nous
is retrouvé aux Archives nationales la copie notariée qui en fut
'rée aux religieuses pour l'éxecution des intentions de ia
ilrice. Cette copie collalionnée est conforme, sauf quelques
ils de minime importance, au texti> imprimé dans l'édition
laux et Poujoulat (Mémoires de M'"' de Motteville). « En pré-
e de Henri de Guénégaud et Michel Le Tellier, conseillers
ires et secrétaires du Roi, maison ri couronne de France,
étaires d'État et commandans de ses ordres, soussignés,
-haute, très-excellente et très-puissante princesse Anne, par la
G de Dieu reine de France et de Navarre, mère du Roi, étant
il, malade de corps dans le château neuf de Saint-Germain en
;, et néanmoins saine d'esprit, considérant combien l'heure de
lorl est incertaine, et que Testât auquel Sa Majesté se trouve
donne lieu d'appréhender d'en estre prévenue avant que de
re expliquée de ses intentions pour les choses qu'elle
: qui soient laites après son décès, Sa Mc^jesté de son bon gré,
; et franche volonté, a dicté son testament et ordonnance de
lière volonté, en la forme et manière qui ensuit :
Premièrement, que désirant mourii' comme elle a toujours vécu,
i l'amour et la crainte de Dieu et dans les senlimens qu'une
ne chrétienne doit avoir, elle prie Dieu le Père, le Fils et le
it-Esprit, lorsque son âme se séparera desoii corps, de vouloir
jcevoir dans le ciel au nombre de tous les fidèles.
ttem, ordonne que son corps soit porté à l'église de l'abbaye
L
J
312 11KVITK «AIIIIJ.OS.
de Saint-Denis en France et mis auprès de celui du fôu roi
Louis XIiI°, de glorieuse mémoire, son seigneur, après néaiitmoiiis
que son cœur en aura eslé tiré par le costé, sans autre ouverture
de son dicl corps ; ce qu'elle défend expresséinenl ; pour être
sou dit corps porté dans l'abbaye de Nostre Diime du Val de Gnlce,
sise au Taubourg Saint Jacques de la ville de Paris, et mis dans la
chapelle Sainte Anne de l'église de hd. cette abbaye : voulant
Sa Majesté que ses funérailles soient Imites sans aucune cérémonie,
et que ce à quoi la dépense en pourroit monter soit employé â
faire des prières pour le repos de son âme.
a Item, veut et ordonne ladicle dame Reine que, incontinent après
son décès, et le plus tôt que faire se pourni, il soit célébré dix
mille messes a son intention, par les soins des exécuteurs du
présent testament.
.... [Dons et legs divers ....
n Item, ladicte dame Reyne suplie le Roy de vouloir faire valloir
tous les fonds el assignations qu'il luy a plu luy accorder pour les
dépenses ordinaires el extraordinaires de sa maison de la présente
armée et des précédentes, encore qu'elles ne soient pas esclieues,
a l'exception seulement des cinquante quatre mil cent soixante
sept livres tournois par mois qui se paient à l'Espagne, lesquels
cesseront U'esire payés du jour de son deceds, et aussy de trouver ■
bon que le trésorier général de sa maison reçoive ce qui escherra
de sa rente viagère et des fermes de ses domaines, jusques et y
compris le dernier prix de la présente année, aflin que les officiers
et créanciers de la dicte dame feue Reyne qui auront faict les
advances ou qui seront assignez en soient paiez, que sa conscience
eu soit deschai^ée, et que l'exécution du pïit testament n'en
puisse recevoir aucun préjuilice.
n Item, ladite Dame Reine supplie le Roi d'avoir pour agréable de
taire valoir ce qui reste dû des deux cent mille livres tournois dont
il a ordonné le fonds en la présente année 166S pour les bastimens
du Val lie Grince, et de vouloir encore bien faire un pareil l'oads
de deux cent mille livres tournois en la prochaine année 166C
pour parachever lesdils batimens.
i> Item, ladite dame Reyne supplie encore le Roi de voulloir se
ressouvenir de la recommandution qu'elle lui a faite en faveur des
principaux officiers de sa maison, et de vouloir aussi honorer de
sa protection tous ses autres domestiques.
1) Item, la dite dame Reine veut et ordonne que les Reliques et
Reliquaires qui sont dans son oratoire près de sa chambre, au
chasteau du Louvi-e, à Paris, soient transportés en la dicte abbaye
^ L.
r
LE COEUR d'anne d'aitriche ET l'abbaye dv val-de-gkace. 313
cju Val de Grâce, et remis es mains des abbesse et religieuses
«Judict monastère, lesquelles s'en chargeront, au pied de l'inventaire
cjui en sera dressé par les exécuteurs du présent testament.
» Item, veut et ordonne qu'en ladite abbaye du Val de Grâce, il
soit célébré à perpétuité, par chacun jour, une messe à son
intention, en l'une des chapelles de ladite église; qu'à cet effet il
seni passé un contrat de fondation de ladite messe par lesdits
exécuteurs avec lesdites abbesse et religieuses aux conditions
qu'ils adviseront.
» Item, ladite dame Reine supplie le Roi de trouver bon qu'elle
<?ommette l'exécution du présent testament aux sieurs Le Tellier
Secrétaire d'Estat, l'un des soussignez, Golbert, cons*"" au conseil
'•oyal et intendant des finances, d'Argouges, premier président du
J^arlement de Bretagne, et Tubeuf, président de la chambre des
Comptes à Paris, et de leur faire la grâce de les appuyer de sa
|>roteclion s'il naissoit quelque difficulté qui n'eust pas esté préveûe
dsms la forme du présent testament ou dans les dispositions
y contenues.
» Lequel testament ainsy faict dicté et nommé par ladicte très-
ti^ulte très-puissante et très-excellente princesse aux cons**^ et
s^^crétaires d'Estat cy dessus nommés, et par l'un d'eux en la
^>résence de l'autre les a relus, et ladicte Reyne laquelle a dict
l'^avoir bien entendu en la chambre dudict chasteau neuf de
»ainct Germain en Laye où Sa Majesté est au lict malade.
» L'an 1665, le troisième jour d'août à l'heure du midi, et ladite
lame Reine Ta signé : Anne.
de Guénégaud, Letellier.
Et au-dessous est écint :
J'approuve le présent testament.
Louis.
» Gollationné à l'original dud. testament annexé. à la minute du
contract en forme de partage passé entre le Roy et Monsieur le duc
d'Orléans par devant les noV^ soub^' le XXI febvrier mil six cens
soixante six, lad. minute estant pardevers Lefouin, l'un des nof^**
soubs* qui a dellivré lettres pour les Dames religieuses du Val de
Grâce, ce vint et uniesme de septembre mil six cent soixante six. »
L'exécution de ce testament fut obtenue au moyen des formalités
dont les actes sont désignés dans la pièce suivante :
Arch. Nationales, L. 1037, LU. Cartulaire, page 607. t Second vol.
Inventaire des pièces concernant les dernières volontés de très
314 riEVIB >IAUILI.U^.
liauU) très puissante D' Anne d'Autriche 3" du nom, Reyne de
France, mère du Roy Louis 14.
1* Original. Une copie en papier, servant d'original du testament
de très puissante Princesse Anne d'Autriche Reyne de France, par
lequel elle ordonne I que son corps soil porté à Saint-Denis et son
cœur au Val de Grâce sans aucune magnificence, et supplie le Roy
de continuer après sa mort sa iirolecliou et ses libéralités pour
achever les bastimens dudj Val de grâce. II. — Sa Majesté Tait don
à ce mon'" de toutes les reliques ei reliquaires de sou oratoire du
chasteau du Louvre de Paris. III. — Elle ordonne estre Taicte une
fondation d'une rnesse basse à perpétuité à son intention, aux
conditions que Messieurs les exécuteurs dudj lestameul convien-
dront avec les abbesse el R'"' fait le 3 aoust 1663.
2° Original. Inventaire des Reliques, Reliquaires el autres pièce*
d'orfèvrerie dudj oi-atoire apportez audj Val de Grâce, par le sieur
Betloc le II février 166fi. estimez par les orffivres à la somme
de S3.314".
3" Original. Conlract du 2 septembre 1666, pour une fondation
d'une messe basse à perpétuité ordonnée par Sa Majesté par
laquelle Messieurs Colberl, Le Teilier, et Tubeuf exécuteurs de
son testament ont donné 15,U00", pour eslre employez à la con-
struction d'un bastiment qui est l'un des pavillons sur rue attenant
la cour ou avant portail rie l'Église.
Pour terminer celle question des projets de la reine au --ujel du
Vai-de-Grùce, signalons l'inlention dont parle M. l'abbé de Beuvron
dans sa ?lûtice sur le monastère du Vat-de-Grâce, qu'elle manifesta
de lïiire élever gratuitement dans ce monastère douze jeunes Biles
sans fortune et de noble famille, dans le but d'en faire plus tard
des religieuses.
C'est même probablement pour ce motif que la reine obtint de
Louis XIII l'union avec le Val-de-Gràce de la mense de Sati}t-
Corneille de Rouen, et du prieuré de Compiègne.
Le confesseur ordinaire de la reine, le Récollet espagnol dont
nous avons déjà parlé, n'était pas, si l'on en croit M"" de Mottevil le,
seul chargé de sa conscience. Lors^ju'airiva l'approche de la mon.
elle était prête.
« Je crois qu'elle s'était déjà préparée à ce dernier passage |
I
I
LE CIIKIH d'anse D'aUTBICHE ET 1,'ABBAVE llU VAI.-DE-liilACE. 313
beaucoup d'autres conl'essions, et je m'imagine que les retraites du
Vai-de-Grâce avaient été employées â ce saint (ixercice. »
La reine-mère, en elTet, n'avait pas été surprise. Depuis long-
temps, elle se sentait atteinte d'un cancer au sein, dont ellepré-
^"t>yail l'issue fatale. Une telle maladie était alors une condam-
'^aiioD sans appel.
Tout en vaquant ii ses occupations ordinaires, elle avait mis en
*^»*clre sa conscience et ses affaires.
Aussi, après un accès rie fièvre qui avait duré sept heures
*^o nsécutives, pendant un déplacement qu'elle avait fait à Saint-
*^loud, puis à Saint-Germain, pour aller visiter ses fils, elle ne
*KKaaifesta aucun étonnement lorsque, sur l'avis de Valtot, son
*ï*^decin, l'abbé de Montaga s'approcha de son lit, et lui parla de
^^onfession et de testament. « Elle resta, dit M'"' de Molteville, dans
*î« même assiette d'esprit où elle avait accoutumé d'être, c'esl-à-
^ire tranquille et ferme, sans nulle agitation qui put marquer
*3 tj'elle eût aucun trouble dans l'âme. »
Nous sommes très renseignés sur les derniers moments et sur
'^s funérailles d'Anne d'Autriche. M"" de Motteville a décrit la phy-
^âonomie des journées où la reine, en agonie, donnait à tous les
^iens l'exemple d'une foi admirable et d'une résignation au-dessus
<i e tout éloge.
En ce qui concerne les funérailles et particulièrement le trans-
•V^rt du cœur de la mère de Louis XIV dans l'église du monastère
■^^u'elle avait fondé, nous avons le récit très détaillé de ia cérémonie
K^ublié dans la Gazette de France, les notes de Godefroid, et un
^Scril trouvé dans les papiers du Val-de-Grâce.
Nous ne referons pas le récit de l'agonie de la reine, nous
rie décrirons pas les manilestations de douleur des fils d'Anne
«:]'Autriche. La Gazette de France entre, â cet égard, dans une
«zjuanlité de développements qu'il serait trop long de rapporter.
Citons seulement le passage publié en l'année 1066, p. 91 et 199.
On remarquera que ces lexies ont la valeur d'un document. Tout
^2e qui paraissait dans ce journal était rédigé par ordre du roi ou
sous son inspiration par des écrivains à gages.
Nous verrons que, en ce qui concerne le transfert du cœur
^l'Anne d'Autriche au Val-de-Gràce, l'auteur avait certainement
reçu des confidences de gens très au courant des intentions de la
reine.
u La Reyne Mère ayant été surprise d'une lièvre continue, comme
le mal semblait augmenter le IT du courant. Sa Majesté communia
à deux heures du matin 18, à la messe célébrée en son oratoire
316
ItEVUK HABILLON.
p:ir l'archevesque d'Auch son grand aumônier; et le mesme joi
pyr l'ordre Je l'yrclievesque de Paris, le Saint-Sacremeiil fut f xpos^
clans loittes les églises pour Uem^inder la santé de cette bonnëiS
Princesse. Le Roy. la Reyne. Monsieur et Madame furent ;i la messe
en l'église des Prestres de l'Oratoire et le soir y retournèrent ;iu
salut, ainsi que le lendemain. Ce jour-h'i If Roy, qui a toujours eu
recours aux intercessions de sainte Geneviève, en semblables
occasions, donna des orditts pour la descente de sa cliAsse, qui
se fit avec les cérémonies accoutumées. Mais la Reyne Mère, se
sentant aH^iblie sur les 8 heures du soir, demanda le S. Viatique,
que l'arclievêque d'Aucli alla prendre en l'église Saint-Germain
l'Auxerrois, paroisse de leurs Majestez, où il le receut des mains du
curé- Le Roy. avec lequel estoit Monsii^ur, le Prince de Condé et
plusieurs autres personnes de liante qualité, suivis des genlils-
hummes et oliiciers de leurs maisons, accompagna le S.-Saorement
jusqu'au Louvre, un cierge à la main, ainsi que tous ceux qui
assistèrent a la cérémonie : les Pages et les Valets de pied de toute
la Maison Royale avec des flambeaux de cire blanche, marclians
devant le dais, derrière lequel esloil te Curé, avec plusieurs PrélatsJ]
les Aumôniers de la Reyne mère et le Doyen de la mesme ^
qui précédoyenl immédiatement Sa Majesté. Aprezque l'archevesqw
d'Auch eut l'ait une fort belle exliortalion à cette auguste maladofj
elle le receul avec des senltmens de sa piété toujours exemplaire 1
et ensuite donna la bénédiction au Roy, fi la Reyne, à Monsieur e
à Madame, leur parlant en des termes si louclians, qu'ils ne purent"
répondre que par des larmes; puis le Roy, accompagné comme
auparjvant, reconduisit le Saint-Sacremenl en la mesme église, 6 la
veiie du peuple, qui puussoit incessamment des soupirs au Ciel,
pour la Princesse. Mais Dieu voulant, enlln, lui donner la couronne
qu'KlIe ne pouvoit espérer de la Terre, après avoir encore reçu
avec beaucoup de piété l'Extrême-Onction, que le mesme prélat lui
conféra, elle décéda sur les six heures du matin, en sa soixante et
cinquiesme année et au 14" jour de sa fièvre : donnant de conti-
nuels témoignages de sa résignation et de sa fermeté, avec t'admt-H
ration de toute l'assistance, qui, cependant, fondoit en larit
sorte que l'on peut dire que sa mort ne fut pas moins un exempll
solennel de constance et de piété, que toute sa vie l'avoil esté ââ
plus hautes venus. »
Pendant sa maladie, AnnH d'Autriche manifesta le désir que l'o
eùl recours aux intercessions de sainte Geneviève « pour obieoti
de Dieu la grôce de supporter patiemment ses extrêmes douleun
et de mourir saintement n. Le roi s'empressa de donner les ordn
nécessaires pour que le vœu de sa mère fût exaucé.
A^
LE CtlKlIR D'aNNE d'aUTIUCHE ET l'ABBAYE DU VAL-DE-GRACE. 317
Citons le récit de la Gazette de France {1666, p. 98 et seq.) :
« A cet effet, Sa Majesté envoya ses ordres au Père Boulart qui
en est abbé (de Sainte-Geneviève), pour préparer les choses néces-
saires et le 18, le Parlement ordonna que, sans tirer à conséquence
pour l'avenir, celte chasse seroil descendue pour estre exposée
aux peuples, et visitée par les processions de toutes les églises de
la ville et des fauxbourgs.
» Le lendemain, en exécution de cet arrest, le Lieutenant civil,
le Lieutenant particulier, le Procureur du Roy et quelques autres
Officiers du Ghastelet, accompagnez de grand nombre d'archers,
se rendirent en l'abbaye, sur les huit heures du matin, pour se
charger, selon la coutume, d** la garde de cette chasse : laquelle
fut descendue en la manière ordinaire, tous les religieux prosternez,
chantans les psaumes pénitentiels, aprez que la messe eut esté
pontificalement célébrée par l'abbé, en présence de Mademoiselle
et d'une infinité de Personnes de toutes conditions, que leur
affection pour la Reyne malade avoit attirez de toutes paris.
» Le mesme jour, les processions s'y rendirent selon l'ordre
quelles en avoyent receu de l'archevesque. Sur le soir, le Prévost
des marchans et les Échevins, en leurs habits de cérémonie,
précédez de leurs archers et suivis de conseillers et autres officiers
de la ville, y lurent pareillement faire leurs prières et baiser la
chûsse, et le concours du peuple continua jusqu'à neuf heures
du 20 qu'elle fut remise en sa place, avec les prières qui se font
en pareille occasion, à l'issue de la messe, encore pontificalement
célébrée par le mesme abbé : chacun témoignant, dans la douleur
qu'il eut de la mort de la Princesse, la joye qu'il ressentoit de ce
qu'elle avoit esté aussi sainte que sa vie. »
Après la mort, le roi et le duc d'Orléans retournèrent l'un à
Versailles, l'autre à Saint-Cloud, pour se livrer à leur douleur
parfaitement sincère.
Pendant ce temps, le clergé et le maître des cérémonies, M. de
Sainctot, organisaient la chapelle ardente et l'ordre des cérémo-
nies de l'inhumation.
Plusieurs prélats et ecclésiastiques célébrèrent la messe sur un
autel dressé dans la chambre de la défunte; suivant l'usage, les
Feuillants vinrent psalmodier l'office des morts, concurremment
avec le clergé de la paroisse, et « deux hérauts, avec leurs cottes
d'armes et leurs chaperons de deuil, furent placés au-devant du
balustre, pour présenter l'aspersoir aux personnes de haute condi-
tion qui veulent donner l'eau sainte ». (Gazette de France, ibid.,
p. 100.)
318 riBvi F. HAnii.i.oN.
La reine élail morle le 20 au malin. Après l'exposilion du corps
au peuple qui dura toule cette journée el celle du 21, « on sépara
le cœur pour estre porté au Val-de-GrSce, ainsi que la princesse
l'avoit ordonné par son testament pour continuer, mesme apprf-s
sa mon, de témoigner J'afTection qu'elle avoil toujours eue pour ce
monastère. Ce qui s'exécuta en présence de la comtesse de Kleii,
sa dame d'honneur, du comte de Brancas, son chevalier d'honneur.
ni du président TubiFuf, l'un des exécuteurs dudit teslanient. Ce
cœur, après qu'on l'eut fait voir ii l'archevesque d'Auch. (aumônier
de la reine), ayant été embaumé et enfermé dans un cœur d'argent,
puis déposé par le même Prélat dans la chapelle .... » (Gazette de
France, p. tOS.)
« Le 22, ce Prélat (l'archevêque d'Auch) ayant mis le cœur sur
un carreau de velours noir couvert (l'une couronne avec un crespe.
l'accompagna au Val-<ie-Grûce, où il lut porté sur les six heures
du soir, dans le carosse du corps de la Reine défunte : oii estoient
Mademoiselle, Mademoiselle d'Alen^on, la Princesse de Gondé, I»
duchesse de Lnngueville et la princesse de Carignan, toutes en
mantes. Ce carrosse estoit entouré d'une infinité de flambeaux d^
cire blanche portez par les pages et les valets de pied de la défunte
et par les pages de la grande et petite écurie du Roy. et suivi de la
compagnie des gardes de celle Princesse, tous en deuil, et de
quantité d'autres carrosses des Princes, des Princesses el des
seigneurs de la Cour.
» En cet ordre, le convoi estant arrivé au Val-de-Gràcc, le cœur
y Tut reçu ;i la porte du monastère par la supérieure, assistée de
toutes les religieuses, qui. chacune avec un cierge de cire blanche
à la main, le conduisirent en psalmodiant, dans le chœur, tendu
de noir, avec trois lez de velours chargez d'écussons où il l'ut posé
par l'archevesque d'Auch, sur une estrade qu'on y avoil dressée
sur un dais.
» En mesme temps, les prières furent dites, el l'encens ayant esté
donné, ce prélat, par un discours des plus éloquents, présenta le
cœur â la supérieure, laquelle, avec toutes ses religieuses, répondit
par un latigage de soupirs el de larmes, qui expriment bien mieux
que toutes les paroles, la douleur qu'elles ressentirent de la grande
perle qu'elles venoient de faire, et la tendresse avec laquelle aussi,
elles recevoienl le cœur d'une Princesse qui avoil toujours eu tant
d'affection pour leur communauté, el qu'elle avoil signalée par la
magnifique structure de ce beau monastère, qui en demeure
comme le monument éternel, n
Et le chroniqueur officiel, parti vers le pays de l'enthousiasme.
le. crKiii nANNK DAcrriJCiiE i
i.-nK-(;nAr.K lUil
ne peut maioieiiir son vol si haut pendant longtemps. Il luiil p.ir un
compliment à MM. de Sainctol el du Pin, chargés d'organiser les
cérémonies : « Le tout s'eslanl passé avec un très bon ordre, par
soins des sienrs de Sainctot et du Pin, maistre et ayde des céré-
inotiies ... a (Gaz. de France, p. 113.1
Godefroi, qui ctierohe dans tous ces détails du cêrémoniai des
cours les incidents qui ont pu donner lieu à des litiges, est très
t>ref sur le transport du cœur de la reine au Val-de-Grâce. Voici
Ce qu'il en dit [Archives nationales, KK 14331 : « Mademoiselle
d'Orléans (celle qui épousa LauKun), Mademoiselle d'Alen^on. les
t>rincesses de Condé et de Longuevilie et de Carignao, avec ia
dame d'honneur et In dame d'atour, accompagnèrent le cœur dans
l« carrosse du Roy; un carrosse des femmes de chambre de la
"Reine marchoit après les gardes. Madame d'Arpajon y monta.
Ce devoil être aux carrosses des princesses à marcher. Le Roy
désavoua celte entreprise .... »
M. l'abbé de Bertrand de Beuvron décrit dans la Notice que uous
^vons déjà citée, mais sans donner aucune référence, le monument
«Jans lequel étaient placés les cœurs de la liimille royale déposés au
"Val-de-Gràce.
Ils furent, d'après cet auteur, auquel la situation d'aumônier de
l'hôpital militaire, qui a succédé aux religieuses Bénédictines, a pu
■nettre aux mains des documents ignorés de nous, d'abord déposés
'«Jans la chapelle de Sainle-Scholastique, dans l'intérieur du
«ouvent. Le 20 janvier 1676. par ordre du roi, eut lieu la céré-
monie de la translation dans la chapelle de Sainte-Anne, de tous ces
cœurs pour lesquels on érigea un pompeux édifice,
u Au milieu de la chapelle, sur une estrade de trois degrés envi-
ronnée d'une balustrade, s'élevait un tombeau couvert d'un poêle
de velours noir croisé de croix d'argent, bordé d'hermine et chargé
des armes de France écartetées avec celles d'Anne d'Autriche, en
broderie d'or. Il était surmonté d'un lit de parade à pentes de même
étoffe. Dans l'intérieur du tombeau étaient plusieurs layettes
séparées et fermées à clef. Ces coffrets étaient garnis, les uns de
velours noir, les autres de salin blanc. Les cœurs des princes et
des princesses étaient embaumés et renfermés dans un cœur
de plomb, contenu lui-même dans un autre cœur de vermeil
recouvert d'une couronne de même métai ; ils étaient placés dans
les coffrets sur des carreaux de velours noir ou de moire d'argent,
selon l'ûge du prince décédé. Les noms des princes ou princesses
étaient gravés sur le cœur de vermeil.
» Tous ces cœurs, aussi bien que le corps de Mademoiselle
330 REVUE NABILLON.
de Valois, fille aînée de Philippe d'Orléans, duc de Chartres, furent
transportés par ordre du roi dans le caveau qui est sous la cha-
pelle de Sainte-Anne, le 16 janvier i696, et enfermés dans une
armoire en pierre garnie de plaques de marbre blanc.
» Celui d'Anne d'Autriche et celui de Philippe de France, duc
d'Orléans, son fils, sont les seuls qui restèrent dans le tombeau de
la chapelle supérieure. » (Abbé de Bertrand de Beuvron, Notice sur
le monastère du Val-de-Grâce, Paris, Josse, 1873, in-12, pièce.)
La Révolution ne respecta pas ce dépôt sacré, pas plus que
Voltaire n'avait respecté la mémoire de la princesse qui avait
triomphé de la Fronde, assuré le règne de son fils, et par là
procuré à la France de nombreuses années de gloire, de prédomi-
nance intellectuelle et morale sur l'Europe entière. Mais elle avait
joué un rôle actif dans l'élévation de la dynastie des Bourbons.
Elle avait donné naissance aux chefs des deux branches de celte
famille qui ont régné sur la France. A ce titre, comme à celui de
fondatrice d'un grand monastère, si elle s'est attiré des ennemis et
des détracteurs, il était indispensable que, calomniée, elle ne restât
pas sans défense.
Gaétan GrnxoT.
UN CALENDRIER DE L'ABBAYE DE PONTENELLE
(xiii**-xiv'* s.)
Un certain nombre de calendriers du monastère de Fontenelle
js ont été conservés dans les livres liturgiques de la célèbre
)aye. Celui que Ton édite ici n'est point le plus ancien, mais il
aru s'imposer grâce aux renseignements liturgiques de nature
'iée qui l'accompagnent, grâce aussi aux diverses additions qui
nt été faites durant le cours du xiv* et du xv^ siècle à une époque
les moines de Saint- Wandri lie se montrèrent fort soucieux d'en-
iiir le catalogue de leurs bienheureux.
^^e manuscrit auquel nous l'empruntons a été décrit déjà au
talogue géîiéral par M. Omont *, mais d'une façon assez brève
jn peu vague. Une nouvelle analyse ne sera donc pas inutile pour
iciser la nature des pièces liturgiques qui y sont comprises.
Vncien ms. n** 41 de la Bibliothèque de l'abbaye, le volume
)artient aujourd'hui à la Bibliothèque de Rouen (U 69) avec la plus
nde partie des reliquke de l'ancien tonds de Saint-Wandrille.
Test un de ces livres que l'on rencontre très fréquemment à
•tir du xiir siècle, où l'on réunissait l'ensemble des textes néces-
res aux lectures qui se faisaient au chapitre après prime :
rtyrologe, règle, etc.
)ans sa forme actuelle (165 t^") le ms. est incomplet. Il l'était
à à l'époque où les moines de Saint-Wandrille * lui donnèrent
Catalogue général des Manuscrits des Bibliothèques publiques de France,
lartements. Tome I, Paris, 1886, in-8, p. 303, n«» 1212.
Deux des religieux ont laiss('î leur nom sur le premier feuillet : Ab
atia S. Wandregisili prœclarissinui dependet hœc régula. Puis de la même
in : Domnus le Chandelier ... eiusdem abbatiœ benedictinus. Plus bas, d'une
iture cursive et rapide, comme des essais de plume, le nom de Bizemont est
M. à plusieurs reprises. On a rayé une mention assez longue qui commen-
21
llE\rE HABJI.LflN.
sa iiagination el s» cote el aussi vntiseinbliiblcnient t» reliure
qu'il a conservée. Un leuillel au moins manque au début. De plus le
radex linil ex abrupto. Dans le corps du volume un certain nomlire
de pages ont disjapu du martyrologe d'L'suard où l'on constate une j
lacune entre les Ides de Mars cl le 4 des Rai. de Mai (loi. â9'-30').
Kuptures également dans le texte de \a lieniih Sri Beitedicli
entre les t*' 128 et 129, 131 et IS2.
. iS*. ('.ommence ex abrupto au mois de mars et sans litre un '
Ordo leclionum de refevlori» pour les l'êtes des saints. Gel
catalt^ne de lectures est accompagné suivant l'usage d'ua 1
certain nomlii'e d'indications litui^iques qui forment comnei
) schéma des Consueludines du monastère. Nous espérons le J
publier ainsi que la liste suivante dans un des prochains \
fascicules de la Revue.
Pol. &-T. E.tpositio»es evangelbrum per aiinï ciiculinn légende — =!■
ad meiisam. Au bas de la dernièi-e |)age : Libri legnuli lU^M
collatbnem.
■13*. Sans titre, le calendrier que nous allons publier. C
peut en extraire un obituaire des abbés dont on céléljrait
seiTice anniversaire. Cette liste est plus complète que cel
i|u'a donnée M. Omont * d'après un missale FmtlaneUense «
XV' s. conservé aujourd'hui  la Bibliothèque du Havre, n" S '
(A 30), La transcription que nous en donnons ici perraeli
au reste de corriger une certaine eonlusion dans les dates
texte imprimé.
1
ÇHJt par de Biiemont doclor. (Juetiiues di^lails sur ces ileux moinM nous s~^::»*>t
Tournis par deux ddIcs dues iians doute i la plume d'un religieux muuri.sle' *'?
l'ahliaye : Dnus Fratirùcus le Chandelier obiit dit Irrtia vutii atmo millrs »"^ff
teœeenttsinto trigesimo nona. Kl relativement U Uuiii de Hixenioni : M. Bizr»*-':^^!
a ligne ptutfeuri Bnuljf e» gualilf de BeligieiKT de celte ÀlilmU et arrnéei f^^
eHBiroti.
• Catalogue général, l. II. p. 'A'A\.
UN CALENDRIER DE L ABBAYE DE FONTENELLE.
323
III kal. Feb.
lY Nonas Mart.
III
II
XVI kl. Maii
XIV
V
VI Id. Maii
XIII kl. Jiin
XIV kl Jul
Il Non Aug
Mus Aug
II Non Sept.
'II kl Oct
VII Id. Oct.
ni Non Nov
'V kal Dec
dominus abbas RobefUus ^
[0 doininus Johannes de Rochois, abbas ^]
dominus abbas Girardus ^
Gradulfus abbas *
Maiiiardus abbas *
dominus abbas Gaufredus de Naylot «
abbas Anfredus ^
Robei'ius abbas ®
abbas Gaudrifus ®
Rogei*ius abbas ^^
dominus abbas Guillelmus de Norveille '*
dmnintis Galierius abbas ^^
GirberUis abbas ^^
Obiit .... abbas de ^*
Petrus abbas **
Galtej'ius abbas *®
Girardus abbas ^^
II ne sera peut-être pas inutile non plus de grouper ici, avec
''ensemble des additions laites au calendrier, les noms des anciens
'^^oines de l'abbaye dont le culte fut introduit postérieurement à la
''^action de notre texte, à partir du milieu du xiv siècle, semble-t-il,
^^ qui ont été ajoutés à des dates diverses au calendrier primitif.
r*^tte liste formera comme le dernier stade d'un développemc^nt
'^Urgique incessant dont les premières traces pourraient être
*^lfivées dès la restauration de Tabbave au xi* siècle.
VII kl. Fehw Landmiis abb. Fontinellemisarchi4'pi RemensLs.
II kl. Apr. TranslaiioSAVandregisiliAnsbertietWlfranni,
VI Id. Apr. Hugonis archiepiRothomagensis,
XV kl. Maii Sci Vuandonis abbaiis Foniinellensis .
III Non Maii Memoria pairum et matrum fratrnm et sororum
omnium monachorum Indus cœnobii tam defunc-
torum quam vivorum,
VU kl. Juniii Godonis confessoris.
XlII kl. Aug. Ansigisi abbatis.
* 1194. — 2 Addition postérieure, mort IV Non. mart 1412 (1413). — 3 m Non.
^îirl. 1125 (1126). — * Pridie Nonasmartii 1047. - ^ x** s. — oxi kl. mai 1:288.
-> ^ V kl. maii 1178. — » 1219. » XIII kl. Jul. 1193. — ^ III kl. Jul. lio:». -
^ 1303 ou 1304. -- 12 1150. - « Priilie Nonas Sept. 1089. - " Peut-être Reginal-
^«« abbas.WW kl. Oct. 1207. - «Vil kl. Nov. 1255. — w III Non. Nov. 1187. -
^ III kl. Dec. 1031. Sur toutes ces identifications, cf. Gallia Christiana, cd.
^lOLiN, t. XI, Paris, Palmé, 1874, in f*^, col. 16«-18;i. Voir ég. Dklisle, Rouleauœ
^^s f/wris du IX* au XV" s., Paris, 1860, in-8, p. 209 et 294, deux listes nécro-
^^Ckgiques du début du xii« siècle.
;i2i
llKVliE MABli.LO
An-slnilfi abbalis fmilineHe.
DedkalU) cca- LX vi. t
XVtll kl. Odt.
Non. Dec.
H''-79', Également sans titre te martyrologe d'Usuard. Iték-^ui
ordinaire : ?ioM kalemlasJanaarii. On trouvera, dans les no- -^cs
qui suivenl le lexte du calendrier, les mentions assez nc^^ni-
Itreuses particulières à l'abbaye de Sainl-Wandrille. On [^to^ul
constater qu'un certain nombre d'entre elles tigurenl a la Un
de la notice de cliaque jour, comme si le rédacteur de naczitjv
manuscril les avait trouvées inscrites en marge du texte c—ju'jj
avait SI transcrire. Celte hypothèse permettrait peut-étn^ ^
distinguer une seconde couche de fêles postérieures ^ |g
restauration du xi" s. — lies indications relatives à la soleri nité
des t'êtes ont été signalées au même endi-oit chaque fois qu'c^J^
difTèrent de celles du calendrier. Le martyrologe semble avoir
conservé un élat pins ancien et le calendrier atteste uw
réforme liturgi<]ue dont la tendance, fort [laturellc pour
l'époque, est nettement orientée vers une diminution du temps
consacré aux offices.
KO'-143'. in nomine dni incipit pt-ologtis sci Bene^icli in rt^ul^
eiusdem. Chaque ctiapitre est accompagné d'une tradiiclii»*
française qui devait être lue en même temps à l'assemblée cair *
tulaire, selon les prescriptions des Statuts de Gr^oire IX.
144M38'. Statiita Gregoriipape IX. Ce sont les Statuts envoy^^
eu 1237 à la Province de Rouen. On devait les lire au chapili^"**
à certains joui-s post martyrologiinn i\ la place de la Kègleî^;
Comme pour cette dernière, le texte latin est accorapagn- ^
d'une traduction française '.
Fol. 1o8'-167'. Sans titre, commence : De Aiivenlu dni Dp^^*
prima. Ce sont de courts extraits d'homélii' qu'on lisail a. ■•
chapitre à la place de la Règle, les dimanches et jours defèlf'^-
Le ms. incomplet s'arrête brusquement au Dca XI' post ociabcM-^
penthec. Assez vraisemblablement l'orbituaire du monastè»"*'
devait terminer le volume.
La date du ms. peut être reportée au début du xiv 3. On y rclèv*'
la mention de l'obit de l'abbé Guillaume de Norveille, mort en TW-*-
En revanche la lête de S. Hugues, arclievéque de Rouen (17/d.4p^-^
1 Cf. Porée. Hitloire de l'ttibaye du Bec, Kvreux, HWl, [ii-S, tome I. p.Xt3,
ssq. Un ancien ma. île JuniiOnes (aujourd'hui Rouen 76:^) a ronservé <^,il«iic'»'
le souvenir de iretLe lecture des Statuta â Prime. Lu version Trancaîu ^
diffëreuie de celte de Fonienelle.
■ r.r. Harti^ne, De Sitiàut MonackoncM, col. 57, Q
I-UN CALENDHIER IIE I.ABnAVE DE KO^Te^EI.LE.
325
ajoutée après coup. Or, cette fête a été uitrodiiite à Rouen
)d ', et il est peu vrais<;mblable qu'on ait tardé loiigti^iups à
lelle à suivre l'exemple de la métropole. De plus au f" 4 recto
ain postérieure a inscrit une note marginale relative à un fait
[ lieu en 1311. Ce sttrait donc entre ces deux dates (1 304-131 1|
itre manuscrit aurait été écrit.
terois il faut constater que parmi les rubriques qui accom-
it l'Ot'do leclionum il en est une qui atteste l'usage de réciter k
irtaine époque de l'année, le mardi, l'office votilde S.Wandriite
aberit et le jeudi celui de S. Wull'ran. Or, cette coutume,
B la Chronique du ins. latin 13820 de la Bii)iiothèque Nationale,
été introduite par i'ablié Jean de Saint-Léger vers 1341 ',
.e notice n'est |>oinl une addition postérieure, il l'audniit donc
er d'une trentaine d'années la rédaction du Martyrologe.
JANVIER.
Circutncisio Dni. In capis. Cre4fi.
Ocl. sci Slephani. XII le.
(kl. sci lohaunia. XII le.
Oct, Innoccntium. III le.
Epijphania Dni. Duplex. Credo.
Luciani, Maximi et Iuliani. VIII le. IV le. de Ep.
Pauli primi lieremite. Vlll le. IV de Ep.
Oct. Ëpi/phanie. In albis cum VIII cap. Hylarii,
ltemi|;ii, ep. VIII l. In crastino.
Kelicis in pincis m. lil k.
Mauri abb. /// le.
Marcelli papc^ et m. /// le. (Laudonis abbatis
l'ontinellensis, archiepi remcnsisj.
Antonii abfiatis VIII le.; Sulpitii epi //// le.
Prisée virg. et m. III le.
Fabiani et Sebastiani marturum. In aW.
Agnetis virg. et m. In alb.
VÎTteeTieii levile et marlyris. In cap.
Conversio sci Pauli. In cap. Cre^lo. Preiecti m.
comm.
Iuliani epi. XII le.
Agnetis secundo. /// le.
0. dominus abbas Robertns.
A ColletU. HUtoire du Bréniaife de Souen, IB03, in-8. p. ItH.
Sauvage, Abr^g^ de la vie ei de» miracles de S. Wulfraii par Dom
me La Vieille... publUpour lapremifre (bis. Rouen, in-a, 1878, p. 2S.
I
[ 3S6
^^^^^H
FÉVRIER.
lllI(Kclir.Non.l
Piirificatio béate Mam. In cai). Credo.
III
Blasii epi et m. XU le.
) Nouas
Agathe virg. et m. In alb.
i vnKid.i
Vedasti et Amandi ep. /// le.
V
Sci Ànsberti arckîepi. In cap.
iiii
Sce Anstrebeiie et sce Scolastke. In alb.
XVI (kl. Mart.)
\n\entin\ m. III le.
xmi
(ht. ici Ansberti VIII le. Sce Juliiin.' //// le.
V[II
Cathedra sci Pétri. In alb.
VI
Mathie apli. In alb. Credo.
un
Dfdicatio eccl. sci Pelri scique Wandreg.
MARS.
Kl. Mart.
Albini epi. /// le.
im (Non.)
[0. doininus Johaunes de Hocliois alibas.l
IH
0. dominus abbas Girardus.
11
0. Gradulfus abbas.
Ilil (id.)
Gregoi'ii pape. In alb.
XVI (kl. April.)
Sce Geretriidis. virginis comm.
Xlll
Viilfranni archiepi. in albis. Cum Vlll cap.
XII
Benedicti abbatis. In alb.
1 VIII
Annimtiatiô dca. In cap. Credo. Hennel»
Hbb. comm.
II
[Translacio s. Wandregisili Ansberti et Wi«
Irannil.
AVRIL.
Kl. Aprilis
Sci Walarici abb. comm. posl pascha.
1 IIIl (Non.)
Marie egyptiace nihil.
"
Ambrosii epi. In albis.
^ VI (id.)
[Hugonis archiepi rotho.l
XVIII [kl. Miiii)
Lambeiii epi. In alb. Tybuitii, Valerii et M
mart. comm.
1 XVI
0. Mainardiis abbas.
1 XV
[Sci Vuandonis abbatis Fonliiielle.]
Xllll
0. dominus abbas Gaufridus de Naytot.
IX
Georgii mari. III lec. vel comm.
VII
Marci ev. In albk. Lelania maior.
VI
Richarii presb. et conl'. /// /pc. vel comm.
' V
0. abbas An fredus.
1 nu
Vitalis m. Ill lec. vel comm.
UN CALENDRIER DE L ABBAYE DE FONTENELLE.
327
MAI.
rlaii
(on.)
id.)
(kl. Jiin.)
Philippi et lacobi ap. In albis,
Athanasii epi. /// lec.
Inventio s, Cnicis, In albis. Credo. Alexandri,
Eventii et Theoduli mm. comm.
IMemoria patrum et matrum, iratrum et sororum
omnium monachorum hujus cenobii tam
detunctorum quam vivorum].
lohannis anteporiam latinam. In alb.
Translatio s, Nicholai. In cap.
Gordiani et Epimachi mart. lll le. 0. RobeiUus
abbas.
Maioli abbatis. /// le.
Nerei et Achillei et Pancratii mm. /// /.
Herembej'ti epi. In alb.
Potentiane vig. nichil.
0. abbas GaufrUlus.
Desiderii epi et m. nichil.
Majcimi et Venerandi mm. Duplex. Urbani
pape et m. comm.
Augustini epi. XII lec. [Godonis conf. comm.]
Germani epi. comm.
Petronille virg. et m. comm.
JUIN.
un.
Non.)
d.)
[Kkl.JuD.
l
Transi. Wlfranni, Condedi, Heremberli. In
albis. Nichomedis mart. comm.
Marcellini et Pétri mm. /// /.
Medardi et Gildardi ep. /// /.
Primi et Feliciani mm. /// /.
Barnabe apli. In allais.
Basilidis, Girini, Naboris et Nazarii mm. /// /.
Basilii epi. XII l.
Viti et Modesti atque Grescentie mm. /// /.
De brachio S. Wandreg. abb. In cap.
Marci et Marcelliani mm. /// /.
Gervasii et Prothasii mm. XII l. 0. Rogerius
abbas.
Baini epi. In albis.
Leufredi abb. /// /.
F"
liEMK UABILLOS.
^^B vim
Vig. s. lolianii. Ili 1. vel 1111°' si de ea luerii.
^^1 VIII
Nativitas sci Jobannis Bapt. In cap.
^H vu
Eligii cpi ////.
^m VI
lohannis et PauH nim. 111 1.
^B >^
LeoniB pajie epi (sic) /// /. Vigilia.
^H "^
Aposlohyum Pelri et PaiiU. Duplex.
^B "
Commemoralio s. Pauli. In alb. Myicialis ejK
coniin.
^^
JUILLET.
Kl. Jul.
Oct. s. lohannis Vill 1. De apostolis IIll.
VI (Non.)
Prœessi et Martiniani mm. comm.
1 lltl
Ordinatio sci Martini. In albis.
II
Oclava Apostolat-um. In albis.
V[ (id.)
Amalbergevirg. Inalbis. SepteinfralrumrOTBuii
V
Benedicti abbalis. In capis. Scolasticc \'irgj
comm.
1 XV (kal. Aug.)
Arnul/i epi et m. Xîî lec.
Xtll
Margarete v. ut m. [Ansigisi abbalis f.].
XII
Sci Viclopis m. comm. Praxedisv.comw.Vigitift
1 ^'
Hci patris noslri WandregisUi Duplex. MarU
Magdalene. In capis.
X
Apollinaris m. comm.
VIII
iacobi apOHtoli. In albis. Christofori et Ciicin
latisnim.
VI
Seplem Dormientium cmnm.
V
Sansonis epi comm.
IIll
Oetava s. WandregisUi. In cap. Fclicis, Sim-
plicii, Faustini etBeatricis.
m
Ahdonel Sennes. IIll.
II
Germant epi. XII l.
AGIT.
Kl. Ans.
Pelri ad Vincula. In cap. MachabeoÈ-um
comm. Eusebii epi comm.
IIH (Non.)
Stepbani pa|ie m. /// lec.
III
Inventio sci Stephani,sociorumtjue eius. ht cap;
II
Vin (id.)
Transfiguratiû dni. In cap. Credo. Sixti pape
et m. comm. Felicissiml et Aj^apili cAtinm.
vu
Donjiti epi et m. /// lec.
UN CALENDRIER DE L ABBAYE DE FONTENELLE.
329
VI
'Il
VJS
f^ I X (kal. Sept.)
m
II
XI
IV
-'N^III
III
II
I
ÏII
Ciriaci socioruraque eius. /// lec.
Romani m. /// lec. Vigilia.
Laurentiim, In cap, Octava s. Slephani. comm.
Taurini epi VIII lec, IIIP" de s. Tiburtio m.
Ypoliti m. cum sociis suis /// lec, 0. dominus
Galletius abbas.
Eusebii conf. comm, Vigilia,
Asstimptio béate Marie, Duplex. Credo,
Arnulfi epi VIII lec. IIII"' de sca Maria.
Octava s, Laurentii VIII lec. IIII"' de sca Maria.
Agapiti m. comm,
Magni m. comm,
Philiberti abbatis VIII lec. IIII*»" de sca Maria.
Octava sce Marie, In albis, Timothei et Sim-
phoriani mm. comm,
Timothei et Apollinaris mm. III lec.
Bartholomei apostoli. In alb,
Audmni epi. In albis. In crastino...?
Ludovici régis, XII lec,
Ruli m. III lec,
Augustini epi. In albis. Hermetis m.
Decollaiio sciJohannis, In cap. Sabine v.
Felicis et Adaucti /// lec.
SEFI^EMBRE.
*:i. Sept.
m (Non)
II
ÏJonas
^11 (Id.)
AI
V
IIII
Idus
XVIII (kl. Oct.)
XVII
Egidii abbatis. In albis.
Ordinatio sci Grego7*ii pape. In albis.
dominus Girbei*tus abbas.
Bertini abbatis /// lec.
Evurtii epi. III lec.
Nativitas béate Marie. In cap. Credo. Cornelii
conf. in crastino VIII 1. III de sca Maria.
Gorgonii m. comm.
Prothi et lacincti mm. comm.
Maurilii epi comm .
Exaltatio sce Crucis. In alb. Credo Cornelii et
Cipriani mm. comm. [Austrullî? abb. Fon-
tinelle].
Octava s. Marie VIII l. 1111°' s. Aicadri.
Nicomedis m. comm.
330
HVMf. MAtllLLnN,
XVI
Eulemie V. el m. III lec.
XV
Lamberti epi et m. XII iw.
XI
Malhei apti et ev. In alO. Laudi i^pj cotnm.
X
Mauricii ctim sociis suis. In alb.
IX
Sci Palerni comm.
VII
Firmini epi et m. /// lec.
V
Cosme et Dainiani mm. /// lec.
ui
Michaelis in inonle Gargano. In capis. Obij
abbas de ....
II
leronimi prest>. et conf. In albis.
OCrOBKK.
Kl. Ocl.
Remigii.Gevmani, VeMsti episco/ioruèu.Xn
VI (Nom
Leodegarii m. /// lec.
iiii
Auree v. Illie-c.
II
Fidiso. et m. In albis.
Nonas
Marci [\h\m- III lec. Marcelli el A[)ulei iiiin. ooi
Vil (Mus)
byonisii cuni sociis nuis. In cap. 0. don
Pelrus abbas.
VI
Gereonis cum sociis 3uis. /// lec.
V
Nicasii cum sociis suis. In albis.
II
Calixti pape et m. rnmin. Vigilla. Evanijel
Mus
Vulfranni archiepi. Duplex.
XVII (kl. Noï.l
Michaelis in monte Tumba. In albis.
XV
Liice evangetisle. In albis.
XIlll
Fridesvidevirg. In albis.
XII
Condedi amfessoris. In alb.
XI
Oclava s. Vulfranni. In cap.
X
Hoynani archiepi. XII lec
VIII
Crispini et Orispiniani mm. /// lec.
VI
VigUia.
V
Si/moniset lutle In cap. Faninis epi comn
II
Quiiitirii m. /// le-c. VigUia omnium sancUr
NOVEMBRE.
Kl Nov-
Feslivitas omnium sanctorum. Duplex.
IlII (Non)
Kustacliii cum sociis suis XII lec.
III
0. Dominus Galteritu abbas.
II
Amantii epi ;// lec.
VIII (Id.)
Leonardi conf. /// lec.
UN CALENDRIER DE L ABBAYE DE FONTENELLE.
331
VII
VI
v
m
Idus
XVIII (kal Dec.)
XVII
XIIII
XI
IX
MI
un
m
II
Willebrordi epi. /// lec.
De sanctis huius loci. In cap, llll'"^ coronato-
rura comm,
Theodori m. /// lec,
Martini epi. In cap, Menne m. comm,
Briciii epi, XII lec,
Laurentii de Augo epi, VIII lec, 1111*"^ de
s. Martino.
Sydonii abbatis. In cap. Macuti epi comm,
Ociava s, Martiîii, XII lec,
Columbani abbatis, XII lec,
Cecilie v. et m. In albis,
Clementis pape. In albis. Sce Felicitatis v.
comm,
Crisogoni m. /// lec,
Katherine v, et m. In cap,
0, Dominus Girardus abbas,
Saturnini epi et m. XII lec.
Andrée apostoli. In cap.
DECEMBRE.
Kal. Dec.
Nonas
VllI (Id)
VII
VI
III
Idus
XVII (kal. Jan.)
XII
IX
VIII
VII
VI
IIII
II
Eligii epi. In adventu comm,
[Dedicacio GCCLX m.?]
Nicholai epi. In cap,
Oct, s, Andrée VIII l, IIII*"^ de s. Ainbrosio epo.
Gerebaldi epi comm,
Conceptio béate Marie In cap.
Daraasi pape comiîi.
Lucie V. et m. In alb. ludoei conl*. comm.
Barbare virg. comm, OSapientia.
Thème apostoli. In alb,
Vigilia, III lec.
Nativitas dni. Duplex, Anastasie v. comm,
S, Stephani prothomartyris. In cap,
lohannis apostoli et evang. In cap,
Thome m. In cap, Obnilli abb. comm.
Silvostri pape VIII l, UW de Nativitate.
On rt^unit ici à la suite du calendrier quelques textes et quelques remarques
qui n'ont d'autre prétention que celle de dégager sommairement la signiti-
332
IIEV[ ?. UAIIIl,
t^ution et l'origine des tèlas spéciules fr l'iilibuye. Il n'y avail pas lieu il pi
<l'uD (IcKiunieRl liturgique du xiv s. d'essayer une esquisse de l'hlstoii
rulle des Saints de Funleiietle. On s'est abstenu la plupart du temps d'
roger la recension hiËronymïenne dite de Konlenelle, uur ce (irécieux mona-
ment de l'hagiograptiie mfiroviiigieRne ne puralt pas avoir été connu même
indirectement îles moines qui restuun'reut le monastôre uprôs les invasions
normandes. Pour tous les textes citËs sans renvoi il Taut se l'ejurter au marty-
rologe de t'abbaye conienu dans le même manuscrit.
JANVIKK. Idiis JlfTAigif XII le- XVII kl Feb. la«flonis\ 11 est bien i-emar.!
c|u;ible que ce Lyndo, mort abbé de Fontenelle et qui n'avait rei;u
au monastère jusqu'à la lin du xiv s. (il est absent h la fois du calendrier
du martyrologe), ligure cependant au mi'ime jour XTJI kl Feb. sur toutes
recensions de la familia Fantiturllentit du martyrologe liifrotiymieii. Cf.
Russi-Di^cnESNE, p. \x. Kous n'avons pus ù chercher ici si cette inscription qui
devait se trouver en mat^e du ms, arcbi^type de Fontenelle (cf. ruAPHtii,
 propaa des Martyrologes dans Jtev. Btnéd., XX, p. 197) était un simple rappel
obituaireou l'annonce d'un auniversuire liturgique. La conclusion la plus vrai-
semblable qu'il faut tirer de cette particularité qui se ré[)éte plusieurs fois,
c'est que les livres litm^iques de l'ancien monastère ne furent i>oinl connus
des moines qui vers le xi's, restaurèrent l'abbaye et renouvelèrent sa liturgie.
La date de la mort de Lrmdo a été obtenue grSce aux Oetta ahbatum Pùntattet-
letaium, cf. éd. L^wknfeld. Hannovenf , 1881t. in-lâ, p. 39 (Srriptore* Sérum
Qemwiticnrum l'n atum scholarum). Sur S. Lando, cf. é(!. Legris dans Anattcta
BollandiatM, t. X. p, «<T. - XIV kl. Feb. Antaniii Xlf iec; Sulpkif JH lec.
XIU kl. Feb. Fabiani] III 1er; SebasUnni Xll lec. — VITI kl. Feb. Pm««)
III lec.
FËVHIËR V Id. Aiaberti\ UsuunI C" £('. blu d'ie île la notice : FùnlineU»
nummteHo lei ANâBEHTi epi et confetsorù. Hic prefati reclor etitobii inprtnh
lalu urbii rothotnagentii leo audotno meritit et ordint tueceitil. Cuivtulpairia
peint aurtM' is*t clarior ^ceretur in allum tMntem exiliù iniutte depûrttttu»
bealo fine quievit : ne demum poti Iriginta dientm eurrteulum tineerilalem
«tfntit itltestrtm ittcorruptione aimis fontawUnm ubi niowithuè prof^tiut fuerat
cum mutta ntiroeulorum gloria etl relatus. A la Un ajoute ; ipto dte dedieiititi
eetleiie tci miekael. Sur l'église Sainl-Mirhel. cf. Oatlia ckriatinna, loc. cil. col.
)S7. — IV Id. Seoliutiee' XII lec; Àustrtbrrte] Xli lec. Mari, hiéronym. Inpau-
iaco monatl. d^. autterbertane aibii. — X)V kl mari. Miane\ III lec. A la Un
de lit notice d'Usuard : lp»o die octaer sawli ttmberti arr.hitpi. — VI kl mart.
Mathi(\ V.n marge d'Iisiianl, écriliii-c plus récente : /• amto iitifxlili Hf^
ifgatiir. IV kal iiiiirl. I)rdiriili<i ['simril. en tèle de liste : Fontiiutle:
àrdicalin ecfirsir sror. nplor.pfti-i ftpauliet ici irandregisili. Il s'agit icï d6
dédicace de lu nouvelle r'^lise de -Saint-Pierre consacrée prirfi» /(te Ayi/*
en 11133 sous l'ubbalial de Qmdviftu : in Aonore tei Peiri et omnium Apotl
lontm »<mttique Wtindregisili; cf. Mimeula S. Wirmnni, cap VIII, De Oradu^
ibbate, dans d'Acliery. SpieUeginm .... Parisiis, in-f°. 1743. lome II, p. 988. Au
début on en célébra l'anniversaire au jour même où avait eu lieu la cérémonie.
El» dift ... annuo rertirtu faeta est ... teltbrû ... U Idui Septfmbrit. Nous ne
saurions dire quand ei comment fut changée celle date. La dédicace de la pre-
mière i^Iise de Saint-Pierre était reiwrtée par les textes italiens du mari.
i
l'N CA1.ENI)rilR!l UK l. AHIIATE DE KOMENSI.LK. .l33
Itiéronymititi au jour de la depoailio de S. Waitdrilie, XIXI A«g.e\ une se<'otnie
fois au jour oclave, IV kal. Aug. i'.t. Hossi-DuruESNE, ioc. eit.
HAHS Idas marin. Le r» 3)1* ilu ins. se termine hu milieu de la uoiice des
Id. mart. d'Usuard. Avec le f" 30' on se retrouve -mV knl Mnii. — XJll kiil
Apr. Vulfranni] Hiéronymien (;iil ualc). In fantaneUa monasterio lUp. sei uul-
framni rpi et àenigno afihale. — Il liai. April Tranâlncio] Celte solennîléa êlé
itis|iirée auxiv s, par un détail de la Vila Saint dans les Getùi abbatum (éd.
Lâwenfeld, p. IT-19). où l'auteur aEtribue â tort à l'évËque Bainus la transialion
i|ui Tut Taile pridù kal. Âpriiium die des ossements des trois saints de la
basilique Suint-Paul dans l'i^llse Saint-Pierre. L'erreur est indubitable du
moins en ce <|ui regarde S. Wuirran, mort vers 741, giielctue (renie ans
après BainuB (t vers 710). VJ. Olia[)man, Ioc. eit., el Levison, Zur Eritik der
Fonlanelter Geickiekltqtmlleu, dans Menés Archiv, XXV, p. HOO. Le muKyrologe
liiéronj-mien relfve la même date, toujours d'yprf'S uiie note mar^fioale du
ms. de fonienelle. La levoii uuandoni du Codex Wiiseni. etc., nous reporte
au texte de la Vita Watidreg., cap. 1 . Waiidrfjfiltte qui el Wando. — Dans la
inartte inWrieure du calendrier de mars, on lit avec diHIcuili^ : Ûniea prinui
put me\rcHlni ei]neru]iH ... le reste indi^chilTraliie.
AVHIL VI Id, April Bugimif] cf. Qesta abhalum w 8, p. iil-âH de l'i^d.
LOwenfeld. Le culte de S. Itii^sues Tut inlroduil ^ la calhOdrale de Hoiien par
un diV.ret du chapitre en i:<09. Cl. A. V.o\\ei\x:, Hitloire du Brévittirt de Roum,
R,, IMH, in-«, p. IIU; Onllia Chmtùma, tom. cit., col. 17-18. Il ne parait pas
avoir reçu aucun rulle anliirieuremenl â celle date. — XV kat mai Wandc^ cf.
deita abbatum, n« 13 [M. Lôwenfeld, ji. 37) et la noiice des Hollandistes au
17 avril. Encore une Tois nous retrouvons le iras d'une mention uu hiéronymien
(lextes italiens), sans qu'aucune trace de tulle puisse ùlre si^'naléeË Fontenelle
Jusqu'au grand mouvement de ■> b^'atitlcation • vers le xv" s. — fX ktil niai.
On lit à cette ilaie dans le Marlyroiogiuvt Antit^iodoreme, (cf. PL, CXXXVIII,
Col. Iïi3) : FontenellamonaiiferioS. Wlfranvi epi el confetton's.
MAI V Mon. Inventio] Xtl lec : Àlexandri] III lec, — VI Id. Tmmlatio] L'suard
Ud calcem - Translalio tfiMimi nieholaii epi gvando eitu laeratitiimum corpiu
*ie myrrea eivitate lieie delatui» ett in barri eivitatem aputie (XII lec.). ~
Il Id. ffecnBfterfi] Hauard, i la Hn delà notice : Fonlinelle montuterio depotitio
nlmi Eremherti epi el eenfesioris. Sic pretentii teculi satubriter deferens
^taufritgium ntque manrtsiice tranquillitati» expetew: portum, tub beato pâtre
Wapdregisilo mira Jtorttil gratta virtututit pro quibut a dm) eleetu» tolotait»
tirbit propteruit pont^imtuM \\\\ l.j. La dale de la depotitio de S. Erembert a
*Ié empruniOe ii la Vila fmnierti. Svr ce docnmenl cf. Legris, Let viei inler-
rcUet des Saititi de FoiUrucUe d;ins Arnilecla Boilandiana, XVtl, p. 383-97.
Le mart. hiéron. n'a r.onsené le souvenir d'aucune fûte de ce genre. La noiice
qu'on y trouve pridie kal. Mttii vise lu iriinslalion enregislri^e par les 9e»ta
BMni (Lâwenfeld, op. cit., p. 19). Le codex Wisêeni. (ad calcem) lit ù tort
depotitio. Celte date du 30 avril a persisli.' dans i|ueliiues lextes flamands
d'Ilsuard. Bhi'xellen, Aiji'icinc:t. Cf. .Sollerius, Uiuardi uiartj/rologium, PL..
1. CXXIll. cul, 9H9. Du la retrouve mcme au cidendrier d'un Psautier d'ori^ne
flamande de la lin du viri« s., aujourd'liui â la Bodiéienne d'Oxford (Auct.
J
334
IIËVIK MAPtl.l.ON.
L
D. IV, 3]. Aphii, 30. Deposido S. Hfrmherli epi. rf. Thf Er.eUiUi,
and Qveriet on chrUlian Antiqititiei. \" Sejil. 1888, {i. 3S. — VIII kal. Jun.
Maœimi], V.a lètc de la native inittuanl : In paga ebroitino loeo n
ntu-iniaro sr.or. mart. Haxiiii et Veneiiandi fratr. qui ex brexia civiMe n
een(ent»t, ten^ore beati damasi pape ai eoAmt unuxfipi. aller dioeonut ordinaUi
et in gatliam nd predicandum dirreli tandem pott multos pro Ckritti n
agongs inprefatu loco capitù abtcitionn coiatimnuitt demumque dietna Froflalimii^
fontanetlitm suai tramlali (XII lec.j. Celte nulir« dépend de \a Piuti^
fabuleuse îles dejx Saints (v. AcIa Sanetorum, tome VI de Mai. ji. 30, n" 4M
Toul ce que l'on sali !t leur sujet a [lour pciml de déparl l'invention de leur
religues ijui aurait vlé Tuile h Ponteneilc en IMU. iraprès tes Miracmt
Wulframm, r.a\i.S,c{.Ael\ery.Spieilegiui», il, £48, ssq. — VII kl. Jun. Bodonu].
Duns le corps du murt. d'iisuard entre la mention de S. Priscus cl celle de
S. Au){ustin. Oi intulti ici Godonit eonfasorii. Kn Tuce, duns lu marge, on lit
encore mais avec peine |nepa| lis lei jWandreJ egisili. Une croix rouge renvoie
dans la marge inrérieure, ù la mention suivante, tV'.rile plus tard (vers la tlnj
du xiv' s., semble-t-it) : I« lerritorio Irtcouino apud atmiaw imulam mnt»
taïKli godonit eonfeiiori* et tMniiehi magne tanclilatit t
imuitt eccUtiam in Aonore teatorum apottolorvm pétri et paitli fundirH^M
On possède deux vies de ce saint ])ersonna|,'e. La plus andeone a élé <'djtc-e p
Henschenlus, Afta Satiet., mai, VI, 3° éd., p, UO-Ul, Une autre plus di^veloppj
par Martine, Fet. ter. aii^. coll., VI, TgiHMI. Toutes deux joignent ;
renseignements fournis par la Vita Watidregitili tes traditions du monastâ
Tondit par S. Cand. Henschenius, loe. rit., [i. Un, remangue : /n Fimtamellm
eeiusln BreeiaHa eolitur XXIV Juta biduo poil fettum S. WandregitUi emmeal
Il n'en ('tail pas ainsi du moins à rt^poiguc où Tui n'dlg^ notre martyrologe. -
V kal. Jun, aerptatii\ llf lec. -^ Il kal. Jun. Petrontlle] 111 lec.
Jl'IN. Kai. Jun. TrantlaHo] llsuard. ad culcem : Eodem die, fontinelle ImM
intio is. maximi et neiierandi martiruut atque beatorum Wlfra:
ittquf errmberti confeiiorum XII I. La notice dumarL conserve mieiu <lueeetU
(lu rMlenil, le souvenir de l'événemenl célfbTÔ. Les Miraeula Wulfram
i'U|i. Vil (Sptcilfg, II. p. 2HH). ruconteni que le jour des calendes de Juin A. fl
ti)â7, les ossements de ces divers blenhenreuii Turent dt^posi^s dans des châss
précieuses. Celle de S. WulFrjn litait d'argent el avait M offerte par la dam
Imuia. Cette » translation ", dont l'anniversaire fui depuis religieusenien
conserv*", a dft exercer une certaine inOuence sur le diiveloppement du culle^
des saints qui en furent l'objet. — Ibid. XieAomedii] 111 lec.: BniiU^^ l|l lec
— XVI kal. Jul. De braehio. Ilsuard, dfbut de la notice : Fonlinelti', fettiPiUi»
tciWandregUili quanda hrarKiMm eiuadextrum ex utntvttifeiUfi pngo fonl(-ni-!ltttH
cum BUts/no taudis Iripudio, lignis sequenliius, estdelatum. Ci'ili' iVlf uvjIl ;iijiir
but traditionnel de ciîlébrer le retourâ Konienelle d'une relui m' kjm^jh', ii--.
bras du saint Tondaleur, lequel aurait été rendu il l'alilx' llubci i loiMniii! .
La notice consacré â Tabbé Robert par les Miraeula Wlfniiiiin < t, Ir .l.'J
Spieitegium, loc. cit., I. Il, p. 2i8-T0J el la lin : Habillou, Arta SS.
8. Senedicli, éd. 1734, tome 111, p. 337. ssq.) pas plus que la TrnniUm
Wandregisiti, cf. Âeta Sanclorum. Jul. V, 281, ssq. ne font allusion b t
i^vfnemenl aussi important. D'upri's la tradition, on aurait dd ce préciei
souvenir non point directement il la bienveillance des moines de S.-Piem
de Rlandin, mais â la générasii<^ d'un religieux de S.-Josse-.sur-Meren Poutliii
TN CALENDRIER DE L^ABBAYE DE FOSTENELLE. 338
cf. (rallia Christianaf vol. cil. col. 178 : Jtobertuê ...felix, quod sanctiWandre-
ffisili brachiuin Blandiniettsibus ereptum ,/lammis a Rodolfo yreshytero comMo-
r^ri^iti! ad sanctum ludocum obtinuerit, Fontanellamque solemm pontpa revexent.
Le texte du martyrologe place le monast<>re de S.-Josse in pago Vimttiaeeiisi
(en Vimeu) une autre fois encore, t'. note Id. Dee. Quoi qu'il en soit de rorijçine
de la fête et de la relique, ({uestion que nous ne sommes pas en mesure de
traiter ici, il nous suffira de renvoyer aux détails réunis par P. IJoschius, Acta
tSanctorum, Julii V, p. 263 et 264. Le Bréviaire içothique de t'ontenelle, «lontle
f^uie D, Pothier vient de retrouver un exemplaire à Oxford, in(ll(iue au même
jour : SolemnitM brachii S. Wandregisili. In capp. cf. Acta Sanct. loc. cil. —
XU kl. Jul. Bqini] dsuard à la lin de la notice : Ipso die fontinelle depositio
tiomni baïni teruua^iensis urbis epi XII lec. cf. Gesta abbatum, éd. Lôwenfeld,
Y>. 20. où est conservée cette date reproduite également par tous les niss. de la
fTiMilla fofUanellensis du Hiéronymien. Il ne paraît pas avoir été honoré hors du
monastère, cf. la notice d'Henschenius, Acta Sanct., tome V de Juin !2'' éd..
I). 23, ss<j.).— V kal. Julii. Jour vacant au calendrier. Isiiard ajoute à la lin de la
notice : Oi insula translatio ^florentii confessons. Ipso die relatio corpons beati
Wlfratmiab urbesothoniage^isi quem Deus ad laudem sui nominis claris assidue
^lorijicat ^miraculis. Voir dans les Miracula Vulframni (Spicilegium, II, 270)
révénement auquel il est fait allusion. Une fête fut instituée à cette époque en
souvenir de cette translation (v. Miracula, p. 302). Le texte du martyrologe en
conserve la trace bien qu'elle ait été sup[)rimée au calendrier.
JUILLET. Fol. 4i du ms. (texte d'IIsuard dans la marge supérieure, d'une
écriture plus récente) : Festum visitationis béate nwrie ab urbano papa sexto
secundum formamsacramen. eucharistiepropter ifHpetra9tdamunioneminstituitur
hieritis eiusdetn béate marie perpetuo virginis. cf. (iOllette, Histoire du bréviaire
de Rouen, p. 160-170. — VI Idus. A malberge. Ilsuard ad calcem : Injlandria
monasterio sci pétri gandensis, sce amalherge virginis. Dans le corps de la
notice Septem fratum] III lec. — XV kal. Aug. Arnu{fi Tsuard ajoute : Apud
castrum crispeium, beati amu{/i epi et ntartyris. — XIII kal. Aug. Margarete^
III lec; Ansigisi] cf. Gesta abbatum, éd. Lôwenfeld. p. 60. —XII kl. Aug.
Praxedis] III lec; Victoris] III lec. — XI kl. Aug. Wandregisili] l'suard, en tète :
Fontinelle monasterio depositio scissimi patris nostri Wamdkecisiu qui terrene
nobilitati atque palatine Ji déliter renuntians administrationi,sponsam suam vir-
ginem ipse virgo permanenschristo subar ravit sicque sce religioni, itiutato habitu,
se ipsum delegavit. Deinde post multiplices in sca devotione labores propter
multorum miraculorum operationem ultimo confectus sevio fratribus quos insti-
tuerat quorum fiumerus erat ccc^ valefacieixs atque futurorum rerelatione eos
premuniens tandem Christo vocante ad eternam féliciter migrarit requiem.
Sepultus vero est primo quidem in eccclesia sci pauH sed evoluto tempore in ba^i-
licam sci pétri quant ipse fundaverat honor{/ice est translatus ubi pia devotione
Jidelium semper excolitur et annue festivatis competentibus gaudiis honoratur.
inutile de faire remarquer qu'il n'est point «luestion dans cette notice de la
Translatio à Gand; Magdalene] XII lec. — X kal. Aug. Apollinaris] III lec. —
VIII kal. Christofori] III lec. — VII kal. Aug. Kn marge du martyrologe d'une
écriture un peu plus récente, Eodem die natale béate Anne ma tris sce Marie
Virginis. — VI kal. Septem] III lec. — IV kal. Octava Kn lêtedTsuard : Octava
9ci patrie nostri Wandregisili, XII lec. — II kal. Aug. Germani III lec? La
cathédrale de Rouen possédait un bras de S. (lermain. Cf. Dom Pommerave,
HUtoire de la Cathédrale, p. 86.
336 IIEVCE HABI1.L0N.
AOUT hul. ifaehabeoruBi] 111 lec.; Euteiii] II] lec. — VIII Id. SUclC, III lec.
— m id. Tiburtii] ni lec; rrttirini] XII Icfi.— XIX kal. 8e|it. Fv'ïwHH lec. —
XVII. Anm(fi] XII leo. S. Amoiild de Hei/ dojl ù s» parenlé supposi^e aver
S, Wiindrille son insertion au calendrier de PoDienelle. — XVI. Oclmrfi] XM 1er.
— XV. Agapetf III lec. — XIV. Magni] Ilf lec. — Xill. Pkiliberlt' XII lec. -
XI. Oelaea] Usuard ; Oelave beale <U' genitricit marie, y,\\\6c.\ Timolhri] WWcr.
— IX. Atidoem] XII lec. lia te martyrologe. Le calendrier reporte sa fêle au
lendemain. — Vlll kal. Aiig. Lutiopici] Hsnard ajoute a la tin : /(«n iciludoriri
francorum régis, XI] lec. Le calendrier renvoie encore au lendemain la Ti'le de
S. Louis. Ces deux translations sont dues sans doute b l'introduction de la Tête
de S. Ouen. Cf. Collette, Op. cit., p. 179. — V kal ffemielù] IlLlec.; AugiulinC
XII lec.
SEPTEHHRE 111 Non. Ordinalio] llsuard en tcte ; Ordhtatio ici gregorii pape
iirbii rame, XII lec. — ^onas Bei'tini\ [JsuanI, k la Un : Sitdiu ci^oùio dirpoiitio
lieati bertini mire limpUcitati» al imuocenlie viri, primi abhatit et fundalorit
eiusdm cetiobii. Bfxit autem LtX aimit eundem locttm quibiu felietler decui-f*
in nmeclHte bena migravit ad doniinuiii. XII ou 111 lec. — V Id. Qorgrmti III
lec— WAé.Jaeinti] 111 lec. - Id. .1/^,. ,.,„ un,.. xvill kal. Ott. Conir/iVi
III lec. — XVII. Nirhomedia] III lf> i Aj)ud g-rmiiulittiin ki
aicadi-i abbtttis, 111 lec. Ipio die urtu :.■, W\ lec. — TII kal.
Ocl. Usuard ajoute : Modem die vigihn '. ■'.' ''■■ ■'_. '.--/oli elevangi-litU.
OCTOBRE kal. Le martyrologe hiûronymien de Fonteaelle, rec^nsioo il>^
lienne. lisait II ce jour. Infontaneitadtdieatiobatitieœt.Servaliirtt.LtmdiberH
eptaeûpi. — 11 \ACatia!U\ III lec — IdOct, Usuard, en léle: FontinelUmonatterio
fettivitas trtmtlitliomt teu ordinationii ici VULFBANNI arehiepi tt cotifruom,
doctorit gentil fretiimum XII lec II s'agit de l'invention du corps de s. WlTrun
i|ui aurait él6 faite fi (^onieuelle vers 1027. par l'abbé Ct'rard. Cet heureux
événement est raconté tout au long par Vlmentio ou Miracula i. Wlfraimi qui
paraisnent avoir été rédigés pur un moine de Kontenelle pour rt^pan<lre aux
prétentions des moines de S.-Pierre de Gund, lesi]ucls estimaient avoir reçu
le dépOt du i^orps de S. Wllrau en même lein]is gue celui des reliques des
SK. Wandrille et Ansberl. On lira le joli réril de celte controverse que nous a
laissé Mabillon. Acta SS. Ordinti S. Beiudictil» l>. 1, 2" éJ. p. ;««-3i9. ■ .Vifwe
lit de eorpere *. Vvifrnnari »opitn ett : tiquidem Fontanellenuri et Blandfnifmei
ii) quat kabebanl SnUpiHi ipoliati nrnt a Citiviniitit, niii quod FontmuUeiutt
caput Saneti huic eladi (ut aiuttt) ereptum, etiam Mine, ostendutit. •
.Nov. Fridespide\ Usuard ajoute!] la notice du jour: Inbritftnnia niai
oxenofordia ace frideiivide nirginii. XII lec. — XII, kal. Nov. Cottdedi' L'suard,
â la (in de la notice : In pago relhotnagemi ici eomâedi Aeremile et cimfesioeit
qui parentihu» relictii et palria ob amùreiH regni celettit traniHt i« galham
atque in intula qua dieeàalur beleitmaca Urenue df.ù per plutitiut militant
tempera clama miraciilis ac tanclitate inêignii ibidem in paee quievit. Tiiaf-
latiu eit autem fimlinellam et honorifiea ibidem denatus eut aepullnra ubipri
eohtm tnonaêlice profesaiomt aub beato lamberto ponlifice dévote i^itpondefat^^
XII lec Sa vie, conservée dans le Maiua Ckronicon Fontanelletue, » été publi
par Mabillon, Acta, II, i- éd., p. 8i&«30. — XI kal. Oftava] Usuard Oelaw,
yulfranni 'arehiepi. XII lec. — X kal. Bornant] Usuard, ad calcem Jtoi
ard.^H
t
IIRM f. MABIULOV.
APPEXDJCE
Vers la fin du moyen -âge, comme il a élé dil plus haut, le Lrv«or des bien-
heureux de Konlenelle s'enrichil gingulièrement. sous t'influence de préoc-
cupations que nous aurions tort d'apprécier avec notre mentalité actuelle.
On mit â contribution la Viia Wandregisili, tes Oeita abbatvm, etc.. et l'on
gratilia d'une auréole tous les vénérables personnages qu'on y rencontra.
Ce travail ne fut pas t'oiuvre d'un jour. A des épo<|ues diverses, on en surprend
les iirogrès. Des trois listes ha^ographtques que nous allons donner ici en
appendice au calendrier, aucune n'est complètement inédite.
La première el la plus ancienne (xi* s.) ùsl extraite du cclélire Mains Ckro-
nkon FontattfUense (aujourd'hui au Havre, n" 33%). Elle a déjà ëlc publiée
par Litwenleld: In den Bibliotheken der Normandie, dans JVi'iK'* Archiv,
IX {iSSi), p. 370, el par M. Omont, Catalogue général de* JUaniucriU. tome II.
p. 333. A l'époque ofi elle Tut écrite, si^remenl 6\ Lando elS. Raventrui
ne r>;œvaient a Fontenelle aucun C(tlle liturgique.
La seconde <xiv' s.} devait être assez longue el ne pas laisser beaucoup de
noms â glaner après elle. Malheureusement elle nous est parvenue Ibrt incom-
plète. .Nous n'en possédons guère que le début. Elle est empruntée au Minux
Chronieon Fontanelhnse (aujourd'hui Rouen 1911), dont ce qui en reste
occupe le dernier feuillel. On la reproduit d'après le Calalaijm cod. hagiogr.
lat. Btbliolhecit publica- Rothomagemû du R. P. Pooeetet iAnaUcla
Boltandiana. .VXlll. p. Î38).
La troisième, apparentée de très près à la precédi-nte dont elle parait n'être
qu'un remaniement, est due au lèle d'un vénérable religieux de S.-Wandrilto.
« Uomp Guillaume la Vieille, prieur de Harcoussis, mort l'an l-t3l, » qui l'a
inséra au ^ 165 de son Registre des Chartres et escripturei du prieuré
de MarcoHiiii (aujourd'hui Rouen Itîâ). Elle a été publiée il y a trenb> ans
dans un ouvrage qui fut tire seulement à ceiil exemplaires, cf. Sauvage :
Abrégé de la vie et miracles de Saint- Wtilfran ... par Dont GuiUaume
la ViriUe ... publié pour la pfYmière fait. Rouen. Mciéric, 1876, gr. in-8,
p. »-35. ^m
I.
' LJHte du Mnlus Cbronicon.
Hn>c sunl nomina episcoporuin qui ex monaslerio Fonlaneila ad pontiltciitus
gradum sunl promoli. S. Liialbertus. epiacopus Lugdunensis; S. Ansbortus.
episi-opus Rolom;igensis: ^^. Vulfrannus. episi-opus Senonioe urbis: S Eren — ^.
bertus, rpisci^is Tolose url>is; S. Bainus. fpiscopus Taruenensis; S, Landa^^
cpiscopus Itemt'usisi S. Ravcnerus, episcopus Sagiensis.
UN CALENDRIER DE L*ABBAYE DE FONTBNELLE. 339
II. — Momina aanctoimm huiua aacri monaeterii
Fontanelleneie ecclealee*
S. Wandregisilus, primus abbas et fondator huius monasterii.
S. GoDO, eius nepos, monachus eiusdem ioci, deinde abbas et fondator monas-
terii quod est in territorio Trecassino apud Augiam insulam.
S. Agatho, monachus eiusdem loci.
S. SiNDARDUs, monachus huius loci.
S. Herembertus, monachus eiusdem loci, inde Tholose episeopus.
S. Lanbertus, monachus et secondus abbas ac archiepiscopus Lugdunensis.
S. Ravengerius, monachus huius loci, inde episeopus Sagiensis.
S. Ermelandus, monachus huius loci, deinde primus abbas monasterii quod
dicitur Antrum.
S. Dbsideratus, monachus huius loci.
S. CoNDEDUs, monachus huius loci.
S. Ansbertus, monachus et tercius abbas ac archiepiscopus Rothomagensis.
S. Gennarous, vice dominus Rothomagensis, monachus huius loci sub boato
Ansberto, deinde abbas tercius Flaviacensis.
lu. — IVomina aanctoimm hulue aacri ac rebe-
lla cenobll Fontanellenaie, Rothomagensis
Dioeeala.
^^anctus Wandregisillus, primus abbas et fondator dicti cenobii Fontineiiensis.
^^nctus GoDO, eius nepos, monachus eiusdem loci, deinde primus abbas et
fondator monasterii quod est apud augiam (Ouye) insulam in territorio
Trecassino.
^anctus Rrembertus, monachus huius Eccle, postea episeopus Tholose (Tho-
louse) cuius sacrum corpus Fontanelle continet cenobium.
^anctus SiNDARDUS, monachus huius Eccle.
^anctus Desideratus, qui fuit filius Waningi fundatoris Fiscampni (Fescam).
Cactus Agatho.
^anctus Lambertus, monachus huius cenobii ac abbas, postea archiepiscopus
Lugdunensis (Lyon).
^nctus Ravengerius, monachus huius Eccle, deinde episeopus Sagiensis
(Seez) in Neustria.
^nctus Ermelandus, monachus Eccle huius, et postea primus abbas monasterii
quod dicitur Antrium (la Fosse), in Britannia minori.
Sanctus Gondedus, monachus huius Eccle, cuius sacrum corpus Fontanelle
continet cenobium.
U<\
HMIILI.ON,
Saiictiis Ansiikhtus, nioo^ichiis huius Eculc, ac abbas 8. inde archiepiscopiis
Itothomagensis (Rouen), cuiiis sarnim corpus sandi Pétri Gandensis
continet i^nobium.
Sanclus WLFHANNtis. monachus huius Eccle. poslea arcliiepisr. Senoni» (Sftm)
iirbia, nredicator el doi'tor genlie Fresionum. cnius sacrum corpus Fonta-
nelle conlioet cenobium.
Sanctus Gennaruus. vice dominug Rotom., monacliiis hulus E»'le, deinde
abbas terlius Flauiaceasie CFly) cenobii.
HoTGiuxs. moiiaehiis huius cenobii, Dcpos sandi Wirranni.
Sanctus lliTBERTUs, monachus el abbas 9 huius Ëccle. cuiiis sacmni corpus
Fontanelle conlinet cenobium.
SancluB Bainus, monachusel abbas 3, deinde episcopus Taroenne f rAf^roucnw^i.
Sanclus Benigmis. moDaetius et abbas <i huius looi. inde Flauiacensls (Flyi.
cuius sacrum corpus Fontanelle conlinet cenobium.
Sanctus mna. monachus huius monasterii.
Sanclus Baga. monachus huius loci.
Sanctus Hugo, arch. Rothora., abbas 7 huius loci ac Gemmetici.
Sanclus Lanuo, monachus <ft abbas 8 huius loci, inde arch. Ri?niis (RainsK
Sanctus lilitNAKius fErinariust monachus el prior huius loci.
Sanclus Wando, monachus el abbas huius loci ac predicator Fresïe.
Theooericus. libusHilderici régis francorummonacus huius cenobii.
Sanctus Austhuij'us. monachus et abbas huius loci.
Ovo venerabilis, monachus hujus L«nobii.
Sanctus T R AS AR lus, monachus huius cenobii.
Sanctus Habduimis, qui lloruit incellasancti Saturnini.
Sanclus ëinardus, monachus el abbas huius loci.
Sanctus EIu.uebehtus, monachus et abbas huius loci.
Sanctus Ansigesus. monachus et abbas huius loci. inde Flauiaoensis (f'ty).
Sanclus Gesvoi.dus, monachus el abbas huius loci ac episcopug EbroioensU)
Sanctus FuLco. monachus et abba» huius loci.
Sanclus Girberths, monachus et abbas huius loci.
Sanclus Graoulphcs, monachus et abt}as huius loni, ruius sacrum corpus
Fontanelle conlinet cenobium.
Sanctus Gai.terius, monachus et abt)3s huius loci, ^^
Sanctus UoDUi.puus. ^H
Sanctus Lodvlphus. ^H
Sanclus Gcktabuds. monachus huius loci et abbas Gemmeticrneis. ^1
Sanctus Arnulphus, episcopus Metensis in Lolharingia, avus s. WandreicisilT.
Corpora Sanctorum Martyrum HACHAnn et F^mgrentian^ Virginia guor (sicj
Fontanelle conlinet t^nobium,
Corpora Sanctorum Maximi et VENiuiANni Fonlaneile conlinet cenobium.
Sunl et alii complures sancli. Itaque per miram eorum sanctitalem, etc.
A. L.
34â ilEVrK MABILLDN.
vainement de les initier à la culture, antique. Saint Isidore de Séville
«ut le même insuccès; l'encyclopédie qu'il dressa pour l'usage
commun l'endlt Inutile le recours aux classiques eux-mêmes.
Il y eut cejiendaiit des moines et des élèves qui se livrèrent à
l'étude autour des églises et dans les monastères; mais ils se
contentaieut d'apprendn; les ctioses nécessaires pour mener con-
venablement la vie cléricale ou monastique, c'est-à-dire [wnr
chanter les offices, administrer les sacrements et instruire les
lldèles des vérités religieuses. Les études classiques n'étaient las
néanmoins condamnées à disparaître; leur renaissance se fit par
les monastères de l'Irlande et de la Bretagne, où on les cultivait.
non pour elles-mêmes, mais en vue des services qu'elles devaient
nsndre aux lettres divines. Les Bmlons, qui n'avaient presque rien
connu de la civilisation païenne, ne partageaient pas les défiances
des Gallo-Romains. Toutefois saint Colomlian, tiui avait reçu chez
les moines irlandais une culture très développée, ne parvint pas
à communiquer aux moines l'rancs son amour des lettres. C'est que
les monastères continuaient à èlre sur le continent les centres de
la réaction contre le paganisme et ses souvenirs. On ne pouvait y
ISire une place aux arts libéraux et aux écrivains profanes.
I,es moines irlandais et anglo-saxons furent mieux inspirés; ils
parvinrent à isoler de l'antiquité païenne la culture classique; avec
plus de liberté et de succès que Cassiodore, ils en dégagèrent les
éléments assimilables à des chrétiens, consacrés au service de
Dieu et à la préparation du salut. Ils ne purent néanmoins s'élever
jusqu'aux idées émises jadis par saint Justin, saint Augustin et
saint Basile. Alcuin est la personnilication la plus complète de ce
mouvement intellectuel. C'est à l'aide de ses lettres et de ses divers
écrits que M. Koctier expo.se l'état des études dans les monastères
anglo-saxons et plus particulièrement à l'école d'York, d'où ellt^s
devaient passer en France. Il a commencé par suivre (tas à \as
leur conservation, leur décadence ou leur progrès depuis Ausone,
discut^int les uns après les autres les problèmes historiques ou
littéraires qu'il trouvait sur .son chemin, avec l'érudition abondante
et nette qui caractérise notre érudion fi-anvaise. Je me plais a
rendre hommage à son impartialité.
2. Les moines, ri'Alcuin à saint Anselme, furent les précurseurs
de la scolastique. M. de Wulf leur réserve une bonne place dans
son Histoire de la /ihilosophie médiévale '. La philosophie chré-
1 Deuxième liililioii, r
s el au'Tiien
'" (li; M. de Wuir Ji ceux qui s'occupent du développement 6
dans les cloîtres de l'attcieiine France. Cet intérêt est ai
l'abondance des renseignements bibliographiques qui accon
les principai>;s divisiuns de son travail.
3. I! n'est pas de recueil périodique qui ait conti-ibud ati
la Reifue Bénédictine de Maredsous au progrès des études c
monastique dans ces vingt demièrps années. Elle parut
sous le titre modeste de Messager des fidèles; et rien i
prévoir l'importance qu'elle devait prendre, gi-iice à la colla
assidue de deux moines bien jeunes au moment de sa fc
Dom Ursmer Berlière et Dom Germain Morin. Le premier
riiistuire monastique son domaine ; il l'a exploré dans tous
Des articles sur les sujets les plus variés et toujours doc
richement sont le l'ruit de ses travaux personnels; la Hem
dictine en a généralement eu la primeur. On lui doit, en
lier, une longue série d'études sur la partie la moins co
notre histoire, qui va du xin' au xvi' siècle. Ses Bulletins à
bénédictine tiennent au courant de ce qui se publie en Fr
Belgique et dans les autres pays sur l'ordre bénédictin. Doi
qui s'est ftiit une spécialité de l'ancienne littérature chrétiei
temps à autre abordé divers sujets monastiques avec la
déliée et le sens historique (lui caractérisent toutes ses publ
Nos confrères de Maredsous, pour rendre plus l^cile et i
tique le recours aux travaux insérés dans leur Revue, viei
publier une table des matières '; c'est un répertoire indîs
d'histoire monastique. Elle comprend une table généi
articles, une table analytique des matières et enfin u
alphabétique tjes ouvrages analysés ou signalés dans la biblic
4. Parmi les thèses présentées |jar les élèves de l'Éi
cttarles, trois ont eu pour objet, en 190S, un aiooastër&, H
CHRONIQUE BIBLIOGRAPHIQUE. 34^
^^ |)arler de l'abbaye de Montmartre dans une tlièse ayant pour
^'tt*e : Histoire de la formation territoriale du village édifié sur la
^^^ite Montmartre et ses environs immédiats ^ U abbaye bénédic-
l^'^^e de Notre- Dame-aux-Nonnains de Troyes de^ origines à ravinée
^ ^19 a fourni à M. Régis Roluner un sujet intéressant 2.
o. Dom Gliarles de Viscli, prieur de Tabbaye cistercienne des
'^^vjnes et auteur de la Bibliotheca ScriptorumOrdinisCi^teixiensis,
*^<iliangea des lettres avec les Bénédictins de Saint-Germain-des-
l^i'és. Dom Donatien de Bruyne a publié onze lettres écrites par lui
^ Dom L. d'Achery et à Dom J. Mabillon ou à lui adressées par les
^tîlèbres Mauristes (1664-16G5) ^. Elles ont trait aux questions de
littérature ecclésiastique (pii faisaient l'objet de leurs études. On
y remarque des demandes de renseignements sur les écrits du Belge
Gérard, sur la Bibliothèque des écrivains de l'ordre de Citeaux,
Sur (luelques vies de saints et sur quehiues écrits de saint Bernard
dont Mabillon préparait une édition.
Nous nous bornons à signaler les articles suivants : Un disciple
fie Descartes original et peu connu, par M. de Kirwan *, il s'agit de
Dom Desgabets. La Paléographie grecque de Montfaucon et le
P, Harduin, par M. Omont '^. Les notes qui ont paru dans Vlntei*-
9né4iaire des chercheurs sur les Bénédictins afliliés aux loges
maçonniques sur la fin du xviir siècle ^. Dom Leclerc(i traite des
iinneaux d'abbés et d'abl)esses dans son article sur les anneaux ^.
On vient de rééditer les œuvres bagiograpliiques du morne Jonas
^ans le recueil des écrivains pour l'usage des écoles ^, Nous regret-
tons que l'éditeur des anciennes coutumes de Cluny ne nous ait pas
-■'o/s à même de parler de son travail en connaissance de cause ®.
^ Positions des thèses, etc., p. 107-114.
'^ Ibid,, p. Iî»-li9.
^ Correspondance inédite échangée entre deux Mauristes et Charles de Vise h,
"^eur des Dunes, Bruges, 1905, iii-8, de iO p., exl. des Aniwîes de la Société
émulation pour Vétude de Vhistoire et des antiquités de la Flandre, ltM)r>.
^ Bulletin de l' Académie Delphinale (lOOi), p. 378-3fli.
* Paris, Leroux, s. d., in-8, ext. lievue des études grecques, p.^Oi-:204.
^ An. 1905, t. I. p. :>8, 181. iW. i9i, 3i3. iOH. :>18. (W7, 7il, 791. HTil.
"^ Dictionnaire d^archéologie chrétienne et de liturgie, I. p. :àl8<>-il87.
* Scriptores rerutn Germanicarum in usum scholarum. Jon.e vitœ sanetorum
^lutnbani, Vedasti, Johannis, a Bhi'.no Khi'sch, Hainiover.jlOOo, iii-8, xii-3(W{p.
^ Consuetudines tnonasticœ. II. Consuetudines Cluniacenses antiquiores necnon
>^isuetudines Sublacenses et Sac ri Specus 7iunr priinum ex rariis apographis
* ter se collatis, edidit IJurNo Albkhs. Typis Moiilis Cassiiii, llM)5,in-«, xv-âiO p.
i.\i.E NAHILLON.
■ ■ruviiices ocoléHinHliquoiît du ■■ni-l«i et d« St^uMtA
1 . Dorn Ant. du Bounj a étmiié les phases diverses par iesquelli
a passé l'observance monaslicfue dans l'alibaye de Saint-Germaii
diîs-Prés ', Pour la période qui va du vr au xir siècle, il se liurne
à mellre en œuvre les renseignements tournis par Mabillon fl
Bouillart. Mais, h partir du xiv" siècle, il nous apprend une foule de
choses curieuses et intéressantes sur la vie intérieure de la grande
abbaye; elles soni puisées aux sources manuscrites, que conservei
les fonds Saint-Germain â la Bibliothèque rt aux Ai'chives nationales^
Nous sommes édifiés en premier lieu sur une réforme tentée (13(
[a.T l'abbé Pierre de Courpalay; les statuts de cet abbé,
renferme le ms. lai. 138i de la Bibliothèque Nationale, mér
raient l'honneur d'une publication. Deux cents ans plus lard (ISi
le cardinal d'Amboise chargea de réformer l'abbaye deux moim
ciunistes de Saint-Martin-des-Cbamps, dont l'un l'ut le célèbi
Jean Kaulin; cette iiimvelle tentative n'eut pas grand succès.
L'introduction de la réforme de Ghezal-Benoit eut des résultats plus
sérieux; elle eut pour pi-omoteurs deux abbés commendataii'es
illustres, Guillaume Briconnet et le cardinal de Toumnn. La réforma,
inti'oduite au xvrr siècli^ par les Bénédictins de Saint-Maur
il surmonter les plus grands obstacles; un témoin oculaii
Dom Gottnn, a raconté les diflicuUés du début.
Dom du Bourg a eu à sa disposition tous les moyens de se
renseigner. S'il expose avec complai-sance les effets heureux de la
ferveur monastique, il ne craint pas de signaler avec franchise et
de flétrir les abus de la décadence. Il se montre parliculiëreraent
sévère pour les moines signataires de la fameuse requête de 1765,
qui tendait fi délruiie les fondements même de la vie religieuse.
Cela lait, il met les choses au point el s'écarte des généralisations
l^miiières à la plupart des écrivains qui s'occupent de la lin de
l'ancien régime. On accepte trop aisément chez nous les condamna-
tions portées contre nos pères par leurs pires ennemis. Une
tatation faite par le vénérable auteur de cette étude demande à ël
soulignée : malgré une décadence trop réelle, les Bénédictins
Saint-Germain-des-Prés conservaient à la veille de la Kévolutii
rma^_
L
■ ri> menattiqw dmu l'aàànjre dt SitM-Gerianin-det-Préi siM) difKirHim
épo^uet de ton histoire, A\tus Sevtie de> quatietti hitloriftiea, LXXXI, p.i
CHRONIUCË OIItLIOCHAI'IIIUL'B.
une grande dignité monastique, il y avail dans leurs rangs des
moines grdves el pieux.
2. Le charlrier du prieuré de Sainl-Marlin-des-Cliain|is, conservé
aux Arcliives nationales, est des plus riciies. Il ne renferme pas
moins de mille documents, dont les neuf dixièmes sont inédits,
|x)ur la pi^i-iode qui vii des premières annties du roi Philippe I" à la
mort de Philippe le Bel, péritMle durant laquelle se constitua la
(tropriété monastique. Le Cartulaire gémirai, que l'on formerait
avec ce recueil de pièces, serait d'un grand intérêt; sa publication
aurait de quoi tenter la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-
Vrance. En attendant. M, Dejioin a publié, au nom de la Conl'érence
des Sociétés historiques du département de Seine-et-Otse. une
compilation formée dans la première moitié du xii" siècle sous
le titre de iibet- teslamentortim Sancti Martini a Campis '.lia mis
dans l'exécution de ce travail le soin dont il est coutumier, ne
laissant aucun nom propre sans l'identitier, enrichissant son texte
de notes où les renseignements alwndenl et faisant précéder chaque
document d'une analyse succincte el exacte. Le Liber Testamen-
torum débute [Wr un acte du roi Philippe I" de l'année 1079; c'est
le don l'ait par lui de Saint-Martin à l'abbé de Cluuy, saint Hugues.
La dernière, la centième, est de peu antérieure à 1100. Ces chartes
intéressant tout d'abord les premières années de l'histoire de ce
monastère et la construction de son église; on y trouve des indica-
tions sur un certain nombre de localités du Parisis, de la Brie,
du GAtinais, de la Beâuce.
3. On trouve à glaner dans les Curiosités histoi-iqws el pitto-
resques du Vieux-Monlntarlre, par M. Ch. Sellier *, des passages
qui intéressent l'histoire des abbayes de Saint-Pierre de Montmarli-e
et de Saint-Denis. Cette dernière est fréquemment nommée dans le
chapitre consacré aux seigneurs de Clignancnurt; elle y avait des
possessions. Les chapitres sur Montmartre vinicole et sur les
moulins à vent fournissent occasion de parler de rabt>aye de Saint-
Pierre, qui po,ssédait des moulins el des vignes. Un chapitre entier
est réservé au tombeau d'Adélaide de Savoie, femme de Louis VI,
morte dans l'abbaye (1154) qu'elle avait fondée, el aux sépultures
des abbesses et des moniales.
i. Il n'y eut jamais ni abbaye ni prieuré dans la paroisse de
1 SeprottutlioK annoUe du mamucril ifc la BMioMqNe JVfl/intw/i-, t.
M. 10977, Paris, Picaril. IW5, Jn-«. xv-ti< |i.
> Paris. Champion, in-1«, rx-31K |>.
348 ltF.VI;E UAnlLLON.
Komainville, au diocèse de Paris. Son histoire Iburnit néanmoins
des renseignements sur iiudiiues ramilles religieuses qui y eurent
(li'S domaines, gui s'y recrutèrent ou entretinrent des relations avec
ses liabitaiils. M. Husson, ancien maire de Romainville, vient
d'écrire une monograpliie de celle localilë ', On y trouvera des
notes à glaner sur Saint-Denis, Sainl-Magloire, Sainte-Geneviève et
les Céleslins. Dans son liistoire de Marly-le-Boi *, M. Piton donne
des renseignements liisloriques sur le prieuré ijue l'abbaye de
Coulombs avait en ce lieu. Cette at}b3ye eut pour chaml)rier le
fameux Pierre Bersuire. M. l'abbé Mollat publie le bref jar I
Clément VI Uii conféra ce. bénétlce (ifl décembre 13i9| *.
5. M. Lliuillier, t|ui s'est tout parliculièrement occupé de l'histuiit
des personnes et des lieux du département de Seine-et-Marne, avj
réuni une riche bibliotbètiuc d'histoire locale, qui a été mise i
vente après sa mort. Le catalogue, publié )iar M. Champion, f
indis|)ensable pour dresser la bibliographie monastique des ancien
diocèses de Sens et de Miaux *.
6. Peu de monastères possèdent une liste de saints comparabM
à celle de l'abbaye nrléanatse de Micy. On n'y compte pas r
de quarante noms, i\ savoir : les saints Mesmin l'Ancien, Mesna
le Jeune, Kiispire, Théoderaire, Lubin, Doulchard, Lié,
Frambaud, Urbice, Senard, Avit, Adjulus, Amator, Calais, Pavac<
Viàtre, Léonard de Noblac, Léonard de Vendeuvre, Constanlia
Bigorner, Laumer, Liphard, Almire, Ulpbace, Bomer, Eusiof
Butin, Livent, Ducat, Florent, Euchard. Dié, Front, Gaidt, Bri«
Ernée, Alvée. Mai-j-. Mais l'existence de quelques-uns de
bienheureux est l'orl problématique; il en est qui n'ont vraiseiu
blablement jamais vécu à Micy. Le R. P. Poncelet a soumis à i;
examen rigoureux les documents hagiographiques et autres qui V
concernent ".Voici ses conclusions : Le jin-mier document authei
tique qui se rapporte à Micy est nn diplôme de lA)uis-le-Débonnairt
du 8 janvier 8iS; les detix vies di^ saint Mesmin ont été r&Ugét
1 HUtoire de Romainviltf, deg Umpi anUquen à la fin du XIX' siftlf, par
M. <;ADUitL lliisMiN, Piiris, Pion. IW.'i, iii-N. lU-'UI n-
* Marlg-lf-liot. ton hiiloire \iiii C. Pito:^. Purin, Joniihi, t!NI5. ici-t. \M-i(ii p
Ouvrage orni' <le };raviire.silu)iK 1« (exle.
ï Pierre Bersuire, fiHMitniiti- de N.-D. de Colitmbi, au dincfte de Ckarlr»
<liins Sepue Bénédictine. XXII (IfUS). p. 371-273.
* Catnlogut itlme biblioUitque tpéeiate mr te déparUmeiit de Seiitê-«t-M<m
formée par M. l.huilliei- dr Melun. Paris, Cliainpioit, mo, in-H. Ull p.
r- le* SainU de Micy, duri.s Analeeta BoUaitdiima. XXIV (IIWSJ, |i. 5-lM,
ClIRONIOlîE BIBLIOGRAPHIQUE. 3i9
au ix*" siècle et il est iin[)ossibl(? de découvrir la moindre trace de
traditions antérieures dont leurs auteurs auraient pu tirer parti; si
saint Avit est mentionné par Grégoire de Tours, sa vie la plus
ancienne n'a été écrite qu'après la mort de Cliarlemagne; celle de
saint Lubin a dû être rédigée vers le milieu du ix'* siècle, dans
l'état du moins où elle nous est conservée; la plus ancienne que
nous ayons de saint Calais appartient à la même épocpie; celle de
saint Almire est sortie de l'^întourage dr^s auteurs des Actes des
évé/fues du Mans; celle de saint Viàtre dérive de la plus ancienne
vie de saint Avit et ne saurait être antérieure au ix'' siècle; celle de
saint Lié n'est guère (lu'une adaptation laite à ce bienheureux de
/a vie de saint Viàtre; celle de saint Doulcliard est d'une époque
très récente. Ce sont les seuls saints de Micy dont les actes nous
Soient conservés. Des Catalogues des Saints de Micy (lue l'on
possède, le plus ancien est celui que Létald a inséré dans ses
Miracles de saint Mesmin; il est incomplet. Il existe à la Biblio-
tlièque Nationale, en tête d'une vie de saint Mesmin, un autre
ciatalogue, que l'on dit remonter au ix'' siècle; mais nous n'avons
là qu'une copie du xv^ siècle, à laquelle on a pu faire des additions.
C^n peut encore augmenter cette liste de (juelques noms nouveaux
^^nipruntés à des documents authentitpies, et on atteint le chiffre
cie 33. Les autres bienheureux attribués à Micy le sont par sim[»le
c^onjecture.
7. Les Lettres inédites de Le Brun Desniarets à Baluze
<1743-1718), publiées par M. J. Nouaillac \ toutes écrites d'Orléans,
contiennent d'intéressants détails sur ses relations avec les Béné-
<lictins du prieuré de Bonne-Nouvelle. Il est plus j)articulièrement
question de la bibliothèque de Prousteau, qu'ils reçurent alors, et
des polémiques soulevées par l'édition du De Mortibus persecU'
torum, auxquelles [)rit part Baluze, cpii soutenait l'attribution tradi-
tionnelle de cette œuvre à Lactance contre le sentiment de l'éditeur,
Dom Le Nourry.
8. Les abbés et les abbesses étaient tenus de ju'êter le serment
d'obéissance entre les mains de l'évêque diocésain, au moment de
leur bénédiction. Les évêques taisaient une promesse semblable
à leur métropolitain. La formule était insérée au Pontifical sous
le nom de professio. Un engagement verbal ne suflisait [)as. Abbés
ot abbesses laissaient une attestation écrite de leur promesse de
i Bulletin de la Société des lettres, scietices et arts de la Corrèze, Tulle, 190;>,
p. 290-316.
n-sped iH ()'(rf)éissaiK'«, qui était conservée soigneusement aux
archives (k> l'^lisi! cathédrale. A Sens, on les insn-ivil tribord
sur U> Pontiflcal, puis dans un registre spécial. M. le chanoine
(llurtraire a pu relever toute une série de ces professions dans
tkus |toDlilir-au.\ sénonais. conservés l'un â la Bibliothèque Natio-
uale et l'autre â la bil>liotlièqiie de Metz, qu'il a publiées en
appendice à la suite de son Cartiilaù-e du cliapilre de Sens ' ~
1^* diiH-^' de Sens comptait 20 abltnyes d'hommes et 9 de femmef
Pc» de dioc^'Ses de France en avaient autant. La liste des profea
sioiis |K)ur ces diverses maisons commeuce, sous l'épiscopm i
Pierre de Corixïil. («ar celle de Nicolas, abbé des Écharlis (vei'S 1 21*
et sf cl6( le 13 inai 1330 par celle de Jean Huniult, abbé i
Morigny. I^ilu eutrv les mains du cardinal Duprat. Elles sont s
nombre du ISK. Ces trxtes pi-rmettent de réparer plusieurs orui^
sions et de corriger i|uelques dates fautives de la Gallia chrislia
Nous relevons, avec le rhanoine Chai-traire, les rectilicatîons (
cuntssious suivaiit#« : |Kiut Gcrcanceaiix. Guillaume, avant 133(
et Kobert. son sticcesscur; pour les Ëcharlis, les abbés Eudet
\-ers. ISâO, el Piem-; pmir Dilo, l'abbé Guillaume, vers 1224; poui
Saint-Paul de Sens, les abbés L^r et Rol>ert, vers la même
épixpie: pour Cliatimes. un abbé Simon; pour Barbeaux, l'abbé
Michel II, vers 1239; pour Fonlaine-Jeau. Martin, vers 1238; pour
Saint-l'icrn> df- Mt-tua, Jt-an Grandin. en 1433; |>our Vauluisanl,
un altlMï Guillaume; pour VUliers, l'abhesse .\lpa)s, en 1220; pour
la Ktmmenje, Pabbosse Hélolse; pour Champ-Benoît, l'abbesi
Nicole; jHHir la Ooiir-Sotre-Dame. les al)besses .\gnès, vers 12
el Mar^H'rile. en 12M; [xiiir Mont-Notre-Dame, Marie, vers iï
et Gila.
!>. \a' nuinuscnl IVan^-ais 5^> de la Btbiiothètjue Nationale coD^
tient une lùsloîrv de Tabliaye de Villechasson de Rozoi, écrite a
svir* siècle \y»T le Pèn* Vignier, S, J.. complétée par un recueil d
diH'uuienls tiH2-I496V du y trouve, entre autres choses intére
santés, une bnlle înédile du pape Alexandre III (12 ocl. 11<>4
1 Cmrtmtmrt é» cAi^fr* A Sn$, jwMm' acte pltuiain appendift», \
H. le chan. CaAMmiw. S«ns. Durhemin. IWU, iii-8. xini-3lM p., p. i3»-Mf.-*
Nous Irouvons dans le mrps loème du cailulaire deux pi('«es intéressant
rhisloire inontstii|ue : pruo>s-\-erbal (tu smneai faii par Jean de .Vanton, altW
M Sainl-nemiain d'Auierre. au sujel des obliplions imposées par les électeurs
rapiiulaires au fuiiir airheMiiiue de Sens .I4±i;, p. SfrW; leUre de Clémenl Vt^
Domniani Vabtké de Saiote-Colonibe. avec ies doyens de Paris el d
exécuteur d'uoe bulle {I390K p. tiH.
CHUONIQCE BIBLIOGRAPHIOUE. 351
signalée par Pottliast; c'est la « grande charte » ou « pancarte » de
Tabbaye, dans laquelle sont établis ses droits de propriété. Elle
^ été récemment publiée par M. Lucien Auvray, dans un article
ayant pour titre : Un recueil de pièces sur Vabbaye de Rozoi-le-
Jeune ^ Les Chartes de Molesmes relatives au prieuré de Douchif
(1168-1235), publiées par M. X. Stein 2, au nombre de 15, sont
extraites du cartulaire de Molesmes, conservé aux archives dépar-
tementales de la Gôte-d'Or ; (luelques-unes de c<îs pièces intéressent
en outre le prieuré de Montigny, com. de Chàteaurenard, Loiret,
ancien diocèse de Sens.
10. Nous avons signalé plus haut la thèse présentée parM. Rohmer
pour obtenir le di[)lôme d'archiviste-paléogra[)he sur Vabbaye des
Bénédictines de Notre-Dame-aux-Nonnains.— M. Vernier a publié
des notes intéressantes sur les officiei'S laïques de Vabbaye de
Saint-Loup de Troyes ^, et M. de Beuve des Chartes de Notice-Dame-
en-l'Isle de Troyes *, prieuré conventuel des chanoines réguliers
de Tordre du Val-des-Écoliers, qui avait sous sa dépendance les
prieurés de Sainte-Catherine de Paris, de Saint-Nicolas-aux-Cor-
delles, du diocèse de Laon, et de Notre-Dame-en-PIsle de Choisel,
au diocèse de Troyes.
Provinces ecclésiastiques de Vienne
et de Liyon*
1. La thèse pour le doctorat présentée par M. Fabbé Martin à
rUniversité de Lyon sur les Conciles et bullaires du diocèse de
Lyon des origines à la réunion du Lyonnais à la France en
1312^, intéresse, cela va sans dire, un grand nombre de prieurés
et d'abbayes du diocèse et des régions voisines. On y trouve, avec
l'analyse des bulles et des actes émanant de la chancellerie archiépis-
copale à eux adressés, la mention des réunions d'évêques assemblés
soit dans leur enceinte, soit pour une affaire les concernant. Pour
se faire une idée de cet intérêt spécial de l'œuvre de M. Martin, il
1 Annales de la Société historique et archéologique du Gàtinais, XXII 1,
(imo), p. 88-88.
« Ibid., p. 211-228.
^ Paris, Imp. nal., 1905, in-8 de 19 p., exl. du Bulletin historique et philolo-
gique. Saint-Loup était une abbaye de chanoines n^guiiers.
* Revue champenoise et bourguignonne, H (190o), p. 167-183
& Lyon,Vitte, 1905, in-8, xc-729 p.
;io2
llKVrii MAI!M,LO^.
sullit di' jeter les yeux sur la table îles matières au nom de"
(les monastères lyonnais. Comme les ëvéfjues de Lyon Turenl long-
temps les iniermédiaires entre le Siège apostolique et les Ëglise^
de Fnmce. ils eurent à faire avec un grand nombre d'établissements
religieux éloignés de leur juridiction épiscopale. C'est |K)ur ce
motir que celle publication ne doit point rester inaperçue; i-lle
intéresse par un point ou [lar une auli'e l'histoire de nos princiiiales
abbayes l'rancaises : Cluny. CIteaux.'Clairvaux, la Otaise-Dieu,
Saint-VictoPdeMarseillc.FigeacFlavigny.Marinoutier, Saint-Seine.
Talloires, Saint-llul', Saint-Antoine de Viennois, Vt-zelay, Tuurnus.
Sainl-Bénigiie, Le Monastier, etc., etc. L'auteur ne publie point le
texte des documents; il se contente d'une courte analyse en l'ran-
i;.ais, oti le l'ait saillant est indiqui', et d'une bibliographie aussi
complète (jue possible, dans laiiuelle il signale l'original du docu-
ment en question, s'il existe qucl(|iie part, ou, i\ son défaut, les
copies connues. M. l'abbé Martin n'a négligé aucune peine pour se
rapprocher, autant que l'aire se pouvait, du texte primitif, se livrant
au même travail que s'il avait voulu donner une édition criti<jue.
Il indique toutes les éditions connues de cha<iue document avec la
précision rigoureuse d'un hibliographedemétier. Ces renseignements
bibliographiques sont très utiles pour l'histoire des monastères. La
tâche des historiens serait bien sim|)[iliée s'ils avaient dans tous
les diocèses un travail seinblalile à celui que Lyon doit Èi l'at
Martin.
2. L'abbaye royale de Jouy-Dieu prés VUlefranche-en-Beauj(h\
lais (1115-1738) ' fut d'abord un prieuré dé[)endant du monastère
deTiron, fondé en 1115 |)arGuichard III de Beaujeu. 1/éreclion en
abbaye se lit en 1137. En 1738, après de longs procès, cette maison
fut sécularisée et unie à l'église collégiale de Villefranche. qui
venait d'être fondée récemment. La nomination de l'abbé de i
Dieu souleva de graves dillicullés entre les moines de cette abbaye
et les abbés de Tiron; l'auteur les expose en détail; il signale ausf
la transformation en Chartreuses des jirieurés de Seillon et i
Montmerle ; il a pu, malgré la pénurie des documents, rectiBer 4
Completel' la liste des abbés donnée par la Gallia cfirisliana.
pièces justificatives complètent heureusement ce volume.
3. L'histoire d'un petit séminaire au diocèse de Lyon. L'Argen
tiére *, appartient à l'histoire monastique. Cet établissement fu^
1 Par Joseph Ballafet, ViHefranche, Mercier, 1004. in-8, t06 p.
^ Par le rhanoine Leistknscrneideh, Lyon, ViUe, I90S, xx-i64 p.
CHRONIQUE BIBLIOGRAPHIQUE. 353
ouvert dans les édifices claustraux d'un chapitre noble, qui avait
lui-même remplacé (1777) un modeste prieuré de Bénédictines,
dépendant de l'abbaye de Savigny, dont la fondation remontait à
l'an 1273. L'histoire du prieuré et du chapitre occupe le premier
chapitre du volume; elle est complétée par quelques-unes des pièces
justificatives, données en appendice. Les moines de Savigny .avaient
en ces lieux des terres et des droits depuis le x*' siècle. - M. Guigne,
en publiant une Lettre du cardinal Hugues de Saint-Cher (4 juin
1248) ^ imposant une réforme aux moines de Savigny, rectifie la
liste des abbés de ce monastère. M. l'abbé Matagrin consacre un
cha[)itre de sa monographie de la Paroisse de Saint-Êtien7ie, plus
tard Saint-André de Souzy *, à la vUla Mortei'ium, située sur ce
territoire, qui fut donnée à l'abbaye de Savigny en 955.
4. Un extrait des chapitres généraux de la collégiale ancienne
abbaye de Saint-Martin d'Ainay, que M. l'abbé Martin publie dans
une Chronique d'Ainay au XVlll" siècle ^, fournit des renseigne-
ments nouveaux sur la vie intérieure et le fonctionnement de ce
chapitre. On trouve dans le Bulletin historique du diocèse de Lyon
des indications utiles sur les fouilles faites récemment à l'Ile-Barbe*
et un passage de V Antiquité de la cité de Lyon, par Symphorien
Champier, sur une précieuse relique, to^amte coupede l'Ile-Barbe^,
— Dans un article sur Ronsard, prieur de Marnant ®, M. l'abbé
^anel pul)lie les pièces relatives à cette nomination (1533) et donne
sur quelques autres titulaires de ce bénéfice des détails intéres-
sants ; ce prieuré fut plus tard uni au petit séminaire de Lyon, que
<lirigeaient les Lazaristes. — En écrivant sa monographie de la
Seigneurie de Cuire et la Croix-Rousse en Frani'- Lyonnais ^,
M. A. Grand parle du prieuré qui lut le berceau de cette localité.
5. Il est question d'un prieuré que l'abbaye de Tournus avait
en ces lieux, dans la monographie de la Paroisse de Béziat, par
M. Bourdin **. Cette abbaye de Tournus a eu un passé magnifique,
qui a laissé une église très belles devenue aujourd'hui paroissiali\
Monsieur l'abbé Cuié, archiprétre de Tournus, qui a consacré son
1 Paris, Imp. nal., 1905, in-8 de 20 p., ext. Bul. hist. du comité,
« Bulletin historique du diocèse de Lyon, VI (1903), p. 2i0-2:r2.
3 Ibid., VI (1905), p. 203--2I1.
* Ihid,, VI, Chronique du ffi /.
^ Ibid,, VI, p. m.
e Ibid., VI, p. 169-175.
7 Lyon, Brun, 1905. in-«. 195 p.
8 BuUetin de la Société Gorini, II (1905), p. 55^.
23
334 HEVCE MAlifLLOS.
activité et son iiitulligence y la restauration de ce monuménTÎ
culte de saint Philibi-rt, vient de j)iiblier un ouvrage (jui, sans être
une histoire dc^tinitive de l'alihayc de Tournus, offre un réel intérêt '.
C'est un guide historique et descriptif du monastère et de son
^lise, qu'il a voulu donner, mais un guide sûr, parce que bien
inforiné. La partie archéologique est de beaucoup la mieux soignée.
L'auteur ne néglige aucun détail de ce monument unique en son
geure, avec ses trois églises suj^erposées, construites du x' au
m' siècle, sans [«rler des compléments et des modilicatioQS que
les siècles suivants y ont apportés. Une illustration abondante
donne l'Lnpression de la chose vue. Il est regrettable cependant
que l'auteur ne se soit point contenté d'une illustration documen-
taire; les fantaisies sont déplacées dans un ouvrage aussi sérieux;
j'en dirai autant des poésies, l'aibles du reste, qui ëmaillent cer-
taines pages. M. l'abbé Curé s'attache, dans la partie historique, o
faire revivre l'ancienne abbaye sous les yeux du lecteur, avec sa
forte organisation inlérieure, l'exercice de ses droits et privilèges.
Tout cela est fort instructif. I^^s pages qu'il consacre aux anciens
manuscrits de Tournus sont à noter. Il a confié à M, Jean Vircy le
soin -de rédiger un chapitre préliminaire sur tes différentes époques
de eonstruclion de Sainl-Philiberi ; M. Gabriel Je.anlon a écrit le
chapitre sur les droits seigneuriaux de l'abbaye. — M. Poupardin
a mis au point et publié un travail commencé par le regretté
M. Giry '. C'est une réédition de la Vie et des miracles de sainl
Philiùert, par Ermentaire, moine de Noirmoutier, et de la C/rro-
nit/ne de Tournus, par Falcon, d'après un ms, de Tournus, conte-
nant une copie du x' sièrle de l'œuvre d'Ermenlaire et une du
xin' de celle de Falcon. Le texte d'Ermenlaire a été comparé avec
celui d'un ms. du Vatican, duquel pourrait bien dériver celui de
Tournus. M. Poupardin a complété celte publication par l'analyse
de vingt-neuf documents, huiles ou diplômes de l'époque carolin-
gienne (819-956], concernant cette abbaye. — Signalons, en pas-
sant, une étude de M. A. de Barthélémy sur la Numismatique du-
nisienne ^. et trois lettres et une biographie A'Un écrivain inconnu
du XI' siècle, Walter, moine d'HomiecourC, puis de Vézelay *, par I
1 Saint-PkilibeH dt Teurniu, par l'abbe H. (U'BiS, Paris. Picard, IMS. i
iitl [j-, orni> de nombreuses gravures dans le (e\le.
2 MontimenlJi de l'Aisloire det atbafft de Saint-Philibert (Noi
Grandiieu. roiirnus), publiés <faprèi tes tiolei ^Arthur Otrp, par F
Pot'i>AiiuiN, Paris, Picard, 190S, in-S. LrM30 p.
s RfBue de nutaUnuttique flMB), p. li-SI,
* Seeue Sinédietine, XXII (laOSj, p. ies>4tl0.
CHRONIQUE BfBLIO(;RAPHlQlJE. 355
Dom Germain Morin ; ce tut probablement saint Hugues de Gluny
qui obtint son transfert d'Honnecourt à Vézelay.
6. Dans son court article sur Samt Lupicin et son évangélmire S
M. Et. Deville publie une lettre de Dom Ruinart à Dom J. Monnier,
Bénédictin de la congrégation de Saint-Vanne (30 sejH. 1693). —
M. Louis Ritz a analysé et commenté le Manusant de V abbaye
de Talloires consei^vé au Musée Britannique *. — Ucely dont
M. L. de Montravel vient d'écrire riiistoire ^, possédait un prieuré
de Saint-Chatfre du Monastier sous le vocable de Saint-Pierre-6s-
Liens ; l'auteur publie des actes concernantce prieuréde 1239à 1780.
Provinces ecclésiasticiiies du Midi.
1. M. Tabbé Guillaume a publié le texte d'une bulle du pape
Eugène III (6 novembre 1145), contirmant la fondation de l'abbaye
de Boscodon *. Nous avons à signaler une étude historique et
archéologique de M. Meunier sur V abbaye de Saini-Vklor de
Marseille '^ et une étude hagiographlipie de Ch. Florisoone, ayant
pour titre : La légende dorée des Gaules^ Sainl-Honorat et
/ ^abbaye de Lérins ®. — M. Albert Dut'ourcy a t'ait à l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres une intéressante communication sur
irins et la légende chrétienne ' dans laquelle il donne quelques
perçus nouveaux sur la part que prirent les moines de Lérins à la
^'•édaction des gestes des martyrs. Il s'y prononce pour l'attribution
^^ saint Euclier de Lyon de la passion de saint Maurice d'Agaune.
2. M. le chanoine Degert traduit une description latine d'une
^^ncienne mosaïque du monastère de la Daurade de Toulouse,
« extraite de la Chronique de Dom Odon Lamothe, dont le texte fait
ï)artie de la collection du Monasticum Benedictinum de la Biblio-
thèque Nationale ®. — Dans ses Glanures historiques, M. A. Vidal
i Annules fraiK-comtoises, XVII (lî)0,i;', p. 110-111.
* Annecy, Abry, iOOo, in-8, 23 p. exl. Revue savoisienne (19(>i).
3 Revue de Vimrais, XIII (1906), p. 5-49-561.
* Deux bulles inédites des papes Eughie III et Alexandre III en faveur d^
l'abbaye de Boscodon et du prieuré de Sainte-Colombe de Gap, dans Amiales des
Alpes, VllI (1904-1905), p. 83-91.
5 Revue du Sud-Ouest, 1905, ocl.
Quinzaine, mars 1905, p. 73-100.
7 Bulletin de l'Académie des Inscrtptiotis et Belles-Lettres (1905). p. ii:>-4i3.
* La plus a^iciefine 7)wsa\que chrétienne de la Gaule méridionale d'après un
document iftédit, dans Bulletin de littérature ecclésiastique (Toulouse;, 1905,
p. 3-15.
i
3bB
|iiililii^ hi Prinse de possession de l'abbaye de S<Mr^ par
M. lU-vmùn Braniiiie. cmnme procureur de M. de la TrémoUle-
iiuirmduUe}'. U' 9 août 1102 '. M. Gabié, dans son article sur
ic Château de Monterai, Amiet, évêque d'Albi, et le prmtré
(l'Appelle ', complète et; que M. de Lasteyiie nous a appris sur
cett<- déiietidance de Saint-Hartial de Limijges et sur le prieuré
de Kieupeyroux, au diocèse de Rodez, dépendant do la même
abbaye. M. Tabbé Galabert a encadré une Iransaction entre le
monastère de Saint- Anlonin el le prieuré de Mjac (ii mai H28)'
dans un intéressant commentaire: nous assistons à la séculari-
sation d'un prieuré-cure de cbanoines réguliers; ijuatre prêtres
séculiers et un curé soumis à des statuts spéciaux, remplacent le
prieur et les religieux. M. L. Jubie modifie un certain nombre
d'identifications de lieux proposés jadis par M. nesjardins, éditeur
du cartulaire de Conques, dans ses Notes sur quelques actes du
cartulaire de l'abbaye de Conques, qui fonl mention des localités
iituêes dans le Calvadez et principalement dans la partie de cette
vicomte qu'on nommait le Bairi'z *. — La Notice historique de
M. J.-F. Artières sur les libertés, pnvilèges, eoutunws et fran-
chises de la ville de Millau en Itoueriiue *, l'ait connaître les
privilèges accordés au prieuré de Notre - Dame , dépendant
de Saint-Viclor de Marseille, par les papes Urbain II, Adrien I\'
et Alexandre [Il et [tar les princes d'Anigon. — yi. l'ablié
Albe, dans les Titres et dwuments concernant le Limousin et le
Quercu du temps des papes d'Avignoti <>, publie deux lettres du
pape Grégoire XI au doyen de Souillac, Pons de Barmes (1" août
et 20 sept. 1372), pour l'engager à l'aire cesser les désordres causés
par son neveu, qui, après s'être emparé du chilteau de Pinsac,
ravageait les terres de la vicomte de Turenne. — M. Élie Rossignol
publie et commente un croquis d'une partie de la ville de Gaillac
(milieu du xvii' s.) et un plan du commencement du xix'. intéres-
sants pour l'histoire du monastère ' ; ce dernier est tiré de
YHistoire de Gaillac depuis l'an 654 jusqu'à l'an 1789 de
Frédéric Hugonet, conservée manuscrite aux archives de la ville. ,
i Revue ^ département du Tarn, XXII (m)5i, p. 4SMIU.
« Ibii., p. 1-12.
» Méitioire de la SoeiéU Utt(fTnire de VAvryrnm, XVI wma].
* Ihid., XVI, p. «.58.
« nid. XVI, p. Wî et s.
• Bulletin de la SoeiéU tciruti/fiiut, Kitlorique et archénlegiqae de la Cor,
XXVII, p. 3«t-360.
I (iuatre piani. Mtmlans et Oaillac, dans fCeoue du Tam, XXII (IM»), p.Si
■9m
»«e
oiiKOKJOtJR hibijoi:haphiqiie.
357
H. le chanoine Degert poursuit h publication de son histoire
de l'ancien diocèse d' Aire '. Il s'occupe des origines de l'abbaye de
Sainl-Sever. Sa fondation au vu'' siècle est désormais reléguée
parmi les récits légendaires ; la date de la restauration est fixée au
14 septembre 988; il n'y a plus de doute à élever sur l'authenticité
de la charte qui l'atteste. Les évéqucs de la lin du xr' et du
XII* siècle, Pierre II, Guillaume, Bonhomme, Vital de Saint-
Hermès encouragèrent de tout leur pouvoir l'eHlorescence monas-
tique dans leur diocèse. L'auteur se trouve amené à raconter les
origines de Sainte-Quittarie d'Aire, devenue bientôt après prieuré
de la Chaise-Dieu, de Saint-Girons de Hagetman, de Pontaut, de
Sainl-Loubouer, de laCaslelle. de Monlgaillard. Notons en passant
le {tarti qu'il a su tirer des Antiquilales VaconÙB Benedictirue de
fiom Estiennol et de ses fragmenta kisloriœ aquitaniœ. —
H. Degert insère fréquemment dans la Hevtie de Gascogne sous le
titre d'Additions et corrections à la a Oallia christiana » des notes
brèves dont il y aura à tenir compte, lorsqu'il s'agira de retire les
listes des abbés. Nous avons à signaler celles qui concernent les
altbés de Sainl-Savin * et de Lescale-Dieu '. — Notons dans ce
même périodique un article de M. Gézérac sur l'abbé de
lUontesquiou-Fézensac, prieur de Saint-Oreas *,et de M. J. Dodien
Sur le Prieuré de Saint- Léger-sur-l'Adour en 1402 *; l'auteur de
ce dernier travail utilise le procès-verbal des visites faites par
l'abbé de Lezat, Guillaume Kigaud, dans les prieurés de sa dépen-
tiance. Ce document, qui est conservé aux Archives départemen-
tales de l'Ariége, renlerme de très utiles renseignements sur les
autres prieurés de cette abbaye. Peyrisse, Valcntine, Saint-Béat,
fierai, Montant, Montsabaoth, Muret, Rabastens, Navarrens, Trie.
— M, René Pagel a consacré quelques pages â l'historien du
diocèse d'Auch, Dom Brugèles, prieur de Sarrancolin '. —
M. l'abbé Latfont a raconté la fin de l'abbaye de Saint-Maurin, dans
Haint-Maurin pendant lapériode révolutionnaire- '. — MM. Barrau-
1 RevM de amcBgw (1903). p. 437-439. SOi-321.
» Ibid., p. 498.
» Ibid., [>. 43S.
* Ibid.. p. 436-482.
s IHd., p. 407J24.
" Auch, Cocharaux, 1903, in-8 de Hi p., exl. BulMin df la SociéU arcAéolo-
aique du Oeri.
^ nulUlin de In Seeiilé archéologique df Tim-et-Qaronne. X\\\\\ (109S],
p. aï83.
t
3S8 IlEVI E MABILLON.
Diliigo et Poupardiii onl |iublié le Cartulaire de- Saint- Vincenl-
(le-luai '.
■i. Il exislait à Berdoiiès, diocèse d'Aucli, un monastère de
Bëoédiclins, ([uand les Cisterciens y fondèrent un établissement
nouveau (vers 11281 qui l'absorba. Cette abbaye possédait encore
aux xvii' et XVIII' siècles une belle bibliotliëque et de ricluvs
archives ; une faible partie de ce déjKit a échappé à l'incendie et au
pilliige durant la Révolution. Le cartulaire, aciieté à Mirande par
un citoyen Burot, devint dans la suite la propriété du grand sémi-
naire d'Aucb. M. l'abbé Cazaiiran, après une longue préparation.
vient de le publier -. Pour combler les lacunes que présente ce
manuscrit, il s'est aidé d'une copie incomplète due â la plume de
l'abbé Vergés, conservée dans le même dépôt, et des chartes ori-
ginales ou transcrites que possèdent les Archives nationales ou
départementales. Il n'y a pas moins de 823 pièces dans ce recueil,
qui va de H34 à 1238. On y chercherait en vain des documents qui
aient un intérêt historique réel. II ne contient ni bulle ni diplôme
royal, ni l'une de ces pièces curieuses qui projettent une vive
lumière sur l'histoire d'une province ou d'un diocèse. Tout reste
dans le cadre limité où s'écoule l'existence d'un monastère éloigné
des villes. Mais, par contre, on ne saurait rien imaginer de plus
intéressant pour quiconque veut reconstituer la vie d'une commu~ ■
nauté monastique en plein moyen-âge et la suivre dans ses relation^
avec les Tamillcs et les localités voisines.
M. Cazauran devait épargner à ses lecteurs un travail d'invest
gation à travers ce volumineux cartulaire et leur présenter I
même le fruit de ses observations personnelles. Il l'a t'ait dans uiri
longue introduction où il a mis à coniribution sa connaissanoi
approfondie de l'histoire dp la province ecclésiastique d'Auch,
y trouve l'organisation intérieure de l'abbaye; la nature du recni
tement qui se l^it d'ordinairi? sur place dans de modestes familles d
cultivateurs; il s'y rencontre des hommes qui ont été marié&'l
L'agriculture est la grande occupation de.s moines deBerdouèaJ
ils cultivent le blé et la vigne, ils font de l'élevage et de l'apiculture,
ils laissent leur terre en reims d'une année à l'autre. Ce monastère
produit rbnpression d'une maison sagement administrée; elle a
des capitaux qui sont prêtés sur gage. Si le cartulaire de Berdouës
contient peu de renseignements sur les familles du pays, il i
) Cartulaire de Berdouès, publié eL annoli.^ iiar l;ibbi^
doyen (le Mirande. Paris, Picard, t90S, in-S, 270-876. ji.
CHRONIQUE BIBLIOGRAPHIQUE. 359
rempli d'indications précises sur l'état de la propriété et sur la
hiérarchie ecclésiastique.
M. Cazauran a complété son édition du cartulaire par une
histoire très documentée de Tabbaye, dans laquelle il a groupé
sous le nom de chatjue abbé les faits contemporains. Nous avons
désormais une monographie définitive de Berdouès. Il a fait plus
encore; mettant à profit ses longues années d'études historiques
locales et ses courses à travers les paroisses du diocèse d'Aucli, il
a enrichi son édition du cartulaire de notes pleines d'érudition;
chaque nom de lieu et de personne est accompagné d'indications
nombreuses et sûres, valant toute une monographie. L'éditeur
parle quelque part des matériaux qu'il a réunis sur les paroisses
du diocèse, il en a lait passer toute une partie dans cette annotation.
Son livre est ainsi devenu un instrument de travail indispensable à
quiconque voudra s'occuper des anciens diocèses qui forment
actuellement celui d'Auch.
Provinces ecclésiastlciues de Oourf^es
et cle Oorcleaux..
1. Pendant qu'il occupait le i)oste d'archiviste départemental du
her, M. Jacques Soyer, aujourd'hui archiviste à Orléans, avait
ntrepris la publication des Actes des Souveimns antérieurs au
JCP siècle conservés dans le dépôt dont il avait la garde. La
deuxième partie de son recueil, qui comprend les actes appartenant
au Fonds de l'abbaye de Notre-Dame de Fontmorigny, ordre de
(Ateaux, a paru dans les Mémoires de la Société des Antiquaires
dn Centre ^ Les documents publiés, diplômes royaux ou bulles,
sont au nombre de 38, allant de 1135 à 1379.
2. Nous ne possédons pas d'histoire du monastère de Mauriac.
M. le docteur de Ribier en a réuni les principaux éléments dans un
recueil de documents concernant cette maison bénédictine *. Le
plus curieux est une chronique rédigée au xyi*" siècle, qui a un
réel intérêt, au moins pour ce que son auteur a vu ou connu d'une
manière certaine. L'introduction du docteur de Ribier équivaut à
une étude des sources d'histoire du monastère ; on trouve un bon
1 XXVIII, 1905, p. 93-200.
* La Chronique de Mauriac par Mont fort, suivie de documents inédits sur la
ville et le monastère, Paris, Champion, 1905, in-8, 260 p.
360 RRVUB HABILLON.
résumé de cette histoire dans son Coup d'œil mr les origines et b
développement de la ville et du monastère de l^aiiriac. La liste dea 1
doyens, suivie de celle des prieurs claustraux maiiristes, l'édifie etj
complète celle de la GaUia. Nous trouvons dans ce volump deui
pièces relatives à la congrégation de Saint-Maur, dont la plufd
curieuse est un récit par Doin François Laurent de l'introduclioM
de la réfonne dans le monastère de Mauriac (I(i27-i670), plusieui
inventaires des revenus au xvii' siècle et les actes de vente c
monastère, de ses dépendances et propriétés pour la somme t
77,300rr3nc8(1791-n94j.et quelques documents relatil'sâ l'électioal
et â l'installation des doyens.
3. M*' Duchesne, le P. Poncelet et M. Bruno Krusch plaçaient?
sous le règne de Pépin le Bref la translation des reliques de saint
Austremoine de Volvic à Mozat. Après avoir de nouveau examiné
ce l'ait, M. Levillain s'est prononcé pour une date bien différente,
l'année 863 >. M*' Duchesne étudie à son tour les motil's qui ont
déterminé le sentiment de M. Levillain et maintient ses atTirma-
tions *. Sa critique du diplôme de 863 aboutit à cette conclusion :
u Le mieux donc est de considériT la cliarte comme fausse et ,
la date comme imaginaire. » Il fait en outre remarquer que lae
diverses vies de saint Austremoine dérivent toutes de ce litUJ
diplôme. Le dernier mot n'est pas encore dit sur ce sujet.
4. Le diocèse de Limoges avait sur son territoire le monastérfl
cliel' d'ordre de Grandmont, des abbayes célèbres comme S
Augustin et Solignac pour les tiommes, la Règle et les Allois imm
les femmes, une maison de Feuillants, Saint-Martin de Limogea
des Bénédictines enseignantes au Dorât, sans compter des monas
tères moins importants et de nombreux prieurés. Ces ëtablissemenlsJ
mêlés de la manière la plus intime à l'existence du diocèse, partit^
pèrent à la transformation que lui fit subir la réforme du svii
Aussi la savante étude que M. l'abbé Aulagne vient de consacrer A
cette renaissance ecclésiastique ' est-elle d'un grand intérêt pourj
leur histoire durant cette période. On y trouve une foule de rei
gnements locaux puisés par l'auteur aux meilleures sources. Il b
i ■■
1 La translation dei religufi de laint Autiremoine à Matai et le d^plâme it
Ptipin H d-Aquilaine IS6^). dans le Moyen-Âge. Wll [imi), [i. 38t-337.
3 Sur la Iramlalion de saint Auxtremoine, daus Anaieeta BoUandiaua, SXIV.1
(IW3). p. 105.111.
Cn tiède de vie eecUtiattique en province. La rifortMe catholique du X7Ifi-M
tièete dans le diocèse de Limoges, Paris, Champion, 1906, in-fi, :<
CHEtOMOUE BIBI.IOr.RAfllIOUE. 3C1
à désirer que nous eussions pour tous les diocèses de France une
œuvre de cette valeur.
5. Le second volume des Archives historiques de la Corrèze,
publie par M. Clément-Simon ', ne contient qu'un petit nomtire
de pièces intéressant l'histoire moniistique. Les voici : une lettre de
Pierre, abbé de Tulle, au sujet de l'église de Roc-Amadour (12H|,
que l'éditeur l'ait suivre d'une notice surlecartulairedecetteabbaye;
une transaction dans laquelle intervient l'abbé de Saint-Martial de
Limoges (1297); un accord entre Guillaume de Chanac, archidiacre
rie Paris, et Pierre Royer, le futur Clément VI, prieur de
Saint-Pantaléon deLapleau (1321); entin la liste des abbés, prieurs
ou de leurs délégués, ayant pris part aux Étais provinciaux du
Bas-Limousin, assemblés h Tulle en 1388 pour l'élection des
députés aux États généraux de Blois. — Nous avons à signaler
L'ne prétendue histoire de l'abbaye de Beaulieu au Xlt' siècle par
M. Ant. Thomas*; les renseignements Tournis par M. Tli. Bourneix
sur le prieuré de Montrés dans son article sur Ti'ois prieurés
limousins. II, Chambery ', et ceux donnés sur le prieuré de
Chaunac, dépendant de l'abbaye de Tulle, par M. Victor Foret dans
son étude sur Une seigneurie en Bas-Limousin *.
6. M- l'abbé Fouché a publié la monographie de Tailiebourg *.
Il y est question d'un prieuré-cure que l'abbaye poitevine de
Saint-Savin possédait en cette ville. L'église et le prieuré dispa-
rurent pendant les guerres de i-eligion ; il n'en reste plus qu'un
souvenir. Parmi les hommes illustres nés à Tailiebourg, l'auteur
signale Guillaume Conchamp, fondateur et premier abbé de
FoDtdouce. M. Fouclié s'est distingué déj^ par la publication de
plusieurs monographies paroissiales, oii l'on trouve à glaner pour
l'histoire monastique : il parle, dans Saint-Julien de l'Escap ',
d'un prieuré-cure appartenant aux abbesses de Notre-Dame de
Saintes, et dans Fontenet ', d'un prieuré de Sainl-Jean-d'Angély.
1 Paris, Champion. IIKH, in-S, OiS p.
' Toulouse, Privai, 1B03, in-8, ,1 p., eut
3 BulUlin de la Sociale dei lettres, n
p. 301-3111.
* 3fd., 69-73.
B Tailiebourg. la Cotlégialt, Notrit-Dame de Sainte-Croix. La prieuré de
Saint-Savin. L'hôpital Saint-Jacquet, la Léproserie. Sommet illiulret, Saint-
Jean d'Angély. ino.^, in-S. lit p.
" Sitinl^ean il'Angély, leOi. Iti-S. 119 p.
T Ihd., 1003, in-e, 78 p.
363
7. M. l'abbé Caiilaiis, dans un inléressanl article archéologique
sur les Eglises de Saintes ', s'occupe des églises de l'abbaye de
Nulm-Daine et du monastère de ^int-Eutropc, ijui sont deux
cliefs-d'ieuvre d'architetHure romane. M. L. Brutiat, dans une
élude sur Vlmmunité ecclésiastique et la Papauté, Sainlimge et
Aunis, X' et XII' siècles *, éludie. imi se servant des carlulaires
imprimés, les immunités oclroyéi's aux monastères de la l'égion
par les seigneurs et les princes et confirmés par les sonvei-ains
|K)ntil'cs. — Le comte de Broglie, dont M. E. V^cn racoiitt; la
mort à Sainl-Jean d'Angély le Ui août 1 781, d'après le mémoire
du docteur Marchant ', reçut la sépulture dans l'abbaye. — Il est
question dans V Intermédiaire des Chercheurs de Franv-oise-
Gabrielle d'Orléans, abbesse de Sainl-Ausone d'Angouléme * et du
prieuré |)oitevin de Vaux *. - M. l'abbé Uzureaii fait connaître
l'état des biens et des revenus de l'Abbaye de Fontei>raull en 1 790 •
et raconte la destruction de la célèbre ablaye. — Dans son travail
sur la Crypte de Saint-FUibert à Noirm/mlier ', M. Léon Maître
se prononce pour l'origine mérovingienne du monument dans
lequel le sarcophage et les reliques de ce bienheureux restèrent
exposés jusqu'aux invasions normandes. — Le mf-me archéologue
parle des cryptes de Sainl-Philibert de Grandiieu et de Nouuillé
dans son étude sur les Hypogées chrétiens et les crytes du Poitou
antérieures à l'an ÎOOO".
t*i-ovinceci«»cclê«in«tIc|iieHdeXour*>»l.<l«»Rouea>l
1 . T>«m Bèdf Adiocti l'ait une revue critique de tons les travaui;
dont la Vita Sancfi Maiiri a été l'objet depuis l'année 1898 M
lia paru, depuis, un travail de M. L. H&lyhna, La vie de saint MaWf S
1 Senue df VArt chrétien \ I1KI3), p. .■tii4-.199.
' Recueil de la Committion des arts et monununtt de la Charente-Infériatrû^
XVII (IfNKi), p. 7W«l.
■ Rrnie de Sainlimge 'I d'ÀunU, XXV (IMS], p. I7I-17H.
* LII|1B«3|, p. 38*.
* Ll. p. Ua, 37U, flOÎ. 79*. 87J : LU, p. 78, 190.
e Revue Bénédictine. XXlt (190S). p. 163-370,
' Rmue du BiaPoilou. XVHI 1190*). p. 1-13.
" liid., p. iî9-il.'S.
" Zur Vita Sancti iTauri, ilan
(I90S). p. i-iS, Î08-S36,
. Studifn iind ifitteilnngeif 'te llai^crn. XXWl
GHRONfQUE BIBLIOGRAPHIQUE. 363
Exposé d'une théorie de M. Aug. Molinier \ dans lequel Tauteur
maintient la position prise à TÉcole des chartes par M. Giry.
La Revue des questions historuiues annonce la publication pro-
chaine d'un article de Dom Landreau sur ce même sujet. Notre
confrère vient de publier une histoire, que Ton peut regarder
comme définitive, de Tabbaye de Glanfeuil pendant la période
carolingienne, en mettant à contribution le Livre des miracles
composé par Tabbé Odon et les sources diplomatiques qui
nous sont conservées ^. Voici quelques faits et quehiues dates :
destruction et ruine du monastère à une époque incertaine, par
Tabbé Gaidulfe de Ravenne, qui Tavait reçu de Pépin-le-Bref;
restauration avec les moines venus de Saint-Pierre-des-Fossés
vers 831 ; abbatiats de Gosbert (840-843), d'Ebroïn (844-852), qui se
déchargea du gouvernement sur Goslin vers 845, de Théodrade
(853-861), d'Odon (863-899). L'abbaye de Glanfeuil fut affranchie de
toute dépendance vis-à-vis de Saint-Pierre-des-Fossés, au temps
d'Ebroin. Lorsque les Normands envahirent l'Anjou, peu après son
élection, l'abbé Odon dut partir avec ses religieux et les reliques
du saint fondateur. Cette migration eut pour terme le monastère
des Fossés (15 novembre 868), qui prit dans la suite le nom de
Saint-Maur.
2. Dans son travail sur les Origines de l'Église du Mans *,
M. l'abbé Busson doit examiner la confiance méritée par l'auteur
des Actus Episcopoi*um Cenomanensium, qui sont sa principale
source historique; comme les vies des saints moines, les fon-
dations des monastères et les chartes de Saint-Calais occupent
dans ce recueil une place importante, il est amené à se prononcer
sur la vérité des faits monasticjues allégués. — L'abbaye de Saint-
Vincent du Mans possédait à Mézières-sous-Ballu un prieuré fondé
autour d'une église avec des terres et des droits acquis ou reçus
à partir de 1070; il était, à la fin de l'ancien régime, uni à la sacristie
du monastère. M. H. Biard en fait l'historique dans sa monographie de
Mézières'sous-Ballu *. — Signalons un article de Dom Guilloreau
sur V Abbaye de la Couture au XP siècle y Prérogatives et charges
des officiei's claustraux *, et les Notes sur les vignes de Bawuges-
1 Revue historique, LXXXVIII (!90o), p. 287-395.
* Les vicissitudes de l'abbaye de Saint-Maur aux VIII* et IX* siècles, Angers,
Siraudeau, 1905, in-8 de 59 p., ext. de V Anjou historique.
8 Province du Maine, XII (19()i), XIÏI (1905).
* Ibid,, p. 323-332.
^ Hevue historique du Maine (1905) p. 236-256.
364 REVUE MABILLON.
sur-Loir au XIV siècle ', par M. l'abbt' Angol, oîi on trouva
documents sur l'abbaye de la Roe, dont les innines conslituèreot
un vignoble en ces lieux (136li-1370).
3. M. Ouine fait une étude particulière des saints de Brelî^e.
Il s'est précédemment occupé des saints celtiques Samsoii cl
Tupiaf et des saints de Dol. Nous avons sous les yeux une étude
sur trois Saints de Broaitiande, l. Sainl Méen *. 11. Saint
Gobrien '. III. Saint Armel *. Le travail sur sainl Méen, qui est
surtout liiblic^Riphique, intéresse l'histoire du monastère qui
l'avait pour patron. Dans l'étude sur saint Armel, nous avons
deux notes fi prendre : l'existence fi Saint-Armel des Boschaus
(diocèse de Kennes) d'un monastère qui disparut pendant les
invasions normandes, et l'attribution à un moine du un' siècle de
Saint-Melaine ou de Landevenec de la légende du saint, qui est
insérée dans l'ancien bréviaire de Léon.
4. Dans ses remarquables Éludes sur la cmdiliffn de la classe
agricole et l'état de l'agriculture en Normandie au mojien-âge^,
M. L. Delisle avait signalé l'influence économique des abbayes
normandes et des services rendus par elles aux habitants de la
campagne par le crédit agricole. M. Génestral a l'ait de cette
question le sujet d'une thèse de doctorat en droit : Rôle des
monastères cotnme établissements de crédit étudié en Normandie
du XI" à la fin du XIW siècle ■, Plus récemment et avec le
concours de M. Allix, il l'a étudiée sur un domaine beaucoup plus
restreint, dans la seule abbaye de Troani. Les opération»
financières de l'abbaye de Troarn, du XI' au XIV' siècle '.
M. E. Van Roey a consacré à ces deux études une recension " qui
est à lire. Après des observations et de critiques motivées, il
conclut : « Un l'ait économique reste, déjà connu d'ailleurs d'une
layon générale, mais remarquablement mis en lumière par tes
auteurs ; à mesure que la société, travaillée par le besoin des expé-
ditions d'outre-mer, se détachait de la terre, se déracinait, les
I
1 Atimlesjl^cltoùet, VI (1905), [>. m-iH.
» Paris. Le Daull, iflOi, in-S de 31 p.
» 3'tt., 1803, in-8 de 34 p.
* Ibid., ISori. in-8 (le 54)1.
1* Lo librairie Champion a de nouveau |iiii»lif l'b travail, Pa
in-8, Li-738 [).
fl Paris, Rousseau, llMll, in-8, xii-i60 [i.
' Viertr{}tthrsckrifl far tocial- und Wirttekafsgackkhtg, 11 (IftU), |
B Revtit dSittoire ecctésiattique, VI (tSOaj, p. 1Ï0-U7.
CHRONIQUE BIBLIOGRAPHIQUE. 365
al)bayes s'y enracinaient, s'y attachaient d'avantage. Mais, encore
une Ibis, où laut-il chercher l'explication de ce fait, dans l'esprit
de lucre des monastères, ou bien dans les conditions sociales
ambiantes ^? » C'est en ces termes qu'il convient de poser le
problème.
5. V Abbaye de Noire-Dame de Gresiain de l'm^dre de Saint-
Benoît, à l'ancien diocèse de Lisievx \ fut fondée, après
l'année 1050, par Herluin de Conteville et Ariette, sa femme.
Guillaume le Conquérant fut l'un des principaux bienfaiteurs. Les
premiers moines venaient de Saint-Wandrille et de Préaux. Ce
monastère, pendant les sept siècles de son histoire, fut peu
remarqué, à côté des puissantes et célèbres abbayes normandes.
On ne put l'incorporer à la congrégation de Saint-Maur. Aussi le
le relâchement s'y développe-t-il rapidement au xviir siècle. On le
sécularisa en 1757. Du chartrier, alors dispersé, il ne reste à peu
près rien; M. Briard a dû fouiller la Bibliothèque et les Archives
nationales et les dépôts de documents de la région pour rédiger sa
monographie, qui est une œuvre sérieuse et définitive. Il publie
dans un long appendice la plupart des documents dont il a pu
retrouver le texte ou la copie.
6. L'abbaye cistercienne de Bonport fut fondée sur les bords de
la Seine, en H89, par Richard Cœur-de-Lion. L'église et les
bâtiments claustraux furent élevés dans la première moitié du siècle
suivant. Ces édifices recurent dans la suite des modifications et des
compléments. L'église a été démolie après la Révolution. Un(^ j)artie
du mobilier dispersé est conservée à Pont-de-l'Arche. Avec ce (jui
reste du monastère, les débris de l'église et les plans anci(»ns,
M. l'abbé Chevallier a entrepris la reconstitution de ce. monument *.
Après (juelques renseignements indispensables sur l'origine de
l'abbaye, il énumère les faits relatifs à la construction et aborde la
description. L'église (intérieur et extérieur), la sacristie, le dortoir,
le chapitre, le parloir, le noviciat, la bibliothècpie, l'hôtellerie,
le chauffbir, le réfectoire, la cuisine, le logement des convers,
le cloître, les pierres tombales avec leurs inscriptions, les
carreaux émaillés, les dalles de sculpture, le mobilier, les
vitraux, tout est décrit et étudié avec le plus grand soin. L'illustra-
1 Revue d'Histoire ecclésiastique, VI (1905), p. 127.
2 Notre-Dame de Bonport, Étude archéologique sur une abbaye normande de
l'Ordre de Cîteaux, par l'abW Ém. Chevallier, Mesnil, Didot. 1904. in-i, xi-120 p.
Ouvrage orné de plusieurs {gravures.
3^ RCTTE SABIIXA).
tion fârticulièrement soigner A>nD^ ^ r-^jA- i^n sTkztA inî^vt.
L'^iUteur U-rmine par uneéCuiir' t>4D(ar:k:iir -^tr^r t> ii#i.«Diiiii»^Dt *fi
quf Iques éiliticf^ cistifrciens se rattadiaot ^«uk* iui au ty^*' de
Ptjoîi^y : il en prend deux en Nomandie. SarîçQy, o-ostruit f»pu
i'jl^nvknl de 1193 à liX), et 1»^ Breuii-Bef»<î;. 4>:4mi>''not^ vers
1 Iw et terminé en I±î4.
T. I>>:*m Gougei. Bénédictin de la G>n^r«;pti*>ii de Saint-Maiir.
ivai: re«;u la mission de travailler à une histoire de b Nomiandio.
•^n -.1 •itatw^ration avec les Pères Tmistain, Tassin et Lenfant. Il fut
ic5sici:'t Q<:»miné successivement pri»nir des iDoaastèn^ de Saint-
Pene «le Chartres, de Saint-Germer de Flav et de Sùint-E%TouL Mais
i»fS .îiiîii.'uUtrTS «^ue lui «x^casionnèrent ses relatKKis impnidentt:*s avec
!eîi jiJiseoLïtrrs. le déterminèrent à demander un chan^»^ment de
cou:r>^c:«:*Q. au«{uel s«>n état de santé donnait un m«:»tif canoni«]ue.
l <e retira «iaos l'at»bave non réformée de Fontenav i1o± , vi>isine
il' '.aea. >a vill*^ aatale, où il mourut en 1790, à fàge de quatrv^vîngt-
h^tf' ijis. PtiiUj'pe Lamar^. qui lui servit de secrétaire durant les
irrviervs JL^*c*re< »Je s#:»n existence, a rédigé des mémoirv*s pleins
i (icer^t. l y -à «ietf^ renseignements nombreux sur tuute la carrière
•Je iH.iti tH'i.:;j?H ^i sur l'abtiaye de Fontenay. Par les faits qu1l
S i'iti; jktvs ie:!^ càvoir tinement observés, Lamare fournit les
.•aM«r'C:> i^'iv- lns«iur*Is on reconstituerait aisément la physionomie
.fr ut! àv*s ?uoiia>;eres qui avaient échappé à faction réformatrice
J« NiiîiOfour, Ou Cn>uve dans s^in mémorial des traits curieux qui
o ,\x;r*tt^rt es rj» .^astères et les moines normands de réj>o<|ue.
M .' Ni>:, ;, . Meii: de le publier |H>ur la première fois, a
i;.^''K'i»;.' ...vri:» >tî intérêt en IVnrichissant de notes érudites t»i
. ti \ t;. ^ vj " ,f \^^*rsdvvamentsqui intéressent la vie de DomGouget
.'. *>.v, . •• S; s^cî ubt-ave '. Tout cela nous mène à la veille de
S H V ivr Ha!la\> u j'Cîl'iie une intéressante description de ce
;. ^\ s •• >: • ^t.;s ubOiixr s »ir^ Juniièges et de Saint -Wandrille *. —
H v^a:» ; '. .i\,t .«ps ^v^:r sujet dun discours prononcé en la séî^nce
v r; V •' vi«' 'si S\:cCo des antiquain^s de Normandie, le 28 janvier
hK^. { u.'ihi'é^ ,iu Krt" ei ses prieurés anglais aujr A7//' el
M ^ ^H eus 1 :o\îe en a ete publié dans le bulletin de la Sixiélé '.
^ W •««/.'♦(4. M* c^^Ltf^ LatÊÊarf, Sfcr/tatre de Dom Gouget^ Bénédictin de
i ' \iir U y*/H:itHtt^ 1T74-ITÎÎ8 , publié par i\. Vanel. Caen, Jouan, !90o. xn-H.
\\\\iihvV7 Lv
* '1 f :-^fH'. /<».fWrt\ SttmS'WaHdrtue fl Jumit^ges. dans le Journal des
•^ \\\. n:a^t* à i»ari. lUieu. Uelesques, 1905. iu-« de 18 p.
CHRONIQrE BIBLIOGRAPHIQUE. 367
Un ecclésiastique, qui signe avec ses seules initiales P. A., a publié
un Essai hùnUrrique et archéologique sur l'église de Narville K
Cette église tut construite durant le xv** et le xvi' siècle, par les
soins et aux irais des abbés de Jumièges, (jui avaient rciçu cette
|)aroisse avec un domaine du duc de Normandie, Guillaume Longue-
Épée (930); les moines purent y créer un vignoble et une exploi-
tation agricole prospère; ils se bâtirent en outre un manoir rural.
— M. de Bacourt a donné quelques Épitaphes d'anciennes abbesses
de la Trinilé de Cae7i *. — M. F. Soinménil a terminé sa mono-
graphie de l'Abbaye cislercienne de Valusse ^. — M. L. Couppey
continue celle de l Abbaye de Notre-Dame duVœuprèsChei*bourg^^
qui api)artenait aux chanoines réguliers. — Dans ses Notices sur
quelques manuseints normands consei'vés à la bibliotfiéque de
Sainte-Geneviève, M. U. Devillc a donné Y analyse d'un ancien
cartulaire de l'abbaye de Saint-Étienne de Caen ^, et une étude
sur un manuscrit de P. Ange le Bachelier, chanoine régulier de la
congrégation de France, contenant V Histoire du prieuré du Plessis-
Griinould •, qui dépendait de la môme congrégation. Dans son
Essai bibliographique sur les anciens livres liturgiques du diocèse
d'Evreux ^, M. le chanoine Porée signale et décrit les livres litur-
giques encore conservés des monastères de Saint-Taurin et d(»
Saint-Sauveur d'Evreux, du Bec, de la Croix-Saint-Leuffroy, de
F^réaux, de Couches, de Lyre, de Bourg-Achard et de la Noe. Ils
îàont manuscrits, sauf le bréviaire du Bec imprimé en 1550, un
l^roï)re de cette abbaye pour le bréviaire de la congrégation de
Saint-Maur et un office de saint Anselme. — Nous avons du même
5^uteur un travail sur les Stalles du prieuré de Notre-Dame du Parc
^i'Harcourt ^, exécutées sous le gouvernement du prieur Kichard
Araiot; c'était une maison de chanoines réguliers. — La Biblio-
graphie du Mont-Saint-Michel, par M. Ed. Dupont ®, contient par
ordre alphabéticpie la nomenclature des ouvrages spéciaux ayant ce
monastère pour objet, des articles, études et livres qui s\v
i Revue catholique de Normandie, W (1905), p. liH-iriH.
*-* làid., p. 834i6.
3 Ibid,, p. 5-13.
^ Tbid., p. 87-99.
»/»trf., p. 17^2.
« Ibid., p. 53-57.
7 Evreux, 1404, in-8 de 55 p.
» Bulletin monumental, LXIX (1905), p. 322-329.
» Avranches, 1905, in-8 de 62 p.
368 REVIK MAttILLON.
rapportent, des maDuscrils de la biblioUièque d'Avranches et des
bibliothèques frdnçaises ou étrangères, utiles pour son histoire.
Nous regrettons <]ue l'auteur, homme très au courant de son sujet,
ne nous ait pas tixés d'un mol sur la valeur des principaux articles
qu'il cnumère. Il aurait pu, au moyen d'une table bien dressée.
nous donner un grou}>enient méthodique de sa bibliographie, qui
;iiiruil eu par là quelques avantages d'une bibliogrdphie critique.
et Cambrai.
1. M. le chanoine Morel a entrepris la puhlicalion des chartes
de l'abbaye de Saint-Corneille de Compi^ne. Le premier volume
qui a paru ', ne contient pas moins de 324 pièces, allant du
3 mai 877 à l'année 1216. La bulle d'Eugène III (19 juin IloOi,
demandant à Suger, abbé de Sainl-Denis, de reniplac«T par des
moines les chanoines de Saint-Corneille, qui était une simple
collégiale, tombés dans le relâchement, est la cinquante-deuxième.
Parmi les documents antérieurs à la fondation de l'abbaye, signaloi
une charte du roi Philippe I (1903) relative à la translation ai
saint Suaii'e dans cette t^îise. D'autres diplômes royaux témoignent
de l'intérêt que prenaient les souverains à un chapitre dont
Charles le Chauve avait été le fondateur. On ne trouve durant cette
période qu'une seule bulle; elle émane d'Eugène III, qui, it la
veille de la réforme, conlirrae les possessions de Saint-Corneille et
l'exemple de la juridiction ëpiscofiale. Les bulles abondent dans la
partie du recueil qui concerne le monastère bénédictin, il y en a
d'Hadrien IV, d'Alexandre III, de Lucius III, d'Urbain III, de
Clément m, de Céli-slin III et d'Innocent III, qui accordent
généralement la sauvegarde apostolique, terminent des |)rocès ou
confirment des droits antérieurs; Innocent III concède aux abbés
l'usage de la mitre et de la crosse, le 18 janvier 1205. l^s diplômes
royaux sont beaucoup plus nombreux encore. Nous mentionnons
l'érection de la commune de Compiègne par Louis VU (11S3) et la
protection royale accordée à ceux qui vont quêter [jour le saint
Suaire. La substitution de.s Bénédictins aux chanoines séculiers
provoqua de graves difficultés qui donnèrent lieu a un certaini
1 Carlulaire de l'abbayt dt Saitit-Comeille de Compii-ffm-,
Monldidier. 1901, in-4, xi 1-488 p.
CHRONIQUE BIBLIOGKAPHIQrE. 369
nombre de documents conservés dans le cartulaire. On y trouve
les chartes relatives aux droits de Tabbaye sur Thôpital de Saint-
Nicolas, sur la collégiale de Saint-Clément, sur le clergé de la
ville et sur plusieurs paroisses du diocèse de Beauvais. Les autres
pièces se rapportent à des donations, à des échanges de terres, de
bois, de dîmes, de redevances, de maisons, de granges, de colons,
d'autels, et à l'exercice de certains droits. On y suit la trace des
rapports de Tabbaye de Compiègne avec celles de Trois-Fontaines,
de Cheminon, d'Ourscamps, de Corbie, de Saint-Just, de Notre-
Dame de Soissons, de Montmertin, et avec les prieurés d'Alincourt
et de Saint-Pierre de Gompiègne.
L'éditeur a formé son nîcueil avec des chartes éparses dans les
cartulaires blanc et rouge de l'abbaye, dans les collections formées
au xvrr et au xviir siècle et dans les divers dépôts. Chaque docu-
ment est précédé d'un sommaire complet et net, où sont mis en
ordre tous les renseignements utiles.
2. Notre distingué collaborateur, M. Levillain, par ses Dernièi^es
observations sur les chartes mérovingiennes de Corbie ^ répond
aux objections de M. Krusch avec une modération dans les formes
qui fait encore mieux ressortir la solidité de la position prise par
lui dans la question des chartes de Corbie.
3. M. l'abbé Chrétien a entrepris, pour le Comité archéologique,
historique (^t scientiliiiue de Noyon, la publication du Pouillé de
L*ancien diocèse de Noyon 2. Un premier fascicule a paru; il est
consacré aux doyennés de Noyon (»t de Chauny. Les autres parties
Ue ce document ne tarderont point à paraître, nous l'espérons du
rnoins. L'éditeur se contente pour le moment de publier tel (luel le
texte qu'il a entre les mains, se réservant d<^ compléter un jour ce
pouillé par une série de notict^s historicpies sur chacune des loca-
lités qui y sont mentionnées. Nous aurons beaucoup à y prendre
pour l'histoire monastiiiue du Noyonnais. Le texte du pouillé rendra
dès maintenant service; il présente exactement la physionomie
religieuse de ces deux doyennés au xviii*' siècle ; il indique (juelqufîs
prieurés et signale les abbayes desquelles dépendaient certaines
paroisses.
4. La fondation du monastère des Célestins de Villeneuve lez-
Soissons par Engucrrand VII de Coucy, les générosités de Louis,
duc d'Orléans, pour ces religieux, les événements dont leur maison
1 Le Moym-Age (1905).
i Montdidier, 1903, in-4 de 107 p.
24
370
l'ut le théâtre durant les guerres de religion et de la Ligue, el entiii
leur suppression par la commission des réguliers, ont l'ournî à
M. l'abbé Roussel les éléments d'une intén^ssante Histoire de l'ab-
baye des Cékstim de VUtenenve-lez-Soissons '. C'est par inadver-
tance sans doute iju'il parle d'abtraye ; car les Célestîns n'ont Jamais
eu que des ppieiirés eliez nous. Di; nombnnises pièces justiticalives
complètent heureusement son volume.
5. Mentionnons encore les articles de M. Berthelé sur le Pseiulo-
iléamhulatmre de l'églixe de Morimottd *, de M. H. Hallais sur
l'Abbaije de Sainl-Jean-des-Vigttes ^ dans le voisinage de Soissons,
de M. Jadyrt sur Vue laiiue des forges de l'abbaije cistercienne de
Signy *, et les Documents inédits pour servir à l'histoire de Sainl-
Vatéi'H, publiés pur M. Alcius I^edieu '. Dans son article sur les
OEitvres posthumes de M- Ch. Givel-et *, M. Jadart mentionne les
notes intéressantes laissées par lui, qui concernent les abbayes de
Saint-Remy. de Saint-Nicatse et de Saint-Thierry. M. Ernest Pelit,
dans son Catalogue d'actes relatifs au.r Jointrille ', signale des
actes reiatiis aux monastères de Be^ulieu en Argonne, de Benoîte-
vaux, de Cheniinon, de Moriraond, de Molesnics, de Moutier-Saint-
Jean, de Saint-Urbain de Troyes, d'Avaux et de Sept-Fontaines.
6. M. l'abbé Dubrulle a choisi comme sujet de thèse le BulUUtv
de la province de Beims sous le pontificat de Pie II '. Ce ti-avail
est une lionne contribution ii l'histoire des diocèses de l'ancienne
province ecclésiastii|ue dH Reims de 1458 h 14C4. Dans son intro-
duction, l'auteur trace le Uibleau de celte t'potiue. durant laquelle
le clergé oublia de travailler, par la .sairiti-lé de sa vie, à la réforme
religieuse; le mauvais choix des |)asleurs, le cumul des bénélices
et la non-résidence des bénéllciers avaient amené un relâchement
général de la discipline et des mœurs, qui eut pour conséquence
l'atale l'appauvrissement des églises. C'est la désolation des églises
qui continue sous une autre forme et dans des conditions nouvelle
il y eut cependant (juelques tentatives de restauration religieui'
i Paris, Picani, 1904, m-8, vi-Wfi [>.
■ Sevue de lArt chrétien (19a'i>, [>. i01-l<M.
> Joumal dei Débats, ilMKi, 38 orlohre. Telle maison ti\i\ia
noines rf?y"l'ers.
* Revue hitiorique ardamaise (tOtlSl, p. 3ia.îï7.
6 Abbeville. Lafusse, liNlS, iri-IO.
■ Travaua de l'Académie de Heitiu, CXV (1903), p. .loe-SM.
' Benue ckau^ienoiie el bourguignonne, Il (tOU3), |). 1S3-I6(I.
" Lille, Giurd, 190S, ia-S, s-IS» p.
GHHOMQrE BIBLIOGRAPHIQUE. 371
mais elles lurent sans résultat a[)précial)le. Les monastères, livrés
à la commende, n'étaient pas mieux partagés (jue les églises sécu-
lières. Commendataires <^t hénéliciers recevaient les abbayes et les
bénélices du Saint-Siège, qui percevait sur eux de nombreuses
redevances. On trouve dans les lettn^s des papes la fidèle image
de ce que pouvaient être les églises monaslifjues ou autres d*une
région. L'abbé Dubrulle se conUmte de donner une analyse très
sobre de chaque lettre, qu'il illustre de notes empruntées aux
suppliques et autres documents conservés à Kome. La table,
dressée avec soin, rend très pratique Tusage de ce recueil.
7. Le même auteur a publié une liste d(^s Bénéficiei's des diocèses
d'ArraSy Cambrai, Thérouanne, Tournai, pendant le pontificat
de Martin V, d'après les documenta cotisei'vés aux archives d'État
à Rome ^ et un Inventaire de^ chartes de l'abbaye de Saint- André
du Cateau (1033-1800) ^. Nous relevons dans le Bulletin d'études
de la province e^clésiastif/ue de Cambrai l<*s publications suivantes :
Fondation d'une lampe à ^otre-Dame des Malades, en 1334, par
Jeanne de Valois, |)ar M. Tabbé Broutin ^, une liste des Prêtres
du cantmi d'Haubourdin et le serment du 19 fructidor an V
(5 sept, 1 707), par Tabbé Salembier *, sur laquelle figurent quelques
Bénédictins; une notice de M. Tabbé Desilve sur Deux recluses des
XI"* et Xll' siècles à V abbaye de Saint- Amand ^\ b* procès- verbal
de la ViMte du chef de sainte Aldeyonde en 1025, par Tabbesse
de Maubeuge, Bonne de Hf^nnin, en présence de Pierre Le Jeune,
abbé de Hautmont, et Antoine de Winglie, abbé de Liessies *; une
description de la Carte de la châtellenie de Lille, par Martin Doué,
au commencement du XVI l" siècle ^, dans laciuelle se trouvent,
avec les armoiries des abbayes, collégiales et établissements reli-
gieux, des notices historiques intéressantes que l'éditeur reproduit;
et une note de M. A. Bocquillet sur Le Cateau dans la seconde
moitié du AT/" siècle ^, avec un document qui atteste les dommages
i^ausés par l'armée royale aux domaines de l'abbaye et des habi-
tants (1591).
1 Analec tes pour servir à l'histoire de la Belgique, XXXI (1905), p. 27r>-320.
2 Renaix, 1905, in-8, ext. Revue des bibliothèques et archives de Belgique,
3 VII (1905), p. 15-24.
4 P. 83-88.
» P. 210-218.
« P. 239.
7 P. 2i9 et s.
«P. 39-il.
BIBLIOGRAPHIE
Ahbé E. Lesne, La Hiérarchie éjmvopale. Provinces, inêtro-
politaiiis, primats, en Gaule et Germanie, 74:2-88:2. — Paris,
Al|)honse Picard, 1905, in-8, xv-3o0 p.
M. Tabbé G. Lesne a recueilli un nombre très considérable de faits
appartenant à l'histoire de Tépiscopat dans Terapire franc, principalement
au ix^ siècle; et il les a réunis et savamment groupés autour d*un point
central, qui est le développement du pouvoir des métropolitains. La juridic-
tion archiépiscopale ne s'est établie dans les pays francs que lentement et
péniblement, et le temps où elle a été florissante a été relativement court, un
peu plus d*un siècle, après lequel elle a rapidement déchu.
L'ouvrage est divisé en trois parties, d'après une synthèse qui s'accommode
à peu près de Tordre chronologique :
L La restauration do la hiérarchie épiscopale par saint Boniface et Pépin le
Bref, puis par Charlemagne et Louis le Pieux.
IL L'organisation métropolitaine au ix' siècle.
IIL L'opposition que rencontra au même siècle cette institution.
l
Sous les Mépovingiens du v*' au vnr siècle, l'organisation [trovinciale est
très flottante, surtout au milieu des bouleversements du vi« et du vu*. Un
système arbitraire et désordonné, la volonté absolue des princes remplace
Texercice régulier du pouvoir ecch'siastique. Des conciles cependant se
réunissent et délibèrent n [kîu près librement, avec rintclligence très per-
sistante dos bons principes, mais leurs canons demeurent lettre morte. Les
princes n'y font pas d'apparition, mais ils n'en tiennent pas compte. I^e désordre
arrive à son comble avec les spoliations violentes de Charles Martel : pendant
toute la première moitié du viir siècle, la hiérarchie est complètement
détruite (714-741).
Pendant ce temps l'Église d'Angleterre a gardé une organisation régulière.
Saint Bonifaœ apporte dans sa mission les institutions ecclésiastiques de son
pays. C'est comme archevêque qu'il a sa mission : c'est du pontife romain (lu'il
l'a reçue avec le |)allium, du pape, un |)eu oublié auparavant dans les églises
BIBLIOGRAPHIE. 373
franques. La restauration, bien commencée, éprouve un arrêt qui désole saint
Boniface. Pépin avait cessé de s'intéresser à son œuvre. Force fut de se
contenter d*une hiérarchie indécise, sans lien canonique, reposant sur des
métropolitains dépourvus de siège. Tel fut Tétat des choses avec Ghrodegang
de Metz et Wilchaire de Sens, successeurs de saint Boniface comme légats
du Saint-Siège.
Charlemagne et le pape Hadrien I" sont d'accord pour rétablir la hiérarchie.
Mais leur activité est fort modérée. Le monarque voudrait autant que possible
reconstituer les anciennes circonscriptions métropolitaines conformément à
la Notitia Pravinciarum. Sa bonne volonté procède de son respect pour les
saints canons, plutôt que de Tutililé qu'il voit au développement de la juri-
diction métropolitaine. Il ne suit pas Tidée très nette do saint Boniface sur
l'autorité effective et permanente des archevêques; il voudrait plutôt leur voir
•
le rôle de missi, revêtus de fonctions temporaires et localisées, L'emplo*
des agents de transmission est d'ailleurs tout à fait dans sa politique.
Sous Louis le Pieux on comprend que l'initiative énergique du prince a
beaucoup diminué. Les évoques et leurs chefs prennent une grande impor
Uinee : il s'établit une certaine confusion entre le missaticum, toi que l'enten-
dait Charlemagne, et la diœi'esis. L'institution du synode provincial reprend
de la vigueur et presque de la régularité.
Entre les trois stades de cette restauration préparatoire il y a une liaison
logique : saint Boniface en a eu l'idée, Charlemagne en a fourni les cadres et
Louis le Pieux l'a réalisée.
11
Au IX* siècle la métropole est le cœur de la province, parce qu'elle en a été
d'abord le noyau. Élu et sacré par tous les évêques de la province, ou
diœjcesis, le métropolitain demande toujours le p?lllium, reconnaissant ninsi
(]ue son pouvoir émane du |)ontife romain. Nulle primatio n*est alors admise,
et tous les métropolitains ont les mêmes droits : ils ne re<?onnnissent au-dessus
d'eux que le pa|)e. Hincmar de Reims lui-même se défend d'exercer aucun
pouvoir sur lej» autres archevêques. f/Hte disposition n'emp«Vhe pas une par-
faite concorde, et elle a l'avantage d'éviter l'influence du pouvoir rivil sur
quel<}ue puissante créature.
Dans l'institution des évêques le rôle du métropolitain est de surveiller
l'élection, de s'entremettre pour toutes les difllcultés entre le diO(»èse électeur
et le roi, de sacrer l'élu, après l'examen canonique, (x^t examen est en somme
une seconde élection, sanctionnant ou cassant la première. L'examen est fait
par tous les évêques de la province, et présidé par le métropolitain, qui est
pour le moins prépondérant, f^s métropolitains abuseront de leur pouvoir,
cassant des élections qui leur déplaisent, ou qui déplaisent à leurs puissants
374 [lEVL'Ë UAKiLLON.
pmtecleura. Le sacre, ëlanl le fruit d'un tel pouvoir, établit une vraie /Uiatûm. '
Le siifTraganl promet obéissance à celui gui ilevient son supérieur : il lui est '
subordonné en beaucoup de choseBi il lui demande des instructions, en subit
même qu'il ne demande pas. L'archevêijue intervient pour réprimer les ubus,
comme par exemple l'usage excessif que luisaient certains èvéïiues de l'arine 1
de l'excommunication. Les sujets ont droit d'appel au métropolitain. r«Iui-<â
donne des juges â son suCTrapnl accusé; mais la sentence sera prononcée par
le synode présidé par lui.
Dans tous les munastèreK de sa province il présente les abbés à
droit de visite et d'enquêle. Hincmar n'hésite pas a lui attribuer le même droit '
sur les diocèses dt; ses suffragants. Le métropolitain pourvoit au siè^e en cas J
de maladie, d'impotence, d'indignité et de démission de quelque év^ue de j
sa province.
L'archevêque seul réunit le synode, quelguefois, il est vrai, par ordre du
roi. — 11 y avait |)eu de régularité dans ces réunions, et on obtenait dillicilement 1
le zélé et l'assiduité dos évèqucs. — Lck synniles commencent par de grandes I
séances publiques destinées à l'Instruction des grands personnages et du /
clergé sur les choses de la Toi et les régies disciplinaires de l'Ëglise. Rtisuita 1
on régie en sessions closes les qut^slions soumises a l'assemblée des évèques.
Finalement les sentences du synode se confondent avec celles de l'arclievéque : 1
c'est la même juridiction. Bien qu'en principe le métro |iol lia in ne puisse s
passer de l'avis et du consentement des ëvéques, dans ses actes importants 1
hors de son diocèse propre, en fait le conseil et le consentement sont obliga-
toires dans le sens du métropolitain.
A la fin de c«tle seconde partie, la plus im|)ortante de l'ouvrage. H, l'abbé 1
Lesne pn'-vient une objection, que la lecture suggère, en eflet. Toute la cod-
naissance des pouvoirs el attributions des métropolitains au ix' siècle repose 1
presque exclusivement sur des témoignages empruntés à la vie de Hincmtr j
(le Reims. Est on bien en drfiiid'élendm les conclusionsâ tous les archevêques 1
des pays fi'ancs? H. LcKne répond que Hincmar ne se rêi'lame pas d6 I
droits |)ersonnels. mais des droits de tons les métropolilains; que lesévëquet I
ne protestaient pas — à peu d'exceptions près.... r.ertainB lecteurs peut-être.
mnlgré la valeur de ce raisonnement, seront tentés de mettre quelques J
restrictions aux conclusions générales du livre.
m
1^ doctrine des fauxsfs ilêcréCalex sur la juridiction métropolitaine n'est 1
pas celle de Hincmar. U'après elles, cette juridiction n'est ni immédiate, ni J
personnelle, ni sans appel. D'autre part, la suprématie de l'archevêque i
maintenue, principalement en matière de consécration des suiVraganls.
I^s faussaires du ix' sièclo auteurs de ce recueil ont des intuitions de J
Briii,im:ji:M'HJF.. 37S
rcforrne. de retour aux aDciennes K'gles. Ils craigoeat que l'excès du pouvoir
(les niétroimUlaiiis ne tourne a l'intrusion du pouvoir laïque dans l'Eglise.
1,'auteur soutient par une forte argutnenlallon, l'opinion que les Tausses
ilécrêlales sont d'origine rémoise, et que lea faussaires sont probablement les
clercs ordonnés par Ebbon de Reims et déposés |>ar Hincmar son successeui'.
Hais il rejette l'hypothèse d'une rollaboralion des siiflrugants en lutte avec
Hincmar, (.^omme Rulhad. Wulfad, Hincmar de Laon.Ces révoltés, qui d'ailleurs
ne repr-isentenl pas du loiii l'état d'esprit de la province de Reims, ont l^il
un usage audacieux des fausses décrélales, mais ils n'en furent pas les
i-omplices. Ce sont des mauvaises lëtcs prenant des armes on ils les Itouvenl.
Cela constitue en somme un succès modeste aux fausses décrétaies dans la
province de Reims. Les ■■fforls des papes, particuliéremenl de Nicolas I". ont
tieaucoup pitis fait que ce recueil apocryphe pour la pénétration du pouvoir
pontiDcal dans l'Eglise franque du ix' siècle.
(hielle idée d'est-on laite de la primatie. aux siècles carolingiens? On en
diereherail vainement la signilIcatiOD dans les fausses décrétaies. qui tombent
partout dans les confusions et les contre-sens; car, dans son vrai sens ancien.
primat est synonyme de métropolitain. On trouvera plutôt une sorte de
primatie dans la mission de fMi\i Bonifaue et de ses deux SDCcessenrs.
Ati IX', siècle, Hincmar maintient énergir(uemenl le droit métropolitain ; pour
liri chaque métropole est une primatie. Déjà, en 8U, la nomination de Drogon,
évèque de Metz, comme vicaire apostolique, était restée sans cUbl.
Kn ST."!, Charles le Cliauve ayant tenté de faire renonnallre à Auguste lie Sens
la primatie des Hautes et de Germanie, en inlerpré'anl des pouvoirs de légat
apostolique conliés jiar Jean VIII, Hincmar protesta et arn>Ui ta tentative. En
878 il y eut encore une Dominaiion de vicaire apostolique en faveur du siège
d'Arles: mais de primatie proprement dite le \t' siècle n'en connut point,
La politique a eu sa pari dans la vie d'is grands archevêques du tx' siècle.
Le partage entre les lits do Louis le Pieux avait rais un grjml désordre dans
les circonscriptions provinciales. La province de Reims avait été partagée
entre Lolhaire et Charte.''; de ta des conJlils violents qui ne cessent que
lorsque Hincmar a réussi à faire revenir toute la province au roi Cliarles le
Chauve, L'importance politique de Hincmar, archevêque d'une province
bYinlière, fait songer à celle qu'eut auprès de Lothaire le métropolitain de
Hayence. Luitberg. C'est encore sur le pouvoir métropolitain légitime ou
usurpé que s'appuient Boson en Provence et Koménoé en Rretagno, pour
accomplir leur schisme politique.
En conclusion, un coup d'œil sur l'avenir nous montre les archevêques du
X* siècle se déconsidérant par toutes sortes d'abus et leur pouvoir tombant en
décadence. U réforme du xi' siècle ne pouvant s'appuyer sur l'autorité métro-
politaine usée, partira directement de Rome ei désormais il n'y aura plus
d'intermédiaires entre le iKnitife romain el les évéques.
370 REVUE MABILLON.
TABLE DES MATIÈRES
Noire Programme 1
R, P. Don Besse. L'Ordre de Cluny et son gouvernement. — l. L'abbé
de Ciuny, supérieur général 3
L. Levillain. Note sur quehjues abbés de Saint-Denis 41
.... L'Ottice divin dans l'abbave de Saint-Denis. Le calendrier de 1590 . 54
(;. OriLLOT. Les origines <le la gravure sur bois et les monastères français. 73
R. P. DoM Besse. L'Ordre de (Unny et son gouvernement. — IL Les cha-
pitres généraux 97
R. P. DoM Andoyeu. Le Bréviaire de Saint- Denis-en-France . . . 139, 195
Abbé Langlois. Scribes de Chartres 138
R. P. DoM Besse. L'Ordre (ie Cluny et son gouvernement. — IH. Visites
des monastères 177
(i. GriLLOT. Le cœur d'Anne d'Autriche et l'abbaye de Val-de-(ir;\ce 211, 307
R. P. DoM Besse. Mélanges d'histoire monasti(|ue. — I. Nol«s sur le col-
lège de Saint-Jérôme de Dôle. 11. Les Bénédictins au collège de
Thoissey. — III. laie lettre de Nicolas Boucherai, abbé de (Uteaux, au
roi Louis XIII (1615). — IV. Vue traduction de la vie de .saint Benoît en
vers patois. — V. Autobibliographie de (iénébrard 273
A. L. Ln calendrier de l'abbaye de Fontenelle 321
Chronique bibliographique 341
Bibliographie 372
LA FRANCE MONASÏIQLK
Directeur : R. P. Doni J.-M. RESSE
Prix d'abonnement : SA tr.
Il pamil cli;iqi]e année deux volumes et In REVISE MABILLON
VOLUMES PABl'S. 1905
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LES MOINES DE L'ANCIENNE FRANCE i
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l*our paraître «n lOOO i
Les défieiulances de l'abhaye de Sainl-Oei'main des- Prés, par l<> R. P ..
Dom As(;eti, l. I, un vol. in-8".
Introduction à la France monastiiiiie. fintices hinloriques et bililio-
grapliùfues des Ordres et des CoiigréijiUmi.i monastiques et cano-
mates, l vol. in-8\
Pour paraître les niinêca Mulviiiitea i
Les déi)endances de Saint-Germniit-iles-Prés, l. II.
Histoire de sainte ïiaUiilde, reine de France et fondatrice d£ l abbaye
de Clieltes, par le R. P. Dom OmTiniKR.
Recueil historique des Abbaye* et Prieurés de France ; i. Il, La
Provence monastique, pin- le R. P. Dom Oi-i^st:, l. Ht, Languedoc \
el Oa.icogne monastique ; l. IV. Provinces ecclésmtiques de Vieaue i
et de Lyon. etc.
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